HUMOUR......ENCORE QUE......
POLITIQUE
Barack garde la Maison
Barack Obama en Floride, le 4 novembre 2012. (Photo Jason Reed. Reuters)
Analyse Malgré un premier mandat marqué par la crise économique, le président sortant a été réélu, hier, face au candidat républicain Mitt Romney.
Un nouvel espoir. A 23h20 hier (heure de Washington, soit 5h20 heure française), Barack Obama a été donné vainqueur de sa seconde élection présidentielle. La liesse a éclaté à son QG de campagne à Chicago et là où s’étaient rassemblés ses partisans, un peu partout dans le pays. Par rapport à 2008, le Président perd quelques trophées : l’Indiana et la Caroline du Nord, deux Etats où il l’avait emporté d’un cheveu il y a quatre ans, avec tout juste 50% des voix. Mais sa réélection s’est finalement avérée plus facile que prévu, et l’essentiel est sauf : le «président de l’espoir» aura droit à un second mandat.
Improvisation. La tendance s’est dessinée assez rapidement dans la soirée, avec la victoire d’Obama dans le Michigan, l’Etat où Mitt Romney est né et où son père fut gouverneur, de 1963 à 1969. Romney n’a pas davantage séduit le Massachusetts, où il fut gouverneur de 2003 à 2007, ni l’Etat voisin du New Hampshire, où il possède une résidence et espérait aussi créer la surprise. Son colistier, Paul Ryan, n’a pas été plus efficace dans son Etat du Wisconsin, resté également dans le camp Obama.
A la différence de 2008, le Président a ne pourra pas compter sur une majorité au Congrès : la Chambre des représentants, reconquise en 2010 par les républicains, reste aux mains des conservateurs. Selon les résultats encore partiels connus dans la nuit, les démocrates devraient toutefois conserver leur majorité au Sénat. A force d’outrances, les républicains y ont perdu des sièges qu’ils auraient pu assez facilement gagner ou conserver : leurs deux spécialistes de la reproduction, qui ergotaient sur la notion de «viol légitime» et le rôle de Dieu dans la fécondation des femmes, Richard Mourdock dans l’Indiana et Todd Akin dans Missouri ont été battus.
Jusqu’à la dernière minute, Mitt Romney avait voulu y croire, faisant encore savoir en début de soirée qu’il n’avait préparé qu’un seul discours, celui de la victoire. A l’heure de notre bouclage (6 heures du matin heure française), on attendait donc encore son improvisation… Barack Obama a été plus rapide à réagir, sur Twitter : «Tout ça est arrivé grâce à vous. Merci.» A son habitude, il avait passé cette journée électorale dans son fief de Chicago, entre relaxation et effort de dernière minute. Le Président, qui avait déjà voté par anticipation la semaine dernière pour montrer le bon exemple, a rendu visite à un de ses bureaux de campagne, où il a passé quelques coups de fil à des militants, afin de les remercier de leur engagement. Obama a ensuite joué au basket, avant de dîner en famille avec Michelle et leurs deux filles, venues exprès de Washington.
Divisée. Cette réélection est d’autant plus frappante que Barack Obama a dû affronter une crise économique, sans précédent depuis 1929. Il est aussi le premier président depuis Franklin Delano Roosevelt à être réélu avec un taux de chômage aussi élevé, 7,9% en octobre. Le précédent le plus proche était Ronald Reagan, réélu en 1984 avec 7,4% de chômage.
Comme toujours, l’économie était la préoccupation numéro 1 des électeurs américains, loin devant la santé et le déficit budgétaire, selon les sondages sortis des urnes (lire ci-contre). Avec la reprise et la baisse du chômage ces derniers mois, une brise d’espoir est pourtant revenue : 39% des votants déclaraient hier que l’économie s’améliore, quand 31% la jugeaient pire. L’enquête d’opinion de CNN montrait aussi une Amérique restant très divisée : schématiquement, ce sont les jeunes, les femmes, les urbains, les minorités (Noirs et Latinos) et les plus pauvres qui ont voté Obama, tandis que les vieux, les hommes, les ruraux et les Blancs ont en majorité choisi Romney. Le clivage est particulièrement net entre l’Amérique des villes et celle des champs (61% des urbains ont voté Obama, 59% des ruraux ont voté Romney), celle des Blancs (39% ont voté Obama) et celle des Noirs (93% pour Obama).
Le "mariage pour tous" en Conseil des ministres
Première réforme sociale du quinquennat, le projet de loi sur le "mariage pour tous" est présenté en Conseil des ministres. Il vise à légaliser l'union et l'adoption pour les couples homosexuels. Depuis quelques semaines, le débat fait rage entre les pros et les antis.
Le projet de loi sur le mariage pour tous doit être examiné au Parlement en janvier prochain © Maxppp
Ce texte permettra aux époux de même sexe de se marier et d'adopter l'enfant de leur conjoint. Défendu par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, il reprend l'engagement de François Hollande d'ouvrir le mariage et l'adoption à tous, au nom de l'égalité des droits avec les hétérosexuels. Désormais les couples homosexuels pourront adopter de façon simple ou plénière, c'est-à-dire en supprimant le lien de filiation qui existe entre l'enfant et sa famille.
Un projet de loi qui n'en finit pas de susciter de vives réactions à la fois religieuses et politiques. Des musulmans aux bouddhistes en passant par les protestants et les juifs, toutes les églises ont exprimé, chacune à leur façon, leur désaccord. L'église catholique a donné à sa position une solennité particulière, à l'occasion de la Conférence des évêques de France le week-end dernier à Lourdes.
"Une vision de l'être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants" (cardinal André Vingt-Trois)
Les politiques, surtout à droite, ont également exprimé leur opposition. Soutenant la pétition de maires qui ont d'ores et déjà annoncé qu'ils refuseraient de prononcer ces unions. L'ancien Premier ministre François Fillon est allé plus loin en déclarant que si le texte était voté, l'opposition le remettrait en cause en cas d'alternance.
Pourtant ce texte n'aborde pas certaines questions auxquelles les associations homosexuelles sont très attachées, notamment la procréation médicalement assistée (PMA). Le texte pourrait évoluer lors de son examen au Parlement, qui a été décalé de mi-décembre à janvier pour laisser plus de temps au débat. Un amendement du groupe PS sur la PMA pourrait être déposé.
PERSONNE N'EN PARLE !!!!
Absence prolongée du président Ould Abdel Aziz et rumeurs insistantes de coup d’état
la Mauritanie plongée dans l’incertitude
M. Ould Abdel Aziz n’est plus réapparu à la télévision depuis son départ pour la France, le 14 octobre l Il s’est contenté d’adresserun discours écrit à la population l Pour beaucoup, ce discours lu à télévision par un présentateur «a la même valeur qu’un acte de décès».
