POLITIQUE
Obama-Romney, la dernière ligne droite
Mitt Romney et Barack Obama, à l'issue du troisième et dernier débat de la campagne, le 22 octobre à Boca Raton en Floride. (Photo pool Michael Reynolds. Reuters)
Alors que l’élection du 6 novembre s’annonce serrée, «Libération» a suivi la route 95, sondant les Américains sur les enjeux de la campagne.
«Quatre ans de plus !» scandent les partisans de Barack Obama. «Plus que dix jours !» rétorquaient ce week-end ceux de Mitt Romney, qui ont entamé le compte à rebours jusqu’aux élections du 6 novembre. En réalité, le scrutin a même largement commencé : les bureaux de vote sont déjà ouverts dans de nombreux Etats où les deux camps encouragent leurs supporteurs à se rendre dès maintenant.
Leadership. A un peu plus d’une semaine du scrutin, ou surtout du décompte des votes, la course reste en effet particulièrement serrée. Au niveau national, le républicain Mitt Romney est donné légèrement favori : 48% des intentions de vote contre 47% pour le démocrate Barack Obama, au baromètre de RealClearPolitics qui agrège les derniers sondages. Mais au collège de grands électeurs - celui qui empochera plus de 270 voix l’emportera -, Obama conserve un net avantage : les récents calculs lui donnent entre 201 et 295 grands électeurs, contre 191 à 242 pour Romney.
Une nouvelle inconnue menace aussi la dernière ligne droite de cette campagne : l’ouragan Sandy, qui a déjà fait une soixantaine de morts dans les Caraïbes, devrait atteindre la côte Est des Etats-Unis dans la nuit de lundi à mardi. Les vents, pluies et inondations qui s’annoncent risquent de laisser de nouveau plusieurs millions d’Américains sans électricité pendant plusieurs jours. Par précaution, Obama et Romney ont déjà annulé plusieurs meetings de campagne.
Pour Barack Obama, qui devait passer ces derniers journées à sillonner les swing States, Sandy sera une toute dernière mise à l’épreuve de son leadership. Ce nouveau déchaînement des forces de la nature rappellera aussi fort à propos que les deux candidats ont soigneusement omis certains des sujets les plus importants du jour comme le changement climatique. Jusqu’au bout, cette campagne 2012 reste en effet caractérisée par les attaques personnelles, plus que par les visions d’avenir que pourraient proposer les deux hommes. Romney «n’est pas l’un d’entre nous», assène Obama, qui continue de dépeindre son adversaire en vautour de la finance et «candidat des riches». «C’est un type connu pour dire une chose et en faire une autre», martelait encore le Président à l’intention de son adversaire ce week-end dans le New Hampshire. Obama a «rétréci» ses grandes ambitions de 2008, il n’est plus que le candidat du «statu quo», se moquait en retour le républicain ce week-end. Par contraste, Romney souligne qu’il incarne maintenant «le changement» promis par Obama en 2008.
«réputation». Qu’un candidat aussi gaffeur que Mitt Romney, représentant un Parti républicain qui dérive de plus en plus vers l’extrémisme, fasse aujourd’hui presque jeu égal avec le président sortant dans les sondages, en dit long sur l’effilochement du phénomène Obama. «Obama n’est pas vraiment le candidat ou l’homme politique qu’il est censé être, soulignait un des éditorialistes du New York Times, Frank Bruni, hier. Il n’est qu’une fraction de sa réputation.» Même s’il est réélu le 6 novembre, le Président devra sans doute de nouveau affronter un Congrès hostile. Au Sénat, les démocrates ont encore de bonnes chances de conserver leur majorité, indiquent les derniers sondages. Mais les républicains devraient garder le contrôle de la Chambre des représentants qui leur a permis de paralyser la deuxième moitié de la présidence sortante. Quatre ans après les immenses espoirs soulevés par Obama, cette élection semble être celle de la division des Américains.
Etats-Unis: Sandy vole la vedette aux candidats et risque de compliquer l'élection
L'ouragan Sandy s'est invité dans la campagne présidentielle américaine à neuf jours du scrutin et risque d'affecter la participation dans les Etats de l'Est où le vote anticipé a débuté.
photo : Nicholas Kamm, AFP
"Nous voulons évidemment un accès sans entraves aux bureaux de vote parce que nous pensons que plus de gens iront voter, meilleur sera notre résultat", a déclaré un proche conseiller de Barack Obama, David Axelrod, dimanche sur la chaîne de télévision CNN.
"Et donc dans la mesure où (l'ouragan) complique les choses, c'est une source d'inquiétude", a-t-il ajouté.
Le gouverneur du Maryland (est), Martin O'Malley, a annoncé dimanche que le vote anticipé serait annulé lundi dans cet Etat en raison des conditions météorologiques.
En Caroline du Nord (est), qui se situe dans le sud de la zone où l'ouragan pourrait frapper, les deux comtés côtiers les plus exposés fermeront leurs bureaux lundi et le vote n'y sera donc pas possible.
Les opérations dans les bureaux de vote ont également commencé en Floride et à Washington samedi. Il permet aux électeurs de ne pas attendre le jour de l'élection pour déposer leur bulletin dans l'urne.
La Virginie, la Pennsylvanie (est) et le New Hampshire (nord-est), trois Etats très disputés et sur le trajet de Sandy, ne permettent pas le vote anticipé dans des bureaux de vote, mais il y est possible par correspondance sur justificatif. Des retards et incidents dans la distribution du courrier pourraient donc avoir un impact sur le scrutin.
L'approche de l'ouragan, qui devrait toucher les côtes tôt mardi matin, a détourné tous les regards aux Etats-Unis, reléguant la campagne électorale au second plan. Suivant la gravité des dégâts et des perturbations, il pourrait avoir un impact décisif dans la bataille très serrée que se livrent les deux candidats dans la dernière ligne droite avant l'élection du 6 novembre.
Il est particulièrement crucial pour les démocrates de mobiliser les partisans du président sortant alors que son rival républicain Mitt Romney le talonne dans les sondages.
A égalité dans l'Ohio
Un sondage publié dimanche réalisé dans l'Ohio (nord), l'un des deux Etats-clés les plus importants avec la Floride (sud-est), donne à Mitt Romney 49% des intentions de vote, à égalité avec Barack Obama, mais il a été réalisé avant le dernier débat, jugé réussi pour le président.
Mitt Romney a annulé ses réunions électorales en Virginie dimanche, pour se rendre finalement dans l'Ohio. Il restera lundi dans le Midwest, avec trois déplacements dans l'Ohio, l'Iowa (centre) et le Wisconsin, dans le nord à la frontière canadienne.
Barack Obama de son côté a annulé deux déplacements prévus lundi dans l'Ohio et la Virginie (est). Il a avancé à dimanche soir son départ pour la Floride (sud-est), où il tiendra une réunion électorale lundi matin avant de rentrer dans l'après-midi à la Maison Blanche.
Le président s'est rendu dimanche à l'agence nationale de gestion des crises (FEMA) et a appelé ses compatriotes à prendre "très au sérieux" le danger potentiel que représente l'arrivée prochaine de l'ouragan.
S'agissant des risques de participation plus faibles en raison de la tempête, le président a dit qu'il ne le prévoyait pas "à ce stade". "Mais manifestement il va falloir qu'on se penche là-dessus", a-t-il confié à des journalistes.
Pour le sénateur démocrate de Virginie, Mark Warner, s'exprimant sur la chaîne de télévision Fox News, il ne fait pas de doute que "la tempête va causer des dégâts au beau milieu de la course" à la Maison Blanche.
Mais les responsables de la campagne de Mitt Romney ne prévoyaient pas dimanche de bouleversement de la course à la Maison Blanche.
"Beaucoup de gens ont déjà reçu de nombreuses informations sur les deux candidats, nous pensons avoir bien réussi à diffuser notre message auprès des électeurs", a commenté dimanche Kevin Madden, proche conseiller du républicain, tout en notant qu'il ne voulait pas envenimer la situation en évoquant des considérations électorales.
Dimanche dans l'Ohio, le colistier de Mitt Romney, Paul Ryan, a appelé ses partisans à prier pour leurs concitoyens de la côte Est.
Les deux campagnes ont suspendu l'envoi de courriels de levée de fonds aux habitants des zones en danger.
L'engrenage des violences a repris en Syrie, Brahimi a de nouvelles "idées"
La Syrie était emportée dimanche dans une nouvelle spirale de violences avec des raids de l'armée de l'air et des attaques rebelles, enterrant définitivement la trêve espérée par le médiateur Lakhdar Brahimi qui se prépare à présenter de nouvelles "idées". (c) Afp
DAMAS (AFP) - La Syrie était emportée dimanche dans une nouvelle spirale de violences avec des raids de l'armée de l'air et des attaques rebelles, enterrant définitivement la trêve espérée par le médiateur Lakhdar Brahimi qui se prépare à présenter de nouvelles "idées".
