Mariage homosexuel: fin du débat-marathon à l'Assemblée nationale
PARIS — Le débat-marathon sur le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux homosexuels s'est achevé samedi au lever du jour après environ 110 heures de discussions, nuits et week-end compris, dans l'hémicycle, où l'UMP a bataillé jusqu'au bout.
L'ultime séance a été levée à 5h40 par le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone (PS), après 24 séances de discussions étalées sur 10 jours où ont été examinés 4.999 amendements, faisant du texte le septième le plus longuement débattu de la Vème République. Le vote solennel aura lieu mardi après-midi, avant un examen au Sénat à partir du 18 mars.
Yeux cernés, visages pâlis par la fatigue mais sourires aux lèvres, Claude Bartolone, les ministres de la Justice, Christiane Taubira, et déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, sont sortis ensemble de l'hémicycle, suivis par les élus socialistes.
Si la gauche, à l'exception de quelques élus, votera "avec fierté" ce qu'elle juge comme un "progrès pour l'égalité des droits", la droite rejettera très majoritairement le texte. Deux élus UMP ont annoncé qu'ils voteront pour, deux autres qu'ils s'abstiendront, trois députés UDI qu'ils voteraient pour.
Avec "un nombre impressionnant de députés aux séances" et malgré des "moments difficiles", "nous avons donné un bel exemple de ce que peut être l'Assemblée, coeur battant de la démocratie", a affirmé M. Bartolone, dont le pilotage quasi intégral du débat au "perchoir" a été salué sur tous les bancs.
Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a exprimé sa "tristesse" car la majorité a, selon lui, en s'en "prenant à l'institution du mariage voulu satisfaire des désirs d'adulte au détriment du droit de l'enfant". "Notre bataille a permis que l'opinion connaisse les dangers de votre ciruclaire qui porte à la reconnaissance de la GPA" (gestation pour autrui, mères porteuses) et "une victoire parce que nous vous avons fait reculer sur la PMA" (procréation médicalement assistée), a-t-il lancé.
Tout au long de la dernière séance, l'UMP a persisté et signé dans sa guérilla, défendant des centaines d'amendements de suppression identiques des articles, réclamant encore l'avis du Conseil d'Etat sur le texte et dénonçant les projets "masqués" sur la PMA et la GPA.
La gauche, qui a peu parlé pour ne pas rallonger les débats, a salué "un nouvel épisode de ce vieux et long combat pour l'égalité des droits", selon la formule de Jean Glavany (PS).
Hommage a aussi été rendu à gauche à la garde des Sceaux. "Nous vous aimons", lui a lancé Jérôme Guedj (PS), saluant "son talent et son impétuosité à défendre ce texte et une République émancipatrice et généreuse".
Dans leurs ultimes travaux, les députés ont voté un article interdisant toute mesure de sanction, licenciement ou discriminatoire contre un salarié marié avec une personne de même sexe ayant refusé une mutation géographique dans un Etat incriminant l'homosexualité. Ils l'ont élargi aux salariés liés par un Pacs avec une personne du même sexe, via un amendement PS.
L'Outremer, via des dispositions relatives à Mayotte notamment, a suscité de nouveau des échanges nourris, la droite assurant que le projet de loi est "critiqué par le plus grand nombre de nos concitoyens d'Outremer", y compris par des élus de gauche.
La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a jugé que s'il y a "des territoires où nous n'avons pas à tolérer la moindre exception, c'est précisément dans les Outremers", même si elle a reconnu "une difficulté particulière".
Quant à la légalisation de mariage entre personnes du même sexe contractés à l'étranger avant l'entrée en vigueur de la loi sur le mariage homosexuel en France, très attaquée par l'UMP, elle a provoqué un coup de chaleur à gauche.
Lançant notamment à l'UMP qu'"avec vous (...) être homosexuel, étranger et vouloir se marier, il faut quand même pas exagérer", l'écologiste François de Rugy s'est vu reprocher des propos "minables et indignes" par l'UMP, qui a réclamé des excuses. Il a fini par exprimer des regrets.
Comme d'autres UMP, Marc le Fur avait affirmé plus tôt que l'article constituait "une porte ouverte de plus à l'immigration clandestine". Arguments récusés par Mme Taubira.
Même une fois le texte voté à l'Assemblée, "le combat va continuer", a prévenu M. Jacob, évoquant la manifestation du 24 mars et l'examen au Sénat. Alors que le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel, a jugé "possible" d'y adopter un texte conforme à celui de l'Assemblée, le chef de file des députés PS Bruno Le Roux a affirmé vendredi que l'objectif n'était "pas un vote conforme à tout prix".
Un texte conforme permettrait néanmoins à la majorité d'éviter un deuxième épisode du psychodrame au Palais Bourbon.
Petites phrases et coups de sang du débat sur le #mariagepourtous, par @DeborahClaude #AFP
par Agence France-Presse, samedi 9 février 2013, 11:27 ·
PARIS
par Deborah Claude
Entre petites phrases, grands discours et coups de sang, les moments forts des dix jours de débat à l'Assemblée nationale sur le mariage homosexuel.
- DEMARRAGE. Discours d'ouverture de la ministre de la Justice Christiane Taubira, qui va se transformer en icône au fil des jours. Son discours, sans notes et émaillé de références littéraires, bluffe les députés PS, admiratifs. L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino (UMP), plaide, dans un discours lyrique aux accents gaulliens, pour un référendum (29 janvier)
- CIRCULAIRE. Les députés UMP brandissent une circulaire de la garde des Sceaux, dont elle avait annoncé "l'imminence" 15 jours plus tôt, sur la délivrance des certificats de nationalité aux enfants nés de mères porteuses à l'étranger. L'UMP hurle à la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) en France, ce que le gouvernement nie farouchement. Pour une de leur seules apparitions, les deux frères ennemis de l'UMP, François Fillon et Jean-François Copé, accusent le gouvernement d'avancer "en catimini" vers la GPA (30 janvier)
- TRIANGLE ROSE. Christian Assaf (PS) révolte l'UMP en lançant que "le temps du triangle rose est terminé". Les députés ont failli en venir aux mains lors d'une suspension de séance, a raconté par la suite un socialiste (30 janvier)
par Deborah Claude
Entre petites phrases, grands discours et coups de sang, les moments forts des dix jours de débat à l'Assemblée nationale sur le mariage homosexuel.
- DEMARRAGE. Discours d'ouverture de la ministre de la Justice Christiane Taubira, qui va se transformer en icône au fil des jours. Son discours, sans notes et émaillé de références littéraires, bluffe les députés PS, admiratifs. L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino (UMP), plaide, dans un discours lyrique aux accents gaulliens, pour un référendum (29 janvier)
- CIRCULAIRE. Les députés UMP brandissent une circulaire de la garde des Sceaux, dont elle avait annoncé "l'imminence" 15 jours plus tôt, sur la délivrance des certificats de nationalité aux enfants nés de mères porteuses à l'étranger. L'UMP hurle à la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) en France, ce que le gouvernement nie farouchement. Pour une de leur seules apparitions, les deux frères ennemis de l'UMP, François Fillon et Jean-François Copé, accusent le gouvernement d'avancer "en catimini" vers la GPA (30 janvier)
- TRIANGLE ROSE. Christian Assaf (PS) révolte l'UMP en lançant que "le temps du triangle rose est terminé". Les députés ont failli en venir aux mains lors d'une suspension de séance, a raconté par la suite un socialiste (30 janvier)
La ministre de la Justice Christiane Taubira. Pierre Verdy/AFP
- SOURD. Frigide Barjot, porte-voix des opposants au projet, assiste dans les tribunes à ce qu'elle déplore être "dialogue de sourds" (1er février)
- "PEDE". "Vous auriez mieux fait de me traiter de pédé": l'écologiste Sergio Coronado, un des seuls députés à avoir dévoilé son homosexualité, comme l'UMP Frank Riester qui soutient le texte, s'emporte contre le président du groupe UMP, Christian Jacob qui avait qualifié une des ses interventions d'"hystérique" (1er février)
- TWITTER. Des tweets concernant le député UMP Hervé Mariton pousse M. Jacob à intervenir. C'est le début d'une incursion inédite du réseau social Twitter dans l'hémicycle, poussant certains jeunes députés UMP (Gérald Darmanin, Guillaume Larrivé) à réclamer l'interdiction de Twitter dans l'hémicycle (1er février)
- ARTICLE 1. Les députés adoptent l'article 1 du projet, celui qui ouvre le mariage aux personnes de même sexe, y compris étrangères. La droite prédit un "tourisme nuptial" (2 février)
- COUAC SUR LA PMA. Le gouvernement s'emmêle les pinceaux sur le calendrier de l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes avec des déclarations successives et un recadrage de la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti par Matignon. L'UMP revendique une "victoire" et un "recul" du gouvernement (3 février)
- LA NUIT LA PLUS LONGUE. Après avoir siégé tout le week-end, une première depuis 2004, la séance est levée à 8H00 du matin après 22 heures de débat. Hervé Mariton (UMP) confie tenir grâce à la confiture de figue et le président de l'Assemblée, Claude Bartolone (PS) au chocolat (3 au 4 février)
- PHOTO. Le président des députés PS, Bruno Le Roux, juge "inadmissible" voire "diffamatoire" la diffusion via le compte Twitter d'un député UMP, d'une photo mal légendée d'un député socialiste jouant au scrabble dans l'hémicycle en plein débat (5 février)
- FOU RIRE. Christiane Taubira est prise d'un fou rire communicatif en plein débat avant de réciter un poème du Guyanais Léon-Gontran Damas (5 février)
- LES NERFS LACHENT. Les députés UMP réclament Claude Bartolone au perchoir alors qu'il est occupé par la vice-présidente PS, Laurence Dumont. Aux "Bartolone !, Bartolone !" scandés par la droite répondent les "Machos! Machos!" sur les bancs de gauche. Un peu plus tard, une journaliste du Monde se fait apostropher depuis l'hémicycle par des députés UMP qui l'accusent à tort de prendre des photos avec son smartphone (6 février)
- MISOGYNE. Christiane Taubira rappelle à l'ancien champion de judo et député David Douillet des extraits de son autobiographie: "oui je suis misogyne mais tous les hommes le sont sauf les tapettes. Pour moi une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline, ce n'est pas valorisant" (7 février).