Nouakchott (Mauritanie)
De notre envoyé spécial
La période de grâce dont avait jusque-là bénéficié le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, au lendemain de sa blessure «accidentelle» par balle, le 13 octobre dernier dans la localité de Tweila (40 km de Nouakchott), est arrivée à sa fin. Alors que les Mauritaniens sont quotidiennement assaillis de rumeurs insistantes évoquant tantôt l’imminence d’un coup d’Etat ou la mise sur la touche, par les militaires, du Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, tantôt la dégradation de l’état de santé de M. Ould Abdel Aziz qui se trouve depuis le 14 octobre en France pour, officiellement, y suivre sa convalescence, de nombreuses voix dans l’opposition sont montées, ces derniers jours, au créneau pour exiger des autorités «que soit dite la vérité aux Mauritaniens» concernant la réalité de la forme physique de leur président. On le devine : l’opposition soupçonne Mohamed Abdel Aziz et son entourage, en tenant secret son bulletin de santé, de vouloir gagner du temps.
Le but étant, bien entendu, de rester au pouvoir. Pour eux, son état serait en réalité beaucoup plus critique que ce qui est avancé officiellement. Toutes ces rumeurs redondantes n’auraient eu aucune chance de tenir la route, explique Khalilou Diagana, rédacteur en chef du Quotidien de Nouakchott, si les autorités, au lieu d’entretenir un black-out sur la santé du Président, avaient normalement communiqué et fourni un bulletin de santé. Surtout, ajoute-t-il, que plus personne ne croit vraiment à la thèse tirée par les cheveux du «tir ami ou accidentel». «Pour parler franchement, l’absence de communication officielle et l’opacité avec laquelle est gérée cette affaire ont rajouté à l’incertitude qui pèse sur la Mauritanie et ont ouvert la voie à toutes les supputations. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, on ne parle que de la santé de Mohamed Ould Abdel Aziz», explique posément Khalilou Diagana.
Même son de cloche du côté de l’hebdomadaire indépendant Le Calame. Inquiet de l’évolution de la situation politique, Ahmed Ould Cheikh, directeur de ce titre connu pour la pertinence de ses articles, a demandé jeudi à ce qu’il soit mis fin à cette «incertitude» et «que l’on cesse de prendre les Mauritaniens pour des enfants» car «le pays est trop fragile pour supporter longtemps de tels atermoiements» et que le contexte régional, actuellement explosif, n’est pas propice à des intrigues pareilles. Il faut dire que le report du retour au pays du chef de l’Etat (il devait revenir à Nouakchott après la fête de l’Aïd El Adha) a donné de la matière à moudre aux lectures les plus pessimistes, surtout que M. Ould Abdel Aziz n’est plus réapparu à la télévision depuis son départ pour la France, le 14 octobre. Il s’est contenté d’adresser un discours écrit à la population. Pour beaucoup, ce discours lu à télévision par un présentateur «a la même valeur qu’un acte de décès».
Le numéro deux du pouvoir en convalescence aussi
Malgré ses efforts pour calmer le jeu en assurant, notamment mercredi après-midi, avoir eu un entretien téléphonique avec M. Ould Abdel Aziz et que celui-ci «va bien et qu’il rentrera au pays dans pas longtemps», le président de l’Assemblée nationale mauritanienne, Messaoud Ould Boulkheir, n’est pas parvenu à tirer les Mauritaniens de leur torpeur et à ramener la sérénité dans le pays. Le comble est que même le président du Sénat, Ba Mbaré, qui est censé assurer la relève du président de la République, est lui aussi…en convalescence en France. Les Mauritaniens ont sans doute raison de s’inquiéter : leur pays est connu pour enregistrer le plus fort taux de coups d’Etat en Afrique. En moyenne un tous les trois ans. Et cette fois, l’on craint effectivement que ce soit encore le cas. Des sources proches des milieux diplomatiques à Nouakchott expliquent, à cet effet, que «beaucoup voulaient la peau du Président et ce qui s’est produit le 13 octobre dernier n’a pas surpris». D’ailleurs, c’est pour cela que «l’on pense que le coup qui a visé Mohamed Ould Abdel Aziz a un lien direct avec la popote politique interne et que cela n’a rien à voir avec l’extérieur».
L’on ajoute que la popularité du «chef» a aussi beaucoup baissé depuis le Printemps arabe, en témoignent toutes les manifestations qui se sont déroulées à Nouakchott ces derniers mois. Ainsi, comme annoncé au début de la semaine, c’était donc au tour, jeudi, de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), qui rassemble une douzaine de formations politiques, de faire entendre sa voix…et surtout ses critiques, à l’occasion d’un meeting animé en fin de journée par ses leaders devant plusieurs centaines de partisans, sur la place jouxtant le stade Cheikha O. Boidiya.
Composée, entre autres, de l’influent parti d’obédience islamiste Tawassoul de Mohamed Jemil Ould Mansour, de Convergence démocratique nationale (CDN) de l’ancien ministre de la Justice Mahfoud Ould Bettah, de Hatem, la formation de l’enfant terrible de la politique mauritanienne Saleh Ould Hanenne qui se trouve être également le président de la COD, et de Ely Mohamed Vall, l’ancien président de la transition, la Coordination a carrément invité Mohamed Ould Abdel Aziz à quitter le pouvoir dans le cas où il serait dans l’incapacité à diriger le pays. La COD a, par ailleurs, appelé à l’amorce d’une période de transition consensuelle à laquelle doit prendre part l’ensemble de la classe politique pour combler le «vide» au sommet de l’Etat. «Nous appelons à l’ouverture d’une période de transition réelle, qui conduirait à une véritable démocratie. Il est nécessaire de combler le vide clairement constaté au sommet de l’Etat dont les conséquences sont dangereuses pour le pays, le peuple et la gestion quotidienne de l’Etat», a déclaré Saleh Ould Henenna devant une foule nombreuse (composée d’hommes, d’adolescents et de femmes de tous âges) visiblement acquise à sa cause.
Les militaires conviés à rester dans leurs casernes
Le président de la COD – structure qui organisait sa première manifestation depuis la suspension de ses activités au lendemain de la blessure du chef de l’Etat mauritanien – a suggéré d’«entamer dans l’immédiat une concertation nationale responsable qui n’exclue personne», estimant que «toutes les parties doivent ouvrir une page nouvelle dans leurs relations pour amener le pays à une sortie de crise consensuelle».
