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mardi 3 juillet 2012

03072012 QUOI DE NEUF ?

ECONOMIE

Les pistes de la Cour des comptes pour trouver 33 milliards d’euros en 2013

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Euros
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La cour estime qu’en 2013, il faudra rééquilibrer entre hausse de recettes et baisses des dépenses. Pour ces dernières, le sujet est sensible, il faudra donc mieux cibler.
Les symboles valent mieux qu’un long discours. Pour illustrer le dossier de presse remis aux journalistes, les sages de la Cour des comptes ont choisi deux dessins : un petit cochon rose avec une ceinture serrée autour de la taille et un alpiniste gravissant péniblement une montagne. Un résumé des efforts budgétaires que la France va devoir accomplir selon la Cour des comptes.

Pour respecter ses engagements de réduction du déficit, le gouvernement va devoir trouver de 6 à 10 milliards d’euros pour 2012 puis 33 milliards d’euros pour 2013. "Un effort certes difficile mais néanmoins atteignable", encouragent les sages de la cour des comptes, qui assurent que l’effort de redressement devrait ensuite être moindre dès 2014.

Comment y parvenir ? Les sages de la rue Cambon jugent les hausses d’impôt "inévitables", même si elles devront jouer un rôle moins important que la réduction des dépenses, en partie pour ne pas amputer la compétitivité de l’économie. Pour 2013, la Cour des comptes identifie des marges de manœuvre importante dans la chasse aux niches fiscales, à commencer par la suppression de la TVA à 5,5 % pour la restauration.

Au-delà, elle préconise d’augmenter les impôts dont les assiettes sont les plus larges, comme la CSG et TVA. Conscient que la proposition est explosive politiquement, la cour souligne que la hausse pourrait être "temporaire", le temps que les coupes dans les dépenses fassent leur effet.

Mais c’est surtout du côté des dépenses que l’Etat va devoir faire le plus d’effort. Pour maîtriser sa masse salariale, l’Etat devra choisir entre réduire de 30 000 le nombre de fonctionnaires par an ou geler l’avancement des fonctionnaires.

Le président de la Cour des comptes Didier Migaud recommande un changement de méthode. "Il faut davantage définir les priorités. Il y a trop de dispositifs qui embrassent largement", résume-t-il. L’Etat va devoir mieux cibler ses dépenses d’intervention (constituées à 80 % de transferts sociaux) vers les publics les plus concernés. Il va aussi devoir mieux choisir ses investissements publics "pour ne retenir que ceux qui auront fait la preuve de leur utilité, notamment au regard du relèvement de la croissance potentielle de l’économie".

Le volet "transport" du Grenelle de l'environnement et ses 166 milliards de dépenses publiques nouvelles sont dans le viseur de la Cour des comptes, qui réclame de reconsidérer l’extension du réseau grande vitesse prévue. Les dispositifs qui n’auront pas démontré leur efficacité devront être supprimés et les projets d’investissement non prioritaires "retardés ou abandonnés".

Des choix douloureux. "Nous reconnaissons que cela peut avoir un impact sur la croissance en 2013", opine Didier Migaud. "Mais si le retour à l’équilibre budgétaire est retardé, les inconvénients risquent d’être plus douloureux et avec des conséquences pires encore sur la croissance".

