HUMOUR......ENCORE QUE......
POLITIQUE
La presse, même tiraillée, fait front derrière "Charlie Hebdo"
Le Point.fr - Publié le 20/09/2012 à 07:03 - Modifié le 20/09/2012 à 07:18
La polémique déclenchée par les caricatures de Mahomet parues dans le journal satirique occupe la une des quotidiens nationaux de jeudi.
La presse fait front jeudi au nom de la liberté d'expression derrière "Charlie Hebdo". © Sipa
La presse fait front jeudi au nom de la liberté d'expression derrière Charlie Hebdo, très critiqué après la publication de caricatures de Mahomet, même si plusieurs éditorialistes y voient une "provocation" regrettable dans un contexte d'extrêmes tensions.
Le journal catholique La Croix déplore de voir l'hebdomadaire satirique "souffler sur les braises pour afficher sa noble résistance aux extrémismes", car cela "conduit à blesser de simples croyants et à ruiner les efforts de ceux qui tentent de faire vivre dans notre pays un islam respectueux des lois de la République", écrit Dominique Quinio, qui "rêverait qu'à la provocation réponde une sage indifférence".
Le Monde dans son éditorial estime lui aussi que "les caricatures incriminées sont de mauvais goût, voire affligeantes. Elles sont surtout publiées à un moment qui va contribuer sciemment à mettre de l'huile sur le feu" après une semaine de violences dans le monde provoquées par un film islamophobe. Mais pour le quotidien du soir, "on ne saurait renvoyer dos à dos Charlie Hebdo et ses inquisiteurs. D'un côté l'on veut faire rire et vendre, de l'autre on lance des anathèmes."
"En appeler au sens des responsabilités des dessinateurs, leur demander d'y réfléchir à plusieurs fois avant de publier, les exhorter à prendre en compte le contexte géopolitique comme s'ils étaient porte-parole du Quai d'Orsay, c'est mettre le doigt dans un engrenage dont le premier cran est l'autocensure et le dernier la capitulation", tranche Nicolas Demorand dans Libération, dont le journal avait accueilli Charlie Hebdo après l'incendie criminel de ses locaux en novembre 2011 après la parution d'un numéro spécial baptisé "Charia Hebdo".
"Apprentis sorciers"
La "solidarité corporatiste", pour reprendre les mots de Jacques Camus dans La République du Centre, fonctionne elle aussi à plein parmi les éditorialistes de la presse régionale au nom des grands principes rappelés avec force. "Au pays de Voltaire, qui n'eut de cesse de combattre l'obscurantisme religieux, la cause de Charlie Hebdo ne se marchande pas", martèle Ivan Drapeau dans La Charente libre.
"La liberté de parole n'est pas un gadget pour Occidentaux repus. Mais bel et bien une valeur commune et un droit universel", renchérit Patrick Pépin de Nord Éclair. Pour Rémi Godeau (Est républicain), "la liberté d'expression ne souffre pas l'exception" et "seule la loi de tous peut mettre le holà à ce droit fondamental. Pas les fondamentalistes."
"Quand bien même les caricatures de Charlie Hebdo seraient plus douteuses que drôles, et elles le sont, le droit d'écrire, de montrer ou de se moquer est imprescriptible", fait valoir Daniel Ruiz dans La Montagne, qui regrette néanmoins de voir Charlie Hebdo "jouer les apprentis sorciers".
Certains éditorialistes régionaux n'exonèrent pas la direction de Charlie Hebdo de toute erreur. Les nouvelles caricatures arrivent comme des "étincelles sur un baril de poudre", constate Francis Brochet dans Le Progrès. Jacques Camus (La République du Centre) juge que "l'usage de la liberté satirique ne saurait se pratiquer en méconnaissance d'un danger potentiel lié à un contexte. Le moment n'était assurément pas bien choisi". "Ailleurs, des vies sont en jeu. N'est-elle pas là, la limite ?" demande Olivier Pirot dans La Nouvelle République du Centre-Ouest.
Par Marc Leplongeon

Au Pakistan, environ 500 avocats ont réussi à pénétrer dans une zone très sécurisée où est située l'ambassade américaine. "Nous sommes prêts à sacrifier nos vies pour le prophète", chantaient les manifestants.
