SYRIE
Syrie : Damas s'acharne sur les villes du Sud
Des centaines de soldats prenaient d’assaut samedi une localité du sud de la Syrie, au moment où les divisions internationales semblent donner au président Bachar al-Assad un «permis de massacrer» selon le patron de l’ONU.
Deux jours après la mort de dizaines de rebelles et plusieurs civils à Treimsa dans le centre du pays, dans ce que l’opposition a qualifié de «massacre», le régime semble déterminé plus que jamais à écraser les fiefs rebelles, notamment à Deraa (sud), berceau de la contestation lancée il y a près de 16 mois.
Dans cette région, «des chars et des transports de troupes forts de centaines de soldats ont pris d’assaut Khirbet Ghazalé au milieu de tirs nourris», peu après que cette localité eut été bombardée par les hélicoptères militaires.
Selon un militant de l’opposition sur place, «des chabbihas (miliciens pro-régime) ont mené des perquisitions et incendié les maisons abandonnées par leurs habitants».
Ailleurs, au moins 19 personnes, dont une femme enceinte, ont été tuées dans la répression et les combats samedi, notamment à Homs (centre) et Alep (nord), où des combats ont éclaté à la frontière avec la Turquie, au lendemain d’une nouvelle journée sanglante ayant fait 118 morts selon une ONG.
Ces opérations se poursuivent à travers le pays malgré les condamnations internationales et un bilan de morts qui s’alourdit --près de 400 morts en deux jours selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Réagissant au «massacre» de Treimsa, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a dénoncé «une escalade scandaleuse», estimant que l’inaptitude du Conseil de sécurité à mettre la pression sur le président syrien équivaut à lui octroyer «un permis de massacrer».
Le blocage reste en effet total entre les pays occidentaux et la Russie, principal soutien du régime, les deux parties s’opposant sur un projet de résolution au Conseil de sécurité.
Les 15 membres du Conseil ont repris vendredi leurs discussions autour de deux textes concurrents, l’un déposé par les Occidentaux et menaçant Damas de sanctions si les armes lourdes restent dans les villes, et l’autre de facture russe qui n'évoque pas cette possibilité.
Le président français François Hollande a estimé que si la Chine et la Russie s’opposaient une nouvelle fois à des sanctions, «le chaos et la guerre» s’intalleraient en Syrie.
L'émissaire international pour la Syrie, Kofi Annan, a estimé de son côté que Damas avait «bafoué» les résolutions de l’ONU en faisant usage d’armes lourdes à Treimsa. M. Annan, dont le plan de paix en vigueur depuis trois mois n’a eu aucun effet sur le terrain, doit se rendre lundi à Moscou, après une récente visite à Damas et à Téhéran.
Mais le médiateur est de plus en plus critiqué au sein de l’opposition pour son incapacité à faire pression sur le régime de M. Assad. Des manifestations vendredi ont appelé à «retirer Annan, valet d’Assad et de l’Iran».
L’Iran veut aider
Téhéran, le plus important allié régional de Damas, a renouvelé d’ailleurs samedi son offre de «jouer son rôle» pour essayer d'établir un dialogue entre le gouvernement et l’opposition en Syrie et éviter que la crise syrienne ne fasse «rapidement tâche d’huile dans toute la région», selon les Affaires étrangères.
Mais la guerre entre les troupes loyalistes et les rebelles ne semble pas être sur le point de se calmer, comme en témoignent les sanglants accrochages à Treimsa et ceux de samedi à la frontière Turque qui ont tué au moins quatre soldats et six rebelles.
Selon l’OSDH, le «massacre» de Treimsa a fait plus de 150 personnes, dont des dizaines de rebelles tués dans des bombardements et des combats dans cette localité sunnite. Des dizaines de personnes ont été «sommairement exécutées» et 17 personnes, dont des femmes et enfants, ont été tuées alors qu’elles tentaient de fuir la localité.
L’armée syrienne a affirmé de son côté avoir mené à Treimsa «une opération de qualité» qui s’est soldée par «la destruction des repaires des groupes terroristes, la mort d’un grand nombre de leurs membres, sans qu’aucune victime civile ne soit à déplorer».
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, a parlé du plus «infâme des génocides commis par le régime» et a pressé le Conseil de sécurité d’adopter une résolution contraignante «urgente».
Les Etats-Unis ont évoqué une vision «de cauchemar» et appelé le Conseil de sécurité à faire pression «en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et d’une transition politique».
Selon l’OSDH, qui s’appuie sur un réseau de militants et de témoins, plus de 17.000 personnes ont péri depuis le début mi-mars 2011 d’une révolte populaire militarisée au fil des mois face à la répression brutale menée par le régime.