Dix jours de Taubiramania à l'Assemblée
Vedette des débats marathon sur le "mariage pour tous", la ministre de la Justice, que l'on dit souffrante, a gagné l'admiration de ses pairs et le respect de ses adversaires.
La ministre de la Justice, Christiane Taubira, lors des débats sur le "mariage pour tous" à l'Assemblée nationale, le 2 février 2013. (WITT/SIPA)
Dans la nuit du 1er au 2 février, tandis que le débat sur le "mariage pour tous" s'éternise, les parlementaires de la majorité et de l'opposition souhaitent, en choeur, à Christiane Taubira un bon anniversaire. Une trêve dans la guerre de tranchées qui fait rage au Palais-Bourbon ! Aux petits soins, ses amis socialistes lui offrent un ouvrage ancien d'estampes japonaises, et, au petit matin, ils forment pour elle une haie d'honneur à la sortie de l'Hémicycle.
En dix jours, Christiane Taubira, 61 ans, a gagné l'admiration de ses pairs et forcé le respect de ses adversaires. Une rumeur persistante court l'Assemblée qui la dit fatiguée, souffrante. La garde des Sceaux ne commente pas. "Femme debout", elle veut rester "concentrée" et "dans l'action". Les journalistes qu'elle évite "comprendront d'eux-mêmes !" dit-elle, sibylline.
De sa voix à la Billie Holiday, la Guyanaise a conté la longue histoire du mariage comme celle d'une émancipation. Pacte économique, lieu trouble de la possession et de l'asservissement des femmes, les noces d'antan sont passées, dans sa bouche, de l'ombre à la lumière pour devenir enfin une "institution universelle".
"L'acte que nous avons à accomplir est beau comme une rose dont la tour Eiffel assiégée à l'aube voit s'épanouir enfin les pétales", a-t-elle ainsi conclu son discours, citant le poète guyanais Léon-Gontran Damas. Il fallait oser. Les socialistes étaient debout, l'opposition était bouche bée.
La "Taubiramania" console des élus sevrés d'enthousiasme depuis le début d'une législature très sociale-démocrate. Les vieux routiers, eux, connaissaient déjà l'animal. Députée de Cayenne jusqu'en 2012, Christiane Taubira a siégé dix-neuf ans au Palais-Bourbon. En 2001, déjà, elle s'était fait un nom en défendant une loi mémorielle consacrée aux crimes de l'esclavage.
L'homme du 6 mai 2012 ne l'a pas oubliée. Christiane Taubira, ralliée à sa candidature après avoir soutenu la croisade démondialisatrice d'Arnaud Montebourg lors de la primaire socialiste, fut choisie par le président pour occuper le poste régalien de la Justice. Il y fallait une femme, noire qui plus est, pour respecter la parité. Hâtivement attribuée à cette double apparence, sa nomination surprise fit d'elle la tête de Turc de l'extrême-droite.
Les débuts au gouvernement ont été difficiles. Accusée d'angélisme et de laxisme pénal, la Créole née à la politique dans l'engagement pour l'indépendance de la Guyane était une cible vivante. Coriace, elle s'est tue et a laissé passer l'orage. "J'ai compris que j'étais noire en arrivant à Paris", a-t-elle coutume de dire.
A la fin du mois d'août, au milieu d'un échange passionné avec les étudiants de l'Ecole nationale de la Magistrature, cette économiste férue d'ethnologie fait un malaise. Il n'en faut pas plus pour que se propage le bruit de son prochain départ de la Place-Vendôme pour rejoindre, au début du mois de mars, le Conseil constitutionnel.
Christiane Taubira a démenti. N'a-t-elle pas, pour l'heure, une mission prioritaire ? Porter sur les fonts baptismaux la promesse de François Hollande, même au prix d'un marathon parlementaire qui se prolongera, au Sénat, jusqu'en mars.
L'opposition hurle après la publication malencontreuse, en plein débat sur le "mariage pour tous", de sa circulaire enjoignant aux tribunaux de régulariser les enfants de couples français nés d'une mère porteuse à l'étranger ? La ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, et le Premier ministre s'empaillent sur le calendrier de la future loi sur la famille censée contenir l'ouverture de la PMA ? Elle ne pipe mot. "Je veux être en surplomb", dit-elle. Et ça lui réussit.
En dix jours, Christiane Taubira, 61 ans, a gagné l'admiration de ses pairs et forcé le respect de ses adversaires. Une rumeur persistante court l'Assemblée qui la dit fatiguée, souffrante. La garde des Sceaux ne commente pas. "Femme debout", elle veut rester "concentrée" et "dans l'action". Les journalistes qu'elle évite "comprendront d'eux-mêmes !" dit-elle, sibylline.
Inspiration politique
Mme Taubira siège jour et nuit, rivée sur le banc du gouvernement, un manteau jeté sur ses jambes comme un plaid pour se réchauffer. Le nez dans ses dossiers, le micro à portée de la main, elle taille en pièces les arguments de ses contradicteurs. Charisme, regard intense, verbe luxuriant, le style Taubira a pris son envol le 29 janvier dernier depuis la tribune de l'Assemblée. Ce jour-là, elle a prononcé son adresse liminaire sur "l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe" sans baisser les yeux sur ses notes. Quarante minutes d'inspiration politique.De sa voix à la Billie Holiday, la Guyanaise a conté la longue histoire du mariage comme celle d'une émancipation. Pacte économique, lieu trouble de la possession et de l'asservissement des femmes, les noces d'antan sont passées, dans sa bouche, de l'ombre à la lumière pour devenir enfin une "institution universelle".
Vous pouvez conserver le regard obstinément rivé sur le passé, a-t-elle interpellé la droite. Et encore, en regardant bien le passé, y trouverez-vous des traces durables de la reconnaissance officielle, y compris par l'Eglise, de couples homosexuels. Vous avez choisi de protester contre la reconnaissance des droits de ces couples ; c'est votre affaire. Nous, nous sommes fiers de ce que nous faisons."
Entre gospel et opéra
Elle n'écrit pas ses discours, préfère parler comme on improvise sur les scènes dont elle raffole. Entre gospel et opéra. "Les mots qui vont surgir de nous savent de nous des choses que nous ignorons d'eux." René Char, qu'elle connaît par coeur, l'inspire. Son verbe est nourri de littérature et ses convictions empruntent à Paul Ricoeur, elle a "le souci de la vie bonne". Ses envolées ne connaissent pas de limites."L'acte que nous avons à accomplir est beau comme une rose dont la tour Eiffel assiégée à l'aube voit s'épanouir enfin les pétales", a-t-elle ainsi conclu son discours, citant le poète guyanais Léon-Gontran Damas. Il fallait oser. Les socialistes étaient debout, l'opposition était bouche bée.
"Du lyrisme et de la grandeur"
"Nous avions besoin de quelqu'un qui insuffle du lyrisme et de la grandeur dans ce projet de loi qui manquait d'incarnation", note Philippe Martin, député du Gers et vice-président du groupe PS à l'Assemblée. Enthousiastes, les socialistes ont eu enfin le sentiment d'avoir un ministre à la mesure de Simone Veil défendant la légalisation de l'avortement, ou de Robert Badinter prêchant pour l'abolition de la peine de mort.La "Taubiramania" console des élus sevrés d'enthousiasme depuis le début d'une législature très sociale-démocrate. Les vieux routiers, eux, connaissaient déjà l'animal. Députée de Cayenne jusqu'en 2012, Christiane Taubira a siégé dix-neuf ans au Palais-Bourbon. En 2001, déjà, elle s'était fait un nom en défendant une loi mémorielle consacrée aux crimes de l'esclavage.
