POLITIQUE
Traité européen : le pari du Front de gauche
C'est leur priorité de la rentrée. Le Front de gauche entend mobiliser contre le traité budgétaire européen. Dimanche 26 août à Saint-Martin-d'Hères (Isère), en clôture de l'université d'été du rassemblement, Jean-Luc Mélenchon a appelé à une "grande manifestation populaire" pour réclamer l'organisation d'un référendum sur le sujet. "Tous à Paris pour montrer la force qui dit non", a-t-il lancé à la tribune. La date n'est pas encore fixée mais ce rassemblement devrait intervenir fin septembre peu de temps avant que le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), qui introduit une règle d'or budgétaire, ne soit soumis à ratification. Ce qui devrait intervenir en octobre.
Depuis des mois, le Front de gauche est opposé à ce texte, qualifié "d'austéritaire". Et estime que François Hollande n'a pas tenu son engagement de campagne de le renégocier. Selon eux, le traité est le même que celui négocié par Nicolas Sarkozy. "Qu'est-ce qui a changé ? Rien ! Pas une ligne, pas un mot, pas une virgule, pas un guillemet, pas une référence, rien !", a déploré M. Mélenchon dimanche, lui qui avait moqué vendredi "le pseudo et ridicule pactounet de croissance" que François Hollande dit avoir obtenu.
Calendrier serré
Le calendrier est serré et ne laisse que peu de temps pour mobiliser. "C'est vrai que c'est pas très bien parti, reconnaît Pierre-François Grond, ancien du NPA et nouveau au Front de gauche avec la Gauche anticapitaliste. Mais on a encore plus d'un mois." Un temps que les partis entendent utiliser pour multiplier réunions d'informations, débats, meetings sur le sujet.
"Il s'agit d'aider les Français à décrypter ce contient le traité", indique Pierre Laurent, qui devrait être amené à se prononcer sur le texte. Le numéro un communiste a en effet confirmé ce week-end qu'il deviendrait sénateur en septembre, après que Nicole Borvo Cohen-Seat aura démissionné. La Fête de L'Humanité, qui se tiendra du 14 au 16 septembre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), sera un moment clé du dispositif. "L'idée selon laquelle vous allez pouvoir continuer à enfumer tout le monde, ce temps là est terminé parce que nous sommes là", a expliqué M. Mélenchon dimanche.
Le Front de gauche entend rassembler toutes les forces opposées au texte, qu'elles soient associatives, syndicales ou politiques. "Il faut amplifier la mobilisation en bas, indique Ian Brossat, élu communiste parisien. Les militants PS, les parlementaires PS ou écologistes, il faut les mettre sous pression pour les empêcher d'aller contre la vox populi." Dimanche, M. Mélenchon a ainsi rappelé à l'ordre la gauche du PS : "Il ne suffit pas de dire qu'on est la gauche du parti, il faut le prouver par des actes."
Rassembler les opposants au "non"
Il a aussi appelé la députée européenne EELV, Eva Joly, favorable au référendum, à "marcher en tête de la manifestation" et le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé, opposé au traité, "à venir les aider". Si leur position n'est pas encore arrêtée, les parlementaires écologistes penchent en effet pour le non. Mais leur position reste fragile, d'autant que le gouvernement multiplie les rappels à l'ordre. Dernier en date, le premier ministre Jean-Marc Ayrault qui a indiqué, dimanche dans le JDD, que "le président et le gouvernement ont besoin de l'appui clair de la majorité". "Les écologistes peuvent difficilement faire marche arrière, veut croire Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche. Ils ne pourraient plus rien faire par la suite. Ce qui se joue, c'est de montrer qu'ils sont une force autonome des socialistes."
Un sondage à paru lundi dans L'Humanité indique que 72% des Français seraient favorables à un référendum. Le gouvernement "joue la montre", a estimé M. Mélenchon avant d'ajouter : "Quand ils auront voté le traité, nous ne pourrons plus faire aucune autre politique que celle qui sera compatible avec le traité." A commencer, selon lui, par le budget 2013 qui sera voté en fin d'année et qui devrait prendre en compte les dispositions du TSCG, que les parlementaires Front de gauche pourraient ne pas voter. "Par principe, on n'a pas annoncé qu'on le voterait et on va être très exigeant", souligne Cécile Cukierman, sénatrice communiste de la Loire.
C'est donc un pari que lance et se lance le Front de gauche, qui réfléchit aussi à son avenir, en pensant au succès de la mobilisation contre le traité constitutionnel européen de 2005. Sans élections avant 2014, le rassemblement doit réussir à prouver qu'il n'est pas qu'un cartel électoral. "Le TSCG est une pierre dans l'édifice, explique M. Grond. Il s'agit de faire savoir qu'on est une force politique qui réclame un référendum. Quand les mesures impopulaires vont suivre, le fait d'être marqué idéologiquement sur cette question est très important." "Dans les deux prochaines années, notre objectif doit être la conquête sociale, ajoute Pierre Laurent. Nous sommes capables de faire bouger les lignes. Jusqu'où, je ne sais pas."
Crise grecque : Angela Merkel demande de la patience à ses partenaires
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
"Ces deux dernières années et demie, la confiance a été fortement entamée", a-t-elle commenté. "Nous attendons le rapport de la troïka" (UE, BCE, FMI), a-t-elle ajouté. "Comme d'autres, j'ai dit au premier ministre grec qu'il y a encore beaucoup à faire".
Alors qu'au sein de sa coalition entre conservateurs et libéraux certains parlent ouvertement d'une sortie de la Grèce de la zone euro ou se montrent sceptiques sur une possible issue à la crise, Mme Merkel a estimé que l'Europe se trouvait "dans une phase décisive" et que "chacun" devait "faire attention à ses paroles".
Dans une interview au journal dominical Bild am Sonntag, le secrétaire général de la CSU, sœur bavaroise de l'Union chrétienne-démocrate de Mme Merkel, Alexander Dobrindt, estime que "les Grecs vont tôt ou tard reconnaître qu'ils retomberont plus facilement sur leurs pieds en dehors de l'euro"."Je vois la Grèce en dehors de l'euro en 2013", ajoute-t-il.
