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POLITIQUE
John Kerry en visite à Paris pour parler du Mali
Le Monde.fr avec AFP
John Kerry, le 5 septembre 2012, en Caroline du Nord. | REUTERS/JONATHAN ERNST
Après un début de tournée à Londres et Berlin axé sur le conflit en Syrie, le nouveau chef de la diplomatie américaine, John Kerry, est à Paris mercredi 27 février pour des entretiens dominés par la guerre au Mali, dossier d'"intérêt commun" en dépit de crispations initiales.
M. Kerry est reçu en début de matinée par le président François Hollande avant de déjeuner avec son homologue Laurent Fabius et de s'envoler pour Rome, où se tient le lendemain une conférence des Amis du peuple syrien. Le Mali – il sera fait un point sur la situation un mois et demi après le début de l'intervention française pour chasser les islamistes armés, et les perspectives de déploiement d'une force de maintien de la paix de l'ONU devraient être examinées – dominera l'agenda, selon des diplomates français et américains.
INTERVENTION "RÉUSSIE" AU MALI
Les deux alliés devraient afficher leurs convergences de vues sur le dossier, devenu après l'Afghanistan le nouveau symbole de la lutte contre le terrorisme. "C'est une bataille commune qui se joue là-bas. Nous voulons qu'ils [les Français] réussissent, c'est dans notre intérêt commun", souligne un haut responsable du département d'Etat. M. Kerry a récemment félicité la France pour son intervention "réussie" au Mali.
Pourtant, l'entente n'a pas toujours été parfaite entre Paris et Washington, longtemps réticent à toute action militaire qui, au départ, devait être uniquement ouest-africaine au Mali. Et lorsque Paris, poussé par l'urgence face à l'offensive des islamistes armés vers le sud du Mali, est finalement intervenu le 11 janvier, Washington a hésité avant d'apporter un soutien logistique, présentant d'abord une facture exorbitante pour des avions cargo C-17 avant de les fournir gracieusement dix jours plus tard.
"Rien de très surprenant, mais bon, on leur a dit, eh, les gars, quand même... et au final, ça s'est réglé", raconte un diplomate français. Officiellement, il n'y a plus de malentendu. Les Etats-Unis soutiennent "politiquement et matériellement" l'intervention au Mali, selon les responsables américains, qui rappellent que Washington a octroyé 96 millions de dollars pour l'entraînement et l'équipement de la Misma, la force ouest-africaine appelée à prendre le relais des troupes françaises.
"RÉENGAGER LES USA SUR CE DOSSIER"
Et les Etats-Unis ont déployé plusieurs drones Predator au Niger en soutien aux forces françaises, afin de réduire le délai entre le repérage au Mali de combattants islamistes et leur "neutralisation". "L'appui en drones est très important, ça nous aide. On apprécie, on est très contents", se félicite un diplomate français.
La Syrie, l'Iran, la Corée du Nord seront également évoqués à Paris. Mais aussi le processus de paix israélo-palestinien, sujet sur lequel la France presse les Etats-Unis de se réimpliquer. "Nous pensons qu'il y a une bonne volonté" chez M. Kerry. "Après, il fait partie d'une administration dont certains disent qu'elle a tendance à se replier sur elle-même... On y verra plus clair après le voyage de Barack Obama" à la fin de mars en Israël et en Cisjordanie, dit-on à Paris. "L'objectif français, c'est de réengager les USA sur ce dossier" du processus de paix israélo-palestinien, totalement bloqué depuis plus de deux ans, souligne un haut responsable du Quai d'Orsay.
Selon certaines sources occidentales, l"inertie" américaine sur le dossier israélo-palestinien a entre autres motivé le vote français à la fin de novembre en faveur de l'élévation du statut de la Palestine en "Etat" observateur des Nations unies, une position combattue par Washington et Israël.
M. Kerry, francophile et qui a des liens familiaux en France, devait enfin parler avec ses interlocuteurs du changement climatique et d'une future zone de libre échange entre les États-Unis et l'Union européenne, souhaitée par Washington mais qui provoque des réticences côté français.
Mali: plusieurs morts dans un "attentat-suicide" à la voiture piégée à Kidal
(AFP)
Des soldats français à Gao lors de combats contre des islamistes, le 21 février 2013 au Mali (AFP/Archives, Frederic Lafargue)
GAO — Un "attentat-suicide" à la voiture piégée a secoué mardi soir à Kidal, ville de l'extrême nord-est du Mali où sont présentes des troupes françaises, selon plusieurs sources concordantes dont une source hospitalière qui a affirmé avoir compté sept morts, dont le kamikaze.
"Un véhicule piégé a explosé à 19H30 (locales et GMT). L'attentat-suicide a été perpétré contre le check-point de la partie est de Kidal, tenu par le MNLA", le Mouvement national de libération de l'Azawad (rébellion touareg), a déclaré une source militaire jointe depuis Gao (environ 350 km au sud de Kidal).
"C'était un kamikaze en pick-up. L'attaque ne visait pas directement les Français, parce que l'attaque était dirigée vers l'extérieur (de la ville) et non vers l'aéroport tenu par les Français", a indiqué la même source, sans fournir de bilan.
Les forces françaises avaient repris fin janvier le contrôle de l'aéroport de Kidal, ancien bastion islamiste, et quelque 1.800 soldats tchadiens sont arrivés depuis pour sécuriser la ville où étaient déjà présents des islamistes armés et le MNLA, qui affirment collaborer avec les Français dans la traque des jihadistes en cours depuis janvier au Mali.
Après l'attentat, "nous avons compté sept morts et onze blessés. Le kamikaze est mort" ainsi que "six combattants", a déclaré à l'AFP une source hospitalière jointe sur place.
Dans un communiqué, le MNLA a fait état d'un "bilan provisoire" de "7 morts" parmi (ses) combattants ainsi que plusieurs blessés".
"Un kamikaze à bord d'un véhicule de type 4x4 s'est fait exploser au niveau du poste de contrôle du MNLA situé à la sortie de Kidal menant vers Ménaka" (sud-est de Kidal), il "s'est fait exploser au moment où les combattants du MNLA s'apprêtaient à contrôler le véhicule", affirme-t-il.
L'attentat a aussi été annoncé à l'AFP par le chef du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), le groupe armé se disant islamiste "modéré" et présent dans la ville avec le MNLA, ainsi que par un responsable du gouvernorat, tous deux joints au téléphone depuis Bamako.
Mais le chef du MIA, Alghabass Ag Intalla, a soutenu que l'explosion s'est produite "à une barrière militaire" de son mouvement, "à la sortie" de la ville.
Selon le responsable du gouvernorat de Kidal, "l'explosion de la voiture piégée s'est déroulée au sud de Kidal, vers la route qui conduit à Ménaka". "Il y a eu au moins quatre morts. (...) La voiture piégée est venue de l'intérieur de la ville de Kidal", a-t-il ajouté.
Dans un premier temps, une source militaire française jointe depuis Gao avait parlé à l'AFP d'une explosion due à une destruction de munitions.
La ville de Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, est la capitale de la région du même nom abritant le massif des Ifoghas où sont retranchés des combattants islamistes puissamment armés liés à Al-Qaïda, que les soldats français et tchadiens traquent depuis plusieurs semaines dans des opérations aériennes et terrestres.
La semaine dernière, des combats entre soldats tchadiens et jihadistes ont fait 116 morts, selon l'état-major tchadien: 23 parmi les militaires tchadiens, et 93 dans le camp des islamistes armés. Il s'agit des pertes connues les plus lourdes subies par les forces soutenant le Mali.
Le 21 février, le camp militaire français à Kidal a été visé par une attaque d'un kamikaze à bord d'un véhicule qui a explosé près du site. Le conducteur a été tué sur le coup, selon des sources concordantes.
Le lendemain, un attentat à l'aide de deux voitures piégées s'est produite à Tessalit (environ 170 km au nord de Kidal), proche de la frontière algérienne, contre des hommes du MNLA. Selon des sources concordantes, il y a eu au moins cinq morts, dont les deux kamikazes.
Ces attaques de Kidal et Tessalit ont été revendiquées par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes armés dont les hommes sont traqués et qui a annoncé d'autres attentats-suicide au Mali, sans plus de détails.