Une femme, noire qui plus est
Dans la foulée, elle fut candidate du Parti radical à la présidentielle de 2002 et contribua à la défaite de Lionel Jospin, qui avait refusé sa proposition de ralliement. Une tentative de rapprochement dont François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, avait été l'artisan...L'homme du 6 mai 2012 ne l'a pas oubliée. Christiane Taubira, ralliée à sa candidature après avoir soutenu la croisade démondialisatrice d'Arnaud Montebourg lors de la primaire socialiste, fut choisie par le président pour occuper le poste régalien de la Justice. Il y fallait une femme, noire qui plus est, pour respecter la parité. Hâtivement attribuée à cette double apparence, sa nomination surprise fit d'elle la tête de Turc de l'extrême-droite.
Les débuts au gouvernement ont été difficiles. Accusée d'angélisme et de laxisme pénal, la Créole née à la politique dans l'engagement pour l'indépendance de la Guyane était une cible vivante. Coriace, elle s'est tue et a laissé passer l'orage. "J'ai compris que j'étais noire en arrivant à Paris", a-t-elle coutume de dire.
Bûcher pour s'élever
Multipliant les visites de terrain, se plongeant dans les dossiers, elle a fait ce qu'elle a toujours fait depuis son enfance de fille du peuple, élevée par une mère qui devait s'occuper d'une tribu de onze enfants dans une maison des faubourgs de Cayenne : bûcher pour s'élever. Jusqu'à l'étourdissement ?A la fin du mois d'août, au milieu d'un échange passionné avec les étudiants de l'Ecole nationale de la Magistrature, cette économiste férue d'ethnologie fait un malaise. Il n'en faut pas plus pour que se propage le bruit de son prochain départ de la Place-Vendôme pour rejoindre, au début du mois de mars, le Conseil constitutionnel.
Christiane Taubira a démenti. N'a-t-elle pas, pour l'heure, une mission prioritaire ? Porter sur les fonts baptismaux la promesse de François Hollande, même au prix d'un marathon parlementaire qui se prolongera, au Sénat, jusqu'en mars.
Je veux être en surplomb
Alignée sur la position de l'Elysée depuis l'origine, la garde des Sceaux s'est bien gardée de se mêler de la controverse sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples homos réclamée à cor et à cri par une partie des députés socialistes.L'opposition hurle après la publication malencontreuse, en plein débat sur le "mariage pour tous", de sa circulaire enjoignant aux tribunaux de régulariser les enfants de couples français nés d'une mère porteuse à l'étranger ? La ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, et le Premier ministre s'empaillent sur le calendrier de la future loi sur la famille censée contenir l'ouverture de la PMA ? Elle ne pipe mot. "Je veux être en surplomb", dit-elle. Et ça lui réussit.
Mali : un premier attentat suicide à Gao
Un islamiste a commis vendredi le premier attentat suicide recensé au Mali, à Gao , récemment reprise aux groupes armés.
Un soldat touareg de l'armée malienne à un checkpoint à Gao au Mali, vendredi 8 février 2013 (Jerome Delay/AP/SIPA).
A Gao, à 1.200 km au nord-est de Bamako, un homme s'est fait exploser vendredi 8 février dans un attentat suicide visant des militaires maliens.
"Il est arrivé à notre niveau à moto, c'était un Tamashek (Touareg), et le temps de l'approcher, il a fait exploser sa ceinture", a déclaré l'adjudant Mamadou Keïta de l'armée malienne, ajoutant: "Il est mort sur le coup et chez nous, il y a un blessé léger".
L'attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions.
Jeudi, le Mujao avait dit avoir créé "une nouvelle zone de conflit", promettant d'attaquer des convois, de poser des mines et "d'organiser des kamikazes".
Un journaliste de l'AFP a pu voir le corps déchiqueté du kamikaze qui avait revêtu un uniforme de la gendarmerie malienne et, outre sa ceinture d'explosifs, transportait sur sa moto un obus qui n'a pas explosé.
Plus grande ville du nord du Mali, Gao a été reprise le 26 janvier aux islamistes.
Quatre civils maliens avaient été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.
Au même moment à Bamako, au moins deux personnes, des adolescents, ont été tués et treize blessées dans l'attaque par des forces de l'ordre du camp d'une ancienne unité d'élite de l'armée malienne, les Bérets rouges, selon le gouvernement.
"Je vous demande d'arrêter définitivement ces affrontements répétés au sein de l'armée malienne qui doit tout faire pour se ressaisir et se hisser à hauteur de mission", a déclaré le chef d'Etat malien lors d'une allocution empreinte de gravité à la télévision publique ORTM.
Le président malien a précisé que le Premier Ministre Diango Cissoko recevrait lundi les représentants des Bérets rouges "pour trouver une solution définitive à cette crise".
Cette attaque, qui illustre les divisions au sein de l'armée malienne laminée par les groupes islamistes armés et les rebelles touareg en 2012, a été motivée par le refus des Bérets rouges de quitter leur camp à Bamako et d'être réaffectés dans d'autres unités pour aller combattre les islamistes dans le Nord.
Les Bérets rouges sont les membres du Régiment des commandos parachutistes, un corps d'élite de l'armée malienne jusqu'au coup d'Etat ayant renversé, le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, un ancien de cette unité.
Fin avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d'Etat mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d'un autre corps d'armée, les Bérets verts.
Plus de 400 Bérets rouges auraient déjà été affectés en dehors de Bamako et environ 800 se trouveraient toujours dans la capitale, mais le gros de leur armement leur a été confisqué, indique-t-on de source militaire.
L'attaque a coïncidé avec l'arrivée à Bamako d'un premier contingent de 70 militaires européens, chargés de former l'armée malienne.
Cette région est la cible depuis plusieurs jours d'intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d'entraînement. Elle se situe dans les Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes où une bonne partie des chefs et des combattants islamistes se seraient réfugiés après le lancement de l'intervention française il y a près d'un mois.
C'est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus.
Sur le plan juridique, le parquet de Bamako a annoncé vendredi soir le lancement de mandats d'arrêt nationaux et internationaux visant 26 personnes, dont les principaux responsables des groupes islamistes armés et des rebelles touareg, accusés notamment de "terrorisme" et de "sédition".
Les poursuites visent notamment le secrétaire général du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg), Bilal Ag Achérif, et le chef d'Ansar Dine (Défenseurs de l'Islam), Iyad Ag Ghaly, ainsi que des responsables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Muajo).
"Il est arrivé à notre niveau à moto, c'était un Tamashek (Touareg), et le temps de l'approcher, il a fait exploser sa ceinture", a déclaré l'adjudant Mamadou Keïta de l'armée malienne, ajoutant: "Il est mort sur le coup et chez nous, il y a un blessé léger".
L'attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions.
Jeudi, le Mujao avait dit avoir créé "une nouvelle zone de conflit", promettant d'attaquer des convois, de poser des mines et "d'organiser des kamikazes".
Un journaliste de l'AFP a pu voir le corps déchiqueté du kamikaze qui avait revêtu un uniforme de la gendarmerie malienne et, outre sa ceinture d'explosifs, transportait sur sa moto un obus qui n'a pas explosé.
Plus grande ville du nord du Mali, Gao a été reprise le 26 janvier aux islamistes.
Quatre civils maliens avaient été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.
Au même moment à Bamako, au moins deux personnes, des adolescents, ont été tués et treize blessées dans l'attaque par des forces de l'ordre du camp d'une ancienne unité d'élite de l'armée malienne, les Bérets rouges, selon le gouvernement.
Bérets rouges et bérets verts
Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a vivement condamné dans la soirée les "tirs fratricides" entre soldats maliens, survenus au camp des Bérets rouges, lançant un nouvel appel à "l'union sacrée indispensable", en pleine reconquête du nord du Mali contre les groupes islamistes armés."Je vous demande d'arrêter définitivement ces affrontements répétés au sein de l'armée malienne qui doit tout faire pour se ressaisir et se hisser à hauteur de mission", a déclaré le chef d'Etat malien lors d'une allocution empreinte de gravité à la télévision publique ORTM.
Le président malien a précisé que le Premier Ministre Diango Cissoko recevrait lundi les représentants des Bérets rouges "pour trouver une solution définitive à cette crise".
Cette attaque, qui illustre les divisions au sein de l'armée malienne laminée par les groupes islamistes armés et les rebelles touareg en 2012, a été motivée par le refus des Bérets rouges de quitter leur camp à Bamako et d'être réaffectés dans d'autres unités pour aller combattre les islamistes dans le Nord.
Les Bérets rouges sont les membres du Régiment des commandos parachutistes, un corps d'élite de l'armée malienne jusqu'au coup d'Etat ayant renversé, le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, un ancien de cette unité.
Fin avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d'Etat mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d'un autre corps d'armée, les Bérets verts.
Plus de 400 Bérets rouges auraient déjà été affectés en dehors de Bamako et environ 800 se trouveraient toujours dans la capitale, mais le gros de leur armement leur a été confisqué, indique-t-on de source militaire.