Elle a également apporté son soutien au président de la Bundesbank, Jens Weidmann, qui a déclaré dimanche que l'arme du rachat d'obligations par la Banque centrale européenne comportait des risques d'addictions et a redit qu'il s'y opposait. Contrairement à lui, toutefois, elle a dit son optimisme sur le respect par la BCE de son mandat, celui de veiller à la stabilité des prix. "Je pense qu'il est bon que Jens Weidmann prévienne les responsables politiques encore et encore", a-t-elle dit. "Je soutiens Jens Weidmann et je pense que c'est une bonne chose qu'il ait, en tant que président de la Bundesbank, une influence à la BCE."
LA RÉFORME DES INSTITUTIONS EUROPÉENNES
Au sujet des institutions de l'UE, sans confirmer des informations de presse faisant état de son désir d'un sommet européen pour préparer un nouveau traité, Mme Merkel a déclaré : "je ne demande pas de sommet, je demande juste depuis un certain temps que nous ne restions pas à l'arrêt" dans le processus de construction de l'Union européenne. "Il s'agit de savoir maintenant quelles vont être les prochaines étapes", a-t-elle dit. "Nous avons encore besoin de plus d'obligations communes", "de plus de cohérence" afin de notamment diminuer les différences de compétitivité au sein de l'UE, a-t-elle jugé. "Cela va être notre mission des prochains mois".
Alors que la Cour constitutionnelle allemande, qui étudie la constitutionnalité du Fonds de secours européen (MES) et du pacte budgétaire, doit rendre sa décision le 12 septembre, Mme Merkel a martelé que ces outils constituaient à ses yeux "une avancée absolument nécessaire".
Le FMI félicite l’Islande pour son bras d’honneur aux banquiers
lun, 27/08/2012 - 00:30
Toute honte bue, l’économiste en charge de l’Islande au FMI admet que les insulaires ont fait le bon choix en refusant d’appliquer les cures d’austérité habituellement prescrites par les équipes de Christine Lagarde…
Décodé, le style télégraphique du titre de l’article du 13 août de businessweek.com est éloquent : « Le FMI déclare que le plan de sauvetage à la manière Islandaise fournit des leçons pour les temps de crise ».
L’article fait référence à l’interview récemment accordée à Bloomberg par la charmante Daria Zakharova, chef de la mission économique en charge de l’Islande au sein du FMI, qui tire les enseignements du « surprenant et puissant rétablissement » de sa « protégée ».
Maniant une langue de bois bien compréhensible compte tenu du contexte déjà évoqué par Bakchich à 2 reprises, Zakharova a bien sûr omis de rappeler à son interlocuteur, le sort un brin expéditif réservé par les autorités locales, aux banksters locaux à l’origine du naufrage du pays.
Au lieu d’évoquer explicitement le refus islandais de protéger les créanciers de ses banques, sujet forcément touchy pour un fonctionnaire international, elle s’est bornée à souligner « que l’Islande a fait des progrès considérables depuis la crise. Nous avons des perspectives très positives en matière de croissance, particulièrement pour cette année et l’année prochaine puisqu’elle nous paraît reposer sur une base large et solide ».
C’est vrai qu’avec un taux de croissance de 2,4% attendu cette année, le pays va faire des jaloux au sein de la zone Euro où l’on espère, en serrant les fesses, que la décroissance n’excédera pas 0,3% pour la même période. De notre côté on compte beaucoup sur la prime de rentrée scolaire et ses effets forcément multiplicateurs sur la croissance tricolore…
L'Europe attendra
D’ailleurs, aux dernières nouvelles, 39 des 63 députés locaux souhaitent suspendre jusqu’aux élections de l’année prochaine, les discussions engagées en 2010 dans le but de rejoindre l’Union Européenne. On les comprend.
La principale raison du miracle économique islandais, qui distingue le pays de tous ceux qui appliquent au pied de la lettre, les remèdes de cheval à base de cure d’austérité habituellement prescrits par Docteur Lagarde et son équipe d’apprentis sorciers, a ensuite été abordée de biais : « Le fait que l’Islande soit parvenue à préserver le bien être social des ménages face à une consolidation fiscale de grande ampleur est l’une des plus grandes réussites du programme et du gouvernement islandais » a-t-elle concédé sans honte apparente.
Puis, tentant indirectement de justifier la pléthorique bureaucratie du FMI, elle a ajouté que le programme « a été puissamment mis en œuvre, reflétant une parfaite maîtrise de la part des autorités… ». Tu parles…

L’économiste distinguée s’est aussi bien gardée de rappeler qu’en 2008 au plus dure de la crise, la Couronne Islandaise s’était dépréciée de 80% par rapport à l’Euro, un désastre apparent qui n’avait pas impressionné plus que cela les descendants de viking habitués au gros temps. Ils en avaient profité pour combler leur déficit commercial et dégager un excédent avant même que l’année se termine. D’ailleurs cette année, la monnaie locale a encore gagné 15% par rapport à l’Euro depuis le mois de mars.
Daria n’a pas cru bon non plus d’entrer dans des détails aussi triviaux que le taux de chômage ; multiplié par 9 entre 2007 et 2010, il est revenu à 4,8% en juin, à la satisfaction des travailleurs immigrés qui sont de nouveau les bienvenus dans le secteur de la pêche.
S’abandonnant néanmoins à l’enthousiasme ambiant elle a souligné de bonne grâce « que la croissance islandaise est tirée par la consommation privée ; l’investissement repart fortement et bien que, lorsque vous examinez le solde de la balance commerciale, elles aient un impact négatif sur la croissance, les importations ont été fortes, conséquence d’une consommation soutenue et d’une progression du revenu des ménages dont le moral est au beau fixe. Les exportations ont également beaucoup progressé. L’année passée a été un record pour le tourisme. Tout cela constituent des nouvelles très positives… ».
Le FMI sur 1000 volcans
Bref, tout baigne dans l’île aux 1 000 volcans. La seule inconnue un peu inquiétante tout de même réside dans la levée du contrôle des capitaux prévu au plus tard pour fin 2015 que l’économiste du FMI a évoquée forcément avec la gravité qui sied à sa fonction : « la levée du contrôle des capitaux est un défi majeur pour l’Islande et ce n’est pas une tâche facile. Le gouvernement a de nouveau accès aux marchés internationaux de capitaux ; le nettoyage des bilans des banques a été réalisé à une bonne vitesse ( !). Il est donc important que les gains obtenus soient consolidés… ».
