Par Stéphane Lacroix est professeur à l'Ecole des affaires internationales (PSIA) de Sciences Po et chercheur au CERI
Le candidat des Frères musulmans égyptiens, Mohamed Morsi, a donc remporté la première élection présidentielle véritablement pluraliste de l'histoire du pays. Il a devancé d'un peu plus de 800 000 voix (13 230 131 contre 12 347 380) Ahmed Shafiq, commandant de l'armée de l'air et dernier premier ministre d'Hosni Moubarak. La confrérie contre le régime militaire. C'est le dernier épisode d'un bras de fer qui dure depuis 1954, lorsque Gamal Abdel Nasser, "officier libre" arrivé au pouvoir avec le soutien des Frères musulmans, décida d'envoyer au purgatoire ses alliés islamistes.
Pour une large partie de la jeunesse révolutionnaire, c'est une déception. Une de plus, tant celles-ci se sont accumulées depuis ces dix-huit jours glorieux de janvier-février 2011. Le soulèvement avait pourtant été rendu possible par l'émergence de cette troisième force, venue semer le trouble dans le pas de deux mortifère auquel se livraient régime et confrérie.
Résignée à son impuissance, cette dernière était devenue malgré elle l'envers de la médaille Moubarak, légitimant par sa participation une démocratie de façade, le pouvoir qu'elle prétendait combattre. Naquirent alors "Kifaya" (Assez !), "le mouvement du 6 avril", "Nous sommes tous Khaled Said" (le jeune homme battu à mort par la police en juin 2010).
Insensibles aux calculs politiciens, ces mouvements se firent connaître par leurs attaques frontales contre le régime, au nom d'un idéal proclamé de justice sociale et de démocratie. Se saisissant de l'exemple tunisien, ils lancèrent les premiers appels à fairetomber Moubarak. Les Frères finirent par se joindre au soulèvement, mettant au service de la contestation leur potentiel de mobilisation. L'armée proclama enfin son soutien à la place Tahrir, feignant de lâcher le raïs. La "révolution" triompha.
S'ils avaient été alliés pendant la révolution, jeunes révolutionnaires et Frères choisissent très vite des chemins différents. Les Frères prennent leurs distances avec la rue, préférant s'investir dans le jeu politique institutionnel. Ils font mine d'afficher leur confiance dans le processus "de transition" guidé par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) avec lequel, reprenant leurs habitudes des années Moubarak, ils n'hésitent pas à négocier en coulisses.
A de rares reprises, pour peser dans la discussion, ils ordonnent à leurs militants de descendre à Tahrir - mais pour quelques heures seulement, avant de regagner leurs pénates en rangs groupés. Pour les Frères, se moquent les jeunes révolutionnaires, le slogan " La révolution jusqu'à la victoire" s'est mué en "La révolution jusqu'au milieu de l'après-midi". Car, pour les jeunes révolutionnaires, la place demeure, plus qu'un lieu de rassemblement, une véritable raison d'être. "Oh Place [Tahrir], où étais-tu tout ce temps ?", chante Cairokee, l'un des groupes rendus célèbres par le soulèvement.
Dès avril 2011, chaque semaine ou presque, les mouvements révolutionnaires appellent à des "manifestations monstres", sans voir que leurs rangs s'étiolent dangereusement. Parfois, des sit-ins sont organisés, recréant l'atmosphère de la "commune de Tahrir", cette utopie qui fit chuter Hosni Moubarak. Les slogans sont chaque fois plus hostiles au CSFA, dont l'intention de rendre le pouvoir est mise en doute. Les Frères, accusés d'avoir"trahi la place" et de collusion avec l'armée, ne sont pas épargnés.
