POLTIQUE
Obama impérial, Romney tire son épingle du jeu
Le président américain a largement gagné ce troisième débat mais Mitt Romney, contre toute attente, n’a pas subi d’humiliation, limitant la casse. De notre Envoyé Spécial à Richmond (Virginie), Jurek Kuczkiewicz.
Après un premier débat où Mitt Romney avait fait sensation face à un Barack Obama démobilisé et amorphe, un deuxième où le président sortant avait pris l’ascendant sur son adversaire républicain, le troisième et dernier face à face s’est tenu la nuit passée à Boca Raton, en Floride, dans l’enceinte de l’université Lynn. Le thème de cette ultime joute n’était à priori pas celle qui devait lui assurer la meilleure audience : les Américains s’intéressent notoirement peu aux affaires internationales.
Circonstance aggravante : deux matches, l’un de baseball, et un autre de football se déroulaient au même moment, ce dernier opposant même les Chicago Bears, favoris de l’ex-sénateur de l’Illinois, aux Detroit Lions, l’équipe de la ville de naissance de Mitt Romney.
Mais si la politique étrangère reste… étrangère à une majorité d’Américains, ces derniers attachent de l’importance à la posture de« commandant en chef » qu’on attend d’un président des Etats-Unis. Et sur ce point, le président sortant partait avec un avantage certain.
A-t-il confirmé sa victoire de la seconde manche ? Voici les leçons à retenir de ce troisième débat.
1. Que pouvait espérer Barack Obama ? Afficher sa suprématie de président en charge.
Pour le coup, Obama et son team ont pu quitter l’université Lynn satisfaits. Le président a affiché une assurance et une maîtrise incontestable des dossiers, mettant en avant ses succès, dont au premier chef l’élimination d’Ousama Ben Laden, ainsi que le retrait des troupes américaines d’Iraq. Sur la place et l’influence des Etats-Unis dans le monde, Barack Obama a affirmé que « l’Amérique est plus forte aujourd’hui qu’à « mon arrivée au pouvoir», et que « nous avons restauré notre force et notre crédibilité dans le monde ».
Etonnamment, Mitt Romney avait beau avancer qu’il souhaitait restaurer la position des Etats-Unis, ce n’était jamais que pour finir par reconnaître que, sur l’élimination de Ben Laden, sur l’usage des drones en Afghanistan (et au Pakistan), sur l’intervention en Libye…, il soutenait la politique de son adversaire. « Tout ce qu’il dit qu’il faut faire, Obama le fait déjà », constataient très justement les commentaires sur le réseau social Twitter…
1. Que pouvait espérer Mitt Romney ? Ne pas perdre démesurément sur le terrain favori d’Obama.
De ce point de vue-là, le candidat républicain s’en est indéniablement bien sorti. Bien que souvent extrêmement vague, voire naïf, comme lorsqu’il formulait son souhait que les Etats-Unis identifient et soutiennent de potentiels alliés modérés parmi les insurgés syriens, Mitt Romney n’a commis aucune gaffe majeure. Mieux : il a réussi à afficher une posture plutôt rassurante et même crédible de « commander in chief ».
Le candidat mormon a non seulement réussi à déjouer les plans du clan Obama, qui comptait exploiter d’anciennes déclarations de Romney pour le faire passer pour un va-t-en guerre, il a, à plusieurs reprises, débordé le président Obama« sur sa gauche », lui reprochant de n’avoir pas suffisamment, dans les révolutions arabes, privilégié le soutien aux sociétés civiles, au développement et à la promotion de l’égalité entre hommes et femmes. Et face à un Obama très offensif, qui avait visiblement décidé de chercher à déstabiliser son adversaire, Romney a réussi garder sa contenance, lançant au président : « M’attaquer sans cesse ne tient pas lieu de programme ! »
1. Le Moyen-Orient, l’Asie centrale et la Chine, seules préoccupations des Etats-Unis.
Si le nom de l’Europe est incidemment tombé deux ou trois fois dans les échanges, si Romney a brièvement plaidé pour que les Etats-Unisse préoccupent un peu plus de l’Amérique du Sud, qui est « économiquement aussi importante que la Chine », ce sont surtout le Moyen-Orient, avec son cortège de révolutions et de crises, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan, qui ont monopolisé l’attention des deux débatteurs, et de leur modérateur (le journaliste de la CBS Bob Schieffer, une star toujours active de 75 ans. ) Mitt Romney, qui cherche depuis le début de la campagne électorale à se présenter comme un meilleur allié d’Israël, a bien tenté d’attaquer le président Obama sur ce terrain glissant, lui reprochant de n’avoir pas visité l’Etat juif, alors qu’il a effectué une tournée de « demande de pardon » dans le pays arabes, en début de mandat. Mal lui en prit. Romney, qui a commis quelques mémorables gaffes lors de ses voyages à l’étranger, a offert à son adversaire la possibilité d’un petit morceau de bravoure : « On pourrait parler longuement de nos voyages respectifs à l’étranger. Mais moi, mon premier voyage de candidat, je l’ai effectué auprès de nos troupes. Et lorsque je suis allé en Israël, comme candidat, je n’ai pas sollicité des dons ni participé à des levées de fonds, je me suis rendu à Yad
Vashem. » Mais, sur la question de savoir si une éventuelle attaque contre Israël serait déclarée équivalente à une attaque contre les Etats-Unis, les deux candidats ont martelé leur indéfectible soutien à l’allié israélien, mais sans aller jusqu’à répondre clairement par l’affirmative.
1. Au menu de la politique étrangère, la politique… intérieure.
De l’avis des commentateurs américains, une prime avantageuse devait aller à celui des deux candidats qui réussirait le premier à relier les questions internationales aux questions intérieures, afin de revenir sur le sujet qui préoccupe vraiment les Américains : l’économie et l’emploi.
