HUMOUR......ENCORE QUE......
Tunise: crise ouverte au parti islamiste au pouvoir
TUNIS — Le parti islamiste Ennahda au pouvoir en Tunisie était en proie à une crise ouverte avec la menace samedi du Premier ministre Hamadi Jebali de démissionner à défaut de pouvoir former un gouvernement apolitique après l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd.
Cette annonce est survenue au moment où plus de 3.000 personnes manifestaient à Tunis à l'appel d'Ennahda pour désavouer M. Jebali, numéro deux du parti, qui avait exprimé dès mercredi, jour du meurtre, son souhait d'un tel cabinet refusé par la direction du parti.
La manifestation a vilipendé aussi "l'ingérence" de la France après les propos du ministre de l'Intérieur Manuel Valls qui a dénoncé un "fascisme islamiste" en commentant l'assassinat de l'opposant dont les proches ont pointé du doigt Ennahda.
Ces développements risquent d'enfoncer encore plus le pays dans la crise, Ennahda ne parvenant pas depuis des mois à s'accorder avec ses alliés laïcs, dont le président Moncef Marzouki, sur un remaniement gouvernemental, et l'insécurité et les conflits sociaux se multipliant.
"Je présenterai l'équipe au plus tard au milieu de la semaine prochaine. Si elle est acceptée je continuerai à assumer mes fonctions, à défaut, je demanderai au président de chercher un autre candidat pour former un nouveau cabinet", a dit M. Jebali à des médias tunisiens.
Il a ensuite souligné à l'antenne de la chaîne France 24 que "tous les ministres seront des indépendants, y compris à l'Intérieur, la Justice et aux Affaires étrangères", alors qu'Ennahda refuse de renoncer à ces ministères clés.
Le Premier ministre a souligné que son initiative visait à empêcher que le pays "bascule dans le chaos et l'irrationnel", avant de lancer à ses détracteurs: "Quelle alternative? La loi de la jungle?".
C'est la première fois que M. Jebali évoque sa démission. Les divisions au sein du parti opposent les modérés dont il fait partie et une frange radicale rangée derrière le chef Rached Ghannouchi.
Il estime aussi ne pas avoir besoin de demander la confiance de l'Assemblée nationale constituante (ANC) où Ennahda dispose de 89 des 217 sièges.
Sa proposition a été bien accueillie par l'opposition et la société civile.
Avant les menaces de M. Jebali, Ennahda avait appelé ses partisans à manifester contre l'initiative du Premier ministre et l'"ingérence" de la France.
"France dégage" et "Le peuple veut protéger la légitimité des urnes", ont crié ces militants sur l'avenue Habib Bourguiba, axe névralgique du centre de la capitale où se trouve l'ambassade de France qui fait l'objet de mesures de protection importantes depuis l'intervention militaire au Mali.
La référence à la "légitimité" fait allusion à l'importance du vote de l'ANC pour toute décision politique comme la formation d'un nouveau gouvernement.
Au sujet des déclarations de M. Valls, M. Jebali a jugé "l'incident clos" étant donné qu'il a exprimé son mécontentement à l'ambassadeur de France dès jeudi.
La Tunisie est dirigée depuis l'élection de la Constituante en octobre 2011 par une coalition entre Ennahda et deux petits partis de centre-gauche, dont celui du président.
Faute de compromis sur la nature du futur régime, l'élaboration de la nouvelle Constitution par l'ANC est paralysée.
Ces remous s'ajoutent à la multiplication des conflits sociaux en raison du chômage et de la misère, deux facteurs clés de la révolution de 2011 qui a renversé Zine Al Abidine Ben Ali. Sans oublier l'essor des groupuscules jihadistes responsables d'attaques sanglantes, dont celle contre l'ambassade américaine en septembre.
La mobilisation islamiste samedi est la première depuis le meurtre mercredi à Tunis de Chokri Belaïd, qui a été enterré la veille en présence de plusieurs dizaines de milliers de personnes scandant des slogans hostiles à Ennahda.