Les craintes se concentrent sur vendredi, journée de prière dans les pays musulmans et qui pourrait donner lieu à une mobilisation accrue contre l'Occident. La vague de violences déclenchée par le film américain dénigrant le prophète Mahomet intitulé "L'Innocence des musulmans", a fait une trentaine de morts depuis une semaine dans le monde arabo-musulman.
La publication par le journal français satirique de gauche Charlie Hebdo de dessins sur la controverse créée par ce film amateur, dont deux représentent nu le prophète des musulmans, a provoqué des réactions en série à l'étranger et en France.
Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite, dont le siège est au Caire, a condamné ces caricatures "portant atteinte à l'islam et à son prophète", et les islamistes d'Ennahda au pouvoir en Tunisie ont estimé que les musulmans avaient "le droit de protester" après "cette nouvelle attaque contre la personne du Prophète".
"Nous nous posons des questions sur le jugement qui a conduit à publier de telles choses", a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, tout en jugeant que cela ne pouvait justifer "en aucun cas la violence".
A Rome, l'Osservatore romano, quotidien du Vatican, a estimé que la publication de ces nouvelles caricatures revenait à jeter "de l'huile sur le feu".
Les autorités françaises ont immédiatement pris des mesures de sécurité alors qu'en 2005 la publication de caricatures de Mahomet dans un journal danois avait provoqué une longue vague de protestations dans le monde arabe.
Dès mercredi les autorités yéménites ont renforcé la sécurité autour de l'ambassade de France à Sanaa, tandis que la dizaine d'établissements scolaires français de Tunisie étaient fermés à la mi-journée.
Au Caire, une dizaine de fourgons de la police égyptienne et deux véhicules de pompiers équipés de canons à eau étaient stationnés autour de l'ambassade de France. Ecoles et centres culturels français dans le pays devaient fermer dès jeudi.
A Paris, la sécurité a été renforcée autour de l'immeuble abritant la rédaction de Charlie Hebdo, victime d'un incendie criminel en novembre 2011 après la publication de dessins représentant Mahomet.
Une plainte a été déposée au parquet de Paris contre le journal pour "provocation à la haine".
"La liberté d'expression c'est un droit fondamental, la liberté de caricature fait partie de ce droit fondamental", a relevé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls tandis que son homologue aux Affaires étrangères Laurent Fabius jugeait que ces caricatures jetaient de "l'huile sur le feu".
Tout en condamnant des "dessins insultants à l'égard du prophète", les organisations musulmanes ont appelé à ne pas céder à la "provocation". Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a annoncé "la lecture d'un message" d'apaisement au cours de la prière vendredi.
Une manifestation contre le film islamophobe devant l'ambassade des Etats-Unis prévue samedi à Paris a aussi été interdite.
Après une semaine de violences anti-américaines, les Etats-Unis avaient annoncé mardi avoir pris "des mesures fortes" pour protéger leurs ambassades et consulats.
Les protestations contre le film américain anti-islam ont continué mercredi à travers le monde arabo-musulman.
Au Liban, où le mouvement chiite du Hezbollah libanais a appelé à manifester, des hommes armés ont ouvert le feu sur un établissement de restauration rapide américain à Nabatiyeh (sud), sans faire de victimes, selon un responsable de sécurité.
Les autorités pakistanaises ont décrété un jour férié national vendredi en l'honneur de Mahomet.
Mardi, un attentat suicide visant un minibus sur une autoroute menant à l'aéroport de Kaboul avait provoqué la mort de huit Sud-Africains, d'un Kirghize et de trois Afghans. Le groupe Hezb-e-Islami, la deuxième composante la plus importante des insurgés afghans après les talibans, a revendiqué cet attentat.
En Asie, une première manifestation anti-américaine a réuni plusieurs centaines de personnes au Sri Lanka : des femmes y frappaient des photos du président Obama à coups de manches à balai. Et les autorités des Maldives ont interdit aux habitants de visionner le film sous peine de problèmes avec la justice.
Le site de partage en ligne de vidéos YouTube a annoncé qu'il étendait à l'Arabie saoudite ses restrictions d'accès au film, déjà en vigueur en Egypte et à la Libye où les violences avaient éclaté.