Un raid aérien a notamment fait 18 morts, dont huit enfants, dans le nord-ouest du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a recensé plus de 350 tués depuis vendredi, jour où la trêve devait entrer en vigueur.
Après avoir fait 146 morts vendredi et 114 samedi, les violences ont tué dimanche au moins 99 personnes -30 civils, 35 soldats et 34 rebelles-, selon un bilan provisoire de l'OSDH, organisation basée au Royaume-Uni et s'appuyant sur un réseau de militants et de sources médicales dans les hôpitaux civils et militaires de Syrie.
M. Brahimi, qui avait oeuvré pour un cessez-le-feu pendant les quatre jours de la fête musulmane de l'Aïd Al-Adha de vendredi à lundi, doit revenir en novembre devant le Conseil de sécurité de l'ONU avec "quelques idées d'action" pour amener le président Bachar al-Assad et l'opposition à la table des négociations, ont affirmé à l'AFP des diplomates onusiens.
Mais ni le régime ni les rebelles ne semblent prêts à faire taire leurs armes, en dépit des 35.000 morts enregistrés en plus de 19 mois d'une révolte devenue conflit armé, selon l'OSDH.
L'armée a une nouvelle fois accusé dimanche les rebelles, qu'elle qualifie de "terroristes", d'être responsables de l'échec de la trêve proposée.
Evoquant "les violations insolentes du cessez-le-feu par les groupes terroristes", elle a souligné dans un communiqué qu'elle les "frappait d'une main de fer pour les éradiquer et sauver la nation".
L'opposition armée a qualifié de son côté l'initiative de M. Brahimi de "mort-née" en raison des bombardements incessants menés par le régime.
Selon un diplomate à l'ONU, "le processus politique ne débutera pas avant qu'Assad et l'opposition se soient tellement battus qu'ils n'aient plus d'autre choix. Ils n'en sont pas encore là, mais Brahimi a quelques idées".
"Accord a minima"
L'ambassadeur de la Ligue arabe en France Nassif Hitti a préconisé de son côté un "accord a minima" entre les grandes puissances, indispensable selon lui pour parvenir à résoudre la crise syrienne, en s'appuyant sur l'accord conclu à Genève le 30 juin qui prévoit la formation d'un gouvernement de transition.
Sur le terrain, l'armée, qui tente de reprendre des bastions rebelles, a mené un raid sur le village d'Al-Bara dans la province d'Idleb (nord-ouest), tuant au moins 18 personnes, dont huit enfants et cinq femmes, selon l'OSDH.
Dans la province de Damas, l'aviation a aussi lancé trois raids sur Erbine, Zamalka et Harasta, où sont retranchés de nombreux rebelles, a indiqué l'OSDH. De leur côté, les insurgés ont pris le contrôle de trois postes de l'armée à Douma, près de Damas, selon la même source.
A Damas, deux attentats à la voiture piégée ont été commis l'un dans le quartier de Barzé (nord-est) et l'autre dans la banlieue sud-est de la capitale à Sbeineh, selon l'OSDH qui a fait état de 15 blessés pour le premier.
Dans le nord-ouest du pays, les rebelles ont détruit un char et tué trois soldats lors de combats à l'entrée de Maaret al-Noomane, ville stratégique qu'ils contrôlent depuis début octobre mais que l'aviation continue de bombarder.
A Alep, des combats ont eu lieu entre l'armée et des factions islamistes de la rébellion comme les "Bataillons de l'islam" ou l'influent Front al-Nosra, qui a revendiqué de multiples attentats suicide depuis le début de la révolte, selon l'OSDH.
Ces groupes, qui ne relèvent pas directement de l'Armée syrienne libre (ASL), sont souvent les mieux organisés et les mieux armés.
Le Front al-Nosra, qui avait à l'avance refusé la trêve, a rejeté dans un communiqué toute responsabilité dans l'attentat qui a fait au moins huit morts vendredi à Bagdad et accusé le régime de cette attaque "méprisable et obscène".
Manifestation à La Mecque
A La Mecque, où des millions de pèlerins effectuaient dimanche les derniers rites du hajj, des milliers de Syriens brandissaient le drapeau de la révolution et scandaient des slogans hostiles au régime, selon une journaliste de l'AFP.
La Syrie n'a pas envoyé de ressortissants cette année à La Mecque faute d'accord avec Ryad, mais l'Arabie saoudite a accordé 10.000 visas de hajj aux réfugiés syriens au Liban, en Turquie et en Jordanie.
"Que Bachar connaisse le même sort que (Mouammar) Kadhafi", ont scandé les fidèles, en référence au dirigeant libyen mort après avoir lutté des mois contre une rébellion armée l'an dernier.
Un raid aérien a notamment fait 18 morts, dont huit enfants, dans le nord-ouest du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a recensé plus de 350 tués depuis vendredi, jour où la trêve devait entrer en vigueur.
Après avoir fait 146 morts vendredi et 114 samedi, les violences ont tué dimanche au moins 99 personnes -30 civils, 35 soldats et 34 rebelles-, selon un bilan provisoire de l'OSDH, organisation basée au Royaume-Uni et s'appuyant sur un réseau de militants et de sources médicales dans les hôpitaux civils et militaires de Syrie.
M. Brahimi, qui avait oeuvré pour un cessez-le-feu pendant les quatre jours de la fête musulmane de l'Aïd Al-Adha de vendredi à lundi, doit revenir en novembre devant le Conseil de sécurité de l'ONU avec "quelques idées d'action" pour amener le président Bachar al-Assad et l'opposition à la table des négociations, ont affirmé à l'AFP des diplomates onusiens.
Mais ni le régime ni les rebelles ne semblent prêts à faire taire leurs armes, en dépit des 35.000 morts enregistrés en plus de 19 mois d'une révolte devenue conflit armé, selon l'OSDH.
L'armée a une nouvelle fois accusé dimanche les rebelles, qu'elle qualifie de "terroristes", d'être responsables de l'échec de la trêve proposée.
Evoquant "les violations insolentes du cessez-le-feu par les groupes terroristes", elle a souligné dans un communiqué qu'elle les "frappait d'une main de fer pour les éradiquer et sauver la nation".
L'opposition armée a qualifié de son côté l'initiative de M. Brahimi de "mort-née" en raison des bombardements incessants menés par le régime.
Selon un diplomate à l'ONU, "le processus politique ne débutera pas avant qu'Assad et l'opposition se soient tellement battus qu'ils n'aient plus d'autre choix. Ils n'en sont pas encore là, mais Brahimi a quelques idées".
"Accord a minima"
L'ambassadeur de la Ligue arabe en France Nassif Hitti a préconisé de son côté un "accord a minima" entre les grandes puissances, indispensable selon lui pour parvenir à résoudre la crise syrienne, en s'appuyant sur l'accord conclu à Genève le 30 juin qui prévoit la formation d'un gouvernement de transition.
Sur le terrain, l'armée, qui tente de reprendre des bastions rebelles, a mené un raid sur le village d'Al-Bara dans la province d'Idleb (nord-ouest), tuant au moins 18 personnes, dont huit enfants et cinq femmes, selon l'OSDH.
Dans la province de Damas, l'aviation a aussi lancé trois raids sur Erbine, Zamalka et Harasta, où sont retranchés de nombreux rebelles, a indiqué l'OSDH. De leur côté, les insurgés ont pris le contrôle de trois postes de l'armée à Douma, près de Damas, selon la même source.
A Damas, deux attentats à la voiture piégée ont été commis l'un dans le quartier de Barzé (nord-est) et l'autre dans la banlieue sud-est de la capitale à Sbeineh, selon l'OSDH qui a fait état de 15 blessés pour le premier.
Dans le nord-ouest du pays, les rebelles ont détruit un char et tué trois soldats lors de combats à l'entrée de Maaret al-Noomane, ville stratégique qu'ils contrôlent depuis début octobre mais que l'aviation continue de bombarder.
A Alep, des combats ont eu lieu entre l'armée et des factions islamistes de la rébellion comme les "Bataillons de l'islam" ou l'influent Front al-Nosra, qui a revendiqué de multiples attentats suicide depuis le début de la révolte, selon l'OSDH.
Ces groupes, qui ne relèvent pas directement de l'Armée syrienne libre (ASL), sont souvent les mieux organisés et les mieux armés.
Le Front al-Nosra, qui avait à l'avance refusé la trêve, a rejeté dans un communiqué toute responsabilité dans l'attentat qui a fait au moins huit morts vendredi à Bagdad et accusé le régime de cette attaque "méprisable et obscène".
Manifestation à La Mecque
A La Mecque, où des millions de pèlerins effectuaient dimanche les derniers rites du hajj, des milliers de Syriens brandissaient le drapeau de la révolution et scandaient des slogans hostiles au régime, selon une journaliste de l'AFP.
