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vendredi 23 novembre 2012

23112012 QUOI DE NEUF ?

POLITIQUE

 

UMP. Fillon saisit la commission des recours, des doutes sur la médiation Juppé

François Fillon a saisi vendredi la commission nationale des recours de l’UMP, imitant Jean-François Copé. Alain Juppé, lui, peine à imposer sa médiation.

Comme Jean-François Copé l’avait fait jeudi, François Fillon a saisi vendredi la commission nationale des recours de l’UMP, chargée de trancher les litiges après l’élection à la présidence du parti. Pendant ce temps, la médiation menée par Alain Juppé peine à s’imposer.

Si Alain Juppé est parvenu à convaincre François Fillon de saisir la commission des recours de l’UMP, à propos d’« erreurs et irrégularités » lors du scrutin pour la présidence de l’UMP, le conflit qui secoue le parti est loin d’être terminé.

La commission des recours divise

Le camp Fillon remet en cause « la composition actuelle de la commission des recours », qui « n’offre absolument aucune garantie ni d’impartialité ni de transparence », selon Eric Ciotti.

Alain Juppé juge cette instance légitime tout en demandant qu’elle ne se réunisse pas avant la mise en place de sa médiation, acceptée jeudi par les deux camps. Il exige aussi que tous ceux qui ont pris partie dans la bataille Fillon-Copé se « déportent » de cette commission.

Problème : les membres en question refusent, à l’image de la Sarthoise Fabienne Labrette-Ménager, tout comme Jean-François Copé. « J’ai dit à Alain Juppé que juridiquement ce n’est pas possible. Il sait que j’ai raison. C’est lui qui les a faits, les statuts », a indiqué vendredi le virtuel président de l’UMP.

Quel rôle pour Juppé ?

Autre complication : les avis diffèrent sur le rôle qui incombera au maire de Bordeaux. Les « copéistes » veulent qu’il observe et constate que la commission des recours travaille en toute transparence. Mais les « fillonistes » veulent qu’il recompte et tranche.

Le camp de Jean-François Copé redoute pour sa part qu’Alain Juppé, même s’il s’est dit neutre pendant la campagne, ne penche pour François Fillon. « Je ne l’ai entendu exprimer aucun désaccord avec Fillon pendant la campagne mais plusieurs avec Jean-François Copé », déclare un proche.

Alain Juppé, qui rencontrera les deux rivaux dimanche soir, au moment où la commission des recours aura déjà débuté ses travaux, ne cache pas son agacement. Va-t-il jeter l’éponge ?

Sondage : Copé et Fillon affaiblis

Quelle que soit l’issue de la médiation, le vainqueur sortira affaibli d’une crise vécue par une bonne partie de la classe politique comme une pantalonnade disqualifiant les deux possibles prétendants à l’Elysée en 2017.

Selon un sondage BVA pour ITélé diffusé vendredi, Jean-François Copé a perdu 22 points de bonnes opinions (26 %) auprès des Français et son rival François Fillon, 11 points (52 %). Auprès des sympathisants UMP, le député-maire de Meaux perd 15 points, à 64 % d’opinions positives, et son rival 13 points, à 76 %.

Même si Jean-François Copé chute plus lourdement que François Fillon, les sympathisants UMP sont une courte majorité à souhaiter qu’il conserve la tête du parti (52 %) mais 47 % ne le souhaitent pas.









UMP, une semaine en enfer

Le Monde.fr 
Jean-Francois Copé et Francois Fillon.
Jean-Francois Copé et Francois Fillon. | AFP/MEHDI FEDOUACH

De la victoire revendiquée dimanche 18 novembre par les deux candidats à la présidence de l'UMP à la tentative de médiation menée par Alain Juppé, l'UMP vient de vivre la pire semaine de son histoire. Le mouvement, qui fête ses dix ans, est déchiré entre copéistes et fillonistes, qui s'affrontent pour déterminer qui a remporté un scrutin entaché d'irrégularités, au désespoir des militants. Récit de cinq jours d'enfer à droite.