On peut faire confiance aux Islandais qui témoignent d’une pugnacité et d’un réalisme à toute épreuve, dont nos gouvernants, déjà taxés « d’immobilisme estival » par l’opposition qui n’a pas encore digéré sa défaite, seraient bien venus de s’inspirer…
Quant aux nouveaux associés de la SCOP ex-SEAFRANCE, à la reconquête de parts de marché hexagonal, on ne saurait trop leur suggérer l’ouverture d’une ligne régulière Boulogne-Reykjavik.
Avec les douceurs économiques que l’on nous prépare de ce côté ci de la Manche et de la Mer du Nord, nul doute que les deux vaisseaux de la compagnie afficheraient rapidement complet…
Evacuation d'un campement de Roms à Evry
Le Monde.fr avec AFP
Un camp de Roms à Evry le 23 août 2012. | AFP/KENZO TRIBOUILLARD
Une opération de police était en cours lundi matin à Evry sur un terrain occupé par un campement de Roms, cible d'un arrêté d'expulsion pris par le maire PS, Francis Chouat. Les forces de l'ordre bloquaient l'accès aux lieux, le long des voies du RER, où selon l'Association de solidarité de l'Essonne avec les familles roumaines roms (ASEFRR) 72 personnes vivent dans des cabanes de fortune depuis quatre mois.
"Je suis arrivé après 5 heures, la police bloquait déjà. La Croix-Rouge est à l'intérieur mais elle n'a pour solution que des hôtels d'urgence", a dénoncé sur place Serge Guichard, de l'ASEFRR. L'arrêté d'expulsion pris Francis Chouat avait été notifié aux Roms samedi. "Outre l'insalubrité, la dangerosité de ce site, qui se trouve quasiment en surplomb des voies de la ligne D du RER, m'a amené à prendre cet arrêté en accord avec la préfecture", a affirmé l'élu. La ville d'Evry est d'autant plus symbolique qu'elle était dirigée jusqu'en juin par le ministre de l'intérieur, Manuel Valls.EXPULSIONS À LYON
Dans la soirée de dimanche, plusieurs familles de Roms avaient déjà été évacuées d'un immeuble qu'elles squattaient dans le 7e arrondissement de Lyon. "Neuf familles s'étaient installées rue Saint-Jérôme dans la journée [de dimanche]. La police leur a dit que c'était dangereux car l'immeuble était insalubre. Ils ont compris et sont sortis d'eux-mêmes", a dit la préfecture du Rhône dimanche soir tard, parlant d'une "quarantaine" de personnes concernées.
Un peu plus tôt, une militante associative avait fait état d'une "soixantaine" de Roms expulsés du 23 rue Saint-Jérôme. "Il y avait beaucoup d'enfants, dont des tout petits de 2 mois à peine, avait affirmé Gilberte Renard, membre du Collectif lyonnais pour l'accès à la scolarisation et le soutien aux expulsés des squats (Classes), qui se trouvait sur place. Ce sont des familles qui avaient été expulsées le 14 août de la rue Montesquieu, ont erré dans les rues et avaient fini par trouver ce lieu."
Le 14 août, la police était intervenue vers 7 heures du matin pour déloger 46 personnes dont 25 enfants d'un immeuble, rue Montesquieu, selon des chiffres qui avaient alors été fournis par la préfecture. Le gouvernement a annoncé mercredi l'assouplissement des conditions d'embauche des Roumains et Bulgares, principales nationalités des Roms, dont plusieurs campements ont été démantelés cet été.
Syrie: nouveaux corps découverts à Daraya, un hélicoptère abattu à Damas

Quatorze nouveaux corps ont été retrouvés à Daraya, dans la banlieue de Damas, où une vaste opération de l'armée a fait des centaines de morts ces derniers jours, a rapporté lundi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les 14 nouveaux corps ont été découverts dimanche à Daraya, a précisé cette organisation qui avait annoncé la veille la découverte d'au moins 320 cadavres dans cette localité majoritairement sunnite située à 7 km au sud de Damas.L'opposition et des militants ont dénoncé un nouveau "massacre odieux du régime" en diffusant sur internet des images, non authentifiées, montrant des dizaines de corps gisant dans une mosquée ou dans une tranchée transformée en fosse commune.
Maintes fois accusé d'avoir commis des massacres depuis le début du conflit, le régime du président Bachar al-Assad a pour sa part affirmé, via l'agence officielle Sana, que son armée avait "nettoyé" Daraya de "terroristes mercenaires" qui avaient commis des "crimes contre les habitants".
Les découvertes de cadavres de personnes souvent victimes d'une exécution sommaire se multiplient en Syrie depuis quelques semaines, en particulier à Alep et dans la région de Damas.
Depuis le début en mars 2011 de la révolte anti-Assad qui s'est transformée en guerre civile face à la répression, les violences ont fait 25.000 morts, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins mais dont les bilans ne peuvent être vérifiés de source indépendante compte tenu des restrictions imposées à la presse dans le pays.
Dimanche, les opérations de répression et les combats entre soldats et rebelles ont fait 149 morts -- 105 civils, 26 rebelles, 18 soldats-- à travers le pays, selon l'OSDH.
Par ailleurs, un hélicoptère s'est écrasé lundi près d'une mosquée dans le quartier de Qaboun, dans l'est de Damas, a annoncé la télévision officielle syrienne alors que des explosions et des tirs ont résonné dès l'aube dans la capitale.
La télévision n'a pas donné plus de précision mais l'OSDH a annoncé que l'hélicoptère avait vraisemblablement été "touché alors qu'il participait aux combats dans la zone".
Une brigade des rebelles syriens a ensuite affirmé l'avoir abattu, ajoutant que le pilote avait été tué.
"C'est une vengeance au massacre de Daraya", a indiqué via Skype à l'AFP Omar al-Qabouni, porte-parole de la Brigade rebelle de Badr..
Les chances d’une intervention occidentale augmentent
En évoquant son arsenal chimique et en exportant sa guerre vers les pays frontaliers, le régime de Bachar El-Assad est en train de pousser les pays occidentaux à intervenir en Syrie, estime le quotidien à capitaux saoudiens Al-Hayat.