La Syrie n'a pas envoyé de ressortissants cette année à La Mecque faute d'accord avec Ryad, mais l'Arabie saoudite a accordé 10.000 visas de hajj aux réfugiés syriens au Liban, en Turquie et en Jordanie.
"Que Bachar connaisse le même sort que (Mouammar) Kadhafi", ont scandé les fidèles, en référence au dirigeant libyen mort après avoir lutté des mois contre une rébellion armée l'an dernier.
L'Etat japonais au bord de la paralysie
C'est le Premier ministre japonais qui le dit : faute de financement l'Etat pourrait cesser de fonctionner rapidement. Le Parti libéral-démocrate, qui demande des élections anticipées, empêche l'adoption d'une loi autorisant le gouvernement à émettre des obligations.
L'heure est grave. Le Premier ministre japonais, Yoshihiko Noda (photo), a prévenu lundi que l'Etat pourrait cesser de fonctionner rapidement faute de financement, à cause d'un blocage politique qui empêche l'adoption d'une loi autorisant le gouvernement à émettre des obligations. « Si la situation continue, les services administratifs vont se retrouver à l'arrêt, ce qui pèsera sur la vie quotidienne des gens et entravera la reprise économique », a déclaré M. Noda devant la chambre des députés.
Une loi purement technique qui doit permettre au gouvernement de centre gauche d'émettre des obligations est actuellement bloquée au Sénat, à cause de l'opposition du principal mouvement de droite, le Parti libéral-démocrate (PLD), qui exige de M. Noda la dissolution de la chambre des députés et l'organisation d'élections législatives.
L'émission de nouvelles obligations d'Etat doit couvrir environ 40% du budget d'avril 2012 à mars 2013. Conséquence du blocage, des dépenses gouvernementales, notamment au profit des collectivités locales, ont déjà dû être différées. « Allons-nous retourner à nos futiles querelles politiciennes (...) ou allons-nous nous concentrer sur le fond des débats ? Le test ultime réside dans l'adoption de la loi spéciale sur l'émission d'obligations », a souligné M. Noda devant les députés à l'ouverture d'une session extraordinaire d'un mois du Parlement. Il en a appelé à « des discussions franches entre la majorité et l'opposition » et à « cesser d'utiliser la loi d'émission des obligations comme carte politique ».
Paralysie
Le Parti démocrate du Japon (PDJ, centre gauche) de M. Noda est majoritaire à la chambre des députés mais minoritaire au Sénat, or, l'accord de ce dernier est nécessaire pour adopter de cette loi budgétaire. Début août, M. Noda avait promis au PLD de dissoudre la chambre des députés « dans un proche avenir », en échange de son soutien au passage d'une loi d'augmentation de la taxe sur la consommation.
La signification concrète de ce « proche avenir » est au coeur de la paralysie actuelle du système politique. Les élections législatives doivent être organisées au plus tard à l'été 2013 mais la droite voudrait un scrutin anticipé au plus tôt afin de bénéficier dans les urnes de l'impopularité actuelle de l'exécutif.
SOURCE AFP
ECONOMIE
Derniers chiffres de l'OCDE via LeParisien, la France travaille plus d'heures (1476/1413) et est plus productive (45,4/42,2) qu'Allemagne
Vers le retour de Réseau ferré de France dans le giron de la SNCF
La réforme est sur les rails. Selon le Figaro, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, doit annoncer ce mardi la reprise de RFF, le gestionnaire du réseau ferroviaire français, par la SNCF.
RFF est chargé de la maintenance des 30.000 km de lignes © Maxppp
Alors que Frédéric Cuvillier doit présenter mardi sa réforme du système ferroviaire français, Le Figaro annonce dans son édition du jour la mesure phare de cette réforme : la SNCF devrait reprendre le contrôle de RFF, le gestionnaire des infrastructures, géré de manière indépendante depuis sa création en 1977. Une reprise sur le modèle du secteur de l'électricité, explique le quotidien. RTE qui gère le réseau électrique français est une filiale de EDF SA, la maison mère.
Ce chantier a pour objectif de rationnaliser le rail français. Jusqu'à présent, le fonctionnement était "ubuesque", décrit Le Figaro. Car c'est la branche SNCF Infra, composée de salariés de la SNCF, qui conçoit les horaires (revoir notre reportage sur les horairistes), régule la circulation et modernise les voies... pour le compte de RFF.
"Les visées hégémoniques de la SNCF"
Le retour de Réseau ferré de France sous l'aile de la SNCF pose néanmoins quelques questions - quid des dettes de RFF estimées à 30 milliards d'euros - et suscite quelques crispations - il y a quelques jours, une quarantaine de cadres de RFF dénonçaient "les visées hégémoniques de la SNCF". Réseau ferré de France gère les 30.000 km de voies ferrées. Il est chargé de leur entretien, de leur développement et de leur cohérence.
L'État conforte la SNCF dans sa réforme du rail
Par Valérie Collet
Le président de la SNCF, Guillaume Pepy (à gauche), et son homologue de RFF, Hubert du Mesnil, en décembre dernier, à Paris, lors des Assises du ferroviaire. Crédits photo : Christophe Morin /IP3 PRESS/MAXPPP
Le gouvernement va s'inspirer du secteur de l'électricité pour réorganiser les chemins de fer français. RFF sera réintégré dans le giron de la SNCF.
Guillaume Pepy a remporté la bataille du rail. Demain mardi, jour de la présentation de la réforme ferroviaire, il va la célébrer avec fair-play pour effacer les traces du rouleau compresseur qu'il a passé pendant des mois sur ses opposants, Hubert du Mesnil, le président de RFF (Réseaux ferrés de France) en tête mais aussi Pierre Cardo, le président de l'Araf, l'Autorité de régulation des activités ferroviaires.
Quatre mois avant la fin de son mandat à la tête du groupe SNCF, le dirigeant peut se féliciter d'avoir convaincu les membres du gouvernement que son groupe était le mieux placé pour reprendre sous son aile le gestionnaire d'infrastructures, RFF, géré de manière indépendante depuis sa création, en 1997.
Pendant des mois, les dirigeants de l'opérateur ferroviaire et ceux du gestionnaire du réseau se sont livrés à une bataille d'arguments sur la manière de rendre le système ferroviaire plus rationnel et plus vertueux. Guillaume Pepy a «labouré» son message auprès des médias, des parlementaires, des instances européennes. Il a même fini par agacer le nouveau ministre des Transports en lui glissant sa feuille de route sous le nez à son arrivée. Frédéric Cuvillier a déclaré en aparté que cette prochaine réforme ne serait pas la «réforme Pepy» mais un projet «à la française». Celui-ci sera pourtant assez proche du schéma de Guillaume Pepy.
Mardi, selon nos informations de source gouvernementale, le ministre des Transports va annoncer la réintégration de RFF dans un nouveau pôle public unifié dont l'organisation sera calquée sur celle mise en œuvre dans le secteur de l'électricité: EDF SA, la maison mère, possède une filiale, RTE, créée en 2005, qui gère le réseau de transport d'électricité de manière indépendante avec la bénédiction de Bruxelles. C'est aussi une SNCF SA qui pourrait chapeauter une filiale RFF qui réunira les effectifs de la branche infrastructure de la SNCF, ceux de la direction des circulations ferroviaires et ceux de RFF, soit près de 50.000 personnes.
«Gestionnaire d'infrastructure unifié»
Cet ensemble donnera tout son sens au concept de «gestionnaire d'infrastructure unifié» qui a fait consensus aussi bien à la SNCF que chez RFF. Jusqu'à présent, le fonctionnement du gestionnaire d'infrastructure était ubuesque: la direction des circulations ferroviaires composée de salariés de SNCF, mais gérée de façon indépendante, conçoit les horaires de train et régule leur circulation. Ce sont aussi les salariés de la branche infra de la SNCF qui réalisent les travaux de modernisation du réseau pour le compte de RFF. La rationalisation du système qui va mettre plusieurs mois, voire plusieurs années, à se mettre en place doit permettre de réaliser des millions d'euros d'économies.
Mais la réforme ne portera pas seulement sur le changement de gouvernance du rail français, il va aussi ouvrir le chantier d'une prochaine convention collective. Les partenaires sociaux vont enfin s'atteler à fixer les modalités de l'arrivée de la concurrence pour éviter des distorsions trop importantes des conditions de travail et de rémunération. La négociation pourrait durer d'un an et demi à deux ans.
Le statut, un sujet explosif
Le sujet est potentiellement explosif, mais la plupart des syndicats, pourtant peu favorables à l'ouverture au privé, ont compris qu'il fallait participer à la discussion plutôt que de laisser les concurrents fixer eux-mêmes leurs conditions.
