INSURRECTION
TOTAL PRET A N'IMPORTE QUOI
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/industrie-lourde/actu/0202155626529-explosion-azf-total-evoque-la-piste-islamistes-locaux-et-merah-340776.php?xtor=RSS-2059
POLITIQUE
Les principaux points du discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault
Le Premier ministre a appelé mardi à la «mobilisation» générale pour redresser la France, «abîmée moralement» et «affaiblie économiquement» par une dette « écrasante », tout en récusant les termes d'austérité budgétaire. Il a livré pendant plus d'une heure trente les grands axes des réformes du quinquennat, avant d'engager la responsabilité de son gouvernement.
Par Elsa Freyssenet et Isabelle Ficek
Jean-Marc Ayrault passe ce mardi après-midi son grand oral devant l'Assemblée nationale pour solliciter la confiance des députés sur sa politique. Après une minute de silence à la mémoire du député PS Olivier Ferrand décédé subitement samedi, le Premier ministre a livré pendant plus d'une heure trente les grands axes des réformes du quinquennat, avant d'engager la responsabilité de son gouvernement lors d'un vote de pure forme, le PS et ses proches alliés détenant la majorité absolue des 577 sièges.
Sur un ton volontaire, Jean-Marc Ayrault, souvent vivement applaudi par la gauche mais chahuté à droite, a lancé un appel à la « mobilisation » de tous pour que la France, « affaiblie économiquement, dégradée socialement, divisée politiquement, abîmée moralement », retrouve « confiance » en son destin. Dans un contexte de croissance revue à la baisse -0,3% pour 2012 et environ 1,2% pour 2013, contre 0,4% et 1,7% attendus -, la lutte contre la dette, qui atteint « près de 1.800 milliards d'euros », est érigée au rang de priorité, au même titre que l'emploi. Sans engager de « débat sur l'héritage », le Premier ministre a toutefois souligné que cette dette s'était accrue de 600 milliards d'euros durant le dernier quinquennat et que son poids était « devenu écrasant ». Mais il a écarté à plusieurs reprises toute idée d'austérité budgétaire, privilégiant les termes de « redressement dans la justice ».
Comme le veut la tradition, le discours a été lu simultanément au Sénat par Laurent Fabius, le numéro deux du gouvernement. L'ambiance était particulièrement houleuse pour une Haute Assemblée habituée aux débats feutrés.
Les présidents des six groupes prennent actuellement à tour de rôle la parole après le discours du Premier ministre, qui leur répondra dans la foulée. Le président du groupe PS, Bruno Le Roux, a promis le soutien « sans réserve, avec chaleur et enthousiasme » des députés socialistes. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a lui fustigé, dans les couloirs de l'Assemblée, un discours « truffé d'incantations » et manquant « de courage politique ».
En ce début de législature, le groupe écologiste votera « sans aucune ambiguïté » la confiance, avec les socialistes et radicaux de gauche, à l'exception de Noël Mamère, qui s'abstiendra, à moins que le gouvernement ne gèle le projet de générateur nucléaire Astrid. Les dix députés du Front de gauche, eux, vont s'abstenir, a confirmé leur chef de file André Chassaigne, pour marquer leur désaccord avec « l'austérité » qui, a-t-il dit, « n'est pas un passage obligé ».
Principaux extraits :
Introduction. « Je viens devant vous chargé d'une mission particulière, celle que m'a confiée la président de la République : conduire le redressement de notre pays dans la justice ». « Ce gouvernement allie les talents de la jeunesse et de l'expérience. il conjugue les parcours, les histoires et les cultures. Il est aux couleurs de la France. (...) En vous regardant, j'observe aussi le changement ».