Dessin de Mix&Remix, Lausanne
Depuis un mois environ, les signaux se multiplient quant à la possibilité d'une intervention étrangère dans la crise syrienne. Certains diront sans doute : "Est-ce par amour pour la Syrie ?" La réponse est non, bien évidemment, et le problème n'a rien à voir avec l'amour ou la haine. Mais parce que l'affaire n'est plus exclusivement syrienne, les chances d'une intervention augmentent. Car, si la question libyenne se limitait à la Libye et la tunisienne à la seule Tunisie, dans le cas de la Syrie c'est le Moyen-Orient qui est remis en cause, là où se forme ou explose le monde post-Ottomans [les pays nés de la fin de l'Empire ottoman en 1920].
Le régime syrien, passé maître dans le maniement des "cartes" régionales, a abusé de ce jeu qui se retourne contre lui.
La première nouveauté – et la plus importante – concerne les armes chimiques. Le régime a cru malin de révéler qu'il en possédait sans réaliser qu'il déplaçait ainsi le débat à un niveau alarmant. La deuxième question récemment soulevée est celle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avec ses activités et son influence. Là encore, le régime a voulu exploiter habilement cette "carte", mais voilà qu'Ankara accuse Damas d'être derrière les attentats contre ses forces à Gazantiep [le 21 août : 9 morts et 70 blessés]. La troisième nouveauté concerne l'afflux des réfugiés vers la Turquie, dont le nombre approche les 100 000, devenant autant un problème syrien que turc.
Autrement dit, la probabilité d'une intervention augmente à mesure que la crise syrienne déborde de ses frontières. Les mises en garde de la France contre l'embrasement du Liban vont dans ce sens.
On peut relever diverses indications ces derniers jours, dont la déclaration du ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, évoquant une zone d'exclusion aérienne, la création par les Etats-Unis et la Turquie d'un "mécanisme de coordination complet sur la Syrie", l'appel de l'Italie à une réunion de ses alliés pour examiner "l'après-Assad" ou encore le retour du porte-avions USS John C. Stennis dans le Golfe.
Il ne faut pas oublier cependant les sérieux obstacles d'une intervention militaire, à commencer par les réactions russe et iranienne, en passant par les peurs occidentales d'Al-Qaida, le calendrier des élections américaines [le 6 novembre], la situation des économies occidentales ou les expériences traumatisantes en Irak ou en Afghanistan et enfin la situation de l'opposition syrienne et la capacité de l'Armée syrienne libre (ASL) à accueillir une intervention étrangère.
Mais le plus important est que le régime syrien, en manipulant ce qu'il considère comme ses "cartes", est en train de précipiter une confrontation inévitable. En ajoutant la violence sauvage de la répression et le nombre des morts qui approche les 25 000, sans parler des blessés, des défigurés, des détenus et des 3 millions de réfugiés ou déplacés, l'issue devient de plus en plus difficile.
Les dirigeants de Damas ont tenu à pousser leur jeu politique et diplomatique à l'extrême, en entraînant la Russie et l'Iran, tandis que militairement ils usent démesurément de leurs forces terrestres et aériennes. Quel plus grand symbole de débordement politique et militaire que le bombardement par un avion syrien de son peuple réfugié sur le territoire irakien ! Le monde ne pourra le supporter.
Le régime syrien, passé maître dans le maniement des "cartes" régionales, a abusé de ce jeu qui se retourne contre lui.
La première nouveauté – et la plus importante – concerne les armes chimiques. Le régime a cru malin de révéler qu'il en possédait sans réaliser qu'il déplaçait ainsi le débat à un niveau alarmant. La deuxième question récemment soulevée est celle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avec ses activités et son influence. Là encore, le régime a voulu exploiter habilement cette "carte", mais voilà qu'Ankara accuse Damas d'être derrière les attentats contre ses forces à Gazantiep [le 21 août : 9 morts et 70 blessés]. La troisième nouveauté concerne l'afflux des réfugiés vers la Turquie, dont le nombre approche les 100 000, devenant autant un problème syrien que turc.
Autrement dit, la probabilité d'une intervention augmente à mesure que la crise syrienne déborde de ses frontières. Les mises en garde de la France contre l'embrasement du Liban vont dans ce sens.
On peut relever diverses indications ces derniers jours, dont la déclaration du ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, évoquant une zone d'exclusion aérienne, la création par les Etats-Unis et la Turquie d'un "mécanisme de coordination complet sur la Syrie", l'appel de l'Italie à une réunion de ses alliés pour examiner "l'après-Assad" ou encore le retour du porte-avions USS John C. Stennis dans le Golfe.
Il ne faut pas oublier cependant les sérieux obstacles d'une intervention militaire, à commencer par les réactions russe et iranienne, en passant par les peurs occidentales d'Al-Qaida, le calendrier des élections américaines [le 6 novembre], la situation des économies occidentales ou les expériences traumatisantes en Irak ou en Afghanistan et enfin la situation de l'opposition syrienne et la capacité de l'Armée syrienne libre (ASL) à accueillir une intervention étrangère.
Mais le plus important est que le régime syrien, en manipulant ce qu'il considère comme ses "cartes", est en train de précipiter une confrontation inévitable. En ajoutant la violence sauvage de la répression et le nombre des morts qui approche les 25 000, sans parler des blessés, des défigurés, des détenus et des 3 millions de réfugiés ou déplacés, l'issue devient de plus en plus difficile.
Les dirigeants de Damas ont tenu à pousser leur jeu politique et diplomatique à l'extrême, en entraînant la Russie et l'Iran, tandis que militairement ils usent démesurément de leurs forces terrestres et aériennes. Quel plus grand symbole de débordement politique et militaire que le bombardement par un avion syrien de son peuple réfugié sur le territoire irakien ! Le monde ne pourra le supporter.
INSURRECTION
Yuzuko Horigome s’est faite saisir son violon !

Yuzuko Horigome en a fait l’acquisition en 1986, et à ce jour le violon est estimé à un million d’euros.
Il y a de cela une dizaine de jours, Yuzuko Horigome rentre d’un concert au Japon, et elle transite au retour par l’aéroport de Frankfort, qu’elle fréquente régulièrement.
Avec sa valise et son violon, elle passe la douane au titre du « rien à déclarer » quand elle se fait bloquer par les douaniers, qui lui demandent « Et le violon ? ».
Yuzuko Horigome explique que c’est son violon depuis 25 ans, qu’elle vit en Belgique, et passe son temps à jouer de ce violon. Rien, du tout, le violon a été acheté hors zone européenne, et il faut payer la TVA. 19 % sur un million, ça fait 190 000 euros. Et les douaniers dressent un procès verbal confisquant le violon dans l’attente du paiement.