Mardi matin, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait affirmé que les combats, "violents", se poursuivaient dans le massif des Ifoghas, avec beaucoup de pertes dans les rangs des islamistes armés. Il y a des morts "tous les jours" mais les forces françaises font "très peu de prisonniers", avait-il dit.
L'UE condamne la colonisation à Jérusalem et recommande des sanctions financières
Le Monde.fr avec AFP
Un chantier de construction dans le quartier de colonisation de Gilo, située à la périphérie sud de Jérusalem, le 17 novembre 2009. | AP/DAN BALILTY
La colonisation israélienne à Jérusalem-Est occupé et annexé risque de rendre"impraticable" une solution à deux Etats israélien et palestinien, préviennent les chefs de mission des pays de l'Union européenne à Jérusalem dans un rapport obtenu mercredi 27 février par l'AFP, et qui recommande également aux pays membres d'empêcher les transactions financières en faveur des implantations.
Dans un rapport, les chefs de mission de l'UE à Jérusalem-Est et à Ramallah (Cisjordanie) préconisent aux 27 Etats membres d'"empêcher les transactions financières, de les décourager et d'informer sur leurs conséquences problématiques, y compris en ce qui concerne les investissements étrangers directs, en faveur des activités, des infrastructures et des services dans les colonies".
"Si l'application de l'actuelle politique israélienne continue, en particulier la colonisation, la perspective de Jérusalem comme future capitale de deux Etats, Israël et la Palestine, deviendra quasi impraticable", selon le rapport, qui qualifie la colonisation de "plus grande menace pour une solution à deux Etats". "Pour que la solution à deux Etats se réalise, Jérusalem doit devenir la future capitale de deux Etats, Israël et la Palestine", affirment les chefs de mission de l'UE, déplorant qu'"Israël perpétue activement son annexion illégale de Jérusalem-Est".
"CONTRER LA COLONISATION DANS JÉRUSALEM-EST"
La colonisation est "systématique, délibérée et provocatrice", selon le texte, qui reproche à ce procédé de "saper la confiance entre les parties, mettre en péril les perspectives physiques de création d'un Etat palestinien viable et contigu et de rendre les compromis nécessaires à la paix plus difficiles à mesure que la population des colonies augmente". Le document pointe en particulier la colonisation sur le flanc sud de Jérusalem qui menace de créer un "tampon effectif entre Jérusalem-Est et Bethléem [Cisjordanie] d'ici à la fin de 2013" et le projet E1 qui "diviserait la Cisjordanie en deux parties séparées nord et sud".
Dans ce rapport envoyé à Bruxelles, les chefs de mission recommandent d'"intensifier les efforts de l'UE pour contrer la colonisation dans Jérusalem-Est et autour, qui constitue une menace particulière pour la solution à deux Etats". Ils appellent également à "assurer la stricte application de l'Accord d'association Israël-UE, notamment que les produits fabriqués dans les colonies ne bénéficient pas du traitement préférentiel" prévu par cet accord.
Malgré l'annexion proclamée de Jérusalem-Est et "bien que les Palestiniens constituent environ 37 % de la population de Jérusalem, la municipalité ne dépense pas plus de 10 % de son budget total dans les zones palestiniennes", relèvent les chefs de mission de l'UE.
Israël considère Jérusalem comme sa capitale "unifiée et indivisible". Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion en 1967 de la partie orientale occupée de la ville, où vivent 200 000 Israéliens dans des quartiers de colonisation juive, et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Elections en Italie : ébauche de discussions pour trouver une majorité
ROME (ITALIE), MARDI. Pier Luigi Bersani, le leader de la gauche italienne, a entrouvert la porte à l'ex-comique Beppe Grillo pour constituer une majorité.
| AFP/ALBERTO PIZZOLI
Pier Luigi Bersani a évoqué des thèmes chers à ce courant populiste, tels que la réforme des institutions, les coupes dans les coûts de la politique, la moralité et la défense des plus défavorisés, appelant Beppe Grillo à dire «ce qu'il veut pour le pays».
Il s'agit de constituer une majorité alors que le pays se retrouve dans une impasse à la suite des élections de dimanche et lundi. La gauche est en effet majoritaire en voie à la Chambre des députés et au Sénat. Mais, les deux chambres ayant les mêmes prérogatives et l'obtention des sièges au Sénat reposant sur une pondération par régions, la majorité des sièges y revient... à la droite de Silvio Berlusconi. La constitution d'un gouvernement s'annonce donc particulièrement complexe puisque la Constitution le contraint à obtenir la confiance et de la Chambre des députés et du Sénat.
Beppe Grillo : «Maintenant ce n'est pas le moment de parler d'alliances» Pour l'instant, le Mouvement 5 Etoiles ne souhaite s'allier avec aucune autre formation, a fait savoir Beppe Grillo. «Nous allons voir, réforme par réforme, loi par loi. S'il y a des propositions qui sont compatibles avec notre programme, nous allons les évaluer», a-t-il dit, avant d'ajouter que «maintenant, ce n'est pas le moment de parler d'alliances».
Ces déclarations augurent d'un possible soutien à un gouvernement de gauche, sans un accord formel de coalition. Additionnés à ceux de la gauche, les 54 sénateurs de Beppe Grillo permettraient d'avoir une majorité au Sénat. L'expert politique Stefano Folli juge cependant que cela risquerait d'aboutir «à un gouvernement minoritaire exposé à tous les vents au parlement et aux mains de Beppe Grillo».
Une mariage à trois ?
Le grand perdant du scrutin était le favori du reste de l'Europe : Mario Monti, Premier ministre sortant, a recueilli seulement 10% des suffrages. Son entourage mise encore sur une possible «grande coalition» pour gouverner l'Italie. Il faudrait pour cela une alliance entre le PD de Bersani, le Peuple de la liberté (PDL) de Berlusconi et le centre de Monti. Sur son blog, Beppe Grillo a qualifié cette hypothèse de «grand ramassis de politicards». Le Cavaliere, qui a réalisé une remontée spectaculaire, semble prêt à envisager un mariage de raison, ce qui n'a pas convaincu Pier Luigi Bersani.
Les marchés financiers ont réagi très négativement à cette impasse sur le futur gouvernement de la troisième économie de la zone euro: la Bourse de Milan a connu une journée noire, s'effondrant de près de 5% à la clôture.
L'Europe dit avoir entendu le «message d'inquiétude» des citoyens italiens, tout en demandant à Rome d'«honorer ses engagements» budgétaires et de réformes. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a, lui, souhaité mardi soir que l'Italie se dote d'un «gouvernement stable», tout en se disant «pas franchement réjoui» par le résultat des élections.
Le sort politique de l'Italie est en fait entre les mains du président Giorgio Napolitano qui pourrait juger une telle situation trop instable et lui préférer la mise en place d'un nouveau gouvernement technique de transition avant de nouvelles élections.
Italie : les troupes de Beppe Grillo ne voteront la confiance à personne
Beppe Grillo lors d'un meeting à Sienne, le 24 janvier. (Photo Stefano Rellandini. Reuters)
actualisé Le Mouvement 5 Etoiles, en position d'arbitre à l'issue des législatives de dimanche et lundi, ne souhaite appuyer ni la gauche ni la droite pour former un gouvernement.
Libération
Le Mouvement 5 Etoiles (M5S), qui a remporté un quart des voix aux élections législatives italiennes, ne votera pas la confiance à un gouvernement quel qu’il soit, a affirmé mercredi son leader, Beppe Grillo, sur son blog. «Le M5S ne votera pas la confiance au Parti démocrate (PD, gauche), ni à d’autres», a tranché l’ex-humoriste, dont les élus sont très courtisés en l’absence de majorité claire au Sénat. En revanche, il a répété que son mouvement, qui dispose de 109 députés et 54 sénateurs, «votera les lois qui reflètent son programme, quel que soit celui qui les propose».
Ces déclarations interviennent alors qu’une des hypothèses avancées pour sortir l’Italie de l’impasse politique serait un gouvernement de gauche majoritaire à la Chambre et minoritaire au Sénat qui bénéficierait d’un soutien au coup par coup des élus estampillés 5 Etoiles.