Hollande, le funambule de la normalité
De François Hollande pendant la campagne, on a retenu des formules fétiches. Parmi lesquelles ce « en même temps », qui annonçait à chaque phrase un rééquilibrage, pour tenter de modérer l’effet d’un engagement, d’une prise de position.
Pour sa première intervention télévisée de président, le 14 juillet, François Hollande est resté en équilibre sur son fil. Maîtrisant l’exercice de bout en bout. Costume noir, cravate noire. Mais souriant, détendu. Jupitérien en diable et pourtant hors les murs de l’Elysée. Mais rien ne ressemble plus aux salons du palais présidentiel que ceux de l’hôtel de la Marine, place de la Concorde. Et TF1 et France 2, les chaines de télévision conviées pour la grand’messe, même revue par le Vatican II de la normalité, avaient, espiègles, conservé la grande table un peu bizarre qui servait pour les interviews de Nicolas Sarkozy.
Contexte pesant
Voilà pour la forme. Pour le fond, le contexte était lourd, pesant, comme ces nuages noirs qui occupent le ciel de France depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Il y avait les licenciements massifs chez PSA, la fiscalité, les menaces sur l’économie française, les hoquets de la construction européenne. Et au beau milieu de cette intervention souple mais solennelle, la question sur le célébrissime « tweet » de Valérie Trierweiler, la compagne du président, qui avait assassiné l’ex-compagne du même président, Ségolène Royal, en pleine campagne des législatives à La Rochelle en prenant fait et cause pour le dissident socialiste, Olivier Falorni. La réponse de François Hollande a tenu en deux minutes et une poignée de secondes. Clinique et froid.
François Hollande écarte au passage l’idée d’un statut pour la « première dame », que Valérie Trierweiler, réticente à l’idée de n’être qu’une « potiche », avait pourtant souhaité. « Il n’y a pas de statut, donc là-dessus, Valérie veut garder son activité professionnelle, je le comprends, et à partir de là, elle sera présente à mes côtés lorsque le protocole l’exigera », précise-t-il. Il reconnaît que « ce n’est pas facile de prendre cette place » de compagne de président mais reste inflexible : « Chaque fois que le protocole le nécessite, et ce n’est pas très fréquent, il y a une place qui peut être celle du conjoint ».
Tweet évacué. Retour aux affaires de l’Etat. Le rendez-vous télévisé du 14 juillet, boudé par Nicolas Sarkozy pendant tout son quinquennat, est depuis que François Mitterrand l’a instauré en 1981 l’occasion de faire quelques annonces, de préciser des politiques engagées.
Surprise, qui n’en est pas une tant les liens sont étroits entre l’ancien Premier ministre et le président actuel, la nomination de Lionel Jospin à la tête d’une commission de moralisation de la vie politique. Il devra plancher sur des dossiers qui ont du mal à faire leur chemin dans les têtes socialistes, comme le non-cumul des mandats.
“Nous allons maîtriser les dépenses”
François Hollande réaffirme aussi son credo de « l’effort juste », rappelant que le redressement des comptes publics appelle une contribution accrue de « ceux qui ont eu beaucoup sous le gouvernement précédent ». Quant aux classes moyennes, « non, nous n’allons pas nous diriger vers ces catégories là », insiste-t-il. Et s’il reconnaît que la CGS pourrait être sollicitée dans le plan de lutte contre les déficits publics, il précise aussitôt : « Il ne faut pas la considérer comme seul instrument ». « On appellera toutes les ressources (…) Nous allons maîtriser les dépenses, faire des économies ».
Confronté, deux mois après son arrivée à l’Elysée, au plan social massif chez PSA – 8000 emplois concernés, fermeture programmée du site d’Aulnay-sous-Bois, le chef de l’Etat rompt avec le fatalisme des années Jospin quand le chef du gouvernement déclarait à propos des licenciements chez Michelin : « l’Etat ne peut pas tout ». François Hollande s’en prend avec virulence à la direction du groupe automobile, accusée de « mensonge » et d’avoir sciemment reporté l’annonce des suppressions d’emplois à l’après-présidentielle. Le plan de restructuration est « en l’état inacceptable et devra être renégocié », ajoute-t-il en reconnaissant que l’Etat ne peut rien faire contre la fermeture du site d’Aulnay mais peut faire levier pour des mesures concrètes de reconversion.
Pour sa première intervention télévisée de président, le 14 juillet, François Hollande est resté en équilibre sur son fil. Maîtrisant l’exercice de bout en bout. Costume noir, cravate noire. Mais souriant, détendu. Jupitérien en diable et pourtant hors les murs de l’Elysée. Mais rien ne ressemble plus aux salons du palais présidentiel que ceux de l’hôtel de la Marine, place de la Concorde. Et TF1 et France 2, les chaines de télévision conviées pour la grand’messe, même revue par le Vatican II de la normalité, avaient, espiègles, conservé la grande table un peu bizarre qui servait pour les interviews de Nicolas Sarkozy.