Yuzuko Horigome bondit chez elle pour justifier de son achat, mais ça ne suffit pas aux douaniers qui veulent la justification d’une déclaration aux douanes. Entre temps, ils ont ajouté une amende du même montant que les droits, et la somme à payer est désormais de 380 000 euros. Et en attendant, le violon reste au coffre !
Au Japon et en Belgique, l’affaire a pris de l’ampleur et un porte-parole du gouvernement allemand a indiqué que le violon pourrait être rendu, si était apportée la preuve qu'il lui est nécessaire pour son travail…
Alors, le violon d’un concertiste est-il nécessaire pour son travail ? On peut espérer que les douanes allemandes vont l’accepter, mais pour la taxe, ca sera autre chose…

ECONOMIE
Montebourg se place en défenseur du nucléaire et de l’automobile
Par Barbara Leblanc - Publié le
A l’occasion de l’université d’été du parti socialiste au cours du week-end dernier, le ministre du Redressement productif a assuré que le nucléaire était une filière d’avenir.
"Avec une augmentation continue de la consommation des ménages et industrielle, même en maintenant notre parc de centrales actuel, nous devons savoir si nous allons continuer à investir, a-t-il indiqué. Pour ma part, je considère que le nucléaire est une filière d'avenir". Selon lui la filière a besoin d’un rééquilibrage et non d’un abandon.
A travers ces quelques mots, le ministre a provoqué l’ire des élus écologistes, rappelant les propos de François Hollande pendant la campagne électorale, selon lesquels il fallait réduire cette énergie dans le pays. Il avait alors promis d'engager "la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% à l'horizon 2025". Le parti socialiste avait surtout conclu un accord avec les écologistes sur ce point, alors qu’eux plaident pour une sortie du nucléaire.
Selon Denis Baupin, vice-président (EELV) de l'Assemblée nationale, cette déclaration est une profession de foi en total décalage avec la réalité. "Partout les Etats considèrent aujourd'hui que les risques et les coûts liés à cette énergie dépassent largement ses avantages supposés, a-t-il assuré. La filière nucléaire doit préparer son avenir: le démantèlement".
Choix stratégique
Le ministre a alors affirmé que "la réduction se conjugue dans une équation à deux chiffres: la quantité de ce que l'on consomme chaque année, qui augmente, et l'offre. Nous avons besoin d'énergie et pas trop chère. La France a un atout extraordinaire entre ses mains (avec ses centrales nucléaires, ndlr) qui lui a permis de bâtir son industrie". Il a insisté sur le fait que "ce choix d'avoir une énergie pas chère, abordable et en quantité est stratégique".
Via ces propos Arnaud Montebourg rejoint la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Delphine Batho. Elle avait également assuré le 25 juillet dernier qu'il n'avait "jamais été question ni de sortir ni d'abandonner le nucléaire. Tous les emplois de la filière seraient maintenus". Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, assure lui aussi le 27 août sur Europe 1 que "l'énergie nucléaire est incontestablement et évidemment une filière d'avenir".
De son côté, le porte-parole du parti socialiste David Assouline estime sur LCI le 27 août que les propos d'Arnaud Montebourg repose sur un sentiment personnel sans conséquence concrète. "C'est vraiment un point de vue, un sentiment personnel. En plus, la deuxième partie de la phrase se rapproche un peu plus de ce qui est la position du Parti socialiste, selon le sénateur de Paris. C'est une phrase générale et donc elle ne prête à aucune conséquence concrète sur le chemin pour aller à fond vers les énergies renouvelables et baisser la part du nucléaire".
Ces déclarations interviennent quelques jours avant la tenue de la conférence environnementale prévue les 12 et 13 septembre.
PSA et la Corée
Le ministre a aussi évoqué via un entretien sur BFM TV les problèmes du secteur automobile en France. Et notamment le cas de PSA. Il a alors appelé les syndicats du groupe à la responsabilité économique pour ne pas affaiblir le constructeur. Le ministre entend trouver des solutions pour construire l’avenir de PSA. "Il est important de défendre les salariés qui risquent de perdre leur travail et de reformater, renégocier et diminuer le plan social, a-t-il dit. Mais affaiblir Peugeot, ne pas l'aider si elle en a besoin, c'est risquer la descente aux enfers pour ceux qui restent".
Le plan de restructuration du groupe comprend notamment la suppression de 8 000 emplois en France et la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois. Il est pour l’heure suspendu en attendant les conclusions de l'expertise.
Le ministre est revenu lors de l’université d’été sur l’accord commercial entre Bruxelles et Séoul, qu’il avait contesté durant l’été. Il a une nouvelle fois attaqué la Corée du Sud, estimant par exemple que "Hyundai et Kia de concurrencer nos constructeurs en pratiquant un dumping inacceptable". Une manière pour lui de tirer la sonnette d’alarme européenne face à l’envolée des ventes des marques coréennes en Europe, au détriment des marques locales.
Prix du carburant : les groupes pétroliers prêts à soutenir l’Etat
Par Barbara Leblanc - Publié le

Dès samedi 25 août et sans attendre la concertation avec les industriels en ce début de semaine, Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances, a annoncé que les prix des carburants allaient baisser dès cette semaine.
Face à cette déclaration faite lors de l’université d’été du PS à La Rochelle, le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), Jean-Louis Schilansky s'est dit dimanche "prêt à accompagner l'effort du gouvernement" qui souhaite baisser les prix des carburants "de façon à ce que cette baisse ou atténuation soit sensible pour l'automobiliste".
Questionné sur RTL, le patron de l’Ufip a estimé toutefois que la flexibilité au niveau de la distribution est très, très faible après avoir payé 8 ou 9 centimes de frais pour distribuer les produits pétroliers il reste aux distributeurs de l'ordre de 1 centime d'euro du litre".
Selon lui, « il n’y a pas de miracle. Le prix du pétrole, c'est le prix du pétrole en France, en Angleterre, en Allemagne, c'est le même partout".
Selon lui, « il n’y a pas de miracle. Le prix du pétrole, c'est le prix du pétrole en France, en Angleterre, en Allemagne, c'est le même partout".