Le chef du PD Pier Luigi «Bersani nous harcèle politiquement. Depuis des jours, il importune le M5S avec des propositions indécentes au lieu de se démettre, comme le ferait n’importe qui à sa place», écrit Beppe Grillo sur son blog. Mardi, Bersani, candidat de la gauche au poste de Premier ministre, avait fait une ouverture à l'égard du Mouvement 5 Etoiles.
Une attaque en règle à laquelle le chef du PD a aussitôt répliqué par un communiqué : «Ce que Grillo a à me dire, y compris les insultes, je veux l’entendre au Parlement. C’est là que chacun assumera ses propres responsabilités». Or Beppe Grillo ne siègera pas personnellement au parlement, car son mouvement interdit aux personnes condamnées de se présenter, ce qui est son cas puisqu’il a été reconnu coupable dans les années 80 d’homicide involontaire suite à un accident de la circulation dans lequel trois personnes avaient été tuées.
Il avait évoqué des thèmes chers à cette formation, comme la réforme des institutions, les coupes dans les coûts de la politique, la moralité et la défense des plus défavorisés, appelant Beppe Grillo à dire «ce qu’il veut pour le pays». Grillo avait alors souligné qu’il ne voulait s’allier à aucune formation et envisageait de voter au cas par cas pour des réformes.
Aucune annonce ou rendez-vous entre responsables politiques n'était a priori prévue mercredi, selon la presse italienne qui évoquait une «pause de réflexion» mais aussi des tractations officieuses entre états-majors via des «ambassadeurs». Une réunion de la direction du PD, dont la coalition de gauche dispose d’une majorité confortable à la Chambre mais insuffisante au Sénat, a été programmée pour mardi.
Fillon lance sa campagne en vue de 2017 sur un ton très offensif
De Nadège PULJAK (AFP)
François Fillon (C) applaudi par Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez le 26 février 2013 à la Mutualité à Paris (AFP, Eric Feferberg)
PARIS — François Fillon a lancé mardi sa campagne en vue de l'élection présidentielle de 2017 avec un discours très offensif, décochant des flèches contre son rival Jean-François Copé et contre le gouvernement qui, selon lui, conduit la France "au bord des précipices".
Les partisans de l'ancien Premier ministre, certains debout, s'étaient rassemblés dans une salle de la Mutualité bondée pour participer à son premier grand meeting, l'interrompant à plusieurs reprises par leurs applaudissements ou en scandant son nom.
"Nous sommes donc à nouveau là", a lancé d'emblée M. Fillon dans la salle où l'ancien président Nicolas Sarkozy avait prononcé son dernier discours, au soir de sa défaite, le 6 mai 2012.
Avant de dénoncer "une gauche mensongère et une extrême droite démagogique", de lancer son offensive contre la "politique corporatiste" du gouvernement, contre le président François Hollande, "avec ses petites blagues et ses petites gesticulations, sans ambition, sans audace, sans cap", M. Fillon a sévèrement critiqué l'UMP présidée par M. Copé.
"Autrefois, les partis politiques étaient d'immenses chaudrons où se forgeaient les idées, les projets, les rêves d'action. Ils reflétaient la société et la faisaient avancer", a-t-il affirmé. "Aujourd'hui, tout se fait en vase clos (...) L'UMP est loin d'être la maison des Français qui se pressent dans le RER de 18 heures", s'est-il exclamé, allusion à la phrase célèbre d'André Malraux ("le gaullisme c'est le métro à 6 heures du soir").
Selon lui, "ce qui se faisait autrefois à chantier ouvert, dans le chahut des salles de banquet et des tonitruants discours, se fabrique maintenant à quelques-uns, dans de petits cercles, à partir d'expertises, de séquences et de communicants", a-t-il dit, sans toutefois jamais prononcer le nom de son rival.
Malgré l'accord passé entre eux le 19 décembre pour mettre fin à plus d'un mois de crise à l'UMP, après le "fiasco" de l'élection du président du parti le 18 novembre, la plaie est toujours ouverte. "Je n'ai pas aimé ce combat qui nous a blessés", a-t-il dit.
"Un militant parmi les militants"
Comme il l'avait déjà fait dimanche soir sur TF1 et mardi dans Le Monde (daté de mercredi), M. Fillon a dit comment il entendait tracer sa route jusqu'à la primaire de 2016, "à travers un tour de France" qui lui permettra, espère-t-il "nouer avec les Français une relation de confiance". "Je redeviens un militant parmi les militants", a-t-il dit, se défendant à nouveau d'être déjà candidat à la primaire, même si la détermination qu'il affiche ne fait pas de place au doute.
"En 2016, il y a aura des primaires ouvertes à l'UMP pour désigner notre candidat à l'élection présidentielle. C'est encore loin, mais comment ne pas avoir ce rendez-vous en tête?", s'est-il d'ailleurs demandé.
Après cinq années passées à Matignon, dont il "assume les réussites et les revers", M. Fillon a dessiné les contours d'une politique économique apte à redresser une France menacée, selon lui, de "conflagration civile" si "rien n'est fait". "Il faudra décentraliser le dialogue social et sortir des 35 heures pour aller vers les 39 heures", a-t-il affirmé. Il faudra aussi "repenser notre fiscalité", "alléger le coût du travail", "élargir les voies d'un capitalisme populaire".
Pour parvenir à ses fins, M. Fillon va s'appuyer sur une association, "Force républicaine", le nouveau nom de son club france.9.
"Au côté de l'UMP, et pour l'UMP, j'entends ainsi ouvrir nos capacités d'attirer d'autres citoyens qui cherchent de nouvelles raisons de s'engager", a-t-il dit. Façon pour lui de contourner le parti dirigé par son rival.
Dans une longue interview au Monde publiée plus tôt dans la journée, il a pris soin aussi de se démarquer de l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, dont une partie de la droite espère toujours le retour : "Nous sommes tous au même niveau et avons tous nos preuves à faire. Moi le premier".
De nombreuses personnalités UMP étaient présentes à la Mutualité, notamment Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la primaire des municipales en 2014 à Paris, qu'il soutient et a fait applaudir par l'assistance.
Après une longue parenthèse, Aubry refait parler d'elle
De Karine PERRET (AFP)
L'ex-patronne du Parti socialiste Martine Aubry, le 27 octobre 2012 à Toulouse (AFP/Archives, Lionel Bonaventure)
PARIS — Discrète ces derniers mois, l'ex-patronne du PS Martine Aubry revient un peu sur le devant de la scène nationale, rencontrant les deux têtes de l'exécutif, tandis que ses soutiens se réunissent régulièrement pour donner de la "vigueur" aux réformes de la majorité.
Mercredi, Mme Aubry a rendez-vous avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, pour un "déjeuner privé", selon Matignon. Lundi, c'est côté Elysée, avec le président François Hollande qu'elle déjeunait, ont affirmé plusieurs sources.
La maire de Lille, qui a quitté ses fonctions de première secrétaire du PS en septembre, et est régulièrement citée comme une potentielle chef du gouvernement, confiait récemment sur une radio qu'elle rencontrait des ministres "chaque semaine". Elle avait notamment cité Manuel Valls (Intérieur), Arnaud Montebourg (Redressement productif) ou encore Michel Sapin (Emploi).
S'agit-il d'un retour sur le plan national ? "Je n'ai pas l'impression de ne plus être dans la politique nationale. Je la suis jour après jour. Je fais part de mes remarques, positives ou critiques (...) aux ministres concernés", assurait Mme Aubry à RTL mardi dernier.
Assurant soutenir le gouvernement "de toutes ses forces", Mme Aubry entend toutefois "dire au Premier ministre, aux ministres, les choses telles que je les pense", ajoutait-elle, regrettant par exemple que l'application de l'interdiction du cumul des mandats aux parlementaires dès les municipales de 2014 semble s'éloigner, "malheureusement".
L'ex-première secrétaire du PS accompagnera en outre François Hollande lors de son déplacement en Chine fin avril, a affirmé son entourage à l'AFP. Une visite qui s'inscrit dans le cadre de la mission économique auprès des entreprises et industriels dans ce pays dont elle a été chargée par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, en août.
Parallèlement, ses soutiens se réunissent régulièrement depuis septembre, presque chaque mardi au ministère de François Lamy, ministre délégué à la Ville et ex-bras droit de la patronne de Solférino. On y retrouve par exemple les députés Christian Paul, Jean-Marc Germain (son ancien directeur de cabinet), Guillaume Bachelay, Jean-Christophe Cambadélis, Marie-Pierre de la Gontrie ou la sénatrice Laurence Rossignol.