L'approche des élections législatives, qui se sont tenues entre novembre 2011 et janvier 2012, encourage les mouvements révolutionnaires à chercher un ancrage dans le champ politique. Si une minorité de sans-culottes refuse toute institutionnalisation, considérant qu'il n'est d'autre légitimité que celle de la place Tahrir, plusieurs partis voient le jour : parmi eux, le Courant égyptien, formé par d'ex-jeunes militants des Frères déçus de la stratégie de la confrérie, et la Coalition socialiste populaire, qui se réclame d'une idéologie de gauche.
L'expérience sera infructueuse : alliés dans une coalition nommée La révolution continue, ils récolteront à peine plus de 2 % des suffrages. Plusieurs autres partis indépendants soutenus par le camp révolutionnaire ne rencontrent pas plus de succès. "Ce jour-là, reconnaît un jeune du Courant égyptien, nous avons compris que Tahrir n'était pas l'Egypte."
Face à eux, les Frères se taillent la part du lion, avec près de la moitié des sièges au Parlement, suivis des salafistes, qui en remportent le quart. Seule consolation : les partis liés à l'ancien régime, partis en ordre dispersé, ont également échoué à mobiliser.
Ironiquement, la défaite des mouvements révolutionnaires dans les urnes coïncide avec leur dernière victoire dans la rue. A la fin novembre 2011, au terme de manifestations violentes place Tahrir qui font une cinquantaine de morts, le CSFA s'engage à remettre le pouvoir à un président élu avant le 30 juin. Le calendrier semble irréaliste, puisqu'il est peu probable qu'une Assemblée constituante nommée par le Parlement ait eu le temps de rédiger une Constitution d'ici là.
L'approche de l'élection présidentielle voit chaque camp se mobiliser. Les Frères, qui s'étaient d'abord engagés à ne pas concourir, présentent un candidat : Mohamed Morsi, membre du bureau de guidance et fidèle de Khairat Al-Shater, l'homme fort de la confrérie. L'armée soutient quant à elle, sans le dire, Ahmed Shafiq, qui est issu de ses rangs. Surtout, M. Shafiq jouit de l'appui des réseaux de l'"Etat profond", qui semblent s'être reconstitués à grande vitesse et avoir fait leur unité.
Face à eux, le camp révolutionnaire est partagé entre Abdel MoneimAboul Foutouh, islamiste libéral et ex-leader des Frères exclu pour dissidence, et Hamdin Sabbahi, représentant de la gauche nassérienne. Cette division traduit la polarisation grandissante du champ politique égyptien entre partisans et détracteurs d'une référence religieuse affirmée en politique. La force du camp révolutionnaire avait d'abord été son refus de se positionner sur ce débat que beaucoup de ses membres considéraient comme "stérile", allant parfois jusqu'à se présenter comme "post-idéologiques".
MM. Sabbahi et Aboul Foutouh avaient même, en dépit de leurs différences, pensé s'unir dans un "ticket présidentiel" à l'automne 2011. Des mois de débats enflammés dans les médias égyptiens sur la nature de l'Etat à construire - civil ou religieux - ont fini par inscrire ce clivage au sein même du camp révolutionnaire. Le soutien inattendu des salafistes à M. Aboul Foutouh, annoncé à la fin avril, a fini de faire fuir vers M. Sabbahi les plus hésitants de ses partisans "laïques".
C'est cette division qui explique d'abord l'élimination de MM. Sabbahi et Aboul Foutouh au premier tour, malgré des scores honorables (respectivement 20 % et 17 %). Mais il y a d'autres raisons. Un an et demi de troubles ont fini par faire haïr la révolution à beaucoup d'Egyptiens, qui demandent avec insistance un retour à l'ordre - ordre ancien, avec M. Shafiq, ou ordre islamique, avec M. Morsi. Ce rejet explique aussi le fort taux d'abstention, plus de 50 %.
Enfin, pour gagner une élection, il faut pouvoir s'appuyer sur une solide machine électorale. Mohamed Morsi a à son service les réseaux de la confrérie, qui compte plusieurs millions de membres et affiliés. Ahmed Shafiq peut compter sur les réseaux de l'ex-Parti national démocratique d'Hosni Moubarak, mis en sommeil depuis février 2011 mais qui restent efficaces. Face à ces appareils, les candidats révolutionnaires, dépourvus de structures de mobilisation, n'avaient aucune chance.