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Soirée de tensions. Ce devait être le signe que l'UMP s'était convertie à la modernité : 300 000 militants appelés aux urnes pour choisir entre Jean-François Copé et François Fillon à la tête de leur parti. Les sondages, réalisés auprès des sympathisants, donnaient à François Fillon un net avantage. Mais au fil de la journée, les premières remontées des bureaux de vote montrent que son adversaire fait de bons scores. Et à la fin de la journée, alors que quelques irrégularités sont signalées, notamment dans les Alpes-Maritimes, on comprend que le score va être serré.
La proclamation de Copé. Serré, il l'est. Alors que le résultat devait tomber vers 21 heures, seules des estimations, fondées sur des dépouillements partiels, filtrent au cours de la soirée. Dans les deux camps, la tension est maximale. C'est, selon les statuts, à la commission d'organisation et de contrôle des élections, la Cocoe, dont le nom va bientôt devenir célèbre, d'annoncer le vainqueur. Mais vers 23 heures, alors qu'on attend encore les derniers résultats, Jean-François Copé bouscule les conventions. Il réunit la presse pour proclamer lui-même sa victoire, "avec près de 1 000 voix d'avance".
Le début du chaos. M. Copé a pris tout le monde de vitesse. Valérie Pécresse, soutien de François Fillon, se dit "abasourdie". Elle affirme que son champion a gagné. Les fillonistes préviennent la presse : rien n'est fait, il faut attendre. Quelques personnalités neutres lancent des appels au calme, comme Xavier Bertrand. François Fillon vient à son tour face à la presse. Il dit avoir gagné avec 224 voix d'avance. "J'attends avec sérénité la proclamation des résultats. Je ne laisserai pas voler la victoire aux militants", déclare l'ancien premier ministre.
Le spectre du congrès de Reims, lors duquel le PS avait connu semblable dispute sur fond d'accusations croisées de fraude, plane sur l'UMP. Les deux camps sont sur les dents, et les invectives fusent, amplifiées par Twitter et les chaînes d'information en continu. Sur BFMTV, un dialogue irréel s'engage entre Valérie Pécresse, soutien de M. Fillon, et Franck Riester, du camp Copé. En cause : M. Copé a-t-il appelé M. Fillon avant de revendiquer la victoire ?
Ce n'est que l'un des griefs. Les accusations de fraude fusent dans les deux camps. Chez Fillon, on accuse les copéistes d'avoir sciemment mis trop peu de bureaux de vote. Chez Copé, on évoque en boucle Nice et des soupçons de fraude.
Bagarre dans les matinales. Après une trop courte nuit, les lieutenants des deux camps investissent les matinales des radios pour commenter les résultats. Dans les rangs copéistes, Nadine Morano et Rachida Dati tentent de faire bonne figure : si la première souligne "la bonne humeur" qui a régné la veille, la deuxième salue "un grand moment de démocratie". Chez les fillonistes, l'inquiétude commence à poindre, et certaines voix, comme celle de Jean Leonetti, se font entendre pour réclamer une nouvelle élection. Le constat le plus pragmatique vient de Gérard Longuet, pour qui "il n'est pas anormal que des difficultés surgissent", étant donné que "pour la première fois, l'UMP découvre grandeur nature la démocratie".
Soupçons de fraudes. Alors que les accusations de fraude commencent à enfler des deux côtés, la Cocoe examine toujours les bulletins et procède au comptage méthodique des voix au siège de l'UMP, sous la pression des lieutenants des deux candidats. Les deux camps brandissent des chiffres contradictoires, sans qu'il soit possible de déterminer qui dit la vérité. Confirmant des soupçons émis dès dimanche, les copéistes attaquent en annonçant qu'ils vont saisir la Cocoe pour des irrégularités dans la première circonscription des Alpes-Maritimes et dans le 16e arrondissement de Paris. En retour, le camp Fillon envoie une lettre à la Cocoe, que Le Monde publie, dans laquelle il pointe des fraudes dans l'Oise, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes et à Toulouse.
