POLITIQUE
L'Onu planche sur la Syrie sans trop d'espoir
La crise humanitaire en Syrie sera ce jeudi à l'ordre du jour d'une réunion du conseil de sécurité des Nations unies qui, comme les précédentes, risque d'illustrer la paralysie de la communauté internationale face à un conflit de plus en plus meurtrier.
Des camps de réfugiés syriens en Jordanie © Reuters Ali Jarekji
Une avancée spectaculaire paraît assez peu probable. D'abord, les Etats-Unis n'assisteront pas à la réunion et la Russie pourrait la bouder elle aussi. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton ne viendra pas parce que Washington considère que de telles réunions aurontpeu de sens tant que la Russie soutiendra Bachar al Assad. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ne devrait pas être là non plus, comme pour rappeler l'opposition persistante de Moscou aux options préconisées par l'Onu. La Russie, qui fournit des armes à Damas, et la Chine, qui s'aligne depuis le début de la crise sur la position de Moscou, n'ont cessé de bloquer par leur veto l'adoption d'une résolution contraignante pour le régime syrien.
Entre d'une part les pays occidentaux, la Turquie et les pays du Golfe, qui soutiennent l'opposition, et d'autre part la Russie et la Chine mais aussi l'Iran, qui continuent de défendre le pouvoir de Damas, le dialogue est plus que compliqué.La répression brutale par les forces fidèles à Bachar al Assad d'un soulèvement populaire a dégénéré en guerre civile et a fait plus de 18.000 morts en 18 mois, selon l'Onu.
La question des réfugiés au centre des débats
"La situation en Syrie et dans les pays voisins du point de vue humanitaire est extrêmement difficile puisque vous savez qu'il y a entre 2,5 millions et 3 millions de personnes en Syrie qui sont déplacées et vous avez plus de 300.000 personnes réfugiées dans les pays voisins", a ajouté le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.L'opposition et les associations humanitaires réclament la création d'une zone tampon à l'intérieur de la Syrie pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Une telle solution mérite d'être examinée, estime Laurent Fabius.
Un enjeu politique pour la France
La France, qui assure la présidence tournante du conseil de sécurité jusqu'à la fin du mois d'août, espère profiter de cette réunion des ministres des Affaires étrangères pour apporter des solutions concrètes sur le plan humanitaire et relancer unprocessus diplomatique au point mort.
François Hollande, accusé d'immobilisme, a tenté de reprendre la main lundi en invitant l'opposition à constituer un gouvernement provisoire et en évoquant une intervention militaire en cas d'utilisation d'armes chimiques par les troupes fidèles à Bachar al Assad, s'alignant ainsi sur la position défendue par les Etats-Unis.
La rébellion syrienne affirme contrôler un aéroport
De la fumée s'élève de la localité de Binsh, près d'Idlib, après le tir d'un missile par un avion de l'armée de l'air syrienne, le 29 août 2012. (Photo handout Shaam News Network. Reuters)
Un MiG aurait été abattu et onze autres détruits au sol lors de la prise de la base d'Abou el-Zouhour, près d'Idlib.
Les rebelles syriens ont abattu jeudi un avion MiG de l’armée régulière près d’un aéroport militaire dans la région d’Idlib, a affirmé à l’AFP le responsable des insurgés dans cette province, affirmant que ce site était désormais sous le contrôle des insurgés.
«L’avion a été abattu ce matin par nos hommes qui ont utilisé des armes automatiques peu après son décollage de l’aéroport d’Abou el-Zouhour. Les deux pilotes se sont éjectés avec leur parachute et ont été capturés», a affirmé le colonel Afif Mahmoud Sleimane, chef du conseil militaire rebelle pour la province d’Idlib.
Selon lui, l’avion a été abattu durant l’attaque de «centaines de rebelles» contre cet aéroport, une opération qui a duré de mercredi soir à 21 heures locales (20 heures en France) jusqu'à jeudi à midi (11 heures).
«Nous planifions cette attaque depuis trois jours», a-t-il assuré. «A part l’avion abattu, nous avons brûlé onze avions MiG dans cet aéroport que nous contrôlons désormais totalement», a-t-il ajouté.
Cette attaque intervient au lendemain d’une autre opération contre l’aéroport militaire de Taftanaz, également dans la province d’Idlib, lors de laquelle les insurgés ont affirmé avoir bombardé l'établissement militaire à l’artillerie et détruit plusieurs hélicoptères.