La réforme qui va animer un débat parlementaire ces prochains mois est aussi suspendue au calendrier européen. La Commission va en effet examiner le «quatrième paquet ferroviaire», un ensemble de dispositions réglementaires européennes qui harmonisent les conditions de la libéralisation du rail. Ces prochains mois, Bruxelles va ainsi se prononcer sur la conformité du modèle de gouvernance «intégrée», choisi par la France, avec les règles européennes qui prônent une indépendance du gestionnaire d'infrastructures et de l'opérateur ferroviaire historique pour garantir une égalité de traitement à l'égard des concurrents. Mardi, le ministre des Transports va donc donner le coup d'envoi d'un gigantesque chantier.
Vers une TVA à 12% dans la restauration?
Demain, le député PS Thomas Thévenoud, rapporteur de la commission des Finances à l’Assemblée, proposera de relever à12% le taux de TVA dans les restaurants et fast-foods. La profession organise déjà la riposte.
PARIS (Xe). Un rapport parlementaire démontre que l’abaissement du taux de TVA dans le domaine de la restauration, décidé en juillet 2009 par le gouvernement Fillon, n’a pas entraîné autant de créations d’emplois qu’espéré.
| (LP/OLIVIER CORSAN.)
Avant même la publication, le 5 novembre, du rapport Gallois sur la compétitivité, un autre rapport risque de faire du bruit cette semaine : au beau milieu de la concertation menée par la ministre du Commerce, Sylvia Pinel, avec les professionnels du secteur, un rapport parlementaire proposera dès demain, selon nos informations, de relever à 11, voire 12% la TVA dans la restauration.
Député PS de Saône-et-Loire et rapporteur spécial de la commission des Finances pour le commerce et l’artisanat, l’auteur de cette étude, Thomas Thévenoud, tire en effet à boulets rouges sur l’abaissement du taux de TVA de 19,6% à 5,5%, qui avait été décidé en juillet 2009 par le gouvernement Fillon. Promise dès 1995 par Jacques Chirac, cette mesure n’avait été avalisée que par Nicolas Sarkozy, contre l’avis, notamment, de la Commission européenne.
En échange de ce grand coup de rabot fiscal, les restaurateurs s’étaient alors engagés à baisser leurs prix de 9%, mais aussi à créer 40000 emplois en trois ans (20 000 salariés plus 20 000 apprentis). Or, pour le rapporteur PS, le compte n’y est pas : « Les engagements n’ont pas été tenus. » Non seulement, calcule-t-il, les restaurateurs n’ont baissé leurs prix que de 2,5% (bien loin des 9%, donc) mais, dans ce secteur qui crée 15000 emplois net chaque année depuis quinze ans, « seuls 5 000 emplois supplémentaires ont été créés par an entre 2009 et 2011 ». Chaque nouvel emploi a été subventionné à hauteur de 150 000 €, pointe par ailleurs le rapport, dont la conclusion est sans appel : cette mesure « a coûté très cher aux finances publiques, sans être intégralement affectée aux baisses de prix ». « Ce n’est pas aux contribuables de financer la rénovation des restaurants, la création de terrasses fumeurs ou encore la décoration des McDo », fustige Thomas Thévenoud.
La mesure rapporterait 1,5 Md€
Alors que cette réduction du taux de TVA a coûté 3,2 Mds€ par an de 2009 à 2011, avant d’être relevé à 7% en janvier 2012, le député propose d’aller plus loin, en instaurant un taux intermédiaire de 11%, voire 12%. Pour éviter les distorsions de concurrence, il recommande par ailleurs qu’un même taux s’applique aux restaurants classiques et à la restauration rapide. Ce relèvement de la TVA s’accompagnerait d’un plan de qualité de la restauration (PQR), soutenu par l’Etat.
En cette période de disette budgétaire, la mesure, qui rapporterait 1,5 Md€ par an à l’Etat, est évidemment vue d’un bon œil par Bercy. Sylvia Pinel, devra, elle, faire face à la fronde des quelque 150 000 restaurateurs qui ont déjà prévu de s’exprimer demain pour pourfendre les conclusions du rapport Thévenoud. Pour les organisations professionnelles, toute remise en cause du taux réduit de TVA pourrait mettre en péril… 100 000 emplois.
S’il est peu probable qu’elle figure dans le collectif budgétaire prévu à la fin de l’année, la proposition d’un alourdissement progressif de la TVA dans la restauration devrait en revanche recevoir le soutien de Louis Gallois : son rapport sur la compétitivité devrait lui aussi suggérer de faire un grand ménage dans les taux réduits de TVA.
Le Parisien
Le groupe suisse Maus Frères prend le contrôle de Lacoste
Le groupe suisse Maus Frères prendra une participation de 30,3% au capital de Lacoste SA, qui s'ajoutera à celle de 35% déjà détenue, une opération qui valorise la société d'articles de sport entre 1,0 et 1,25 milliard d'euros.
Le groupe suisse précise qu'il propose les mêmes conditions aux actionnaires familiaux restants.
"Un groupe d'actionnaires familiaux de Lacoste SA, parmi lesquels (l'ancien président du groupe) Michel Lacoste, a décidé de céder ensemble l'intégralité de leurs actions, représentant 30,3% du capital de Lacoste SA", indique le groupe suisse dans un communiqué.
La réalisation définitive de cette cession, ajoute-t-il, reste soumise à la levée d'un certain nombre de conditions.
"Aux yeux de tous les signataires de l'accord, cette opération est la meilleure garantie pour la pérennité de la marque Lacoste et permettra de capitaliser pleinement sur ses atouts au profit de l'ensemble des collaborateurs, licenciés, partenaires, distributeurs et clients", estime Maus Frères.
(Avec Reuters, Wilfrid Exbrayat pour le service français)
DIVERS
Week-end d'intempéries en France
Un arbre abattu par les vents violents, le 27 octobre 2012 à Villeneuve-les-Avignon. (Photo Sylvain Thomas. AFP)
Un mort, deux disparus, des coupures d'électricité et de nombreux dégâts matériels sont la conséquence des vents violents dans le Sud et d'un coup de froid dans le Nord.
Un SDF mort probablement de froid à Paris, et dans un grand quart sud-est deux disparus, un ferry qui prend l’eau, plus de 50 000 foyers sans électricité, des automobilistes bloqués : les vents violents et les chutes de neige qui ont sévi ce week-end ont provoqué des drames et dommages en série.
Météo France a levé dimanche en fin de soirée l’alerte orange qu’elle maintenait encore sur deux départements, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, en raison des vents violents qui ont balayé le Sud-Est. Dans les Pyrénées-Orientales, la Drôme, l’Ardèche et l’Isère, l’alerte a été levée, les vents et les chutes de neige faiblissant.
A Paris, un sans domicile fixe est probablement mort de froid, dans une rue du XVIIème arrondissement de la capitale après une nuit où la température a été inhabituellement basse pour la saison : 2,3 degrés contre 7 degrés habituellement.
Dans le Sud-Est, les vents ont été particulièrement violents, atteignant localement 130 km/h. Les recherches ont été interrompues dimanche en fin d’après-midi sur l'île de Porquerolles (Var) après la disparition d’un garçon britannique de 12 ans, qui était parti à vélo samedi à 18 heures par un fort mistral. Les recherches doivent reprendre ce lundi.
Dans l’Hérault, le véliplanchiste de 26 ans qui a disparu près d’une plage de Sérignan depuis samedi n’a pas été repéré. Là aussi, le dispositif de recherches a été interrompu par la nuit.
Vendredi, deux étudiants étaient morts emportés par les eaux dans un canal souterrain sur le campus de l’université de Toulon, à la suite de fortes pluies.
Dimanche, un navire de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM), sans passagers à bord, prenait l’eau dans le port de Marseille après avoir rompu ses amarres dans la nuit, sous la pression d’un vent violent, et heurté un quai. Ce ferry, le Napoléon-Bonaparte, est le plus gros navire de la compagnie en terme de capacité de transport (2 650 passagers et 708 voitures). Le choc a ouvert une brèche qui a provoqué l’inondation de deux compartiments étanches. Le ferry est désormais tenu à quai à l’aide de deux remorqueurs, où il gîte à environ 15 degrés, dans l’attente de sa stabilisation.
Le «Napoléon-Bonaparte», endommagé par la tempête, gîte dans le port de Marseille le 28 octobre 2012. (Photo Jean-Paul Pelissier. Reuters)
Coupures de courant
Dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, les sapeurs-pompiers ont effectué des centaines d’interventions, notamment pour des chutes d’arbres et de poteaux sur la voie publique. Météo France souligne que ce type d'épisodes de vents violents se produit en moyenne trois fois tous les dix ans.
Quelque 5 000 foyers restaient privés d'électricité dimanche en début de soirée dans trois départements alpins - Isère, Savoie et Haute-Savoie - à la suite des chutes de neige qui ont touché la région, a indiqué ERDF dans un communiqué. ERDF ne prévoit pas de retour total à la normale avant la fin de journée lundi.