Patrice Gélard, président de la Cocoe, le 19 novembre.
Patrice Gélard, président de la Cocoe, le 19 novembre. | AFP/ERIC FEFERBERG
La Cocoe statue enfin. Au bout d'une journée d'attente, la Cocoe finit par annoncer le résultat définitif : Jean-François Copé est élu président de l'UMP avec 98 voix d'avance. La pilule est dure à avaler, et François Fillon admet difficilement sa défaite : "J'ai pris acte des résultats de ce scrutin, lâche-t-il. La vérité m'oblige à dire que j'aurais préféré m'en satisfaire. Tel n'est pas le cas." Tout en insistant sur les "irrégularités" qui ont entachées le scrutin, il déplore la fracture "politique et morale" qui traverse son parti.
La Droite forte triomphe. Passées inaperçues dimanche, les motions font leur retour. Les militants étaient appelés à choisir non seulement un président, mais aussi à arbitrer entre six corpus de valeurs et d'idées, des humanistes de Jean-Pierre Raffarin aux très droitières motions Droite populaire et Droite forte. C'est cette dernière qui l'emporte, portée par les jeunes Guillaume Peltier (transfuge du FN et de Philippe de Villiers) et Geoffroy Didier, qui milita à "la diagonale", éphémère mouvement de "sarkozystes de gauche".
Guillaume Peltier, cofondateur de la motion de la Droite forte, le 16 novembre 2012 à Paris.
Guillaume Peltier, cofondateur de la motion de la Droite forte, le 16 novembre 2012 à Paris. | REUTERS/BENOIT TESSIER
Leur programme ? Abolition du droit de grève des enseignants, "charte républicaine" pour les musulmans, quotas de journalistes de droite dans le service public... Des propositions dénoncées comme démagogiques jusque dans les rangs de l'UMP, mais qui ont plu aux militants. Avec 27,8 % des voix, leur motion devance la droite sociale de Laurent Wauquiez ou les Humanistes de Jean-Pierre Raffarin. Un gage de plus pour Jean-François Copé et sa stratégie de "droitisation".
Copé tend la main à Fillon. Du côté des ténors du parti, l'heure est à l'apaisement. Jean-François Copé propose à François Fillon une "vice-présidence" de l'UMP. Un geste que le fillioniste Eric Ciotti qualifie de "grotesque". L'ancien premier ministre écrit une lettre aux adhérents de l'UMP, et demande à ses partisans "d'avancer sans rancune ni déception". Mais il n'en démord pas : le vote n'est, selon lui, pas régulier. "L'unité de l'UMP m'est apparue plus importante que les critiques qui entourent l'organisation d'un scrutin qui a révélé ses défaillances", écrit-il. Pour autant, il assure vouloir "rester dans [sa] famille politique" et parle d'organiser son avenir après avoir discuté avec ses soutiens. Le psychodrame, dont la presse internationale a fait ses gorges chaudes, s'éloigne, et Jean-François Copé tweete enfin sur un autre sujet : le mariage homosexuel.
Coup de théâtre de Fillon. Alors que la tension semblait être retombée, le camp Fillon publie dans l'après-midi un communiqué qui fait l'effet d'une petite bombe dans cette trêve difficilement acquise. A nouveau, il conteste les résultats du scrutin, assurant que 1 304 voix de trois fédérations d'outre-mer ont été oubliées dans le décompte et que leur réintégration le désignerait comme vainqueur. Pour autant, les fillonistes ne font pas de requête devant la commission nationale des recours (CNR) de l'UMP car, comme l'explique Laurent Wauquiez, "le problème n'est pas juridique mais politique". Une position difficile à tenir puisque Patrice Gélard, le président de la Cocoe, assure que la commission ne peut plus revenir sur sa décision.
Juppé appelé à la rescousse. Pour couper court à la polémique, le camp Fillon appelle Alain Juppé à prendre la présidence par intérim du parti, le temps que le différend soit réglé. Parallèlement, 134 parlementaires et anciens ministres fillonistes annoncent que si Alain Juppé n'organise pas à la tête du parti "une direction collégiale" pour sortir "le mouvement de la situation dans laquelle il se trouve", ils rendront leur carte du parti. Le maire de Bordeaux sort de son silence sur Twitter : il accepte de servir de médiateur "à la condition absolue qu'elle se fasse avec l'accord et la collaboration des deux parties".