Quand la gauche parle de compétitivité sans tabou et avec imagination

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Industrie
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Le rapport de Louis Schweitzer  et d’Olivier Ferrand, patron de Terra Nova, disparu ce week-end, lance une adresse au gouvernement sur la compétitivité. Il n’évacue pas la question de la compétitivité-coût et avance une intéressante réflexion sur le temps.  
Terra Nova, le think tank de gauche, vient d’être frappé par le décès brutal de son fondateur, Olivier Ferrand, emporté par une crise cardiaque à 42 ans.  La veille de ce week-end il venait de rendre public un rapport sur la compétitivité qu’il avait rédigé avec Louis Schweitzer, président d’honneur de Renault. L’intérêt de ce rapport est une preuve de plus de la perte de celui qui venait d’entrer à l’assemblée nationale.
Il montre que la compétitivité n’est pas un concept réservé à la droite et aux patrons et articule une intéressante réflexion sur le temps. Dans leurs 18 propositions Olivier Ferrand et Louis Schweitzer n’hésite ainsi pas à affronter la question de la compétitivité coût même si ils ne limitent pas le sujet à cette question. Ils proposent ainsi de modifier la structure des prélèvements obligatoires pour financer par l’impôt une partie de la sécurité sociale.Sur la nouvelle assiette, ils expliquent qu’elle doit "conjuguer des exigences de justice et de redistributivité mais aussi de rendement."
De même, ils proposent de réserver les exonérations sociales à des secteurs exposés à la mondialisation, c’est-à-dire implicitement l’industrie. Ils considèrent aussi qu’il peut y avoir des accords de compétitivité "gagnant-gagnant" au sein des entreprises, un terrain sur lequel le gouvernement avance avec plus de prudence. Mais il court aussi en filigrane de toutes ces propositions une réflexion sur le temps.
Un temps qu’il faut raccourcir, celui qui ne sert à rien, celui de l’administration lorsqu’elle se penche sur les investissements, ou celui des procédures collectives dans le cadre des PSE. Selon eux, les entreprises perdent plus d’argent dans des délais de procédures que dans les indemnités qu’ils accordent aux salariés licenciés.
Pour l’administration, il propose un chef de file unique pour tous les projets d’investissements et de reprendre les bonnes pratiques d’administrations étrangères. Il existe ensuite un temps qu’il faut stabiliser, celui du cadre juridique et fiscal des entreprises. Les auteurs proposent ainsi d’annoncer Tula reconduite pendant 5 ans du CIR. "Le coût moyen d’un ingénieur (hors CIR) est 15% plus élevé en France qu’en Allemagne. Avec le CIR, il devient l’un des plus attractifs au monde : 30% plus compétitif qu’en Allemagne, 45 % par rapport aux Etats-Unis."
Enfin, il y a un temps qu’il faut allonger : celui de l’investissement. Car l’industrie a besoin de visibilité et de durée pour rentabiliser ces efforts de R&D :  c’est dans cette ambition que l’on peut comprendre des mesures comme le doublement des droits de vote pour les actionnaires de long terme ou la participation des salariés au conseil d’administration.
Le temps c’est ce qui a manqué à Olivier Ferrand pour donner toute sa mesure.

PSA pourrait supprimer jusqu'à 10.000 emplois en France

Jusqu'ici, on parlait de 6.000 jobs sacrifiés en Europe par PSA. Mais le constructeur automobile français pourrait être beaucoup plus sévère, vu la chute de ses ventes.
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PSA Peugeot Citroën pourrait supprimer entre 8.000 et 10.000 emplois en France cette année, contre 6.000 suppressions de postes envisagées jusqu'à présent pour l'ensemble de l'Europe, afin de faire face à la chute de ses ventes et réaliser de nouvelles économies, selon Bloomberg.
L'agence américaine, qui cite plusieurs sources syndicales, précise que jusqu'à 10% des effectifs du groupe dans l'Hexagone pourraient ainsi être supprimés en 2012.
• Philippe Varin, président du directoire de PSA, a indiqué aux syndicats la semaine dernière que le groupe allait augmenter les objectifs de son plan d'économies d'un milliard d'euros pour 2012.
Selon l'agence, PSA pourrait discuter de son plan de réorganisation lors du comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire du 12 juillet.


Les «Amis de Nicolas Sarkozy» peuvent récolter des fonds

Par Marion Brunet Mis à jour | publié

Nicolas Sarkozy lors du premier tour des législatives, le 10 juin, à Paris.
Nicolas Sarkozy lors du premier tour des législatives, le 10 juin, à Paris. Crédits photo : PHILIPPE WOJAZER/AFP

L'association lancée en mai dernier par plusieurs sarkozystes se pare de tous les atouts d'un parti politique, avec une branche chargée du financement. Simple question pratique, répondent ses membres, qui nient la création d'une force politique.