Les membres de la COD – qui redoutent que la Mauritanie fasse les frais de règlements de comptes au sommet et replonge dans l’instabilité chronique de ces dernières années – ont soutenu, en outre, qu’«il est urgent de pallier à cette situation», arguant que «si les institutions sont actuellement bloquées c’est parce que Mohamed Ould Abdel Aziz concentre tous les pouvoirs et qu’il n’a désigné personne pour assurer l’intérim». Le leader de Hatem a, de plus, réfuté la version de la blessure du Président par un tir accidentel défendue par le gouvernement et appelé à une enquête indépendante pour faire la lumière sur cette affaire.
Le président de la CDN, Mahfoud Ould Bettah, n’y va pas non plus de main morte ; dans une déclaration à la presse, il a insisté sur le fait que «le peuple mauritanien à le droit de savoir qui gouverne» avant d’ajouter que «l’objectif stratégique de la COD est de voir les Mauritaniens gagner le pari de la démocratie en mettant fin au régime despotique qui leur a été imposé, dont l’actuel pouvoir émane». En revanche, il est attendu des militaires – et particulièrement des généraux qui, pour tous le monde ici à Nouakchott, continuent à tirer les ficelles de derrière le rideau noir du pouvoir – de rester bien sagement dans leurs casernes et de ne pas céder à la tentation de commettre un énième coup d’Etat.
Pour des leaders de l’opposition, il ne fait pas l’ombre d’un doute, en effet, que «les rumeurs sur l’état de santé du Président sont la manifestation d’une lutte interne, au sein des cercles du système, autour de l’héritage d’un homme malade». Et si, justement, le message adressé par l’opposition aux principaux décideurs militaires est particulièrement insistant, c’est parce que tout le monde sait, ici, que le sérail politique mauritanien fonctionne selon une règle d’or qui veut que «qui va à la chasse, perd sa place».
De notre envoyé spécial
La période de grâce dont avait jusque-là bénéficié le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, au lendemain de sa blessure «accidentelle» par balle, le 13 octobre dernier dans la localité de Tweila (40 km de Nouakchott), est arrivée à sa fin. Alors que les Mauritaniens sont quotidiennement assaillis de rumeurs insistantes évoquant tantôt l’imminence d’un coup d’Etat ou la mise sur la touche, par les militaires, du Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, tantôt la dégradation de l’état de santé de M. Ould Abdel Aziz qui se trouve depuis le 14 octobre en France pour, officiellement, y suivre sa convalescence, de nombreuses voix dans l’opposition sont montées, ces derniers jours, au créneau pour exiger des autorités «que soit dite la vérité aux Mauritaniens» concernant la réalité de la forme physique de leur président. On le devine : l’opposition soupçonne Mohamed Abdel Aziz et son entourage, en tenant secret son bulletin de santé, de vouloir gagner du temps.
Le but étant, bien entendu, de rester au pouvoir. Pour eux, son état serait en réalité beaucoup plus critique que ce qui est avancé officiellement. Toutes ces rumeurs redondantes n’auraient eu aucune chance de tenir la route, explique Khalilou Diagana, rédacteur en chef du Quotidien de Nouakchott, si les autorités, au lieu d’entretenir un black-out sur la santé du Président, avaient normalement communiqué et fourni un bulletin de santé. Surtout, ajoute-t-il, que plus personne ne croit vraiment à la thèse tirée par les cheveux du «tir ami ou accidentel». «Pour parler franchement, l’absence de communication officielle et l’opacité avec laquelle est gérée cette affaire ont rajouté à l’incertitude qui pèse sur la Mauritanie et ont ouvert la voie à toutes les supputations. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, on ne parle que de la santé de Mohamed Ould Abdel Aziz», explique posément Khalilou Diagana.
Même son de cloche du côté de l’hebdomadaire indépendant Le Calame. Inquiet de l’évolution de la situation politique, Ahmed Ould Cheikh, directeur de ce titre connu pour la pertinence de ses articles, a demandé jeudi à ce qu’il soit mis fin à cette «incertitude» et «que l’on cesse de prendre les Mauritaniens pour des enfants» car «le pays est trop fragile pour supporter longtemps de tels atermoiements» et que le contexte régional, actuellement explosif, n’est pas propice à des intrigues pareilles. Il faut dire que le report du retour au pays du chef de l’Etat (il devait revenir à Nouakchott après la fête de l’Aïd El Adha) a donné de la matière à moudre aux lectures les plus pessimistes, surtout que M. Ould Abdel Aziz n’est plus réapparu à la télévision depuis son départ pour la France, le 14 octobre. Il s’est contenté d’adresser un discours écrit à la population. Pour beaucoup, ce discours lu à télévision par un présentateur «a la même valeur qu’un acte de décès».
Le numéro deux du pouvoir en convalescence aussi
Malgré ses efforts pour calmer le jeu en assurant, notamment mercredi après-midi, avoir eu un entretien téléphonique avec M. Ould Abdel Aziz et que celui-ci «va bien et qu’il rentrera au pays dans pas longtemps», le président de l’Assemblée nationale mauritanienne, Messaoud Ould Boulkheir, n’est pas parvenu à tirer les Mauritaniens de leur torpeur et à ramener la sérénité dans le pays. Le comble est que même le président du Sénat, Ba Mbaré, qui est censé assurer la relève du président de la République, est lui aussi…en convalescence en France. Les Mauritaniens ont sans doute raison de s’inquiéter : leur pays est connu pour enregistrer le plus fort taux de coups d’Etat en Afrique. En moyenne un tous les trois ans. Et cette fois, l’on craint effectivement que ce soit encore le cas. Des sources proches des milieux diplomatiques à Nouakchott expliquent, à cet effet, que «beaucoup voulaient la peau du Président et ce qui s’est produit le 13 octobre dernier n’a pas surpris». D’ailleurs, c’est pour cela que «l’on pense que le coup qui a visé Mohamed Ould Abdel Aziz a un lien direct avec la popote politique interne et que cela n’a rien à voir avec l’extérieur».
L’on ajoute que la popularité du «chef» a aussi beaucoup baissé depuis le Printemps arabe, en témoignent toutes les manifestations qui se sont déroulées à Nouakchott ces derniers mois. Ainsi, comme annoncé au début de la semaine, c’était donc au tour, jeudi, de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), qui rassemble une douzaine de formations politiques, de faire entendre sa voix…et surtout ses critiques, à l’occasion d’un meeting animé en fin de journée par ses leaders devant plusieurs centaines de partisans, sur la place jouxtant le stade Cheikha O. Boidiya.