A chacun son 20 heures. La tension est à son comble quand François Fillon annonce sur le plateau du 20 heures de TF1 qu'il renonce à la présidence de l'UMP, tout en envisageant d'aller devant la justice pour clarifier les accusations d'irrégularités dans le décompte des votes. Refusant toujours de déposer un recours devant la CNR, il assène : "Je n'ai pas confiance. Il n'y a jamais eu à la direction de l'UMP une instance impartiale. Je ne renonce pas à déposer un recours, mais si je dois déposer un recours, ce serait devant la justice." Au même moment, sur le plateau de France 2, Jean-François Copé défie son rival de saisir la CNR, confortant sa position de la journée et son rôle de président "garant des statuts de l'UMP".
La guerre des tranchées continue. Sur Europe 1, M. Copé accuse M. Fillon d'être un "mauvais perdant" et insiste sur les fraudes. Il refuse par ailleurs la médiation d'Alain Juppé : "L'élection a eu lieu et le résultat est connu." Deux heures plus tard, François Fillon réclame la publication des résultats, qui n'ont toujours pas été rendus publics. Réplique de Copé : il fait savoir qu'il a appelé Fillon pour une rencontre, qu'aurait refusée ce dernier. Le camp Fillon publie un procès-verbal prouvant que son candidat était bien en tête en Nouvelle-Calédonie. Les copéistes font une conférence de presse, à midi. Surprise : M. Copé annonce qu'il va saisir lui-même la commission des recours, "seule instance habilitée à régler les contentieux électoraux de notre famille politique". Il propose néanmoins que des personnalités indépendantes assistent à ses travaux. "Je pense notamment à Alain Juppé", fait-il savoir.
L'ultimatum de Juppé. La réponse de l'intéressé ne tarde pas. Dans un communiqué, il propose "la création d'une instance collégiale composée, sous [sa] présidence, de représentants des deux candidats et de personnalités n'ayant pas pris parti". Il prend garde de préciser que la proposition ne vaut que jusqu'à 20 heures : "Au-delà, je n'ai pas l'intention de me laisser instrumentaliser dans les confrontations délétères."
Nouveau coup de théâtre. Alors que les réseaux sociaux n'en finissent plus de blaguer sur "les feux de l'UMP", nouveau feuilleton à la mode, un nouveau coup de théâtre vient une fois encore tout changer. Vers 14 heures, la Cocoe publie un communiqué. Son président, Patrice Gélard, reconnaît que trois circonscriptions n'ont "pas été prises en compte", et admet que les ajouter "aboutirait probablement à une inversion des résultats", ce qui donne raison à François Fillon et à ses partisans.
Mais la Cocoe ajoute aussitôt que les statuts de l'UMP l'empêchent d'effectuer "autre chose que le constat présent" et de "publier de nouveaux résultats". La Cocoe renvoie à la CNR, jugeant qu'il lui appartient désormais "de statuer en publiant des résultats définitifs après examen d'éventuels recours internes". La CNR est au centre des attentions. Si elle comporte des fillonistes et des copéistes, son président, Yannick Paternotte, lui, a clairement pris position pour Jean-François Copé.
Les attaques de Lavrilleux. A 16 h 20, Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Jean-François Copé, convoque la presse. Documents à l'appui, il dénonce des fraudes massives. D'un ton sec, visiblement très en colère, il entreprend de démontrer les "bourrages d'urnes massifs" du clan Fillon. Il annonce cependant que Jean-François Copé est prêt à accepter la médiation d'Alain Juppé... Mais une fois que la commission des recours aura statué.