Dans la Drôme et en Ardèche, la tendance était aussi au retour à la normale, même si près de 10 000 clients étaient toujours sans courant vers 19 heures dimanche. Dans les Bouches-du-Rhône, près de 5 000 familles ont été aussi temporairement privées d'électricité en raison de la chute de lignes.
Autre conséquence des intempéries, le match Marseille-Lyon comptant pour la dixième journée de championnat de Ligue 1, et prévu dimanche à 21 heures au stade Vélodrome, a été reporté à une date non précisée.
Les intempéries ont affecté la circulation, comme en Isère. Une quarantaine d’automobilistes immobilisés par les chutes de neige, inhabituellement abondantes en cette époque de l’année, ont dû passer la nuit dans un gymnase, à Laffrey.
Les secouristes en montagne sont aussi venus en aide à des randonneurs qui s'étaient aventurés dans les massifs montagneux du département malgré la mauvaise météo.
Dans un communiqué publié dimanche en fin d’après-midi, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a salué «l’engagement sur le terrain» de tous les services de l’Etat (préfectures, agents des services publics, sapeurs-pompiers, policiers, gendarmes, etc) et des élus mobilisés face à ces intempéries.
(AFP)
La côte Est des Etats-Unis immobilisée en attendant Sandy
Evacuations massives, vols annulés, les transports en commun à l’arrêt, les écoles et la Bourse de New York fermées… Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises aux Etats-Unis pour affronter l’ouragan Sandy.
Magasin de New York, Reuters
La côte est des Etats-Unis vivra au ralenti jusque mercredi au moins. Les transports en commun sont à l’arrêt, les riverains ont été appelés à se barricader chez eux, même la bourse de New York sera totalement fermée lundi et probablement aussi mardi, a annoncé dimanche soir son opérateur, Nyse Euronext. La dernière fois que Wall Street avait décidé une telle fermeture exceptionnelle, c’était après les attentats du 11 septembre 2001.
De Washington à New York, des habitants et employés de réseaux de transport empilaient des sacs de sable pour protéger les biens des inondations annoncées et des files d’attente se formaient devant les supermarchés pour stocker des vivres.
Le président Barack Obama a lui appelé ses compatriotes à prendre « très au sérieux » le danger, en pressant les 50 millions d’Américains vivant dans les régions concernées de suivre les conseils des autorités locales. A neuf jours de la présidentielle, la campagne électorale en est chamboulée, les deux candidats ayant été contraints d’annuler des réunions publiques dans les Etats susceptibles d’être touchés.
Tous les transports en commun de la ville de New York – métro, bus, trains – ont été arrêtés dimanche soir par les autorités avant l’arrivée, attendue mardi matin, de l’ouragan. Des villes comme Philadelphie ou Washington en ont fait de même.
La compagnie Amtrak a elle suspendu toutes ses liaisons ferroviaires et routières sur la côte.
Dans les airs, 7.400 vols intérieurs et internationaux ont été annulés pour dimanche et lundi, principalement dans les aéroports de New-York, Washington et Philadelphie.
Presque tous les vols directs partant de Brussels Aiport vers les Etats-Unis sont annulés lundi, indique Jan Van der Cruysse, porte-parole de Brussels Airport.
Les vols de British Airways, Delta Airlines et United Airlines vers New York JFK sont annulés lundi. Les vols d’American Airlines n’ont pas encore été annulés. United Airlines et Jetairways ne desserviront pas New York Newark. Usa Airways a annulé son vol vers Philadelphia et United Airlines son vol vers Washington. Le vol vers Chicago a été maintenu. Tous les vols directs revenant des Etats-Unis seront assurés.
Jan Van der Cruysse prévient que de nombreuses compagnies assurent des vols indirects vers et depuis les Etats-Unis. Il conseille aux voyageurs de bien s’informer auprès des aéroports vers lesquels ils doivent voler.
Barack Obama, qui s’est rendu dimanche au siège de l’agence chargée de la gestion des situations de crise (FEMA), a lui annulé une partie de ses déplacements afin de surveiller l’évolution de la situation depuis la Maison Blanche.
Les opérations de vote par anticipation risquent également d’être très perturbées, menaçant le taux de participation, s’est inquiété dimanche le stratège démocrate David Axelrod.
Sans attendre, les autorités ont multiplié les mesures de précaution. A New York, ville la plus peuplée du pays, le maire Michael Bloomberg a ordonné l’évacuation de 375.000 habitants de zones inondables bordant l’East et l’Hudson River. Les eaux pourraient monter de plus de trois mètres, selon le NHC. Environ 1.100 soldats de la garde nationale doivent se déployer dans la ville.
Dans la plupart des Etats de la côte, les gouverneurs ont déclaré l’état d’urgence afin de pouvoir rapidement mobiliser des moyens, tandis des millions d’enfants resteront chez eux lundi, nombre d’écoles publiques de Washington à Boston étant fermées.
Les radios, mettant en garde contre les coupures d’électricité à prévoir, diffusaient des messages expliquant les précautions à prendre.
L’ouragan a déjà laissé au moins 66 morts après son passage dans les Caraïbes.
Surnommée tour à tour « Superstorm », « Monsterstorm » ou encore « Frankenstorm », en référence à la fête d’Halloween mercredi, pour souligner la taille et la dangerosité potentielle de la tempête, Sandy doit se renforcer en rencontrant un front froid du Canada, selon les prévisions des services météorologiques.
Ceux-ci s’attendent à ce que l’ouragan touche les terres, sans doute mardi matin, probablement sur la côte du Delaware ou du New Jersey, au sud de New York.
Michael Bloomberg, le maire de la ville – la plus peuplée du pays – a ordonné l'évacuation de pas moins de 375 000 habitants de zones inondables bordant l'East et l'Hudson River. Les eaux pourraient monter de plus de trois mètres, selon le Centre national des ouragans (NHC). Environ 1 100 soldats de la garde nationale doivent se déployer dans la ville.
PRENDRE L'OURAGAN "TRÈS AU SÉRIEUX"
A neuf jours de l'élection, l'arrivée de Sandy près des côtes américaines a obligé Barack Obama à délaisser ses habits de candidat démocrate à la Maison Blanche pour reprendre ceux de président. Après avoir annulé ses déplacements de campagne lundi et mardi pour rester à la Maison Blanche, il a appelé, dimanche 28 octobre, ses compatriotes à prendre "très au sérieux" le danger potentiel que représente l'ouragan, et à suivre les conseils de précaution délivrés par les autorités.
Les opérations de vote par anticipation risquent d'ailleurs d'être très perturbées, menaçant le taux de participation, s'est inquiété dimanche le stratège démocrate David Axelrod.
7 400 VOLS ANNULÉS
Tous les transports en commun de la ville de New York – métro, bus, trains – ont été arrêtés dimanche soir par les autorités avant l'arrivée de l'ouragan. Des villes comme Philadelphie ou Washington en ont fait de même. La compagnie Amtrak a elle suspendu toutes ses liaisons ferroviaires et routières sur la côte. De Washington à New York, des habitants et employés de réseaux de transport empilaient des sacs de sable pour protéger les biens des inondations annoncées et des files d'attente se formaient devant les supermarchés pour stocker des vivres.
Dans les airs, 7 400 vols intérieurs et internationaux ont été annulés pour dimanche et lundi, principalement dans les aéroports de New York, Washington et Philadelphie. Surnommée tour à tour "Superstorm", "Monsterstorm" ou encore "Frankenstorm", en référence à la fête d'Halloween mercredi, pour souligner la taille et la dangerosité potentielle de la tempête, Sandy doit se renforcer en rencontrant un front froid du Canada, selon les prévisions des services météorologiques.
"ON ENTRE LÀ DANS UN TERRAIN INCONNU"
Ceux-ci s'attendent à ce que l'ouragan touche les terres, sans doute mardi matin, probablement sur la côte du Delaware ou du New Jersey, au sud de New York. Tôt lundi, l'ouragan se trouvait à 760 kilomètres au sud de New York et il a commencé à s'orienter vers l'ouest, selon le NHC, installé à Miami.
Les vents soufflaient à 120 km/h mais devraient se renforcer à mesure que l'ouragan progresse vers des eaux plus froides. Ces vents soufflent jusqu'à plus de 800 kilomètres de l'œil du cyclone selon le NHC. Une pression atmosphérique de 951 hectopascals – quasiment jamais observée sous ces latitudes quand la pression normale est de 1 015 hectopascals – a par ailleurs été relevée.
Un spécialiste de la météo du Washington Post avouait sur le site internet du journal n'avoir "jamais vu" de pareilles prévisions : "On entre là dans un terrain inconnu." Le site propose notamment une carte de suivi de l'ouragan en temps réel.