Signe que les autorités redoutent de nouveaux débordements, l'armée a été déployée samedi, la Tunisie vivant sous le régime de l'état d'urgence depuis 2011.
Le parti islamiste a nié toute responsabilité dans l'assassinat de l'opposant, alors que des milices pro-pouvoir, la Ligue de protection de la révolution, sont accusées d'attaquer opposants et militants syndicaux.
Rached Ghannouchi lui a rendu hommage samedi en qualifiant sa mort de crime "contre-révolutionnaire".
Le meurtre a déclenché une vague de violences à travers le pays qui a coûté la vie à un policier.
Plus de 3 000 manifestants pro-islamistes et anti-français à Tunis
Plus de 3 000 manifestants pro-islamistes et anti-français à Tunis.
Crédit photo : AFP
Une manifestation rassemble plus de 3 000 personnes à Tunis. Il s’agit de militants pro-islamistes et anti-français.
Plus de 3 000 manifestants scandaient, ce samedi, des slogans pro-islamistes et anti-français dans le centre de Tunis lors d’un rassemblement à l’appel du parti islamiste au pouvoir Ennahda, alors que la Tunisie est plongée dans l’incertitude depuis l’assassinat d’un opposant.
Des slogans hostiles à la France
« France dégage » et « Le peuple veut protéger la légitimité » du pouvoir en place, criaient ces militants qui défilent sur l’avenue Habib Bourguiba, axe névralgique du centre de la capitale où se trouve aussi l’ambassade de France.
Ils brandissaient de nombreuses pancartes en français : « France ça suffit ! La Tunisie ne sera plus jamais une terre de colonisation ».
Des militants salafistes se trouvaient dans la foule, brandissant leurs bannières noires et des slogans appelant à l’unité des différents courants islamistes.
« L’ingérence française »
La manifestation à l’appel des jeunesses d’Ennahda a débuté un peu avant 14h avec pour mots d’ordre du rassemblement « la défense de la légitimité de l’Assemblée nationale constituante » (ANC) et la lutte « contre la violence » politique et « l’ingérence française ».
La référence à l’ANC vise clairement le Premier ministre Hamadi Jebali, pourtant numéro 2 d’Ennahda, qui a répété vendredi se tenir à sa « décision de former un gouvernement de technocrates », si besoin sans « l’aval de l’Assemblée nationale constituante ».
La manifestation vise aussi à condamner « l’ingérence française », à la suite de propos du ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, qui a dénoncé cette semaine un « fascisme islamiste » après l’assassinat mercredi de l’opposant Chokri Belaïd.
TUNIS — La Tunisie, confrontée aux retombées politiques de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, était plongée dans l'incertitude dimanche en raison du conflit ouvert du Premier ministre Hamadi Jebali avec le parti islamiste au pouvoir Ennahda.
L'armée est toujours déployée dans le pays et les forces de l'ordre restent sur le qui-vive, même si les heurts entre policiers et manifestants, déclenchés après la mort de l'opposant mercredi, ont quasiment cessé. Un policier a été tué et 59 y ont été blessés, selon un bilan officiel.
La classe politique et la rue attendent désormais le résultat du coup de poker de M. Jebali, numéro 2 d'Ennahda, qui a pris son parti de court mais aussi ses alliés laïcs de centre-gauche, dont le président Moncef Marzouki, en annonçant préparer la création d'un gouvernement de technocrates.
Vilipendé par son propre camp mais soutenu par l'opposition laïque, il a persisté samedi en menaçant de démissionner s'il ne parvenait pas à former avant le milieu de la semaine prochaine un cabinet de personnalités "compétentes", "sans appartenance politique".
Il a précisé que les ministres de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères seraient concernés aussi, alors que les islamistes refusent de lâcher ces postes depuis des mois. Les futurs membres du cabinet devront aussi s'engager à ne pas participer aux prochaines élections.
Plusieurs dirigeants d'Ennahda veulent bloquer cette initiative en estimant que M. Jebali devrait obtenir la confiance des députés de l'Assemblée nationale constituante (ANC), où les islamistes sont en position de force avec 89 sièges sur 217.