"Il ne s'agit pas d'une machine de guerre pour lancer des offensives, ce n'est pas un quartier général (face aux "hollandais", ndlr), ni de réunions de personnes qui seraient dans la nostalgie", assure à l'AFP Christian Paul.
"C'est plutôt un lieu d'échanges et d'analyses destinés à apporter de la vigueur réformatrice" aux politiques engagées par la majorité, ajoute-t-il.
"L'idée est aussi de réfléchir aux engagements de demain, de distribuer de bonnes idées, dans le prolongement du travail qu'avait conduit le PS pour élaborer son programme pour la présidentielle de 2012, a renchéri M. Germain.
Autre objectif, note l'un d'entre eux: peser dans les groupes parlementaires, pour, ici, devenir rapporteur de tel ou tel sujet, pour là "améliorer" un projet de loi, comme par exemple celui concernant la réforme bancaire, amendé par le courant "la Gauche durable" emmené par M. Paul et Mme Rossignol.
Mme Aubry rencontre les uns et les autres, régulièrement à Paris, à l'abri des regards. "Je préfère toujours parler en interne et ne pas faire des petits pas de côté à l'oral pour communiquer", a-t-elle expliqué.
Elle-même et ses proches conviennent qu'elle a été "très affectée" par son implication (elle a été mise en examen) dans le dossier de l'amiante dont est chargée la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy.
ECONOMIE
La flambée du chômage, les raviolis Panzani, la Zoe : la revue de presse de l'industrie
Par Astrid Gouzik
Le chômage en hausse en janvier, le scandale de la viande de cheval prend une nouvelle dimension avec Panzani, la Zoe arrive en concessions... Retrouvez l'essentiel de l'actualité industrielle dans la revue de presse de L'Usine Nouvelle.
Hausse du chômage en janvier Les chiffres du chômage ont atteint le triste record de 1997. L'information inonde les unes, les ondes et les chaînes télévisées, ce mercredi 27 février au matin. Le Figaro, et Sud-Ouest en font leur une. Le nombre de demandeurs d'emploi toutes catégories confondues en France s'établit en janvier à 4 680 200, selon les chiffres publiés par le ministère du Travail. Il a bondi en janvier en France après une hausse plus modérée en décembre, la moitié de la progression étant due à une modification du système de radiation des chômeurs.
France 2 réserve au sujet une large place dans son journal télévisé.
Le scandale de la viande de cheval prend une nouvelle dimension avec Panzani Le site internet du magazine LSA l'a révélé, mardi 26 février. Panzani fait figure de nouvelle victime dans la crise de la viande de cheval. Il rejoint ainsi Findus, Picard, Nestlé-Buitoni et quelques autres dans la liste des entreprises impliquées. Dans la ligne de mire : ses raviolis en conserve Panzani fabriqués par William Saurin. Le fabricant aurait été victime d’une tromperie par l'un de ses fournisseurs.
La Zoe de Renault arrive dans les concessions françaises
La berline 100% électrique de la marque au losange doit arriver dans les concessions dans les jours à venir. L'occasion pour Les Echos de poser plusieurs questions avant le lancement de la commercialisation dans l'hexagone, qui devrait ensuite s'échelonner dans le reste de l'Europe. Quel niveau de prix ? Pour quel public ? Cela s'inscrit dans quelle stratégie électrique ? Le quotidien économique y répond dans son édition datée de mercredi 27 février.
L'espoir du chantier naval de Saint-Nazaire
Le chantier de Saint-Nazaire et ses sous-traitants espèrent décrocher la construction de cinq bateaux de croisière fluviale. Cela permettrait de soutenir l'emploi dans la région, indique Presse Océan.
Astrid Gouzik
Ryanair : Bruxelles refuse la fusion avec Aer Lingus
Les mesures correctives proposées par Ryanair n'ont pas apporté « de réponse satisfaisante aux problèmes » que cette fusion aurait entraînés, a expliqué la Commission. Ryanair dénonce une décision « politique » de l'Union européenne et annonce qu'elle va faire appel.
AFP
AFP
La Commission européenne a interdit mercredi à la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts Ryanair de prendre le contrôle de sa concurrente Aer Lingus, estimant que cela aurait « porté préjudice aux consommateurs en créant une situation de monopole ou de position dominante ».
Cette décision n'est pas une surprise dans la mesure où Ryanair avait annoncé le 12 février que la Commission s'apprêtait à interdire sa nouvelle offre sur Aer Lingus. Il s'agit du troisième échec dans sa tentative de prendre le contrôle de sa compatriote. La Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, avait ouvert le 29 août une enquête approfondie sur le projet d'acquisition d'Aer Lingus par Ryanair .
Les mesures correctives proposées par Ryanair n'ont pas apporté « de réponse satisfaisante aux problèmes » que cette fusion aurait entraînés, a expliqué la Commission, soulignant que les parts de marché cumulées des deux compagnies représentaient 87% des vols court-courrier au départ de Dublin. « La concentration envisagée aurait porté préjudice aux consommateurs en créant une situation de monopole ou de position dominante sur les 46 liaisons aériennes sur lesquelles Aer Lingus et Ryanair se livrent actuellement une concurrence acharnée », a indiqué le commissaire européen chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia,.
Almunia confiant
Cette situation, par conséquent, « aurait réduit le choix proposé à la clientèle et très probablement entraîné une hausse des prix pour les passagers », explique encore l'exécutif européen. Ryanair a vivement réagi mercredi en dénonçant une décision « politique » de l'Union européenne. « Nous regrettons que cette interdiction soit manifestement motivée par de petits intérêts politiques plutôt que par des inquiétudes concernant la concurrence et nous pensons que nous avons des raisons solides pour faire appel et casser cette interdiction d'ordre politique », a dénoncé le responsable de la communication de la compagnie, Robin Kiely, dans un communiqué. La compagnie aérienne a annoncé qu'elle va faire appel.
Interrogé sur cet appel, Joaquin Almunia s'est montré confiant. La décision de la Commission, dans la mesure où elle est prise à la suite d'un vote du collège des commissaires, peut être qualifiée de politique, a-t-il reconnu. Mais « les arguments qui sous-tendent notre décision sont très, très solides, aussi bien d'un point de vue économique que d'un point de vue légal », , a-t-il ajouté. Il a rappelé que la décision de la Commission d'interdire le rachat d'Aer Lingus par Ryanair en 2007 avait été confirmée ensuite par la Cour de justice européenne. Or estime-t-il, « les problèmes de concurrence (posés par la fusion) sont plus importants aujourd'hui qu'en 2007 ».
SOURCE AFP
Volkswagen : une prime de 7200 euros pour 100000 salariés allemands
Après avoir enregistré un bénéfice net record de presque 22 milliards d'euros en 2012, le constructeur automobile allemand Volkswagen a annoncé mercredi qu'il allait verser une prime de résultat de 7.200 euros par personne à environ 100.000 salariés allemands. | Nicholas Kamm
L'an dernier, la prime avait atteint un niveau record de 7 500 euros.
«Certains dans la branche se battent pour leur survie. Chez Volkswagen, au contraire, il y a malgré la crise des ventes en Europe de l'Ouest et du Sud une prime de résultat», a commenté le président du comité d'entreprise du groupe, Bernd Osterloh, cité dans un communiqué. «Cela nous montre que chez Volkswagen, l'implication paie», a-t-il estimé.
Bonus plafonnés pour les membres du directoire
Le conseil de surveillance du groupe a décidé vendredi de plafonner les bonus pour les membres du directoire. L'an dernier, le niveau de la rémunération du patron Martin Winterkorn (environ 17,5 millions) avait fait scandale en Allemagne. Ce dernier touchera tout de même 14,5 millions d'euros pour 2012, et devrait donc rester le patron le mieux payé du Dax.
Libéré de sa prison togolaise, Loïk Le Floch-Prigent de retour à Paris
Après avoir passé cinq mois derrière les barreaux à Lomé pour son implication présumée dans une affaire d'escroquerie, l'ancien patron d'Elf a été libéré ce mardi pour raisons de santé. Il est arrivé en France ce mercredi matin à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle: un "immense soulagement" pour son avocat.
