ENVIE D'INSURRECTION ET SYNDROME DE BLANCHE-NEIGE (AVOIR L'IMPRESSION D'ETRE ENTOURE DE NAINS)
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lundi 4 novembre 2013
04112013 QUOI DE NEUF ?
HUMOUR......ENCORE QUE......
POLITIQUE
De nombreuses interrogations après l'exécution des deux journalistes au Mali
Le Monde.fr avec AFP
Les corps de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux envoyés spéciaux de Radio France internationale (RFI) assassinés samedi à Kidal après avoir été enlevés par des hommes armés, ont été ramenés dimanche 3 novembre à Bamako dans un avion de l'armée française.
Plusieurs officiels étrangers et maliens, dont le premier ministre Oumar Tatam Ly, ainsi que le ministre délégué aux anciens combattants français, Kader Arif, en visite dans la région, se trouvaient à l'aéroport. Des membres de la direction de RFI devaient arriver dans la soirée dans la capitale malienne pour organiser leur rapatriement en France "au plus tôt" lundi.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon "ont été assassinés froidement. L'un a reçu deux balles, l'autre trois balles", a déclaré dimanche le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, à l'issue d'une réunion de crise à l'Elysée. Il a indiqué que les deux journalistes avaient été enlevés "par un petit commando" devant le domicile d'un responsable touareg qu'ils venaient d'interviewer. Leurs corps ont ensuite été retrouvés, moins de deux heures après le rapt, à 12 km de Kidal, par une patrouille française qui avait été alertée. "Les assassins, ce sont ceux que nous combattons, c'est-à-dire les groupes terroristes", a martelé M. Fabius avant d'annoncer que "la sécurisation de l'ensemble de la zone et des zones voisines" allait être"accrue", mais sans fournir de détails. De source gouvernementale française, il s'agirait de rendre la présence française "plus visible" dans l'extrême nord du Mali.
DE NOMBREUSES ZONES D'OMBRE
De nombreuses questions demeuraient sur les causes et les circonstances de l'assassinat de deux professionnels aguerris, enlevés en plein jour. "Ni Ghislaine ni Claude n'étaient des têtes brûlées, ils n'ont pris aucun risque inconsidéré", a assuré Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde (dont fait partie RFI). C'étaient "des passionnés qui sont morts en allant jusqu'au bout de qu'ils croyaient juste".
L'identité des ravisseurs reste pour l'heure inconnue. Selon le témoignage d'Ambéry Ag Rhissa, le représentant du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) que les journalistes venaient d'interviewer et qui a assisté à l'enlèvement, les agresseurs parlaient tamachek, la langue des Touareg. Kidal est le berceau de la communauté touareg et du MNLA, organisation faisant partie de la rébellion touareg qui a condamné les crimes et promis de "tout mettre en œuvre pour identifier les coupables". Mais cette organisation est aujourd'hui divisée, comme tous les groupes dans la région depuis le lancement de l'opération "Serval". Le spectre d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) plane également au-dessus de cet enlèvement.
Autre hypothèse : les journalistes enlevés ont-ils pu être exécutés alors que les ravisseurs tentaient d'échapper à leurs poursuivants ? Selon le porte-parole de l'état-major français, le colonel Gilles Jaron, les forces françaises installées à l'aéroport de Kidal, alertées de l'enlèvement, ont envoyé une patrouille et deux hélicoptères sur les lieux, mais ont découvert les corps des deux journalistes sans avoir vu ou affronté les meurtriers.
Après l’assassinat, samedi, des journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon, dimanche soir, vers 22 heures, cinq suspects auraient été arrêtés dans deux camps où sont maintenus les anciens rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), révèle Europe 1. Ils auraient été transférés à Gao et remis aux forces françaises.
Journalistes tués au Mali: opérations "en cours" dans des campements
(AFP)
Paris — Des "opérations pour identifier un certain nombre de personnes dans des campements" ont été lancées dimanche et étaient toujours lundi "en cours" après le double meurtre samedi au Mali de deux journalistes français, a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
Interrogé par la radio RTL sur une arrestation de cinq suspects remis aux militaires français à Gao, le ministre a indiqué n'avoir pas cette information. Il n'a pas donné d'autre indication sur les opérations "en cours" dans des campements.
Samedi, "au moment où les militaires français sont arrivés derrière le pick-up" qui transportait Ghislaine Dupont et Claude Verlon de Radio France internationale (RFI), "ils ont vu s'enfuir pas très loin, 1.500 mètres à peu près, quelqu'un, l'ont coursé et ne l'ont pas rattrapé", a aussi indiqué le ministre.
"A l'heure actuelle, on n'a pas de certitude sur qui a commis cet assassinat", a-t-il ajouté. "On va tout faire pour retrouver les assassins, les punir, les châtier", a assuré Laurent Fabius.
Ghislaine Dupont, 57 ans, "a été assassinée de deux balles dans la poitrine", et Claude Verlon, 58 ans, "a reçu trois balles en pleine tête", a aussi dit le ministre français. "Aucune trace d'impact" sur le véhicule, donc "il n'y a pas eu (...) de combat", a-t-il ajouté.
Les journalistes "n'ont pas été acheminés" sur Kidal par les militaires français et "ils n'avaient pas demandé de protection particulière", a dit Laurent Fabius, en déconseillant "absolument d'aller là-bas". "L'ensemble du Mali aujourd'hui est relativement sécurisé mais ce n'est pas vrai à Kidal", a-t-il enfin indiqué.
Les corps de Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été ramenés de Kidal (1.500 km au nord-est de Bamako), la ville où ils ont été tués, par un avion de l'armée française qui s'est posé dimanche soir à l'aéroport à Bamako. Leur rapatriement en France devait être organisé au plus tôt lundi.
La presse française a exprimé son "horreur" et son "émotion" après la mort des deux journalistes, faisant état lundi d'une guerre "complexe" contre "un ennemi insaisissable".
Ecotaxe : le contrat entre l'Etat et Ecomouv' sous le feu des critiques
Pont-de-Buis (Finistère), jeudi 31 octobre. Le contrat public-privé entre l'Etat et le consortium Ecomouv' est de plus en plus remis en cause par les politiques. | AFP/FRED TANNEAU
Dès la semaine dernière, la mission d’appui aux partenariats public-privé (PPP) avait tiré la sonnette d'alarme. Dans les grandes lignes, les experts estiment que l'Etat aurait pu passer par un marché public car il aurait coûté moins cher. Par ailleurs, les interrogations se portent sur les conditions très avantageuses accordées au consortium privé conduit par l'italien Autostrade détenue par le groupe Benetton.
En principe, le consortium devait percevoir 250 millions d'euros (dont 20 millions de TVA) sur un rendement annuel de 1,2 milliard d'euros, soit près de 20%. Or, selon le rapport, les autres contrats public-privé rapportent en moyenne 2 à 3% par an... Aujourd'hui, délier cet accord coûterait un milliard d'euros sur un an à l'Etat, dont 800 millions à payer immédiatement, explique de son côté le ministère des Transports. Ce lundi, plusieurs responsables politiques, de droite et de gauche, ont dénoncé ce contrat qui pourrait plomber les comptes de l'Etat.
François-Michel Lambert, député écologiste: C'est un «un scandale d'Etat», pour l'élu des Bouches-du-Rhône, vice-président de la commission du Développement durable de l'Assemblée nationale. Il vient de demander au gouvernement de répondre à une série de questions écrites pour «faire la lumière» sur ce partenariat. Notamment sur «les possibles faits de corruption et les nombreuses irrégularités qui auraient eu lieu durant l'appel d'offres, qui font l'objet d'une enquête préliminaire.» «Tout démontre que ce contrat a été conclu contre l'intérêt de l'Etat, la vraie question est maintenant de savoir si cela a été fait volontairement ou par incompétence», poursuit-il.
Eva Joly, eurodéputée: «Le contrat pour la collecte de l'écotaxe a été conçu pour produire de l'argent pour le concessionnaire», explique-t-elle, ajoutant que se posent «beaucoup de questions auxquelles Jean-Louis Borloo et NKM doivent répondre». L'ancienne juge d'instruction demande «une enquête parlementaire» et souhaite par ailleurs qu'un dossier qui avait été «transmis au parquet de Nanterre soit réellement instruit, parce qu'à l'époque c'était Philippe Courroye le procureur, et rien n'est arrivé».
Rachida Dati, eurodéputée UMP: «Je n'étais même pas au courant de cette signature de contrat avec une entreprise en charge de collecter l'impôt. Cela me surprend, pour ne pas dire plus, qu'une entreprise privée et étrangère soit déléguée ou en charge de collecter l'impôt en France», a-t-elle déclaré sur RMC. Selon la maire du VIIe arrondissement de Paris, «tous les mois, on donne 18 millions d'euros» à cette société. Cette somme ne sera en fait versée à Ecomouv' que lorsque le dispositif sera opérationnel.
David Assouline, porte-parole du PS: «Des soupçons de corruption viennent entourer la signature de ce PPP (partenariat public privé, ndlr). Toute la lumière doit être faite sur ce qui apparaît comme un scandale politico-financier quand l'ancienne majorité de droite était au pouvoir, la même qui cherche depuis plusieurs jours à mettre de l'huile sur le feu en Bretagne», a-t-il déclaré lors du point-presse hebdomadaire du PS.
Ian Brossat, porte-parole des communistes dans la campagne d'Anne Hidalgo : «Depuis plusieurs semaines, Mme Kosciusko-Morizet multiplie sur un ton péremptoire et assuré les leçons de bonne gestion. Pourtant, (...) c’est Mme Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Ecologie de l’époque, qui a signé le classement des offres attribuant le marché public à la société Ecomouv’ : un contrat particulièrement juteux pour l’entreprise privée», attaque-t-il. «Nathalie Kosciusko-Morizet doit aujourd’hui des explications aux Français et en particulier aux Parisiens dont elle sollicite les suffrages en mars prochain», estime enfin l'élu du Conseil de Paris.
La boulimie parlementaire des questions écrites passée au crible
TBWA
C’est une partie mal connue du travail parlementaire. Et pourtant : chaque jour, en moyenne, 88 questions couchées sur papier quittent les murs de l’Assemblée nationale pour atterrir sur les bureaux des ministres. Au cours de la première année du quinquennat (du 3 juillet 2012 au 23 juillet 2013), 33 840 questions écrites ont été posées par les 577 députés. L'agence de communication TBWA les a passées au crible.
La moyenne s'établit à 58 questions par député, lesquelles, loin des médiatiques questions (orales) au gouvernement des mardis et mercredis, sont "totalement libres, déconnectées du temps médiatique et du jeu politique", selon Pierre-Yves Frelaux, président de TBWA. Depuis 2007, et à part une légère baisse entre 2009 et 2011, c'est même une pratique de plus en plus répandue. Cette année, les questions écrites ont surtout permis aux députés d'"attirer l'attention" des ministres (21 948 occurrences de cette expression), de les "interroger" (7 484), mais pas tellement de les "interpeller" (98), contrairement aux questions orales.
LA SANTE, PRÉOCCUPATION NUMÉRO UN
Pour M. Frelaux, "ces questions écrites sont un baromètre de la société, puisque les députés les posent souvent suite à l’interpellation par un électeur ou suite à la sollicitation d’un groupe d’intérêt. Elles sont dès lors riches d’enseignements et permettent d’identifier les sujets sur lesquels chaque député a envie de s’engager. A ce titre, leur lecture fournit des enseignements précieux sur l’état de l’opinion et les préoccupations des députés".
TBWA
Ainsi, un examen précis et sémantique démontre que, quelle que soit l'appartenance politique, le thème le plus abordé est celui de la santé, dans 14,7 % des cas (4 981 questions). Sont surtout abordés les sujets des médicaments, des politiques de santé et des personnes handicapées.
L'INTERNATIONAL, LE SPORT ET LA CULTURE EN FIN DE LISTE
Après la santé, c'est l'organisation de l'Etat, avec 4 802 questions (14,1 %) qui préoccupe le plus nos élus. Dans ce domaine, le groupe centriste de l'UDI tient la tête avec 38 % de ses questions sur ce sujet ; un taux élevé qu'explique la double passion du député Michel Zumkeller (territoire de Belfort) pour les questions écrites (il est le troisième élu le plus actif) et pour l'organisation de l'Etat (évoquée dans 93 % de ses 849 questions, dont les trois quarts sont consacrées aux "comités Théodule"). Les députés du Front de gauche se montrent aussi particulièrement concerné par cette thématique (28 % des questions), loin devant ceux de l'UMP (14 %).
Troisième thème le plus abordé : la politique économique et industrielle, avec 3 599 questions (10,6 %). Dans ce domaine, les questions sur l'entreprise dominent, notamment sur l'auto-entrepreneuriat, devant celles sur les télécommunications ou les banques. Viennent ensuite les thématique de sécurité et justice (7,7 % des questions), d'éducation (6,8 %) ou de fiscalité (6,8 %). A l'inverse, les questions sur les relations internationales, la défense et l'Europe ne constituent que 4,6 % du total, quand celles sur la culture et le sport concernent 2,3 % des cas.
A L'UMP LA DÉLINQUANCE, AUX ECOLOS L'IMMIGRATION
Cependant, ces taux varient selon les groupes, de façon plus ou moins étonnante. Ainsi, l'UMP est au-dessus de la moyenne pour ce qui concerne la sécurité, la justice et la fiscalité quand les écologistes dominent dans l'environnement, l'énergie et la ruralité. L'agence TBWA souligne que le mot "délinquance" apparaît dans 80 % des questions UMP, contre 15 % pour le PS, 4 % pour les non-inscrits, 1 % pour l'UDI et 0 % pour les autres. Plus étonnant en revanche, les écologistes sont proportionnellement les plus présents sur l'immigration et la nationalité.
Plus globalement, ces questions sont principalement posées par des députés de l'opposition (61 %) et davantage encore par ceux des groupes minoritaires. Ainsi, les plus lésés dans la distribution du temps de parole à l'oral lors des séances de question au gouvernement, ou d'examen des textes, compensent à l'écrit.
TBWA
LES PLUS CONNUS, LES MOINS ASSIDUS
L'étude permet de repérer les élus les plus actifs, peu connus du grand public : Jean-Jacques Candelier (GDR, Nord) est le premier avec 945 questions, ex-æquo avec Marc Le Fur (UMP, Côtes-d’Armor) suivi de Michel Zumkeller avec 849 interrogations, puis de Pierre Morel A L’Huissier (UMP, Lozère, 730 questions) et enfin de Philippe Le Ray (UMP, Morbihan, 747). Ce dernier a toutefois récemment gagné en notoriété en imitant le cri d'une poule dans l'Hémicyle, mais c'est un autre sujet.