Le Premier ministre, un modéré dans son parti, a rejeté l'argumentaire, estimant que l'ANC, en l'intronisant à la tête du gouvernement en décembre 2011, lui avait donné le droit de remanier son équipe.
Un groupe d'experts réunis par la présidence samedi a semblé lui donner raison, selon un communiqué du palais de Carthage.
En effet, selon la loi d'organisation provisoire des pouvoirs publics, le chef du gouvernement peut "créer, modifier et supprimer les ministères et les secrétariats d?Etat, et fixer leurs attributions et prérogatives, après délibération du Conseil des ministres et information du président de la République".
Dès lors, le quotidien la Presse s'est voulu assez optimiste. "Le gouvernement de compétences annoncé par Hamadi Jebali semble en bonne voie, ouvrant les portes de l?espoir pour de très larges franges de l?opinion publique que l?assassinat de Belaïd avait totalement démoralisées".
Mais la frange radicale d'Ennahda a prévenu qu'elle était prête à descendre dans la rue pour défendre la "légitimité des urnes", laissant présager la persistance des difficultés de la Tunisie à se stabiliser deux ans après la révolution de 2011, mais aussi une scission des islamistes.
Un premier rassemblement samedi à Tunis a réuni quelque 3.000 personnes et dimanche ils étaient un millier à Gafsa (centre).
"Ce rassemblement modeste (...) prouve que dans la bataille de la rue, nous ne serons pas vaincus", a déclaré Lotfi Zitoune, un proche du chef d'Ennahda Rached Ghannouchi, après sa démission récente du poste de conseiller du Premier ministre.
Entre la division des islamistes, un boycott de l'ANC par quatre courants de l'opposition depuis le meurtre de Belaïd et les désaccords de principe sur la nature du futur régime, la rédaction de la Constitution reste toujours dans l'impasse.
Or sans loi fondamentale, les élections promises par M. Jebali ne peuvent avoir lieu, alors que l'impatience et la colère gagnent régulièrement la rue depuis des mois faute de réformes économiques et sociales répondant aux revendications de la révolution qui a renversé Zine Al Abidine Ben Ali.
Sans oublier l'essor des groupuscules jihadistes responsables d'attaques sanglantes dans le pays, dont celle contre l'ambassade des Etats-Unis en septembre.
GAO — Patrouilles doublées, renforcement des contrôles: les soldats maliens ont redoublé de vigilance samedi à Gao, dans le nord du Mali, après l'arrestation de deux jeunes portant des ceintures d'explosifs et au lendemain du premier attentat suicide recensé dans le pays.
Samedi vers 23h00 locales (et GMT), une puissante explosion lointaine a été entendue à Gao. Une source militaire française a précisé que l'explosion avait eu lieu "à 10 km du camp" de l'armée française, installée dans l'aéroport de Gao. Cette source a indiqué n'avoir aucune autre précision sur la nature de cette explosion.
Dans la ville emblématique de Tombouctou (Nord), les corps de plusieurs personnes, dont ceux de trois commerçants arabes récemment arrêtés par l'armée malienne, ont été découverts ensevelis dans le désert, selon l'agence d'informations en ligne mauritanienne ANI.
La découverte macabre a été faite vendredi, à moins de 2 km de l'entrée nord de Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako, selon ANI, qui cite des témoins oculaires. Il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer cette information sur place, mais des habitants joints par l'AFP ont fait état de rumeurs sur des corps découverts dans le désert.
Tombouctou, ville emblématique du Nord du Mali, a été reprise le 28 janvier, sans combats, par les soldats français et maliens à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), qui ont occupé Tombouctou pendant des mois, y commettant de nombreuses exactions.
Les groupes islamistes armés, qui ont refusé le choc frontal avec les soldats français et maliens, semblent avoir opté pour un recours aux attentats suicides et à la pose de mines sur les routes.
Deux jeunes portant des ceintures bourrées d'explosifs ont ainsi été arrêtés samedi matin à 20 kilomètres au nord de Gao, au lendemain du premier attentat suicide au Mali, survenu dans cette même ville située à 1.200 km au nord-est de Bamako et récemment reprise aux groupes islamistes armés.