« Cette majorité n'a pas été élue pour trouver des excuses, elle a été élue pour trouver des solutions. Cette mise en oeuvre de solutions passe d'abord par l'exigence de vérité. » « Je tiendrai informés nos concitoyens régulièrement. »
La dette . « A chacune et à chacun de faire preuve de responsabilités (...) au milieu d'une crise sans précédent qui menace de nous faire perdre notre modèle social et républicain. Le poids de la dette est devenu écrasant. L'Etat verse ainsi près de 50 milliards d'euros par an à ses créanciers. Mais (...) je ne suis pas venu lancer un débat sur l'héritage. »
« Cette situation, je ne l'accepte pas ». « Parce que la dette c'est moins d'écoles, moins d'hôpitaux, moins de transports publics. (...) Parce que la dette, c'est ce que nous léguerons aux générations futures si nous n'agissons pas. Mon gouvernement sera celui de la responsabilité face à la jeunesse. »
Enseignement. « J'ouvrirai une consultation sur la refondation de l'école le 5 juillet.» « Des Assises de l'enseignement supérieur et de la recherche prépareront une loi de programmation qui sera présentée au Parlement en 2013 ». « Dès la rentrée 2012, le recrutement de 1.500 auxiliaires de vie scolaire individuels sera engagé »
Environnement. « La conférence environnementale s'ouvrira dès la rentrée pour préparer le grand chantier de la transition énergétique et de la biodiversité ».
Démocratie locale. « La démocratie locale sera renforcée, au travers d'un nouvel acte de la décentralisation qui fera l'objet d'une large consultation ».
Travail. « Je crois qu'une fiscalité qui valorise le travail plutôt que la rente est un profond encouragement pour ceux qui prennent des risques ». « J'estime les chefs d'entreprise et je les connais. Je salue leur apport à notre économie. » « Etre juste c'est aussi ne pas stigmatiser les chômeurs en leur faisant porter la responsabilité de leur infortune. »
Fonction publique. « J'ai lu ces derniers jours que le fait de réserver les créations d'emplois publics aux secteurs prioritaires devait s'interpréter comme un « tournant de la rigueur ». « Je m'inscris en faux contre cette affirmation ». Les « effectifs de l'Etat connaîtront une stabilité globale, alors que le précédent gouvernement les détruisait massivement »
Patriotisme. Le Premier ministre s'est adressé « à ces femmes et ces hommes qui par leur savoir faire, leur intelligence, leur art, créent de la richesse, des emplois, de l'activité », espérant les voir « au premier rang » du « combat pour le redressement ». « Mobilisez-vous sans attendre! Aidez la France en créant de l'emploi, en préservant l'activité dans notre pays, en relevant le défi productif », a-t-il lancé, rappelant qu' « au-dessus de l'argent que l'on gagne » il y a « l'estime et la reconnaissance de ses concitoyens ».Prenant soin de préciser qu'il n'était « pas l'ennemi de l'argent », il a vilipendé l'utilisation du terme de « fiscalité confiscatoire » par « ceux-là même qui s'autorisent parfois des rémunérations au-delà de tout entendement ». « Le patriotisme, c'est servir son pays (...) Le patriotisme ce n'est pas fuir la France pour les paradis fiscaux et laisser à ceux qui restent le poids de l'effort ». « Faire preuve de patriotisme, c'est ne pas menacer la pérennité d'un système solidaire en le détournant de son objectif ». Le gouvernent « se donnera les moyens de lutter contre la fraude et d'abord l'évasion fiscale ».
Impôts. « La volonté de ce gouvernement c'est de solliciter d'abord ceux qui jusqu'ici ont été exonérés de l'effort collectif. » « Le collectif budgétaire reviendra sur l'allégement incompréhensible de l'ISF et des droits sur les grosses successions, le bouclier fiscal, l'exonération des heures supplémentaires dans les entreprises de plus de 20 salariés qui décourage la création de nouveaux emplois ».
« Les classes populaires et les classes moyennes seront épargnées, puisque sera abrogée la hausse de la TVA programmée pour octobre. L'impôt sur le revenu sera rendu plus juste, plus progressif et plus compréhensible. Les niches fiscales seront ainsi plafonnées. Le taux d'imposition réel des contribuables aisés ne peut plus continuer d'être inférieur à celui de la majorité des Français. Pour les revenus annuels supérieurs à un million d'euros, une imposition exceptionnelle à 75% sera instaurée ».