A l'inverse, en queue de classement, se trouvent les élus qui peuvent se permettre d'utiliser d'autres moyens d'expression. C'est le cas de Noël Mamère (EELV, Gironde) avec 13 petites questions, de Jean-Marie Le Guen (PS, Paris, 6 questions), de Valérie Pécresse (UMP, Yvelines, 2) ou de François Fillon (UMP, Paris) et Jean-Louis Borloo (UDI, Nord) qui ne se sont pas livrés à l'exercice cette année.
De même, les élus franciliens utilisent peu les questions écrites (20 par député), juste devant les députés corses, derniers de France métropolitaine (16 questions). A l'inverse, les élus des zones rurales interpellent davantage par écrit : ainsi de la Champagne-Ardennes (110 questions), de la Franche-Comté (133) et, numéro un avec 134 questions par député, de la Bretagne.
Karzaï critique le moment choisi pour éliminer Mehsud
Le Monde.fr avec AFP
L'élimination du chef des talibans pakistanais Hakimullah Mehsud, tué vendredi par un drone américain, est survenue à un moment "mal choisi", a estimé le président afghan, Hamid Karzaï, espérant que cette mort ne nuirait pas aux tentatives pour pacifier la région. M. Karzaï "espère que le processus de paix n'en sera pas affecté", a indiqué la présidence dans un communiqué publié dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 novembre.
Le président afghan a adressé cette déclaration à une délégation du Congrès américain en visite en Afghanistan, selon le communiqué. Le rôle du Pakistan, influent voisin qui avait reconnu les talibans lorsqu'ils étaient au pouvoir à Kaboul entre 1996 et 2001, est considéré comme crucial pour éviter une nouvelle guerre civile en Afghanistan après le retrait des forces de l'OTAN, en 2014.
Hakimullah Mehsud, trentenaire promu chef du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) en 2009, a été tué avec quatre de ses proches vendredi par un drone près de Miranshah, capitale du Waziristan du Nord, district tribal du nord-ouest du Pakistan qui est l'épicentre de la mouvance djihadiste dans la région. La mort du chef du TTP, mouvement responsable de nombreux attentats qui ont fait des milliers de morts au Pakistan depuis six ans, est un coup dur pour les rebelles islamistes, mais aussi, du moins à court terme, pour Islamabad, qui misait sur des pourparlers avec les talibans pour pacifier le pays.
"SABORDER" LE PROCESSUS DE PAIX
Le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, qui avait demandé au président Barack Obama de mettre fin aux tirs de drone lors d'une rencontre il y a deux semaines à la Maison Blanche, devait rencontrer lundi ses conseillers afin de réévaluer ses relations avec les Etats-Unis après l'élimination du chef taliban.
Le ministre de l'intérieur pakistanais, Chaudhry Nisar, n'a pas mâché ses mots ce week-end pour dénoncer la frappe américaine, même si des documents révélés au cours des dernières années ont fait état d'une collaboration entre Washington et Islamabad sur le programme controversé des drones. Le ministre a accusé les Etats-Unis de vouloir"saborder" le processus de paix et soutenu que "tous les aspects" de la relation entre Islamabad et Washington allaient être revus, une déclaration destinée avant tout à conforter l'opinion publique anti-américaine selon des commentateurs locaux.
Le Pakistan et l'Afghanistan sont tous deux confrontés à une insurrection talibane et les gouvernements des deux pays misent sur des pourparlers de paix avec les insurgés à l'approche du retrait l'an prochain de la force de l'OTAN en sol afghan qui pourrait redéfinir le fragile équilibre régional. Les talibans afghans du Mollah Omar refusent pour l'instant d'entamer des pourparlers avec le gouvernement de M. Karzaï, alors que les talibans pakistanais de Hakimullah Mehsud s'apprêtaient à prendre langue avec le gouvernement d'Islamabad dans l'espoir de lancer des négociations de paix.
New York se choisit un nouveau maire et tourne la page des années Bloomberg
De Brigitte DUSSEAU (AFP)
New York — Les New-Yorkais s'apprêtent mardi à tourner la page Michael Bloomberg, en élisant comme maire, sauf énorme surprise, un démocrate de 52 ans résolument ancré à gauche, Bill de Blasio.
Tous les sondages indiquent que cet Italo-américain, marié à une Afro-américaine, qui a promis un changement radical, va écraser son adversaire républicain Joseph Lhota, avec plus de 40 points d'avance.
La plus grande ville américaine (8,3 millions d'habitants) compte six fois plus d'électeurs démocrates (3,1 millions) que de républicains (491.000), mais n'a plus élu de maire démocrate depuis David Dinkins en 1989.
Après Rudolph Giuliani (1994-2001) et le milliardaire Michael Bloomberg (2002-2013), Bill de Blasio, qui a mis sa femme et leurs deux enfants métis au coeur de sa campagne, s'est positionné comme un "progressiste, fier de l'être", défenseur des classes moyennes, des familles et des minorités. Il a dénoncé jour après jour les inégalités à New York, la ville qui compte le plus de milliardaires au monde mais dont 21% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté (30.944 dollars annuels pour une famille de 4, selon l'indice de la mairie).
Lors de l'un de ses derniers meetings de campagne, samedi à Manhattan, sa femme Chirlane McCray à ses côtés, ainsi que les actrices Cynthia Nixon et Susan Sarandon, Bill de Blasio a rappelé ses principaux engagements de campagne: des impôts plus lourds pour les New-Yorkais les plus riches, afin de financer l'école maternelle pour tous à partir de quatre ans et des programmes péri-scolaires le soir au collège, la construction de 200.000 logements sociaux, le maintien des hôpitaux de quartier, et le remplacement du chef de la police Ray Kelly.
"Nous avons assez d'immeubles de luxe", a-t-il insisté devant une audience d'une centaine de femmes, leur rappelant qu'il était aussi pour le droit à l'avortement, pour des jours de congé pour enfant malade, et pour des salaires égaux entre les femmes et les hommes.
Un géant d'1m95 qui vit à Brooklyn
Mais ce politicien oecuménique, dont les proches soulignent la qualité d'écoute et le sens du compromis, a également pris garde durant sa campagne de rencontrer le monde des affaires et de l'immobilier, principales sources de richesse à New York.
Médiateur élu de New York depuis 2010, ancien conseiller municipal pour Brooklyn (2002-2009), ancien manager de campagne d'Hillary Clinton quand elle s'est présentée au Sénat en 2000, ce géant d'1m95, qui vit dans une maison sans prétention à Brooklyn et plaisante volontiers, ne pourrait pas être plus différent de l'actuel maire Michael Bloomberg, milliardaire froid et intransigeant, hyper-discipliné qui n'a pas pris un jour de congé en 12 ans.
Lorsqu'il avait emporté la primaire démocrate le 11 septembre, après une percée tardive dans les sondages, Bill de Blasio s'était livré en famille, avec sa femme, leur fils Dante, 16 ans, coupe afro, et leur fille Chiara, 18 ans, couronne de fleurs dans les cheveux, à une petite danse très remarquée devant les caméras.
New York est massivement démocrate, multiraciale, à 33,3% blanche (hors hispaniques), 25,5% noire, 28,6% hispanique et 12,7% asiatique. Les inégalités y sont les plus fortes des Etats-Unis.
Et après 12 ans d'un Bloomberg milliardaire, qui a profondément transformé la ville, deux-tiers des New-Yorkais aspirent à un changement, même s'ils estiment généralement que M. Bloomberg a fait du bon travail.
Durant ces 12 années, la criminalité a notamment diminué de moitié, de nombreux espaces verts ont été aménagés et l'espérance de vie a augmenté de 2 ans et demi.
En dépit de l'avance historique qu'on lui prédit, de Blasio, jusqu'au bout, a mobilisé ses troupes, dans une ville qui traditionnellement vote peu pour les municipales.
"Il faut convaincre les gens d'aller voter, il faut les conduire au bureau de vote en voiture, à vélo, peu importe" a-t-il insisté, soucieux d'obtenir mardi "un vote fort".
M. Bloomberg s'est refusé à soutenir l'un ou l'autre candidat à sa succession.
Mais il n'a pas hésité à critiquer la campagne de Bill de Blasio, dénonçant son "populisme" et affirmant qu'il n'avait pas d'idées.
Le nouveau maire de New York prendra ses fonctions le 1er janvier 2014.
Grande-Bretagne: le patronat prend position pour le maintien dans l'UE
(AFP)
Londres — Le patronat britannique a plaidé vigoureusement en faveur du maintien du Royaume-Uni dans une Union européenne réformée, soulignant lundi les avantages économiques de l'adhésion alors que le gouvernement a promis un référendum sur la question.
"Nous avons examiné les avantages et inconvénients de l'adhésion à l'UE, au-delà de la rhétorique politique, et les entreprises britanniques sont sans équivoque : le marché unique est fondamental pour notre avenir", a déclaré le directeur général de la Confédération patronale CBI, John Cridland, avant l'ouverture de sa conférence annuelle lundi.
Le Premier ministre conservateur David Cameron s'est engagé en janvier à organiser, d'ici à 2017 s'il est réélu, un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à une UE préalablement réformée. Il a pris ses engagements sous la pression de la frange la plus eurosceptique du Parti conservateur et des succès du parti UKIP (opposition), qui milite pour le retrait de l'UE.
Mais la CBI souligne l'importance du maintien dans l'UE pour l'économie britannique, estimant que cette adhésion représente 4 à 5% du produit intérieur brut (PIB) annuel du pays, soit 62 à 78 milliards de livres (environ 73 à 91 milliards d'euros).
L'adhésion permet l'accès à un marché de près de 500 millions de personnes et a consolidé la position de Londres comme l'un des tout premiers centres financiers dans le monde, juge l'organisation patronale, qui revendique l'adhésion de 240.000 entreprises.
"Nous sommes mieux dans une UE réformée qu'en dehors et sans influence", affirme M. Cridland.
Il souligne en effet qu'en dehors de l'Union européenne, le Royaume-Uni devrait tout de même se conformer à nombre de ses règles sans pouvoir autant influencer sur leur élaboration. Un scénario à la norvégienne ou à la suisse ne fonctionnerait pas, estime-t-il.
Pour le patronat, l'enjeu est de rester dans l'UE, jugée imparfaite sous sa forme actuelle, pour la réformer de l'intérieur dans un sens plus favorable aux entreprises.
La CBI demande ainsi le maintien de la clause de non-participation à la directive sur le temps de travail ou encore que la législation sur le travail soit du ressort des Etats.
La Tunisie attend le nom de son futur Premier ministre
Le chef de file du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, arrive à une réunion de dialogue entre les islamistes et l'opposition, entouré de ses gardes-du-corps le 2 novembre 2013 à Tunis (Photo Fethi Belaid. AFP)
Islamistes tunisiens au pouvoir et opposants se sont retrouvés lundi après-midi afin de s’accorder dans la journée sur le nom du prochain Premier ministre et sortir le pays d’une profonde crise politique après l’échec des négociations samedi.
Annoncées pour 09H00 (08H00 GMT) et censées s’achever à midi au plus tard (11H00 GMT), les négociations n’ont commencé au final qu’un peu avant 13H00 GMT, soit deux heures après la limite fixée par le syndicat UGTT, principal médiateur de la crise, et aucun nouveau délai n’a été fixé.
La classe politique aurait dû, selon le calendrier initial des négociations, s’accorder samedi sur l’identité d’un Premier ministre indépendant appelé à succéder à l’islamiste Ali Larayedh à la tête d’un cabinet apolitique.
Mais les négociateurs ne sont pas parvenus à départager deux candidats: Mohamed Ennaceur, 79 ans, soutenu par l’opposition, et Ahmed Mestiri, 88 ans, soutenu par le parti islamiste Ennahda et ses alliés.
Les islamistes jugent que M. Mestiri est le plus indépendant des prétendants, tandis que l’opposition le considère trop vieux et trop faible pour assumer la charge. Ennahda a aussi souligné que M. Ennaceur était trop proche du parti d’opposition Nidaa Tounès.
«Nous n’avons aucun (autre nom) à proposer» qu’Ahmed Mestiri, a prévenu lundi Rached Ghannouchi, chef d’Ennahda, avant la reprise des pourparlers.
L’opposition commençait pour sa part à se montrer pessimiste. «S’il n’y a pas de consensus aujourd’hui, ce sera l’échec» des négociations, a estimé Samir Bettaïeb du parti Al Massar.
Ce dialogue national vise à sortir la Tunisie de la profonde impasse dans laquelle elle est plongée depuis l’assassinat le 25 juillet du député d’opposition Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.
M. Larayedh a accepté de laisser la place à un gouvernement apolitique à condition que l’ensemble du calendrier de ce dialogue soit respecté.
Celui-ci prévoit la mise en place d’une législation et d’un calendrier électoraux ainsi que le lancement de la procédure d’adoption de la Constitution, en cours d’élaboration depuis deux ans.
Dialogue de sourds
Mais différents dossiers ont d’ores et déjà pris du retard: les membres de la future commission électorale n’ont pas pu être élus samedi comme prévu en raison d’un problème de procédure et le travail sur la législation régissant les élections, censée être adoptée le 9 novembre, n’a pas commencé.
La démission formelle d’Ali Larayedh ne doit d’ailleurs pas intervenir avant la mi-novembre.
Dès lors, des journaux tunisiens s’interrogeaient sur les chances de réussite de ces pourparlers qui interviennent dans un contexte sécuritaire tendu en raison de la multiplication de violences jihadistes.
«Et si la solution tant attendue n’est pas trouvée aujourd’hui, devra-t-on s’attendre à ce que le dialogue national soit rompu?», s’interroge le quotidien La Presse qui conspue «un dialogue de sourds dans lequel chacun tire la couverture à lui».
Après trois mois de disputes et moult reports, ces pourparlers ont débuté le 25 octobre mais depuis aucune décision consensuelle concrète n’a été mise en œuvre.
Sur le front sécuritaire, la présidence tunisienne a annoncé dimanche le prolongement de huit mois, jusqu’à fin juin 2014, de l’état d’urgence en vigueur depuis la révolution de janvier 2011.
Signe de la menace accrue: le chef de l’Etat Moncef Marzouki ne le prorogeait depuis 18 mois que par tranches de un à trois mois.
Pour la première fois depuis la révolution qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali, des attaques attribuées aux jihadistes ont ciblé la semaine dernière deux sites touristiques. L’un a été visé par un attentat suicide qui n’a pas fait de victime et l’autre par une tentative déjouée à temps.
Durant le seul mois d’octobre, neuf gendarmes et policiers ont été tués dans des affrontements.