Ces déclarations interviennent quelques jours après la présentation par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault des grandes lignes de son plan contre la flambée des prix de l’essence. Il avait alors souligné que la baisse de la taxe sur les carburants serait modeste et provisoire. Il avait aussi appelé les groupes pétroliers et les autres parties prenantes à fournir leur propre part d’effort.
Selon les sources proches du gouvernement, la baisse devrait porter sur la TICPE (ex-TIPP, qui représente environ 61 centimes par litre d'essence et 43 centimes pour le gazole). Elle devrait être limitée à quelques centimes d’euros. L’objectif étant aussi de ne pas plomber les finances publiques.
Un rapport de la DGCCRF
Sur le même sujet, le week-end a été marqué par la publication par la Tribune d’un rapport de la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), confirmant le chiffre avancé par les distributeurs d'une marge nette réduite "très comprimée par une forte concurrence" à 1 centime par litre. "La marge brute de transport/distribution est en augmentation non pas du fait de l'augmentation de la marge nette distributeur (<1ct/l) mais de l'augmentation des charges d'exploitation et des obligations réglementaires", affirme également la DGCCRF dans ce document du 10 avril.
Depuis quelques semaines, les prix à la pompe du gazole et de l'essence sont revenus à des niveaux proches de leurs records atteints en mars-avril et la situation ne devrait pas s'améliorer puisque les cours du pétrole brut se sont maintenus à des niveaux très élevés ces derniers jours.
Unilever se prépare à un "retour de la pauvreté" en Europe
Le Monde.fr avec AFP
Le responsable pour l'Europe du géant anglo-néerlandais de l'agroalimentaire et des cosmétiques Unilever a affirmé lundi 27 août voir "la pauvreté revenir" sur le continent, et veut adapter en conséquence sa stratégie.
Dans un entretien au quotidien allemand Financial Times Deutschland, Jan Zijderveld explique en effet vouloir s'inspirer désormais en Europe des méthodes utilisées par Unilever dans les pays asiatiques en développement, en vendant des produits meilleur marché car en plus petit conditionnement.
"Si un Espagnol ne dépense plus en moyenne que 17 euros quand il fait les courses, je ne vais pas lui proposer un paquet de lessive qui coûte la moitié de son budget" explique-t-il. "En Indonésie nous vendons des échantillons individuels de shampoing pour 2 à 3 centimes pièce et pourtant nous gagnons de l'argent", dit le responsable en Europe d'un groupe chapeautant des marques telles que Dove, Magnum, Knorr ou Cajoline.
Le Financial Times Deutschland rapporte qu'Unilever a par exemple commencé à vendre en Espagne de petits paquets de lessive ne permettant de faire que cinq machines. "Les marchés en Europe sont un peu les Jeux olympiques de la distribution : le plus difficile ! Celui qui s'en sort ici y arrivera partout", a déclaré M. Zijderveld.
SOCIAL
Plans sociaux : la rentrée de tous les dangers
Par
Isabelle Chaperon 
Manfestation des employés de Fralib, en novembre 2011. Crédits photo : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP


Manfestation des employés de Fralib, en novembre 2011. Crédits photo : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP
Conjoncture dégradée, gouvernement courroucé, syndicats remontés. Les négociations sur les programmes de suppressions de postes s'annoncent délicates pour les entreprises. Et la préparation des plans à venir plus encore.

Et maintenant, Carrefour. Le distributeur présentera mercredi le premier d'une série de plans de départs volontaires. Pas plus de 600, pour débuter. À peine suspendu durant la trêve estivale, le bal des restructurations reprend, avec toujours plus de participants. Certains n'ont jamais quitté la piste, comme PSA ou Air France, qui ont engagé en juillet une négociation sur des baisses d'effectifs massives. D'autres se pressent en coulisses, de SFR à Sanofi.
Août a certes été épargné par sa crise financière rituelle, mais les carnets de commandes des entreprises continuent à fondre. L'automobile, le bâtiment et l'agroalimentaire sont mal en point. «Dans certaines entreprises, les DRH aimeraient prendre plus de temps pour sensibiliser leurs troupes avant d'annoncer un plan social, mais les directions générales sont pressées», témoigne Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail.
PSA n'a ainsi pas craint d'essuyer les plâtres face au nouveau gouvernement au lendemain de la présidentielle. La réponse de François Hollande a été claire: «L'État ne laissera pas faire», a-t-il martelé le 14 juillet, en contre-pied du célèbre «l'État ne peut pas tout» énoncé par Lionel Jospin en 1999 lors des rationalisations chez Michelin.
Cette posture va-t-en-guerre du chef de l'État avait certes été celle de Nicolas Sarkozy à Gandrange. Mais le volontarisme version 2012 s'est accompagné d'une violente stigmatisation de PSA et de son PDG. Quand Air France, dont l'État détient 15 %, ne suscitait aucune réaction avec son plan de 5122 départs, le constructeur a été accusé de «dissimulation» par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et de «mensonges» par le président.
Un climat délétère peu propice au dialogue s'est alors installé. Avec de tels soutiens, les syndicats locaux se sentent en position de force. À Aulnay (PSA), Florange (Arcelor-Mittal) ou sur les sites mis en vente par le géant minier Rio Tinto, des experts craignent l'explosion. Dans ce contexte, les directions préfèrent, si possible, fractionner leurs plans de départs, comme chez Carrefour ou dans certaines banques, pour éviter d'afficher des réductions trop massives. Une façon d'atténuer les réactions politiques, syndicales et médiatiques.
«La France désavantagée»
Les déclarations de la nouvelle équipe au pouvoir ont semé une telle inquiétude chez les dirigeants que certains n'ont pas craint d'y répondre. Alors qu'Arnaud Montebourg planche sur un dispositif juridique interdisant aux groupes de fermer des usines viables, Paul Polman, le PDG d'Unilever, confronté à un bras de fer autour de son ancienne usine Fralib, est sorti de la réserve à laquelle s'astreignent, en public, les grands patrons. «Pour qu'une société reste vivante et crée de l'emploi, elle doit pouvoir fermer des usines non compétitives», a-t-il prévenu dans une interview au Figaro . «Les entreprises étrangères pourraient désavantager la France dans leurs investissements futurs», craint Raymond Soubie, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy.