« Les revenus du capital seront imposés au même niveau que ceux du travail. Il n'est plus possible de tenir des discours sur la valorisation du travail et dans les faits privilégier la rente ».
Croissance. « Nous avions anticipé pendant la campagne la faiblesse de la croissance en 2012 : estimée à 0,7% par le précédent gouvernement, elle sera en réalité de 0,3% ». Pour 2013, « la prudence et la sincérité nous conduisent à anticiper une croissance de l'ordre de 1,2% », contre 1,7% attendu. « Je revendique le sérieux et la responsabilité budgétaires, (...) mais je refuse l'austérité ».
Redressement productif. « Le redressement productif doit passer par la mobilisation de toutes les forces, de toutes les énergies de la France et de tous les secteurs économiques. Le redressement productif, c'est d'abord la volonté de rompre avec la désindustrialisation qui est à l'oeuvre. Un pays qui n'a pas d'industrie est un pays qui n'a pas d'avenir. Le gouvernement présentera au cours de ce mois un plan pour la filière automobile. Des mesures seront prises pour éviter les plans sociaux abusifs. » « La création du livret épargne industrie permettra de drainer l'épargne disponible, à des fins productives. » « Nous allons développer une économie verte, fondée sur l'innovation technologique, l'une des composantes de notre redressement productif ».
Agriculture. « Nous stimulerons, à travers une loi cadre, le développement d'une agriculture diversifiée, durable et performante ». « Nous offrirons à nouveau à nos agriculteurs un projet d'avenir, dans le cadre d'une politique agricole commune consolidée et rénovée ». « Au niveau européen, les exigences croissantes en faveur de la qualité des produits et de modes de production plus respectueux de l'environnement sont une chance pour nos agriculteurs et nos professionnels de l'agroalimentaire ».
Logement. « Un objectif de construction annuelle de 500.000 logements -dont 150.000 logements sociaux -sera mis en oeuvre ». « Un plan de mobilisation du foncier sans précédent sera lancé ». « Les communes qui ne respectent pas leurs obligations en matière de logement social verront leurs pénalités multipliées par cinq »
Institutions. « Le gouvernement proposera le vote pour les élections municipales aux étrangers résidant depuis au moins 5 ans sur notre territoire ». « Il sera mis fin au cumul entre un mandat parlementaire et des fonctions exécutives locales ».
Collectivités locales. « Je recevrai ce mois-ci les associations d'élus, je poursuivrai les consultations à la rentrée et je m'appuierai sur les conclusions des états généraux organisés par le Sénat (en octobre), afin que le gouvernement puisse déposer un projet de loi avant la fin de l'année ». Jugeant « immense » le chantier de la décentralisation, il a confirmé que la loi instituant le conseiller territorial, un nouvel élu qui devait remplacer conseillers généraux et régionaux à partir de 2014, « sera abrogée ».
Parallèlement, le mode d'élection des conseillers généraux sera modifié « pour permettre une meilleure représentativité des assemblées départementales ». « Je souhaite préparer de manière concertée et transparente cette modification du mode de scrutin, ainsi que celle du calendrier des élections cantonales et régionales ».
« Il faut en finir avec les doublons administratifs ». « Les collectivités prendront leur part de l'effort national de redressement des comptes publics, avec davantage d'autonomie et de responsabilité, dans le cadre d'un pacte financier avec l'Etat ».
Audiovisuel. « Avant la fin de l'année 2012, une loi relative à l'audiovisuel permettra de restaurer les grands principes républicains quant aux modalités de désignation des présidents de l'audiovisuel public ». « La protection des sources des journalistes sera renforcée ».
Code minier. « Le code minier sera profondément réformé, concernant l'exploitation de notre sous-sol, pour donner toutes les garanties et la transparence nécessaires dans l'instruction de tout permis et la délivrance de ces permis ».
Pauvreté. « L'élaboration d'un plan de lutte contre la pauvreté sera engagée sans retard. J'organiserai une grande conférence à l'automne ».