L’incertitude politique et la menace jihadiste ont aussi nourri l’anémie de l’économie tunisienne, notamment le secteur stratégique du tourisme qui risque de souffrir encore après les attentats ratés du 30 octobre.
Arrivés au pouvoir en octobre 2011, les islamistes ont été considérablement affaiblis par la multiplication des crises politiques, les assassinats de deux opposants, les heurts avec les jihadistes, les faiblesses de l’économie et les polémiques sur leurs tentatives supposées «d’islamiser» la société ou de juguler la liberté d’expression.
New Delhi va lancer une fusée chargée d’envoyer un satellite visant la planète Mars. De quoi énerver les autres puissances asiatiques.
Le décollage d’une fusée depuis le centre spatial indien Satish Dhawan. - Reuters
L’Inde prend de vitesse l’Asie avec une mission sur mars
Purement pacifique et technique : la mission spatiale que l’Inde s’apprête à lancer, demain, a été présentée par les autorités comme dépourvue de toute arrière-pensée tactique. En réalité, c’est bien dans le contexte d’une rivalité avec la Chine et le Japon que New Delhi va lancer une fusée chargée d’envoyer un satellite visant la planète Mars. Ce projet, d’un budget de 73 millions de dollars –un chiffre très faible au regard des dépenses des pays développés dans ce domaine- fait grincer des dents dans un pays dont plus de 350 millions d’habitants vivent dans l’extrême pauvreté. Il apparaît comme la réponse de l’Inde à l’activisme de la Chine, voire du Japon, dans ce domaine. Une course à la puissance militaire, notamment, comme en témoigne le lancement indien, en août dernier, d’un satellite militaire pour la surveillance navale, dans une période où la Chine renforce sa présence dans l’Océan indien. Cette mission périlleuse au plan technique doit, en théorie, permettre à la navette d’atteindre l’orbite martienne le 24 septembre 2014, après un voyage de 680 millions de kilomètres –et plusieurs orbites terrestres destinées à accélérer la vitesse du lanceur. S’il réussissait, ce lancement dont le compte-à-rebours a été amorcé hier permettrait à l’Inde de prendre subitement un ascendant symbolique sur les deux autres puissances asiatiques, puisque chacune a échoué sur des projets équivalents. En 2011, la Chine a tenté d’envoyer un satellite sur Mars, mais le lanceur russe chargé du lancement n’a pas quitté l’orbite terrestre. Et en 2003, ce sont les Japonais qui n’étaient pas parvenus à placer leur satellite sur l’orbite de la planète rouge. En outre, cela constituerait une percée très forte de la part de l’Inde en matière d’innovation à faible coût, un créneau sur lequel l’industrie indienne cherche à se positionner en leader.
Le Yuan chinois dégringole
Pour le septième jour consécutif, le yuan chinois s’est déprécié ce matin. Cela faisait presque deux ans que la devise chinoise n’avait pas connu une succession aussi longue de jours de baisse. Dans la mesure où la valeur du yuan reste essentiellement définie, quotidiennement, par la Banque centrale chinoise, il s’agit donc d’une stratégie délibérée de Pékin. Elle découle probablement, en partie, des incertitudes concernant l’économie chinoise. Plusieurs signes encourageants ont été publiés, ces derniers jours, concernant l’activité manufacturière au moins d’octobre. Mais il semble en revanche qu’en regardant les chiffres dans le détail, les perspectives à moyen terme ne soient pas excellentes : les nouvelles commandes ne sont pas au rendez-vous. Alors que Pékin affiche sa volonté d’enclencher à très court terme un cycle ambitieux de réformes économiques, il est indispensable pour les autorités de le faire dans un contexte économique stabilisé. L’appréciation du yuan va à l’encontre de cet objectif, puisqu’elle pénalise les exportateurs, qui souffrent actuellement alors qu’ils restent l’un des piliers de l’économie chinoise –et l’un des garants de la stabilité sociale puisqu’ils fournissent des millions d’emplois. Le cycle de hausse de la monnaie chinoise toucherait-il à sa fin ?
Les Japonais construiront le nouveau RER de Bangkok
Un consortium japonais devrait confirmer dans les prochains jours qu’il vient d’emporter le marché de construction d’une nouvelle ligne de RER dans la capitale thaïlandaise. Selon le Nikkei, East Japan Railway, qui gère l’essentiel du réseau de chemin de fer japonais, ainsi que Toshiba et la maison de négoce Marubeni viennent de décrocher un contrat de 40 milliards de yens (300 millions d’euros) prévoyant le lancement, à l’horizon 2016, d’une nouvelle ligne de chemin de fer de 23 kilomètres dans Bangkok. Cette commande passée par le groupe thaïlandais Bangkok Metro Public Co. prévoit la construction des infrastructures de la ligne, et notamment de son réseau électrique et de ses seize gares, ainsi que la livraison de 63 trains mais également la maintenance du projet pendant une période d’au moins 10 ans. Ce contrat marque un virage stratégique décisif pour le géant East Japan Railway qui cherche depuis des années à s’associer aux grands industriels nippons pour emporter des contrats à l’international et ainsi casser sa dépendance au seul marché domestique, déjà saturé. Encouragées par les autorités japonaises à “chasser” plus activement dans les pays émergents, ces sociétés proposent désormais des solutions clés en main, dont le financement est parrainé par des banques publiques nippones.
En Indonésie, une nouvelle hausse du salaire minimum inquiète les investisseurs
Confrontés, en fin de semaine dernière, à de nouvelles grèves des ouvriers les moins bien rémunérés du pays, douze gouverneurs indonésiens viennent d’accepter d’ordonner une hausse du salaire minimum dans leur région. En moyenne, ces augmentations, qui en l’absence de salaire minimum national sont décidées localement, atteindront 19% et viendront s’ajouter aux fortes hausses déjà concédées l’an dernier par les pouvoirs publics. A Jakarta, le gouverneur a ainsi validé une hausse de 11% de ce salaire minimum qui devra donc atteindre, à compter du 1er janvier prochain, 2,4 millions de roupies indonésiennes (160 euros) par mois. Ailleurs, les hausses ont atteint entre 10% et 45%. L’ensemble des gouverneurs devraient se prononcer sur ce dossier dans les tout prochains jours. S’ils cherchent à éviter une flambée sociale avant la tenue l’an prochain d’une élection présidentielle décisive, les élus ont appelé les syndicats à se montrer raisonnables pour ne pas effrayer les groupes locaux et les entreprises étrangères. Plusieurs organisations patronales s’inquiètent publiquement de cette instabilité des coûts de main d’œuvre qui troublent leurs plans d’investissements. Certaines entreprises, notamment spécialisées dans le textile ou la fabrication de chaussures, ont évoqué, ces derniers jours, une éventuelle délocalisation de leurs usines vers le Vietnam ou la Birmanie, où les salaires minimums sont plus faibles.
Ryanair, dans le rouge, veut en finir avec le « machisme » commercial
La compagnie irlandaise low-cost affronte une baisse de son bénéfice. Michael O’Leary, son patron, admet pour la première fois que Ryanair a un problème d’image, en infligeant de multiples contraintes à ses clients.
Le directeur général de Ryanair, Michael O’Leary, a admis que Ryanair a un problème d’image. Révolution. - Reuters
Le directeur général de Ryanair, Michael O’Leary, a admis que Ryanair a un problème d’image. Révolution. - Reuters
C’est un choc : le bénéfice annuel de Ryanair devrait baisser pour la première fois en cinq ans du fait de la concurrence qui fera baisser les prix d’environ 10% pendant les mois d’hiver, a annoncé lundi la première compagnie aérienne européenne. Ryanair, qui a vu son bénéfice net progresser de 1% à 602 millions d’euros au premier semestre, table désormais sur un bénéfice net annuel compris entre 500 et 520 millions d’euros contre 570 à 600 millions d’euros auparavant, ce qui signifie qu’il devrait tomber dans le rouge au second semestre.
Deux mois après avoir émis son premier avertissement sur résultats depuis dix ans, le transporteur irlandais a donc à nouveau réduit ses prévisions pour son exercice décalé clos fin mars 2014. « La poursuite des pressions sur les tarifs et les rendements fait que le résultat de l’ensemble de l’année sera plus bas que ce qui avait été précédemment anticipé », admet ainsi le directeur général de la compagnie, Michael O’Leary, dans un communiqué.
Ces résultats, ressentis comme un électrochoc par tout le secteur, montrent aussi les limites du modèle Ryanair. De plus en plus critiquée, la compagnie irlandaise à bas coûts multiplie les mesures destinées à améliorer le service offert à ses passagers qu’elle cherche désormais à séduire plutôt qu’à rudoyer. Son directeur général Michael O’Leary avait peu après admis que Ryanair avait un problème d’image et promis d’améliorer ses relations avec les 81 millions de passagers qu’elle transporte par an. « Nous devrions essayer d’éliminer les choses qui emmerdent inutilement les gens », avait ainsi lancé le dirigeant, célèbre pour ses déclarations fracassantes, lors de l’assemblée générale des actionnaires du groupe à Dublin.
Provocations médiatiques
Première traduction de ce nouveau principe: la compagnie a remboursé un passager qui avait dû payer près de 190 euros pour changer de réservation sur un vol, alors qu’il voulait rentrer chez lui en urgence après la mort de sa femme et de trois de leurs enfants dans un incendie. Les déboires médiatisés de ce père de famille avaient illustré pour beaucoup l’intransigeance et la brutalité de Ryanair dans ses relations avec ses clients.
L’entreprise, dont les bénéfices sont gonflés par les innombrables services payants qu’elle facture à ses passagers, a promis d’en finir avec cette culture qu’elle a elle-même qualifiée de « macho ». Michael O’Leary, jusqu’ici plutôt habitué des provocations médiatiques avec ses idées de faire voyager les passagers debout, de taxer les obèses ou de faire payer les toilettes à bord, vient pour cela de descendre dans l’arène de Twitter pour répondre directement à ses clients, pour la plupart mécontents.
Michael O'Leary, le directeur général de Ryanair, expliquant sa stratégie en 2011
Les annonces se succèdent ainsi pour rendre le voyage plus agréable : le processus de réservation en ligne va être simplifié, avec un site refondu, un second bagage à main sera accepté à bord, les annonces publicitaires tonitruantes seront supprimées sur les vols tôt le matin et tard dans la soirée... « Nous devons peut-être nous montrer moins vigoureux dans la mise en oeuvre de nos règles. On ne doit pas se réjouir de facturer 70 euros à quelqu’un dont le sac n’a pas la bonne taille », a déclaré le directeur opérationnel de Ryanair, Michael Cawley, lors d’une conférence de l’Association internationale du transport aérien (IATA) à Dublin cette semaine.
Pas question pour autant de renoncer au modèle à bas coût qui fait l’identité de la compagnie. « L’idée qu’il y aura un changement de fond en comble est fausse. Nous annonçons certains changements et il y en aura d’autres à l’avenir mais nous ne voulons pas nous débarrasser de ce qu’il y a de bien dans Ryanair », a aussi souligné M. Cawley.
Cette quête d’identité intervient à l’heure où sa concurrente britannique EasyJet cherche avec succès à élargir son audience et à conquérir les hommes d’affaires avec des places allouées gratuitement à bord des avions ou encore des billets flexibles. « Pour se différencier et poursuivre sa croissance, Ryanair doit offrir un produit légèrement différent à ses passagers et séduire sur le long terme le type de clients qui utilise habituellement les compagnies traditionnelles », explique Donal O’Neill, analyste du courtier Goodbody. « Beaucoup de ces nouveaux services ont pour but de prendre du trafic à ces compagnies, de gagner du trafic supplémentaire, et peut-être un peu plus dans le haut de gamme », ajoute-t-il.
Bonnets rouges, Ecomouv', Titan, BlackBerry... la revue de presse de l'Industrie
Retour sur la manifestation des "bonnets rouges" à Quimper, interrogations sur le partenariat public privé entre l'Etat et l'Ecomouv', déclarations du PDG de Titan, avenir de BlackBerry : ce sont les sujets chauds de l'actualité de ce 4 novembre. Revue de presse.
Le bilan de la mobilisation des bonnets rouges en Bretagne
"Colère bretonne : et maintenant ?" titre Ouest France après la manifestation du 2 novembre à Quimper ayant rassemblé plus de 15 000 personnes. La colère ne retombe pas après le coup de force de samedi : un portique écotaxe est tombé ce dimanche, souligne le quotidien de l'Ouest. "Le Premier ministre appelle au dialogue mercredi. Et Stéphane le Foll se rendra en Bretagne vendredi" ajoute-t-il. Les manifestants réclament la suppression définitive de l'écotaxe.
Le Télégramme ouvre sur la photo spectaculaire du portique de Lanrodec détruit par les "bonnets rouges".
Ecotaxe : des soupçons planent sur le contrat Ecomouv'
La révolte des "bonnets rouges" n'est pas la seule ombre qui plane sur le dossier écotaxe. Le 2 novembre, Le Parisien a publié une enquête portant sur les soupçons pesant sur le contrat passé en 2011 entre l'Etat et la société Ecomouv '. Le quotidien évoque les conditions très avantageuses accordées au consortium privé : "Celui-ci percevra 250 M€ (dont 20 millions de TVA), sur un rendement annuel de 1,2 Md€, soit près de 20%, contre 2% à 3% en moyenne pour des partenariats public / privé" indique Le Parisien / Aujourd'hui en France. Les délais de réalisation des travaux auraient été modifiés en cours de procédure. La gestion du dossier ces derniers mois suscite également la perplexité.
Le PDG de Titan veut acheter une usine sans salariés
Maurice Taylor a accordé une interview au Monde le 2 novembre. Le PDG de Titan explique sa démarche concernant le site de Goodyear Amiens-nord: "Titan n'a pas besoin d'acheter cette usine. Mais, avec un prix correct et des travailleurs compétents, cela vaut le coup d'essayer" explique-t-il. Le PDG pose un préalable : "La première étape est que la CGT et Goodyear scellent un accord sur les indemnités de départ pour tous les employés. Dès lors, il n'y aura plus d'employés dans l'usine" poursuit le "Grizzly" .
Inacceptable pour la CGT qui dénonce "un coup de bluff"."Le seul but est de faire péter la cocotte, ils savent que les gars ont énormément d'orgueil et surtout qu'ils sont fatigués par les 6 ans de lutte", s'est emporté Mickaël Wamen, représentant CGT dans l'usine d'Amiens-Nord, dans un communiqué. "Nous ne tomberons pas dans ce panneau".
Le représentant syndical est plus tranchant encore dans ce reportage de France Info.