«Ce qui a fait le plus mal aux chefs d'entreprise, c'est qu'ils n'ont pas trouvé auprès du ministre des Finances l'écoute qu'ils recevaient d'habitude dans les gouvernements de gauche auprès d'un Delors ou d'un Strauss-Kahn», analyse un DRH du CAC 40. Selon lui, Michel Sapin, ministre du Travail et ancien locataire de Bercy, a tenté de jouer l'apaisement en multipliant les contacts cet été avec les dirigeants d'entreprises.
La reprise des négociations pour créer des contrats de sauvegarde, permettant de sauver des emplois en contrepartie de chômage partiel et de baisses de salaires, est vue comme la seule voie efficace. D'autant que le plus dur est à venir: «Dans six mois, on ne parlera plus de plans de départs volontaires, mais de plans sociaux secs, quand la crise touchera des entreprises qui n'auront pas les moyens de payer deux ans d'indemnités à leurs salariés», prédit Jean-François Colin, consultant en ressources humaines.

• Air France: les hôtesses de l'air font de la résistance
Très lourd, le plan présenté fin juin a suscité peu de protestations gouvernementales. L'État actionnaire (15 %) a seulement exigé l'absence de départs contraints : 1712 des postes supprimés le seront suite à des départs naturels non remplacés. Le plan de départs volontaires, réservé au personnel au sol (3022 suppressions), sera ouvert en novembre. Pour les pilotes (594 suppressions), des incitations financières, équivalant à cinq ou six mois de salaire, seront proposées à ceux qui accepteront d'aller voler trois ans chez Transavia, la filiale low-cost. Des mises à disposition de pilotes auprès de compagnies chinoises sont aussi à l'étude. La direction d'Air France a réussi à obtenir l'aval d'une majorité de syndicats pour les personnels au sol et les pilotes. En revanche, hôtesses et stewards (1506 suppressions envisagées) font de la résistance. Ils disposent d'un sursis jusqu'en avril, échéance des accords en vigueur.
• PSA Peugeot Citroën: retours de congé d'été sous haute tension
Attendue depuis deux ans, retardée pour cause d'élection, l'annonce de la fermeture de l'usine d'Aulnay (3000 personnes) le 12 juillet a provoqué chez le président de la République et son ministre du Redressement productif une série
de déclarations parfois jugées excessives. Le gouvernement a été surpris par l'ampleur du plan, avec 1400 suppressions de postes à l'usine de Rennes, où les reclassements seront délicats. Très encadré, le dialogue social est suspendu à la remise du rapport commandé par le CCE au cabinet Secafi Alpha, prévue
le 15 octobre. D'ici là, le 11 septembre, l'expert mandaté par Bercy rendra son rapport sur la situation de PSA. Le plus dur sera de «gérer» les syndicats d'Aulnay, très combatifs. Le redémarrage de l'usine cette semaine, après la fermeture du mois d'août, risque ainsi de se faire sous haute tension.
de déclarations parfois jugées excessives. Le gouvernement a été surpris par l'ampleur du plan, avec 1400 suppressions de postes à l'usine de Rennes, où les reclassements seront délicats. Très encadré, le dialogue social est suspendu à la remise du rapport commandé par le CCE au cabinet Secafi Alpha, prévue
le 15 octobre. D'ici là, le 11 septembre, l'expert mandaté par Bercy rendra son rapport sur la situation de PSA. Le plus dur sera de «gérer» les syndicats d'Aulnay, très combatifs. Le redémarrage de l'usine cette semaine, après la fermeture du mois d'août, risque ainsi de se faire sous haute tension.
• Technicolor: l'usine d'Angers lutte pour sa survie
Le 6 septembre, le tribunal de commerce de Nanterre examinera les projets de reprise du site Technicolor d'Angers (décodeurs numériques), en redressement judiciaire depuis le 1er juin. Technicolor s'estime victime de la suppression des droits de douane de 14 % par la Communauté européenne et assure que son dernier site de fabrication en Europe lui a coûté 100 millions d'euros depuis 2005 et perd 800.000 euros par mois. Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Économie numérique, s'est emparée du dossier. Plusieurs réunions avec Technicolor ont été organisées afin de tenter de trouver une solution qui permette de préserver les emplois français. Problème: l'usine n'aura plus de commandes à partir de mi-septembre. Le risque d'une liquidation judiciaire, qui se traduirait par la perte d'emplois des 351 salariés actuels, est loin d'être exclu.
• ArcelorMittal: Arnaud Montebourg en tournée européenne
L'avenir de Florange va vite revenir sur le devant de la scène politique et sociale.
Ses hauts-fourneaux (500 des 2700 salariés du site) ne seront pas remis en activité d'ici à fin 2012. Le seront-ils début 2013? La décision sera sans doute prise en novembre, alors que la demande d'acier en Europe reste atone. Après avoir rencontré ses homologues belge et luxembourgeois, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, se rendra en septembre en Espagne et en Allemagne pour obtenir une position commune vis-à-vis d'ArcelorMittal. Le 27 juillet, il a reçu un rapport assurant que le site de Florange est viable pour peu que le groupe sidérurgique investisse 400 à 500 millions d'euros. L'intersyndicale de Florange s'est dite «satisfaite» de cette analyse. Reste au gouvernement à convaincre Lakshmi Mittal. Pour cela, il faut le rencontrer…
Ses hauts-fourneaux (500 des 2700 salariés du site) ne seront pas remis en activité d'ici à fin 2012. Le seront-ils début 2013? La décision sera sans doute prise en novembre, alors que la demande d'acier en Europe reste atone. Après avoir rencontré ses homologues belge et luxembourgeois, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, se rendra en septembre en Espagne et en Allemagne pour obtenir une position commune vis-à-vis d'ArcelorMittal. Le 27 juillet, il a reçu un rapport assurant que le site de Florange est viable pour peu que le groupe sidérurgique investisse 400 à 500 millions d'euros. L'intersyndicale de Florange s'est dite «satisfaite» de cette analyse. Reste au gouvernement à convaincre Lakshmi Mittal. Pour cela, il faut le rencontrer…
• SFR: Free entraîne les opérateurs télécoms dans une spirale infernale
L'arrivée de Free Mobile contraint les opérateurs télécoms à réduire
leurs coûts pour s'adapter à la baisse des prix. Début juillet, Bouygues Telecom a annoncé un plan de départs volontaires portant sur 556 postes. SFR, de son côté, a annoncé une réorganisation avec un plan de départs volontaires, qui doit être présenté en novembre. Chez France Télécom, qui compte 60 % de fonctionnaires en France, il n'y aura pas de plan. Mais le groupe va enregistrer 30.000 départs en retraite d'ici à 2020 et n'a pas indiqué à quelle hauteur ils seront remplacés. Par ailleurs, les opérateurs mettent la pression sur leurs fournisseurs, équipementiers, distributeurs, centres d'appels, consultants… Selon l'économiste Bruno Deffains, plus de 50.000 emplois pourraient être menacés dans la filière dans les années à venir. Arnaud Montebourg, qui a reçu les syndicats et les patrons des opérateurs mi-juillet, s'est saisi du dossier.