Composée, entre autres, de l’influent parti d’obédience islamiste Tawassoul de Mohamed Jemil Ould Mansour, de Convergence démocratique nationale (CDN) de l’ancien ministre de la Justice Mahfoud Ould Bettah, de Hatem, la formation de l’enfant terrible de la politique mauritanienne Saleh Ould Hanenne qui se trouve être également le président de la COD, et de Ely Mohamed Vall, l’ancien président de la transition, la Coordination a carrément invité Mohamed Ould Abdel Aziz à quitter le pouvoir dans le cas où il serait dans l’incapacité à diriger le pays. La COD a, par ailleurs, appelé à l’amorce d’une période de transition consensuelle à laquelle doit prendre part l’ensemble de la classe politique pour combler le «vide» au sommet de l’Etat. «Nous appelons à l’ouverture d’une période de transition réelle, qui conduirait à une véritable démocratie. Il est nécessaire de combler le vide clairement constaté au sommet de l’Etat dont les conséquences sont dangereuses pour le pays, le peuple et la gestion quotidienne de l’Etat», a déclaré Saleh Ould Henenna devant une foule nombreuse (composée d’hommes, d’adolescents et de femmes de tous âges) visiblement acquise à sa cause.
Les militaires conviés à rester dans leurs casernes
Le président de la COD – structure qui organisait sa première manifestation depuis la suspension de ses activités au lendemain de la blessure du chef de l’Etat mauritanien – a suggéré d’«entamer dans l’immédiat une concertation nationale responsable qui n’exclue personne», estimant que «toutes les parties doivent ouvrir une page nouvelle dans leurs relations pour amener le pays à une sortie de crise consensuelle».
Les membres de la COD – qui redoutent que la Mauritanie fasse les frais de règlements de comptes au sommet et replonge dans l’instabilité chronique de ces dernières années – ont soutenu, en outre, qu’«il est urgent de pallier à cette situation», arguant que «si les institutions sont actuellement bloquées c’est parce que Mohamed Ould Abdel Aziz concentre tous les pouvoirs et qu’il n’a désigné personne pour assurer l’intérim». Le leader de Hatem a, de plus, réfuté la version de la blessure du Président par un tir accidentel défendue par le gouvernement et appelé à une enquête indépendante pour faire la lumière sur cette affaire.
Le président de la CDN, Mahfoud Ould Bettah, n’y va pas non plus de main morte ; dans une déclaration à la presse, il a insisté sur le fait que «le peuple mauritanien à le droit de savoir qui gouverne» avant d’ajouter que «l’objectif stratégique de la COD est de voir les Mauritaniens gagner le pari de la démocratie en mettant fin au régime despotique qui leur a été imposé, dont l’actuel pouvoir émane». En revanche, il est attendu des militaires – et particulièrement des généraux qui, pour tous le monde ici à Nouakchott, continuent à tirer les ficelles de derrière le rideau noir du pouvoir – de rester bien sagement dans leurs casernes et de ne pas céder à la tentation de commettre un énième coup d’Etat.
Pour des leaders de l’opposition, il ne fait pas l’ombre d’un doute, en effet, que «les rumeurs sur l’état de santé du Président sont la manifestation d’une lutte interne, au sein des cercles du système, autour de l’héritage d’un homme malade». Et si, justement, le message adressé par l’opposition aux principaux décideurs militaires est particulièrement insistant, c’est parce que tout le monde sait, ici, que le sérail politique mauritanien fonctionne selon une règle d’or qui veut que «qui va à la chasse, perd sa place».
Zine Cherfaoui
ECONOMIE
Compétitivité : le choc (de conscience) a bien eu lieu
Par Thibaut de Jaegher
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Le pacte de compétitivité présenté par le ministre doit être salué. Il montre que la Gauche sait entendre ce que disent les entreprises. En revanche, les mesures prises n'auront pas d'effet immédiat permettant aux entreprises de souffler alors que 2013 s'annonce comme une année difficile sur le plan économique.
Le choc de conscience a bien eu lieu mais pour le choc de compétitivité, on repassera ! Le pacte nationale pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, présenté hier matin par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, n'est pas tout à fait à la hauteur des attentes des entreprises.Elles attendaient une bouffée d'air fiscale pour 2013, elles ne l'auront pas avant 2014. Elles attendaient un allègement du coût du travail, elles n'auront qu'un crédit d'impôt indexé sur leur masse salariale comprise entre 1 et 2.5 fois le SMIC. Elles voulaient un transfert de charges massif, elles ont obtenu un transfert de charges progressif : 10 milliards en 2014, 15 en 2015 et 20 milliards en 2016.
Pour les quelques industriels que j'ai contacté si le diagnostic posé est le bon, les comptes eux ne sont pas bons. Les mesures annoncées hier - à l'exception notable du dispositif des garanties de crédit de trésorerie proposé par Oséo - ne les aideront pas à passer l'hiver économique qu'ils redoutent l'année prochaine. Ceux qui pensent que l'effet de ces mesures sera immédiat se trompent. Chaque chef d'entreprise attendra de voir combien il retire du crédit d'impôt avant d'engager le montant équivalent en projet ou en embauche. Crédit qu'ils toucheront au printemps 2014. C'est loin alors que nombre d'entreprises ont besoin d'une bouffée d'air sur leurs coûts fixes ici et maintenant.
Pour créer un véritable choc de confiance comme souhaite le faire le Premier ministre, il aurait été plus efficace d'abaisser directement les charges sociales pesant sur les salaires et cela dès 2013. Mais cela, le gouvernement pouvait difficilement le faire sans se mettre à dos une grande partie de sa majorité sur son aile gauche et son aile verte. Ces derniers ont d'ailleurs modérément apprécié le pacte productif présenté par le gouvernement. Le simple emploi des mots compétitivité, d'allégement de charges, de coût du travail, de crédit d'impôt entreprises, constitue pour eux un casus belli. Vu de leur fenêtre, ce que propose le gouvernement est énorme : même la droite n'avait pas osé aller aussi loin !
On peut donc saluer le courage politique de Jean-Marc Ayrault mais regretter aussi - quitte à se mettre à dos les élus les moins progressiste s- qu'il ne soit pas allé plus loin, plus fort. La force et la portée du rapport Gallois, son diagnostic du décrochage industriel français, avait aplani le chemin de la compétitivité. Il a décidé de ne le parcourir qu'à moitié. Pour l'instant en tout cas...
Compétitivité : le patronat globalement satisfait
Par Yann Le Galès
Les organisations d'employeurs approuvent le crédit d'impôt annoncé, même si elles auraient préféré une baisse directe et significative des charges.