Si Obama réussit ce « petit roque » le premier, les deux se sont entendus pour rester le plus possible sur ce terrain. Reconnaissant, signe des temps, que l’Etat (actuellement gravissime) des finances publiques, l’indépendance énergétique (en progression), la renaissance industrielle (face aux délocalisations), constituent des enjeux de sécurité majeurs :impossible d’être forts dans le monde, si l’on est faible à l’intérieur, ont implicitement reconnu Obama comme Romney.
Personne ne s’attendait à ce qu’Obama puisse perdre sur le terrain de la sécurité nationale et la politique étrangère. Mais beaucoup pensaient que Romney risquait l’humiliation. Pour le coup, il n’en a rien été. Si le président sortant peut être déclaré vainqueur de ce troisième débat, on peut penser que les électeurs qui penchaient vers Romney n’auront pas changé d’avis. Mais aussi que des électeurs indécis, qui auraient pu être épouvantés par un candidat aussi volontariste qu’incompétent, commencent à lui accorder leur confiance, ou au moins le bénéfice du doute. Avec ce troisième débat qu’il n’a pas lourdement perdu, Mitt Romney a donc tiré son épingle du jeu…
Circonstance aggravante : deux matches, l’un de baseball, et un autre de football se déroulaient au même moment, ce dernier opposant même les Chicago Bears, favoris de l’ex-sénateur de l’Illinois, aux Detroit Lions, l’équipe de la ville de naissance de Mitt Romney.
Mais si la politique étrangère reste… étrangère à une majorité d’Américains, ces derniers attachent de l’importance à la posture de« commandant en chef » qu’on attend d’un président des Etats-Unis. Et sur ce point, le président sortant partait avec un avantage certain.
A-t-il confirmé sa victoire de la seconde manche ? Voici les leçons à retenir de ce troisième débat.
1. Que pouvait espérer Barack Obama ? Afficher sa suprématie de président en charge.
Pour le coup, Obama et son team ont pu quitter l’université Lynn satisfaits. Le président a affiché une assurance et une maîtrise incontestable des dossiers, mettant en avant ses succès, dont au premier chef l’élimination d’Ousama Ben Laden, ainsi que le retrait des troupes américaines d’Iraq. Sur la place et l’influence des Etats-Unis dans le monde, Barack Obama a affirmé que « l’Amérique est plus forte aujourd’hui qu’à « mon arrivée au pouvoir», et que « nous avons restauré notre force et notre crédibilité dans le monde ».
Etonnamment, Mitt Romney avait beau avancer qu’il souhaitait restaurer la position des Etats-Unis, ce n’était jamais que pour finir par reconnaître que, sur l’élimination de Ben Laden, sur l’usage des drones en Afghanistan (et au Pakistan), sur l’intervention en Libye…, il soutenait la politique de son adversaire. « Tout ce qu’il dit qu’il faut faire, Obama le fait déjà », constataient très justement les commentaires sur le réseau social Twitter…
1. Que pouvait espérer Mitt Romney ? Ne pas perdre démesurément sur le terrain favori d’Obama.
De ce point de vue-là, le candidat républicain s’en est indéniablement bien sorti. Bien que souvent extrêmement vague, voire naïf, comme lorsqu’il formulait son souhait que les Etats-Unis identifient et soutiennent de potentiels alliés modérés parmi les insurgés syriens, Mitt Romney n’a commis aucune gaffe majeure. Mieux : il a réussi à afficher une posture plutôt rassurante et même crédible de « commander in chief ».
Le candidat mormon a non seulement réussi à déjouer les plans du clan Obama, qui comptait exploiter d’anciennes déclarations de Romney pour le faire passer pour un va-t-en guerre, il a, à plusieurs reprises, débordé le président Obama« sur sa gauche », lui reprochant de n’avoir pas suffisamment, dans les révolutions arabes, privilégié le soutien aux sociétés civiles, au développement et à la promotion de l’égalité entre hommes et femmes. Et face à un Obama très offensif, qui avait visiblement décidé de chercher à déstabiliser son adversaire, Romney a réussi garder sa contenance, lançant au président : « M’attaquer sans cesse ne tient pas lieu de programme ! »
1. Le Moyen-Orient, l’Asie centrale et la Chine, seules préoccupations des Etats-Unis.
Si le nom de l’Europe est incidemment tombé deux ou trois fois dans les échanges, si Romney a brièvement plaidé pour que les Etats-Unisse préoccupent un peu plus de l’Amérique du Sud, qui est « économiquement aussi importante que la Chine », ce sont surtout le Moyen-Orient, avec son cortège de révolutions et de crises, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan, qui ont monopolisé l’attention des deux débatteurs, et de leur modérateur (le journaliste de la CBS Bob Schieffer, une star toujours active de 75 ans. ) Mitt Romney, qui cherche depuis le début de la campagne électorale à se présenter comme un meilleur allié d’Israël, a bien tenté d’attaquer le président Obama sur ce terrain glissant, lui reprochant de n’avoir pas visité l’Etat juif, alors qu’il a effectué une tournée de « demande de pardon » dans le pays arabes, en début de mandat. Mal lui en prit. Romney, qui a commis quelques mémorables gaffes lors de ses voyages à l’étranger, a offert à son adversaire la possibilité d’un petit morceau de bravoure : « On pourrait parler longuement de nos voyages respectifs à l’étranger. Mais moi, mon premier voyage de candidat, je l’ai effectué auprès de nos troupes. Et lorsque je suis allé en Israël, comme candidat, je n’ai pas sollicité des dons ni participé à des levées de fonds, je me suis rendu à Yad
Vashem. » Mais, sur la question de savoir si une éventuelle attaque contre Israël serait déclarée équivalente à une attaque contre les Etats-Unis, les deux candidats ont martelé leur indéfectible soutien à l’allié israélien, mais sans aller jusqu’à répondre clairement par l’affirmative.