leurs coûts pour s'adapter à la baisse des prix. Début juillet, Bouygues Telecom a annoncé un plan de départs volontaires portant sur 556 postes. SFR, de son côté, a annoncé une réorganisation avec un plan de départs volontaires, qui doit être présenté en novembre. Chez France Télécom, qui compte 60 % de fonctionnaires en France, il n'y aura pas de plan. Mais le groupe va enregistrer 30.000 départs en retraite d'ici à 2020 et n'a pas indiqué à quelle hauteur ils seront remplacés. Par ailleurs, les opérateurs mettent la pression sur leurs fournisseurs, équipementiers, distributeurs, centres d'appels, consultants… Selon l'économiste Bruno Deffains, plus de 50.000 emplois pourraient être menacés dans la filière dans les années à venir. Arnaud Montebourg, qui a reçu les syndicats et les patrons des opérateurs mi-juillet, s'est saisi du dossier.
• Fralib: le retour de bâton des promesses de campagne
Le dossier réunit tous les ingrédients d'un cocktail explosif. D'abord Unilever, une multinationale rentable qui a fermé une usine de thé qui ne perdait pas d'argent
à cause de surcapacités en Europe. Inflexible, elle refuse de céder la marque Eléphant, avec la loi de son côté. Ensuite, le président Hollande, qui, pendant la campagne électorale, a soutenu les salariés, évoquant une nouvelle loi qui leur permettrait de racheter Eléphant pour un euro afin de relancer une activité
de thé en coopérative. Pour continuer, des syndicats bouillants, qui occupent depuis des mois l'usine, tout juste rachetée par la communauté urbaine, avec ses machines. Et enfin un entrepreneur qui propose de produire des chips sur le site avec le soutien de distributeurs, mais pas des syndicats. Vendredi, ces derniers seront reçus à l'Élysée. Pour une opération déminage?
à cause de surcapacités en Europe. Inflexible, elle refuse de céder la marque Eléphant, avec la loi de son côté. Ensuite, le président Hollande, qui, pendant la campagne électorale, a soutenu les salariés, évoquant une nouvelle loi qui leur permettrait de racheter Eléphant pour un euro afin de relancer une activité
de thé en coopérative. Pour continuer, des syndicats bouillants, qui occupent depuis des mois l'usine, tout juste rachetée par la communauté urbaine, avec ses machines. Et enfin un entrepreneur qui propose de produire des chips sur le site avec le soutien de distributeurs, mais pas des syndicats. Vendredi, ces derniers seront reçus à l'Élysée. Pour une opération déminage?
• Sanofi: très rentable, le labo est une cible de choix pour Bercy
«Nous avons suffisamment d'entreprises en grave difficulté pour ne pas tolérer que des entreprises qui font des milliards de profits détruisent de l'emploi.» Arnaud Montebourg est vent debout contre le projet de réorganisation des activités de recherche, production de vaccins et des fonctions support de Sanofi. Il argue que le groupe pharmaceutique, engagé dans un plan de réduction de coûts de 2 milliards d'euros, a affiché 5,7 milliards de bénéfice net en 2011. Le 2 juillet, le ministre a demandé au DG de Sanofi de ne pas évoquer ce projet devant les syndicats. Oukase non respecté, même si le nombre de suppressions de postes,
estimé entre 1200 et 2500 par les syndicats, n'a pas été dévoilé. Les salariés du site de Toulouse (640 personnes), visé par cette restructuration comme celui de Montpellier, animent des «jeudi de la colère». La direction, qui s'est engagée à Bercy sur l'absence de licenciements secs, attend septembre pour préciser ses intentions.
DIVERS
Une équipe franco-américaine invente le pèse-molécule
Par Thierry Lucas
Des chercheurs du CEA Leti de Grenoble et du Caltech (Californie) ont mis au point le premier dispositif mécanique qui permet de peser une molécule à la fois. Les applications potentielles concernent la biologie, le diagnostic médical et la détection de la pollution.

Les deux instituts font cause commune depuis 2006 au sein de l’Alliance for Nanosystems VLSI, créée pour accélérer la mise sur le marché de systèmes de mesure basés sur des composants nanométriques, les Nems (Nano electro mechanical structure).
La "piste" pour molécule est en fait une sorte de pont suspendu, fabriqué par des techniques de gravure utilisées dans les semiconducteurs, et dont la fréquence d’oscillation dépend du poids qu’il supporte. Les chercheurs du Caltech avaient déjà réalisé un dispositif de ce type en 2009, mais comme le changement de fréquence de vibration dépend aussi de la position de la molécule sur le "pont" (cf. photo ci-dessus), il fallait effectuer 500 mesures, et un traitement statistique, pour obtenir la masse recherchée.
Dans le nouveau dispositif, les chercheurs ont résolu la difficulté en analysant les différents modes de vibration qui composent en fait le mouvement, et qui renseignent à la fois sur la masse et la position de la molécule. Les prototypes de Nems ont été fabriqués au CEA Leti.
A titre de démonstration, l’équipe a mesuré le poids d’une molécule d’immunoglobuline M, un anticorps produit dans le sang. Ils ont pu ainsi compter et identifier différentes molécules d’immunoglobulines. Ce type de résultats pourrait servir au diagnostic médical.
Le nouvel instrument devrait aussi intéresser les biologistes, pour l’étude détaillée des mécanismes moléculaires dans les cellules. Des applications à la mesure de nanoparticules dans l’air sont envisagées.
L’alliance CEA Leti/Caltech a déjà donné naissance, en décembre 2011, à la création d’une startup commune, Apix, qui développe des systèmes de chromatographie en phase gazeuse miniaturisés, toujours à base de Nems.
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