Celui qui se disait récemment traité comme "un présumé coupable" par la France a rejoint Paris après avoir passé près de cinq mois dans une prison de Lomé, au Togo. Le parquet annonce ce mardi la libération de Loïk Le Floch-Prigent pour raisons de santé. "Mais il reste à la disposition de la justice togolaise", annonce le procureur togolais Essolissam Poyodi.
Loïk Le Floch-Prigent, 69 ans, a été arrêté en septembre 2012 à Abidjan puis extradé vers le Togo avant d'être inculpé pour "complicité d'escroquerie". Son nom est cité dans une enquête ouverte en mars 2011 à la suite d'une plainte d'un homme d'affaires des Emirats. Abbas al-Youssef estime avoir été volé de 48 millions de dollars.
Depuis, l'ancien patron d'Elf se dit victime d'une machination. Il a déposé plainte en décembre 2012 et une enquête est ouverte à Paris pour corruption. Deuxième plainte le 18 janvier dernier. Ses avocats espèrent ainsi montrer que l'homme d'affaires a été victime d'un trucage le présentant "en fuite" lors de son arrestation.
DSK / Iacub : Les éditions Stock et Le Nouvel Obs condamnés
Le livre « Belle et bête » de Marcela Iacub ne sera pas interdit, comme le demandait Dominique Strauss-Kahn. Mais dans chaque exemplaire sera glissé un encart, précisant qu’il porte atteinte à sa vie privée. Cette opération devrait repousser la sortie du livre, initialement prévue ce mercredi.
La maison d’édition Stock et l’auteure sont condamnées à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à l’homme politique. Le Nouvel Obs [détenu par le même actionnaire que Rue89], qui avait fait sa Une sur la liaison entre Marcela Iacub et DSK, devra verser 25 000 euros. Le magazine diffusera un communiqué judiciaire barrant la moitié de sa Une.
Après la viande, la filière poissons placée sous "surveillance renforcée"
La viande de bœuf était de la viande de cheval dans des plats préparés vendus presque dans le monde entier. Pour tenter de restaurer la confiance des consommateurs, les contrôles de la filière d'approvisionnement en viande ont été renforcés. Mais aussi ceux de la filière poissons. Car même si aucun cas de fraude n'a encore été constaté, les agents de la DGCCRF anticipent des substitutions d'espèces...
Et si la sole était de la sole tropicale, le flétan du flétan noir, le loup du loup de mer. Et s'il y avait du colin dans le cabillaud. Comme dans le cas de la viande de cheval, un simple changement d'étiquette peut tromper le consommateur et permettre des gains substantiels en raison des différences de prix.
Le ministre de la Consommation, Benoît Hamon a donc placé aussi la filière poisson dans le collimateur : "Nous anticipons la possibilité que des substitutions d'espèces pourraient avoir lieu. Des prélèvements à la fois sur des échantillons de plats transformés et sur les étals seront effectués."
Viande. Un éleveur normand accuse un abattoir Leclerc de tromperie
Yves Sauvaget, l’éleveur de la Manche dénonce un nouveau scandale dans l’agroalimentaire.
Photo Ouest-France.
Après le scandale de la viande de cheval, une nouvelle affaire éclate : un éleveur laitier de la Manche a constaté que ses bêtes ont été revendues comme vache à viande. Les abattoirs concernés se défendent de toute tromperie.
Yves Sauvaget, éleveur laitier bio basé à Saint-Ovin, dans la Manche, s’est rendu compte que ses bêtes envoyées à l’abattoir ont été revendues comme des vaches à viande.
C’est en décidant de retourner voir les carcasses, quelques jours après les avoir données à l’abattoir, qu’il se rend compte que ses bêtes n’ont pas suivi l’itinéraire prévu.
Des laitières classées vaches à viandes
« Le 26 juillet 2012, j’ai vendu et amené trois vaches de réformes issues du troupeau laitier, par l’intermédiaire d’un négociant en bestiaux, aux abattoirs Kerméné, à Collinée (Côtes d’Armor), à destination de la filière biologique », raconte-t-il.
« Le lendemain, pour avoir quelques éclaircissements sur les poids enregistrés, qui ne posaient pas de problème, j’ai pu examiner les tickets de pesée fiscaux, spécialement édités dans la filière bio. Sur les trois vaches pourtant laitières, deux d’entre elles ont été classées vaches de race viande. Ces vaches croisées Montbéliard et Prim’Holstein, étaient pour la production de lait. Si l’une d’elle a été classée « laitière » parce que sa mère étaient une laitière, les deux autres, croisées, qui produisaient du lait, ont été classées « type viande ». J’ai été payé de ces trois vaches « de type laitier », selon un prix qui a eu mon agrément et que je ne conteste pas », explique Yves Sauvaget.
Leclerc se défend
Ces étiquettes, l’éleveur les a précieusement conservées. Elles prouvent, selon lui, que les abattoirs ont sciemment trahi les consommateurs.
« Des morceaux identiques sont vendus six euros de plus le kilo en changeant uniquement le type racial », déplore-t-il. « La tromperie était facile à réaliser, il n’y a que les éleveurs qui peuvent s’en rendre compte ».
Six euros de plus par kilo représentent un bénéfice de 1 500,00 € par bête. Le groupe Leclerc, qui possède les abattoirs de Kermené près de Loudéac en Bretagne, se défend de toute tromperie.
« Kermené respecte les règles qui engagent toute la filière bovine française. […] Si une erreur venait cependant à être constatée, malgré l’ensemble des contrôles stricts, nous mettrions tout en œuvre pour remonter la chaîne de traçabilité et identifier la cause de l’anomalie », écrit ainsi le groupe, dans un communiqué.
Difficultés de la traçabilité dans la filière bovine
De son côté, l’éleveur estime que la confusion était impossible. « La confusion était d’autant moins possible que nous sommes dans la filière biologique. C’est d’ailleurs pour cette raison que, moi, éleveur j’ai pu m’apercevoir de cette erreur. Je ne demande aucune indemnisation supplémentaire sur le paiement de ces vaches, puisque j’étais d’accord sur la transaction initiale. J’attire l’attention des consommateurs sur les difficultés de la traçabilité dans les filières de viande bovine. Les producteurs acceptent tous les inconvénients de la traçabilité. Elle est nécessaire. Si nous faisons des erreurs nous sommes immédiatement sanctionnés. Les entreprises de transformation doivent être également exemplaires, sur l’information due au consommateur : le prix d’une pièce de viande issue d’une vache de réforme n’a rien à voir avec celui d’une vache de race à viande. »
« Pas acceptable » selon Le Foll
« Ces pratiques ne sont pas acceptables », a réagi mardi Stéphane Le Foll. « C’est la responsabilité du ministre de l’Agriculture de faire en sorte que les petits profits de certains ne se fassent pas au détriment de tous les autres », a-t-il poursuivi, précisant qu’il interviendrait sur le sujet « dès aujourd’hui » pour « faire passer un message à tous ceux qui ont pu être responsables ».
Depuis le salon de l’agriculture, Stéphane Le Foll a estimé que « plus on sera clairs sur les origines et sur cette traçabilité, moins on offrira de possibilités de tricher. On peut toujours avoir des gens tentés de tricher, de modifier les règles. Mais il n’y a aucune raison de considérer qu’il s’agit d’un problème généralisé, et en même temps il n’y a pas de raison non plus de minimiser ce problème ».
Selon le ministre, « on est sur un débat qui porte à la fois sur la confiance que doit avoir le consommateur dans ce qu’il achète, et sur la confiance dans les relations commerciales qui doivent exister entre la grande distribution, la transformation et les producteurs ».
Cette histoire illustre un peu plus la crise de confiance qui touche aujourd’hui l’industrie agroalimentaire, dont les ventes pâtissent déjà fortement du scandale de la viande de cheval.
Scandale : la Budweiser serait coupée à l'eau
Le Monde.fr avec AFP
Anheuser-Busch viole les lois protégeant les consommateurs en étiquetant faussement le contenu en alcool de ses produits, affirment les plaignants. | AP/Michael Conroy
Anheuser-Busch, le brasseur qui produit les très populaires marques américaines de bières Budweiser est accusé de mettre trop d'eau – et pas assez de houblon, de malt d'orge et de riz – dans ses bouteilles, pour faire plus de bénéfices.