L’AFP n’est pas en mesure de vérifier ces informations en raison des restrictions draconiennes imposées par les autorités sur les médias et les organisations internationales.
(AFP)
A Téhéran, M. Morsi défend la révolution syrienne et les traducteurs font semblant de ne pas entendre
Les traducteurs chargés de retranscrire en persan, en direct, le discours très attendu de Mohamed Morsi, président égyptien, lors du sommet des non-alignés à Téhéran, ont probablement vécu un cauchemar aujourd'hui. M. Morsi a déçu ses hôtes iraniens lorsqu'il a dit : "La révolution en Egypte était un pilier du printemps arabe, elle a commencé quelques jours après la Tunisie, a été suivie par la Libye et le Yémen et aujourd'hui la révolution en Syrie [vise] le régime oppressif [de ce pays]". Pourtant, les traducteurs simultanés du sommet, retransmis en direct sur deux chaînes de la télévision nationale, n'ont pas hésité à remplacé "la Syrie" par "le Bahreïn". Quand Morsi a appelé l'opposition syrienne à serrer les rangs, encore une fois, c'est l'opposition du Bahreïn qui a été mentionnée.
Le site conservateur Baztab, qui se félicite d'avoir annoncé la possibilité selon laquelle M. Morsi prononcerait un discours ferme à l'égard du régime de Bachar Al-Assad, fait valoir que les organisateurs du sommet, bien préparés à ce risque, ont utilisé "la technologie de traduction" pour que "les bonnes prises de position de la part de Morsi soient relayées pour l'opinion publique". "Le traducteur a remplacé le mot 'Syrie' par 'Bahreïn', alors que Morsi n'avait pas du tout abordé la question du Bahreïn", confirme Baztab.
Tandis que l'Iran soutient sans relâche le régime de Damas et dénonce une ingérence étrangère dans ce pays depuis le début des révoltes, il reste très critique face au régime du Bahreïn, qui réprime un mouvement de contestation mené par des chiites.
La censure et la transformation des déclarations de M. Morsi s'étendent également sur certains sites et agences d'informations iraniens. A en croire le site conservateur Farda, M. Morsi aurait porté un soutien sans faille au régime syrien : "Il faut avoir l'espoir qu'en Syrie, le régime populaire persiste et nous devrons faire de notre mieux pour que les réformes soient réalisées en Syrie". M. Morsi aurait également ajouté: "Le peuple syrien est libre et peut résister face aux complots [étrangers]", selon Farda.
L'agence officielle ISNA est l'une des seules à avoir relayé les déclarations de Morsi sur son soutien à l'opposition syrienne, mais elle évite tout de même de publier le passage sur la nature oppressive du régime de Bachar Al-Assad. Certains sites conservateurs ont également préféré critiquer les propos du président égyptien plutôt que les censurer. C'est le cas du site Jahan News qui qualifie les déclarations de Morsi de "prématurées", "insensées" et "bizarres".
Ce discours "mal-traduit" ou "mal-compris" a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. "Nous sommes aussi traducteurs et nous comprenons ce qu'il raconte. Vous croyez faire une traduction de bonne qualité ? J'ai la tête qui tourne...", disait l'un des journalistes présents au sommet sur sa page Facebook.
"A partir de demain, Morsi sera le deuxième Moubarak [figure détestée par l'Etat iranien], et peut-être que les médias nationaux [la télévision et la radio publiques] surnommerons la révolution égyptienne, 'le printemps israélien' dès aujourd'hui", a également réagi une autre journaliste sur sa page Facebook.
Assal Reza
Emplois d'avenir : une ouverture timide au secteur privé
Craignant l'effet d'aubaine, les syndicats plaident pour un encadrement strict des bénéficiaires.
FO rappelle qu'elle "sera très exigeante sur les secteurs qui pourront bénéficier du dispositif, notamment pour le secteur marchand qui profiterait d'un effet d'aubaine". (Florence Durand - Sipa)
Les 150.000 emplois d'avenir dont la mise en place peut finalement débuter dès 2012 s'adressent "pour l'essentiel au secteur public", a expliqué Jean-Marc Ayrault. "Pour l'essentiel" mais, et c'est la grande nouveauté du dispositif, aussi un peu au secteur privé. Le projet de loi stipule en effet que "certaines de ces entreprises peuvent apporter une contribution originale et innovante au dispositif". Dans quelle proportion ? Mystère. Tout au plus sait-on que cette ouverture au privé restera "à la marge", comme l'a précisé le Premier ministre.
