POLITIQUE
Crise à l'UMP : poursuite des discussions malgré la constitution du groupe Fillon
Une quatrième rencontre en tête à tête en trois jours est prévue mercredi entre Jean-François Copé et François Fillon pour tenter de sortir l'UMP de la crise.
| LP/GAEL CORNIER
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Après la création officielle depuis mardi du RUMP, le groupe parlementaire de François Fillon, l'ancien Premier ministre doit retrouver mercredi en tête à tête Jean-François Copé pour éviter la rupture et sortir de la terrible crise qui a éclaté à l'UMP depuis 17 jours.
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«La clé de la sortie de crise est entre les mains des seuls deux protagonistes», affirme le copéiste Jean-Pierre Raffarin, sur Le Figaro.fr. Pessimiste, l'ancien Premier ministre juge que la mort de l'UMP serait «l'avenir» du Front national. Il fustige «le choix regrettable» d'un second groupe UMP à l'Assemblée, le Rassemblement-UMP. Jean-Pierre Raffarin poursuit : «L'essentiel aujourd'hui est de progresser vers un accord entre les deux protagonistes de cette crise, à leur rythme. Les deux groupes à l'Assemblée ne me paraissent pas relever d'une organisation durable: je comprends la création du groupe RUMP comme un élément de stimulation de l'accord. J'espère que tout sera fait aujourd'hui pour éviter la rupture. Si François Fillon et Jean-François Copé s'entendent, ce que je crois possible, le groupe devra être dissous.»
De son côté, Nicolas Sarkozy, qui a obtenu que Jean-François Copé et François Fillon se rencontrent en tête à tête pour négocier directement, ne voudrait plus intervenir et prend acte des ravages au sein de son parti toujours selon Le Figaro.fr.
Président proclamé de l'UMP, mais contesté, Jean-François Copé a proposé dimanche un nouveau vote mais après les municipales de 2014. François Fillon veut pour sa part un nouveau vote «dans les meilleurs délais». Pressés par Nicolas Sarkozy mais également par les militants de plus en plus agacés, les deux ennemis sont dans l'obligation de trouver un réel compromis.
LeParisien.fr
Président proclamé de l'UMP, mais contesté, Jean-François Copé a proposé dimanche un nouveau vote mais après les municipales de 2014. François Fillon veut pour sa part un nouveau vote «dans les meilleurs délais». Pressés par Nicolas Sarkozy mais également par les militants de plus en plus agacés, les deux ennemis sont dans l'obligation de trouver un réel compromis.
LeParisien.fr
L'Egypte vit une profonde crise politique depuis le décret du 22 novembre, par lequel M. Morsi, premier président islamiste du pays, a notamment mis ses décisions et la commission chargée de rédiger la future Constitution à l'abri de tout recours en justice.
Des dizaines de milliers d'opposants au chef de l'Etat égyptien Mohamed Morsi ont encerclé mardi soir le palais présidentiel au Caire pour exiger qu'il retire un décret par lequel il a considérablement élargi ses pouvoirs et protester contre un projet controversé de Constitution.
Les manifestants, dont de nombreux membres de l'opposition laïque et de gauche, ont pu s'approcher du palais situé à Héliopolis, dans la banlieue de la capitale, après avoir coupé les barbelés installés à quelques centaines de mètres de là.
La police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogène pour tenter de les disperser, sans succès, et a battu en retraite.
Le président Morsi ne se trouvait pas dans le palais, a indiqué à l'AFP une source à la présidence. Un responsable de la sécurité a affirmé que "le président de la république a quitté le palais d'Ittihadiya à l'heure prévue après la fin des rendez-vous officiels".
Une vidéo postée sur internet par le réseau d'information alternatif égyptien Rassd-RNN montre un convoi quittant le palais sous la protection de la police anti-émeutes tandis que des manifestants crient "lâche" et "va-t'en".