L'ambassadeur des Etats-Unis en Libye et trois autres Américains ont été tués le 11 septembre dans l'attaque armée du consulat de Benghazi, un drame sur lequel la Libye et le FBI enquêtent.
En Egypte, le procureur général a engagé mardi des poursuites contre sept Coptes égyptiens vivant aux Etats-Unis et soupçonnés d'être impliqués dans la production ou la distribution du brûlot islamophobe.
De son côté, Cindy Lee Garcia, actrice ayant participé au film a porté plainte mercredi à Los Angeles contre son producteur, affirmant avoir été trompée sur les intentions du film.
DIVERS
Californie : les défenseurs du foie gras perdent en justice
Le Monde.fr avec AFP
Les défenseurs du foie gras en Californie, où la production et la vente de ce mets sont interdits depuis le 1er juillet, ont échoué mercredi 19 septembre dans leur tentative de faire invalider l'interdiction par la justice, mais feront appel de cette décision.
Lors d'une brève audience devant un tribunal fédéral à Los Angeles, le juge Stephen V. Wilson a rejeté les arguments d'un syndicat de producteurs canadiens de foie gras, d'un groupe de restauration et d'un producteur de la région de New York, qui accusent l'interdiction d'être anticonstitutionnelle.
L'avocat des plaignants, Michael Tenenbaum, a affirmé qu'il porterait le dossier devant la cour d'appel de l'ouest des Etats-Unis, à San Francisco. Selon lui, l'interdiction est "anticonstitutionnelle, vague et contraire aux lois du libre commerce". Il affirme que l'interdiction coûte à ses clients 15 000 dollars par jour.
Un restaurant qui mettrait du foie gras à son menu s'expose à une amende pouvant aller jusqu'à 1 000 dollars.
Un restaurant qui mettrait du foie gras à son menu s'expose à une amende pouvant aller jusqu'à 1 000 dollars.
La décision de la Californie, défendue par les défenseurs des droits des animaux, a suscité la consternation des producteurs et de nombreux grands chefs américains et internationaux.
L'impact de l'interdiction est quasi nul pour les producteurs français car les exportations de l'Hexagone vers les Etats-Unis étaient déjà tombées ces quatre dernières années de treize à cinq tonnes, en raison des contraintes sanitaires et vétérinaires américaines, selon le Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog). Les conséquences sont en revanche plus sensibles pour les producteurs locaux et canadiens, comme l'Association des éleveurs de canards et d'oies du Québec, l'un des plaignants dans ce procès.
INSURRECTION
Privé de son nom, le village de Laguiole se débaptise

Le panneau signalétique à l’entrée du village de Laguiole a été démonté, hier.
AFP
Le droit empêche Laguiole de faire du Laguiole. Quitte à être privé de son nom, autant enlever la pancarte du village.
Usines chinoises et pakistanaises
Un manche en corne qui tient bien en main, une lame typée, du galbe, du tranchant et une abeille en guise de poinçon : c’est un Laguiole. Laguiole comme Laguiole, le village de l’Aveyron, haut lieu de l’Aubrac ? Ça devrait. Neuf couteaux Laguiole sur dix (plus de la vaisselle, des outils de jardinage, des briquets, du linge de maison) sont pourtant des produits d’importation.
Profitant d’un dépôt de marque effectué en 1993 par Gilbert Szajner, des usines chinoises ou pakistanaises achètent une licence de fabrication et produisent du vrai faux Laguiole, inondant les boutiques du monde de produits incertains.
Action symbolique
Et surtout le droit des affaires empêche Laguiole de faire du Laguiole : « Je veux générer de l’emploi ici, hurle Thierry Moysset, industriel local, la loi me l’interdit, c’est un truc de fous. » Le nom du pays est juridiquement interdit à ceux qui y habitent.
Hier, symboliquement, Vincent Alazard, le maire de la petite ville de 1 300 habitants, a débaptisé sa commune. Il a démonté le panneau routier qui sera acheminé à Paris : « On va l’apporter à ceux qui nous l’ont pris. »
Que faire ? Comment empêcher une personne de détenir un monopole commercial sur une commune au détriment de ses habitants ? Le casse-tête est insoluble. Changer le nom de la commune ? Laguiole deviendrait Layol. Ça s’écrirait enfin comme ça se prononce.
François SIMON.
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