L'attaque a coïncidé avec l'arrivée à Bamako d'un premier contingent de 70 militaires européens, chargés de former l'armée malienne.
26 mandats d'arrêt nationaux et internationaux
De leur côté, les soldats français et tchadiens, après avoir pris jeudi le contrôle d'Aguelhok, sont entrés vendredi à Tessalit, dans l'extrême nord-est du Mali, à moins de 90 km de la frontière algérienne.Cette région est la cible depuis plusieurs jours d'intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d'entraînement. Elle se situe dans les Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes où une bonne partie des chefs et des combattants islamistes se seraient réfugiés après le lancement de l'intervention française il y a près d'un mois.
C'est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus.
Sur le plan juridique, le parquet de Bamako a annoncé vendredi soir le lancement de mandats d'arrêt nationaux et internationaux visant 26 personnes, dont les principaux responsables des groupes islamistes armés et des rebelles touareg, accusés notamment de "terrorisme" et de "sédition".
Les poursuites visent notamment le secrétaire général du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg), Bilal Ag Achérif, et le chef d'Ansar Dine (Défenseurs de l'Islam), Iyad Ag Ghaly, ainsi que des responsables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Muajo).
Mali : l'armée renforce la sécurité à Gao
Deux jeunes, un Arabe et un Touareg, ont été appréhendés samedi matin sur la route de Bourem à Kidal, là où a eu lieu un attentat-suicide la veille.
Soldats maliens avec des suspects - AFP
Les soldats maliens renforçaient samedi la sécurité dans la région de Gao, dans le nord du Mali, après l'arrestation de deux jeunes portant des ceintures d'explosifs et au lendemain du premier attentat suicide recensé dans le pays. Sacs de sable empilés autour des postes de contrôle, arbres rasés pour améliorer la visibilité, mitrailleuses lourdes en batterie, renforcement des patrouilles des soldats nigériens : les mesures traduisent l'inquiétude des militaires, qui prennent très au sérieux les menaces de nouvelles attaques. « Dès qu'on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c'est dangereux », a confié a l'AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes.
10h42 : Deux jeunes avec des ceintures d'explosifs arrêtés
Deux jeunes portant des ceintures bourrées d'explosifs ont été arrêtés samedi matin à l'entrée de Gao, au lendemain du premier attentat suicide recensé au Mali, dans cette même ville du Nord récemment reprise aux groupes islamistes armés, a-t-on appris auprès d'un témoin. « Nous avons arrêté tôt aujourd'hui deux jeunes, un Arabe et un Touareg. Ils avaient une ceinture d'explosifs et ils étaient sur le dos de deux ânes », a déclaré à l'AFP Oumar Maïga, le fils du chef du village local.
Les deux jeunes ont été arrêtés sur la route menant à Bourem et à Kidal, à l'entrée nord de la ville de Gao (1.200 km au nord-est de Bamako), là même où un homme s'est fait exploser vendredi dans un attentat suicide visant des militaires maliens, blessant légèrement l'un d'entre eux. L'attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions.
Jeudi, le Mujao avait dit avoir créé « une nouvelle zone de conflit », promettant d'attaquer des convois, de poser des mines et « d'organiser des kamikazes ».
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LA JOURNEE DE VENDREDI
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22h57 : Dioncounda Traoré condamne vivement les « tirs fratricides » au camp des Bérets rouges
A Bamako, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a vivement condamné vendredi soir les « tirs fratricides » entre soldats maliens, survenus au camp des Bérets rouges, qui ont tué deux civils, lançant un nouvel appel à « l'union sacrée indispensable », en pleine reconquête du nord du Mali contre les groupes islamistes armés. « Je vous demande d'arrêter définitivement ces affrontements répétés au sein de l'armée malienne qui doit tout faire pour se ressaisir et se hisser à hauteur de mission », a déclaré vendredi soir Dioncounda Traoré, lors d'une allocution empreinte de gravité à la télévision publique ORTM. Le président malien a précisé que le Premier Ministre Diango Cissoko recevrait lundi les représentants des Bérets rouges « pour trouver une solution définitive à cette crise ».
22h32 : Mandats d'arrêt contre des chefs du MNLA et des jihadistes
Des mandats d'arrêt ont été lancés contre les chefs de la rébellion touareg du MNLA et des groupes islamistes armés Ansar Dine, Aqmi et Mujao, a annoncé vendredi soir le parquet de Bamako. « Les faits qui leur sont reprochés sont, entre autres : terrorisme, sédition, crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, à l'intégrité du territoire national par la guerre, l'emploi illégal de la force armée, la dévastation et le pillage publics, crimes et délits à caractère racial, régionaliste et religieux, trafic international de drogue », a indiqué le procureur général près la cour d'appel de Bamako, Daniel Tessogué, dans un communiqué lu à la télévision publique ORTM. D'après l'ORTM, il y a au total « pour un début, 26 personnes recherchées ». Le procureur précise que « la Cour pénale internationale » (CPI) a « déjà été saisie de crimes contre l'humanité, des crimes de guerre », sans plus de détails. Le procureur de la CPI avait annoncé le 16 janvier avoir ouvert une enquête sur des crimes de guerre présumés commis par divers « groupes armés » depuis janvier 2012 au Mali.
21h10 : Le président condamne les « tirs fratricides » entre soldats
Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a vivement condamné vendredi les « tirs fratricides » entre soldats maliens, survenus à Bamako, lançant un nouvel appel à « l'union sacrée indispensable », en plein reconquête du nord du Mali contre les groupes islamistes armés. « Je vous demande d'arrêter définitivement ces affrontements répétés au sein de l'armée malienne qui doit tout faire pour se ressaisir et se hisser à hauteur de mission », a déclaré le chef d'Etat malien.
16h11 : Arrivée du premier contingent de formateurs européens pour l'armée malienne
Le premier contingent de 70 militaires européens qui vont former l'armée malienne est arrivé vendredi à Bamako, afin d'aider le Mali à assurer sa sécurité à long terme, une fois terminées les opérations militaires en cours contre les groupes islamistes armés dans le Nord du pays. « Nous sommes venus pour permettre à l'armée malienne de tenir l'ensemble du territoire national et pour que le Mali dispose d'une bonne armée, apte à s'engager », a déclaré le colonel français Bruno Heluin, qui commandait ce premier contingent. Au total, 500 militaires européens sont attendus dans le cadre de cette mission.
14h49 : Un groupe islamiste, le Mujao, revendique l'attentat-suicide de Gao
Un groupe islamiste, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), a revendiqué l'attentat-suicide commis vendredi matin par un kamikaze qui s'est fait exploser à un poste de contrôle de l'armée malienne à Gao, dans le Nord du Mali. « Nous revendiquons l'attentat d'aujourd'hui contre les militaires maliens qui ont choisi le camp des mécréants, des ennemis de l'islam », a déclaré Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao, menaçant de mener d'autres actions du même type. « D'autres kamikazes sont sur le terrain pour accomplir le travail d'Allah contre les mécréants et leurs complices » a-t-il affirmé. Ce type d'attentat-suicide est le premier jamais commis sur le territoire malien. Un journaliste de l'AFP qui s'est rendu sur place, à la sortie nord de Gao, a pu voir le corps déchiqueté du kamikaze qui avait revêtu un uniforme de la gendarmerie malienne et, outre sa ceinture d'explosifs, transportait sur sa moto un obus qui n'a pas explosé. Un soldat malien a été légèrement blessé.
13h54 : « Les forces françaises contrôlent Tessalit », selon l'état-major
Une « opération aéro-terrestre » a eu lieu durant la nuit. « Des éléments français des forces spéciales ont été parachutés sur l'aéroport de Tessalit afin de sécuriser la piste », précise le ministère de la Défense. Après le parachutage d'un premier groupe, d'autres éléments des forces spéciales ont débarqué sur l'aéroport lpour 'sécuriser de manière un peu plus largement l'aéroport. Une cinquantaine de soldats du 1er Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) a ensuite été acheminée sur place pour renforcer le dispositif. Les forces spéciales ont alors 'lancé des patrouilles pour s'assurer du contrôle de la ville'. Parallèlement, des éléments du 1er RIMa (l'infanterie de marine) parti de Gao, à 500 km au sud, ont rejoint la zone de Tessalit dans la matinée, selon la même source. Des soldats tchadiens partis de Kidal ont également rejoint le dispositif. Les troupes françaises et maliennes sont arrivées vendredi à Tessalit, le dernier fief des groupes islamistes armés, situé dans le nord du pays, à 90 km de la frontière avec l'Algérie. Les forces françaises et africaines tentent de reconquérir l'intégralité du nord du Mali tombé à la suite du putsch de mars 2012 entre les mains de rebelles touaregs puis d'islamistes armés.
Où se situe Tessalit ?
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Egypte: heurts pendant des manifestations contre le pouvoir et la police
LE CAIRE — Des heurts entre policiers et manifestants ont éclaté vendredi dans plusieurs villes d'Egypte, en particulier près du palais présidentiel au Caire, faisant une centaine de blessés au cours de rassemblements à l'appel de l'opposition "pour la dignité" et contre le pouvoir islamiste.