Environ 2.000 personnes se trouvaient encore mercredi vers 01h30 locales (mardi 23h30 GMT) autour du palais, dont le mur d'enceinte était couvert de graffitis anti-Morsi.
Certains manifestants avaient dressé des tentes pour passer la nuit. La police quant à elle était peu visible aux abords du rassemblement.
L'Egypte vit une profonde crise politique depuis le décret du 22 novembre, par lequel M. Morsi, premier président islamiste du pays, a notamment mis ses décisions et la commission chargée de rédiger la future Constitution à l'abri de tout recours en justice.
Le projet de loi fondamentale, adopté en toute hâte par cette instance dominée par les islamistes, est accusé de ne pas protéger certains droits fondamentaux, dont la liberté d'expression, et d'ouvrir la porte à une application plus stricte de la loi islamique.
Opposants et partisans de M. Morsi ont manifesté en masse après le décret, et l'annonce par le président de la tenue d'un référendum sur le projet de Constitution le 15 décembre a creusé le fossé entre les deux camps.
Quelques personnes ont tenté d'escalader les murs du palais. Les protestataires, dont certains tapaient sur des lampadaires, ont crié les slogans phares de la révolte qui a renversé Hosni Moubarak début 2011, "Dégage!" et "Le peuple veut la chute du régime".
"L'Egypte est un pays où toutes les religions devraient vivre ensemble. J'aime la loi de Dieu et la charia (loi islamique) mais je voterai contre la Constitution parce qu'elle a divisé les gens", a dit à l'AFP Bassam Ali Mohammed, qui enseigne la loi islamique.
"Nous allons boycotter le scrutin. La nouvelle Constitution est comme l'ancienne, avec des changements mineurs. Elle ne garantit pas les droits des chrétiens", a estimé Mona Chokri, une manifestante de confession chrétienne.
Les Etats-Unis ont exhorté l'opposition à "manifester pacifiquement".
"Il y a beaucoup de tensions actuellement au Caire. Nous pressons simplement les manifestants d'exprimer leurs opinions de manière pacifique", a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat, Mark Toner.
Des opposants au président ont aussi manifesté à Alexandrie (nord) et dans les villes de Sohag et Minya (centre).
A Minya, des manifestants ont déchiré une photo du président devant les locaux du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation de M. Morsi, provoquant des heurts avec ses partisans selon des témoins. La police a fait usage de gaz lacrymogène et trois personnes ont été blessées, a indiqué à l'AFP un responsable de la sécurité.
Des milliers de personnes manifestent également sur l'emblématique place Tahrir, dans le centre du Caire.
Le pouvoir judiciaire, à qui le président a interdit de contester ses décisions, est aussi divisé.
Le Conseil supérieur de la justice a décidé de déléguer des magistrats pour superviser le référendum malgré l'appel au boycott de plusieurs juges, ouvrant la voie à la tenue du scrutin. Les élections doivent en effet être placées sous supervision judiciaire en Egypte.
Mais le Club des juges, un syndicat professionnel en faveur du boycott, a campé sur sa position. "Nous ne pardonnerons pas" aux juges qui superviseront le vote, a lancé son président, Ahmed al-Zind.
M. Morsi assure que son décret est "temporaire" et qu'il vise à accélérer les réformes démocratiques. L'opposition l'accuse de dérive autoritaire.
Pour protester, plusieurs quotidiens indépendants et d'opposition ont décidé de ne pas paraître mardi.
ECONOMIE
Réacteur EPR : Enel lâche EDF
L'énergéticien transalpin va exercer son droit de retrait du partenariat signé en 2007 avec EDF, qui devrait avoir à lui rembourser plus de 600 millions d'euros.
Chantier de construction de l'EPR à Flamanville dans la Manche. (Chamussy - Sipa)
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Le géant italien de l'énergie Enel va exercer son droit de retrait du partenariat stratégique signé en 2007 avec le groupe français EDF qui prévoyait sa participation au projet EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville (Manche) et 5 autres futurs sites.