Pour éviter "tout effet d'aubaine", qui inquiète des syndicats, le texte souligne que des conditions et des garanties spécifiques seront demandées aux entreprises privées. Dans un communiqué, Force Ouvrière a pourtant tenu à marquer le coup :
Pour éviter "tout effet d'aubaine", qui inquiète des syndicats, le texte souligne que des conditions et des garanties spécifiques seront demandées aux entreprises privées. Dans un communiqué, Force Ouvrière a pourtant tenu à marquer le coup :
FO sera très exigeante sur les secteurs qui pourront bénéficier du dispositif, notamment pour le secteur marchand qui profiterait d'un effet d'aubaine".
Aides limitées à 35% pour le privé
Le ministère du Travail reste donc pour le moment très discret sur cette ouverture au privé, insistant sur son caractère marginal. Il n'existe d'ailleurs pas encore d'objectifs chiffrés pour ce secteur. On sait seulement que l'aide de 75% du coût salarial financée par l'Etat pour les emplois d'avenir sera limitée à 35% pour les employeurs privés.
L'activité de l'entreprise entre aussi en ligne de compte pour profiter de ces emplois. Les services de Michel Sapin indiquent ainsi que l'ouverture se fera pour des groupements d'employeurs dont la vocation est de proposer des parcours d'insertion. En clair : le ministère vise notamment les services d'aide à la personne, l'économie solidaire ou encore les emplois verts et le développement durable. Rien n'empêche d'en faire profiter des fédérations de bâtiments et de travaux publics, voire des groupements spécialisés dans la micro-électronique, dès lors qu'elles répondent à ces critères.
Une entreprise d'insertion intéressée
Acteur de l'Economie Sociale et Solidaire (ESS), le Relais a déjà fait connaître son intérêt pour le dispositif. Ce réseau d'entreprises agit pour l'insertion de personnes en situation d'exclusion. Pierre Duponchel, son président, souhaite utiliser les emplois d'avenir dans le cadre de son plan de développement sur 5 ans.
"Les emplois d’avenir représentent un mécanisme qui vient en complément des dispositifs précédemment déployés : la coexistence de toutes ces formes de contrats aidés est indispensable aux entreprises 'insérantes', c’est-à-dire les entreprises qui pérennisent les postes d’insertion", explique Pierre Duponchel dans un communiqué.
"Mais ce sera aux entreprises de venir avec des projets", précise le ministère avant d'ajouter : "Et si une entreprise des secteurs d'avenir vient avec un projet ambitieux, si elle met les moyens d'organiser un vrai parcours d'insertion et de qualification, il n'y a aucune raison de l'exclure par principe".
Le gouvernement exclut les biens professionnels de l'ISF
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Dans une interview dans l'édition de jeudi 30 août des Echos, le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici indique qu'il ne veut pas d'une fiscalité défavorable aux entreprises même si celles-ci doivent contribuer à l'effort de redressement des comptes publics.
Il précise dans cet entretien que le gouvernement attendra le bouclage du projet de loi de finances 2013 pour revoir à la baisse, comme l'a indiqué lundi le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, la prévision de croissance de l'économie française pour 2013.
Pierre Moscovici réaffirme, à la suite du chef du gouvernement, que le gouvernement ne diffèrera pas son objectif de retour des déficits publics à 3% du produit intérieur brut en 2013.
"Un desserrement des engagements pris auprès de l'Union européenne serait perçu comme un manquement à la discipline commune, coûteux en termes de taux d'intérêt. Pour le gouvernement, le sérieux budgétaire n'est pas une fin en soi, c'est une nécessité pour dégager des marges de manoeuvre", dit-il.
Après Jean-Marc Ayrault mercredi, le ministre de l'Economie et des Finances sera à son tour jeudi présent à l'université d'été du Medef. A la question de savoir si le gouvernement pourrait revoir en baisse les hausses d'impôts prévues pour les entreprises en 2013, il répond: "Celles-ci doivent contribuer à l'effort de redressement. Il n'est pas raisonnable qu'elles en portent tout le poids. C'est la rente qui doit être combattue, pas la production ni l'esprit d'entreprise."
CADRE STABLE
Il ajoute que le gouvernement veillera aussi "à la stabilité de la fiscalité dans le temps", indiquant: "La stabilité juridique est au moins aussi importante que la structure des prélèvements. L'investissement productif suppose un cadre stable."
Sur l'ISF, il précise que les réflexions se poursuivent mais qu'"il n'est pas question d'inclure les biens professionnels dans l'assiette de l'impôt", comme le redoutaient les chefs d'entreprise.