Semaine décisive pour BlackBerry
Les offres de reprise de constructeur de téléphones BlackBerry seront connues ce 4 novembre. Les médias canadiens suivent cette actualité de près. Radio Canada passe les différents scenarii en revue."Après un mois et demi de silence quasi total, il semble que n'importe quelle guerre d'enchères pour les actifs de BlackBerry, qui comprend la fabrication de téléphones intelligents, des services aux entreprises et un portefeuille de brevets, n'impliquera qu'une poignée d'intéressés. Certains de ceux-ci pourraient d'ailleurs être écartés du processus". Fairfax Fiancial ne serait pas parvenue à rassembler les 4,7 milliards de dollars nécessaires au rachat de Blackberry, selon la radio publique canadienne. Les prochaines heures seront décisives pour l'avenir de BlackBerry.
Les constructeurs français profitent du rebond du marché automobile en octobre
Les ventes de voitures en France ont progressé de 2,6% en octobre 2013. PSA retrouve des couleurs, tandis que Renault confirme ses bons résultats.
L'embellie se confirme sur le marché automobile français. Le rebond s'est poursuivi en octobre, après les bons chiffres de septembre, selon le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Les immatriculations de voitures neuves ont augmenté de 2,6% par rapport à octobre 2012. 166 515 voitures particulières ont été vendues en France en octobre 2013. peugeot et Renault en forme
Ce sont les constructeurs français qui en ont plus plus profité. Le groupe Renault confirme sa bonne forme avec des ventes en hausse de 5,8% (après un bond de 18,1% en septembre). PSA, après un début d'année morose, se relève avec une hausse de 4,1% de ses ventes. Le groupe est porté par Peugeot (+11%) alors que les ventes de Citroën se tassent (-3,5%).
"Ce chiffre est une très bonne nouvelle et ce sont surtout les nouveaux modèles qui se vendent" comme les Peugeot 308, les Renault Captur ou la nouvelle Sandero de Dacia, a indiqué un porte-parole du CCFA à l'AFP. recul de vw
Les constructeurs étrangers connaissent des fortunes diverses. C'est la soupe à la grimace pour Volkswagen, qui voit ses ventes reculer de 4,5%, et Nissan (-7,1%). Ford subit également une érosion de ses ventes (-8,3%). Les voyants sont au vert pour Fiat (+9,6%), Mercedes (+5,3%), BMW (+10,6%) et Toyota (+4,7%). le ccfa corrige ses prévisions
Le rebond du marché automobile français devrait se poursuivre, selon les prévisions du CCFA, qui table désormais sur un recul de 6% des ventes sur l'ensemble de l'année 2013, Jusqu'ici, le comité prévoyait une baisse de 8%. Le durcissement du bonus-malus au 1er janvier 2014 expliquerait en partie le rebond du marché automobile français fin 2013.
Y-a-t-il un double discours des Bretons ?
Par DOMINIQUE SEUX |
Samedi à Quimper, ont défilé cote à cote des Bretons qui vivent le ras le bol fiscal et des salariés d’entreprises bénéficiant largement de subventions.
Les Bretons ont manifesté samedi à Quimper contre les impôts et pour l’emploi. Ils sont pourtant eux-mêmes pris dans leurs propres contradictions. Et le cas du volailler Tilly-Sabco, qui a annoncé l’arrêt de sa production de poulets pour l’exportation, mettant en péril plusieurs centaines d’emplois, en est la parfaite illustration. On l’a vu à la télévision, le patron de l’entreprise et des salariés ont défilé cote-à-cote samedi à Quimper. Qu’il y ait un problème d’impôts et de charges excessifs en France, c’est une évidence. Mais ce cas précis est peut-être exemplaire aussi de certaines activités à bout de souffle qui n’ont pas su, en Bretagne ou ailleurs, s’adapter à une nouvelle donne. Disons d’abord que cette entreprise ne peut pas dire que le ciel lui est tombé sur la tête. Cela fait huit ans que le sujet est dans l’air. Une plongée, comme je l’ai fait hier, dans les archives de l’intéressante lettre spécialisée AgraPresse suffit à s’en persuader.
Où est la contradiction ? Cette société, Tilly Sabco, reçoit depuis des années ce qu’on appelle des restitutions, une aide européenne pour exporter des poulets vers le Moyen-Orient. Vingt millions d’euros en 2012, et bien plus avant. Si on fait un calcul rapide, pour 2012 seulement cela représente environ 60.000 euros pour chaque salarié, et si l’on prend en compte l’ensemble des sous-traitants encore 20.000 euros. Franchement, il est difficile de crier son ras le bol fiscal et en même temps protester contre la suppression, prévue par Bruxelles, d’aides financées par ... l’impôt ! Ce système d’aide dans la filière volaille ne concerne plus que deux entreprises en Europe, Doux et Tilly-Sabco, pour un coût qui a approché les 100 millions d’euros.
C’est le seul moyen de lutter contre la concurrence brésilienne, disent les industriels. La question est de savoir si l’on a raison d’être présent sur des marchés de base comme le petit poulet congelé où le prix est le facteur essentiel. Tilly exporte la totalité de sa production vers le Moyen-Orient. Or, on ne pourra jamais lutter totalement contre les Brésiliens ou les Thaïlandais, leurs coûts salariaux et leurs dévaluations compétitives. Et il ne peut être question d’augmenter les subventions à l’infini. Ne vaut-il mieux exporter des poulets de haute qualité, labellisés, voire avec indication géographique ? C’est valable pour les porcs, les bovins et le lait.
Et ce n’est pas tout. Le vrai problème, ce ne sont pas les exportations de poulets, mais les importations. Car il y a vingt ans, la France importait 10% de sa consommation et était champion européen, aujourd’hui c’est 40%. Que s’est-il passé ? Des concurrents internationaux ont mieux répondu à la demande massive de morceaux de poulets découpés pour la restauration collective ou l’industrie. Les Français se sont laissés marginalisés par erreur stratégique. La priorité, avant l’export, devrait être de reconquérir le marché national.
Quelle conclusion générale ? Un : Qu’on a toujours intérêt à creuser dans les entrailles d’une information, c’est passionnant et plein de surprises. Deux : que les flottements on les voit au gouvernement mais aussi chez les industriels.
Le fonds d’investissement Fairfax va assurer un renflouement du groupe à hauteur d’un milliard de dollars.
BlackBerry a également annoncé le remplacement du patron actuel Thorsten Heins par John Chen, qui va assurer l’interim. - Reuters
Rebondissement chez BlackBerry. L’équipementier canadien BlackBerry a décidé de rester indépendant et a organisé un plan de sauvetage avec une augmentation de capital réservée à un groupe d’investisseurs emmené par Fairfax, a indiqué le fabricant de smartphone, ce lundi.
Une offre d’acquisition de Fairfax, qui détenait déjà 10% de BlackBerry et valorisait le groupe à 4,7 milliards de dollars, venait à échéance ce lundi. A la place de ce rachat, Fairfax a donc fédéré des investisseurs pour assurer un renflouement du groupe à hauteur d’un milliard de dollars. Sur ce montant, le financier canadien met 250 millions de dollars, soit 25%.
Le financement est sous forme d’une augmentation de capital convertible en actions au prix de 10 dollars l’action. Le cours du titre BlackBerry était vendredi en-dessous de 8 dollars.
BlackBerry a également annoncé le remplacement du patron actuel Thorsten Heins par John Chen, qui va assurer l’interim.
En septembre dernier, après avoir dévoilé un plan de sauvetage passant par le licenciement de 40% de ses effectifs et l’abandon de son activité grand public, l’équipementier canadien a signé une lettre d’intention en vue de se vendre à un consortium emmené par le fonds d’investissement canadien, Fairfax Financial, qui détient déjà 10% de son capital. Le fonds proposait 9 dollars par action, soit une valorisation de 4,7 milliards de dollars, alors que la capitalisation boursière de l’entreprise dépassait les 80 milliards en 2008.
JUSTICE ?
Cercle Wagram: jugement pour l'ancienne équipe du cercle de jeux
(AFP)
Paris — Fausse comptabilité, enveloppes de billets et parrains corses... Les anciens dirigeants présumés du cercle Wagram sauront lundi quelle lecture a fait le tribunal correctionnel de Paris des trois semaines d'audience qui se sont tenues en septembre pour déterminer leur rôle dans cette mécanique bien huilée.
Le parquet a requis des peines d'emprisonnement contre onze des seize prévenus, dont Jean-Angelo Guazzelli, principal accusé du procès.
Selon l'enquête, ce membre supposé du gang corse de "La Brise de mer" aurait été, jusqu'en janvier 2011, la tête pensante du cercle Wagram, cercle de jeux parisien situé dans le XVIIe arrondissement et aujourd'hui fermé.
Depuis la Corse, il aurait, au passage, détourné plus de dix millions d'euros par le biais du Wagram et d'un autre cercle, l'Eldo.
A l'audience, le ministère public a requis contre lui quatre ans d'emprisonnement ferme, assorti d'un mandat de dépôt, ainsi qu'une amende de 100.000 euros.
Quant à ses hommes de confiance qui, eux, géraient le cercle au quotidien, Jean Testanière et Jean-François Rossi, le parquet a réclamé pour eux une peine de trois ans d'emprisonnement dont dix-huit mois avec suris.
Bien qu'animée avec efficacité par le président Denis Couhé, l'audience n'a apporté que peu d'éléments nouveaux par rapport à un dossier d'instruction très riche, essentiellement du fait des prévenus, en permanence sur la réserve.
Lors de leurs plaidoiries, plusieurs avocats de prévenus se sont attaqués au principal chef d'abus de confiance.
Les prévenus étant revenus sur les témoignages qui dépeignaient l'acheminement d'enveloppes de billets vers la Corse, l'abus de confiance concernait essentiellement, selon eux, la distribution d'autres enveloppes aux employés du cercle.
Le système n'ayant bénéficié qu'au personnel même du cercle, il ne peut s'agir, selon eux, d'un abus de confiance, le seul lésé étant l'Etat, l'administration fiscale et l'URSSAF, qui pouvaient prétendre à percevoir des cotisations sur ces rémunérations. Or aucun d'entre eux n'est partie à la procédure.
Le ministère public et les juges d'instruction ont "voulu faire d'un dossier fiscal un dossier de voyous, parce qu'(ils voulaient) la tête d'Angelo Guazzelli", a fustigé l'avocat de ce dernier, Jean-Charles Vincensini, à l'audience.
Cercle Wagram. Prison ferme pour l’ex-cerveau et les anciens gérants
L’ancien cerveau du cercle Wagram, Jean-Angelo Guazzelli, a été condamné lundi à une peine de trois ans d’emprisonnement dont deux ferme par le tribunal correctionnel de Paris, qui a également prononcé des peines d’emprisonnement ferme à l’encontre des deux anciens gérants principaux.
« En tout état de cause, le tribunal considère que vous appartenez à une équipe mafieuse, qui a mis la main sur le cercle parisien », a dit le président du tribunal, Denis Couhé, lors de la lecture du jugement
Canada: l'extradition du suspect de la rue Copernic en appel
De Marc Braibant (AFP)
Montréal — La demande d'extradition par la France du Libano-Canadien Hassan Diab, principal suspect de l'attentat de la rue Copernic à Paris il y a plus de 30 ans, va être examinée en appel à partir de lundi à Toronto.
Hassan Diab, un ancien professeur de sociologie et qui aura 60 ans dans quelques jours, conteste son implication dans cet attentat et a fait appel de la décision du gouvernement canadien en avril 2012 de l'extrader vers la France.
Interpellé au Canada le 13 novembre 2008 à la demande de la justice française, Hassan Diab est présenté comme celui qui a confectionné et déposé la bombe dans la sacoche d'une moto, qu'il aurait ensuite placée aux abords de la synagogue de la rue Copernic à Paris.
M. Diab se dit victime d'une homonymie et clame son innocence, soutenant qu'il était étudiant à Beyrouth au moment des faits.
La moto avait été achetée quelques jours avant l'attentat du 3 octobre 1980 par un nommé Alexander Panadriyu, de nationalité chypriote, ce qui s'est révélé être une fausse identité par la suite.
Selon la France, il s'agissait en fait d'Hassan Diab, la justice s'appuyant sur sa ressemblance avec les portraits robots dressés à l'époque, ainsi que sur des analyses graphologiques de la fiche d'hôtel remplie par le dénommé Panadriyu.
Pour Donald Bayne, avocat du Libano-Canadien, le ministre de la Justice a commis une erreur en signant l'ordre d'extradition de Hassan Diab notamment sur la base de l'analyse graphologique.
Après son arrestation, le suspect a été remis en liberté en mars 2009, et placé sous un strict contrôle judiciaire.
Selon l'avocat, le Canada ne peut pas extrader son client car la France n'a jamais formulé de chefs d'inculpation à son encontre. L'avocat estime que ce point est fragile et il reviendra à la cour d'appel de décider de le retenir ou non sachant que la France, légalement, ne peut signifier la mise en examen avant qu'un suspect soit préalablement en garde à vue.
Aveux sous la torture ?
Pour sa défense Hassan Diab va aussi contester son extradition en estimant qu'il ne serait pas en mesure légalement en France de contester des preuves transmises par les services secrets.
Enfin, l'avocat estime que le ministre de la Justice aurait dû s'assurer que l'extradition ne repose pas sur une dénonciation sous forme d'aveux potentiellement arrachés sous la torture d'un ressortissant syrien, interrogé dans le cadre de cette enquête sur l'attentat de la rue Copernic.
Me Bayne affirme ainsi que certains éléments du dossier contre M. Diab ont été obtenus par les services secrets syriens ayant recours à la torture.
Cet argument sera aussi porté par Amnesty International qui interviendra à l'audience de la cour d'appel en tant que "témoin désintéressé". Sans prendre "position sur la culpabilité ou l'innocence de M. Diab" pas plus que de savoir "si son extradition doit être décidée", l'ONG fait valoir que "le droit fondamental de justice" applicable à M. Diab pourrait être bafoué en raison de "l'utilisation présumée par la France de témoignages" pouvant avoir été obtenus sous la torture.
Il y a quelques jours, à l'occasion de la commémoration du 33ème anniversaire de l'attentat, qui avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés, des représentants de familles de victimes avaient souhaité que le Canada donne une réponse favorable à la demande d'extradition. Réunis sous l'égide de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) dans l'enceinte même de la synagogue de la rue Copernic tout début octobre, ces représentants ont souhaité l'aboutissement de ce dossier avec le renvoi en cour d'assises du seul suspect sous le coup d'un mandat d'arrêt.
L'audience de la cour d'appel de l'Ontario est prévue sur deux jours mais la décision ne devrait pas être rendues avant plusieurs semaines.