Le soir de sa défaite à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy avait tenu à ne pas injurier l'avenir, refusant d'annoncer un retrait définitif de la vie politique, «façon Lionel Jospin». À l'aide d'une formule ambigüe, il avait expliqué à ses supporters que sa place ne serait «plus la même». Mais jusqu'à quand? Deux mois à peine après son échec, l'association «Les Amis de Nicolas Sarkozy», présentée à l'origine comme une simple amicale pour défendre et promouvoir le bilan de l'ancien président, prend toutes les allures d'un futur parti politique. Dans le Journal Officiel du 23 juin, le groupe est en effet divisé en deux: d'un côté, une association à portée politique, toujours intitulée «Les Amis de Nicolas Sarkozy», et de l'autre, un bras armé financier, «L'Association de financement des Amis de Nicolas Sarkozy». Une double casquette qui lui permettra d'entrer dans le cadre défini par la législation sur le financement des partis politiques et surtout, qui pourrait éventuellement lui permettre de présenter des candidats en vue d'échéances électorales.
Avec cette structure, «Les Amis de Nicolas Sarkozy» vont pouvoir récolter des fonds, autre que les cotisations de leurs adhérents. Chaque année, l'association pourra ainsi recevoir des dons de personnes privées, à hauteur de 7500 euros maximum par personne. Ses comptes seront également visés, année après année, par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. C'est l'ancien secrétaire d'État à la Coopération, Alain Joyandet, qui gèrera l'enveloppe financière, tandis que Brice Hortefeux, l'ami de toujours de Nicolas Sarkozy, gardera la main sur l'association chargée d'intervenir dans le débat public.

Une réunion en août à Nice

Toutefois, pour Roger Karoutchi, cette nouvelle structure «n'a pas pour objet d'être une force politique». «La création d'une association de financement va nous permettre de faire fonctionner la machine, si on doit par exemple imprimer des documents à diffuser, explique au Figaro le sénateur UMP, qui précise que cette initiative est faite «en amitié et en affection avec l'ancien président».
Mardi, les «Amis de Nicolas Sarkozy» se sont réunis pour la seconde fois à l'Antre Amis, un restaurant situé dans le XVe arrondissement de Paris. C'est là qu'ils avaient officiellement lancé en grande pompe l'association, le 31 mai dernier. Le message de Brice Hortefeux était alors clair: les retrouvailles des sarkozystes sont «amicales et affectives et en aucun cas une initiative ‘politique ni politicienne'». Si les éléments de langage restent les mêmes aujourd'hui, l'association a consolidé ses statuts. Une première grande réunion aura lieu les 23 et 24 août prochain à Nice, la ville du secrétaire général de l'association, Christian Estrosi. «La première journée sera consacrée aux membres fondateurs, qui réfléchiront au programme des mois à venir, et la seconde à tous les militants et Français qui souhaitent apporter leur soutien à l'action menée par Nicolas Sarkozy pendant cinq ans», indique au Figaro le maire de Nice.
Une rencontre qualifiée d'«amicale» par Roger Karoutchi et qui devra définir les grandes thématiques abordées lors de colloques à partir de la rentrée: les cinq ans de Nicolas Sarkozy en matière de fiscalité, de sécurité… La politique étrangère de l'ancien chef d'État devrait être le premier sujet abordé.

ET EN ATTENDANT

Trois perquisitions chez Sarkozy ce matin, villa Montmorency, chez Carla, dans son cabinet boulevard Malesherbes et rue de Miromesnil dans le cadre de l'affaire Bettencourt