La presse en passe de craquer. De rebondissement en rebondissement, les journalistes qui suivent l'UMP n'ont pas dételé depuis dimanche soir, et tentent tant bien que mal de suivre les mouvements de cette toupie folle qu'est devenue l'UMP. Olivier Mazerolle, journaliste politique vedette de BFMTV, en boucle sur l'événement, craque et laisse paraître sa colère. "Plus personne ne comprend plus rien à ce parti. Plus personne ne fait confiance en personne dans ce parti. Arrêtons parce que la politique française à la petite semaine, y en a ras-le-bol. (...) J'en ai marre de commenter des inepties !"
Le retour de Juppé. La journée n'est pourtant pas finie. A 17 heures, Valérie Pécresse dénonce la position du clan Copé, et demande que la médiation d'Alain Juppé soit souveraine. Quant à Eric Ciotti, il annonce vouloir porter plainte contre Jérôme Lavrilleux qui l'accuse de fraudes. En fin de journée, Alain Juppé publie un communiqué indiquant qu'il prend acte de l'accord des deux parties et va donc mener sa mission. Il demande à rencontrer les deux candidats, et il promet des résultats "dans quinze jours".
L'UMP n'est pas une mafia. Alors que les deux parties s'étaient enfin accordées sur la médiation d'Alain Juppé, François Fillon relance la polémique de bon matin, au micro de RTL. Déplorant n'avoir "toujours pas pu obtenir la publication des résultats fédération par fédération" qu'il réclame depuis plusieurs jours, il insiste sur le fait qu'"un parti politique ce n'est pas une mafia, un endroit où on peut refuser de dire la vérité". Copéistes et fillonistes semblent ne pas avoir compris de la même manière les modalités de la médiation d'Alain Juppé, et les interprétations vont bon train dans les matinales. Sur Europe 1, la copéiste Rachida Dati estime "qu'il y a eu quelques confusions" sur le rôle d'Alain Juppé : "il ne pourra que vérifier les conditions de travail de la commission de recours, ni plus ni moins".
Les conditions de Juppé. Visiblement agacé par les attaques personnelles qui se multiplient depuis dimanche, le maire de Bordeaux décide de poser les conditions de sa médiation. Avant que sa commission ne se mette au travail lundi, il demande une réunion tripartite avec les deux rivaux dimanche soir. S'il reconnaît la commission des recours de l'UMP, il lui demande de ne pas se réunir avant qu'il ait pu l'entendre, et demande le départ des membres de la commission des recours ayant pris parti durant la campagne. Enfin, il exige que les attaques personnelles via médias interposés cessent. "Je demande d'ores et déjà à MM. Copé et Fillon, à leurs lieutenants et eux-mêmes de s'abstenir d'attaques personnelles avant le dépôt des conclusions", insiste-t-il.
Le refus de Copé. François Fillon se félicite de l'initiative d'Alain Juppé. Mais pas l'UMP : la commission des recours et son président, Yannick Paternotte, annoncent dans un communiqué qu'ils refusent que des membres se mettent en retrait. Quant à Jean-François Copé, il fait savoir à la presse qu'Alain Juppé n'a pas à poser ses conditions. Il avoue même que s'il a fait mine d'approuver l'initiative du maire de Bordeaux, c'était "pour dire un truc", mais qu'il ne peut accepter l'idée qu'une commission tranche hors des institutions prévues par les statuts. Il estime qu'Alain Juppé peut observer les travaux de la CNR, mais pas trancher à sa place. Il accepte en revanche le principe d'une rencontre tripartite avec François Fillon.
ET MAINTENANT ?
En une semaine, l'UMP, qui devait faire de ce vote un exercice de démocratie, y a perdu bien plus que son image publique. Le parti apparaît profondément divisé entre deux clans rivaux dont aucun ne semble décidé à concéder la victoire à l'autre. Certains voient dans ce fiasco, qui va au-delà de celui des socialistes à Reims, l'échec de Nicolas Sarkozy, qui aurait tout fait pour éviter qu'un homme fort s'impose dans son parti en son absence. Une chose paraît certaine : le gouvernement socialiste a gagné une période de répit, alors que ses six premiers mois de pouvoir ont été marqués par les crises et les polémiques. Et l'UMP ne semble pas près de sortir de cette lutte fratricide.