« J’ai face à moi un Etat socialiste qui bafoue en toute conscience les principes du droit »
A la suite de l’arbitrage controversé lui octroyant 403 millions d’euros pour solder son litige avec le Crédit Lyonnais, Bernard Tapie a été mis en examen le 28 juin pour escroquerie en bande organisée. Il lance ici sa contre-attaque qui, en cas de succès judiciaire, pourrait coûter encore plus cher à l’Etat. - Reuters
A la suite de l’arbitrage controversé lui octroyant 403 millions d’euros pour solder son litige avec le Crédit Lyonnais, Bernard Tapie a été mis en examen le 28 juin pour escroquerie en bande organisée. Il lance ici sa contre-attaque qui, en cas de succès judiciaire, pourrait coûter encore plus cher à l’Etat. - Reuters
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’avoir bénéficié, voire initié, en 2009, une ristourne du fisc sur vos indemnités d’arbitrage ?
Une ristourne ? De qui se moque-t-on ? Les impôts liés à l’arbitrage ont été payés sur la base imposée par l’administration fiscale et contrôlés au plus haut niveau de Bercy, après d’ailleurs une consultation qui a été faite par eux auprès du conseiller d’Etat Olivier Fouquet. Un grand nombre de réunions, environ une douzaine, se sont tenues entre les représentants de l’administration, les représentants du Bureau Francis Lefebvre et les liquidateurs et leurs avocats. Je n’ai été invité qu’à une seule réunion. A cette occasion, on m’a signifié que Bercy n’était pas d’accord avec l’analyse du Bureau Francis Lefebvre. Qu’avaient-dit ces experts mandatés non pas par moi mais par les liquidateurs ? Que mes indemnités n’étaient pas assimilables à des dommages et intérêts. Elles ne pouvaient donc pas relever de l’impôt sur les sociétés mais de la fiscalité sur les plus-values. Je précise que le 20 septembre 2013, le Conseil d’Etat, dans une affaire absolument similaire, a confirmé l’analyse du Bureau Francis Lefebvre. J’ai donc payé 7 millions d’euros en trop. J’ajoute que le jour où je me distribuerai l’indemnité que GBT (1) a touché de l’arbitrage, je paierai de nouveau 40 à 50 millions d’euros d’impôts.
Claude Guéant est-il intervenu en votre faveur ?
Claude Guéant, qui est par ailleurs un fonctionnaire de haute qualité, s’y connaît en fiscalité comme moi en numismatique. Quand il était secrétaire général de l’Elysée, s’il est intervenu, cela ne pouvait pas être pour influencer la décision de Bercy. Il n’en avait ni l’envie, ni la compétence, ni le pouvoir.
Revenons à la procédure d’arbitrage. Au vu du dossier d’instruction, que pouvez-nous dire de nouveau sur la nature de vos liens avec Pierre Estoup ?
Pierre Estoup, je ne l’avais jamais vu avant l’arbitrage. J’ai connu André Guelfi pendant ma détention à la Santé. A ma sortie, il m’a gentiment proposé de m’aider en me prenant avec lui dans une société qui facilitait l’implantation de grandes compagnies françaises en Russie. Son avocat, Francis Chouraqui, a rédigé les protocoles d’accord, mais s’est inquiété que mon image de l’époque soit plus un handicap qu’un avantage pour Guelfi. Francis Chouraqui, je l’ai appris beaucoup plus tard, consultait régulièrement Pierre Estoup, ancien président de la Cour d’appel de Versailles. Et c’est à lui qu’il s’est adressé pour vérifier si j’étais quelqu’un en qui on pouvait avoir confiance. J’ai appris tout cela le jour où une collaboratrice de Chouraqui, qui n’a jamais été mon avocat personnel, est venue m’apporter une dizaine d’exemplaires de mon livre « Librement » pour les signer. Et, à la demande formulée sur M. Estoup, elle m’a dit « vous avez de la chance » car ce magistrat a rassuré Me Chouraqui. J’avoue que, traîné dans la boue comme je l’ai été à cette époque, qu’un magistrat me permette de sortir la tête de l’eau grâce à l’enquête qu’il avait bien voulu faire méritait bien cette dédicace élogieuse, dans laquelle d’ailleurs j’ai estropié son nom que j’entendais pour la première fois. Ma relation avec Estoup commence et s’arrête là. D’ailleurs, il y tenait tellement, à mon livre, qu’il a été trouvé chez sa fille, neuf et jamais ouvert !
Votre avocat, Maurice Lantourne, avait, lui, sollicité Pierre Estoup à trois reprises dans de précédentes affaires d’arbitrage...
A trois ou quatre reprises entre 1999 et 2001. Dans sa vie, Pierre Estoup, m’a-t-on dit, a participé à plus de 200 arbitrages. Néanmoins, la question essentielle posée par le CDR était : il y a-t-il eu une dépendance financière en lui et Maurice Lantourne au cours des dix dernières années ? Le CDR a demandé au cabinet d’avocats White & Case d’auditer les comptes d’Estoup : naturellement, ils n’ont rien trouvé.
Selon des propos rapportés par la presse, Pierre Mazeaud, qui présidait le tribunal arbitral, aurait dit aux enquêteurs être convaincu qu’il y a eu « escroquerie »...
Effectivement, la presse s’est fait l’écho d’une info selon laquelle Pierre Mazeaud aurait admis pendant son audition devant la police que cette affaire sentait l’escroquerie. Or, je peux vous faire une révélation qui est contenue dans le procès-verbal de son audition. Quand le policier lui demande de préciser ce qu’il voulait dire, Pierre Mazeaud désigne l’escroc comme étant Jean Peyrelevade, à l’époque président du Lyonnais. Il dit clairement que c’est Peyrelevade l’escroc qui a voulu s’approprier Adidas. Preuve en est que, cet été, Jean Peyrelevade a envoyé un émissaire, Pierre Habib-Deloncle, dire à Mazeaud de faire très attention à ses dépositions. Et que Peyrelevade pourrait l’aider s’il avait des ennuis. A la suite de cette intervention, une plainte pour menace a été déposée contre lui par Pierre Mazeaud. Dans l’affaire Adidas, le voleur, ce n’est pas moi, c’est Peyrelevade.
Evidemment. Même si j’ai face à moi tout l’appareil d’Etat, un Etat socialiste qui, au nom de la justice et de la morale, bafoue en toute conscience les principes élémentaires du droit. Mais, évidemment, j’ai bon espoir. Depuis 1995, les tribunaux m’ont toujours donné raison ! J’ajoute que, ayant obtenu en 2009 la révision du jugement de liquidation, fait rarissime, si l’arbitrage était annulé, tous les effets de la liquidation étant annulés, je serais en mesure de récupérer les actions de BTF (2) que la liquidation des biens m’avait saisies et je serais habilité de ce fait à demander l’annulation de la vente des actions d’Adidas compte tenu du non-respect par le Lyonnais du mandat de vente qui lui avait été donné. Je laisse aux professionnels le soin d’évaluer le risque pour l’Etat.
N’y aurait-il pas, alors, prescription ?
Non, pour plusieurs raisons. D’abord, la demande d’annulation de la vente d’Adidas n’est pas prescrite, car elle a été bloquée par l’arbitrage. Ensuite, la révision du jugement sur GBT date de 2009, soit moins de cinq ans, et n’est donc pas prescrite. Et je vais entreprendre une action subsidiaire pour repousser la prescription.
On parle d’un cabinet noir à l’Elysée qui aurait cherché des informations vous concernant, vous et Nicolas Sarkozy. Ont-ils pu trouver quelque chose ?
S’ils avaient trouvé quoi que ce soit, rassurez-vous, ça aurait fait la une de certains journaux. Que la gauche cherche à nuire à Nicolas Sarkozy, je n’ai pas attendu cette information pour m’en rendre compte. C’est la règle en politique, d’ailleurs c’est la droite qui m’a mis en liquidation en 1995 pour m’empêcher d’être maire de Marseille. Dans cette histoire, je trouve délirant qu’aucun des vingt avocats qui consultent les dossiers chez les juges n’ait eu connaissance de leurs réquisitions, que le journal « Le Monde » possède depuis avril 2013 ! Enfin, les moyens mis en œuvre dans cette affaire sont hallucinants. La semaine dernière, les policiers sont allés interroger à Rennes un de mes employés saisonniers pour savoir qui était venu déjeuner ou dîner chez moi pendant mes vacances. Parfois, j’ai l’impression que c’est pas Bernard Tapie mais Ben Laden qu’on cherche.
Vous avez déclaré récemment que vous étiez prêt à mettre 20 à 25 millions d’euros dans le groupe Nice-Matin/La Provence. D’où vient l’argent ?
Quand on m’a proposé d’entrer au capital de Groupe Hersant Média, il a fallu que j’apporte 20 millions d’euros pour racheter les créances des banques, plus 5 millions d’euros que j’ai mis en réserve, et bien m’en a pris, pour payer les salaires. Et je me suis engagé à mettre entre 20 et 25 millions d’euros de plus pour assurer le développement de l’entreprise et sa pérennité. Je m’y suis engagé devant le ministère de l’Industrie, le tribunal de commerce, les banques et les syndicats. Dieu merci, les juges n’ont pas saisi les biens qui n’ont pas été acquis avec l’argent de l’arbitrage. Heureusement, ces actifs suffisent à couvrir les investissements dont j’ai besoin.
Pour les 20 premiers millions d’euros, j’ai hypothéqué ma maison de Saint-Tropez. Et je ne vais pas hésiter à hypothéquer mon hôtel particulier de la rue des Saint-Pères, auquel je tiens tellement, pour assurer la sauvegarde du groupe et sauver 2.500 emplois. Je pense que Philippe Hersant est prêt à faire la même chose. J’entends dire qu’il cherche un investisseur. S’il ne le trouve pas, nous serons bien entendu contraints de nous séparer. Une décision sera prise avant fin novembre.
Vous croyez donc à l’avenir de la presse écrite...
Je crois à l’avenir de MA presse écrite. Pourquoi ? « Paris » est le premier nom français le plus connu dans le monde, le troisième est le mot « Provence ». Bien entendu, « Provence », pour le monde entier, va de Monaco à Avignon. Pour les étrangers, c’est le symbole de la fête, de la mer, du soleil, du Grand Prix de Monaco, du festival de Cannes, des vedettes à Saint-Tropez… Bref, le lieu où tout le monde a envie de vivre, le lieu qui fait rêver. Et je peux vous dire que cette marque vaut pour moi largement autant que Dior, le Ritz ou Cartier. C’est à partir de ce nom que l’on développera de l’image, de l’événement et des services, et pas seulement pour la France. J’y crois tellement que je suis prêt à faire « tapis ».
1500 tableaux, estimés à un milliard d'euros, découverts à Munich
Des oeuvres de Picasso ont été découvertes dans l'appartement munichois. L'artiste est ici photographié en 1949. Crédits photo : AFP/AFP
Des toiles de Picasso, Matisse ou encore Chagall, confisquées par les nazis ou vendues par des Juifs persécutés, ont été retrouvées dans l'appartement d'un octogénaire, fils d'un célèbre collectionneur allemand qui les avait achetées dans les années 30 et 40.
Son appartement était une véritable caverne d'Ali Baba. Le fils d'un grand collectionneur allemand conservait près de 1500 tableaux de maîtres, dont des oeuvres de Picasso, Matisse et Chagall, dans sa résidence munichoise, a révélé dimanche l'hebdomadaire allemand Focus. Son père, Hildebrand Gurlitt, avait acheté ces toiles dans les années 30 et 40. Les oeuvres ont été découvertes par la police allemande en 2011, mais cette trouvaille n'avait jamais été rendue publique jusqu'à l'article de Focus.
La collection de ces tableaux de grands maîtres du XXe siècle, estimée à environ un milliard d'euros, comprend également des célèbres peintres allemands. Parmi les oeuvres trouvées, se trouve un tableau d'Henri Matisse qui avait appartenu auparavant au collectionneur juif Paul Rosenberg, forcé d'abandonner sa collection lorsqu'il a fui Paris. L
Les toiles avaient été soit confisquées par les nazis à des Juifs et revendues ensuite, soit cédées à bas prix par des Juifs en fuite. Ou encore saisies par des agents du Troisième Reich parce que considérées comme de «l'art dégénéré», courant de peinture dénigré par Hitler.
Conservés au milieu de détritus
Hildebrand Gurlitt, peu apprécié des nazis à cause d'une grand-mère juive, a su toutefois se rendre indispensable auprès des dignitaires du IIIe Reich, grâce à ses innombrables contacts et à ses immenses connaissances artistiques. Il fut ainsi notamment chargé par le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, de vendre dans des pays étrangers des tableaux d'«art dégénéré» exposés dans des musées allemands.
Après la fin de la Seconde guerre mondiale, Hildebrand Gurlitt réussit à se défendre de ses accointances avec les dignitaires du IIIe Reich, en mettant en avant ses origines juives et sa non-appartenance aux organisations nazies. Il affirma également avoir aidé des Juifs et des artistes persécutés en achetant leurs biens.
Pendant près de cinquante ans, son fils, un solitaire sans profession, a gardé ces tableaux dans des pièces sombres de son appartement rempli de boîtes de conserve périmées et de détritus. Au fil des ans, il a vendu certains de ces tableaux et a vécu du produit de ces ventes.
Des étudiants partisans du président déchu Mohamed Morsi et des Frères Musulmans face à l'armée égyptienne, le 28 octobre 2013 devant l'Université du Caire (Photo Khaled Kamel. AFP)
L'ex-président égyptien, renversé début juillet, est accusé d'avoir incité la police à tuer des manifestants en décembre 2012.
Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué par l’armée en juillet, est arrivé lundi au tribunal qui le juge pour «incitation au meurtre» de manifestants, alors que policiers et soldats quadrillent le Caire en prévision de rassemblements de ses partisans. Le premier chef de l’État élu démocratiquement en Egypte était détenu au secret depuis sa destitution le 3 juillet, quelques jours après que des millions d’Égyptiens furent descendu dans la rue réclamer son départ, l’accusant d’accaparer les pouvoirs au profit de sa confrérie des Frères musulmans et de vouloir islamiser la société à marche forcée.
De nouvelles violences sont à redouter car le nouveau pouvoir mis en place par l’armée réprime dans le sang les manifestations pro-Morsi depuis le 14 août, quand policiers et soldats ont tué des centaines de partisans du président déchu en dispersant leurs sit-in au Caire. Depuis, plus d’un millier de manifestants ont été tués et plus de 2 000 Frères musulmans arrêtés, dont leurs principaux leaders, jugés comme Morsi notamment pour «incitation au meurtre».