Famille. « Au premier semestre 2013, le droit au mariage et à l'adoption sera ouvert à tous les couples, sans discrimination ». « Notre société évolue, les modes de vie et les mentalités changent. Des aspirations nouvelles s'affirment.
Immigration. « La lutte contre l'immigration irrégulière et les filières de travail clandestin sera menée avec fermeté » et « le droit s'appliquera pour les reconduites à la frontière ».
Afghanistan. « Le retrait d'Afghanistan des forces françaises combattantes sera effectif à la fin de cette année. »
D'«Agir» à «Vérité», l'abécédaire de l'allocution du Premier ministre devant l'Assemblée nationale, mardi.
Agir (pour réussir). C’est un appel à la mobilisation générale. Oui, il faut «appeler l’ensemble de notre peuple à une mobilisation.» Car «il n’est pas trop tard pour agir» et, bien sûr, «pour réussir». «La situation de notre pays, comme celle de l’Europe, est préoccupante, le redressement prendra du temps. Cela sera difficile. Mais nous réussirons.»Argent. Surtout, ne pas faire (trop) peur. «Au-dessus de l’argent que l’on gagne, il y a ce sentiment plus grand, plus fort, celui que procurent l’estime et la reconnaissance de ses concitoyens», assure ainsi le Premier ministre. Avant d’ajouter : «Je ne suis pas l’ennemi de l’argent. Mais je ne considère pas les gens auxquels je parle en fonction de leur patrimoine et de leurs revenus»...
Budget. Celui de 2012 «comportait des sous-évaluations de dépenses et des estimations trop optimistes de recettes», comme l’a rappelé la Cour des comptes. Il y avait le redressement productif ? Il y aura «le chemin du redressement budgétaire», martèle Ayrault. Qui passe donc par un collectif budgétaire, première étape de la réforme fiscale. «Il reviendra sur l’allégement incompréhensible de l’ISF et des droits sur les grosses successions, le bouclier fiscal, l’exonération des heures supplémentaires dans les entreprises de plus de 20 salariés qui décourage la création de nouveaux emplois, et mettra à contribution les grandes entreprises, notamment bancaires et pétrolières.»
Cap. Pas de surprise. Ayrault présente la feuille de route du programme de François Hollande. L’horizon est déjà fixé. «Je viens devant vous chargé d’une mission particulière, celle que m’a confiée le président de la République, qui a fixé notre cap : conduire le redressement de notre pays dans la justice.»
Conférence. Un objet classique de la boîte à outils, très utile dans toute déclaration de politique générale. Il est question de «concertation», de «combat», de «confiance». De contrat pour «ne pas imposer d’en haut» ou ne pas «opposer de manière dogmatique». Oui, à l’en croire, un «état d’esprit nouveau s’est déjà exprimé à travers l’organisation d’une grande conférence sociale», qui s’ouvrira dans quelques jours... Une autre, environnementale, «s’ouvrira dès la rentrée pour préparer le grand chantier de la transition énergétique et de la biodiversité». Une autre, à l’automne, planchera sur un plan de lutte contre la pauvreté.
Dette. Le terme est revenu une dizaine de fois. C’est celui qui a le plus résonné dans l’hémicycle. «Entre 2007 et 2011, la dette publique a augmenté de 600 milliards d’euros». «Le poids de la dette est devenu écrasant. L’Etat verse ainsi près de 50 milliards d’euros par an à ses créanciers. Cette somme représente la première dépense, juste devant le budget de l’Education nationale ; elle est supérieure aux budgets de la recherche, de la justice et de la sécurité réunis.» Bien évidemment, «c’est inacceptable !» Ou encore : «La dette, c’est moins d’écoles, moins de crèches, moins d’hôpitaux, moins de transports publics…» Ces répétitions ne sont pas le fruit du hasard. La France est malade de sa dette...mais, pour autant, Ayrault l’a dit : «Je refuse l’austérité.» Compliqué. D’autant que «le président de la République a fixé des priorités : la jeunesse, la sécurité et la justice. Elles seront respectées sans pour autant creuser nos déficits et notre dette».