1. Au menu de la politique étrangère, la politique… intérieure.
De l’avis des commentateurs américains, une prime avantageuse devait aller à celui des deux candidats qui réussirait le premier à relier les questions internationales aux questions intérieures, afin de revenir sur le sujet qui préoccupe vraiment les Américains : l’économie et l’emploi.
Si Obama réussit ce « petit roque » le premier, les deux se sont entendus pour rester le plus possible sur ce terrain. Reconnaissant, signe des temps, que l’Etat (actuellement gravissime) des finances publiques, l’indépendance énergétique (en progression), la renaissance industrielle (face aux délocalisations), constituent des enjeux de sécurité majeurs :impossible d’être forts dans le monde, si l’on est faible à l’intérieur, ont implicitement reconnu Obama comme Romney.
Personne ne s’attendait à ce qu’Obama puisse perdre sur le terrain de la sécurité nationale et la politique étrangère. Mais beaucoup pensaient que Romney risquait l’humiliation. Pour le coup, il n’en a rien été. Si le président sortant peut être déclaré vainqueur de ce troisième débat, on peut penser que les électeurs qui penchaient vers Romney n’auront pas changé d’avis. Mais aussi que des électeurs indécis, qui auraient pu être épouvantés par un candidat aussi volontariste qu’incompétent, commencent à lui accorder leur confiance, ou au moins le bénéfice du doute. Avec ce troisième débat qu’il n’a pas lourdement perdu, Mitt Romney a donc tiré son épingle du jeu…
Après le dernier débat de lundi consacré à la politique étrangère et à la sécurité nationale, le président Obama s'élancera dans une tournée express du pays.
| Chip Somodevilla
La stratégie a payé. Très offensif face à Mitt Romney lors du dernier débat avant l'élection américaine, Barack Obama est donné vainqueur de ce round, selon les sondages : pour 53% des personnes «indécises» interrogées par CBS, le président est sorti grand gagnant de l'affrontement - contre 23% seulement pour son concurrent républicain.
Pour cette même population à convaincre, l'institut PPP a également relevé 52% en faveur de Barack Obama en dix points de moins pour Mitt Romney. Du côté de CNN, même tendance avec huit points d'avance pour le sortant - 48% sur l'ensemble des électeurs.
Toutefois, selon certains observateurs, Romney a su rassurer. C'est notamment l'avis du spécialiste de politique à l'université George-Washington, Christopher Arterton : le candidat républicain «a été capable de montrer qu'il n'était pas le conservateur dangereux et déchaîné qu'Obama essayait de dépeindre», explique-t-il. Cette image réhabilitée pourrait l'aider «particulièrement dans les Etats qu'il doit gagner, la Floride et l'Ohio».
Mitt Romney a joué la prudenceA plusieurs reprises, le républicain a joué la carte de l'apaisement. Les deux candidats ont trouvé des points d'accord comme lorsqu'ils se sont érigés en défenseurs d'Israël et ont mis en garde l'Iran au sujet de son programme nucléaire. L'Europe n'a, en revanche, jamais été abordée, et l'Afrique à peine, lors de ce débat de 90 minutes. Ce qui a valu à Mitt Romney un : «Vous êtes d'accord avec moi, c'est ce que vous avez de mieux à faire», lancé par le président en pleine forme.
«En tombant d'accord (avec Obama) sur des points importants de politique étrangère, Romney a joué le prudence ce soir et a essayé de déplacer la conversation vers des sujets économiques sur lesquels il pense être plus fort», note Dotty Lynch, professeur de communication à l'American University (Washington DC).
Au niveau des sondages nationaux, Obama et Romney sont au coude-à-coude, même si le dirigeant sortant conserve une avance dans plusieurs Etats où Romney doit triompher s'il veut espérer s'installer à la Maison Blanche.
Cette avance s'est toutefois réduite ces derniers jours, augurant d'une fin de campagne acharnée.
LeParisien.fr
Chevaux et baïonnettes: Obama pique Romney, la toile se régale
SAN FRANCISCO — "Chevaux et baïonnettes" d'un temps révolu ont enflammé la toile lorsque, lors du troisième et dernier débat présidentiel lundi soir en Floride, Barack Obama a ironisé sur les compétences d'un autre âge de son adversaire républicain Mitt Romney en matière d'armement.
Interrogé sur les questions de défense, Mitt Romney a pris l'exemple de l'état de l'US Navy pour justifier les 2.000 milliards de dollars de plus qu'il entend allouer sur 10 ans à l'armée américaine.
"Notre marine n'a jamais été aussi réduite depuis 1917. Elle dit qu'elle veut 313 navires pour mener ses missions. Nous en sommes à 285", a plaidé M. Romney, pour qui c'est "inacceptable".
"Je crois que le gouverneur Romney n'a peut-être pas passé assez de temps à regarder comment nos forces armées fonctionnent. Vous avez mentionné la Navy et le nombre inférieur de navires par rapport à 1916. Eh bien, gouverneur, nous avons également moins de chevaux et de baïonnettes parce que notre armée a changé", a rétorqué d'un ton moqueur Barack Obama.
Rire général dans la salle. Explosion de tweets sur la toile: "Le plan de Romney pour l'armée date de 1917, tout comme son plan pour l'énergie, tout comme ses opinions sur les droits des femmes", a par exemple ironisé un certain Eche Madubuike.
Les montages de photos humoristiques se sont immédiatement échangés sur Tumblr.com comme celle montrant Barack Obama et Joe Biden parlant gravement: "l'Iran a peut-être la bombe nucléaire. Avons-nous assez de chevaux et de baïonnettes?". Ou encore: "Restons calmes. Réparons les baïonnettes".