Mohamed Morsi, qui encourt la peine de mort dans ce procès, est arrivé tôt dans la matinée par hélicoptère dans la cour du tribunal qui siège au sein de l’Académie de police, dans un quartier de l’est de la capitale égyptienne, a annoncé à l’AFP le chef de la police du Caire Osama al-Soghayar. Ses partisans ont déjà annoncé qu’ils ne reconnaîtraient pas l’autorité de ses juges ni la légitimité d’un procès qu’ils estiment orchestré par un pouvoir issu d’un «coup d’Etat» militaire.
Quatorze co-accusés, dont des cadres des Frères musulmans, sont également arrivés au tribunal pour être jugés pour les mêmes chefs d’accusation que Morsi : notamment «incitation au meurtre» de manifestants devant son palais présidentiel le 5 décembre 2012, lors de heurts qui avaient fait au moins sept morts. Les autorités ont annoncé qu’elles avaient déployé 20 000 hommes au Caire, mégalopole de 20 millions d’habitants déjà quadrillée depuis le 3 juillet par les chars de l’armée et d’innombrables barrages de la police.
Procès-«test»
Amnesty International estime que ce procès est un «test» pour évaluer la volonté des autorités intérimaires de respecter les droits de l’Homme. L’ONG les presse d'«amener Mohamed Morsi à l’audience et de lui accorder le droit à un procès juste, en particulier lui permettre de contester les preuves qui pourront être produites contre lui devant le tribunal». «Si ce n’est pas le cas, alors il sera permis de soulever des questions quant aux motivations cachées de ce procès», ajoute l’organisation internationale.
Les avocats de Morsi ont annoncé qu’ils assisteraient au procès non pas pour le défendre devant des juges dont il récuse la légitimité mais «pour surveiller la procédure judiciaire». Les rares personnes ayant vu l'ex-président dans son lieu de détention l’ont trouvé déterminé à défendre sa «légitimité» puisée dans les urnes, comme il l’avait affirmé dans une vidéo le soir de son éviction.
Les faits qui lui sont reprochés avaient marqué un important tournant dans sa présidence : après six mois au pouvoir, il avait édicté un décret le plaçant au-dessus de tout contrôle judiciaire, déclenchant des manifestations devant la présidence.
Estimant que la police n’avait pu protéger le président, les Frères musulmans avaient appelé leurs partisans à déloger les protestataires. Ces violences - qui s’étaient soldées par sept morts - avaient soudé les rangs de l’opposition anti-Morsi qui, six mois plus tard, descendait dans la rue pour réclamer son départ et l’obtenait de la main des militaires.
Depuis la répression extrêmement sanglante des manifestations pro-Morsi en août, les Frères musulmans, décimés ou emprisonnés, peinent à mobiliser des foules malgré des appels quotidiens manifester «pacifiquement». Mais leur détermination pourrait déclencher un nouveau bain de sang lundi s’ils s’approchent du tribunal ou bloquent des artères importantes du Caire.
Car le gouvernement intérimaire dirigé de facto par l’armée, qui a promis des élections législatives et présidentielle pour 2014, a prévenu qu’il sévirait en cas de manifestations importantes. Depuis le 14 août, policiers et soldats ont reçu l’autorisation d’ouvrir le feu sur tout manifestant qui se montrerait hostile ou s’en prendrait à un bien public, un blanc-seing interprété de la manière la plus large par les forces de l’ordre depuis.
Egypte : le procès de l'ex-président
Morsi ajourné
Le procès du président déchu Mohamed Morsi et de 14
dirigeants des Frères musulmans a été ajourné lundi matin au Caire. Premier
président démocratiquement élu du pays, il avait été renversé le 3 juillet
dernier après de grandes manifestations de rue. Depuis, la confrérie des Frères
musulmans fait l'objet d'une répression de grande ampleur qui inquiète les
défenseurs des droits de l'Homme et le pays vit dans l'instabilité et la
violence politique. Les Etats-Unis, à travers John Kerry, ont apporté leur
soutien au pouvoir en place et aux militaires.
Ce n'est pas parce qu'un ancien dirigeant égyptien
est déjà passé devant la Justice que l'Egypte aborde tranquillement ce genre de
procès. Après la comparution, toujours pas terminée, de l'ancien Raïs Hosni
Moubarak, qui avait donné lieu à des violences, celle de Mohamed Morsi a de quoi
inquiéter sur les rives du Nil. Mais à peine démarré lundi matin, le procès a
finalement été ajourné.
Les Frères musulmans, partisans du président déchu,
ont déjà prévenu : "si Morsi est condamné, il y
aura une escalade majeure par le biais de manifestations pacifiques et sans
l'usage de la force", prédit un haut responsable de la confrérie, sans
exclure que d'autres islamistes puissent prendre les armes contre l'Etat. Car
Mohamed Morsi et ses 14 co-accusés, dirigeants des Frères musulmans, risquent la
peine de mort ou la prison à vie.
Répression contre attentats
Ils devaient comparaître pour
incitation au meurtre et à la torture de manifestants devant le palais
présidentiel Etihadeya en décembre 2012. L'acte d'accusation se réfère à la mort
de dizaines de personnes lors d'affrontements entre Frères musulmans et
opposants qui protestaient contre un décret étendant les pouvoirs de Mohamed
Morsi, élu démocratiquement - le premier du genre en Egypte - six mois plus
tôt.
Mais depuis son renversement le 3 juillet après des
manifestations monstres, la violence n'a pas faibli. Le gouvernement
intérimaire, soutenu par l'armée, s'est lancé dans une répression de grande
ampleur contre les Frères musulmans. Les arrestations se comptent par centaines,
les morts aussi, comme lors de l'assaut donné par l'armée contre les campements
pro-Morsi au Caire, le 14 août. Les forces de l'ordre ont alors bénéficié d'une
large impunité. Et dans les semaines qui ont suivi, des attentats ont coûté la
vie à une centaine de membres des forces de l'ordre à travers le pays.
Les organisations de défense des droits de l'Homme
s'inquiètent de la partialité de la Justice. La liberté d'expression est aussi
attaquée, avec des emprisonnements de journalistes ou la déprogrammation d'une
célèbre émission d'humour, qui avait écorné le nouvel homme fort du pays, le
général Abdel Fattah al Sissi.
Soutien américain
Alors que l'économie du pays, basée sur le tourisme
et les investissements étrangers souffre, le pouvoir en place a reçu le soutien
des Etats-Unis, via le secrétaire d'Etat John Kerry, qui s'est rendu au Caire ce
week-end. Il assure avoir vu des signes que l'Egypte va vers la démocratie et a
minimisé la suspension d'une partie de l'aide militaire américaine.
Une militante de l'Unef avoue avoir menti sur son agression
Fin octobre, la jeune femme avait porté plainte en assurant avoir été insultée et menacée à Paris. Elle a finalement avoué avoir menti.
L’une des deux militantes du syndicat étudiant Unef qui avaient porté plainte en assurant avoir été agressées à Paris a reconnu avoir menti sur son agression pour donner plus d’ampleur à la première affaire, a-t-on appris lundi de sources proches du dossier.
Cette militante, étudiante à l’université de Nanterre, avait porté plainte, expliquant avoir été bousculée le 21 octobre dans le quartier de Bastille, insultée et menacée : «On va te violer, sale Arabe. On sait où t’habites, sale gauchiste», lui avait lancé son agresseur, avait rapporté un porte-parole du syndicat. Elle est convoquée prochainement en justice pour «dénonciation de délit imaginaire», a précisé l’une des sources.
L’agression qu’elle avait dénoncée faisait suite à une autre survenue quatre jours plus tôt visant également une militante de l’Unef, étudiant à Paris-I, prise à partie en bas de chez elle à Paris, dans un contexte tendu entre les militants de ce syndicat de gauche et des organisations d’extrême droite. L’annonce de ces deux agressions successives avait soulevé l’inquiétude au sein de l’Unef.
Mais près d’une semaine après le dépôt de cette seconde plainte, les enquêteurs du 3e district de la police judiciaire chargés de cette affaire ont convoqué cette étudiante de Nanterre. Elle a alors avoué face aux policiers avoir «inventé cette histoire», et a été placée en garde à vue quelques heures, selon une source proche de l’enquête. Face aux enquêteurs, elle a expliqué son mensonge par la volonté de donner plus d’ampleur à la première agression visant l’Unef, selon l’une des sources.
Tuerie de Chevaline : le portrait-robot du motard diffusé
La présence du motard sur le site de la tuerie était connue des enquêteurs mais son signalement n'avait jamais été rendu public.
"Plus que le portrait-robot en lui-même, c'est le type de casque qui est intéressant", a souligné le lieutenant-colonel Benoit Vinnemann. (BFMTV)
Le 5 septembre 2012, Saad al-Hilli, Britannique d'origine irakienne de 50 ans, sa femme et sa belle-mère avaient été tués de plusieurs balles dans la tête sur un parking forestier à Chevaline. Un cycliste de la région, probable victime collatérale, avait également été abattu.
La présence d'un mystérieux motard sur les lieux du crime était connue de longue date des enquêteurs, grâce à des témoignages d'agents de l'Office national des forêts (ONF). Mais ces derniers avaient délibérément choisi de ne pas diffuser son signalement pour se donner plus de chance de confondre un éventuel suspect.
Un casque diffusé à moins de 8.000 exemplaires
"Plus que le portrait-robot en lui-même, c'est le type de casque qui est intéressant", a souligné le lieutenant-colonel Benoit Vinnemann, chef de la section de recherches de la gendarmerie de Chambéry. "On se disait que si l'on retrouvait ce casque au cours d'une perquisition au domicile de quelqu'un d'intéressant pour l'enquête, c'était un élément à charge", a-t-il ajouté.
Il s'agit d'un casque intégral qui présente la particularité de s'ouvrir sur le côté au niveau de la bouche afin de permettre à son propriétaire d'entamer une discussion sans avoir à le retirer. De fabrication française, ce modèle existe à moins de 8.000 exemplaires dans la couleur aperçue par les témoins.
Les enquêteurs ont essayé de pister ce casque en épluchant les fichiers clients des distributeurs mais, ce produit étant déjà ancien, ceux-ci avaient souvent disparu. Ils ont en outre mené une veille sur les sites internet de ventes d'occasion et identifié les vendeurs de ce type de casque. Mais après un an d'investigations, le casque et son propriétaire restent cependant introuvables.
Un 4x4 BMW également recherché par les enquêteurs
La diffusion du portrait-robot est donc un moyen pour les enquêteurs de relancer les recherches en suscitant de nouveaux témoignages. Un numéro vert a été mis en place spécialement pour recevoir les appels des témoins. Les enquêteurs en attendent de nombreux car "beaucoup de gens avec un bouc et un casque pourraient correspondre" au signalement diffusé, selon Benoit Vinnemann.
Le portrait-robot ne donne toutefois pas d'indication sur la corpulence, la langue ou l'accent du motard, alors même que ce dernier s'était adressé aux agents de l'ONF, qui lui avaient demandé de rebrousser chemin car il s'était aventuré sur une route interdite à la circulation.
"On ne veut pas limiter les appels, ni se fermer de portes. C'est à nous de faire le tri avec les éléments dont on dispose", a expliqué le lieutenant-colonel Vinnemann. Les enquêteurs refusent par ailleurs de faire du motard le suspect n° 1 de la tuerie de Chevaline.
Pour nous, c'est quelqu'un qui était assez proche des lieux dans un créneau de temps qui nous intéresse et qui est susceptible d'avoir fait ou d'avoir vu quelque chose. Il est potentiellement l'auteur mais il est surtout un témoin", a souligné Benoit Vinnemann.
Le fait que ce motard recherché depuis des mois ne se soit jamais présenté aux enquêteurs laisse cependant planer de fortes suspicions sur son éventuelle participation à la tuerie. Un 4x4 BMW à conduite à droite, gris ou de couleur sombre, est aussi recherché et avait fait l'objet d'un appel à témoins en avril.
Une des hypothèses de travail est que la famille al-Hilli était suivie par la BMW qui a alerté le motard. Ce dernier aurait profité d'un endroit isolé pour passer à l'acte. Dans cette hypothèse d'un meurtre commandité, les enquêteurs s'intéressent à trois pistes principales : le conflit familial sur fond d'héritage, l'Irak et l'espionnage industriel.
La justice espagnole saisit des propriétés du gendre du roi pour 6,1 millions d'euros
Le Monde.fr
La justice espagnole a annoncé, lundi 4 novembre, avoir décidé de saisir, pour l'équivalent de 6,1 millions d'euros, des biens du gendre du roi, Iñaki Urdangarin, poursuivi dans un scandale de corruption, afin de couvrir une caution civile.
Iñaki Urdangarin, époux de l'infante Cristina, la fille cadette du roi Juan Carlos, et Diego Torres, son ex-associé, se sont vu imposer par la justice, le 30 janvier, une caution de 8,189 millions d'euros, fixée à 6,1 millions d'euros selon la décision du juge publiée lundi. Les deux hommes ont toujours contesté toute activité délictueuse dans le dossier Palma Arena, une vaste affaire de corruption aux Baléares.
ARGENT PUBLIC DÉTOURNÉ
Dans sa décision du 30 janvier, le juge instructeur José Castro avait expliqué que la caution civile correspondait à la somme d'argent public qu'il estimait avoir été détournée, notamment par l'intermédiaire de l'Institut Noos, une société de mécénat dirigée de 2004 à 2006 par Iñaki Urdangarin.
Parmi les 16 biens visés figurent la moitié de la villa des époux, dans le quartier huppé de Pedralbes à Barcelone, et la moitié de biens appartenant à la société Aizoon, détenue à parts égales par le couple.
La décision reprenait l'argumentation du parquet qui estimait que les personnes mises en cause avaient "pour seul objectif de détourner des fonds publics pour leur propre bénéfice ou celui d'autrui". Par la suite, cette somme a été révisée à 6,1 millions d'euros.
Lorsque le scandale a éclaté à la fin de 2011, Iñaki Urdangarin a été écarté des apparitions publiques de la famille royale. Le gendre du roi et l'infante Cristina sont par ailleurs soupçonnés par le juge de fraude fiscale. Cette affaire a plongé la monarchie espagnole dans sa plus grave crise depuis le retour de l'Espagne à la démocratie après la fin de la dictature franquiste, en novembre 1975.
SOCIAL
Perturbations dans quelques lycées autour de l'affaire Leonarda
Seuls huit lycées parisiens étaient ce lundi le théâtre de blocus en guise de protestation contre les expulsions d'enfants scolarisés. Une manifestation est prévue en fin de matinée dans la capitale.
Vincent Peillon a exhorté lundi les lycéens mobilisés pour demander l’arrêt des expulsions d’enfants scolarisés à ne pas recourir à la «violence» et aux «blocus». Selon le rectorat de Paris, huit lycées - sur une centaine - subissaient de «fortes perturbations». Des poubelles bloquaient l’entrée des lycées Turgot et Maurice-Ravel, ont constaté des journalistes de l’AFP. Devant ce dernier, des jeunes excédés essayaient de forcer l’entrée. C’est «un blocus de trop», affirme Elsa, en terminale STMG.