Effort. Prononcé à douze reprises. Doit être juste et équilibré. «Collectif» et «national». Il ne doit pas s’assimiler à la rigueur ou à l’austérité, mots récusés par le Premier ministre. Qui assure donc : «Des efforts devront dépendre non pas d’une règle mathématique aveugle et absurde, mais de l’évaluation des politiques conduites et de leur efficacité.» Une loi de programmation des dépenses publiques, qui couvrira les cinq années de cette législature.
Engagement. Prononcé onze fois, presqu’autant que le fort effort. La mise en œuvre de ces solutions, qui sont les engagements pris par le président de la République, passe d’abord par l’exigence (mot utilisé à cinq reprises) de vérité.
Génie. Mot éternel et éternellement employé pour doper l’ego national. Pour Ayrault, cela donne : «Le génie de la France, ce n’est pas la concentration dans les mains de quelques-uns de notre destin commun. Le génie de la France, c’est d’avoir su justement passer d’un système monarchique ou autoritaire à l’association de tous à la décision. Le génie de la France, c’est la République !»
Héritage. «Je ne suis pas venu lancer un débat sur l’héritage», a annoncé Ayrault, plutôt light dans sa critique du gouvernement précédent. Un partage des tâches : lui succédant à la tribune, Bruno Le Roux, président du groupe PS, s’est chargé de pilonner le bilan des années Sarkozy-Fillon.
Intégration solidaire. Périphrase utilisée par François Hollande au moment du dernier sommet européen pour éviter de parler de «fédéralisme». L’expression est devenue ce qu’on appelle «un élément de langage».
Justice. Martelé pas moins de 20 fois dans le discours. (Et c’est sans compter l’adjectif «juste», répété une dizaine de fois). Avec ce leitmotiv : Il s’agit de «conduire le redressement de notre pays dans la justice». Après tout, la justice a été l’un de mots clés qui a vertébré la campagne du candidat Hollande. «Territoriale», «fiscale», et bien sûr «sociale», elle est «efficace», elle «n’est pas seulement une exigence morale» mais «un facteur de croissance». Bref, elle sera à la fois «notre moyen» et «notre but», jure Ayrault.
Patriote. «Comme vous, je suis un patriote», a martelé Ayrault. Ou encore «Le patriotisme, c’est servir son pays. C’est remplir ses devoirs après avoir reçu tant de droits. C’est rendre à la République ce qu’elle vous a donné. Le patriotisme ce n’est pas fuir la France pour les paradis fiscaux et laisser à ceux qui restent le poids de l’effort.» Johnny, si tu entends...
Redressement. Le mot est revenu une vingtaine de fois, souvent accompagné de son joli corollaire «productif» (comme l’intitulé du ministère Montebourg, qui hochait la tête en l’entendant). A noter que le redressement est un «combat», «difficile» qui «prendra du temps». «Mais nous réussirons», a lancé le Premier ministre dans une fin de discours à visée lyrique.
Renoncement. Ça, c’est le contraire de Jean-Marc Ayrault, qui répète plusieurs fois des «je crois», qui sonnent comme des «j’y crois». La preuve dans le texte: «"De bonnes âmes" nous inviteront au renoncement. D’autres nous inciteront à la résignation. Alors c’est vers vous que je me tournerai et c’est sur votre force que je m’appuierai.» Il parle au futur...qui n’est pas le temps du renoncement.
Rigueur. Le mot qui n’existe pas. «Je m’inscris en faux contre cette affirmation» qui ferait de la politique sur les emplois publics un «tournant de la rigueur» a même dit Ayrault.
Sacrifice. «J’ai souvent lu dans les yeux [des Français] autant d’espoir que d’inquiétude. Crainte d’être appelés à de nouveaux sacrifices alors qu’ils ont le sentiment d’avoir déjà produit tant d’effort.»
Vérité. «Je veux dire aux Français la vérité», a prévenu Jean-Marc Ayrault. Sarkozy, Bayrou, Hollande et consorts disaient la même chose. Pour être honnête, on n’a même jamais entendu jusqu’ici un politique nous prévenir qu’il était venu raconter des carabistouilles.