Sur Facebook, une toute nouvelle page a été créée pour l'occasion recevant 3.500 approbations peu après son lancement. On y voit Mitt Romney en costume militaire de la cavalerie de la guerre d'indépendance légendée ainsi: "Je soutiens Mitt Romney. Nous devons acheter plus de chevaux et de baïonnettes pour renforcer notre armée".
Selon "topsy", le moteur de recherche sur le site de microblogs Twitter, cette sortie du président a entraîné un pic dans le nombre de tweets. "Culotté", "Obama a de l'humour ce soir", "La pique d'Obama": le hashtag #horsesandbayonets est aussitôt devenu le "trending topic", le sujet du moment. Selon le journaliste Eric Weisbrod de CNN, 105.767 tweets ont été échangés toutes les minutes.
Jusqu'alors, #Romneynotready (Romney n'est pas prêt, ndlr) arrivait en tête des expressions les plus utilisées sur Twitter aux Etats-Unis pendant le débat.
Un million de tweets ont été échangés lors de la première demi-heure du débat mais après la sortie d'Obama, le nombre atteint bientôt 6,5 millions, selon Twitter.
Les soutiens de Mitt Romney ont riposté, certains rappelant que les Marines sont toujours équipés de baïonnettes.
A chaque débat présidentiel, son slogan sur Twitter. Ainsi #BigBird, en référence à l'oiseau de 1, rue Sésame, une émission de la télévision publique à qui Mitt Romney s'est dit prêt à couper les vivres, avait fait un carton lors du premier débat, le 3 octobre. Lors du deuxième débat, le 16 octobre, #bindersfullofwomen (classeurs pleins de femmes) avait aussi fait les délices de la twittosphère.
Obama, offensif, dépeint un Romney incompétent en politique étrangère
| Par Tangi QUEMENER
Barack Obama et Mitt Romney, le 23 octobre 2012 à Boca Raton en Floride, à l'issue de leur dernier débat télévisé POOL/AFP
"A chaque fois que vous avez exprimé une opinion, vous avez eu tort", a lancé le président sortant lors d'un face-à-face vif, parfois tendu, au cours duquel il n'a pas lâché son adversaire des yeux.
"Vous avez dit que nous aurions dû aller en Irak bien qu'il n'y ait pas d'armes de destruction massive. Vous avez dit que nous devrions toujours avoir des soldats en Irak", a ajouté M. Obama, qui vante lors de sa campagne sa promesse tenue d'un retrait de ce pays fin 2011.
Cette stratégie offensive de M. Obama semble avoir payé, à en croire des sondages instantanés. Pour 53% des personnes "indécises" interrogées par CBS, le président est sorti vainqueur de l'affrontement (23% à M. Romney). L'institut PPP a relevé 52% en faveur de M. Obama, également chez les indécis (42% au républicain), tandis que les électeurs sondés par CNN donnaient une légère avance au sortant (48%-40%).
© POOL/AFP
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Souvent, les deux candidats ont trouvé des points d'accord comme lorsqu'ils se sont érigés en défenseurs d'Israël et ont mis en garde l'Iran au sujet de son programme nucléaire. L'Europe n'a en revanche jamais été abordée, et l'Afrique à peine, lors de ce débat de 90 minutes.
"En tombant d'accord (avec Obama) sur des points importants de politique étrangère, Romney a joué le prudence ce soir et a essayé de déplacer la conversation vers des sujets économiques sur lesquels il pense être plus fort", a estimé Dotty Lynch, professeur de communication à l'American University (Washington DC).
MM. Obama et Romney sont au coude-à-coude dans la plupart des sondages nationaux même si le dirigeant sortant conserve une avance dans plusieurs Etats où M. Romney doit triompher s'il veut espérer s'installer à la Maison Blanche. Cette avance s'est toutefois réduite ces derniers jours, augurant d'une fin de campagne acharnée.
© AFP
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"Moins de chevaux et de baïonettes"
Le président a en outre mis les rieurs de son côté en répliquant aux reproches de M. Romney sur la baisse du nombre de bâtiments de la marine. Les Etats-Unis ont aussi "moins de chevaux et de baïonettes", s'est-il écrié pour illustrer l'évolution des priorités militaires.
De son côté, M. Romney a émis des doutes sur la stratégie de M. Obama. "Je le félicite pour avoir éliminé Oussama ben Laden et avoir combattu la direction d'Al-Qaïda. Mais ce n'est pas seulement en tuant qu'on s'en sortira", a-t-il affirmé.
Il a aussi repris sa diatribe sur la "faiblesse" de M. Obama à l'étranger, en particulier face à l'Iran. "Nous devons soutenir nos alliés. Je pense que les tensions entre Israël et les Etats-Unis sont très regrettables", a-t-il lancé.
© AFP
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"Les Etats-Unis ont vu leur commandant en chef, et quelqu'un qui n'est pas prêt à être commandant en chef", a commenté après le débat le directeur de la campagne de M. Obama, Jim Messina.
Les républicains ont pour leur part assuré que la soirée avait renforcé la stature présidentielle de leur champion. Marco Rubio, sénateur de Floride, a accusé M. Obama d'être "apparu petit et mesquin, en particulier sur de grands dossiers".
Les deux hommes débattaient lundi soir pour la dernière fois de ce cycle électoral à l'université Lynn de Boca Raton à 75 km au nord de Miami en Floride (sud-est).
Tous deux reprendront mardi matin leur campagne. Le président a notamment prévu de se rendre dans six Etats entre mardi et jeudi, de la Floride à l'Ohio en passant par le Colorado, le Nevada, la Virginie et l'Illinois où il votera en avance jeudi.
Mitt Romney se rend dans le Nevada et le Colorado mardi, et l'Iowa mercredi.