"Enel a annoncé à EDF qu'il allait exercer son droit de retrait sur sa participation dans le projet EPR de Flamanville et dans 5 autres projets devant être construits en France suivant la même technologie EPR, mettant fin à l'accord de partenariat stratégique conclu par les deux groupes en novembre 2007", écrit mardi 4 décembre le groupe dans un communiqué:
Suite à l'exercice de retrait du projet de Flamanville, dont la facture totale a été réévaluée à 8,5 milliards d'euros lundi, Enel devrait recevoir 613 millions d'euros de remboursement, sans compter les intérêts, précise-t-il. La transaction prendra effet le 19 décembre prochain.
Incertitudes sur le secteur nucléaire
"Flamanville s'est retrouvé confronté à des dépassements de coûts et à des retards. A cela s'ajoutent une forte baisse de la demande d'électricité et un calendrier incertain pour les autres investissements dans le nucléaire en France. De plus, le référendum de juin 2011 en Italie rejetant le développement de l'énergie nucléaire dans le pays a réduit la pertinence stratégique du cadre de partenariat en général", explique Enel, qui devait prendre une part de 12,5% dans le projet de Flamanville.
Le groupe italien précise qu'il continuera à opérer sur le marché français, qu'il qualifie de "stratégique" et à coopérer avec EDF à l'avenir.
EDF récupère l'intégralité des droits
EDF a confirmé dans un communiqué distinct la fin de sa "coopération" avec Enel et le renoncement en conséquence des deux groupes aux "options respectives dans les programmes de l'autre partenaire".
En contrepartie du remboursement qu'il devra opérer, EDF "récupère l'intégralité des droits dans le projet EPR Flamanville, y compris l'ensemble des revenus à venir de la commercialisation de l'électricité".
La sortie d'Enel du projet Flamanville entraîne également la résiliation des contrats dits "d'accès anticipés" au titre desquels Enel a reçu des livraisons d'électricité de 1200 MW en 2012, ont précisé les deux entreprises. Les livraisons diminueront progressivement au cours des deux années à venir.
(Avec AFP)
Vers 14H15, le taux de référence à 10 ans est tombé à 1,994% contre 2,033% mardi à la clôture, effaçant son précédent record enregistré début août (2,002%), sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. A 14H40, le taux remontait un peu à 2,003%.
Et pourtant le triple A n'est plus là...
La France bénéficie d'une année de tous les records sur les marchés, où elle emprunte à des taux historiquement bas sur l'ensemble des échéances et même négatifs à très court terme. La dette française a profité principalement tout au long de l'année des craintes des marchés quant à la situation en zone euro.
Elle offre surtout pour les investisseurs un rendement plus intéressant que la dette allemande, valeur refuge par excellence, tout en étant considérée comme presque aussi sûre que cette dernière. Le rendement de l'obligation à 10 ans allemande, le Bund, s'établissait à moins d'1,4% mercredi après-midi.
Enfin, ce nouveau record est établi alors même que 2012 restera l'année de la perte du triple A de la France auprès des deux principales agences de notation, Standard and Poor's et Moody's, sans aucune conséquence négative pour la dette française.
"Enel a annoncé à EDF qu'il allait exercer son droit de retrait sur sa participation dans le projet EPR de Flamanville et dans 5 autres projets devant être construits en France suivant la même technologie EPR, mettant fin à l'accord de partenariat stratégique conclu par les deux groupes en novembre 2007", écrit mardi 4 décembre le groupe dans un communiqué:
Suite à l'exercice de retrait du projet de Flamanville, dont la facture totale a été réévaluée à 8,5 milliards d'euros lundi, Enel devrait recevoir 613 millions d'euros de remboursement, sans compter les intérêts, précise-t-il. La transaction prendra effet le 19 décembre prochain.