Une plainte collective en Pennsylvanie, Californie et dans le New Jersey affirme que la très populaire Budweiser à 5 % d'alcool, est coupée et les plaignants affirment qu'en ajoutant trop d'eau à la bière, "un nombre plus grand d'unités peut être produit". Il en irait de même pour onze autres produits de la marque : Bud Ice, Bud Light Platinum, Michelob, Michelob Ultra, Hurricane HighGravity Lager, King Cobra, Busch Ice, Natural Ice, Bud Light Lime, etc.
Les auteurs de la plainte affirment, en se basant sur les témoignages d'anciens employés d'Anheuser-Busch, que le brasseur viole les lois protégeant les consommateurs "en étiquetant faussement le contenu en alcool de ses produits". La plainte, qui demande des dommages et intérêts pour tout acheteur de Budweiser au cours des cinq dernières années, pour un montant non précisé, a été déposée vendredi devant la cour du district de San Francisco. "Les grandes compagnies ne doivent pas mentir à leurs clients", affirme un des auteurs de la plainte, Nina Giampaoli, du cabinet d'avocats Mills Law Firm, "je me sens trompée. Quel que soit le produit, les gens doivent pouvoiravoir des informations fiables des sociétés sur les étiquettes", dit-elle.
Le brasseur Anheuser-Busch, basée à Saint Louis, dans le Missouri, qui fait partie du groupe belgo-brésilien ABInBev, a indiqué dans un communiqué que ces affirmations étaient "complètement fausses". "Nos bières respectent complètement les directives concernant les boissons alcoolisées, ce qui fait de nos bières les marques les plus vendues aux Etats-Unis et dans le monde", ajoute le communiqué.
Voilà qui tombe mal pour le brasseur qui vient d'engager le chanteur et acteur Justin Timberlake comme directeur créatif pour sa marque Bud Light
USA: des centaines de sans-papiers relâchés de prison à cause du budget
AFPQC | Par AFP
L'agence américaine de l'Immigration et des Douanes (ICE) a laissé sortir de prison des centaines de détenus sans papiers en prévision des coupes budgétaires drastiques attendues dès vendredi faute d'accord au Congrès, a annoncé mardi une porte-parole de l'institution.
"En raison des incertitudes qui demeurent sur le plan fiscal (...), l'ICE a procédé à un réajustement de sa population carcérale pour s'assurer que les niveaux de détention resteront dans les limites du budget actuel" de l'agence, a expliqué une porte-parole, Barbara Gonzalez, dans un courriel à l'AFP.
En conséquence, l'ICE a "revu plusieurs centaines de dossiers et placé ces individus sous des méthodes de surveillance moins coûteuses que la détention" en tant que telle, poursuit-elle.
"La priorité de la détention reste pour les auteurs de crimes graves et les autres individus qui posent une menace sérieuse à la sécurité publique", assure encore l'agence. Les sans-papiers relâchés devront en outre se présenter régulièrement auprès des autorités.
Le président Barack Obama a sonné l'alarme mardi au sujet de la cure d'austérité "à la hache" qui guette les Etats-Unis dans trois jours, et pressé les républicains du Congrès de conclure un compromis avec les démocrates pour éviter au pays de se "tirer une balle dans le pied".
M. Obama cherche à faire endosser aux républicains la responsabilité de cette rigueur forcée, fruit de l'incapacité des deux camps à s'accorder sur une réduction des déficits depuis 18 mois. Son administration a notamment mis en garde contre les conséquences concrètes de ces coupes: congés sans solde pour les fonctionnaires, attentes plus longues dans les aéroports, ou sécurité des frontières compromise.
L'ICE, chargée de l'expulsion d'immigrés sans papiers, détient actuellement 30.000 prisonniers en moyenne dans tout le pays. Les Etats-Unis, qui ont battu des records d'expulsions de sans-papiers depuis la prise de fonctions de Barack Obama, avec plus de 1,2 million de renvois à la frontière, entreprennent actuellement une réforme de l'immigration.
jz/sam/bdx.
Russie : les Pussy Riot pourraient être libérées avant 2014
De Anna MALPAS (AFP)
La Pussy Riot Ekaterina Samoutsevitch lors d'un entretien avec l'AFP le 25 février 2013 à Moscou (AFP, Yuri Kadobnov)
MOSCOU — Les deux femmes du groupe contestataire russe Pussy Riot qui purgent une peine de deux ans de camp pour une "prière punk" contre Vladimir Poutine pourraient être libérées par anticipation avant 2014, estime Ekaterina Samoutsevitch, co-accusée, mais remise en liberté.
"La principale tâche consiste à obtenir la libération de Nadia et de Macha", déclare-t-elle dans une interview accordée à l'AFP, utilisant le diminutif des prénoms des deux prisonnières, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina.
"Je crois que si nous arrivons à organiser leur défense à un haut niveau, il y a une chance qu'elles soient libérées par anticipation, avant d'avoir purgé leur peine de deux ans", ajoute Ekaterina Samoutsevitch.
Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch avaient été arrêtées en février 2012 dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, où elles avaient dansé et chanté une prière punk demandant à la Sainte-Vierge de "chasser Poutine", pour dénoncer une collusion entre l'Eglise orthodoxe et le pouvoir politique.
En août, elles avaient été condamnées à deux ans de camp pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse".
A l'issue du procès en appel en octobre, Ekaterina Samoutsevitch, qui avait changé d'avocat, avait vu sa peine commuée en sursis et avait été libérée.
L'affaire a profondément divisé la société en Russie, mais le groupe est devenu depuis un symbole de la protestation contre le régime de Vladimir Poutine, que de nombreux opposants accuse d'atteintes aux libertés.
L'affaire des Pussy Riot reste une épine dans le pied de Poutine, estime Ekaterina Samoutsevitch, soulignant que la pression politique pour la libération des deux autres jeunes femmes du groupe pourrait s'accentuer à l'approche des jeux Olympiques de Sotchi (sud-ouest de la Russie), en février 2014.
"Il est clair que les Pussy Riot n'améliorent pas la situation pour Poutine", estime-t-elle.
"Poutine doit toujours répondre aux mêmes questions gênantes concernant la libération des membres des Pussy Riot, et je pense qu'il va encore être interrogé là-dessus, en particulier avant les jeux Olympiques de Sotchi. Alors je ne sais pas comment les autorités vont réagir et ce qu'elles vont faire", dit Ekaterina Samoutsevitch.
Depuis sa libération, cette petite femme menue est soumise à des restrictions, elle a obligation de rester en Russie et de solliciter la permission des autorités si elle veut quitter Moscou.
Ekaterina Samoutsevitch, et deux autres femmes qui avaient participé à l'action des Pussy Riot dans la cathédrale de Moscou mais n'ont jamais été arrêtées, affirment être suivies par des inconnus.
"Un jour en sortant du métro, je me suis arrêtée et j'ai remarqué qu'un homme s'était aussi immobilisé. Je l'ai observé me filmer ouvertement avec son téléphone portable. Quand je suis partie, il m'a suivie. J'en ai conclu qu'il était chargé de me suivre", raconte Ekaterina Samoutsevitch.
Une autre femme qui a participé à l'action de février 2012 a elle aussi été "suivie à un arrêt de bus où un homme l'a filmée assez ouvertement avec son téléphone portable et a même réussi à la filmer avec une caméra", dit-elle.
"Je ne sais pas pourquoi ils font ça si ouvertement : il est évident qu'il s'agit d'intimidations", juge-t-elle.
Ekaterina Samoutsevitch observe par ailleurs qu'elle n'est pas autorisée à rendre visite aux deux autres Pussy Riot en détention, l'une dans un camp dans l'Oural, l'autre en Mordovie (Volga).
"Je peux leur écrire, les censeurs me laissent faire, ils ne sont pas intervenus pour le moment", dit-elle.
Les actions de protestation comme celles des Pussy Riot sont toujours pertinentes, estime Ekaterina Samoutsevitch, disant espérer que d'autres personnes prendront le relais.
"C'est difficile pour nous de continuer. Nous avons fait en sorte que d'autres personnes prennent le relais et commencent à prendre des initiatives", dit-elle.