Evoquant le traité budgétaire européen, le ministre déclare qu'il sera soumis au vote du parlement accompagné d'un projet de loi organique sur le pilotage des finances publiques qui prévoit la création d'un Haut conseil des finances publiques, adossé à la Cour des comptes, "pour crédibiliser le dispositif auprès de nos partenaires."
Selon le site Mediapart, qui cite une première mouture de ce projet de loi organique, il reviendrait à ce haut conseil "d'agréer les prévisions économiques" sur lesquelles se fondent les lois de finances et des lois de programmation pluriannuelles.
Il émettrait en outre des "avis" sur la trajectoire de réduction des déficits, avec la possibilité d'"alerter publiquement le gouvernement et le Parlement sur l'éventuelle nécessité de déclencher un mécanisme de correction" en cas de dérapage.
S'agissant de la crise de la zone euro, Pierre Moscovici réitère le souhait de la France que la Grèce reste dans la monnaie unique, "dès lors qu'elle fait les efforts nécessaires", et indique qu'il se rendra à Athènes le 13 septembre.
Il déclare encore voir le "bout du tunnel" dans le dossier de la banque franco-belge Dexia, acculée à un délicat démantèlement depuis l'automne dernier.
Avec Reuters (Yann Le Guernigou, édité par Nicolas Delame)
Il en ressort que le système socio-fiscal protège mieux en France contre le risque de pauvreté (13,3 % en France contre 15,6 % en Allemagne en 2009), essentiellement grâce au système de prélèvements et de protection sociale puisque les taux de pauvreté avant transferts socio-fiscaux sont comparables (autour de 24 % dans les deux pays). France et Allemagne consacrent à la politique familiale une part comparable de leur budget, mais la France se singularise par une natalité nettement plus dynamique et un taux d’emploi des mères bien plus élevé.
En revanche, le système allemand apparaît par certains aspects plus simple, à la fois dans sa gouvernance (avec notamment un système généralisé de retraite par point), dans la lisibilité des dispositifs (minima sociaux moins nombreux, structuration de l’épargne retraite autour d’un produit phare, dispositif de chômage partiel plus simple), et dans ses modalités de fonctionnement (notamment en ce qui concerne la prise en charge des personnes handicapées et des personnes dépendantes). Les moyens alloués à l’accompagnement et au suivi des demandeurs d’emploi allemands sont plus importants en Allemagne tandis que l’indemnisation du chômage est plus faible. Enfin, le pilotage financier est plus exigeant en Allemagne (obligation d’équilibre de l’assurance maladie, régulation de l’offre de soins, non indexation de certaines prestations).
SOCIAL
Comparaison France-Allemagne des systèmes de protection sociale - 29/08/2012
Dans ce document de travail N°2 d'août 2012, la direction générale du Trésor s’est livrée à une analyse comparée des systèmes de protection sociale en France et en Allemagne.
Neuf thématiques analysées
- Le financement de la protection sociale,
- l’assurance maladie,
- l’assurance des soins de longue durée,
- la politique familiale,
- la pauvreté et les minima sociaux,
- le système de retraites,
- les dispositifs d’épargne retraite,
- les politiques de l’emploi
- le chômage partiel.
Il en ressort que le système socio-fiscal protège mieux en France contre le risque de pauvreté (13,3 % en France contre 15,6 % en Allemagne en 2009), essentiellement grâce au système de prélèvements et de protection sociale puisque les taux de pauvreté avant transferts socio-fiscaux sont comparables (autour de 24 % dans les deux pays). France et Allemagne consacrent à la politique familiale une part comparable de leur budget, mais la France se singularise par une natalité nettement plus dynamique et un taux d’emploi des mères bien plus élevé.
En revanche, le système allemand apparaît par certains aspects plus simple, à la fois dans sa gouvernance (avec notamment un système généralisé de retraite par point), dans la lisibilité des dispositifs (minima sociaux moins nombreux, structuration de l’épargne retraite autour d’un produit phare, dispositif de chômage partiel plus simple), et dans ses modalités de fonctionnement (notamment en ce qui concerne la prise en charge des personnes handicapées et des personnes dépendantes). Les moyens alloués à l’accompagnement et au suivi des demandeurs d’emploi allemands sont plus importants en Allemagne tandis que l’indemnisation du chômage est plus faible. Enfin, le pilotage financier est plus exigeant en Allemagne (obligation d’équilibre de l’assurance maladie, régulation de l’offre de soins, non indexation de certaines prestations).
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