Incertitudes sur le secteur nucléaire
"Flamanville s'est retrouvé confronté à des dépassements de coûts et à des retards. A cela s'ajoutent une forte baisse de la demande d'électricité et un calendrier incertain pour les autres investissements dans le nucléaire en France. De plus, le référendum de juin 2011 en Italie rejetant le développement de l'énergie nucléaire dans le pays a réduit la pertinence stratégique du cadre de partenariat en général", explique Enel, qui devait prendre une part de 12,5% dans le projet de Flamanville.
Le groupe italien précise qu'il continuera à opérer sur le marché français, qu'il qualifie de "stratégique" et à coopérer avec EDF à l'avenir.
EDF récupère l'intégralité des droits
EDF a confirmé dans un communiqué distinct la fin de sa "coopération" avec Enel et le renoncement en conséquence des deux groupes aux "options respectives dans les programmes de l'autre partenaire".
En contrepartie du remboursement qu'il devra opérer, EDF "récupère l'intégralité des droits dans le projet EPR Flamanville, y compris l'ensemble des revenus à venir de la commercialisation de l'électricité".
La sortie d'Enel du projet Flamanville entraîne également la résiliation des contrats dits "d'accès anticipés" au titre desquels Enel a reçu des livraisons d'électricité de 1200 MW en 2012, ont précisé les deux entreprises. Les livraisons diminueront progressivement au cours des deux années à venir.
(Avec AFP)
Deux « poids lourds » de la sidérurgie étaient prêts à reprendre Florange
L’usine ArcelorMittal de Florange.
REUTERS
Deux « poids lourds » de sidérurgie mondiale, le belge CMI et le russe Severstal, étaient associés pour reprendre le site ArcelorMittal de Florange, affirme le quotidien régional Le Républicain Lorrain dans son édition de mercredi.
Sous le titre « les coulisses d’une nationalisation ratée », le quotidien écrit que Bernard Serin (du groupe belge CMI) et Alexei Mordachov (du russe Severstal) « étaient associés pour reprendre Florange ». Selon le journal de Metz, l’existence de ce duo « fragilise la position de Jean-Marc Ayrault hostile à la nationalisation ».
« Si l’on reconstitue le scénario des derniers jours, cette information est à mettre à l’actif d’Arnaud Montebourg, le bouillant ministre du Redressement productif aujourd’hui dans la tourmente, qui avait annoncé fièrement à l’Assemblée nationale qu’il avait bien un industriel, pas un financier, capable d’investir 400 millions pour reprendre Florange », ajoute-t-il. Le nom du milliardaire russe Alexei Mordachov avait déjà été cité il y a plusieurs semaines par le quotidien économique Les Echos.
« La partie ne paraît pas terminée »
Le Républicain Lorrain affirme avoir eu « la confirmation que le tour de table prévoyait que (cet) oligarque à la tête du 23e groupe sidérurgique mondial (69 000 personnes) n’ait qu’une participation minoritaire et laissait donc la main à Bernard Serin, ex-cadre de Florange, pour mener sa stratégie industrielle ».
« Il semble également que le montant qu’aurait engagé Bernard Serin aurait avoisiné en réalité les 500 millions », affirme encore le journal. CMI emploie 3 400 personnes au niveau mondial.
Selon Le Républicain Lorrain, « économiquement, la partie ne paraît pas terminée (et) Severstal pourrait prendre sa revanche ». Il rappelle que « en 2006, l’aciériste russe avait échoué à contrecarrer l’OPA hostile de Mittal sur Arcelor ».
« Les cartes pourraient être rebattues si Ulcos n’était pas attribué à Florange le 20 décembre ou si Mittal donnait un coup de canif dans le contrat passé avec Matignon », conclut-il.
Assemblée: le crédit d'impôt compétitivité de 20 milliards d'euros voté
Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac devant Michel Sapin et Arnaud Montebourg le 4 décembre 2012 à l'Assemblée nationale à Paris (Photo Bertrand Guay. AFP)
Libération
L'Assemblée nationale a adopté mardi soir le crédit d'impôt de 20 milliards d'euros pour les entreprises destiné à renforcer la compétitivité et l'emploi, même si plusieurs députés de gauche déplorent l'absence d'un véritable donnant-donnant et d'un soutien marqué à l'industrie.