Contexte pesant
Voilà pour la forme. Pour le fond, le contexte était lourd, pesant, comme ces nuages noirs qui occupent le ciel de France depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée. Il y avait les licenciements massifs chez PSA, la fiscalité, les menaces sur l’économie française, les hoquets de la construction européenne. Et au beau milieu de cette intervention souple mais solennelle, la question sur le célébrissime « tweet » de Valérie Trierweiler, la compagne du président, qui avait assassiné l’ex-compagne du même président, Ségolène Royal, en pleine campagne des législatives à La Rochelle en prenant fait et cause pour le dissident socialiste, Olivier Falorni. La réponse de François Hollande a tenu en deux minutes et une poignée de secondes. Clinique et froid.
“Je suis pour une claire distinction entre vie publique et vie privée. Je considère que les affaires privées se règlent en privé. Et je l’ai dit à mes proches pour qu’ils acceptent scrupuleusement le respect de ce principe”, a commencé le chef de l’Etat. “Les Français veulent que les choses soient claires, que l’Etat soit dirigé par celui qu’ils ont choisi et qu’il n’y ait aucune interférence. Le principe que je viens de rappeler sera scrupuleusement appliqué.”Un message qui valait aussi pour le fils de François Hollande et Ségolène Royal, Thomas, qui avait vertement critiqué Valérie Trierweiler.
François Hollande écarte au passage l’idée d’un statut pour la « première dame », que Valérie Trierweiler, réticente à l’idée de n’être qu’une « potiche », avait pourtant souhaité. « Il n’y a pas de statut, donc là-dessus, Valérie veut garder son activité professionnelle, je le comprends, et à partir de là, elle sera présente à mes côtés lorsque le protocole l’exigera », précise-t-il. Il reconnaît que « ce n’est pas facile de prendre cette place » de compagne de président mais reste inflexible : « Chaque fois que le protocole le nécessite, et ce n’est pas très fréquent, il y a une place qui peut être celle du conjoint ».
Tweet évacué. Retour aux affaires de l’Etat. Le rendez-vous télévisé du 14 juillet, boudé par Nicolas Sarkozy pendant tout son quinquennat, est depuis que François Mitterrand l’a instauré en 1981 l’occasion de faire quelques annonces, de préciser des politiques engagées.
Surprise, qui n’en est pas une tant les liens sont étroits entre l’ancien Premier ministre et le président actuel, la nomination de Lionel Jospin à la tête d’une commission de moralisation de la vie politique. Il devra plancher sur des dossiers qui ont du mal à faire leur chemin dans les têtes socialistes, comme le non-cumul des mandats.
“Nous allons maîtriser les dépenses”
François Hollande réaffirme aussi son credo de « l’effort juste », rappelant que le redressement des comptes publics appelle une contribution accrue de « ceux qui ont eu beaucoup sous le gouvernement précédent ». Quant aux classes moyennes, « non, nous n’allons pas nous diriger vers ces catégories là », insiste-t-il. Et s’il reconnaît que la CGS pourrait être sollicitée dans le plan de lutte contre les déficits publics, il précise aussitôt : « Il ne faut pas la considérer comme seul instrument ». « On appellera toutes les ressources (…) Nous allons maîtriser les dépenses, faire des économies ».
Confronté, deux mois après son arrivée à l’Elysée, au plan social massif chez PSA – 8000 emplois concernés, fermeture programmée du site d’Aulnay-sous-Bois, le chef de l’Etat rompt avec le fatalisme des années Jospin quand le chef du gouvernement déclarait à propos des licenciements chez Michelin : « l’Etat ne peut pas tout ». François Hollande s’en prend avec virulence à la direction du groupe automobile, accusée de « mensonge » et d’avoir sciemment reporté l’annonce des suppressions d’emplois à l’après-présidentielle. Le plan de restructuration est « en l’état inacceptable et devra être renégocié », ajoute-t-il en reconnaissant que l’Etat ne peut rien faire contre la fermeture du site d’Aulnay mais peut faire levier pour des mesures concrètes de reconversion.
« La première priorité, c’est l’emploi, répète-t-il, tout doit être engagé pour que l’emploi soit le plus haut possible à la fin de mon quinquennat. »Quelques questions encore sur l’Europe, et l’adoption qu’il souhaite désormais rapide du pacte budgétaire européen, la Syrie. L’interview s’achève. Il fait beau dehors. « Un président normal peut connaître aussi un jour sans pluie », plaisante François Hollande, soumis à un régime anormal de précipitations depuis sa victoire le 6 mai. Il fait un temps à aller prendre des bains de foule et c’est ce qu’il va faire dans l’après-midi, dans le parc de l’Elysée, puis à Brest
ECONOMIE
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Par Astrid Gouzik - Publié le
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