Depuis l'annonce des résultats du premier tour, le 28 mai, les révolutionnaires ont l'impression d'assister impuissants à une lutte qui les dépasse. Les Frères ont rejeté les offres du camp révolutionnaire qui proposait de faire bloc derrière Mohamed Morsi, en échange d'un engagement à former un gouvernement de coalition. Un tel arrangement aurait été d'autant plus improbable que les Frères ont fait une campagne de premier tour très conservatrice, mettant l'islam au coeur de leur projet - peut-être pour contrer la pression des salafistes.
L'armée, et derrière elle tous les rouages de l'"Etat profond", ont affiché un soutien explicite à M. Shafiq. Ironie suprême : les deux candidats revendiquent désormais les acquis de la révolution, dont ils donnent une définition à géométrie variable.
Le 14 juin, la candidature de M. Shafiq, contestée en vertu de la loi d'isolement politique votée en avril par le Parlement, a été déclarée valide par la Haute Cour constitutionnelle. Dans la foulée, cette dernière a invalidé les résultats des élections législatives, prétextant l'anticonstitutionnalité de la loi électorale. Cette décision entraînerait la dissolution du Parlement.
Enfin, alors que commençait à circuler la rumeur de la victoire de M. Morsi, le CSFA a pris prétexte de l'absence de Constitution fixant les pouvoirs du président pour réduire ceux-ci à la portion congrue par une proclamation constitutionnelle de dernière minute. Les Frères ont répliqué en contestant la légalité de ces décisions, et ont appelé leurs troupes à la mobilisation générale.
Ce qui a surpris a été la relative timidité de la réaction initiale du camp révolutionnaire face à ce que beaucoup ont décrit comme un coup d'Etat déguisé. "Bien fait pour les Frères", pouvait-on même lire sur Twitter. Un militant commentait : "Nous serions en colère si nous n'étions pas aussi épuisés."
En ordre dispersé, certains ont depuis rejoint la place Tahrir pour mener cette nouvelle bataille contre le CSFA, non pour les Frères, mais pour la démocratie. Les mêmes espèrent, sans enthousiasme, que soit entérinée la victoire annoncée de Mohamed Morsi, estimant que seul un équilibre des forces entre Frères et militaires préserverait les brèches indispensables à la construction de l'alternative qu'ils veulent incarner. "Ne baisse pas les bras. La lumière du soleil reviendra", chante aujourd'hui Cairokee. Avec des troupes plus divisées et une population plus démobilisée que jamais, la nuit risque d'être longue. Stéphane Lacroix est également chercheur associé au Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales (Cedej) du Caire. Il a notamment publié "Les Islamistes saoudiens : une insurrection manquée" (Presses universitaires de France, 2010). Il prépare actuellement un livre sur la révolution égyptienne.
Stéphane Lacroix est professeur à l'Ecole des affaires internationales (PSIA) de Sciences Po et chercheur au CERI
Les salafistes au défi du politique
Par-delà le conflit structurel qui les oppose à l'armée et au camp révolutionnaire, les Frères musulmans ont dû se battre pour maintenir leur hégémonie sur le champ de l'islam politique face à la montée en puissance du salafisme politique. Prônant un retour aux fondements du dogme islamique et l'adoption par ses adeptes de pratiques sociales ultra-conservatrices, le salafisme, dont l'existence comme mouvance organisée remonte en Egypte à la fin des années 1970, se caractérisait jusqu'à la révolution de janvier 2011 par un quiétisme affirmé. Cette attitude lui avait valu sous Hosni Moubarak une certaine bienveillance de la part de l'appareil sécuritaire, trop heureux de pouvoir l'utiliser pour limiter l'influence des Frères.
