Le président américain Barack Obama a donné mardi le coup d'envoi de négociations d'envergure entre les Etats-Unis et l'Union européenne qui pourraient aboutir à la création d'une des principales zones de libre-échange dans le monde.
"Nous allons lancer des discussions sur un accord transatlantique global sur le commerce et l'investissement avec l'Union européenne parce qu'un commerce libre et équitable de part et d'autre de l'Atlantique soutiendra des millions d'emplois américains bien payés", a déclaré M. Obama dans son discours sur l'état de l'Union, à Washington.
Evoqué depuis plusieurs années, un accord de libre-échange américano-européen a retrouvé un nouvel élan depuis fin 2011 face à l'échec des négociations internationales menées sous l'égide de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Le processus s'appuyait jusqu'à présent sur un groupe de travail très technique et devait encore être formellement lancé au niveau politique pour que les discussions entrent dans le vif du sujet.
"Même si nous protégeons notre population, nous devons nous souvenir que le monde d'aujourd'hui présente certes des dangers mais aussi des opportunités", a souligné le président américain.
Récemment, la chancelière allemande Angela Merkel avait appelé à accélérer le processus et relevé l'existence de "signaux positifs" aux Etats-Unis.
Dans son discours, le président américain n'a donné aucun détail sur cet espace économique qui regroupe sur le papier plus de 800 millions de consommateurs et deux géants économiques.
Selon les statistiques américaines, les échanges commerciaux entre les deux partenaires ont très légèrement progressé en 2012 pour atteindre 645,9 milliards de dollars.
Les droits de douane entre les deux blocs sont à l'heure actuelle relativement bas mais il reste, notamment côté américain, des secteurs protégés (habillement, transport maritime...) où les barrières commerciales sont encore élevées.
Côté européen, la libéralisation des échanges devrait faire débat notamment sur l'agriculture et la question des organismes génétiquement modifiés (OGM), courants aux Etats-Unis et proscrits dans l'Union européenne.
Les négociations s'annoncent également politiquement complexes, à Bruxelles où la Commission pilotera le dossier mais également à Washington où le président américain devra composer avec les Républicains, majoritaires à la Chambre des représentants.
"Il y a désormais un consensus sur le fait que cette (union) dopera les économies des deux côtés de l'Atlantique si elle se fait et si nous arrivons à conclure (les discussions) dans un délai relativement court", assure toutefois à l'AFP Andràs Simonyi, expert au Centre pour les relations transatlantiques, un centre de réflexion de Washington.
En nouant un partenariat privilégié, les deux poids lourds de l'économie mondiale cherchent également à contourner l'impasse à l'OMC où le cycle de Doha sur la libéralisation du commerce mondial, lancé en 2001, se heurte à de nombreux désaccords.
"Ce serait une manière de relancer les négociations sur la libéralisation des échanges qui sont à l'arrêt à l'OMC", expose à l'AFP une source diplomatique européenne, qui ajoute également que ce partenariat pourrait avoir une autre vertu.
"En lançant un accord ambitieux entre deux zones qui dominent le commerce mondial, on poussera les pays émergents à s'ouvrir davantage qu'ils ne sont prêts à le faire dans le cadre de la négociation à l'OMC", précise cette source sous couvert de l'anonymat.
Dans son discours, le président américain ne s'est d'ailleurs pas tourné que vers l'Europe. Il a également fait part de son souhait "d'achever" les négociations ouvertes en 2004 sur une autre zone de libre-échange, l'Accord de partenariat économique stratégique transpacifique (TPP), qui comprend notamment les Etats-Unis, l'Australie, le Chili et le Pérou