Affaire Bettencourt : perquisition dans les bureaux parisiens de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy et Liliane Bettencourt  ©Jonathan Rebboah © TIBOUL/MAXPPP, FRANCE
Nicolas Sarkozy a été perquisitionné ce matin : des policiers, mandatés par les magistrats bordelais en charge de l'affaire Bettencourt, ont perquisitionné les bureaux parisiens de l'ancien chef de l'Etat. La justice s'intéresse de près au financement de la campagne électorale de 2007. Les policiers n'auraient rien saisi sur place.
Dans un autre volet de l'affaire, la magistrate Isabelle Prévost-Desprez a été mise en examen pour violation du secret professionnel par un juge de Bordeaux en marge des enquêtes visant la fortune de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, a annoncé mardi le parquet de Bordeaux. La vice-présidente du tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) est soupçonnée d'avoir informé des journalistes d'une perquisition chez la milliardaire en 2010, dans le cadre d'une première enquête pour abus de faiblesse.
Elle avait été entendue lundi par le juge Philippe Darphin, qui lui avait dans un premier temps accordé le statut de témoin assisté. Le parquet, qui fait état "d'indices de transmission à
des tiers d'informations issues d'une procédure pénale", souligne "qu'Isabelle Prévost-Desprez bénéficie de la présomption d'innocence".
L'imbroglio sur cette affaire a amené en 2010 le dessaisissement d'Isabelle Prévost-Desprez, mais aussi celui de Philippe Courroye, procureur de Nanterre qui avait lancé la procédure contre elle.
Ce dernier a ensuite lui-même fait l'objet de poursuites pénales pour avoir demandé à la police de se procurer les factures détaillées de téléphone de journalistes du Monde afin de confondre la vice-présidente. Le procureur a obtenu l'annulation de sa mise en examen pour vice de procédure.
Des poursuites disciplinaires séparées sont envisagées contre Isabelle Prévost-Desprez, à laquelle il est reproché un manquement aux obligations de "prudence, réserve et impartialité" pour ses déclarations dans le livre "Sarko m'a tuer", paru en 2011.
Elle y raconte qu'un témoin a dit hors procédure à sa greffière avoir assisté à des versements d'argent de Liliane Bettencourt à Nicolas Sarkozy avant son élection en 2007. Les témoins qu'elle citait, entendus par la justice et la police ont contesté ces dires.
Toutes les enquêtes concernant l'affaire Bettencourt sont désormais instruites à Bordeaux après une décision de "dépaysement" de la Cour de cassation. Le juge Jean-Michel Gentil a mis en examen plusieurs personnes, dont l'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Le juge
pourrait entendre Nicolas Sarkozy sur le financement de sa campagne présidentielle de 2007.



François Fillon l'a annoncé, il sera candidat à la présidence de l'UMP. La déclaration de son rival Jean-François Copé ne saurait attende? Pour notre blogueur associé Laurent Pinsolle, gaulliste convaincu, ce qui rassemble les deux hommes, c'est leur trahison du gaullisme : trahison assumée pour l'un, sournoise pour l'autre...
(Copé et Fillon à Paris, le 26 mai 2012 - WITT/SIPA)

(Copé et Fillon à Paris, le 26 mai 2012 - WITT/SIPA)
Porté par les sondages, l’ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy a décidé de se lancer dans la course à la présidentielle. Alors que tout le monde le présente comme un gaulliste social, c’est l’occasion de se poser la question de ce qu’il reste du gaullisme  à l’UMP.
A titre personnel, je n’aime pas du tout Jean-François Copé, qui est pour moi un clône de Nicolas Sarkozy, au détail près qu’il a fait l’ENA. Tout chez lui rappelle le président sorti : l’ambition 100% personnelle aussi démesurée qu’affichée, le cynisme, une (trop) grande assurance de soi, une grande aisance dans les médias ou un même goût pour le libéralisme anglo-saxon complètement déconnecté des traditions de notre pays et plus encore du du gaullisme.
D’ailleurs, Jean-François Copé ne se réclame pas du gaullisme, ce que des études d’image lui ont sans doute recommandé. Le secrétaire général de l’UMP représente cette génération de droite post-gaulliste, qui a totalement digéré et oublié tout ce que le Général avait laissé au pays. Néanmoins, on ne peut pas dire qu’il y a totalement tromperie sur la marchandise, tant il avance (pour l’instant) démasqué vers les électeurs et les militants de l’UMP. Il veut l’Elysée, point.
Le député-maire de Meaux, part un peu dans la position de Jacques Chirac en 1995 face à Edouard Balladur. Il tient l’appareil, dispose de bien davantage de soutiens dans le parti, s’étant créé un solide réseau d’affidés depuis qu’il en est à la tête. Il semble très populaire dans l’appareil et chez les militants qui apprécient son caractère de chef et son engagement de tous les instants. Mais François Fillon, très populaire dans les sondages, est un sacré adversaire