Principale mesure du pacte de compétitivité, ce crédit d'impôt sera financé par une hausse de la TVA, refondue en trois taux de 5, 10 et 20% (6,4 milliards d'euros en 2014), par des économies sur les dépenses publiques pour 10 milliards d'euros et des mesures de fiscalité écologique.
Sur fond d'emballement du chômage, le gouvernement attend du CICE entre 300.000 et 400.000 créations d'emplois et un soutien de la croissance à hauteur de 0,5 point à l'horizon 2017.
S'il a voté la mesure, le radical Roger-Gérard Schwartzenberg a regretté le "double coup d'accordéon" sur l'impôt sur les sociétés en peu de temps et "qu'un cinquième seulement du crédit d'impôt aille à l'industrie proprement dite".
Les écologistes se sont abstenus mais Eva Sas a évoqué une "occasion manquée" par l'absence de "donnant-donnant" et de ciblage sur l'industrie, les PME ou les secteurs d'avenir. "Les syndicats de salariés partent dans la négociation avec un sac à dos trop chargé face au patronat", a notamment lancé Nicolas Sansu, dont le groupe Front de Gauche a voté contre.
Les députés UMP mais aussi ceux du groupe R-UMP et de l'UDI ont voté contre, déplorant la "fixation de critères" constituant des "verrous législatifs" qui "gâchent une bonne idée". "Vous nous dites que nous sommes vieux dans nos têtes mais peut-être que votre texte ressemble à un dinosaure", a lancé Éric Woerth, filloniste, dans une riposte à une remarque du ministre du Travail Michel Sapin.
Aux députés de la majorité, contrariés par l'accélération du tempo et du risque de chèque en blanc aux entreprises, le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, a tenu à assurer du souci de "justice" du gouvernement et d'une utilisation "pour l'emploi, l'investissement et non l'alimentation des rémunérations des dirigeants ou au versement des dividendes". Et il a affirmé que la mesure bénéficierait à "83% des salariés de l'industrie".
Les députés ont d'ailleurs voté une série de sous-amendements PS stipulant que le CICE ne pourra pas financer une hausse des bénéfices distribués ou augmenter les rémunérations des dirigeants, ou prévoyant après la fin de la négociation syndicats-patronat sur le marché du travail une loi pour fixer les conditions d'information des institutions représentatives du personnel et les modalités de contrôle par les partenaires sociaux de l'usage du CICE.
"Nous aurions souhaité des conditions", a souligné le président des députés radicaux de gauche, Nicolas Sansu critiquant l'absence de "sanctions".
Également voté, un amendement du gouvernement triplant l'abattement de taxe sur les salaires de 6.000 à 20.000 euros par an, pour ne pas défavoriser le secteur associatif exclu du crédit d'impôt. De quoi satisfaire en partie le rapporteur général du Budget Christian Eckert (PS).
Rejeté en revanche, un amendement de députés de l'aile gauche du PS pour exclure du crédit d'impôt les sociétés cotées a fait s'écrier au centriste Charles de Courson: "Même pas un primate défendrait ce genre de thèse".
L'un des outils de financement du crédit d'impôt à hauteur de 6,4 milliards d'euros, la hausse de certains taux de TVA assortie d'une refonte des trois taux existants, a commencé à nourrir le débat.
Après les railleries de la droite sur le "reniement" du gouvernement qui avait fait voter à l'été l'abrogation de la TVA sociale, nombre de députés de tous bords ont alerté sur l'impact pour le logement social ou pour le cinéma. Tous leurs amendements ont été rejetés.
Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac, comme le rapporteur général, ont jugé qu'il n'y avait "pas urgence" à changer l'architecture de taux de TVA prévus pour 2014, plaidant pour la nécessité de prendre le temps de mesurer l'impact de modifications qui ne pourront se faire qu'à enveloppe constante.