Discours d'Ayrault : l'UMP raille les réponses à la crise
Un «discours fleuve», «truffé d'incantations» et dans «le déni des réalités». Les députés de l'opposition ont multiplié les mises en garde après le discours de Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée.
Un discours de politique générale «long», «ennuyeux» et «sans courage». C'est ainsi que les députés de l'opposition ont pour la plupart qualifié la prise de parole du premier ministre Jean-Marc-Ayrault, mardi après-midi. Alors qu'il devait s'exprimer pendant soixante minutes, ce dernier est resté à la tribune du Palais Bourbon un peu plus d'une heure et demie dans une ambiance chahutée.
Un «discours fleuve», «truffé d'incantations» et dans «le déni des réalités». Les députés de l'opposition ont multiplié les mises en garde après le discours de Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée.
Un discours de politique générale «long», «ennuyeux» et «sans courage». C'est ainsi que les députés de l'opposition ont pour la plupart qualifié la prise de parole du premier ministre Jean-Marc-Ayrault, mardi après-midi. Alors qu'il devait s'exprimer pendant soixante minutes, ce dernier est resté à la tribune du Palais Bourbon un peu plus d'une heure et demie dans une ambiance chahutée.
Après avoir quitté rapidement leurs sièges dans l'Hémicycle, les députés UMP se sont succédé pour railler le danger des propositions énoncées par le chef du gouvernement. «Aucune réponse n'a été donnée à la crise économique que nous traversons et aucune proposition n'a été faite pour renforcer la compétitivité de nos entreprises et améliorer l'emploi», a dénoncé sur BFMTV le député de l'Eure, Bruno Le Maire , notant «une déception sur les bancs de la droite, mais aussi de la gauche». «C'était un discours fleuve, avec la force d'un ruisseau. Après 1h40, nous ne savons pas où les socialistes veulent emmener les Français», a critiqué l'ancien ministre.
«Pas beaucoup de courage politique»
Même tonalité chez le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé . Le député maire de Meaux a déploré «un discours très long» et «truffé d'incantations». «Beaucoup de grandes phrases et pas beaucoup de courage politique», a-t-il déclaré, se disant «très déçu» et «extrêmement préoccupé par ce qu'(il) vien(t) d'entendre». Le député UMP de l'Aisne, Xavier Bertrand , a de son côté mis en garde contre le programme proposé par Jean-Marc Ayrault. «Je pense sincèrement que, s'il est appliqué, on va vers un affaiblissement de notre pays et des destructions d'emplois massives», a expliqué l'ancien ministre sur BFMTV. Pour son ancienne collègue du gouvernement Valérie Pécresse , le premier ministre socialiste «est dans le déni des réalités». «Il n'a rien annoncé de concret pour créer des emplois et réduire les dépenses», a souligné l'élue des Yvelines.
Un peu plus tard, c'était au tour de l'ex-premier ministre, François Fillon , d'exprimer son inquiétude sur le programme énoncé par son successeur à Matignon. «On a assisté en direct cet après-midi à l'annonce d'une catastrophe économique et sociale à venir», a déclaré le député UMP de Paris sur Canal+. Et d'insister: «On est en France et en Europe dans une situation économique déjà extrêmement fragile, on est sur une pente glissante et c'est le moment que le gouvernement choisit pour, grosso modo, ne pas baisser la dépense publique».
Le député frontiste Gilbert Collard a également réagi dans les couloirs du Palais Bourbon, condamnant «un long fleuve verbal pas très tranquille», l'Assemblée étant «assez agitée». «J'ai le sentiment d'avoir assisté à un discours de schizophrène, car Jean-Marc Ayrault n'a pas parlé d'austérité, mais j'ai l'impression qu'il cache dans sa poche une grande seringue à purge. Et la purge va être brutale», a tancé l'avocat qui fait ses premiers pas à l'Assemblée. Un avis partagé par Florian Philippot, le porte-parole du Rassemblement Bleu Marine: «Le premier ministre a refusé le mot rigueur, et pourtant c'est bien le seul avenir qu'il propose à nos compatriotes, suivant en cela le modèle ruineux des pays de la zone euro.»