"Nous avons arrêté tôt aujourd'hui deux jeunes, un Arabe et un Touareg. Ils avaient une ceinture d'explosifs et ils étaient sur le dos de deux ânes", a déclaré à l'AFP Oumar Maïga, le fils du chef du village local.
Les deux jeunes ont été arrêtés sur la route menant à Bourem et à Kidal, à 20 km de l'entrée nord de Gao, où un homme s'est fait exploser vendredi dans un attentat suicide visant des militaires maliens, blessant légèrement l'un d'entre eux. L'attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions.
Jeudi, le Mujao avait dit avoir créé "une nouvelle zone de conflit", promettant d'attaquer des convois, de poser des mines et "d'organiser des kamikazes".
Plus grande ville du nord du Mali, Gao a été reprise le 26 janvier par les soldats français et maliens aux islamistes. Mais depuis vendredi, la ville semble en état de siège: aussitôt après l'attentat suicide, soldats et gendarmes maliens se sont affairés à renforcer les postes aux entrées de la ville, a constaté un journaliste de l'AFP.
Sacs de sable empilés autour des postes de contrôle, arbres rasés pour améliorer la visibilité, mitrailleuses lourdes en batterie, patrouilles continuelles de soldats nigériens et maliens dans leurs pick-ups camouflés: les mesures traduisent l'inquiétude des militaires, qui prennent très au sérieux les menaces de nouvelles attaques.
"Dialogue et négociation"
"Dès qu'on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c'est dangereux, on peut se faire tirer dessus", a confié à l'AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes.
Des mines ont été découvertes sur les routes alentours: quatre civils maliens ont été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.
Dans la capitale malienne, le calme était revenu samedi après les affrontements survenus la veille dans l'attaque par des militaires du camp d'une ancienne unité d'élite de l'armée malienne, les Bérets rouges, qui ont fait deux morts, des adolescents, et 13 blessés, suscitant la colère du chef d'état malien.
Cette attaque, qui illustre les divisions au sein de l'armée malienne laminée par les groupes islamistes armés et les rebelles touareg en 2012, a été motivée par le refus des Bérets rouges de quitter leur camp à Bamako et d'être réaffectés dans d'autres unités pour aller combattre les islamistes dans le Nord.
Les commandos parachutistes des Bérets rouges étaient un corps d'élite de l'armée malienne jusqu'au coup d'Etat ayant renversé, le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, un ancien de cette unité.
Fin avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d'Etat mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d'un autre corps d'armée, les Bérets verts.
Les islamistes dissidents du Mouvement Islamique de l'Azawad (MIA) ont "fermement condamné" samedi les mandats d'arrêts rendus publics la veille par le parquet de Bamako, qui visent 26 personnes, dont les principaux responsables des groupes islamistes armés et des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), accusés notamment de "terrorisme" et de "sédition".
"Bien sûr, nous continuons à privilégier le dialogue et la négociation mais encore faut-il avoir quelqu'un avec qui négocier", a souligné le mouvement, qui assure contrôler avec le MNLA la ville de Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, où des soldats français et tchadiens sont aussi déployés
La Tunisie s'enfonce dans la crise politique
TUNIS — La Tunisie, confrontée aux retombées politiques de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, était plongée dans l'incertitude dimanche en raison du conflit ouvert du Premier ministre Hamadi Jebali avec le parti islamiste au pouvoir Ennahda.
L'armée est toujours déployée dans le pays et les forces de l'ordre restent sur le qui-vive, même si les heurts entre policiers et manifestants, déclenchés après la mort de l'opposant mercredi, ont quasiment cessé. Un policier a été tué et 59 y ont été blessés, selon un bilan officiel.
La classe politique et la rue attendent désormais le résultat du coup de poker de M. Jebali, numéro 2 d'Ennahda, qui a pris son parti de court mais aussi ses alliés laïcs de centre-gauche, dont le président Moncef Marzouki, en annonçant préparer la création d'un gouvernement de technocrates.