Les lycées Charlemagne, Paul-Valéry et Dorian étaient également bloqués selon président de l’organisation lycéenne Fidl Maximilian Raguet. «Une manifestation partira à 11 heures de la place de la République à Paris», a-t-il ajouté. «Pas de violence, pas de blocus», a demandé sur France Inter le ministre de l’Education nationale. «Leur émotion légitime a été entendue, je l’avais souhaitée, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ont rédigé une circulaire qui sanctuarise l’école et le périscolaire». «Je demande aux lycéens de faire attention à cette générosité qui est la nôtre, nous avons compris cette émotion», a-t-il ajouté. «Il ne faut pas empêcher, quand on veut la scolarisation des enfants, ses autres camarades d’être scolarisés. Donc pas de violence, pas de blocus. Je demande aux uns et aux autres d’être cohérents», a dit Vincent Peillon.
«Maladresses corrigées»
Interrogé sur le fait de savoir si le gouvernement «irait plus loin dans les règles concernant les expulsions de famille avec des enfants scolarisés», le ministre a répondu : «Non, nous sommes d’unes extrême générosité, tant mieux, c’est la tradition de la France.» «Nous traitons au cas par cas. Il peut y avoir (...) des difficultés par moment, des maladresses, elles ont été corrigées.» «Nous éviterons que ça se reproduise, mais nos procédures, le respect du droit, l’accueil de ceux qui en ont besoin, l’école ouverte à tous» permettent d’accueillir «par exemple les enfants roms sans demander l’origine, la nationalité», a fait valoir Vincent Peillon.
Les organisations lycéennes UNL et Fidl et étudiante Unef appellent à manifester de nouveau mardi et jeudi partout en France contre les expulsions de jeunes étrangers scolarisés, illustrées par l’affaire Leonarda, jugeant que François Hollande n’a pas répondu à leur revendication d’une autre politique migratoire. La Fidl appelle également à «une semaine d’actions» (distributions de tracts, rassemblements, AG...) à partir de ce lundi.
Les organisations réclament le retour de la collégienne rom Leonarda Dibrani, 15 ans, expulsée le 9 octobre du Doubs vers le Kosovo après avoir été remise à la police lors d’une sortie scolaire, et le retour de Khatchik Kachatryan, 19 ans, lycéen à Paris expulsé le 12 octobre vers l’Arménie. «Il y a l’école qui reprend en France, donc j’ai envie de rentrer (...). Avec ma sœur si je reviens, au moins je serai dans une famille d’accueil», a dit lundi Leonarda sur RTL.
Elle avait auparavant, après avoir hésité, assuré de ne pas vouloir regagner la France sans ses parents, qui ont déposé un recours pour obtenir un titre de séjour.
SOCIETE
Des médecins complices de torture dans les prisons militaires de la CIA
Le Monde.fr avec AFP
Des militaires qui ont détourné le serment d'Hippocrate et des médecins transformés en agents du renseignement ? Ce sont les accusations portées par un rapport indépendant publié lundi 4 novembre, qui dénonce la complicité des professionnels de la santé concernant les abus commis dans les prisons du Pentagone et de la CIA.
Cette étude de deux ans, intitulée "L'éthique abandonnée : professionnalisme médical et abus sur les détenus dans la guerre contre le terrorisme", réclame une enquête de la commission du renseignement du Sénat américain. "Le ministère de la défense et la CIA ont exigé de façon abusive de [leurs] professionnels de santé qu'ils collaborent à des opérations d'extorsion d'informations et de sécurité de telle manière qu'ils ont infligé des souffrances graves aux détenus", souligne le rapport.
Parmi ces pratiques, l'étude, conduite par 20 experts juridiques, médecins et militaires, relève la "conception, la participation et l'application de tortures et de traitements cruels, inhumains et dégradants" sur des hommes en détention dans des prisons américaines en Afghanistan, à Guantanamo ou dans les sites secrets de la CIA. "Au nom de la sécurité nationale, les militaires ont détourné le serment [d'Hippocrate] et les médecins ont été transformés en agents du renseignement", a fustigé le docteur Gerald Thomson, professeur de médecine à l'université Columbia.
Egalement coauteur, Leonard Rubenstein, professeur de droit de la santé publique à l'université Johns-Hopkins, a cité l'alimentation forcée des grévistes de la faim à Guantanamo, les interrogatoires musclés et les simulations de noyade de suspects de terrorisme dans les prisons secrètes de la CIA. Les médecins ou les infirmiers "légitiment ces pratiques, par leur présence et en disant qu'elles sont médicalement acceptables", a-t-il déclaré, affirmant que ces abus sous couvert médical "ne sont pas derrière nous dans ce pays".
Interrogée, la CIA estime que ce rapport "contient des inexactitudes graves et des conclusions erronées". "Il est important de souligner que la CIA n'a plus de prisonnier en détention et que le président Obama a mis fin au programme de détention et d'interrogatoire par décret en 2009", a déclaré son directeur de la communication, Dean Boyd.
La réaction est identique au Pentagone, où le porte-parole Todd Breasseale a précisé qu'"aucun des détracteurs n'a en fait accédé aux détenus, à leurs rapports médicaux ou aux procédures" à la prison de Guantanamo. Il a salué le grand professionnalisme des médecins, y travaillant "dans des conditions de grand stress" et apportant "les meilleurs soins que les détenus aient jamais connus".
Besançon : inscriptions racistes sur deux mosquées
Des slogans racistes et des croix gammées ont été inscrits dans la nuit de dimanche à lundi sur les murs de deux mosquées de Besançon (Doubs). Trois croix gammées, les inscriptions «la France aux français», «vive la France», «les arabes dehors» et «mort aux musulmans» ont été tracées à la peinture noire sur une mosquée du quartier Planoise.
«C'est un membre de la mosquée qui a découvert les inscriptions ce matin», a précisé Isabelle Epaillard-Patriat, directrice de cabinet de la préfecture du Doubs, attendue sur place.
Une croix gammée et l'inscription «vive le FN» tracées à la peinture noire ont par ailleurs été découvertes sur le mur d'enceinte de la mosquée Souna, dans le quartier Saint-Claude, selon France Bleu Besançon.
Fin août un sigle SS, une croix celtique, et les mots «Vive la France» et une rune d'Odal, symbole des jeunesses hitlériennes sous le IIIe Reich, avaient déjà été tagués à la bombe de peinture noire, sur le mur d'enceinte de la mosquée Souna. Elle avait également été prise pour cible au mois de février. Une étoile de David avait alors été découverte taguée sur l'un des piliers du mur d'enceinte.
“ANDHAVISHWAS” : LA SUPERSTITION
Courrier international
Calligraphie d’Abdollah KiaieCourrier International
Le mot “superstition” se dit andhavishwas en hindi. Or le sens de ce mot est à la fois plus précis et plus fort que la simple superstition. C’est un mot composé : andha veut dire “aveugle” et vishwas, “foi”, “croyance”. Andhavishwas, c’est donc la croyance aveugle, le fait de croire sans comprendre ce à quoi l’on prête foi. On comprend mieux combien la foi aveugle doit être considérée avec méfiance quand on sait que vishwas vient du sanscrit vishwa, qui signifie “universel”, “omniprésent”, “entier”. Andhavishwas, la superstition, serait donc l’aveuglement devant ce qui est fondamental et universel. La promotion de superstitions en tous genres est une véritable industrie en Inde, et fait la fortune des plus rusés aux dépens d’un public trop ignorant ou trop crédule. Et ceux qui osent faire la lumière sur les tromperies de sages ou saints hommes autoproclamés, ceux qui démontent leurs prétendus miracles prennent de gros risques. Le Dr Narendra Dabholkar, célèbre militant contre la superstition qui proposait à des villageois indiens des explications scientifiques à la place de croyances comme la possession des femmes ou des enfants par des mauvais esprits, a été tué le 20 août dernier. Son assassinat est certainement l’œuvre d’entrepreneurs de la superstition dont les affaires souffraient de l’existence d’un public averti. Malheureusement, le peuple peut aussi se révolter contre ceux qui l’éloignent de superstitions rassurantes. Vivre les yeux ouverts n’est pas toujours facile, surtout dans un pays où la pauvreté, l’ignorance et les inégalités sociales sont loin d’être vaincues.
—Mira Kamdar,
Calligraphie d’Abdollah Kiaie
Natation: 7 jours de détention pour Sun Yang, pour conduite sans permis
AFP
Le nageur chinois Sun Yang, double champion olympique et véritable star en Chine, a été condamné à sept jours de "détention administrative" pour conduite sans permis, a annoncé lundi le Quotidien des Lois sur son site internet.
Condamné par un tribunal de simple police, Sun devra effectuer sa peine dans un établissement réservé aux délits mineurs, distinct d'une prison. Le multiple champion du monde a également été condamné à une amende, dont le montant n'a pas été indiqué.
Le nageur, âgé de 21 ans, avait pris une volée de bois vert toute la journée sur l'internet et avait dû présenter ses excuses pour avoir conduit sans permis une Porsche Cayenne, emboutie par un autobus à Hangzhou (est).
Bien que sans gravité, l'accident, abondamment répercuté dans les médias chinois, avait surtout permis de découvrir que Sun conduisait sans permis.
Sun, qui avait conquis la gloire à Londres en même temps que les médailles d'or du 400 et du 1.500 mètres nage libre, avait reconnu son "erreur" sur son compte de microblog du réseau Weibo, équivalent chinois de Twitter.
Mais il avait outragé les internautes en expliquant que ses "faibles connaissances juridiques" venaient du fait qu'il est "trop occupé par ses entraînements sportifs".
Des arguments qui n'ont pas convaincu le tribunal de police de Hangzhou. Sun était passible d'une amende de 200 à 2.000 yuans (de 24 à 240 euros) ainsi que d'une peine d'emprisonnement allant jusqu'à 15 jours.
"Tu as un diplôme de la maternelle ou quoi ? Même à l'école primaire, on sait qu'il faut avoir son permis pour rouler", avait ironisé un usager de Weibo.
"C'est une figure publique, comment ose-t-il implorer le pardon après avoir commis pareille erreur volontairement, en se moquant éperdument de la vie des autres ?", s'était emporté un autre.
Le code de la route est dans l'ensemble fort peu respecté en Chine, mais les infractions commises par des personnalités font l'objet d'une attention particulière sur internet.
Chine: 1.000 chats relâchés en pleine forêt par les autorités
(AFP)
Pékin — Plus de mille chats, sauvés de la casserole par des militants chinois de la cause animale, ont finalement été relâchés en pleine forêt par des autorités locales, au grand dam de leurs défenseurs, a rapporté un témoin à l'AFP.
Les amis des bêtes et la police avaient intercepté mardi un camion "rempli de chats" âgés de 4 à 6 mois, a raconté un volontaire de l'Association de protection des petits animaux de Wuxi, dans la province du Jiangsu (est).
Mais les matous confisqués ont finalement été livrés à eux-même dans les forêts des montagnes environnante par le comité agricole du gouvernement local, a déclaré ce militant, nommé Ni.
"Ces chats que nous avons sauvés étaient destiné à finir dans l'estomac de gens de Canton (sud). Nous ne voulions évidemment pas qu'ils soient relâchés ainsi dans la nature, nos volontaires avaient des foyers pour les placer", s'est-il indigné.
Les défenseurs des animaux ont donc mis sur pied des battues à travers les collines boisées, qu'ils ratissent armés de cages, avec l'espoir de pouvoir faire adopter les félins qu'ils réussiront à retrouver.
"Chaque soir, nous avons des volontaires qui partent à leur recherche", a expliqué Ni. Seule une cinquantaine ont été récupérés lundi.
"Certains chats meurent de faim, d'autres se sont fait écraser par des automobiles", a poursuivi Ni.
La cargaison de félins avait été saisie car le chauffeur du camion n'était pas en possession des certificats adéquats. Mais, faute de fonds suffisants pour en prendre soin, les autorités avaient dû les relâcher dans la nature.
Les Chinois sont de plus en plus nombreux à militer pour la défense des animaux et à mettre sur pied des opérations pour les sauver des casseroles. Près de 600 chats avaient ainsi été sauvés en janvier après un accident de camion. Et un convoi transportant plus de 500 chiens vendus pour leur viande avait été stoppé sur une voie rapide de Pékin en 2011.
Le chat n'a pas sa place dans les assiettes dans la plupart des régions chinoises, mais il figure au menu de certains restaurants dans le sud du pays.
DIVERS
Hôtel-Dieu: fin du compte à rebours pour les urgences
(AFP)
Paris — Les urgences du plus vieil hôpital parisien, l'Hôtel-Dieu, sont remplacées à partir de lundi par un centre de consultations 24 heures sur 24, en dépit d'une vive opposition et de l'embarras des politiques à l'orée de l'hiver et des municipales.
Les pompiers cessaient déjà progressivement, depuis le 22 octobre, de conduire des patients aux urgences de cet établissement à deux pas de la cathédrale Notre-Dame, se dirigeant vers d'autres hôpitaux. A partir de lundi, ils ne devraient plus venir du tout.
Les personnes arrivant à l'Hôtel-Dieu par leurs propres moyens - soit les trois quarts de la fréquentation, selon la direction - seront toujours accueillies par des médecins, à toute heure et sans rendez-vous. Elles seront transférées ailleurs en ambulance si leur état nécessite des examens plus poussés ou une hospitalisation.
"Il n'y aura pas de changement pour les Parisiens puisque les personnes qui se présenteront, quel que soit le moment du jour ou de la nuit, seront prises en charge avec une qualité et une sécurité garanties", assure à l'AFP Nicolas Péju, porte-parole de l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France.
"Il y a absolument la continuité du service pour la population", insiste-t-il.
La fin des urgences suscite la polémique depuis l'annonce en mai du projet de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui souhaite transférer son siège à l'Hôtel-Dieu et convertir l'établissement en centre de recherche et d'enseignement, sans lits d'hospitalisation.
Les opposants jugent que ce projet va mettre en danger les patients en provoquant une "sursaturation" des urgences des autres établissements parisiens. La réorientation des flux de patients n'est pas "de nature à engorger les autres sites d'autant que leurs moyens seront renforcés", rétorque M. Péju.
Les urgences "ne ferment pas, elles évoluent"
Les nouvelles consultations en médecine générale ont débuté le 7 octobre à l'Hôtel-Dieu et l'AP-HP prévoit une montée en charge, jusqu'à accueillir 30.000 personnes par an.