Le gouvernement est-il en train de se réconcilier avec les patrons qui avaient lancé il y a quelques semaines une fronde sans précédent contre son projet de taxation des plus-values de cession? À la surprise générale, plusieurs organisations patronales ont en effet salué mercredi le pacte compétitivité présenté par le premier ministre. «Nous avons été entendus, se félicite Laurence Parisot. Le gouvernement s'attaque vraiment à la question du coût du travail jusqu'à un niveau de salaire de 2,5 fois le smic.» La présidente du Medef juge «intéressant»le crédit d'impôt mis en place qui bénéficiera «aussi bien aux entreprises en bonne santé qu'à celles qui sont en perte». Laurence Parisot s'était élevée lundi contre un dispositif qui aurait été réservé aux seules entreprises maintenant leurs effectifs en 2013. Elle avoue juste «une forme de déception sur le montant global du dispositif et son étalement dans le temps». La patronne des patrons veillera toutefois «à ce que les modalités de mise en œuvre de ce mécanisme soient simples et opérationnelles».
Le Groupement des fédérations industrielles (GFI), qui représente 80 % de l'industrie, assure de son côté qu'un «premier pas réaliste» a été accompli. La CGPME salue pour sa part la volonté du gouvernement de faire respecter la loi sur les délais de paiement, la volonté de mettre en place un véritable partenariat entre les grandes entreprises et leurs fournisseurs, la création d'un fonds de 500 millions pour aider les PME connaissant des difficultés de trésorerie. L'Asmep-ETI (entreprises de taille intermédiaire), présidé par Yvon Gattaz, juge «courageuse la sanctuarisation» des dispositifs comme le crédit impôt recherche et les pactes Dutreil qui facilitent les transmissions d'entreprises. Bref, un plébiscite unanime.
Le Medef et les autres organisations patronales regrettent cependant que le gouvernement n'ait pas proposé de véritable baisse du coût du travail - comme le recommandait le rapport Gallois - via une réduction des cotisations patronales. «Nous restons sur notre faim, admet Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la CGPME. Nous nous attendions à un allégement de charges de 20 milliards. Il y avait une occasion de ne pas plus financer la protection sociale uniquement par le travail. Elle a été manquée.»
Seule l'association CroissancePlus - qui représente les entrepreneurs en croissance et avait été à la tête de la fronde contre la taxation des plus-values de cession il y a quelques semaines - juge que les solutions proposées ne sont vraiment pas à la hauteur de la perte de compétitivité de l'économie française. «Je suis atterré, s'emporte Oliver Duha, son président. Alors que les organisations patronales et les responsables économiques dressent tous le même constat que Louis Gallois sur la gravité de la situation, le gouvernement fait le service minimum comme s'il agissait sous la contrainte.» L'entrepreneur se dit «déçu par l'effort minimaliste demandé par ce plan qui manque clairement d'ambition».
Côté syndical, si la CFDT est «satisfaite» que le gouvernement reprenne la majorité des propositions sur la compétitivité hors coût du rapport Gallois, elle exige que le crédit d'impôt compétitivité créé soit conditionné à des contreparties pour les salariés «en termes de qualité de l'emploi: réduction de la précarité, formation, conditions de travail». Opposée fermement à tout relèvement de la TVA - elle milite pour une hausse de la CSG -, la centrale regrette que les consommateurs soient au final ceux qui devront régler la facture de l'allégement du coût du travail. Un avis que ne partage pas Jean-Claude Mailly, le patron de FO, qui se dit lui aussi globalement «satisfait» mais pour qui la hausse de TVA reste toutefois «dans le domaine du raisonnable» .
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Le Medef et les autres organisations patronales regrettent cependant que le gouvernement n'ait pas proposé de véritable baisse du coût du travail - comme le recommandait le rapport Gallois - via une réduction des cotisations patronales. «Nous restons sur notre faim, admet Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la CGPME. Nous nous attendions à un allégement de charges de 20 milliards. Il y avait une occasion de ne pas plus financer la protection sociale uniquement par le travail. Elle a été manquée.»
Une «usine à gaz»
Plusieurs organisations s'interrogent également sur «l'usine à gaz» du crédit d'impôt compétitivité. «Ce mécanisme va être compliqué à mettre en œuvre et risque de ne pas déboucher sur une baisse réelle du coût du travail, prévient Jean-Eudes du Mesnil. L'impact ne sera donc ni massif ni immédiat.» Le GFI regrette pour sa part que la baisse des cotisations «se limite aux salaires allant de 1 à 2,5 smic, alors que le rapport Gallois préconise un plafond à 3,5 smic, qui correspond mieux à la réalité de la masse salariale de l'industrie».Seule l'association CroissancePlus - qui représente les entrepreneurs en croissance et avait été à la tête de la fronde contre la taxation des plus-values de cession il y a quelques semaines - juge que les solutions proposées ne sont vraiment pas à la hauteur de la perte de compétitivité de l'économie française. «Je suis atterré, s'emporte Oliver Duha, son président. Alors que les organisations patronales et les responsables économiques dressent tous le même constat que Louis Gallois sur la gravité de la situation, le gouvernement fait le service minimum comme s'il agissait sous la contrainte.» L'entrepreneur se dit «déçu par l'effort minimaliste demandé par ce plan qui manque clairement d'ambition».
Côté syndical, si la CFDT est «satisfaite» que le gouvernement reprenne la majorité des propositions sur la compétitivité hors coût du rapport Gallois, elle exige que le crédit d'impôt compétitivité créé soit conditionné à des contreparties pour les salariés «en termes de qualité de l'emploi: réduction de la précarité, formation, conditions de travail». Opposée fermement à tout relèvement de la TVA - elle milite pour une hausse de la CSG -, la centrale regrette que les consommateurs soient au final ceux qui devront régler la facture de l'allégement du coût du travail. Un avis que ne partage pas Jean-Claude Mailly, le patron de FO, qui se dit lui aussi globalement «satisfait» mais pour qui la hausse de TVA reste toutefois «dans le domaine du raisonnable» .
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Compétitivité: «L'enthousiasme mesuré» de Laurence Parisot
La présidente du Medef Laurence Parisot a fait part d'un "enthousiasme mesuré" après l'annonce du pacte de compétitivité par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, affirmant qu'il faudrait faire preuve de vigilance afin que les prochaines étapes n'en "dénaturent" pas le principe. | Remy Gabalda
«Je suis d'un enthousiasme mesuré car il faut être vigilant, exigeant dans la mise en oeuvre de ces principes», a déclaré mercredi matin sur BFM Business la présidente du Medef, Laurence Parisot à propos du «pacte de compétitivité» présenté mardi par le gouvernement.
De son côté, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, interrogé sur RTL a qualifié mardi matin les mesures du gouvernement de «véritable révolution copernicienne pour la gauche».