Soutien «sans réserve» des députés PS
Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux , a en revanche promis au chef du gouvernement le soutien «sans réserve, avec chaleur et enthousiasme» de son groupe dans l'Hémicycle. «Nous vous soutiendrons, M. le premier ministre. Nous vous soutiendrons lorsque les dépositaires des privilèges de quelques-uns viendront agiter des peurs d'un autre temps pour nous dissuader de voter la réforme fiscale» destinée au «rétablissement de la justice face à l'impôt», a lancé le député de Seine-Saint-Denis, alors qu'il prenait la parole à la tribune juste après Jean-Marc Ayrault. Affirmant que «l'effort serait justement réparti» pour rétablir les équilibres budgétaires, Bruno Le Roux a promis que «les classes populaires et les classes moyennes, qui depuis dix ans ont porté tout le poids de la crise, seraient préservées de tout sacrifice».
Solferino, par la voix du numéro deux du PS, Harlem Désir , a également salué la prise de parole de Jean-Marc Ayrault: «Avec sa déclaration de politique générale, le premier ministre (…) a confirmé que les engagements de la campagne présidentielle seront tenus et mis en œuvre avec détermination, sans renoncement ni tournant, malgré l'héritage calamiteux laissé par la droite.» Et Désir d'assurer que Jean-Marc Ayrault «pourra compter sur le soutien le plus total et le plus déterminé du Parti socialiste dans son action courageuse de redressement de notre pays et de justice sociale.»
Ayrault ou l’éloge de la concertation
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lors de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale, mardi. (© Philippe Wojazer / Reuters
Analyse Prenant le contrepied du sarkozisme, le Premier ministre s’est fait l’apôtre du dialogue social. Dans son discours de politique générale, pas d’annonces mais beaucoup de rendez-vous.
S’il assure avoir songé à tous ses prédécesseurs au moment d’entrer dans l’hémicycle de l'Assemblée nationale pour prononcer son premier discours de politique générale, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a d’abord cherché à rompre avec le style de la présidence Sarkozy. Ou plutôt avec sa conception de l’exercice du pouvoir. «Je n’ai pas l’obsession de la comparaison avec le gouvernement précédent, mais je demande à chacun de mesurer la différence, qui n’est pas simplement une différence de style, mais de méthode.» Une méthode qui ne donne pas dans le verbe flamboyant et interdit les annonces aussi précoces que fracassantes: «La première erreur c’est de vouloir imposer d’en haut et dans la précipitation.»
En chantre de la démocratie sociale, le chef du gouvernement a largement fait l’éloge de la concertation, de la «culture de l’accord, celle qui implique des contreparties, du donnant-donnant». Bref, pas question de trancher avant d'avoir laissé sa chance au dialogue entre les partenaires sociaux. «Dans le combat pour le redressement, nous avons besoin de tous les acteurs. Il ne peut être l’affaire du gouvernement seul», a revendiqué Ayrault dans le droit fil du candidat Hollande. D’où un simple rappel des prochains rendez-vous avec les syndicats et le patronat, à commencer par la conférence sociale de la semaine prochaine. Et Ayrault d’opposer, devant les députés, «un état d’esprit nouveau» aux pratiques du passé: «Il est fini le temps des sommets spectacles. Le temps où la concertation pour donner l’apparence du dialogue social à la décision d’un seul.»
«Le changement ne se décrète pas»
Autre travers du sarkozysme dont Ayrault compte se démarquer, l’empilement des textes législatifs au gré de l’actualité : «Le changement ne se décrète pas. Il ne se mesure pas au nombre de lois votées […] On ne combat pas l’inertie par l’agitation.» Prenant opportunément l’exemple de la sécurité, le chef du gouvernement a dénoncé l’«activisme brouillon (qui) a prévalu depuis une dizaine d’années». Et a enjoint les parlementaires à «regagner en sérénité, pour retrouver le chemin de l’efficacité et de la confiance».