Le chargement de 22 000 litres de gazole et de 9 000 litres d'essence a brûlé sur la chaussée du pont et en contrebas. C’est la structure du pont qui risque d’être touchée par le fort dégagement de chaleur sur le béton et sur les poutrelles métalliques (travées). Un risque d’effondrement existe et a motivé l’interdiction de circulation sur le pont et sur les voies situées en dessous. Avant la venue d’experts, les premiers constats étaient pessimistes et laissaient envisager une fermeture prolongée de ce franchissement de la Seine emprunté chaque jour par 75.000 véhicules.
Comme au bon vieux temps: Connection avec un téléphone protable comme MODEM
De Washington à New York, des habitants et employés de réseaux de transport empilaient des sacs de sable pour protéger les biens des inondations annoncées et des files d’attente se formaient devant les supermarchés pour stocker des vivres.
Le président Barack Obama a lui appelé ses compatriotes à prendre « très au sérieux » le danger, en pressant les 50 millions d’Américains vivant dans les régions concernées de suivre les conseils des autorités locales. A neuf jours de la présidentielle, la campagne électorale en est chamboulée, les deux candidats ayant été contraints d’annuler des réunions publiques dans les Etats susceptibles d’être touchés.
New York immobilisée
Tous les transports en commun de la ville de New York – métro, bus, trains – ont été arrêtés dimanche soir par les autorités avant l’arrivée, attendue mardi matin, de l’ouragan. Des villes comme Philadelphie ou Washington en ont fait de même.
La compagnie Amtrak a elle suspendu toutes ses liaisons ferroviaires et routières sur la côte.
Presque tous les vols depuis Brussels Airport annulés
Dans les airs, 7.400 vols intérieurs et internationaux ont été annulés pour dimanche et lundi, principalement dans les aéroports de New-York, Washington et Philadelphie.
Presque tous les vols directs partant de Brussels Aiport vers les Etats-Unis sont annulés lundi, indique Jan Van der Cruysse, porte-parole de Brussels Airport.
Les vols de British Airways, Delta Airlines et United Airlines vers New York JFK sont annulés lundi. Les vols d’American Airlines n’ont pas encore été annulés. United Airlines et Jetairways ne desserviront pas New York Newark. Usa Airways a annulé son vol vers Philadelphia et United Airlines son vol vers Washington. Le vol vers Chicago a été maintenu. Tous les vols directs revenant des Etats-Unis seront assurés.
Jan Van der Cruysse prévient que de nombreuses compagnies assurent des vols indirects vers et depuis les Etats-Unis. Il conseille aux voyageurs de bien s’informer auprès des aéroports vers lesquels ils doivent voler.
Obama met les élections en suspens
Barack Obama, qui s’est rendu dimanche au siège de l’agence chargée de la gestion des situations de crise (FEMA), a lui annulé une partie de ses déplacements afin de surveiller l’évolution de la situation depuis la Maison Blanche.
Les opérations de vote par anticipation risquent également d’être très perturbées, menaçant le taux de participation, s’est inquiété dimanche le stratège démocrate David Axelrod.
Sans attendre, les autorités ont multiplié les mesures de précaution. A New York, ville la plus peuplée du pays, le maire Michael Bloomberg a ordonné l’évacuation de 375.000 habitants de zones inondables bordant l’East et l’Hudson River. Les eaux pourraient monter de plus de trois mètres, selon le NHC. Environ 1.100 soldats de la garde nationale doivent se déployer dans la ville.
La côte est en état d’urgence
Dans la plupart des Etats de la côte, les gouverneurs ont déclaré l’état d’urgence afin de pouvoir rapidement mobiliser des moyens, tandis des millions d’enfants resteront chez eux lundi, nombre d’écoles publiques de Washington à Boston étant fermées.
Les radios, mettant en garde contre les coupures d’électricité à prévoir, diffusaient des messages expliquant les précautions à prendre.
L’ouragan a déjà laissé au moins 66 morts après son passage dans les Caraïbes.
Surnommée tour à tour « Superstorm », « Monsterstorm » ou encore « Frankenstorm », en référence à la fête d’Halloween mercredi, pour souligner la taille et la dangerosité potentielle de la tempête, Sandy doit se renforcer en rencontrant un front froid du Canada, selon les prévisions des services météorologiques.
Ceux-ci s’attendent à ce que l’ouragan touche les terres, sans doute mardi matin, probablement sur la côte du Delaware ou du New Jersey, au sud de New York.
Evacuations, vols annulés, Wall Street fermé : New York se prépare au passage de l'ouragan Sandy
Le Monde.fr
"Super storm", "Monsterstorm" ou encore "Frankenstorm", en référence à la fête d'Halloween : les médias américains rivalisent de superlatifs pour souligner la taille et la dangerosité potentielle de l'ouragan Sandy, qui s'approche des côtes américaines.
Crédits : REUTERS/BRENDAN MCDERMID
Les premiers effets de l'ouragan Sandy se sont fait sentir dimanche 28 octobre le long de la côte est des Etats-Unis, provoquant l'annulation de milliers de vols et l'évacuation de centaines de milliers de personnes à New York, où tous les transports en commun sont arrêtés.
Même la Bourse de New York sera totalement fermée lundi et probablement aussi mardi, a annoncé dimanche soir son opérateur, Nyse Euronext. La dernière fois que Wall Street avait décidé une telle fermeture exceptionnelle, c'était après les attentats du 11 septembre 2001. Et il faut remonter à 1985 pour trouver une fermeture du marché pour cause d'ouragan.Michael Bloomberg, le maire de la ville – la plus peuplée du pays – a ordonné l'évacuation de pas moins de 375 000 habitants de zones inondables bordant l'East et l'Hudson River. Les eaux pourraient monter de plus de trois mètres, selon le Centre national des ouragans (NHC). Environ 1 100 soldats de la garde nationale doivent se déployer dans la ville.
PRENDRE L'OURAGAN "TRÈS AU SÉRIEUX"
A neuf jours de l'élection, l'arrivée de Sandy près des côtes américaines a obligé Barack Obama à délaisser ses habits de candidat démocrate à la Maison Blanche pour reprendre ceux de président. Après avoir annulé ses déplacements de campagne lundi et mardi pour rester à la Maison Blanche, il a appelé, dimanche 28 octobre, ses compatriotes à prendre "très au sérieux" le danger potentiel que représente l'ouragan, et à suivre les conseils de précaution délivrés par les autorités.
Les opérations de vote par anticipation risquent d'ailleurs d'être très perturbées, menaçant le taux de participation, s'est inquiété dimanche le stratège démocrate David Axelrod.
7 400 VOLS ANNULÉS
Tous les transports en commun de la ville de New York – métro, bus, trains – ont été arrêtés dimanche soir par les autorités avant l'arrivée de l'ouragan. Des villes comme Philadelphie ou Washington en ont fait de même. La compagnie Amtrak a elle suspendu toutes ses liaisons ferroviaires et routières sur la côte. De Washington à New York, des habitants et employés de réseaux de transport empilaient des sacs de sable pour protéger les biens des inondations annoncées et des files d'attente se formaient devant les supermarchés pour stocker des vivres.
Dans les airs, 7 400 vols intérieurs et internationaux ont été annulés pour dimanche et lundi, principalement dans les aéroports de New York, Washington et Philadelphie. Surnommée tour à tour "Superstorm", "Monsterstorm" ou encore "Frankenstorm", en référence à la fête d'Halloween mercredi, pour souligner la taille et la dangerosité potentielle de la tempête, Sandy doit se renforcer en rencontrant un front froid du Canada, selon les prévisions des services météorologiques.
"ON ENTRE LÀ DANS UN TERRAIN INCONNU"
Ceux-ci s'attendent à ce que l'ouragan touche les terres, sans doute mardi matin, probablement sur la côte du Delaware ou du New Jersey, au sud de New York. Tôt lundi, l'ouragan se trouvait à 760 kilomètres au sud de New York et il a commencé à s'orienter vers l'ouest, selon le NHC, installé à Miami.
Les vents soufflaient à 120 km/h mais devraient se renforcer à mesure que l'ouragan progresse vers des eaux plus froides. Ces vents soufflent jusqu'à plus de 800 kilomètres de l'œil du cyclone selon le NHC. Une pression atmosphérique de 951 hectopascals – quasiment jamais observée sous ces latitudes quand la pression normale est de 1 015 hectopascals – a par ailleurs été relevée.
Un spécialiste de la météo du Washington Post avouait sur le site internet du journal n'avoir "jamais vu" de pareilles prévisions : "On entre là dans un terrain inconnu." Le site propose notamment une carte de suivi de l'ouragan en temps réel.
La fermeture du pont Mathilde à la suite de l’incendie de deux camions provoque d’importants bouchons sur tous les axes menant à Rouen. Une situation qui risque de durer si la structure du pont est endommagée
- Richard Plumet avec AFP
Pont endommagé ?