Hongrie: manifestations géantes attendues à Budapest pour et contre le Premier mnistre
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le 2 octobre 2012 à Pilisszentkereszt, dans le nord de la Hongrie (Photo Attila Kisbenedek. AFP)
Les deux camps espèrent rassembler à Budapest environ 100.000 personnes chacun en ce jour qui commémore l'anniversaire du soulèvement hongrois contre le régime communiste en 1956, réprimé dans le sang par Moscou.
La journée est marquée par le retour sur la scène politique de l'ancien Premier ministre Gordon Bajnai (sans étiquette), considéré comme un rival sérieux à Viktor Orban pour les élections législatives de 2014.
Gordon Bajnai, 44 ans, a dirigé le pays brièvement entre 2009 et 2010. Il a appliqué avec succès les mesures d'austérité imposées par le Fonds monétaire international (FMI) en l'échange d'un prêt de 20 milliards d'euros qui avait permis à la Hongrie d'échapper à la faillite.
Il prendra la parole lors de la manifestation dans l'après-midi de l'association "Milla" ("Un million pour la liberté de la presse"), qui a dans le passé plusieurs fois mobilisé des dizaines de milliers de personnes contre la politique d'Orban.
Les observateurs politiques s'attendent à ce qu'il appelle les forces de l'opposition à s'unir et critique sévèrement la nouvelle loi électorale, jugée favorable au pouvoir en place.
Les socialistes n'organisent pas d'événement séparé et ont demandé à leurs partisans à se joindre au rassemblement de "Milla".
Le parti de droite au pouvoir Fidesz n'organise pas non plus, du moins officiellement, de manifestation pour son chef, mais ses sympathisants sont invités à se joindre au "Békemenet" ("Marche de la paix"), financée par des hommes d'affaires et des journalistes proches du pouvoir.
Pour s'assurer que les rangs sont bien remplis, ils feront de nouveau venir des participants par cars entiers des quatre coins du pays, ainsi que d'Etats voisins où vit une minorité hongroise importante comme la Slovaquie ou la Roumanie.
Après son élection triomphale en 2010, qui lui a permis d'obtenir une majorité des deux tiers au parlement, l'étoile de Viktor Orban, 49 ans, s'est nettement ternie au fur et à mesure que les conditions économiques se sont détériorées.
Il a beau accuser la zone euro, le FMI ou le précédent gouvernement socialiste d'être responsable de tous les maux du pays, le message passe de moins en moins bien.
Les socialistes ont ainsi remporté deux élections locales partielles au cours du dernier mois. Et selon le dernier sondage de l'institut Sonda-Ipsos, le Fidesz mène certes toujours avec 20% d'intentions de vote, mais les socialistes se rapprochent avec 16%, leur meilleur score depuis l'arrivée au pouvoir de Viktor Orban
L'émir du Qatar à Gaza pour "briser le blocus"
"Briser le blocus et reconstruire", titre le journal de Doha en une, sur fond d'une immense photo de l'émir du Qatar. Cheikh Hamad bin Khalifa Al-Thani doit se rendre le 23 octobre dans la bande de Gaza, pour la première visite d'un chef d'Etat étranger dans ce Territoire palestinien depuis l'accession au pouvoir du Hamas en 2007. Il devra lancer des projets de reconstruction pour près de 200 millions d'euros. Le Qatar entretient des liens étroits avec les Frères musulmans dont est issu le Hamas, tout en poursuivant une politique d'ouverture vis-à-vis d'Israël.
INSURRECTION
Des assurances auto plus chères pour les chômeurs
Le magazine Auto Plus a fait un comparatif auprès des principales compagnies. Verdict sans appel : 11 (sur 27) font payer des primes plus élevées pour les chômeurs, jusqu'à 36% de plus. La pratique étonne - c'est un euphémisme - les associations de consommateurs.
Les assurances auto plus chères pour les chômeurs ? © Fotolia.com Delphimages
Jusqu'à 33% plus cher pour une assurance tous risques, 36% pour une assurance au tiers : à lire le comparatif que publie le magazine Auto Plus, il y a de quoi être étonné. Le magazine, lui, parle de "scandale" et de "racket organisé".
Il a donc comparé les tarifs d'assurance auto de 27 compagnies présentes uniquement sur Internet - ce sera le seul bémol de la démonstration. Avec, pour chacune, une simulation de tarif pour un salarié et un chômeur. Résultat : 11 compagnies font payer plus cher les chômeurs. Pourquoi ? Mystère... Le seul risque serait que le chômeur ne paie pas ses primes - son comportement n'est pas plus accidentogène que celui d'un salarié.Bref, l'association de défense de consommateurs CLCV demande un peu plus de transparence dans la jungle des tarifs.
Jean-Marc Ayrault à Singapour : Quand le Petit Journal pipote pour produire des images
Ce pourrait être anecdotique mais c'est de la désinformation.
Ce pourrait n'être pas bien grave si cela révélait un probléme: le Petit Journal de Canal Plus, depuis qu'il est passé à un format plus long, nécessite une production d'images plus grandes pour nourrir l'émission et cette production se fait parfois au détriment des faits. On monte en épingle de l'anecdotique, on fait mousser du peu important, du bout de phrase ou quelques secondes de begaiement sur une tribune. Pas grave, c'est au téléspectateur et à la chaine de juger si le divertissement en vaut la chandelle.
Plus problématique est, quand en manque d'images et de contenus pour remplir le Petit Journal, l'équipe qui en a la responsabilité fabrique de toutes piéces une fausse information.
Avantage: cela permet de remplir alors, en plus de l'émission de canal plus en contenu, un autre média, Arrêt sur Images, qui signale réguliérement les petits pipotages de l'équipe de Yann Barthès. Mais cela empêche de faire sens.