Fillon ou la trahison sournoise
En effet, l’ancien premier ministre s’est construit une belle image pendant le mandat de Nicolas Sarkozy, simplement en laissant faire tous les excès de son président et en apparaissant comme l’exact opposé d’un Nicolas Sarkozy au style guère apprécié par les Français. Son compagnonnage avec Philippe Séguin fait qu’on le présente aujourd’hui comme un « gaulliste social », qui pourrait être le contrepoids au positionnement plus droitier de son rival pour l’UMP

Mais il est pour le moins surprenant de qualifier l’ancien hôte de Matignon de «gaulliste

social». Gaulliste, lui qui proposait de supprimer le poste de Premier Ministre, alors que le Général avait voulu ce couple à la tête de l’exécutif, pierre angulaire de nos Institutions ? Gaulliste, lui qui a accepté que l’on viole le résultat du référendum de 2005 en ratifiant le traité de Lisbonne et qui a accepté de considérables remises en cause de notre souveraineté nationale, que chérissait le Général ?

Gaulliste social, lui qui a abandonné les classes populaires à la mondialisation, qui a refusé tout coup de pouce au SMIC, qui n’a pas hésité à alourdir la fiscalité des bas revenus tout en baissant le bouclier fiscal puis en sabrant l’ISF ? On pourrait lui appliquer le bon mot que Marie-France Garaud avait eu au sujet d’Edouard Balladur, à savoir qu’il est «la face de Georges Pompidou qui n’a pas été imprégné par le Général de Gaulle». Bref, François Fillon est une imposture.

Bien sûr, l’élection de l’un ou de l’autre aura un vrai sens pour l’UMP, qui ne prendra pas la même direction. Néanmoins, pour les Français, pour le gaullisme, les deux chemins que Fillon et Copé proposent sont le même chemin de cette mondialisation antisociale et supranationale, et donc anti-gaulliste.


 

Europe : la fin du face à face franco-allemand

Mardi 3 Juillet 2012 à 05:00
Gilbert Casasus
Diplômé en sciences politiques et professeur en Etudes européennes à l’université de...

Pour notre chroniqueur associé Gilbert Casasus, si les véritables gagnants du sommet européen des 28 et 29 juin sont les dirigeants espagnol et italien, la France incarnée par Hollande a joué juste en se mettant au carrefour des intérêts nord-sud. Un premier aperçu de l'identité nouvelle que le président socialiste souhaite donner à la France dans une Europe qui ne souhaite plus être gouvernée par un duo Paris-Berlin.


(François Hollande en clôture de sommet - DENIS CLOSON/ISOPIX/SIPA)
(François Hollande en clôture de sommet - DENIS CLOSON/ISOPIX/SIPA

Sur le plan purement comptable, François Hollande ne devrait pas trop se féliciter du résultat obtenu lors du dernier sommet européen de Bruxelles des 28 et 29 juin 2012. Les termes de l’accord lui sont moins favorables que les déclarations officielles le laissent entendre. Les eurobonds sont renvoyés à plus tard et le pacte de croissance ne fait que reprendre les dépenses d’ores et déjà prévues par l’agenda européen. De plus, le Président de la république n’est pas le vainqueur de ce sommet, comme le sont respectivement l’Espagnol Mariano Rajoy et surtout l’Italien Mario Monti.

Ce dernier, ancien Commissaire européen aguerri aux jeux des négociations de l’UE, a véritablement survolé les débats. A contrario des années de galère auxquelles nous avait habitués son prédécesseur Silvio Berlusconi, il a redoré l’image de l’Italie. Après avoir réuni, quelques jours plus tôt à Rome, ses homologues allemande, espagnol et français, il a démontré qu’il fallait désormais recompter avec l’Italie qui, rappelons-le, est l’un des six pays fondateurs de la construction européenne. De concert avec le Président italien Giorgio Napolitano, un ancien «communiste», il a su utiliser à merveille l’art de la stratégie du faible au fort.