L'Égypte gronde contre le «pharaon» Morsi


Par Fatiha Temmouri 
Des jeunes lancent des pierres contre les forces de l'ordre vendredi, lors des manifestations place Tahrir, au Caire.
Des jeunes lancent des pierres contre les forces de l'ordre vendredi, lors des manifestations place Tahrir, au Caire. Crédits photo : MOHAMED ABD EL GHANY/REUTERS
 
 Des heurts ont éclaté place Tahrir où des milliers de manifestants dénonçaient l'extension des pouvoirs présidentiels.
Après avoir été salué par les États-Unis et le monde arabe pour le rôle central qu'il a joué dans l'établissement d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien, le président égyptien, Mohammed Morsi, vient de provoquer un séisme politique sur les bords du Nil. La promulgation, jeudi soir, d'une déclaration conditionnelle qui lui donne pour ainsi dire les pleins pouvoirs au détriment de l'autorité judiciaire a créé la surprise et déchaîné les critiques de l'opposition. «Aujourd'hui, Morsi a usurpé tous les pouvoirs de l'État» , s'est écrié le Prix Nobel Mohamed ElBaradei sur Twitter, qualifiant le président de «nouveau pharaon» . Vendredi, des milliers de manifestants ont convergé vers la place Tahrir où régnait une atmosphère électrique, tandis que des bureaux du parti Justice et Liberté, issu des Frères musulmans, ont été brûlés ou saccagés à Alexandrie, Port-Saïd et Ismaïliya.
Au sortir de la prière, des cortèges se sont mis en branle dans plusieurs quartiers du Caire en présence d'Amr Moussa, ancien candidat à la présidentielle, et de ­Mohamed ElBaradei. Lors d'une conférence de presse jeudi soir, ces figures de l'opposition égyptienne avaient souhaité une mobilisation massive contre la nouvelle «déclaration constitutionnelle» du président Morsi. Main dans la main, libéraux et révolutionnaires ont répondu à leur appel, dénonçant la mainmise des islamistes sur le pays et sa Constitution. Le Mouvement révolutionnaire du 6 avril, très actif durant la révolution, fut particulièrement visible avec ses militants brandissant des drapeaux noirs à l'effigie des martyrs. «À bas la dictature des Frères musulmans», scandaient nombre de manifestants, tandis que des heurts éclataient rue Mohamed- ­Mahmoud, à deux pas de la place Tahrir, entre forces de l'ordre et manifestants - les premiers essuyant une pluie de pierres et répliquant par des tirs de grenades lacrymogènes.
Principaux soutiens du président Morsi, les mouvements islamistes officiels - Frères musulmans et parti salafiste al-Nour - se sont pour leur part tenus à l'écart de la place Tahrir. Satisfaits de la décision présidentielle, ils se sont réunis devant le palais présidentiel d'Heliopolis afin de remercier Mohammed Morsi, qui s'est exprimé en direct à la télévision assumant pleinement sa décision, assurant que l'Égypte est «sur la voie de la démocratie» et jurant qu'il protégera les droits de l'opposition. «Une opposition est importante pour l'équilibre démocratique d'un pays», a-t-il précisé.
Mohammed Morsi, sans doute galvanisé par son succès diplomatique dans le cessez-le feu entre Gaza et Israël, a «surfé» sur cette vague pour faire passer ces me­sures de politique intérieure sujettes à caution. «Les deux événements sont intrinsèquement liés, observe le juriste Karim el-Chazli. Monsieur Morsi est coutumier du fait. L'islamiste profite toujours d'une actualité politique pour faire passer des décrets sensibles par la force.» En août dernier, déjà, le président égyptien avait profité de graves incidents sécuritaires dans le Sinaï pour procéder au limogeage du Marechal Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées.
Régime autoritaire
Jeudi soir, le porte-parole de la présidence, Yasser Ali, a annoncé que «le président peut prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution (de janvier 2011)», précisant que la Chambre haute du Parlement et le comité chargé de rédiger la future Constitution, tous deux dominés par les islamistes, ne peuvent désormais être dissous. Dans l'attente d'une nouvelle Constitution, a-t-il ajouté, «les déclarations constitutionnelles, décisions et lois émises par le président sont définitives et ne sont pas sujettes à appel» . Façon, pour le premier magistrat égyptien, de se placer au-dessus de tout contrôle judiciaire.
Les hauts magistrats égyptiens ont immédiatement répliqué à ce cataclysme politique en convoquant des assemblées générales extraordinaires afin de préparer leur riposte juridique. «Morsi vient de neutraliser le seul contre-pouvoir qui existe dans ce pays», s'inquiète le juriste Karim el-Chazli. Plus généralement, l'opposition soupçonne le président d'avancer méthodiquement ses pions dans le but d'établir un régime autoritaire appliquant la charia. Vendredi, la presse égyptienne s'interrogeait sur l'absence de réactions internationales à l'extension inopinée des pouvoirs présidentiels. Et se demandait si l'islamiste, en prouvant sa capacité à rétablir la paix dans une région hautement sensible, n'a pas reçu le feu vert des États-Unis pour régner en pharaon dans son pays.
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JUSTICE ?