Quelque chose qui a du échapper d'ailleurs hier justement à nombre d'observateurs, y compris d'Arrêt sur Images ou d'Acrimed pourtant vigilants, c'est le bidouillage du reportage sur le discours de Jean-Marc Ayrault à Singapour dans l'édition d'hier.
Le Petit Journal par son montage, tentait de faire croire que le discours du Premier Ministre ce jour-là n'était qu'un simple copier-collé du Président de la République quelques temps plutôt et qu'ils avaient décrypté l'horrible supercherie.
Le probléme, lorsque l'on voit le discours de Jean-Marc Ayrault, et qui a été coupé au montage par l'équipe de Yann Barthès, c'est que justement le passage en question est une citation du Président de la République et présenté ouvertement comme tel:
"Comme l’a souligné en août dernier notre président de la République, monsieur François Hollande devant la conférence annuelle des Ambassadeurs de France, de nouvelles puissances s’affirment, mais sont réticentes à exercer pleinement les responsabilités associées au statut qu’elles revendiquent. Les anciens blocs ont disparu. Mais de nouveaux ensembles se cherchent, des menaces existent, parfois même elles s’accumulent en se jouant des frontières, que la mondialisation contribue à effacer. Je pense bien sûr au terrorisme, je pense à tous les trafics, y compris les trafics humains ; je pense aux grandes pandémies, mais aussi au détournement des nouvelles technologies de l’information."
Vidéo : http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/discours-du-premier-ministre-a-la-lee-kwan-yew-school-of-public-policy-de-singapour
Voilà, le Petit Journal reprend un paragraphe parmi 30 en coupant volontairement la phrase indiquant qu'il s'agit d'une citation.
Ce n'est pas dramatique mais c'est malhonnête. La fabrique du volume d'images nécessaires chaque soir semble se faire à ce prix...
Ce pourrait n'être pas bien grave si cela révélait un probléme: le Petit Journal de Canal Plus, depuis qu'il est passé à un format plus long, nécessite une production d'images plus grandes pour nourrir l'émission et cette production se fait parfois au détriment des faits. On monte en épingle de l'anecdotique, on fait mousser du peu important, du bout de phrase ou quelques secondes de begaiement sur une tribune. Pas grave, c'est au téléspectateur et à la chaine de juger si le divertissement en vaut la chandelle.
Plus problématique est, quand en manque d'images et de contenus pour remplir le Petit Journal, l'équipe qui en a la responsabilité fabrique de toutes piéces une fausse information.
Avantage: cela permet de remplir alors, en plus de l'émission de canal plus en contenu, un autre média, Arrêt sur Images, qui signale réguliérement les petits pipotages de l'équipe de Yann Barthès. Mais cela empêche de faire sens.
Quelque chose qui a du échapper d'ailleurs hier justement à nombre d'observateurs, y compris d'Arrêt sur Images ou d'Acrimed pourtant vigilants, c'est le bidouillage du reportage sur le discours de Jean-Marc Ayrault à Singapour dans l'édition d'hier.
Le Petit Journal par son montage, tentait de faire croire que le discours du Premier Ministre ce jour-là n'était qu'un simple copier-collé du Président de la République quelques temps plutôt et qu'ils avaient décrypté l'horrible supercherie.
Le probléme, lorsque l'on voit le discours de Jean-Marc Ayrault, et qui a été coupé au montage par l'équipe de Yann Barthès, c'est que justement le passage en question est une citation du Président de la République et présenté ouvertement comme tel:
"Comme l’a souligné en août dernier notre président de la République, monsieur François Hollande devant la conférence annuelle des Ambassadeurs de France, de nouvelles puissances s’affirment, mais sont réticentes à exercer pleinement les responsabilités associées au statut qu’elles revendiquent. Les anciens blocs ont disparu. Mais de nouveaux ensembles se cherchent, des menaces existent, parfois même elles s’accumulent en se jouant des frontières, que la mondialisation contribue à effacer. Je pense bien sûr au terrorisme, je pense à tous les trafics, y compris les trafics humains ; je pense aux grandes pandémies, mais aussi au détournement des nouvelles technologies de l’information."
Vidéo : http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/discours-du-premier-ministre-a-la-lee-kwan-yew-school-of-public-policy-de-singapour
Voilà, le Petit Journal reprend un paragraphe parmi 30 en coupant volontairement la phrase indiquant qu'il s'agit d'une citation.
Ce n'est pas dramatique mais c'est malhonnête. La fabrique du volume d'images nécessaires chaque soir semble se faire à ce prix...
LES PÔVRES !!!!!!!!!!!!!!
OU ALORS ACTION DE "DISCRIMINONS LES CONS"
Copé dénonce le rejet dont seraient victimes des militants UMP
Le Monde.fr
Après avoir assuré qu'un "racisme anti-Blancs" sévit dans certains quartiers difficiles, Jean-François Copé dénonce désormais le rejet dont seraient victimes des militants UMP.
Devant un millier de militants réunis lors d'un meeting, lundi 22 octobre, à Marseille, le secrétaire général du parti s'est fait l'écho de quatre scènes lors desquelles des personnes de droite auraient été stigmatisées à cause de leurs convictions politiques.
Sous les applaudissements d'une salle acquise à sa cause, M. Copé a égrené les exemples, rapporte le site de France Info : "Professeur UMP dans une salle des profs d'un collège. Le voisin d'un militant UMP : 'Ah mais vous étiez UMP ? Je suis très déçu !'. Militant UMP sur un marché, pris à partie par une poignée de militants socialistes dans une ville de gauche. Enfant de militant UMP dans un collège : 'Je te parle pas, tes parents sont à droite'."