«Il faut toujours être prudent, vigilant, exigeant entre une annonce qui énumère un certain nombre de principes et sa mise en oeuvre, son application. Il peut y avoir toute une série d'étapes conçues par des services administratifs ou modifiées par les assemblées du Parlement qui dénaturent un bon principe initial», a rétorqué, par média interposé, Laurence Parisot.
«Une chance pour l'économie»La patronne des patrons a toutefois estimé que les mesures annoncées la veille par le gouvernement constituent «une chance pour l'économie». Pour elle, «la contrepartie est intrinsèque au mécanisme qui devrait permettre aux entreprises de retrouver de l'air, de retrouver des marges de manoeuvre et, par conséquent, des possibilités pour embaucher, pour innover, pour prendre des risques, pour exporter».«Le corset qui enserre l'entreprise va être desserré», s'est-elle félicitée.
Interrogée sur d'éventuels comptes demandés par l'Etat sur l'utilisation des marges restaurées grâce à ces mesures, Mme Parisot a répondu: «Là, il faudra faire attention et nous poserons des limites. Quand l'Etat veut rentrer dans le détail des choses (...) il fait une erreur».
Lundi soir, Mme Parisot avait déclaré sur BFM-TV que son organisation refuserait «toute conditionnalité». Elle avait alors argué qu'il y avait 1,2 million d'entreprises en France, «Ca veut dire 1,2 million de décisions différentes possibles».
«La direction est bonne, elle n'est pas assez intense»La principale mesure annoncée porte sur un crédit d'impôt de 20 milliards d'euros pour les entreprises dont la mise en oeuvre s'étale sur trois ans, financé par des hausses de TVA, un peu de fiscalité écologique et des économies sur les dépenses publiques.
«C'est une évolution significative. (...) Nous sommes globalement satisfaits. La direction qui est donnée est bonne, elle n'est pas assez intense», a toutefois estimé Laurence Parisot. «Notre scénario minimal était à 30 milliards et le scénario qui nous aurait permis d'être à la hauteur de l'Allemagne était à 70 milliards, a détaillé Laurence Parisot. En termes de puissance, c'est presque un peu juste. Ceci dit, c'est un élan (...) il faut en profiter, c'est un essor nouveau.»
«Un deuxième élan dans un an ? »Selon elle, «le gouvernement affronte bien le problème des coûts de production en amont» mais «tous les problèmes de l'économie ne sont pas résolus». «Nous avons besoin de marges de manoeuvre car nos marges se sont effondrées mais nous avons aussi besoin d'investir. Pour cela, il faut du capital et les dispositifs budgétaires prévoient un coût du capital qui est tout à fait prohibitif».
Mardi soir, après les annonces du Premier ministre, Laurence Parisot s'était exclamée sur France 2 : «Oui, nous avons été entendus». «Ce n'est pas un choc, avait-t-elle nuancé. Ce n'est peut être pas assez fort en terme de puissance, en terme d'intensité. Pourquoi ne pas envisager un bilan dans un an et si les effets positifs attendus se révèlent exacts, penser à un deuxième élan (...) ?»
«Une chance pour l'économie»La patronne des patrons a toutefois estimé que les mesures annoncées la veille par le gouvernement constituent «une chance pour l'économie». Pour elle, «la contrepartie est intrinsèque au mécanisme qui devrait permettre aux entreprises de retrouver de l'air, de retrouver des marges de manoeuvre et, par conséquent, des possibilités pour embaucher, pour innover, pour prendre des risques, pour exporter».«Le corset qui enserre l'entreprise va être desserré», s'est-elle félicitée.
Interrogée sur d'éventuels comptes demandés par l'Etat sur l'utilisation des marges restaurées grâce à ces mesures, Mme Parisot a répondu: «Là, il faudra faire attention et nous poserons des limites. Quand l'Etat veut rentrer dans le détail des choses (...) il fait une erreur».
Lundi soir, Mme Parisot avait déclaré sur BFM-TV que son organisation refuserait «toute conditionnalité». Elle avait alors argué qu'il y avait 1,2 million d'entreprises en France, «Ca veut dire 1,2 million de décisions différentes possibles».
«La direction est bonne, elle n'est pas assez intense»La principale mesure annoncée porte sur un crédit d'impôt de 20 milliards d'euros pour les entreprises dont la mise en oeuvre s'étale sur trois ans, financé par des hausses de TVA, un peu de fiscalité écologique et des économies sur les dépenses publiques.
«C'est une évolution significative. (...) Nous sommes globalement satisfaits. La direction qui est donnée est bonne, elle n'est pas assez intense», a toutefois estimé Laurence Parisot. «Notre scénario minimal était à 30 milliards et le scénario qui nous aurait permis d'être à la hauteur de l'Allemagne était à 70 milliards, a détaillé Laurence Parisot. En termes de puissance, c'est presque un peu juste. Ceci dit, c'est un élan (...) il faut en profiter, c'est un essor nouveau.»
«Un deuxième élan dans un an ? »Selon elle, «le gouvernement affronte bien le problème des coûts de production en amont» mais «tous les problèmes de l'économie ne sont pas résolus». «Nous avons besoin de marges de manoeuvre car nos marges se sont effondrées mais nous avons aussi besoin d'investir. Pour cela, il faut du capital et les dispositifs budgétaires prévoient un coût du capital qui est tout à fait prohibitif».
Mardi soir, après les annonces du Premier ministre, Laurence Parisot s'était exclamée sur France 2 : «Oui, nous avons été entendus». «Ce n'est pas un choc, avait-t-elle nuancé. Ce n'est peut être pas assez fort en terme de puissance, en terme d'intensité. Pourquoi ne pas envisager un bilan dans un an et si les effets positifs attendus se révèlent exacts, penser à un deuxième élan (...) ?»
LeParisien.fr
SOCIETE
PEINE DE MORT
MARIAGE HOMOSEXUEL
Mariage homo: le projet de loi présenté en conseil des ministres, le débat tourne au vinaigre
Le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe doit être présenté mercredi en Conseil des ministres alors qu'il suscite une opposition très virulente de la droite et des églises mais ne va pas assez loin pour les associations homosexuelles. | Kenzo Tribouillard
Le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe doit être présenté mercredi en Conseil des ministres alors qu'il suscite une opposition très virulente de la droite et des églises mais ne va pas assez loin pour les associations homosexuelles.
L'essentiel du texte est connu: "le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe". De la possibilité de se marier, découlera, pour les couples homos, le droit d'adopter ensemble un enfant.
L'essentiel du texte est connu: "le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe". De la possibilité de se marier, découlera, pour les couples homos, le droit d'adopter ensemble un enfant.
Exit donc, au grand dam des associations de défense des homosexuels, l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes ou les questions de filiation, renvoyées par le gouvernement à une future loi sur la famille.