S’il revendique le dialogue comme la marque de fabrique du nouveau pouvoir, Jean-Marc Ayrault n’en a pas moins truffé sa déclaration d’une heure et demie d’accents volontaristes. «Non, nous ne renoncerons à rien», a-t-il martelé en appelant au «combat», à «la mobilisation» et à «l’effort collectif». Sans sortir sur le fond des propositions de la campagne présidentielle. Evoquant la nécessaire bataille à mener contre «le poids écrasant de la dette», qui menace la «souveraineté de la France» et la rend «dépendante», le chef du gouvernement a, pour le coup, haussé le ton: «Cette situation je ne l’accepte pas (...) Il n’y aura pas de redressement du pays sans redressement des finances publiques.» Mais Ayrault l'assure, il «refuse l'austérité».
CA VOLE BAS A L'UMP
Un tour de vis sans précédent sur les dépenses publiques
Jérôme Cahuzac, ministre du Budget. Crédits photo : THOMAS SAMSON/AFP
Jérôme Cahuzac, ministre du Budget. Crédits photo : THOMAS SAMSON/AFP
Selon le rapport préparatoire du débat d'orientation des finances publiques, la dépense ne progressera que de 0,8% par an sur le quinquennat.
Parce qu'«il y a bien une ardoise cachée par le précédent gouvernement», le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, estime que les recettes fiscales ont été volontairement surestimées de plus de 7 milliards pour 2012- et parce que la croissance ne sera pas au rendez-vous -le premier ministre a annoncé mardi qu'il retenait une progression du PIB de 0,3% pour cette année et 1,2% l'an prochain-, le gouvernement est obligé de serrer fortement la vis sur les dépenses.
Dans son projet présidentiel, François Hollande prévoyait que les dépenses publiques continueraient de croître de 1,1% par an. Ce qui représente déjà des économies non négligeables puisque la pente naturelle de la dépense publique en France (compte tenu du vieillissement de la population, des dépenses maladie, etc.) conduirait à une évolution des dépenses d'au moins 2% en volume - une fois l'inflation déduite - chaque année. Le gouvernement a rabaissé ce chiffre à 0,8%, «ce qui veut dire 0% en valeur pour l'État sur le quinquennat», a rappelé Jérôme Cahuzac.
Comment rendre possibles ces efforts, encore plus importants que ce qui a été constaté ces dernières années? «Par une modernisation de l'action publique qui permettra des réformes éclairées», répond-on à Bercy. Une réponse théorique qu'il faudra bientôt rendre concrète. Jérôme Cahuzac et Pierre Moscovici ont déjà commencé à recevoir les syndicats des ministères pour qu'ils leur fassent des propositions de modernisation menant à des économies
Dans son projet présidentiel, François Hollande prévoyait que les dépenses publiques continueraient de croître de 1,1% par an. Ce qui représente déjà des économies non négligeables puisque la pente naturelle de la dépense publique en France (compte tenu du vieillissement de la population, des dépenses maladie, etc.) conduirait à une évolution des dépenses d'au moins 2% en volume - une fois l'inflation déduite - chaque année. Le gouvernement a rabaissé ce chiffre à 0,8%, «ce qui veut dire 0% en valeur pour l'État sur le quinquennat», a rappelé Jérôme Cahuzac.
La dépense sociale sera maîtrisée
Dans ce contexte, les règles de gestion s'imposant à l'État s'appliqueront également à ses opérateurs. Les transferts aux collectivités locales seront stabilisés en valeur. Et la dépense sociale sera maîtrisée: la progression de l'Ondam (l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie) sera limitée à 2,7% en 2013 - «contre une évolution tendancielle d'environ 4%», selon Bercy.Comment rendre possibles ces efforts, encore plus importants que ce qui a été constaté ces dernières années? «Par une modernisation de l'action publique qui permettra des réformes éclairées», répond-on à Bercy. Une réponse théorique qu'il faudra bientôt rendre concrète. Jérôme Cahuzac et Pierre Moscovici ont déjà commencé à recevoir les syndicats des ministères pour qu'ils leur fassent des propositions de modernisation menant à des économies
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