L’incendie ce lundi matin ( 29 octobre) de deux poids lourds, dont un camion citerne, s’est propagé à trois caravanes et deux camions appartenant à des industriels forains de la Foire St Romain.Le chargement de 22 000 litres de gazole et de 9 000 litres d'essence a brûlé sur la chaussée du pont et en contrebas. C’est la structure du pont qui risque d’être touchée par le fort dégagement de chaleur sur le béton et sur les poutrelles métalliques (travées). Un risque d’effondrement existe et a motivé l’interdiction de circulation sur le pont et sur les voies situées en dessous. Avant la venue d’experts, les premiers constats étaient pessimistes et laissaient envisager une fermeture prolongée de ce franchissement de la Seine emprunté chaque jour par 75.000 véhicules.
Comme au bon vieux temps: Connection avec un téléphone protable comme MODEM
SOCIETE
David Simon : “L’Amérique est une ploutocratie, l'argent nous dirige et a détruit notre identité”
Elections américaines | Observateur avisé de la vie américaine, l'écrivain et scénariste David Simon est l'auteur de la série “The Wire”. Puis de “Treme”, après l'ouragan Katrina. Pessimiste sur le système, mais confiant en l'énergie de ses concitoyens.
Au milieu des années 1980, David Simon, jeune journaliste de Baltimore (Maryland), collait aux basques des policiers qui sillonnaient les quartiers d'une ville à tel point ravagée par la misère, le crime et la drogue qu'on la surnommait Bodyland, Murdermore (« ville des cadavres, meurtres en hausse »). A la fin de ces sévères années d'initiation, on lui a proposé le quotidien plus serein et mieux rémunéré d'un poste de chef de bureau dans une banlieue résidentielle. Il a refusé. Et n'a jamais cessé d'avancer dans le labyrinthe toujours plus opaque, toujours plus sinistre d'une cité américaine effondrée, violente et corrompue dans laquelle il lisait « le déclin d'un empire ». En 1991, il en a tiré un livre (Baltimore, publié en France ces jours-ci), puis un autre (The Corner) et enfin une série télévisée, The Wire, qui, au fil de cinq saisons, s'est imposée comme une œuvre de référence sur l'Amérique d'aujourd'hui. Depuis 2008, il poursuit son exploration d'une société malade (mais énergique) dans Treme, série qui met en scène La Nouvelle-Orléans de l'après-Katrina.
Vous vous apprêtez à tourner la quatrième saison de Treme, dont l'action se déroulera au moment de l'arrivée de Barack Obama au pouvoir. Cette série sur La Nouvelle-Orléans est-elle pour vous une manière de brosser un portrait de l'Amérique d'aujourd'hui ? Oui, nous avons commencé à écrire le feuilleton, en 2008, au moment de la crise des subprimes et de l'effondrement de Lehman Brothers, quand le pays a compris qu'il n'y avait plus de règles, plus de repères ni de garde-fous, quand le système économique et social, tel que nous l'avions connu, s'est désintégré. Du coup, ce dont les habitants de La Nouvelle-Orléans avaient fait l'expérience en 2005, avec l'ouragan Katrina, est apparu comme une métaphore nette et limpide de ce que vivait le reste de l'Amérique. Les questions qu'ils se posaient, par la force des choses, trouvaient un écho dans le pays entier : Sommes-nous entièrement livrés à nous-mêmes ? Formons-nous encore une communauté ?
A La Nouvelle-Orléans, c'est la violence de l'ouragan qui a tout mis au jour : le dysfonctionnement, et parfois la malveillance des institutions, la corruption généralisée du système politique, la brutalité du capitalisme de crise... Mais les Américains dans leur ensemble se sont retrouvés face à la même débâcle. Lors de la dernière décennie, ils se sont sentis floués et privés de tout contrôle sur leur propre destin. Une grande majorité de mes compatriotes se sent totalement coupée des centres de décision, qu'ils soient politiques ou économiques. Les habitants de La Nouvelle-Orléans ont ressenti ça les premiers, de manière particulièrement abrupte, mais ils ont réagi avec une énergie exceptionnelle. J'ai passé cinq ans dans cette ville, et ce que j'y ai observé était passionnant. Je ne suis pas du tout cocardier, mais je ne pense pas avoir de meilleure occasion, dans ma vie, de témoigner du patriotisme à l'œuvre. A l'échelle d'une ville certes, mais dans l'esprit d'une Amérique, celle du New Deal par exemple, où il semblait encore souhaitable de s'identifier à un idéal collectif.
En quoi La Nouvelle-Orléans vous a-t-elle redonné foi dans la force et la cohésion d'une ville américaine ? Les cicatrices étaient incroyablement profondes après le désastre de Katrina et, malgré cette « expérience de mort imminente », les habitants de la ville ont trouvé des ressources insoupçonnées. Les autorités municipales étaient médiocres et inefficaces, l'éducation, la justice, la police étaient parmi les plus effroyables du pays, les aides gouvernementales et les programmes de reconstruction ont été gérés de la pire des manières, les programmes politiques ou économiques ont rarement fonctionné, mais ce qui a marché, c'est l'organisation des citoyens, au jour le jour, à petite échelle. Peu à peu, ils sont revenus dans leurs quartiers détruits, parce qu'ils ne voulaient pas vivre ailleurs et ils se sont cramponnés à leur sens de la communauté, à leurs traditions et à leur passé pour relancer la ville et recomposer son tissu social.
De quelle manière ? Ils se sont lassés d'attendre des solutions qui ne venaient pas, ils ont pris leur destin en main, ils ont relancé l'économie locale en prenant des initiatives, même si c'était souvent deux pas en avant, un pas en arrière. Ils se sont élevés contre le cynisme de certaines politiques. Quand des programmes d'aide escamotaient l'argent et décidaient de détruire des quartiers qui n'auraient pas dû l'être, des gens qui n'avaient aucune formation journalistique se sont mis à enquêter et à mettre en commun leurs découvertes sur des sites Internet ; ils traquaient les flux financiers, rassemblaient des documents jusqu'à pouvoir mener les responsables devant les tribunaux. Et quand l'élection d'Obama a permis enfin l'examen de certains cas que bloquait le ministre de la Justice de George W. Bush, ils ont pu déposer des plaintes contre la police de la ville pour les brutalités commises après l'ouragan – la mort de onze personnes sous les balles de la police notamment (1). Cette résistance n'est pas sans correspondance avec le mouvement Occupy Wall Street, dont l'élan est remarquable, mais auquel il manque un deuxième acte.
Pourquoi ne lui voyez-vous pas de « deuxième acte » ? Parce qu'il se heurte tout simplement à la réalité du capitalisme dans notre pays. Occupy Wall Street exprime, avec une grande sincérité, l'attachement profond à l'esprit de réforme et au sens de la communauté qui ont toujours existé en Amérique, mais, au bout du compte, il ne touche pas sa cible. Le capital n'est pas assis dans un parc de Manhattan, il est occupé à percer, aussi vite que possible, les cercles du pouvoir pour peser sur les décisions politiques. Des flux d'argent sont dirigés vers nos élus pour préserver le statu quo afin qu'aucun changement ne soit envisagé.
Vous ne voyez pas dans ce mouvement contre Wall Street les germes d'une révolte ? Je ne sais pas. Vous me demandez quelle marge il reste avant que la situation ne devienne explosive et je me sens tout à fait incapable de le deviner. A l'époque des affrontements meurtriers de Haymarket, pour la journée de huit heures, trois jours après le 1er mai 1886, ou, en 1905, quand le gouverneur de l'Ohio a été tué par une bombe après un conflit avec les mineurs, le pays n'était pas loin de voir les combats enflammer ses rues. Mais le gouvernement a réussi à imposer un arbitrage dont personne ne semblait sortir perdant, les profits ont été préservés et la classe ouvrière s'est vue élevée au rang d'une classe de consommateurs. Le pays a tenu sur cet équilibre pendant plus d'un siècle et les tensions qui existaient entre le patronat et les syndicats ont complètement disparu aujourd'hui. Que faut-il attendre pour que la colère éclate ? Que les gens soient expulsés de leurs maisons ? Que leurs enfants ne bénéficient plus du moindre soin ? Qu'il n'y ait plus d'essence dans les voitures ? Quand ils ont lancé des bombes à Haymarket, les ouvriers de Chicago avaient faim. La famine n'existe plus aujourd'hui. Mais nous marginalisons les pauvres de toutes les façons possibles, des gens dorment sous les ponts, meurent tous les jours parce qu'ils n'ont pas de sécurité sociale et, en même temps, nous sommes toujours plus forts pour fabriquer des milliardaires, et ceux-ci ont une grande aura dans le pays. Mitt Romney a sans doute raison quand il dit ne pas se soucier des 47 % d'Américains sans ressources qui ne voteront pas pour lui. Il sous-entend que les 53 % autres suffisent à son bonheur. Je n'ai jamais rien entendu d'aussi cynique.