Une fois le raïs renversé, les principaux groupes salafistes ont choisi de se doter de bras politiques. Le principal de ces partis, le Parti Al-Nour ("la lumière"), a obtenu près de 25 % des voix aux élections législatives de la fin 2011 en se présentant comme une solution de remplacement à des Frères musulmans critiqués pour leurs penchants politiciens et pour l'embourgeoisement supposé de leurs cadres. Plus surprenant encore, le salafisme politique du Parti Al-Nour s'est doté d'un discours en rupture avec celui des cheikhs fondateurs du mouvement. Al-Nour s'est réclamé des "procédures" de la démocratie, tout en affirmant continuer de rejeter la "philosophie" qui les sous-tend.
En avril, les instances dirigeantes d'Al-Nour ont choisi d'apporter leur appui au candidat islamo-démocrate Abdel Moneim Aboul Foutouh, en vue de la présidentielle. Si ce choix a reflété la volonté des salafistes de se distinguer des Frères, perçus comme d'irréductibles concurrents, il a aussi marqué une nouvelle évolution dans la stratégie du mouvement. Mais le pari s'est avéré coûteux. M. Aboul Foutouh n'étant arrivé que quatrième au premier tour, les salafistes sont hors jeu. Ils n'ont au second tour eut d'autre choix que d'appeler à voter pour le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi.
Avec l'élimination d'Aboul Foutouh, la colère gronde chez les salafistes. Beaucoup parmi la base n'ont pas compris le choix de M. Aboul Foutouh, et ont préféré voter dès le premier tour pour M. Morsi, plus conservateur. Le salafisme politique, un temps unifié derrière le Parti Al-Nour, risque l'éclatement. L'attrait exercé par des figures comme le cheikh charismatique Hazem Abou Ismaïl, porte-étendard d'un salafisme populiste et sans concession, laisse penser que cela pourrait se traduire par une radicalisation
Front de gauche: Mélenchon accuse le PS "d'empêcher" la formation d'un groupe à l'Assemblée
Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) a affirmé lundi que le PS tentait "d'empêcher un par un" les députés ultramarins d'aider le Front de gauche à constituer un groupe à l'Assemblée nationale. - Thomas Samson/AFP
Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) a affirmé lundi que le PS tentait "d'empêcher un par un" les députés ultramarins d'aider le Front de gauche à constituer un groupe à l'Assemblée nationale.
Les dix députés FG doivent constituer un groupe (15 élus nécessaires) avec des élus "progressistes" d'outre-mer, avait annoncé la semaine dernière le député communiste du Puy-de-Dôme André Chassaigne, qui devrait présider ce groupe.
Mais "le PS tente un par un d'empêcher les députés ultramarins de constituer notre groupe" à l'Assemblée, a dit M. Mélenchon lors d'une conférence de presse au siège du Parti de gauche, accusant les socialistes de vouloir "faire disparaître le Front de gauche".
"Le groupe aura lieu" même si "les socialistes ont décidé de détruire tout ce qui n'est pas eux", a-t-il assuré.
Dénonçant la "volonté d'hégémonie permanente" des socialistes, l'ex-députée Martine Billard, co-présidente du PG, a déploré "une agression typique et significative" de la "volonté du PS de ne pas avoir de force à sa gauche porteuse des intérêts des classes populaires".
M. Mélenchon a par ailleurs rappelé que le FG était "dans la majorité qui a renversé Nicolas Sarkozy donc dans la majorité qui a mis en place François Hollande" mais il n'est "pas dans la majorité politique constituée à l'Assemblée" car il prône une "autonomie conquérante".
Revenant sur les propos de son "ami personnel" Alain Vidalies (PS) qui a affirmé qu'en étant associés au gouvernement, les écologistes auraient à l'Assemblée "la liberté d'expression mais pas la liberté de vote", le leader du Front de gauche a estimé qu'EELV n'était qu'un "parti commensal".