De petits groupes de manifestants se trouvaient toujours en fin de soirée aux abords du palais à Héliopolis, dans la banlieue de la capitale, rassemblés autour de pneus en feu. Certains lançaient des projectiles sur les forces de l'ordre, qui ripostaient par du gaz lacrymogène, selon des images de télévision retransmises en direct.
Auparavant, la police avait déjà fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui lançaient des feux d'artifice et des cocktails Molotov sur le palais.
Des fourgons des forces de sécurité avaient chargé les contestataires qui s'étaient repliés un peu plus loin sur la grande avenue jouxtant le bâtiment.
Des violences ont aussi éclaté au cours de manifestations dans plusieurs villes de province comme à Alexandrie (nord) et Tanta (delta du Nil).
Plus de 120 personnes ont été blessées à travers l'Egypte, dont cinq près du palais présidentiel et 20 dans la province d'Alexandrie, selon le ministère de la Santé.
Le Premier ministre Hicham Qandil, cité par l'agence officielle Mena, a condamné des violences "injustifiables", affirmant qu'elles "nuisent à la stabilité du pays et entravent les intérêts des citoyens".
Dans la journée, au son de tambours et des drapeaux égyptiens à la main, des milliers de personnes étaient parties de plusieurs quartiers de la capitale pour se diriger vers la place Tahrir, dans le centre-ville, et vers le palais présidentiel.
"Le peuple veut la chute du régime", ont scandé les manifestants, tandis que d'autres qualifiaient le ministère de l'Intérieur de "voyou". A Tahrir, les contestataires ont accroché des bannières avec des slogans hostiles au président Mohamed Morsi et aux Frères musulmans, dont il est issu.
Ces nouvelles manifestations interviennent après plusieurs incidents liés aux brutalités policières et deux édits religieux (fatwas) appelant au meurtre des figures de l'opposition. La présidence a dénoncé ces fatwas comme du "terrorisme".
Cette semaine, la mort d'un militant pro-démocratie après plusieurs jours en détention a provoqué la fureur et ravivé les appels à une réforme des services de sécurité. Ce décès est intervenu quelques jours après la diffusion, en direct à la télévision, d'images d'un homme dévêtu, traîné et battu par la police lors d'une manifestation devant le palais présidentiel.
Trente-huit formations de l'opposition avaient appelé à ce "Vendredi de la dignité", réclamant un gouvernement d'union nationale, une révision de la Constitution rédigée par une commission dominée par les islamistes et des garanties pour préserver l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Après les fatwas contre des chefs de l'opposition, le ministère de l'Intérieur a renforcé la sécurité autour du domicile des deux principaux dirigeants de l'opposition, Mohamed ElBaradei et Hamdeen Sabbahi, dont les noms ont été cités par l'un des religieux dans sa fatwa.
M. ElBaradei, de tendance libérale, et M. Sabbahi, un nationaliste de gauche, sont tous deux membres du Front du salut national (FSN), la principale coalition de l'opposition laïque à M. Morsi.
Mercredi, M. ElBaradei s'était insurgé contre la lenteur du gouvernement à réagir à la fatwa. "Le régime reste silencieux alors qu'une nouvelle fatwa autorise à tuer l'opposition au nom de l'islam. La religion ne peut encore une fois être utilisée et détournée", avait-il affirmé.
Jeudi, Al-Azhar, la plus haute instance de l'islam sunnite basée au Caire, a prévenu que de tels édits pouvaient conduire à "la sédition et au désordre".
En Tunisie, des manifestations pour funérailles
Au cimetière du Jellaz, dans le centre de la capitale. (Photo Anis Mili. Reuters)
L’enterrement de l’opposant abattu mercredi, Chokri Belaïd, s’est transformé vendredi en une mobilisation contre le pouvoir, avec 40 000 personnes venues crier leur colère.
Libération
C’est sous les gaz lacrymogènes, dans le chaos provoqué par de jeunes casseurs, que Chokri Belaïd a été inhumé, vendredi à Tunis, ce qui n’a pas empêché une foule monstre, fut-elle progressivement dispersée par les heurts, de lui offrir une cérémonie digne. «Le peuple veut la chute du régime» : ce slogan, scandé contre Zine el-Abidine Ben Ali il y a tout juste deux ans, a résonné très fort dans le cimetière du Jellaz, où l’homme politique assassiné mercredi a rejoint le carré officiel des «martyrs», tout en haut de la colline qui surplombe le centre de la capitale.
Là, Hamma Hammami, compagnon de route politique et autre figure de la gauche radicale tunisienne, a prononcé l’oraison funèbre : «Dors, dors, mon ami, les lâches ne connaîtront pas la paix.» «Ô martyr, repose en paix, nous poursuivrons ton chemin», ont répondu des milliers de Tunisiens, chantant et rechantant l’hymne national.
«Chevrotine». Selon la police, ils étaient 40 000 à assister aux funérailles. Pendant ce temps, les casseurs pillaient et incendiaient les voitures aux abords du cimetière, rackettaient les passants. «C’est Ennahda qui les envoie», accuse un jeune homme. Les cris de la foule sont virulents contre les islamistes, accusés d’avoir installé un climat de violence politique qui a préparé le terrain au meurtre : «A bas les Frères, à bas le gouvernement terroriste !», «Ghannouchi [président du parti islamiste Ennahda], prends tes chiens et pars !»
Dans le cortège funéraire escorté par l’armée, nombreux sont les militants politiques ou associatifs, les syndicalistes, les voisins, beaucoup d’avocats en robe, mobilisés pour leur confrère, et une foule de Tunisiens, venus souvent en famille. «Je suis là pour rendre hommage à Chokri Belaïd et pour marquer mon refus de la violence. On ne peut plus l’accepter. Les islamistes refusent le dialogue, refusent la communication. Ils veulent faire ce qu’ils veulent de notre pays, ce n’est pas leur droit», expliquait vendredi matin Yamna Ettarres, professeure à la faculté d’informatique, venue le matin devant le centre culturel de Djebel Jelloud, quartier d’enfance de l’opposant et point de départ du cortège.
Sur le mur du centre, une grande banderole avait été déployée : «Le camarade Chokri Belaïd, martyr de la liberté et de la nation.» A côté, plusieurs tags figurant une grosse moustache noire surmontée d’un grain de beauté, traits caractéristiques de l’opposant. «C’est douloureux, pour la Tunisie et pour l’homme. Chokri Belaïd, je le connaissais à la fac dans les années 80. C’était un militant sérieux, sincère. Il s’exprimait de façon franche, claire, il était du côté du peuple», souligne Ali Khorchani, un instituteur. «Aujourd’hui, je suis agressive, j’ai envie de mordre ceux qui ont battu Chokri», interpelle une femme, la quarantaine, militante communiste.
A l’évidence, les Tunisiens présents se veulent combatifs. «Je suis triste, mais contente d’être là», dit Bochra, une jeune femme venue avec ses parents. «Au-delà de la colère et de la douleur, il y a un sentiment d’apaisement, parce que la réaction des Tunisiens est digne et massive. Je ne suis plus inquiet pour la Tunisie, ils ne nous auront pas», énonce tranquillement le bâtonnier du barreau de Tunis, Chawki Tabib. «Chevrotine, cartouches, les Tunisiens n’ont pas peur», crie la foule, en référence aux tirs de grenaille de la police contre les manifestants de Siliana en décembre.
«Désastre». «La masse a montré qu’elle est prête à continuer la lutte. On a perdu un militant, mais on est fier car la grande majorité du peuple tunisien a condamné cet acte et le parti au pouvoir, dont la politique mène le pays au désastre», tonne Taher Dhaker, un cadre fédéral de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). La centrale syndicale, bastion du militantisme, a décrété une «grève pacifique contre la violence». Une forme d’«hommage», également, à celui qui avait assuré la défense des syndicalistes à maintes reprises, explique Taher Dhaker. Vendredi, la grève générale, la première du genre depuis 1978, a été massivement suivie. A Tunis, les administrations étaient vides et la plupart des boutiques avaient baissé le rideau. Même son de cloche dans le reste du pays, où des rassemblements de soutien, d’hommage et de protestation ont eu lieu. Sur l’avenue Bourguiba, le cœur de la capitale, un dispositif policier très massif empêchait dans la soirée toute manifestation de se former. Quelques affrontements avec la police ont cependant eu lieu.
Tunisie : manifestation d'Ennahda cette après-midi
Au lendemain des obsèques de l'opposant Chokri Belaïd, les jeunesses du parti au pouvoir vont défiler pour défendre «la légitimité de l'Assemblée nationale constituante».
Obsèques de Chokri Belaïd - DR
Les jeunesses du parti Ennahda ont appelé à une manifestation samedi après-midi à Tunis pour défendre « la légitimité de l'Assemblée nationale constituante » où cette formation est majoritaire et contre « la violence », une première action de mobilisation depuis l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. La manifestation doit avoir lieu à 13H00 GMT avenue Habib Bourguiba, en plein coeur de Tunis et théâtre de violences ces derniers jours entre opposants en colère et policiers, selon un communiqué du mouvement.