 

«Les Bettencourt ne m’ont jamais donné un sou» a dit Sarkozy au juge

L'ancien président Nicolas Sarkozy quitte en voiture le palais de justice de Bordeaux le 22 novembre 2012.
L'ancien président Nicolas Sarkozy quitte en voiture le palais de justice de Bordeaux le 22 novembre 2012. (Photo Pierre Andrieu. AFP)

Le journal «Sud-Ouest» publie les extraits du procès verbal de l'audition de l'ancien président de la République.

Libération
«Les Bettencourt ne m’ont jamais donné un sou», a déclaré jeudi Nicolas Sarkozy aux juges bordelais en charge de l’affaire Bettencourt, selon Sud Ouest qui a pu consulter le procès-verbal d’audition et en publiera samedi les déclarations les plus marquantes.
«Ils ne m’ont jamais donné un sou et je ne leur en ai jamais demandé», a notamment dit M. Sarkozy au cours de ces douze heures d’audition transcrites en «32 pages de documents» dont Sud Ouest assure sur son site internet avoir vu l’intégralité.
Concernant le financement éventuel de sa campagne présidentielle de 2007, M. Sarkozy déclare : «Je connais les Bettencourt depuis 28 ans et j’en ai 57. J’ai fait cinq campagnes municipales à Neuilly : ils ne m’ont jamais donné un sou et je ne leur en ai jamais demandé.»
Il ajoute qu’il ne s’est pas rendu compte d’un éventuel état de faiblesse de Liliane Bettencourt, aujourd’hui âgée de 90 ans et qui est selon les psychiatres en situation d’affaiblissement mental depuis septembre 2006 : «Quand je la vois, je n’aperçois aucun signe apparent de cela... Elle est bien habillée, elle ne bégaie pas. Elle ne dit aucune invraisemblance.»
L’ancien président remarque aussi qu’en «36 ans de vie politique, c’est la première fois que je suis convoqué dans un cabinet d’instruction», et que «c’est une épreuve».
Plus que le fond même des déclarations de M. Sarkozy, c’est la célérité avec laquelle des extraits de ce procès-verbal sont parvenus à Sud Ouest qui est remarquable, pas même 24 heures après la fin de l’audition de l’ancien président.
Ce scoop de Sud Ouest coïncide avec la publication très inhabituelle, vendredi en début de soirée, d’un communiqué du Parquet de Bordeaux démentant, à la demande des juges d’instruction, l’anecdote rapportée par l’avocat de l’ancien chef d’Etat d’une confusion qu’aurait faite un des juges entre un possible rendez-vous entre M. Sarkozy et Mme Bettencourt, le 5 juin 2007, et le rendez-vous qu’il a eu effectivement avec des membres de la famille d’Ingrid Betancourt.
«La convocation de M. Nicolas Sarkozy ne mentionnait pas un rendez-vous relatif à Mme Ingrid Betancourt, figurant dans son agenda à la date du 5 juin 2007 au palais de l'Élysée, et il n’a pas été interrogé sur ce point», a indiqué dans ce communiqué le procureur de la République de Bordeaux Claude Laplaud.
Il semble en effet que cette histoire ne figure pas dans le procès-verbal.
(AFP)