Mais "nous, on ne joue pas la partition des autres", a fait valoir M. Mélenchon. "La perspective" et "l'enjeu, c'est la conquête du plus grand nombre", a encore dit l'eurodéputé, parlant de "séquence historique" vu les politiques d'austérité en Europe. D'où aussi, selon lui, "la centralité de la bataille contre le Front national" qui n'est "pas une affaire personnelle" mais une "bataille historique de fond".
ECONOMIE
Lundbeck pourrait licencier 200 personnes en France
Le laboratoire danois devrait annoncer que les lettres de licenciement partiront en août aux salariés français lors du comité d’entreprise prévu ce 25 juin.
Selon les informations du premier syndicat l’Unsa le 22 juin, les salariés du laboratoire pharmaceutique craignent au total le licenciement de 200 personnes dans l’Hexagone au cours de l’été. Soit au total 50% de son effectif hors recherche.
"Fin août, ils vont en mettre 200 dehors, 200 licenciements secs, et on est dans le minimum du minimum de tout de ce qui peut être proposé en termes d'accompagnement pour que ça soit plié avant l'été", a expliqué Gil Longuet, secrétaire du Comité d'entreprise et délégué syndical Unsa.
Selon le syndicat, la direction proposerait un plan de sauvegarde de l’emploi et des mesures d’accompagnement très pauvres aux salariés concernés. Mais il accuse aussi le groupe de profiter des crédits recherche pour faire des profits de l’ordre de 300 millions d’euros en France. Ce montant fait de la France la première filiale de Lundbeck.
Pour le responsable syndical, Lundbeck licencie en prévision de pertes sur le chiffre d’affaires attendu pour 2014. Début mai, le groupe avait annoncé un bénéfice net en baisse de 33% au premier trimestre, tout en maintenant ses prévisions pour 2012.
Parmi les 595 salariés de Lundbeck France, 75 personnes sont dédiées à la Recherche et au Développement de nouveaux médicaments et 130 à la production au centre Lundbeck Elaiapharm de Sophia-Antipolis.
600 postes en Europe
Plus globalement, ce sont quelque 600 postes qui devraient être affectés en Europe. Cette annonce fait suite aux révélations de la part de la direction de son projet de réorganisation de sa partie commerciale et la nécessité d’avoir une infrastructure commerciale plus flexible.
"L'environnement de marché en Europe est en pleine mutation à un moment où Lundbeck a de nombreux nouveaux produits à lancer, a précisé Ulf Wiinberg, président et directeur général de Lundbeck.. Pour assurer une transition réussie de notre portefeuille de produits en Europe nous avons besoin d'une infrastructure plus flexible commercial et de maintenir le contrôle des coûts".
Le groupe serait notamment affecté par la baisse de 18% de son traitement de la maladie d’Alzheimer (Ebixa) imposée par les autorités et par un accès au marché difficile actuellement. Il doit notamment lancer cette année le Selincro, traitement contre la dépendance à l’alccol, ainsi qu’un nouvel antidépresseur Lu AA21004.
Les coûts de restructuration sont estimés à quelque 83,9 millions de dollars pour l’année 2012.
Dans un entretien au Journal du Dimanche le 24 juin, Charles Doux impose ses conditions.
Suite à l’annonce de la mise en vente vendredi dernier du groupe européen de volaille, le patron de l’entreprise est prêt à ouvrir son capital. "Je détiens, avec mes fils, 35% de l'entreprise. Avec les deux autres branches de la famille, la participation atteint 80%. Je suis prêt à ouvrir le capital pour assurer l'intégrité du groupe", a-t-il expliqué dans les colonnes du JDD.