Les mots d'ordre de la manifestation sont « la défense de la légitimité de l'Assemblée nationale constituante », la lutte « contre la violence » politique ainsi que l'opposition à « l'ingérence française » pour dénoncer des propos du ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls.
Elle intervient dans un contexte de tensions de divisions au sein du parti islamiste, le Premier ministre Hamadi Jebali ayant annoncé la formation imminente d'un gouvernement de technocrates , ce que son parti, dont la direction est plus radicale que lui, refuse.
JUSTICE ?
Mediapart publie un document appuyant certaines accusations contre Cahuzac
HARCELEMENT ?
PARIS — Le site d'information Mediapart a publié vendredi le fac-simile d'un courrier électronique présenté comme émanant d'un expert-comptable et adressé au ministre du Budget Jérôme Cahuzac, tendant à étayer certaines de ses informations mettant en cause le ministre.
Il s'agit notamment des informations selon lesquelles un des appartements de M. Cahuzac aurait été sous-évalué auprès du fisc.
Le courrier électronique est présenté comme émanant d'un certain Gérard Ranchon, expert-comptable de la société Norminter. Il est intitulé "Rendez-vous fiscal" et est daté du 19 décembre 2012.
M. Ranchon n'était pas joignable par l'AFP vendredi soir. Sollicité par l'AFP, l'entourage de M. Cahuzac n'a pas souhaité réagir vendredi soir.
Le texte mentionne une réunion le jour même entre l'auteur et des responsables de la "direction régionale des finances publiques de Paris Sud" au sujet de la situation fiscale de M. Cahuzac, sur laquelle les représentants du fisc ont fait des "observations" et posé des "questions".
L'auteur du document affirme que les autorités fiscales ont fait trois observations, estimant que "l'évaluation de l'appartement de Breteuil par notre cabinet (...) semble insuffisante de l'ordre de 10%".
Les participants à la réunion auraient aussi fait état, selon l'auteur, d'un prêt familial qui n'aurait pas figuré dans la succession du père de M. Cahuzac, ce qui pourrait signifier qu'il avait été remboursé et qu'à ce titre, il n'aurait pas dû être inclus dans la déclaration d'ISF de M. Cahuzac.
Sur l'appartement, M. Ranchon affirme que l'évaluation a été faite par Norminter, et sur le prêt, il écrit qu'un de ses collaborateurs a sans doute "reconduit mécaniquement ce montant d'année en année".
Ensuite, M. Ranchon fait état d'un vol de montres chez M. Cahuzac, qui auraient peut-être dû être mentionnées dans la déclaration.
Enfin, au chapitre des "questions", M. Ranchon affirme notamment que le fisc s'intéresse à l'origine de l'apport financier de l'achat d'un autre appartement parisien.
Mediapart a publié depuis le 4 décembre plusieurs informations mettant en cause M. Cahuzac, l'accusant notamment d'avoir détenu un compte bancaire secret en Suisse, ce que l'intéressé a nié. L'affaire fait l'objet d'une enquête préliminaire et a donné lieu à l'échange de documents entre autorités françaises et helvétiques.
Eric Woerth épinglé dans le transfert de "la parcelle de l'An IV"
LE MONDENicolas Sarkozy, et surtout son ex-ministre du budget Eric Woerth (2007-2010), n'en auront donc jamais fini avec le scandale Bettencourt. Après le volet "abus de faiblesse", toujours instruit à Bordeaux, dans lequel tous deux sont impliqués, voici le maire de Chantilly et l'ex-président de la République implicitement mis en cause par la Cour des comptes, sur un autre aspect de l'affaire, révélé en juin 2010 dans les enregistrements clandestins réalisés au domicile de l'héritière de l'Oréal.
FAVORISER LA CRÉATION D'UN AUDITORIUM "ANDRÉ BETTENCOURT"Dans son rapport annuel à paraître, dont Le Monde a pu prendre connaissance, la Cour des comptes stigmatise en effet le transfert, en janvier 2009, à l'Institut de France, d'une parcelle, dite de "l'An IV". Elle juge la décision "non motivée", prise "sans concertation". Un processus entamé dès juin 2004, alors que M. Sarkozy était ministre de l'économie, et conclu en 2009. Or ces 1 500 m2 au cœur de Paris, estimés par les Domaines à 15 millions d'euros, avaient été attribués en 1796 à l'Hôtel de la Monnaie. Pourquoi les lui retirer, même si l'Institut n'a eu de cesse, depuis des années, d'obtenir ce transfert ?
Cette faveur ministérielle semble intéressée: il faut favoriser la création d'un auditorium "André Bettencourt", du nom de l'époux de Liliane Bettencourt, décédé en novembre 2007. La milliardaire est prête à signer un chèque de 10millions d'euros.
Il faut rappeler le contexte: entre 2007 et 2010, Florence Woerth, épouse du ministre du budget Eric Woerth, était salariée chez Clymène, la société gérant la fortune de Mme Bettencourt. Or, la Monnaie de Paris est un établissement public dépendant de Bercy. Autre élément gênant pour M. Woerth: l'Institut de France est son principal administré, puisqu'il possède une grande partie de la surface de la commune Chantilly.
Tout commence donc le 25 juin 2004 lorsque, selon la Cour des comptes, "revenant sur plusieurs refus successifs de ses prédécesseurs, le ministre de l'économie s'est engagé par courrier au transfert de la parcelle". Ce ministre, c'est Nicolas Sarkozy. Pour les magistrats, il s'agit d'une "décision non motivée, intervenue sans concertation". Pis, "elle n'a été précédée d'aucune étude de faisabilité technique ni estimation de coût (...) Les différentes administrations concernées n'ont pas été associées à la décision".
"UNE SOLUTION JURIDIQUEMENT CONTESTABLE"
Reste que le ministre Sarkozy éprouve le plus grand mal à faire appliquer sa volonté. En effet, tant France Domaine que l'Agence des participations de l'Etat soulignent "que l'exercice des missions de la Monnaie de Paris justifie le maintien de la parcelle" dans ses attributions initiales. Dès lors, comme l'écrit la Cour des comptes, "une solution juridique a donc été imaginée pour tenter de contourner la difficulté". Tout se passe comme s'il fallait impérativement contenter les Bettencourt. Entre-temps, mi-2007, M. Sarkozy est devenu président et M. Woerth ministre du budget. Quatre parcelles cadastrales sont délimitées. Et en décembre 2008, via un amendement caché au cœur de la loi de finances rectificative, deux parcelles, correspondant précisément à la surface de celle de "l'An IV", sont mises à disposition de l'Institut, par un arrêté du ministère du budget du 29 janvier 2009.
"Une solution juridiquement contestable", assurent les magistrats. Et contestée. Christophe Beaux, nommé en 2007 à la tête de la Monnaie de Paris, fait de la résistance. Au point de fâcher Eric Woerth, qui réclame par deux fois sa tête à Christine Lagarde, alors ministre des finances. Le cabinet du ministre du budget est très insistant, comme dans l'affaire de l'hippodrome de Compiègne.
Au final, une convention est signée en février 2009 entre l'Institut et la Monnaie de Paris. Mais Christophe Beaux prend soin d'ajouter une mention manuscrite, au-dessus de son paraphe, provoquant l'ire du pouvoir. Il écrit, en toutes lettres: "Sur instruction de l'Etat". La décision, dénoncent les magistrats, "a causé un préjudice financier à l'établissement public ainsi qu'à l'Etat actionnaire". A l'époque, la Monnaie de Paris est lourdement déficitaire, et la rétrocession de la parcelle contraint l'établissement à un réaménagement interne, soit un préjudice de 28,4 millions d'euros.
Avant les magistrats de la Cour des comptes, la brigade financière avait effleuré l'affaire, dans le cadre de l'enquête préliminaire gérée à Nanterre par Philippe Courroye, magistrat proche de M. Sarkozy. Le 29 juillet 2010, devant la police, Eric Woerth s'était défendu de tout favoritisme: "L'Etat avait depuis plusieurs années arbitré l'opposition entre la Monnaie de Paris et l'Institut à propos de la disposition de cette parcelle. Des décisions avaient été prises par les précédents ministres de l'économie (MM. Sarkozy et Breton). Mon rôle a été de mettre en œuvre ces décisions." Il avait assuré: "Ma préoccupation était de ne pas engager d'argent public dans cette affaire." La Cour des comptes ne partage pas son point de vue. Et la Monnaie de Paris va maintenant, sur la foi du rapport de la Cour des comptes, réclamer un dédommagement substantiel.