Parce que pas totalement «forte», mais en aucun cas «faible», la France avait un autre rôle à assumer que celui qui incombait à l’Espagne et à l’Italie. Elle ne devait ni s’assimiler à ces deux voisins ibérique et transalpin, ni s’exposer comme le plus fidèle des partenaires de l’Allemagne. En se situant au carrefour des intérêts des Etats du Sud et de ceux du Nord, la France a joué juste. Par ailleurs, elle a adopté une autre posture que celle qui jusqu’à présent guidait son attitude au sein du tandem franco-allemand. Peut-être, est-ce là ni plus ni moins, l’amorce d’un tournant historique qui mérite réflexion. Un regard sur 50 ans de relations franco-allemandes permet d’ailleurs de s’en convaincre.

De Adenauer à Merkel

Avec pour volonté de sceller la réconciliation entre leurs deux peuples, le Général De Gaulle et le chancelier Adenauer ont été les premiers à renouer les liens de la coopération franco-allemande. Puis, abstraction faite des rapports souvent conflictuels entre Georges Pompidou et Willy Brandt, Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt reprirent le flambeau du partenariat France/Allemagne. 

En parfait accord sur de nombreux points, ils avaient facilement trouvé le dénominateur commun de leur action binationale : alors que la gestion du politique et de la diplomatie revenait à Paris, Bonn donnait la priorité à l’économie et au social. Leurs deux successeurs, François Mitterrand et Helmut Kohl, ont, quant à eux, certainement écrit les plus belles pages du livre franco-allemand pour l’Europe. Leur seule et unique philosophique reposait sur «le donnant-donnant», sur la solidarité entre les deux pays, est-ce à l’heure de la crise des missiles et de la rigueur socialiste en 1983 ou, après avoir aplani leurs divergences, lors de l’unité allemande ou de la création de l’euro, prévue par le traité de Maastricht. 

De divergences, il en fut également question entre Jacques Chirac et Gerhard Schröder, avant que, presque isolés en Europe, ils ne se soient retrouvés ensemble à condamner et avec raison la guerre d’Irak. En dernier lieu demeurent Angela Merkel et Nicolas Sarkozy dont l’amitié ne devint réalité qu’à l’époque où l’ancien Président de la république, par force ou par conviction, se résolut à faire du suivisme à l’égard d’une chancelière allemande qui avait pris l’ascendant sur son homologue français.

Par devoir de rupture, mais aussi par nécessité politique, François Hollande devait prouver qu’il n’y aurait pas de «Merkhollande» après ladite «Merkozy». Toutefois est-il obligé de tenir compte des nouveaux rapports de force en Europe et des difficultés économiques auxquelles son pays est confronté. Une opposition forte et durable contre l’Allemagne n’a donc aucun sens, tout comme une trop grande solidarité envers des Etats amoindris par une crise qu’ils ont rarement gérée comme ils auraient dû le faire. Le Président de la République se trouve ainsi dans une position délicate qu’il peut néanmoins retourner à son avantage. 

Aujourd’hui, ni en situation d’égal à égal avec une République fédérale fort différente de celle années lumières de la coopération franco-allemande, ni en coéquipier de luxe d’un leader berlinois, il se forge une identité propre au sein d’une Europe qui ne veut plus se laisser diriger par le seul tandem Paris-Berlin.
         
Signe avant-coureur de cette nouvelle attitude française, les efforts déployés par François Hollande lors du dernier sommet de Bruxelles laissent augurer un nouveau chapitre européen de la relation franco-allemande. De moins en moins rédigé à quatre mains par le Président de la République française et par la ou le chancelier-e-, celui-là accordera à chacun des deux acteurs une autonomie autre que celle à laquelle les Français et les Allemands s’étaient accoutumés depuis 50 ans. Ce n’est ni un bien, ni un mal, mais le résultat d’un processus historique qu’il convient désormais de prendre en compte. D’un processus, où François Hollande devrait se sentir très à l’aise, lui qui aime endosser l’habit du médiateur qui lui sied si bien, lui pour lequel rien n’est plus avantageux que d’être au diapason d’une politique extérieure et européenne d’une France charnière entre le Nord et le Sud.

Le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault



Copé-Fillon, traîtres à la cause gaulliste

Mardi 3 Juillet 2012 à 05:00

Laurent Pinsolle
Porte-parole du parti Debout la république dirigé par Nicolas Dupont-Aignan, ancien président...

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