Reste que le patron veut poser ses conditions à une telle ouverture. Notamment il se dit prêt à négocier soit avec des partenaires industriels, soit avec des coopératives françaises qui connaissent le métier, soit avec des financiers garants de l’avenir du groupe. Mais pour lui, il n’est pas question de revenir à la table des négociations avec Barclays. "Lors des négociations avec le comité interministériel de restructuration industrielle début juin, sous l'égide d'Arnaud Montebourg, j'ai refusé de donner les clés de Doux à Barclays. Je ne pouvais céder le contrôle à une banque anglo-saxonne qui n'avait aucun plan industriel et ne donnait aucune garantie sur l'emploi et la filière", a précisé le patron.
Rôle de Natixis
Selon lui il ne faut pas craindre une cession du groupe, hors d’actualité. "Je ne demande pas d'aide publique. Je demande des financements normaux, qu'on rende l'argent bloqué par la banque Natixis, a ajouté le patron. Il faut que Natixis, qui détient des créances du groupe, débloque 10 millions d'euros. Cela fait un mois que nous négocions. Natixis joue un rôle dangereux. Cette somme totale de près de 30 millions d'euros permettra de tenir trois mois, un délai suffisant pour boucler un plan de continuation".
Cette annonce fait suite à la décision de l’administrateur judiciaire vendredi 22 juin de mettre en vente le groupe volailler, après l’échec du plan de redressement du groupe affecté par de lourdes dettes.
Les salariés de l’usine de Chateaulin ont été entre 700 et 800 à manifester à l’appel de l’intersyndicale pour exprimer leur inquiétude face à la situation du groupe
Smic : un coup de pouce peu impactant pour les industriels
Michel Sapin, ministre du travail annoncera demain, mardi 26 juin, le niveau du "coup de pouce" du Smic. Les organisations patronales sont vent debout sur le sujet. Avec une part de smicard beaucoup plus faible que la moyenne, les industriels ne seront pas les plus touchés.
Difficile, très difficile pour un gouvernement de gauche de ne pas procéder à son arrivée au fameux "coup de pouce" du SMIC. D’autant qu’il n’y en a pas eu depuis 2006, la seule augmentation étant la revalorisation annuelle calculé sur l’inflation.
L’annonce sera donc faite demain par Michel Sapin. Le coup de pouce sera bien là mais il sera très "raisonnable" a-t-il déjà prévenu. La fourchette qui circule se situe entre 1,5 % et 2,5 %. Et encore ce pourcentage pourrait être une avance sur la revalorisation annuelle du 1er janvier 2013. Le gouvernement qui s’attend à une envolée du chômage n’a pas trop envie de mettre en péril la compétitivité des entreprises en alourdissant la barque des TPE, PME qui en sont les plus utilisatrices.
D’autant que plusieurs économistes qui font partie du groupe d’experts sur le Smic ont fait par des dangers sur l’emploi d’une hausse. L’un d’entre eux, Francis Kramarz, directeur du CREST, estime qu’une "revalorisation de 1 % détruirait de 15 000 à 20 000 postes".
Quelques chiffres Le Smic est actuellement de 9,22 euros de l’heure, 1.398,37 euros bruts pour 35 heures hebdomadaires. Il concerne environ 2,5 millions de salariés beaucoup plus dans les entreprises de 1à 9 salariés, 23, 6 %. 15 % des branches ont des grilles de salaires dont les minima commencent sous le smic même si aucun salarié n’est payé en dessous de son tarif. Les femmes et les temps partiel sont les populations qui sont le plus rémunérés au smic.
De leur côté les associations patronales sont aussi montées au créneau. La CGPME a demandé, sans succès à ce que le projet de coup de pouce soit suspendu car "la dégradation de la conjoncture l’exige". L’UPA vendredi soir, actant de la décision du gouvernement, appelait encore "à ce qu’il soit le plus limité possible".
Côté syndicats FO demande une revalorisation minimum de 5 %, et la CGT veut 300 € de plus. Mais tous ne sont pas sur la même ligne, si François Chérèque demande aussi une revalorisation, il ne la chiffre pas et estime que ce n’est pas tant le niveau du Smic qui pose problème que le fait d’y rester trop longtemps ou la trop grande masse de salarié à temps partiel.