ECONOMIE


Echec du sommet sur le budget européen, nouveau rendez-vous début 2013
Avec cet article
Les dirigeants européens ont échoué vendredi à s'entendre sur le budget de l'UE 2014-2020, car leurs exigences étaient impossibles à concilier, et ils devront faire beaucoup de concessions pour parvenir à une accord lors d'un prochain sommet au début de l'année prochaine.
Alors que cet échec ternit un peu plus l'image de l'Europe, les chefs d'Etat et de gouvernement ont tous cherché à minimiser ses conséquences. Mais sous couvert de l'anonymat, les membres des délégations se cachaient pas leur inquiétude, tant les divergences sont grandes.
Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a déclaré avoir reçu mandat de continuer le "travail" pour rechercher un "consensus". "Un accord est possible en début d'année prochaine", a-t-il soutenu lors d'une conférence de presse, faisant état d'un "degré suffisant de convergences" entre les dirigeants des 27.
Il a annoncé qu'il "commencerait des consultations dès la semaine prochaine".
"Je suis très pessimiste sur un changement dans les positions d'ici le prochain sommet", a toutefois confié à l'AFP un diplomate impliqué dans les négociations.
"Aucune date n'a encore été arrêtée pour ce nouveau sommet", a-t-il précisé. Il pourrait être organisé entre la fin du mois de janvier et le début du mois de février.
"Ce sommet a montré une absence totale d'esprit européen", a-t-il lancé, cinglant. "Toutes les positions ont montré des replis nationaux et tout ce qui a été proposé, ce sont des coupes dans les politiques pour l'avenir afin de financer des politiques du passé", a-t-il déploré.
Le chef du gouvernement italien Mario Monti, d'ordinaire très posé, a fustigé les prises de position de certains de ses homologues. "Je vois de la démagogie dans les attaques contre le budget européen, et elles me semblent incohérentes", a-t-il lâché au cours de sa conférence de presse.
M. Monti n'a nommé personne, mais la cible de cette pique était le Premier ministre David Cameron, dont l'intransigeance est une des causes de l'échec.
La position de la chancelière allemande Angela Merkel a également suscité beaucoup de perplexité. Elle a été une des plus dures, réclamant plus de 20 milliards de réductions supplémentaires par rapport à la proposition soumise par M. Van Rompuy, a confié un diplomate.
Le président du Conseil européen a annoncé qu'il faudrait de "nouvelles coupes", et a pour la première fois parlé de toucher au budget de 62,6 milliards alloué pour le fonctionnement des institutions et les salaires de leurs personnels.
Dans son dernier projet, il maintenait sa proposition initiale d'un budget de 973 milliards d'euros, soit 1,01% du PIB européen, et redistribuait des financements prélevés sur certains postes pour les réallouer à l'agriculture et aux fonds de cohésion destinés aux régions les plus pauvres.
David Cameron n'a pas apprécié la méthode. "Ce n'est pas le moment de faire du bricolage, il ne s'agit pas de déplacer de l'argent d'un poste budgétaire à l'autre. Nous avons besoin de tailler dans les dépenses", a-t-il soutenu.
M. Van Rompuy peut aller un peu plus loin. "Il va taper dans les politiques pour la compétitivité et la croissance, et grappiller sur les institutions. Tout cela ne permet pas de faire une politique européenne", a déploré un membre de la Commission européenne.
Toutes ces concessions n'ont pas suffi pour débloquer un accord vendredi. En fait, "tout le monde est mécontent", a commenté un négociateur.
"Personnellement, je ne peux pas souscrire à une telle proposition", a averti Mario Monti.
Le président français François Hollande s'est en revanche voulu positif. "Ce Conseil a été utile et a correspondu à une étape souhaitable pour chercher un accord", a-t-il affirmé.
Mais cet affichage ne convainc pas. "La France ne va pas pouvoir préserver l'enveloppe pour la politique agricole", a averti un négociateur.
Chacun va désormais tenter de justifier l'échec du sommet. Pour David Cameron, c'est une victoire. Il n'a cédé sur rien, conservé le mythique rabais sur la contribution britannique, obtenu que la négociation se fasse sur un budget en réduction et, "cerise sur le gâteau", mis sur la table les rémunérations des fonctionnaires européens.
François Hollande, en revanche, n'est pas parvenu a une position de négociation commune avec l'Allemagne, et n'a obtenu "aucun soutien" d'Angela Merkel pour ses demandes sur la PAC. Seulement de "la compréhension", a reconnu un négociateur français.

AFP

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