"C'EST PLUS À LA MODE D'ÊTRE DE GAUCHE"
À trois jours du débat qui l'opposera à son rival François Fillon pour la présidence de l'UMP, le maire de Meaux (Seine-et-Marne) a également défendu à la tribune sa conception d'une "droite clairement décomplexée". "Je suis trop dur, me dit-on. Surtout, sachez-le, je ne changerai rien", a-t-il lancé, abordant les thèmes du droit de vote des étrangers, du communautarisme ou du mariage homosexuel.
Pour séduire les adhérents UMP qui voteront au congrès, le 18 novembre, M. Copé a adopté un ton droitier lors de cette campagne, estimant que ses propos clivants ne sont condamnés que par "la gauche bien-pensante".
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Lundi soir, il a de nouveau évoqué le "racisme anti-Blancs", expression qui avait fait polémique, assurant qu'"il y a des quartiers où il ne fait pas bon être une femme ou être blanc". Les Bouches-du-Rhône constituent une terre accueillante pour M. Copé, qui bénéficie du soutien du maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et de nombreux élus locaux. Lundi, M. Gaudin et 250 élus du département ont d'ailleurs publié une tribune de soutien au maire de Meaux.
Interrogé sur les propos de M. Copé affirmant qu'il existerait une stigmatisation des militants UMP, l'ancien ministre Claude Guéant, qui soutient François Fillon, a estimé, mardi sur France Info, qu'"il y a une ambiance générale qui fait que c'est plus à la mode d'être de gauche que d'être de droite".
SOCIAL
Dépassements d'honoraires: pas d'accord en vue après une nuit de négociations
L'assurance maladie, les syndicats de médecins libéraux et les complémentaires santé ont discuté toute la nuit sur un texte visant notamment à faire baisser les dépassements pratiqués par quelque 30.000 médecins, principalement des spécialistes et sur le taux (150%) au-delà duquel ils sont considérés comme excessifs, selon le gouvernement.Vers 08H00 du matin plusieurs responsables syndicaux avaient déjà quitté les lieux sans avoir rien signé, dont Claude Leicher, président du syndicat de généralistes MG France, qui devait repartir en train dans la Drôme où il exerce.
Avant son départ, il a fait part à la presse de son mécontentement de ne pas avoir obtenu une revalorisation significative pour les médecins traitants (généralistes) qui pour la plupart n'effectuent pas de dépassements.
Bien que toujours présent, le Dr Christian Jeambrun, président du syndicat de médecins libéraux (SML) a affirmé qu'"il y a un consensus autour de la table pour ne pas signer" l'accord.
La ministre de la Santé Marisol Touraine a indiqué pour sa part vouloir "laisser le temps aux négociateurs", jugeant possible un "bon accord". "La discussion s'est engagée, je laisse le temps aux négociateurs de trouver un accord", a dit la ministre sur France 2.
"Je le dis, je crois que cet accord est possible mais pour autant, si tel n'était pas le cas, il faudrait en appeler à la loi", a-t-elle rappelé. Toutefois, a-t-elle ajouté, "je ne me situe pas ce matin dans cette perspective", "la loi est prête (...), mais je ne me situe pas dans cette perspective, je veux croire à la possibilité d'un accord".
Seniors cherchent trimestres à tout prix pour partir à la retraite
LE MONDE
Ils ont vite appris à faire la distinction. Si la nuance entre trimestres "validés" et trimestres "cotisés" pour la retraite échappe à la majorité des Français, eux savent parfaitement de quoi il s'agit. Pour les seniors au chômage qui ont témoigné sur Lemonde.fr, la différence est de taille : dans le décret sur le retour partiel à la retraite à 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans, qui doit entrer en vigueur le 1er novembre, seuls les trimestres travaillés, dits cotisés, compteront pour pouvoir partir plus tôt. Les validés, qu'ils accumulent pour certains depuis plusieurs années de chômage, ne serviront à rien, ont-ils découvert.
"On ne s'occupe jamais assez de sa retraite", s'excuse presque Dominique Wozniak, 173 trimestres validés, mais 165 cotisés, pour expliquer la situation dans laquelle il se trouve. Ce Lensois âgé de 59 ans avait besoin de quatre trimestres pour espérer pouvoir partir en retraite anticipée pour carrière longue, malgré plus de quarante-trois ans de vie professionnelle. Licencié en 2009, il n'avait pas prévu que la réforme des retraites de 2010 repousserait l'âge minimum légal pour partir. Pas prévu non plus qu'il serait si dur, à son âge, d'acquérir les trimestres manquants.
M. Wozniak dit avoir "dû faire des sacrifices". Fini les 3 000 euros bruts de salaire, il a "fait et refait son CV", notamment pour cacher son grade d'agent de maîtrise. Mais il estime pourtant avoir eu "de la chance" : en alignant les heures comme agent d'entretien dans une école lilloise, il espère pouvoir partir en retraite en 2013. Au rythme de 86 heures par mois, payées au smic, cotiser ses quatre trimestres lui aura pris dix mois. "Heureusement que j'ai réussi à trouver cet emploi l'année dernière avant de finir tous mes droits, se réjouit-il, il y a nettement moins d'offres cette année."
L'échéance tant redoutée, pour ces seniors, est bien celle de la fin de l'indemnisation. Les demandeurs d'emploi de plus de 50 ans bénéficient des allocations chômage pendant trois ans. Après, c'est – dans le meilleur des cas – l'allocation de solidarité spécifique (ASS), 470 euros par mois pour un célibataire, qui les attend. Or, les chiffres du chômage de septembre, qui seront publiés mercredi 24 octobre, risquent une nouvelle fois de confirmer la hausse du nombre de seniors inscrits à Pôle emploi.