Dans The Wire, vous mettiez à nu les mécanismes d'un système corrompu. D'autres séries, comme Boss ou Boardwalk Empire, ont brossé, depuis, un portrait glaçant du monde politique américain. Avez-vous perdu toute confiance dans vos dirigeants ?Le problème ne réside pas dans la nature de nos dirigeants. Il est tout à fait possible d'élire une personne de qualité, voire plusieurs, mais il est difficile d'en élire assez pour réduire leur vulnérabilité face aux forces de l'argent. C'est le système qui est malade. J'ai une opinion plutôt positive de Barack Obama. C'est une personne sensée. Il veut s'attaquer à certains problèmes fondamentaux de notre société. Il pense, par exemple, qu'un système d'assurance-maladie géré par l'Etat est une bonne chose pour la population américaine, pour son bien-être, pour sa force de travail. Mais dès qu'il s'attaque à cette question, 450 millions de dollars sont dépensés – en trois semaines – en publicité négative ou en lobbying par les opposants à cette réforme.
Le discours politique est totalement dévalué. Le problème ne vient pas des dirigeants, mais de nous. Pourquoi, après l'effondrement de Wall Street et le désastre des subprimes, continuons-nous de croire que le marché apporte les meilleures réponses ? Nous clamons haut et fort que nous sommes un modèle de démocratie, alors que nous sommes une véritable ploutocratie, l'argent nous dirige et a complètement détruit notre identité. J'ai 52 ans et, depuis que je suis entré dans l'âge adulte, le profit a été le mètre étalon d'à peu près toutes les décisions politiques prises dans ce pays. Ça fait longtemps que nous ne montrons plus au monde le meilleur de nous-mêmes.
Dans la troisième saison de Treme, qui commence ces jours-ci, vous décrivez une nouvelle forme de cupidité, celle que Naomi Klein qualifie de « capitalisme du désastre »...Oui, je l'ai observé à l'échelle de la ville, où l'un des grands jeux consistait à s'enrichir sur les programmes de reconstruction sans apporter la moindre solution. Mais la même chose se produit partout dans le pays depuis la faillite de 2008 ou quand il s'agit d'investir sur les zones de guerre, en Irak par exemple, pour construire une autoroute qui ne sera jamais terminée. Plus le besoin est désespéré, plus l'effort est précipité, plus le désastre est significatif, plus grandes sont les opportunités de gagner de l'argent sans fournir autre chose qu'un service médiocre. Il n'y a pas d'ambition réelle de réaliser un progrès, juste une opportunité de glisser ses mains dans la poche du voisin.
Il n'y a qu'à voir l'exemple des prisons que j'ai pu observer, pendant des années, en racontant la guerre de la drogue à Baltimore dans The Wire, puis les affaires criminelles de La Nouvelle-Orléans. Les prisons américaines sont surpeuplées, le taux d'incarcération est plus élevé que dans n'importe quel autre pays, la situation est explosive. Que faisons-nous ? Nous en confions la gestion au secteur privé qui se fait fort d'améliorer la situation mais qui n'a aucun problème avec la surpopulation des prisons puisque l'incarcération devient un marché comme un autre. Les entreprises tranchent dans les dépenses, bien sûr, elles diminuent le nombre de gardiens, réduisent le confort, mais ça n'est pas tout. Pour augmenter leur rentabilité, elles réinvestissent immédiatement leur profit dans des campagnes de lobbying auprès des Etats pour faire passer des lois qui font grimper les besoins en prisons et visent, par exemple, les simples détenteurs de drogue ou les clandestins en attente de reconduite à la frontière. La proportion de criminels dangereux a fortement baissé, ils ne représentent plus que 7 % de la population carcérale, mais celle-ci a explosé. Quand j'ai commencé à suivre, en tant que jeune journaliste, les affaires criminelles de Baltimore au début des années 1980, il y avait moins de cinq cent mille prisonniers en Amérique. Il y en a plus de deux millions aujourd'hui !
Quand vous avez commencé l'écriture de Treme, vous vous posiez, à chaque page, la question : qu'est-ce qu'être américain ?Et la question reste en suspens ! C'est un des enjeux principaux de cette élection. Accepterons-nous vraiment l'idée qu'il y a deux Amérique ? Celle où les grandes fortunes consolident leur pouvoir et celle où le pourcentage de jeunes Noirs vivant dans la misère est aussi important qu'avant 1968 ? Quelle société voulons-nous devenir ? Je suis d'une nature pessimiste, et The Wire faisait le portrait d'un empire en ruine, mais je dois dire que mon travail à La Nouvelle-Orléans m'a fait sentir parfois un grand potentiel dans l'idée même d'être américain. Tout ce qui fait la grandeur de cette ville est lié à notre mythologie du melting-pot, à la capacité d'une société à se réinventer en absorbant diverses cultures. A les mélanger pour créer quelque chose de neuf. Pour renaître, La Nouvelle-Orléans s'est appuyée sur sa culture, la musique notamment, mais elle n'en a pas fait un musée, les traditions changent et se transforment, des nouveaux groupes sociaux viennent enrichir le mélange sans que le passé se dérobe pour autant. La Nouvelle-Orléans est bien plus liée à son histoire que ne l'est l'Amérique en général.
Depuis vos débuts de journaliste à Baltimore, vous vous êtes essentiellement attaché à décrire l'Amérique des centres urbains.On ne peut pas parler de notre société, et réfléchir à notre avenir, sans prendre en compte le fait que nous vivrons dans un pays toujours plus urbain. Pendant les campagnes électorales, on nous sert de manière insistante le refrain selon lequel le cœur de l'Amérique bat dans ses campagnes et dans les petites villes, que c'est là que résident ses vraies valeurs. C'est complètement bidon, le pays rural ne reviendra pas. L'enjeu du XXIe siècle sera notre capacité à vivre de plus en plus nombreux dans les centres urbains et à donner un sens à cette expansion. S'il s'agit juste de s'empiler les uns sur les autres jusqu'à l'écrasement, on aura fait le tour des ambitions humaines. Mais j'ai appris à croire, ces dernières années, que chercher à développer une ville et sa culture pouvait transformer l'esprit humain.
Où déménagerez-vous quand vous en aurez fini avec La Nouvelle-Orléans ?
Je ne sais pas ce que je vais faire. Le travail au long cours pour la télévision est harassant. Les séries que j'écris ont acquis une forte réputation un peu partout, mais elles n'ont jamais eu une forte audience au moment où elles étaient diffusées. Pour apporter une conclusion à Treme, je n'ai obtenu les moyens de tourner que cinq épisodes, soit une demi-saison. Je comprends tout à fait la logique commerciale qui préside à ces choix, mais je viens de l'écrit, où personne n'aurait l'idée de dire « Tu feras les derniers chapitres de ton roman si les premiers ont du succès. » J'ai plusieurs projets écrits, dont le scénario d'une histoire de la CIA, mais je ne sais pas si j'aurai le courage de l'entreprendre. A quoi servirait-il de se lancer dans une telle saga si on doit l'interrompre avant d'arriver à Ben Laden ?
Je ne sais pas ce que je vais faire. Le travail au long cours pour la télévision est harassant. Les séries que j'écris ont acquis une forte réputation un peu partout, mais elles n'ont jamais eu une forte audience au moment où elles étaient diffusées. Pour apporter une conclusion à Treme, je n'ai obtenu les moyens de tourner que cinq épisodes, soit une demi-saison. Je comprends tout à fait la logique commerciale qui préside à ces choix, mais je viens de l'écrit, où personne n'aurait l'idée de dire « Tu feras les derniers chapitres de ton roman si les premiers ont du succès. » J'ai plusieurs projets écrits, dont le scénario d'une histoire de la CIA, mais je ne sais pas si j'aurai le courage de l'entreprendre. A quoi servirait-il de se lancer dans une telle saga si on doit l'interrompre avant d'arriver à Ben Laden ?
David Simon en six dates1960 Naissance à Washington DC.
1982 Journaliste au Baltimore Sun, jusqu'en 1995.
1993 Son premier livre, Homicide : a year on the killing streets (en français Baltimore), devient une série télé, Homicide.2001 Premier épisode de The Wire pour HBO.
2008 Il scénarise la série Generation Kill sur la guerre en Irak.
2010 Diffusion de Treme, série TV sur La Nouvelle-Orléans de l'après-Katrina.
1982 Journaliste au Baltimore Sun, jusqu'en 1995.
1993 Son premier livre, Homicide : a year on the killing streets (en français Baltimore), devient une série télé, Homicide.2001 Premier épisode de The Wire pour HBO.
2008 Il scénarise la série Generation Kill sur la guerre en Irak.
2010 Diffusion de Treme, série TV sur La Nouvelle-Orléans de l'après-Katrina.
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(1) Le ministère de la Justice américain a ouvert une enquête sur les agissements de la police de La Nouvelle-Orléans. Après l'ouragan Katrina, ordre avait été donné aux policiers de tirer sur les pilleurs pour « reprendre la ville ». Onze personnes ont été tuées.
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