À 23h30, alors qu’une pluie d’annonces de contestations s’était abattue sur le scrutin, Jean-François Copé a le premier revendiqué la victoire au siège de l’UMP, prenant son rival de vitesse.
« Les militants et les militants de l’UMP viennent aujourd’hui de m’accorder la majorité de leurs suffrages et ainsi de m’élire comme président de l’UMP », a-t-il lancé devant ses partisans. Son entourage a assuré qu’il avait « 1.000 voix » d’avance sur François Fillon.
Peu après, c’était au tour de l’ancien Premier ministre de venir annoncer sa « courte victoire de 224 voix », tout en prévenant que ses résultats devaient être officialisés par la commission interne du parti, la Cocoe.
« Je ne laisserai pas la victoire échapper aux militants », a-t-il averti, reprenant une phrase lancée en 2008 par Ségolène Royal lors du délétère congrès du PS à Reims, où elle contestait la victoire à sa rivale Martine Aubry.

Quid du gagnant


Dans la nuit, peu avant 04H00, la Cocoe a interrompu ses travaux jusqu’à lundi 10H00. « Il nous manque les procès-verbaux de 50 % des départements. Nous sommes dans l’incapacité de dire qui a gagné », a déclaré son président, Patrice Gélard, en espérant que le vainqueur serait connu dans la journée de lundi.
Arrivé sur place la mine sombre peu après 03H00, alors que M. Copé avait lui quitté le siège du parti, rue de Vaugirard (Paris XVe), François Fillon en est ressorti en assurant que personne ne pouvait encore « se prévaloir d’être élu à la présidence de l’UMP » et en se disant « extrêmement choqué » de ce « dysfonctionnement majeur ».
L’entourage de M. Copé a assuré à la presse qu’à l’interruption de la nuit, le député-maire de Meaux disposait d’une avance de « 1.221 voix ».

Des fraudes ?


Cette guerre des nerfs, dont l’UMP se serait bien passée, s’est doublée d’accusations de fraudes mutuelles entre les deux camps.
Dans la soirée, les copéistes ont affirmé avoir constaté des « irrégularités » à Nice, fief des fillonistes Christian Estrosi et Eric Ciotti, et à Paris, où M. Fillon est élu.
Dans certains bureaux des Alpes-Maritimes, c’est le décalage entre les bulletins comptabilisés et les émargements qui a jeté le trouble. « Intox », a répondu M. Ciotti. « Nous formulons un certain nombre de contestations, bien supérieures à celles de Jean-François Copé », a ajouté le député Bernard Debré, pro-Fillon.
Ce « capharnaüm », selon l’expression de Valérie Pécresse, pro-Fillon, risque de gâcher le premier grand exercice de démocratie interne pour l’UMP, dix ans pile après sa fondation. Pourtant, tout avait bien commencé, avec une bonne mobilisation parmi les quelque 300.000 adhérents, la participation semblant dépasser largement les 50 %.
L’enjeu est d’importance. Le vainqueur, qui sera président de l’UMP jusqu’en 2015, aura une longueur d’avance pour la présidentielle de 2017 même si l’échéance décisive sera la primaire de 2016 et si Nicolas Sarkozy pourrait vouloir troubler le jeu.
Après 5 ans passés à Matignon, M. Fillon se pose en « homme d’Etat » et se projette déjà dans le rendez-vous présidentiel de 2017. M. Copé revendique d’être « le premier des militants », promet une « vague bleue » aux municipales de 2014 et recourt aux formules-chocs (« racisme anti-Blancs », appel à manifester).
Outre l’élection du président, les adhérents UMP devaient reconnaître officiellement les « courants », une première à droite.

Une nouvelle élection ?


Le député UMP Jean Leonetti, soutien de François Fillon, a estimé lundi matin que si le climat de « suspicion » et de « contestation » s’installait, l’organisation d’une nouvelle élection pour désigner un président à la tête de l’UMP était souhaitable.
« On peut dire ‘j’ai gagné’ qu’après que la commission de contrôle ait vérifié l’ensemble des résultats et donné les résultats officiels », a estimé M. Leonetti sur BFM-TV, alors que Jean-François Copé a annoncé sa victoire sur les plateaux de télévision, peu après que François Fillon ne la revendique lui-même.
« Si (…) on se trouve dans un climat de suspicion, il vaut mieux faire ce que l’on fait dans une élection normale quand il y a contestation et un très faible différentiel de voix : on refait l’élection », a estimé M. Leonetti. « Rien ne serait pire que de vivre avec la suspicion d’un camp qui se serait déclaré perdant et la victoire d’un camp qui aurait eu sa victoire à la suspicion de quelques bureaux de vote ».
« Je souhaiterais que, quelque soit le président élu, qu’il soit élu de manière claire. S’il y a un doute suffisant, il vaut mieux recommencer l’élection », a martelé le député des Alpes-Maritimes.