Vilipendé par son propre camp mais soutenu par l'opposition laïque, il a persisté samedi en menaçant de démissionner s'il ne parvenait pas à former avant le milieu de la semaine prochaine un cabinet de personnalités "compétentes", "sans appartenance politique".
Il a précisé que les ministres de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères seraient concernés aussi, alors que les islamistes refusent de lâcher ces postes depuis des mois. Les futurs membres du cabinet devront aussi s'engager à ne pas participer aux prochaines élections.
Plusieurs dirigeants d'Ennahda veulent bloquer cette initiative en estimant que M. Jebali devrait obtenir la confiance des députés de l'Assemblée nationale constituante (ANC), où les islamistes sont en position de force avec 89 sièges sur 217.
Le Premier ministre, un modéré dans son parti, a rejeté l'argumentaire, estimant que l'ANC, en l'intronisant à la tête du gouvernement en décembre 2011, lui avait donné le droit de remanier son équipe.
Un groupe d'experts réunis par la présidence samedi a semblé lui donner raison, selon un communiqué du palais de Carthage.
En effet, selon la loi d'organisation provisoire des pouvoirs publics, le chef du gouvernement peut "créer, modifier et supprimer les ministères et les secrétariats d?Etat, et fixer leurs attributions et prérogatives, après délibération du Conseil des ministres et information du président de la République".
Dès lors, le quotidien la Presse s'est voulu assez optimiste. "Le gouvernement de compétences annoncé par Hamadi Jebali semble en bonne voie, ouvrant les portes de l?espoir pour de très larges franges de l?opinion publique que l?assassinat de Belaïd avait totalement démoralisées".
Mais la frange radicale d'Ennahda a prévenu qu'elle était prête à descendre dans la rue pour défendre la "légitimité des urnes", laissant présager la persistance des difficultés de la Tunisie à se stabiliser deux ans après la révolution de 2011, mais aussi une scission des islamistes.
Un premier rassemblement samedi à Tunis a réuni quelque 3.000 personnes et dimanche ils étaient un millier à Gafsa (centre).
"Ce rassemblement modeste (...) prouve que dans la bataille de la rue, nous ne serons pas vaincus", a déclaré Lotfi Zitoune, un proche du chef d'Ennahda Rached Ghannouchi, après sa démission récente du poste de conseiller du Premier ministre.
Entre la division des islamistes, un boycott de l'ANC par quatre courants de l'opposition depuis le meurtre de Belaïd et les désaccords de principe sur la nature du futur régime, la rédaction de la Constitution reste toujours dans l'impasse.
Or sans loi fondamentale, les élections promises par M. Jebali ne peuvent avoir lieu, alors que l'impatience et la colère gagnent régulièrement la rue depuis des mois faute de réformes économiques et sociales répondant aux revendications de la révolution qui a renversé Zine Al Abidine Ben Ali.
Sans oublier l'essor des groupuscules jihadistes responsables d'attaques sanglantes dans le pays, dont celle contre l'ambassade des Etats-Unis en septembre.
Mali: l'armée renforce la sécurité à Gao après un premier attentat suicide
GAO — Patrouilles doublées, renforcement des contrôles: les soldats maliens ont redoublé de vigilance samedi à Gao, dans le nord du Mali, après l'arrestation de deux jeunes portant des ceintures d'explosifs et au lendemain du premier attentat suicide recensé dans le pays.
Samedi vers 23h00 locales (et GMT), une puissante explosion lointaine a été entendue à Gao. Une source militaire française a précisé que l'explosion avait eu lieu "à 10 km du camp" de l'armée française, installée dans l'aéroport de Gao. Cette source a indiqué n'avoir aucune autre précision sur la nature de cette explosion.
Dans la ville emblématique de Tombouctou (Nord), les corps de plusieurs personnes, dont ceux de trois commerçants arabes récemment arrêtés par l'armée malienne, ont été découverts ensevelis dans le désert, selon l'agence d'informations en ligne mauritanienne ANI.
La découverte macabre a été faite vendredi, à moins de 2 km de l'entrée nord de Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako, selon ANI, qui cite des témoins oculaires. Il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer cette information sur place, mais des habitants joints par l'AFP ont fait état de rumeurs sur des corps découverts dans le désert.