SOCIETE
Les Roms encore plus discriminés suite à la crise
(AFP)
Le président du Conseil de l'Europe, le Norvégien Thorbjoern Jagland, le 26 février 2013 à Genève (AFP, Fabrice Coffrini)
GENEVE — Avec la crise, la minorité rom est encore plus victime de discrimination, marginalisation et violences et cela pourrait s'aggraver en 2014 avec des lois sur l'immigration plus souples en Europe, a estimé le président du Conseil de l'Europe, le Norvégien Thorbjoern Jagland, dans une interview avec l'AFP.
"La situation des minorités en Europe est davantage sous pression, les tensions sont réellement en train d'augmenter", a-t-il dit, soulignant que les pays ne semblent pas prêts à y faire face.
M. Jagland est à Genève pour s'adresser mardi sur ce sujet au Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies au nom du Conseil de l'Europe.
"Quand les temps sont durs, ce sont les minorités qui souffrent le plus des difficultés économiques, elles sont souvent victimes d'attaques, accusées des problèmes affectant les pays", a déclaré M. Jagland.
La minorité rom la plus importante est en Roumanie, avec 620.000 personnes selon un dernier recensement officiel, ils seraient en fait plus de 2 millions selon les ONG, et prés de 700.000 en Bulgarie.
M. Jagland s'attend à ce que le mouvement migratoire s'amplifie avec les règles d'immigration qui seront assouplies en Europe à partir de janvier 2014. "Il faut mettre en garde les pays européens sur ce qui les attend", a-t-il dit, estimant que "la situation des roms peut devenir très difficile en Europe", en référence aux tensions ethniques dans des villes en Allemagne et en France, où 12.000 roms ont été évacués l'année dernière de campements de fortune.
Interrogé sur une éventuelle amélioration de la situation des roms en France depuis l'arrivée au pouvoir du président François Hollande, M. Jagland a estimé "n'en voir aucun signe".
Les autorités nationales et locales "doivent se préparer, elles doivent contrer toutes les formes de racisme et de violence", selon M. Jagland. Il s'étonne que des fonds prévus pour aider les minorités par l'Union européenne ne soient pas utilisés, "probablement parce que ce n'est pas populaire de s'occuper des roms".
L'Espagne est un exemple de pays qui a réussi à intégrer les roms, "reçus comme des citoyens normaux, avec leurs enfants scolarisés, une implication dans la vie culturelle". Ce n'est pas le cas dans de nombreux pays, constate le président du Conseil de l'Europe.
Chantal Jouanno cherche à interdire les concours de mini-miss
Chantal Jouanno le 24 novembre 2012 à Paris. (Photo Bertrand Guay. AFP)
La sénatrice a déposé une proposition de loi visant à protéger les jeunes filles de moins de seize ans de l'«hypersexualisation».
Libération
La sénatrice UDI Chantal Jouanno a déposé mercredi une proposition de loi prévoyant l’interdiction des concours de mini-miss aux moins de 16 ans, afin de les protéger de l'«hypersexualisation». Le texte propose aussi d’interdire aux marques de faire des mineures leurs égéries. «Face à l’inaction (du gouvernement) et face à la banalisation de l’hypersexualisation (concours de mini-miss, enfants transformés en adultes miniatures) dont nous ne pourrions plus longtemps taire les signes sans les cautionner, j’ai choisi de déposer une proposition de loi pour ériger des principes légaux de protection des enfants contre l’hypersexualisation», écrit l’ancienne ministre dans un communiqué.
Chantal Jouanno avait écrit en 2002 un rapport sur ce sujet et a interpellé depuis «à plusieurs reprises le gouvernement sur les risques de ce phénomène, tant du point de vue psycho-affectif pour le développement des enfants que sociétal, du point de vue de l’apprentissage de l'égalité entre les sexes». Le gouvernement «ne s’est toujours pas emparé de ce sujet d’intérêt supérieur de l’enfant», regrette-t-elle.
«Le phénomène de l’hypersexualisation rencontre régulièrement tous les excès lors de l’organisation des concours de mini-miss», affirme la sénatrice de Paris. «Une des principales dérives constatées est l’utilisation d’enfants mineurs dans des activités de mannequinat qui ne seraient pas destinées à promouvoir des produits ou services dédiés à leurs besoins», ajoute-t-elle. Elle propose donc, sur le modèle québécois, l’interdiction de faire des mineurs de moins de seize ans des égéries de marques.
DIVERS
Benoît XVI fait ses adieux aux fidèles
A la veille de sa démission historique, le pape Benoît XVI fait ses adieux à la foule des fidèles aujourd'hui, à 10h30. On attend des dizaines de milliers de personnes rassemblés place Saint-Pierre. Il s'agit de la dernière apparition publique de Benoit XVI, après huit ans de pontificat.
C'est le dernier jour du pontificat de Benoit XVI. Après avoir fait le tri dans ses papiers mardi, entre ceux qu'il entend conserver et ceux qu'il remettra aux archives de l'Etat pontifical, le pape est prêt à raccrocher la soutane.
Pas moins de 50.000 billets ont été réservés pour participer à l'audience, sans compter les dizaines de milliers de personnes qui se trouveront à l'extérieur, sans billets, sur la place et sur la via della Conciliazione, la grande avenue menant au Vatican. La dernière audience du pape doit commencer à 10h30.
Cette audience respectera le même déroulé que toutes les autres depuis huit ans, même si Joseph Ratzinger fera un tour un plus long que d'habitude en papa-mobile.
Elle ne prévoit pas à la fin de baciamano, ce défilé de personnes qui ont le privilège de baiser l'anneau du pape et d'échanger quelques mots avec lui.
"Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite"
Le lendemain, après avoir salué les cardinaux, Joseph Ratzinger quittera le Vatican, sans cérémonie, pour se retirer dans la prière et l'étude. Il deviendra alors "Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite" et logera dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo, à 25 km au sud de Rome, pour y habiter deux mois.
La fin de ses fonctions est prévue jeudi à 20 heures.
La succession
Un conclave doit se réunir en mars, à une date encore inconnue. Plus d'une centaine de cardinaux électeurs se réuniront pour une fois dans la chapelle Sixtine, un événement quasi-inédit du vivant du pape "sortant".
Le Vatican espère que le successeur sera élu rapidement et pourra célébrer Pâques à la fin mars, alors que l'Église, confrontée à de nombreux scandales, a besoin d'un nouveau chef pour diriger la barque de 1,2 milliard de catholiques.
Benoît XVI fait ses adieux aux fidèles
Le Monde.fr avec AFPLe pape a été acclamé pour sa 348e audience générale par une foule estimée à plus de 100 000 fidèles et touristes. | AFP/GABRIEL BOUYS
Benoît XVI a été acclamé, mercredi 27 février, par une foule de plus de cent mille personnes venue lui rendre hommage pour sa dernière apparition sur la place Saint-Pierre, à la veille de sa démission. Dans son dernier message aux catholiques du monde entier, il a lancé en réponse aux acclamations chaleureuses de la foule : "Je suis vraiment ému et je vois l'Eglise vivante".
Le pape a voulu laisser un message de confiance avant son départ jeudi : "dans ces derniers mois, j'ai senti que mes forces diminuaient et j'ai demandé à dieu, avec insistance, dans la prière de m'éclairer de sa lumière, de me faireprendre la décision la plus juste (...) J'ai franchi ce pas dans la pleine conscience de sa gravité et aussi de sa nouveauté, mais aussi dans une grande sérénité d'âme", a-t-il assuré.
Dans les huit ans de pontificat, a-t-il reconnu, en faisant allusion aux scandales et controverses, "il y a eu aussi des moments pas faciles, dans lesquels les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l'histoire de l'Eglise, et le Seigneur semblait dormir". "Mais j'ai toujours su que la barque de l'Eglise n'est pas mienne, n'est pas nôtre mais qu'elle est Sa barque et qu'Il ne la laisse pas couler", a-t-il souligné.
"J'ai demandé à dieu, avec insistance, dans la prière de m'éclairer de sa lumière, de me faire prendre la décision la plus juste", a déclaré Benoît XVI, mercredi. | AP/Dmitry Lovetsky
Rappelant qu'en devenant pape le 19 avril 2005, "un grand poids avait été posé sur ses épaules" et que "la dimension privée de sa vie avait été complètement supprimée", Benoît XVI a redit qu'il se retirait désormais de toute activité publique, même si un pape "ne peut pas revenir à la vie privée".