Le bureau de la commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP, sorte de parlement des médecins, a réaffirmé mercredi son soutien au projet de la direction.
"Les urgences de l'Hôtel-Dieu ne ferment pas, elles évoluent vers un nouveau modèle d'accueil pour les patients ayant besoin d'un avis médical sans délai, dans un environnement enrichi (plateau technique d'imagerie et de biologie) et sûr (présences de médecins urgentistes, ambulance du Smur)", a rapporté le président de la CME, Loïc Capron.
Reste que, à quelques mois des élections municipales, les propos des politiques au pouvoir ont nourri le flou autour de la fermeture.
Face à une controverse menaçant de peser sur la campagne des socialistes parisiens, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait déclaré en juillet qu'elle allait "décaler" la date de fermeture afin de ne "prendre aucun risque sur la prise en charge des urgences à Paris au début de l'hiver prochain". Elle avait affirmé par la suite que cette date ne lui "paraissait pas responsable, ni raisonnable".
Les défenseurs des urgences dénoncent le "double jeu" de Mme Touraine qui n'a pas, depuis, contrecarré le calendrier de la direction.
"On demande que les politiques reprennent le pouvoir et qu'ils disent stop à ce démantèlement", pressait vendredi Guillaume Gandoin, infirmier aux urgences.
2 avions se percutent, les passagers étaient parachutistes
Les deux appareils, qui se sont heurtés dans le ciel du Wisconsin aux Etats-Unis, transportaient des parachutistes professionnels qui ont sauté à temps.
C'est un miracle aérien digne d'un film hollywoodien. Deux avions sont entrés en collision en plein vol, samedi 2 novembre au soir, dans le ciel de l'Etat du Wisconsin (Etats-Unis), sans faire de morts ni de blessés graves, rapporte l'agence américaine Associated Press. Le tout à 3.600 mètres d'altitude.
Si le bilan est aussi miraculeux, c'est parce que les deux appareils à hélices emportaient à leur bord des parachutistes aguerris – neuf au total -, ajoutés au deux pilotes professionnels.
Mike Robinson, l'un des instructeurs, raconte que lui et trois autres parachutistes étaient dans l'avion de tête, lorsque le deuxième appareil - qui transportait à son bord cinq autres parachutistes -, a heurté son avion, qui a perdu dans l'impact l'une de ses ailes.
Heureusement, la plupart des parachutistes étaient sur le point d'effectuer leur dernier saut de la journée et se trouvaient ainsi près de la porte.
De fait, ils ont pu sauter à temps avec les deux pilotes. En ouvrant leurs parachutes entre 1.500 et 900 mètres, ils ont pu atterrir en toute sécurité.
Un blessé léger
"Nous faisons cela très souvent", a déclaré l'instructeur. "Nous ne savons pas ce qui a pu se passer pour provoquer cet accident."
Seul l'un des pilotes, qui s'est mal réceptionné après son saut, a dû être conduit à l'hôpital le plus proche pour des blessures mineures.
Le 19 octobre, un accident de parachutisme en Belgique avait coûté la vie à 11 personnes. Une partie de l'aile de l'avion s'était brisée quelques minutes après son décollage d'un aérodrome. Les parachutistes, âgés de 20 et 40 ans, fêtaient un anniversaire, mais n'ont pas été en mesure de sauter à temps.
L’Américain Walter Hunt (1796 – 1859) est un
homme peu connu du grand public. Pourtant, il est à l’origine d’outils et de
machines en tout genre dont on se sert encore aujourd’hui… l’épingle de
sécurité, la machine à coudre, la machine à filer le lin et bien d’autres
choses: c’est lui!
Cet inventeur génial a néanmoins un défaut de taille:
il n’est pas très doué pour les affaires… Un exemple?
Il invente l’épingle de sécurité en 1849 en à peine quelques
heures mais en vend le brevet pour 400$ à une connaissance afin
de rembourser une dette de 15$… Cette « connaissance » est à la tête d’une
entreprise et engrangera une petite fortune grâce à lui. Le pire, c’est que la
légende affirme que Walter Hunt se sent très fier d’avoir généré un tel
profit!
– Nan mais t’imagines comme j’suis doué? Trois heures à
réfléchir à un truc et bim! 400$ in the pocket!
– Euh… Walter, t’es au courant que t’aurais pu gagner des
millions avec ça?
– Hein? Nan, mais t’inquiète pas… J’suis sur une découverte,
là, ça va dépoter sévère!
Sa réaction suite à la découverte de la
navette, un dispositif bien pratique améliorant grandement les
performances de la machine à coudre inventée par le frenchie Barthélemy
Thimonnier quelques années auparavant (1830), ferait rugir tout homme d’affaires
digne de ce nom. Jugez plutôt: par conviction politique, il refuse d’en déposer
le brevet, par crainte que celle-ci soit à l’origine d’une vague de
chômage chez les couturières. Une pensée louable mais qui ne sert
malheureusement pas à grand chose quand un inconnu, un certain Elias Howe,
s’empare de sa découverte quelques années plus tard, bien décidé pour sa part à
engranger le maximum de profits!
– Nan, mais tu comprends, ça me gêne de piquer le boulot des
couturières.
– Euh… Walter, tu sais qu’avec ton raisonnement, on en serait
encore à l’âge de pierre? Réfléchis, mec, tu pourrais te faire des couilles en
or!
– Hein? Nan, mais t’inquiète pas… J’suis sur une découverte,
là, ça va dépoter sévère!
Il tentera désespérément de récupérer la paternité de sa
machine à coudre en collant un procès aux fesses d’Elias Howe… un procès
qu’il perdra, bien sûr! Comme dirait l’autre, on ne peut pas être bon
partout!
Principe de fonctionnement de la machine à coudre
(source: Wikipedia)
L’auteur de « Au revoir là-haut » remporte le Prix Goncourt. De son côté, Yann Moix empoche le Prix Renaudot.
Pierre Lemaître, auteur de « Au revoir là-haut » , a reçu lundi le prix Goncourt 2013. Le jury présidé par Edmonde Charles-Roux a donc attribué la récompense suprême 2013 à un livre à la fois populaire et ambitieux. Trois autres auteurs figuraient parmi les finalistes : le Belge Jean-Philippe Toussaint, 55 ans, lauréat du prix Médicis en 2005 ; Frédéric Verger, 54 ans, professeur en banlieue parisienne, et Karine Tuil.
C’est aussi une heureuse nouvelle pour l’éditeur Albin Michel, qui n’a pas décroché le Goncourt depuis 2003.
Vous avez aimé « La chambre des officiers » de Marc Dugain ? « Les Ames grises » de Philippe Claudel ? Alors jetez-vous sur le roman de Pierre Lemaître « Au revoir là-haut ». Récit efficace, style impeccable, sens de l’humour et du tragique, c’est une réussite. De celles qui réconcilient la littérature populaire et la littérature tout court. De celles qui pourraient réconcilier le grand public avec le Goncourt.
L’histoire commence dans les premiers jours de novembre 1918. La messe est dite pour les boches. Dans les tranchées, on n’attend plus que l’annonce de la reddition allemande. Personne ne songe à se battre, les survivants trop heureux d’avoir échappé à la boucherie.
Et pourtant, sur le front de la Meuse, le lieutenant Henri d’Aulnay-Pradelle, aristo fin de race, rêve d’un dernier exploit héroïque qui lui permettrait de passer in extremis capitaine. Comme personne ne veut y aller, l’ambitieux gradé commence par envoyer deux éclaireurs, lesquels se font tirer comme des lapins, ce qui déclenche la fureur des poilus, qui partent à l’assaut, la colère aux tripes. Parmi eux, Albert Maillard, caissier de banque dans le civil, brave mais pas téméraire.
Dépassant le corps des deux éclaireurs, Albert découvre avec stupéfaction que les camarades qu’il est parti venger ont été tués d’une balle dans le dos. Le coupable ? Aulnay-Pradelle, bien sûr. Mais Albert n’a pas le temps d’utiliser cette information capitale, il se retrouve enseveli sous 20 centimètre de terre. Il y serait resté, mort et étouffé, sans le courage d’un collègue de tranchée, Edouard Péricourt, un grand bourgeois de la plaine Monceau qui risque sa vie pour lui. Mais le courageux Péricourt reçoit dans la manœuvre un éclat d’obus qui lui fracasse le bas du visage. « En dessous du nez, tout est vide, on voit la gorge, la voûte, le palais et seulement les dents du haut, et, en dessous, un magma de chairs écarlates avec au fond quelque chose, ça doit être la glotte, plus de langue, la tranchée fait un trou rouge, humide… »
Arnaque et trafic de cercueils
Rendu à la vie civile, Albert prend soin d’Edouard qui refuse de retourner dans cet état au sein de sa famille. Albert est sans le sou – la République n’est guère reconnaissante à l’égard de ses « glorieux martyrs » – et pourtant il doit trouver de l’argent pour les ampoules de morphine nécessaires pour calmer la douleur effroyable d’Edouard. Le petit caissier timoré est prêt à tout pour son sauveteur, les boulots les plus humiliants et jusqu’au crime.
Finalement, Edouard, dessinateur de génie, et Albert, artiste en maquillage de bilan, à bout de ressources, vont unir leurs compétences dans le cadre d’une arnaque, aux monument aux morts, par eux imaginée. Pendant ce temps, le très cynique Aulnay-Pradelle, qui a épousé la sœur d’Edouard, fait son chemin dans le gotha et fortune dans le trafic des cercueils et des places de cimetière. Tout cela n’est pas joli joli, mais les comptes, comme dirait Albert le caissier, finiront bien par être soldés…
AU REVOIR LA-HAUT de Pierre Lemaître, Albin Michel, 560 pages, 22,50 euros
Le Renaudot pour Yann Moix
Le roman de Yann Moix « Naissance » a, lui, été récompensé du prix Renaudot, par 6 voix au 1er tour. Ce pavé de quelque 1.200 pages, « aussi gros qu’une femme enceinte de neuf mois » selon Moix, débute par la venue au monde de l’auteur, sous les insultes de ses parents.
Parmi les six finalistes, un trio de tête se composait, outre Yann Moix, de Pierre Lemaître, et de Romain Puértolas pour son premier roman « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea » (Le Dilettante), révélation de la rentrée qui bat des records de ventes. Egalement en lice, trois romanciers reconnus : le Libanais Charif Madjalani avec « Le dernier seigneur de Marsad » (Seuil), Philippe Jaenada avec « Sulak » (Julliard) et Etienne de Montéty avec « La route du salut » (Gallimard).
L’an dernier, le jury avait sorti de son chapeau une lauréate surprise et non finaliste, Scholastique Mukasonga, pour « Notre-Dame du Nil » (Gallimard). L’auteur d’origine rwandaise, née en 1956 et arrivée en France en 1992, figurait dans la sélection de printemps du Renaudot, mais en avait ensuite été écartée, avant d’être récompensée par 6 voix sur 10.
L'auteur livre avec Naissance un roman époustouflant où le tragique est indissociablement lié au burlesque.
Naissance (Grasset) de Yann Moix a été plébiscité par le jury du Prix Renaudot 2013, avec 6 voix au 1er tour. Ont également reçu des voix Etienne de Montéty, pour La Route du salut (Gallimard), Charif Madjalani, pour Le dernier seigneur de Marsad (Seuil), et Romain Puértolas, pour L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (Le Dilettante).
«Naissance», 1142 pages! Qui dit mieux? C'est le Léviathan de la rentrée. Pour éviter tout malentendu, il ne faut pas juger Yann Moix par rapport aux règles du récit français classique, type Modiano ou Echenoz. Tout éditeur prescrit à son auteur de contrôler, de couper. La rétention définit l'art français. C'est oublier une autre tradition qui de Du Bartas à Rabelais, de Claudel à Céline prône l'illimité.
Chez Moix, tout est surdimensionné comme dans une autre galaxie: monologues infinis, dialogues infinis, énumérations infinies, personnages infinis. Car il s'agit de naître et on n'en finit pas d'essayer! D'abord quatre-vingt-cinq pages sur la naissance physique du narrateur bombardé par les anathèmes et malédictions de ses parents. C'est un intarissable chœur ligué pour que l'enfant meure. Heureusement, chez Moix, le tragique est indissociablement lié au burlesque. L'absence de prépuce du bébé entraîne des consultations bouffonnes chez le médecin, l'abbé, le rabbin. Est-il juif ou non? Mais ce paravent de drôlerie ne peut cacher un enjeu plus profond. Le narrateur ne veut pas naître de ses parents mais choisir son père spirituel: un certain Marc-Astolphe Oh, une des vedettes du livre à égalité avec le père. C'est le parrain du petit martyr! Le père biologique est un parano, un mégalo négatif, le parrain, un parano, un mégalo positif, séducteur sempiternel, ébouriffé bavard dont la rhétorique hilarante booste le maelström, avec un bluffant final en Éros et Thanatos qui résume toute l'affaire: le paradis et l'enfer.
En fait, on l'a compris, le véritable sujet est une seconde naissance, ici, celle de l'écrivain. Écrire c'est réengendrer son nom, devenir le père de sa généalogie. Et dans l'esprit de Yann Moix, cela se relie à une de ses obsessions ardentes: le Christ. Il a sur ce sujet sa conviction récurrente. Le Christ n'est pas du côté de l'Enfant Jésus, non, il est le Fils qui choisit son Père. (J'ai résumé vite!). J'espère qu'il n'y a pas là de quoi nous flanquer un nouveau concile sur la Trinité et un schisme.
Laissez-vous surfer!
Donc Yann Moix ose tout. Entre autres, une énumération de dix pages de ses œuvres préférées. Le beau linge regorge, mais dans la peinture, horreur!, il oublie l'immense Rubens, le champion comme lui du baroque! Et l'infini des Grandes Décorationsde Monet, les Nymphéas peints pendant la Grande Guerre. Las! Las!… Un poème de dix pages en alexandrins souligne encore l'enfance maltraitée de Yann (justifiée a posteriori par les oublis ci-dessus!). Une scène d'enchères burlesques assaisonnée d'autres digressions gigognes peut nous faire traverser des années-lumière de roman. Point de digues! Des pages très inspirées évoquent la mort d'Alain-Fournier et de Charles Péguy en 14. Mais il y a une foule d'intermèdes plus rigolos sur la Corée, voire sur un Boeing bourré de touristes… Yann Moix, au fond, parle assez peu, ici, des amours de sa vie. Il délègue la question à un long discours sur le sexe chez Bataille, l'érotisme de la frénésie, de la folie. Voilà un tsunami dont il faut profiter, il ne tue pas! Laissez-vous surfer sur la vague géante de la littérature sans bornes. «Naissance», de Yann Moix, Grasset, 1 142 p., 26 €.
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