Tombouctou, ville emblématique du Nord du Mali, a été reprise le 28 janvier, sans combats, par les soldats français et maliens à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), qui ont occupé Tombouctou pendant des mois, y commettant de nombreuses exactions.
Les groupes islamistes armés, qui ont refusé le choc frontal avec les soldats français et maliens, semblent avoir opté pour un recours aux attentats suicides et à la pose de mines sur les routes.
Deux jeunes portant des ceintures bourrées d'explosifs ont ainsi été arrêtés samedi matin à 20 kilomètres au nord de Gao, au lendemain du premier attentat suicide au Mali, survenu dans cette même ville située à 1.200 km au nord-est de Bamako et récemment reprise aux groupes islamistes armés.
"Nous avons arrêté tôt aujourd'hui deux jeunes, un Arabe et un Touareg. Ils avaient une ceinture d'explosifs et ils étaient sur le dos de deux ânes", a déclaré à l'AFP Oumar Maïga, le fils du chef du village local.
Les deux jeunes ont été arrêtés sur la route menant à Bourem et à Kidal, à 20 km de l'entrée nord de Gao, où un homme s'est fait exploser vendredi dans un attentat suicide visant des militaires maliens, blessant légèrement l'un d'entre eux. L'attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions.
Jeudi, le Mujao avait dit avoir créé "une nouvelle zone de conflit", promettant d'attaquer des convois, de poser des mines et "d'organiser des kamikazes".
Plus grande ville du nord du Mali, Gao a été reprise le 26 janvier par les soldats français et maliens aux islamistes. Mais depuis vendredi, la ville semble en état de siège: aussitôt après l'attentat suicide, soldats et gendarmes maliens se sont affairés à renforcer les postes aux entrées de la ville, a constaté un journaliste de l'AFP.
Sacs de sable empilés autour des postes de contrôle, arbres rasés pour améliorer la visibilité, mitrailleuses lourdes en batterie, patrouilles continuelles de soldats nigériens et maliens dans leurs pick-ups camouflés: les mesures traduisent l'inquiétude des militaires, qui prennent très au sérieux les menaces de nouvelles attaques.
"Dialogue et négociation"
"Dès qu'on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c'est dangereux, on peut se faire tirer dessus", a confié à l'AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes.
Des mines ont été découvertes sur les routes alentours: quatre civils maliens ont été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.
Dans la capitale malienne, le calme était revenu samedi après les affrontements survenus la veille dans l'attaque par des militaires du camp d'une ancienne unité d'élite de l'armée malienne, les Bérets rouges, qui ont fait deux morts, des adolescents, et 13 blessés, suscitant la colère du chef d'état malien.
Cette attaque, qui illustre les divisions au sein de l'armée malienne laminée par les groupes islamistes armés et les rebelles touareg en 2012, a été motivée par le refus des Bérets rouges de quitter leur camp à Bamako et d'être réaffectés dans d'autres unités pour aller combattre les islamistes dans le Nord.
Les commandos parachutistes des Bérets rouges étaient un corps d'élite de l'armée malienne jusqu'au coup d'Etat ayant renversé, le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, un ancien de cette unité.
Fin avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d'Etat mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d'un autre corps d'armée, les Bérets verts.
Les islamistes dissidents du Mouvement Islamique de l'Azawad (MIA) ont "fermement condamné" samedi les mandats d'arrêts rendus publics la veille par le parquet de Bamako, qui visent 26 personnes, dont les principaux responsables des groupes islamistes armés et des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), accusés notamment de "terrorisme" et de "sédition".
"Bien sûr, nous continuons à privilégier le dialogue et la négociation mais encore faut-il avoir quelqu'un avec qui négocier", a souligné le mouvement, qui assure contrôler avec le MNLA la ville de Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, où des soldats français et tchadiens sont aussi déployés
JUSTICE ?