La guerre interne à l'UMP, incarnée à l'Assemblée par la présence de deux groupes distincts l'UMP et le Rassemblement-UMP, a alimenté plusieurs anicroches entre la présidente de séance Sandrine Mazetier (PS) et des députés de l'un ou l'autre groupe sur les temps de parole.
Le président proclamé mais contesté de l'UMP Jean-François Copé, qui s'est encore entretenu avec son rival François Fillon au Palais-Bourbon en fin d'après-midi, a fait une brève apparition dans l'hémicycle.
Principale mesure du pacte de compétitivité, ce crédit d'impôt sera financé par une hausse de la TVA, refondue en trois taux de 5, 10 et 20% (6,4 milliards d'euros en 2014), par des économies sur les dépenses publiques pour 10 milliards d'euros et des mesures de fiscalité écologique.
Sur fond d'emballement du chômage, le gouvernement attend du CICE entre 300.000 et 400.000 créations d'emplois et un soutien de la croissance à hauteur de 0,5 point à l'horizon 2017.
S'il a voté la mesure, le radical Roger-Gérard Schwartzenberg a regretté le "double coup d'accordéon" sur l'impôt sur les sociétés en peu de temps et "qu'un cinquième seulement du crédit d'impôt aille à l'industrie proprement dite".
Les écologistes se sont abstenus mais Eva Sas a évoqué une "occasion manquée" par l'absence de "donnant-donnant" et de ciblage sur l'industrie, les PME ou les secteurs d'avenir. "Les syndicats de salariés partent dans la négociation avec un sac à dos trop chargé face au patronat", a notamment lancé Nicolas Sansu, dont le groupe Front de Gauche a voté contre.
Les députés UMP mais aussi ceux du groupe R-UMP et de l'UDI ont voté contre, déplorant la "fixation de critères" constituant des "verrous législatifs" qui "gâchent une bonne idée". "Vous nous dites que nous sommes vieux dans nos têtes mais peut-être que votre texte ressemble à un dinosaure", a lancé Éric Woerth, filloniste, dans une riposte à une remarque du ministre du Travail Michel Sapin.
Aux députés de la majorité, contrariés par l'accélération du tempo et du risque de chèque en blanc aux entreprises, le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, a tenu à assurer du souci de "justice" du gouvernement et d'une utilisation "pour l'emploi, l'investissement et non l'alimentation des rémunérations des dirigeants ou au versement des dividendes". Et il a affirmé que la mesure bénéficierait à "83% des salariés de l'industrie".
Les députés ont d'ailleurs voté une série de sous-amendements PS stipulant que le CICE ne pourra pas financer une hausse des bénéfices distribués ou augmenter les rémunérations des dirigeants, ou prévoyant après la fin de la négociation syndicats-patronat sur le marché du travail une loi pour fixer les conditions d'information des institutions représentatives du personnel et les modalités de contrôle par les partenaires sociaux de l'usage du CICE.
"Nous aurions souhaité des conditions", a souligné le président des députés radicaux de gauche, Nicolas Sansu critiquant l'absence de "sanctions".
Également voté, un amendement du gouvernement triplant l'abattement de taxe sur les salaires de 6.000 à 20.000 euros par an, pour ne pas défavoriser le secteur associatif exclu du crédit d'impôt. De quoi satisfaire en partie le rapporteur général du Budget Christian Eckert (PS).
Rejeté en revanche, un amendement de députés de l'aile gauche du PS pour exclure du crédit d'impôt les sociétés cotées a fait s'écrier au centriste Charles de Courson: "Même pas un primate défendrait ce genre de thèse".
L'un des outils de financement du crédit d'impôt à hauteur de 6,4 milliards d'euros, la hausse de certains taux de TVA assortie d'une refonte des trois taux existants, a commencé à nourrir le débat.
Après les railleries de la droite sur le "reniement" du gouvernement qui avait fait voter à l'été l'abrogation de la TVA sociale, nombre de députés de tous bords ont alerté sur l'impact pour le logement social ou pour le cinéma. Tous leurs amendements ont été rejetés.
Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac, comme le rapporteur général, ont jugé qu'il n'y avait "pas urgence" à changer l'architecture de taux de TVA prévus pour 2014, plaidant pour la nécessité de prendre le temps de mesurer l'impact de modifications qui ne pourront se faire qu'à enveloppe constante.
La guerre interne à l'UMP, incarnée à l'Assemblée par la présence de deux groupes distincts l'UMP et le Rassemblement-UMP, a alimenté plusieurs anicroches entre la présidente de séance Sandrine Mazetier (PS) et des députés de l'un ou l'autre groupe sur les temps de parole.
Le président proclamé mais contesté de l'UMP Jean-François Copé, qui s'est encore entretenu avec son rival François Fillon au Palais-Bourbon en fin d'après-midi, a fait une brève apparition dans l'hémicycle.
Première historique pour la dette: Le taux français à 10 ans passe sous les 2%
DETTE - La France bénéficie d'une année de tous les records sur les marchés...
Le taux d'emprunt français à 10 ans est passé mercredi après-midi pour la première fois de son histoire sous les 2%, un niveau qui illustre l'attrait de plus en plus fort de la dette française auprès des investisseurs.Vers 14H15, le taux de référence à 10 ans est tombé à 1,994% contre 2,033% mardi à la clôture, effaçant son précédent record enregistré début août (2,002%), sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. A 14H40, le taux remontait un peu à 2,003%.
Et pourtant le triple A n'est plus là...
La France bénéficie d'une année de tous les records sur les marchés, où elle emprunte à des taux historiquement bas sur l'ensemble des échéances et même négatifs à très court terme. La dette française a profité principalement tout au long de l'année des craintes des marchés quant à la situation en zone euro.
Elle offre surtout pour les investisseurs un rendement plus intéressant que la dette allemande, valeur refuge par excellence, tout en étant considérée comme presque aussi sûre que cette dernière. Le rendement de l'obligation à 10 ans allemande, le Bund, s'établissait à moins d'1,4% mercredi après-midi.
Enfin, ce nouveau record est établi alors même que 2012 restera l'année de la perte du triple A de la France auprès des deux principales agences de notation, Standard and Poor's et Moody's, sans aucune conséquence négative pour la dette française.
Avec AFP
SOCIAL
ArcelorMittal : réunion à haut risque entre Ayrault et les syndicats
S.Ld.
La rencontre entre Jean-Marc Ayrault et l'intersyndicale de Florange s'annonce houleuse après les différentes fuites dans la presse qui ont mis en lumière les détails de l'accord entre le gouvernement et ArcelorMittal. | (AFP/Fred Dufour)
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault reçoit mercredi à 18 heures l'intersyndicale d'ArcelorMittal-Florange. Objectif : détailler l'accord signé entre le gouvernement et la direction du géant mondial sidérurgiste pour éviter un plan social dans l'usine de Lorraine.
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Mardi, le journal le Monde a révélé que l'investissement d'ArcelorMittal ne sera pas à la hauteur des espérances. Ainsi, sur les 180 millions d'euros annoncés vendredi pour Florange, seulement 53 millions concerneraient des investissements stratégiques. Le reste étant «le flux d'investissements courants, les investissements de pérennité, santé, sécurité et progrès continu, et la maintenance exceptionnelle», affirme le quotidien.
Le gouvernement a fait «une grosse erreur»
Quant aux hauts fourneaux et autres activités de la phase liquide, en partie en sommeil depuis l'été 2011, ils seront arrêtés «à l'issue de la procédure légale», soit au printemps 2013.
Pour les syndicats, pas de doute : ils ont été dupés par le gouvernement. Il a fait «une grosse erreur et accepté ce que nous avons toujours combattu», commente Walter Broccoli, secrétaire de FO. Pour Edouard Martin, délégué CFDT, «c'est du foutage de gueule».