LE CADEAU DE L'AGA KHAN
Un autre élément de contexte permet d'éclairer l'affaire, et de mieux comprendre l'attention particulière accordée par MM. Sarkozy et Woerth aux desiderata de l'Institut. En 2004, le richissime Aga Khan a offert 40 millions d'euros à l'Institut pour restaurer le domaine de Chantilly. Or, comme le révéla Mediapart, en avril 2008, afin de remercier le milliardaire de sa générosité, le président Sarkozy l'a exonéré de tout impôt, au nom de "la haute courtoisie internationale". A l'époque, le ministre du budget n'est autre qu'Eric Woerth. Et, redevenu avocat depuis sa défaite à la présidentielle de mai 2012, M. Sarkozy vient d'accepter de défendre l'Aga Khan, menacé par un coûteux divorce...
Gérard Davet et Fabrice Lhomme
Le 27 octobre 2009, dans une conversation captée chez Liliane Bettencourt par son majordomme, Patrice de Maistre, son gestionnaire de fortune lui annonce, à propos de l'hôtel de la Monnaie: "Et ça, c'est mon ami Eric Woerth, dont la femme travaille pour nous, qui s'en est occupé. Et maintenant, il faut faire des travaux pour faire un auditorium. (...) Eric Woerth (...) est un ami (...), parce que c'est grâce à lui qu'il y a eu l'hôtel de la Monnaie. Et c'est lui qui a permis à l'Institut de récupérer le bâtiment dans lequel on va faire l'auditorium. Il est très sympathique, et en plus, c'est lui qui s'occupe de vos impôts, donc je trouve que ce n'était pas idiot."
Lasagnes à la viande de cheval: la viande était d'origine roumaine
LONDRES — La découverte de viande de cheval dans des lasagnes censées être au boeuf a provoqué un scandale au Royaume-Uni --où le cheval est vénéré et sa consommation taboue-- et entraîné le retrait vendredi des plats incriminés en France, pays d'origine de la viande, et en Suède.
La viande de cheval trouvée en importantes quantités au Royaume-Uni (voire à hauteur de 100%) dans les lasagnes de la marque de produits surgelés Findus était d'origine roumaine, a indiqué l'entreprise française Comigel, qui distribue ses articles dans 16 pays.
Dans un premier temps, elle avait été présentée comme étant d'origine française par les autorités sanitaires du Luxembourg, où ces plats ont été préparés. Cette source a précisé que la viande avait été frauduleusement étiquetée "viande bovine".
Les lasagnes en question étaient vendues par la société luxembourgeoise Tavola, filiale de l'entreprise française Comigel.
Après avoir gardé le silence pendant plusieurs heures, Comigel a annoncé vendredi après-midi le retrait de "tous les produits liés à ce fournisseur", sans le nommer. Dans la soirée, Comigel a précisé que le fournisseur français de la viande, la société Spanghero, lui avait indiqué que la viande provenait d'un producteur roumain qui abat et découpe du boeuf et du cheval.
Egalement dans la soirée, la chaîne de supermarchés Aldi a annoncé que deux autres plats préparés distribués au Royaume-Uni par Comigel -des lasagnes et des spaghettis bolognaise- de la marque Today's Special contenaient entre 30% et 100% de viande de cheval.
Le producteur suédois Findus, de son côté, a décidé de retirer des rayons français trois plats préparés - des lasagnes à la bolognaise, du hachis parmentier et de la moussaka - après avoir retiré lundi les lasagnes incriminées au Royaume-Uni, où elles étaient vendues en supermarché. En fin de journée, Findus a annoncé une mesure similaire en Suède, pour les lasagnes surgelées.
Le groupe suédois, qui a présenté ses excuses, a cependant insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de risque pour la santé.
Un porte-parole de Findus a déclaré au quotidien britannique The Guardian qu'il avait été alerté par Comigel dès samedi mais n'avait pas annoncé le retrait des produits concernés le jour-même "pour une question de logistique".
Pour le Premier ministre britannique David Cameron, cette "histoire très choquante est tout à fait inacceptable". Elle suscite un problème "de confiance", a-t-il estimé depuis Bruxelles, insistant sur la nécessité d'étiqueter correctement les produits.
Le secrétaire d'Etat britannique à l'Environnement, Owen Paterson, a pour sa part annoncé qu'il allait organiser un "sommet de la viande de cheval" avec l'Agence britannique de sécurité alimentaire (FSA) et les distributeurs.
"J'ai le désagréable sentiment qu'il s'agit en fait d'un complot criminel et c'est pourquoi il est tout à fait normal que la FSA se rapproche de la police métropolitaine, qui coopère avec d'autres polices en Europe", a-t-il déclaré à la BBC.
L'agence française de répression des fraudes a, elle, dénoncé une "tromperie".
L'affaire revêt aussi au Royaume-Uni une dimension culturelle: la viande équine n'est normalement pas disponible dans le commerce, contrairement à la France ou la Suisse, où elle est réputée pour sa tendreté.
Au Royaume-Uni, pays par excellence des courses équestres, le cheval est l'un des principaux récipiendaires de la version animalière de la Victoria Cross, distinction militaire suprême de l'armée britannique.
Le scandale sur la viande chevaline a éclaté à la mi-janvier: les autorités irlandaises en découvrent dans de la viande hachée produite au Royaume-Uni et en Irlande et écoulée dans ces deux pays. Des dizaines de millions de steaks sont retirés des étals, et Burger King change de fournisseur, par mesure de précaution.
Mais l'affaire s'amplifie quand la FSA britannique annonce la détection de cheval dans des lasagnes.
La FSA estime qu'il n'y a pas de risque pour la santé. Mais elle suscite l'inquiétude en demandant dans le même temps à Findus d'effectuer "des tests pour identifier la présence éventuelle dans les lasagnes de phénylbutazone", produit utilisé pour traiter la douleur chez les chevaux. Les animaux soignés avec ce médicament sont interdits de consommation humaine, par crainte de "risque pour la santé", précise la FSA.
A ce stade, Scotland Yard n'a pas ouvert d'enquête.
Les autorités sanitaires britanniques évoquent deux "causes possibles". "La première relève d'une grave négligence, mais la deuxième hypothèse est de nature pénale (...) si quelqu'un a délibérément substitué un produit à un autre", selon la FSA.
SOCIETE
Paris perd ses riches
le magazine du MondeBien sûr, les façades des résidences en pierre de taille du 16e arrondissement parisien et les balcons des immeubles de Neuilly ne se sont pas hérissés d'une forêt de panonceaux "à vendre". Pourtant, les agences immobilières spécialisées dans le logis de prestige se font du mauvais sang. Voilà plusieurs mois que les biens à céder grossissent leurs catalogues.
Dans ce tout petit marché, on a désormais l'embarras du choix pour un hôtel particulier, une vue dégagée sur le bois de Boulogne ou une maison ultra-chic avec jardin en plein Paris. Les vendeurs ne sont pas toujours faciles à joindre. Ils sont partis, direction Londres, Bruxelles, la Suisse ou les Etats-Unis.Charles-Marie Jottras, président de l'agence Daniel Féau, en quête d'un acquéreur pour la maison de la rue du Cherche-Midi du plus médiatique des exilés, Gérard Depardieu, est formel. "Le stock de produits de luxe a fortement augmenté ces derniers mois et, pour une proportion importante, à cause de gens qui partent à l'étranger", dit-il. Richard Tzipine, directeur général de Barnes, agence spécialisée dans l'immobilier "de prestige", évalue à un tiers la part des mises en vente imputables à un exil fiscal. "Des biens haut de gamme", décrit-il.
Tel cet appartement au parquet clair de 350 m2, dans le 16e arrondissement. Quatre chambres, bibliothèque et double séjour. Un bijou évalué à 5,2 millions d'euros. A Neuilly, un autre propose, pour le même prix mais pour 150 m2 de moins, une gigantesque terrasse de 100 m2. Dans les deux cas, les propriétaires ont fait leurs valises. L'un d'eux s'est déjà offert une maison à 10 millions d'euros en Suisse. La remise en cause de la taxation à 75 % des plus hauts revenus par le Conseil constitutionnel n'y a pas changé grand-chose ; le climat fiscal sous le gouvernement Ayrault inquiète les grosses fortunes, soupirent les agences. Et le marché du logement très chic patine.
Les transactions au-delà de 2 millions d'euros ont chuté en un an de 42 %, à Paris et en région parisienne. Dans cette catégorie, les prix dévissent avec une baisse de 10 à 15 %, selon une étude de l'agence Barnes.
FIN D'UNE CERTAINE OMERTA
Le marché du très haut de gamme parisien a beau ne représenter que quelques milliers de chaumières, sa déprime est un indicateur qui est pris très au sérieux. Elle apporte de l'eau au moulin de ceux qui, en attendant les chiffres 2012, prédisent que l'exil sous l'ère Hollande battra des sommets.
"Il y a aujourd'hui beaucoup plus de gens qui s'interrogent et davantage encore qui mettent en oeuvre leur délocalisation", affirme Stéphane Jacquin, directeur de l'ingénierie patrimoniale chez Lazard Frères ,Gestion. "Je ne serais pas surpris qu'en 2012, il y ait eu trois fois plus de départs de contribuables que les années précédentes, voire davantage", professe-t-il.