Soupçon de fraude : les autorités suisses blanchissent Cahuzac
Le Monde.fr avec AFP
Les autorités fiscales suisses ont exclu que Jérôme Cahuzac, ministre du budget, ait eu, depuis 2006, un compte bancaire à l'UBS à son nom ou à celui d'une société, révèle le Journal du Dimanche. Ni titulaire, ni "ayant droit économique" depuis 2006, date butoir de la convention OCDE d'entraide fiscale liant la France à la Suisse, ajoute le JDD.
La réponse des autorités fédérales a été transmise au ministre de l'économie et des finances, Pierre Moscovici, qui l'a aussitôt fait suivre au procureur de Paris en charge d'une enquête préliminaire sur les informations de Médiapart, précise le JDD."Cette réponse transmise par l'UBS via les autorités fédérales suisses et les services fiscaux français dément formellement la possibilité d'un compte, a confié au JDD une source administrative à Bercy. Imaginer une seconde que les autorités suisses aient pu faire une réponse de complaisance est tout simplement absurde."
"JE NE ME SUIS JAMAIS SENTI COUPABLE"
"Comme moi je connais la vérité, je n'ai aucun doute quant à la nature de la réponse qui a été apportée", avait déclaré mercredi M. Cahuzac après avoir été informé de la remise par la Suisse aux autorités françaises d'un document sur la détention éventuelle d'une compte bancaire dans le pays.
"Je ne me suis jamais senti coupable même si j'ai pu paraître accablé par le soupçon terrible qui pesait sur moi, avait-il ajouté. Ce n'est pas à moi de dire que je suis hors de cause, mais, en conscience, je l'ai toujours été."
Deux jours plus tard, le ministre délégué au budget, avait estimé que le fait d'être toujours en poste, après la transmission à la France de documents fiscaux helvétiques sur son éventuelle détention d'un compte secret en Suisse, attestait qu'il disait "la vérité", reconnaissant n'avoir "ni vu ni reçu" la réponse suisse en vertu du secret fiscal.
Mediapart avait publié depuis le 4 décembre plusieurs informations mettant en cause M. Cahuzac, l'accusant notamment d'avoir détenu un compte bancaire secret en Suisse, ce que l'intéressé a nié. L'affaire fait l'objet d'une enquête préliminaire et a donné lieu à l'échange de documents entre autorités françaises et helvétiques.
Début février le site d'information avait publié le fac-similé d'un courrier électronique présenté comme émanant d'un expert-comptable et adressé au ministre du budget Jérôme Cahuzac, tendant à étayer certaines de ses informations mettant en cause le ministre.
Filière djihadiste vers le Mali : quatre hommes mis en examen dont deux écroués
Le Monde.fr avec AFPQuatre hommes ont été mis en examen et deux d'entre eux placés en détention provisoire samedi 9 février à Paris dans le cadre d'une enquête sur une filière de djihadistes vers le Mali, a-t-on appris samedi de source judiciaire.
Tous les quatre ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" par le juge antiterroriste Marc Trévidic, a-t-on précisé. Parmi eux, un Franco-algérien de 27 ans et un Malien de 23 ans ont été placés en détention provisoire tandis que deux Français de 27 et 37 ans ont été placés sous contrôle judiciaire.Ils avaient été interpellés mardi en région parisienne dans le cadre de cette enquête ouverte après l'interpellation en août à Niamey d'un Français, Cédric Lobo, par les autorités nigériennes alors qu'il espérait rejoindre des groupes djihadistes dans le nord du Mali.
PROJET DE REJOINDRE DES GROUPES DJIHADISTES
Ces quatre personnes sont soupçonnées d'être des proches de Cédric Lobo et d'avoir eu le projet de rejoindre des groupes djihadistes dans le nord du Mali, où la France est actuellement engagée dans une opération militaire pour chasser ces groupes.
Ces personnes semblaient graviter autour d'une mosquée de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) où habitait M. Lobo avant son départ pour le Sahel, avait-on précisé mardi de source judiciaire.
A Niamey, M. Lobo avait expliqué vouloir rallier des groupes djihadistes dans le nord du Mali mais il s'est montré plus prudent dans ses propos en France, avait précisé cette source. Mi-janvier, le juge Trévidic avait dit à l'AFP qu'il y avait "10 à 15 Français ou résidents français" qui étaient partis dans le nord du Mali, mais que leur décompte était difficile.