"ENFUMAGE COMPLET"
Ces seniors sont donc souvent prêts à tout pour cotiser des trimestres, mais ils disent, pour la plupart, faire face aux réticences des employeurs potentiels. Licenciée fin novembre 2008, Maryse Vizioz, 59 ans, ancienne acheteuse dans une usine de caoutchouc, ne touche plus rien depuis avril. "Mon indemnité s'est arrêtée subitement, j'avais épuisé tous mes droits. Et comme mon mari touche une retraite tout juste supérieure aux plafonds de ressources, je n'ai même pas le droit à l'ASS", raconte cette Grenobloise.
Avec ses 156 trimestres cotisés, elle n'a aucun espoir de retrouver un travail qui lui permette de partir dans le cadre du dispositif carrières longues (applicable aux salariés ayant commencé à travailler à 17 ans ou avant). "Qui veut embaucher une personne de 59 ans ? J'ai postulé partout, sans succès", dit-elle.
Elle en veut beaucoup à François Hollande et "son enfumage complet" du retour de la retraite à 60 ans. Un geste a été fait pour les chômeurs : le décret prévoit que deux trimestres de chômage par carrière puissent être déclarés comme cotisés. Mais il en manque neuf à Mme Vizioz. "Je ne pourrai pas prendre ma retraite avant septembre 2014. D'ici là, je ne toucherai rien, c'est vraiment injuste : j'ai commencé à travailler à 17 ans !"
HEURES EN INTÉRIM
Ce sentiment d'injustice, Alain Casiez, 58 ans, au chômage depuis trois ans, le partage. "Dans deux mois, je ne serai plus indemnisé et je vais passer à l'ASS. Après avoir travaillé pendant trente-sept ans, je ne trouve pas normal qu'on me laisse dans la même situation que des chômeurs n'ayant pas assez travaillé", affirme cet ancien technicien d'entretien chez Saint-Gobain, qui a connu une rupture conventionnelle en 2009. Depuis, il aligne quelques heures en intérim, mais pas de quoi cotiser les neuf trimestres qui lui manquent.
"François Hollande a gardé tout au long de la campagne l'ambiguïté sur la façon dont il compterait les trimestres. J'étais pourtant allé à des débats où des membres de son équipe avaient dit que tous ceux ayant commencé jeunes pourraient partir à 60 ans", abonde Gérard Germond, ancien agent de maîtrise de 59 ans, au chômage depuis 2010, à qui il manque cinq trimestres pour partir. "Dans l'Allier, le seul travail que j'ai trouvé était d'aller distribuer [le quotidien] La Montagne entre 3 et 7 heures du matin pour 400 euros par mois. A mon âge, je ne me vois physiquement pas capable de faire ça", défend-il, se disant "même prêt à cotiser sur indemnités chômage s'il faut".
LA TENTATION DE TRICHER
Combien sont ces laissés-pour-compte qui se disent prêts à tout pour grappiller quelques trimestres ? Aucun chiffre officiel n'est disponible, dit-on au ministère des affaires sociales. Parmi le million de seniors inscrits à Pôle emploi, une majorité pointe depuis plus d'un an, et ils sont considérés à ce titre comme chômeurs de longue durée.
Acculés financièrement, plusieurs internautes du Monde.fr font part de leur tentation de tricher. "La directrice de l'agence Pôle emploi m'a dit que j'aurais dû me mettre en arrêt-maladie pour prolonger mon indemnisation chômage", témoigne l'une. "Je réfléchis à trouver quelqu'un qui puisse faussement m'employer tout en versant des cotisations que je lui rembourserai", écrit un autre.
Jean-Baptiste Chastand
DuPont va supprimer 1.500 postes dans le monde
Le groupe américain de chimie a révisé en forte baisse ses objectifs de résultats annuels pour 2012 et annoncé la suppression d'environ 1.500 postes, en dévoilant mardi un bénéfice net en chute libre au troisième trimestre.
Le groupe américain de chimie DuPont a annoncé ce mardi une baisse de ses résultats trimestriels, conséquence de la baisse de la demande pour plusieurs de ses principaux produits, ce qui le conduit à lancer un nouveau plan de restructuration incluant 1.500 suppressions de postes dans les douze à dix-huit prochains mois. Ce plan est destiné à réaliser environ 450 millions de dollars d'économies avant impôts, dont 300 millions dès 2013.
Le chimiste américain a révisé en très forte baisse ses prévisions de résultat annuel 2012. Son bénéfice net au troisième trimestre s'effondre à 10 millions de dollars, soit un cent par action, contre 452 millions de dollars (48 cents/action) un an avant sur la même période.
Son chiffre d'affaires a reculé de 9% à 7,4 milliards de dollars, contre 8,30 milliards de dollars un an plus tôt. Cette baisse s'explique notamment par la baisse de la demande de dioxyde de titane, un pigment employé dans la fabrication de peintures et revêtements, et de composants pour panneaux solaires.
Ellen Kullman, PDG de DuPont, évoque dans un communiqué, une demande plus faible que prévu sur certains marchés. Le groupe entend répondre à ces challenges et « se positionner pour une amélioration de la performance ». « Nous prenons aujourd'hui des mesures supplémentaires pour améliorer notre compétitivité, pour accélérer notre innovation guidée par le marché et notre croissance en fignolant notre organisation, en éliminant les coûts et en élargissant à nos activités quotidiennes notre recherche de productivité », a ajouté Ellen Kullman. « Nous continuons à avoir de bonnes performances dans de nombreux secteurs du groupe, et certaines activités ont de meilleurs résultats malgré la volatilité du marché », a-t-elle poursuivi.
Fin août, DuPont a cédé ses peintures auto à Carlyle pour 4,9 milliards de dollars. Avec cette opération, le groupe avait annoncé son intention « d'éliminer des coûts résiduels » par des mesures qui devaient être présentées en octobre. Des analystes y avait vu le spectre de suppressions de postes. Le chimiste cherche à accélèrer sa stratégie de recentrage vers des activités plus porteuses de croissance au sein du groupe.
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