Cet apparent exode sonne aussi la fin d'une certaine omerta dans le milieu feutré de l'immobilier doré. "Est-ce qu'il y en a beaucoup plus qui sont partis en 2012 ? En tout cas, les gens en parlent davantage qu'avant", témoigne Richard Tzipine. Peut-être parce que les aspirants au départ ont changé. "Depuis vingt ans, les grandes fortunes rentières partent à cause de l'ISF, raconte Charles-Marie Jottras. Aujourd'hui, on voit s'en aller des dirigeants, des actifs beaucoup plus jeunes. Ils savent qu'ils vont gagner de l'argent mais ne veulent pas le faire en France."
Leur profil ressemble fort à ceux des "pigeons", ces entrepreneurs qui ont fait plier le gouvernement sur la taxation des plus-values lors de la vente d'une entreprise. Les agences vont devoir se retrousser les manches pour repeupler tous ces luxueux pigeonniers. D'autant qu'il ne faut guère compter sur l'arrivée dans la capitale de David Beckham pour sortir le marché de son marasme. Le footballeur, qui n'a signé que pour cinq mois au PSG, a prévu de laisser sa nombreuse famille à Londres.
Maud Noyon
C’est très tôt dans l’histoire de l’Islam, en l’an 657, seulement 25 ans après la mort de Mahomet, que l’islam se divisa. La source du conflit était politique: la désignation du calife ou imam, successeur du Prophète à la tête de la communauté. Or Mahomet a eu des filles mais pas de fils.
Qui donc allait diriger la communauté après sa mort? Il n’avait pas donné d’instruction à cet égard.
- Les Sunnites
L’islam sunnite – ou sunnisme – est le principal courant religieux de l’Islam. Il concerne 85 à 90 % des musulmans. Le sunnisme est dérivé du mot « sunna » qui représente la ligne de conduite de Mahomet. Qualifiés de musulmans orthodoxes, ils prônent un monothéisme épuré dont la base demeure le Coran, livre sacré sur lequel doit reposer l’organisation sociale et la vie spirituelle de tout musulman. Contrairement aux Chiites, les Sunnites combattent l’idée selon laquelle le successeur de Mahomet doit obligatoirement appartenir à sa famille.
- Les Chiites
Les Chiites dont le nom dérive de Chî’at a Ali (« ceux qui suivent Ali ») représentent aujourd’hui un dixième seulement de l’ensemble des musulmans (environ 100 millions de fidèles). Ils sont cependant majoritaires en Irak et en Iran et forment une communauté très influente au Liban. Les musulmans chiites attribuent une importance cruciale au culte de l’imam. Cet imam chiite se distingue de l’imam qui, chez les Sunnites, préside simplement à la prière dans les mosquées. Il est le descendant d’Ali, le gendre du Prophète.
- Le soufisme
Les soufis sont la branche mystique de l’Islam. Environ 40% du monde musulman, sunnites et chiites, est lié à une quelconque fraternité soufie. Le soufisme s’est développé en Islam parmi ceux qui cherchaient des relations plus affectives avec Dieu. Chaque confrérie a son maître-guide spirituel. Parlant en des termes poétiques qui scandalisaient les docteurs de la Loi sunnites et chiites, ils étaient autrefois jugés hérétiques et combattus. C’est AL-UHAZALI au XIIe siècle qui a réconcilié l’Islam classique avec les courants mystiques, ce qui a permis l’apparition des grandes confréries.
L’Espagnol IBN ARABI, mort en 1240, est considéré comme le plus grand maître soufi. Le soufisme est un humanisme et un style de vie entièrement tourné vers la spiritualité et l’excellence du comportement.
- Les courants islamistes fondamentalistes
Nous sommes témoins aujourd’hui de la naissance de multiples courants islamistes plus radicaux les uns que les autres qui cherchent à étendre la domination islamique dans le monde entier par le djihad. Parmi eux, on distingue entre autre le Wahhabisme et le Salafisme: le premier est un mouvement religieux et politique arabe et musulman sunnite d’inspiration hanbalite fondé par Mohammed ibn Abd el-Wahhâb (1703 – 1792) vers 1745. L’intention de ce dernier était de ramener l’islam à sa pureté d’origine. Ses fidèles rejettent toute tradition extérieure au Coran et à la Sunna. Cette alliance est à l’origine de la diffusion de la doctrine la plus radicale de l’Islam, l’idéologie dite « islamiste ». Le wahhabisme est étroitement lié à la notion de « salafisme », (en arabe : « as-salafiyya » provient du mot salaf, « prédécesseur » ou « ancêtre »), un courant fondamentaliste dont il se distingue difficilement et dont la description est l’objet de débats. Le salafisme est un dérivé du wahabisme, mais ces deux doctrines prônent toutes les deux un Islam radical et rigoriste, en opposition à la modernité du mode de vie occidental.
DIVERS
Le nord-est des Etats-Unis paralysé par le blizzard
Le Monde.fr avec AFP
Des milliers de vols ont été annulés et le trafic routier et ferroviaire a été paralysé, vendredi 8 février, dans le nord-est des Etats-Unis, en raison d'un blizzard accompagné de fortes chutes de neige et de vents violents, qui ont conduit cinq Etats à déclarer l'état d'urgence.
Les chutes de neige, qui selon la météo nationale devraient atteindre en moyenne de 30 à 60 cm, accompagnées par endroits de vents aussi violents que ceux d'un ouragan, ont commencé vendredi après-midi, et devraient se terminer samedi, dans ce secteur des Etats-Unis où vivent quelque 40 millions de personnes.
4 900 VOLS ANNULÉS
Vendredi soir, quelque 4 900 vols avaient été annulés, 3 500 pour la journée de vendredi et 1 400 pour samedi, dont plus de la moitié à New York, selon le site spécialisé FlightAware.com. Tous les vols au départ ou à destination de JFK, la Guardia et Newark, ont été suspendus en fin d'après-midi. LaGuardia espère pouvoir rouvrir samedi en milieu de matinée. Quelque 700 vols ont également été annulés de et vers Boston, où environ 60 cm de neige sont attendus d'ici à samedi.
Décision rare, le gouverneur du Massachusetts Deval Patrick a interdit la circulation automobile pour une durée illimitée, afin de faciliter les opérations de secours et de déneigement. Le Connecticut voisin, et le Rhode island ont fait de même, mais seulement pour certaines autoroutes.
Dans le Massachusetts, plus de 255 000 foyers et commerces se sont retrouvés privés d'électricité vendredi soir et leur nombre devrait grimper, selon le Boston Herald.
L'état d'urgence, mesure qui permet une plus grande flexibilité dans la mobilisation des ressources locales, a été décrété dans cinq Etats, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut, New York et Maine.
STOCKER DES PRODUITS DE PREMIÈRE NÉCESSITÉ
A New York, où la neige tombait drue vendredi soir, les services météo annoncent de possibles accumulations de 25 à 35 cm. Le maire Michael Bloomberg a évoqué de possibles inondations côtières "modérées", dans les secteurs déjà durement éprouvés par l'ouragan Sandy il y a tout juste 100 jours.
Jeudi, il avait recommandé aux New-Yorkais de stocker des produits de première nécessité, évoquant de possibles pannes de courant, toujours redoutées en cette période de l'année.
Certains supermarchés ont été pris d'assaut, manquant de pain et de lait, et des files d'attente se sont formées devant les stations-services. "Il n'y a pas besoin de paniquer" pour l'essence. "Les stocks sont suffisants, et les livraisons ne seront pas perturbées", a insisté vendredi M. Bloomberg.
Certains supermarchés ont été pris d'assaut, manquant de pain et de lait, et des files d'attente se sont formées devant les stations-services. "Il n'y a pas besoin de paniquer" pour l'essence. "Les stocks sont suffisants, et les livraisons ne seront pas perturbées", a insisté vendredi M. Bloomberg.
Il a invité les New-Yorkais à rentrer tôt chez eux, et à ne plus en bouger jusqu'à la fin du blizzard samedi. De nombreux magasins ont fermé plus tôt qu'à l'accoutumée vendredi soir.
FASHION WEEK SOUS LA NEIGE
La Fashion week qui bat son plein a maintenu ses défilés, mais faute d'avoir reçu certains accessoires, le styliste Marc Jacobs a repoussé à jeudi soir son principal défilé. Et si l'enthousiasme était intact, nombre fashionistas, journalistes et organisateurs reconnaissaient la difficulté de maintenir un emploi du temps millimitré, en raison du mauvais temps.
Les trains ont également été suspendus entre New York et Boston, où tous les transports en commun ont également été arrêtés, les écoles et les tribunaux fermés.
Du New Jersey au Maine à la frontière canadienne, les autorités ont stocké des tonnes de sel, préparant les chasse-neige, organisant des centres d'accueil et multipliant les appels à la prudence et demandant aux gens de rester chez eux. La tempête a aussi paralysé les transports aériens dans plusieurs villes canadiennes.
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