Mais le texte examiné par les ministres pourrait évoluer pendant le débat au Parlement, décalé de décembre à janvier pour laisser plus de temps au débat. Le Parti socialiste a déjà promis un amendement sur la PMA.
A l'approche du Conseil des ministres, les opposants au projet ont haussé le ton, le cardinal André Vingt-Trois profitant de l'assemblée des évêques de France ce week-end pour taxer le projet de "supercherie" et brandir l'argument de la protection des enfants qui doivent "se construire en référence" à un père et une mère.
Des propos qui lui ont valu les foudres de la gauche, d'associations et d'internautes qui ont déversé des tombereaux d'insultes sur les réseaux sociaux tandis que le journal satirique Charlie Hebdo s'est fendu d'un dessin en une mettant en scène, dans des positions pour le moins équivoques, "Le père, le fils et le Saint-Esprit" devenus "Les trois papas" de Mgr Vingt-Trois.
Mais l'Eglise catholique marche sur des oeufs car elle craint de se laisser entraîner par les intégristes, comme l'Institut Civitas, qui appellent à descendre dans la rue le 18 novembre.
D'autres opposants, comme l'association anti-avortement Alliance Vita, organisent des rassemblements la veille, le 17.
Alors que le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim s'est lui aussi élevé contre le futur texte, des associations de défense des homosexuels ont appelé l'opinion et les parlementaires à résister aux "pressions" religieuses.
"Cesser de raconter n'importe quoi"
SOS homophobie a notamment souligné que parmi les pays européens - dont l'Espagne et le Portugal - qui ont ouvert le mariage, l'adoption et la PMA aux couples de même sexe ces dernières années, "aucun n'a sombré dans la décadence annoncée".
Hasard du calendrier, le tribunal constitutionnel espagnol a d'ailleurs validé mardi la loi de 2005 sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels.
L'association Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) a pour sa part appelé à manifester mercredi soir près de l'Assemblée nationale.
Le projet est également défendu par le Grand Orient de France, la première obédience franc-maçonne, taxant les positions de l'Eglise catholique d'"arriérées voire obscurantistes".
Prudent, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a pour sa part souligné que les règles religieuses ne peuvent être opposées au projet de loi du gouvernement même si l'union de personnes de même sexe est "non conforme" à l'islam.
Sur le front politique, la droite s'est aussi emparée du sujet, certains allant même jusqu'à promettre l'abrogation du texte en cas d'alternance tandis que Marine Le Pen ou Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien Démocrate, connue pour ses positions anti-Pacs en 1998, demandent un référendum.
L'UMP "cherche à créer des fantasmes", a lancé mardi la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, invitant la droite à "cesser de raconter n'importe quoi".
Des pétitions "pro" (psychanalystes) ou "anti" (maires qui refuseront de célébrer ces unions) font également florès sur internet.
Selon un sondage BVA publié samedi, les Français restent en majorité favorables, même si leur adhésion a faibli : 58% contre 63% en 2011 pour le mariage et 50% (contre 56%) pour l'adoption.
USA. Le Colorado légalise le cannabis « à des fins récréatives »
Le Colorado est devenu ce mardi le premier Etat américain à légaliser, par voie référendaire, la consommation de cannabis à des fins récréatives, selon les estimations des médias américains.
Selon le quotidien Denver Post, la proposition a été approuvée par 52,7 % des votants, contre 47,3 % s’y opposant (sur plus de 50 % des bulletins dépouillés), tandis que CNN et NBC donnaient 53 % des suffrages aux défenseurs de la proposition (sur plus de 50 % des bulletins dépouillés).
De nombreux Etats américains autorisent la consommation de cannabis à des fins médicales, mais aucun n’avait jusqu’alors étendu la légalisation à la consommation récréative.
Deux autres Etats ont soumis mardi à référendum la consommation de cannabis à des fins récréatives : l’Etat de Washington (nord-ouest), qui l’aurait également adoptée, et l’Oregon (nord-ouest), qui l’aurait rejetée, selon des résultats provisoires.
Deux Etats, l’Arkansas (centre) et le Montana (nord-ouest), devaient quant à eux se prononcer sur la légalisation de la marijuana dans un contexte médical.
Cannabis, mariage homosexuel, avortement : les autres scrutins clés
Le Monde.fr avec AFP
Les partisans du mariage homosexuel, de la consommation de cannabis à des fins récréatives et du financement public de l'avortement étaient les premiers gagnants des dizaines de référendums organisés mardi aux Etats-Unis, en même temps que l'élection présidentielle.
Pas moins de cent soixante-douze référendums et consultations populaires étaient organisés dans vingt-sept Etats du pays, les électeurs étant invités à se prononcer sur des textes applicables à l'intérieur des frontières des Etats ou à un niveau plus local encore (comté, municipalité, etc.).Cannabis. Grande première, le Colorado (Ouest) et l'Etat de Washington (Nord-Ouest) sont devenus les premiers Etats américains à légaliser la consommation de cannabis à des fins récréatives, avec une confortable avance: 54 % pour et 46 % contre pour le premier, 55 - 45 pour le second, selon la chaîne NBC.
De nombreux Etats américains autorisent aujourd'hui la consommation de cannabis à des fins médicales, mais aucun n'avait jusqu'alors étendu la légalisation à la consommation récréative. L'Oregon (Ouest), un Etat pourtant réputé progressiste, était lui aussi sur la liste des pionniers potentiels mais, selon des estimations provisoires, il n'aurait finalement pas franchi le pas. Deux Etats, l'Arkansas (Centre) et le Montana (Nord-Ouest), se sont quant à eux prononcés sur la légalisation de la marijuana à des fins médicales. Le premier l'a rejetée, le second l'a adoptée.
Mariage homosexuel. Les partisans du mariage homosexuel – sujet qui déchaîne les passions aux Etats-Unis – ont eux aussi trouvé de quoi se réjouir dans les urnes, en plus de la réélection de Barack Obama, qui s'était déclaré favorable en mai aux mariages entre personnes de même sexe. Le Maryland est en effet devenu le septième Etat à légaliser le mariage homosexuel et deux autres Etats, le Maine (Est) et Washington, semblaient bien partis pour faire de même, selon les premières estimations.
Des victoires dans ces Etats porteraient à neuf le nombre d'Etats reconnaissant le mariage homosexuel, déjà en vigueur dans le Connecticut (Nord-Est), l'Iowa (Centre), le Massachusetts (Nord-Est), le New Hampshire (Est), le Vermont (Nord-Est) et New York, ainsi que dans la capitale fédérale, Washington. Dans ces Etats, ce mariage n'avait cependant pas été reconnu à la suite d'un vote populaire, mais par des décisions de justice.