"Ma décision de renoncer à l'exercice actif du ministère, ne change pas cela : je ne reviens pas à la vie privée, à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc... Je n'abandonne pas la croix, mais je reste d'une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je n'assume plus le pouvoir de la charge du gouvernement de l'Eglise, mais je demeure dans le service de la prière. Saint Benoît [fondateur du grand ordre contemplatif des bénédictins] dont je porte le nom comme pape, me sera un grand exemple". "Je continuerai d'accompagner le chemin de l"Eglise dans la prière et la réflexion", a dit le pape.
OVATION SUR LA PLACE SAINT-PIERRE
Faisant un tour de la place Saint-Pierre en papa-mobile décapotée sur les côtés, il a été acclamé pour sa 348e audience générale par la foule de fidèles et de touristes, brandissant des drapeaux ou banderoles disant "Merci" dans toutes les langues. Des familles, des couples, des religieux, des prêtres, des séminaristes et des bonnes sours, étaient là et scandaient "Benedetto, Benedetto".
Dès les premières heures de la matinée, par un temps frais mais limpide, des fidèles venus en majorité de Rome avaient commencé à s'approcher de la place, pour assister à ce moment historique et emprunt d'émotion. Cinquante mille billets ont été réservés pour participer à l'audience, sans compter les dizaines de milliers de personnes qui se trouveront à l'extérieur, sans billets, sur la place et sur la via della Conciliazione, la grande avenue menant au Vatican. Des paraboles de télévision et des écrans géant étaient là, comme pour les funérailles de Jean Paul II en 2005 ou sa béatification en 2011.
Dès les premières heures de la matinée des fidèles venus en majorité de Rome ont commencé à s'approcher de Saint-Pierre, pour assister à ce moment historique et emprunt d'émotion. | REUTERS/STEFANO RELLANDINI
Le pape allemand, 85 ans, a annoncé le 11 février qu'il n'avait plus les forces d'assumer sa fonctions face aux défis d'un monde en pleine mutation. Son départ a créé la stupeur, y compris au sein de l'Eglise, qui n'avait jamais assisté depuis sept cent ans à une démission volontaire d'une pape.
LE PAPE METTRA FIN À SES FONCTIONS JEUDI À 19 HEURES
Cette audience respectera le même déroulé que toutes les autres depuis huit ans, même si Joseph Ratzinger fera un tour un plus long que d'habitude en papa-mobile. Elle ne prévoit pas à la fin de "baciamano", ce défilé de personnes qui ont le privilège de baiser l'anneau du pape et d'échanger quelques mots avec lui.
Le lendemain, après avoir salué les cardinaux, Joseph Ratzinger quittera le Vatican, sans cérémonie, pour se retirer dans la prière et l'étude sous le titre de "Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite" dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo. Avec une simplicité correspondant à son tempérament, le pape mettra ainsi fin à ses fonctions jeudi à 19 heures.
Un conclave doit se réunir en mars, à une date encore inconnue. Plus d'une centaine de cardinaux électeurs se réuniront pour une fois dans la chapelle Sixtine, un événement quasi inédit du vivant du pape "sortant".
Le Vatican espère que le successeur sera élu rapidement et pourra célébrer Pâques à la fin de mars alors que l'Eglise, confrontée à de nombreux scandales, a besoin d'un nouveau chef pour diriger la barque de 1,2 milliard de catholiques.
DÉCÈS DE STÉPHANE HESSEL• "Indignez-vous !", le symptôme d'une époque
L'ancien résistant et diplomate Stéphane Hessel est décédé dans la nuit du 26 au 27 février à l'âge de 95 ans. Publié en 2010, son pamphlet Indignez-vous ! s'est vendu à plus de 4 millions d'exemplaires.
AFP
La politique et la philosophie françaises comptent un nouveau prophète. Un pas en arrière, Jean-Paul Sartre. Un pas en avant, Stéphane Hessel. Indignez-vous !, l’opuscule qu’il vient de publier [chez Indigène Editions], à l’âge de 93 ans, est un phénomène d’édition et de société. L’ouvrage, 19 pages de conversations décousues avec ce délicieux et vénérable vieux monsieur, a été sélectionné par les lecteurs du Monde comme l’événement littéraire de 2010. “Evénement” est bien le mot. Ce succès est éloquent, révélateur. Le livre en lui-même ne l’est pas. Il est assez mal écrit, répétitif, peu original, simpliste et trop court. Son message – l’indifférence empêche d’agir ; révoltez-vous, pacifiquement, pour ce en quoi vous croyez – est tout à fait admirable. Mais en tant que manifeste pour une foi renouvelée en la social-démocratie, dans un monde où démocratie et politique perdent influence et respect – au profit du fondamentalisme de marché, de la puissance de la Chine, du village mondial d’Internet –, le pamphlet est très médiocre.
Alors, comment expliquer le succès exceptionnel rencontré par ce livre en France ? Il faut y voir, d’une part, un hommage à M. Hessel, Français d’origine allemande, héros de la Résistance qui survécut à la torture et aux camps de concentration et devint, après la guerre, un défenseur des droits de l’homme et un diplomate. D’autre part, ce succès reflète les tendances gauchistes viscérales, non réfléchies, d’une partie de l’intelligentsia française. Le livre est en cours de traduction vers l’anglais et plusieurs autres langues, mais il est difficile d’imaginer qu’il connaisse ailleurs un triomphe similaire.
Et pourtant… Son succès, à défaut de son contenu, est riche d’enseignements. Il existe, non seulement en France, mais aussi en Grande-Bretagne, en Europe et même aux Etats-Unis, un sentiment populaire, encore diffus, de colère et d’anxiété. Comme le philosophe allemand Anselm Jappe l’écrit dans Crédit à mort [éditions Lignes], le krach de 2008 n’a pas été une simple crise financière, mais une “crise de civilisation”. Le monde occidental a perdu une religion (le culte aveugle des marchés, particulier à l’époque post-Thatcher et Reagan) mais n’a pu encore se résoudre à placer sa foi dans une autre. La colère est générale contre les institutions financières qui, renflouées par les Etats en 2008 et 2009, ont utilisé ces fonds pour spéculer contre l’endettement public en 2009 et 2010. Le montant des sommes qui circulent sur les marchés financiers mondiaux (700 000 milliards d’euros, selon un récent rapport parlementaire français, soit 12 fois le PIB annuel mondial) suscite l’incompréhension. Nous savons qu’il est insensé de poursuivre sur la voie d’une spéculation aussi virtuelle et aussi massive. Mais, en tentant d’y mettre un frein, on risquerait, prétendent les marchés, de jeter le monde dans une récession encore plus catastrophique. Pendant ce temps, la Chine, qui représente un ensemble de valeurs politiques totalement différent du nôtre, rachète, petit à petit mais de façon ostensible, nos dettes, nos industries et, de fait, nos consciences et nos âmes.
Comme M. Hessel nous y invite, nous devrions logiquement nous tourner vers la "gauche" et croire à nouveau dans l’importance, pour le bien de la communauté, d’une réglementation, d’une action commune et d’investissements publics. Mais il subsiste une terreur morbide de tout ce qui est étiqueté “de gauche”. Pis, il y a un mépris croissant – attisé lui aussi par une partie des médias et les instincts autarciques d’Internet – pour la politique, les politiciens et la démocratie elle-même. Le livre de M. Hessel aborde tous ces thèmes avec plus ou moins de précision. Ce qu’il a omis, c’est de proposer une réponse cohérente autre que l’indignation. Son succès foudroyant donne à penser qu’il existe une large base potentielle de soutien – et pas seulement en France – pour un nouveau messie politique du centre gauche : quelqu’un qui pourrait exprimer la colère et le mécontentement des classes moyennes et offrir une voie démocratique convaincante pour sortir du bourbier de ce début du XXIe siècle. L’autre solution – un fascisme soft – se manifeste déjà dans l’apparition du Tea Party aux Etats-Unis et dans la montée dans les classes moyennes européennes de partis populistes hostiles à l’immigration. Le succès du livre de M. Hessel est un signe des temps. Malheureusement, il est peu probable qu’il les change.