Affaire Findus : le contrôle et la traçabilité de la viande en question
La découverte de viande de cheval dans des plats de boeuf en Grande-Bretagne et en France illustre la complexité des chaînes de production alimentaire et la fragilité de la traçabilité et des contrôles sanitaires en Europe, de l'étable à l'assiette du consommateur.
Comment des professionnels ont-ils pu confondre viande de boeuf et viande de cheval (comme sur la photo) ? © Maxppp
Si l'on retrace le parcours de la viande qui compose le plat de lasagne Findus, montré du doigt dans cette affaire, on retrouve une foule d'intermédiaires : le suédois Findus s'approvisionne chez Comigel basé à Metz, qui se fournit lui chez Spanghero, établi à Castelnaudary. Mais la piste ne s'arrête pas là : ce dernier serait dans le cas présent passé par un trader chypriote, qui aurait lui-même sous-traité la commande à un trader néerlandais, pour acheter la viande in fine dans un abattoir roumain, selon Benoît Hamon, le ministre délégué à la Consommation.
>>> Voir notre infographie Le parcours européen de la viande de cheval
Dans ce parcours commercial tortueux, tout le monde se renvoie la balle. Le distributeur Findus se défend, en affirmant que c'est lui qui a découvert le pot-aux-roses, et accuse le français Spanghero de lui avoir sciemment livré de la viande de cheval avec des mentions "boeuf". Spanghero, de son côté, plaide non-coupable et envisage de "se retourner" contre son fournisseur roumain, sans toutefois donner son nom. Selon l'association des patrons roumains de l'alimentaire, il y aurait trois abattoirs en Roumanie exportant de la viande chevaline vers l'UE. Le ministère roumain de l'Agriculture a décidé de mener sa propre enquête.
Pas assez de contrôles officiels
Car plusieurs questions restent en suspend. Y a-t-il eu tromperie délibérée ou erreur de livraison ? A quel niveau de la chaîne ? Qui a failli ? Les contrôles ont-ils été suffisants à chaque étape du processus ? Et in fine, qui doit contrôler ? "On a vraiment la convergence de problèmes sur l'information que l'on donne au consommateur, le contrôle que l'on effectue et sur le fait de savoir qui contrôle, estime le président de l'association de consommateurs UFC-Que choisir Alain Bazot.
"Un laisser-aller blâmable de la législation communautaire" (UFC-Que choisir)
Pour le patron de l'UFC-Que choisir, cette affaire démontre "un laisser-aller blâmable de la législation communautaire. Il y en a assez de cette tendance au désengagement du contrôle des autorités publiques". Olivier Andrault, spécialiste de l'alimentation à l'UFC, renchérit : "Les services des fraudes en France ou en Grande-Bretagne n'ont depuis longtemps plus les moyens de faire des contrôles systématiques, car il y a une diminution graduelle des effectifs".
"Les services officiels n'ont pas les moyens de faire des contrôles systématiques" (UFC-Que choisir)
"Nous avons un système de contrôle vétérinaire en France de très grande qualité", se défend pourtant le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, qui attend les résultats de l'enquête pour "savoir s'il y a matière ou non à modifier la réglementation européenne".
"J'ai des interrogations surtout sur le savoir-faire professionnel des personnes qui ont travaillé cette viande " (Michel Dantin)
Pour Michel Datin, UMP, député européen et membre de la Commission Agriculture du Parlement européen, il n'y a pas au contraire de problème de traçabilité "puisqu'on est arrivé à remonter toute la chaîne jusqu'en Roumanie". Lui met en cause les professionnels qui ont eu à manipuler cette viande : "la viande d'un boeuf ou d'un cheval, ce n'est pas tout à fait la même chose. J'ai des interrogations sur le savoir-faire professionnel des personnes qui ont travaillé cette viande". Et de plaider pour des contrôles et des analyses supplémentaires par des laboratoires indépendants sur ces chaînes de production très longues.
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