Avortement. En Floride (Sud-Est), où toute une série de propositions d'inspiration très conservatrice étaient soumises à référendum, les modérés ont finalement remporté la mise, notamment sur le thème de l'avortement. Les électeurs ont en effet rejeté, à 55 %, une proposition qui visait à interdire l'affectation de fonds publics au financement de l'avortement, sauf en cas de viol, d'inceste, ou de danger pour la vie de la mère.
"Le peuple de Floride a envoyé un message très clair : les hommes politiques n'ont pas leur place dans les décisions profondément privées et personnelles des femmes", a déclaré Jennifer Dalven, directrice des affaires familiales de la puissante Association américaine de défense des droits civiques (ACLU).
La Californie, qui fait souvent figure de précurseur aux Etats-Unis en matière de sujets de société, et dont les référendums sont regardés à la loupe par le reste du pays, avait deux propositions très disputées cette année, l'une sur l'abolition de la peine de mort, l'autre sur l'étiquetage des OGM. Les résultats encore partiels mercredi matin semblaient annoncer la victoire des opposants aux deux textes.
JUSTICE ?
Amiante. Martine Aubry mise en examen pour homicides involontaires
Martine Aubry a été mise en examen, mardi, pour homicides et blessures involontaires dans une des enquêtes sur le drame de l’amiante, pour des faits remontant à plus de 25 ans, mais estimé que la justice faisait « fausse route » en s’attaquant à elle.
L’ancienne patronne du PS, qui est poursuivie en qualité d’ex-haut fonctionnaire du ministère du Travail, a réaffirmé à l’issue des sept heures d’auditions dans le bureau de la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, qu’elle demanderait dès mercredi l’annulation de cette mise en examen.
« Rien ne justifiait que je sois mise en examen », a déclaré aux journalistes à l’extérieur du pôle santé publique du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris la maire de Lille, qui a redit qu’elle souhaitait être entendue comme témoin dans cette affaire.
Gestion « défaillante » de l’État
Mme Bertella-Geffroy enquête notamment sur l’action des pouvoirs publics à partir des années 1970 jusqu’à l’interdiction de l’amiante. En 2005, un rapport sénatorial avait accablé l’Etat pour sa « gestion défaillante » de l’amiante, jugée responsable par les autorités sanitaires de 10 à 20 % des cancers du poumon et qui pourrait provoquer 100 000 décès d’ici à 2025.
Le caractère cancérigène de l’amiante est connu depuis les années 50 mais le premier décret réglementant son usage en France ne date que de 1977 et son interdiction de 1997.
Martine Aubry va demander l’annulation de la mise en examen
« Tout doit être fait pour que la justice comprenne ce qui s’est passé dans ce drame de l’amiante qui a fait des victimes au niveau mondial », a déclaré Mme Aubry. « La justice fait fausse route en s’attaquant à ceux qui ont protégé les salariés et non à ceux qui les ont exposés », a-t-elle cependant estimé. « Tout cela ne peut que se terminer par une annulation » de la mise en examen, a-t-elle dit.
Martine Aubry est sortie après 22 h du pôle santé publique du TGI, où elle était arrivée vers 14 h 30 pour y être entendue en qualité d’ancienne directrice des relations du travail (DRT) du ministère du Travail entre 1984 et 1987.
« L’après-midi a été extrêmement longue et les explications que nous avons données ont été extrêmement détaillées », a indiqué l’avocat de Mme Aubry, Me Yves Baudelot. Pour lui, l’idée de la juge était de mettre en examen sa cliente « quels que soient les éléments de fait qui étaient apportés. »
La juge Bertella-Geffroy a d’ores et déjà entendu des dizaines de fonctionnaires, mais aussi des scientifiques et des industriels, et prononcé plusieurs mises en examen.
Elle s’intéresse en particulier à l’influence prêtée dans les années 1980 et 1990 au Comité permanent amiante (CPA), qui était selon l’association de victimes (Andeva) le lobby des industriels, lequel aurait efficacement défendu « l’usage contrôlé » de l’amiante pour retarder au maximum son interdiction.
« Aucune alerte »
Interrogée par les policiers en janvier 2010, Mme Aubry avait plaidé la bonne foi, expliquant que jusqu’en 1994 - année où serait selon elle intervenue la nécessité d’interdire l’amiante - elle était convaincue que les décrets de 1977 et 1987 permettaient de protéger efficacement la santé des salariés.
« Aucune alerte n’est venue de la CNAM, du ministère de la Santé, d’autres acteurs ou des chercheurs pour nous dire que ce n’était pas le cas », avait-elle dit.
Lundi soir, Michel Parigot, vice-président de l’Andeva, partie civile dans l’enquête, a abondé dans son sens en affirmant que le dossier d’instruction ne permettait pas actuellement de prouver une responsabilité pénale individuelle de Mme Aubry.
« Responsabilité » des pouvoirs publics
Dans ce dossier technique et complexe, il a cependant pointé une « responsabilité » des pouvoirs publics et en particulier de la DRT, qui ne se serait pas à l’époque donné les moyens de recueillir « les informations objectives indispensables pour prendre les mesures adéquates ».
Mais peu avant l’audition de Mme Aubry, Mme Bertella-Geffroy, avait prévenu qu’elle se montrerait « imperméable » à toutes pressions dans sa décision de mettre ou non en examen Mme Aubry.
© AFP
SOCIAL
Thierry Lepaon, nouveau visage de la CGT
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Le Comité confédéral national de la CGT a désigné mardi 6 novembre Thierry Lepaon pour succéder à Bernard Thibault à la tête de la centrale. Le passage de témoin se fera en mars prochain lors du Congrès de Toulouse.
Après avoir reçu l'aval de la Commission exécutive de la CGT le 16 octobre dernier, Thierry Lepaon a été élu mardi 6 novembre par le Comité confédéral national (CNN) pour prendre la tête de la centrale. Il remplacera donc bien Bernard Thibault en mars prochain, à l'occasion du Congrès de Toulouse.Ex-chaudronnier de 52 ans et chef de file du syndicat au Conseil économique social et environnemental (Cese), Thierry Lepaon a été élu par le CNN par 119 voix pour et deux abstentions, a indiqué la CGT à l'AFP.
La désignation de Thierry Lepaon ne faisait plus vraiment de doute. Il était en effet depuis longtemps favori pour succéder à Bernard Thibault qui a annoncé en janvier 2012 qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête de la centrale.
Adhérant à la CGT depuis 1977, Bernard Thibault avait lui-même succédé à Louis Viannet à la tête de la confédération en 1999.
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