Au final, il y aura donc une petite hausse qui devrait peu impacter les industriels car se sont d’autres branche qui concentrent les salariés au SMIC comme le commerce, ou l’hébergement/ restauration (31 % de salariés au SMIC). Dans la production et la distribution d’énergie, on ne compte que 0,5 % de salariés au SMIC.
Le décret sera publié dans la foulée pour une mise en œuvre sur les bulletins de paie de juillet. La vraie question sur les salaires devrait ressurgir lors du sommet social de juillet car le ministre du Travail a déjà indiqué qu’il voulait relancer les négociations de branche. Mais là, ce sera du cas par cas par secteur, selon le rapport de force en place et sa santé.
Le groupe américain de vente en ligne a annoncé l'implantation à Chalon-sur-Saône de sa troisième plate-forme logistique en France, en présence du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Le site devrait générer 500 emplois directs.
En bourse
C'est confirmé. Comme « Les Echos » l'avaient annoncé jeudi dernier, le groupe américain de vente en ligne Amazon a annoncé lundi, en présence du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, l'implantation à Chalon-sur-Saône d'une troisième plate-forme logistique en France, les deux premières étant situées à Orléans (Loiret) et Montélimar (Drôme).
Interrogé sur le nombre d'emplois créés, Frédéric Duval, d'Amazon France, a évoqué la création de quelque 500 emplois directs, comme sur les deux précédents sites d'Amazon en France, qui totalisent 1.100 emplois « permanents ». « En comparaison, je peux vous donner l'exemple des deux autres sites où nous avons 1.100 emplois permanents et 4.000 en pic d'activité », a-t-il déclaré. « Chalon, comme tous les sites logistiques dans le monde, dessert la totalité des pays du monde. La plupart des clients étant basés en France et en Europe », a précisé le responsable d'Amazon.
Arnaud Montebourg a souhaité avec cette implantation, « effacer la brûlure des 3000 emplois disparus » avec le départ de Kodak à Chalon-sur-Saône. « Les territoires qui ont subi des blessures, des dégâts, peuvent se redresser et rencontrer, avec le soutien de l'Etat, le succès », a-t-il jugé.
Ce projet devrait prendre forme en deux temps. Dans les prochaines semaines, Amazon louera 40.000 m2 sur le parc d'activité du Val de Bourgogne, dans l'agglomération de chalonnaise. La géant du e-commerce devrait ensuite faire construire sa propre plate-forme d'environ 100.000 m2 sur d'anciens terrains Kodak, pour un investissement de 40 millions d'euros.
L’industrie, dans le top 3 des secteurs les plus recruteurs
Comme chaque mois, Qapa publie son baromètre emploi ce lundi 25 juin. Surprise ce mois-ci, l’industrie a beau conserver sa place sur le podium des secteurs recruteurs, les jeunes ayant suivi certaines formations industrielles ont peu de chance de trouver un emploi.
"Avec le BAC en poche, les jeunes diplômés qui cherchent des formations ne sont absolument pas aiguillés vers les métiers qui recrutent et qui sont pourtant en totale pénurie de candidats", s’étonne Stéphanie Delestre, fondatrice de Qapa.fr, cité dans le communiqué. Pour aiguiller ces futurs salariés, Qapa a donc établi un top 10 de secteurs des formations les moins recruteuses. Apparaissent dans le classement des secteurs traditionnels de l’industrie. A la troisième place - juste après les formations de journalisme et de commerce de gros - les formations en chimie ne semblent pas être réellement pourvoyeuses d’emploi. Elles sont talonnées de près par l’industrie textile, le cuir et la confection, puis par l’agroalimentaire. Pourtant au mois de juin, l’industrie reste dans le trio de tête des secteurs les plus recruteurs. Elle prend la troisième place derrière le commerce/vente et le BTP/construction.
Amazon va implanter sa troisième plate-forme logistique à Chalon-sur-Saône
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