AUDIO. Edouard Martin, délégué CFDT de Florange, sur France Info
Le fameux projet de captage et stockage de CO2 (Ulcos) reste lui «un projet important pour développer de nouvelles solutions mieux adaptées aux enjeux du changement climatique», selon le document dévoilé par le Monde. Seul bémol : «l'état actuel des résultats de la recherche ne permet pas de passer directement sur le démonstrateur industriel de Florange», dit le texte.
Transfert d'activité de Basse-Indre vers Florange
Une chose est certaine : ArcelorMittal ne démontera pas les hauts-fourneaux avant six ans. Une autre chose l'est désormais aussi. Comme l'a confirmé une source proche de la direction d'ArcelorMittal, deux activités de l'iusine de Basse-Indre près de Nantes, le laminage (amincissement des tôles) et le décapage (suppression de la couche d'oxyde de surface) vont être transférés vers Florange. Environ 60 salariés de Basse-Indre seraient directement impactés.
L'idée est que désormais le site de Basse-Indre se concentre sur l'acier pour les boîtes de conserve, tandis que celui de Florange fabrique de l'acier pour canettes.
La colère des syndicats face à Ayrault risque d'être d'autant plus grande qu'un tandem de repreneurs sérieux semblait intéressé par le site de Florange. Selon les informations du Républicain Lorrain, Bernard Serin, patron de CMI (Seraing, Belgique, 3 400 employés dans le monde) et Alexei Mordachov, le milliardaire à la tête du géant russe de l’acier Severstal, «étaient associés dans le ticket Montebourg pour reprendre l’ensemble du site lorrain d’ArcelorMittal.» Le montant engagé aurait avoisiné les 500 millions d'euros, d'après le quotidien régional.
Quant aux hauts fourneaux et autres activités de la phase liquide, en partie en sommeil depuis l'été 2011, ils seront arrêtés «à l'issue de la procédure légale», soit au printemps 2013.
Pour les syndicats, pas de doute : ils ont été dupés par le gouvernement. Il a fait «une grosse erreur et accepté ce que nous avons toujours combattu», commente Walter Broccoli, secrétaire de FO. Pour Edouard Martin, délégué CFDT, «c'est du foutage de gueule».
AUDIO. Edouard Martin, délégué CFDT de Florange, sur France Info
Le fameux projet de captage et stockage de CO2 (Ulcos) reste lui «un projet important pour développer de nouvelles solutions mieux adaptées aux enjeux du changement climatique», selon le document dévoilé par le Monde. Seul bémol : «l'état actuel des résultats de la recherche ne permet pas de passer directement sur le démonstrateur industriel de Florange», dit le texte.
Transfert d'activité de Basse-Indre vers Florange
Une chose est certaine : ArcelorMittal ne démontera pas les hauts-fourneaux avant six ans. Une autre chose l'est désormais aussi. Comme l'a confirmé une source proche de la direction d'ArcelorMittal, deux activités de l'iusine de Basse-Indre près de Nantes, le laminage (amincissement des tôles) et le décapage (suppression de la couche d'oxyde de surface) vont être transférés vers Florange. Environ 60 salariés de Basse-Indre seraient directement impactés.
L'idée est que désormais le site de Basse-Indre se concentre sur l'acier pour les boîtes de conserve, tandis que celui de Florange fabrique de l'acier pour canettes.
La colère des syndicats face à Ayrault risque d'être d'autant plus grande qu'un tandem de repreneurs sérieux semblait intéressé par le site de Florange. Selon les informations du Républicain Lorrain, Bernard Serin, patron de CMI (Seraing, Belgique, 3 400 employés dans le monde) et Alexei Mordachov, le milliardaire à la tête du géant russe de l’acier Severstal, «étaient associés dans le ticket Montebourg pour reprendre l’ensemble du site lorrain d’ArcelorMittal.» Le montant engagé aurait avoisiné les 500 millions d'euros, d'après le quotidien régional.
LeParisien.fr
JUSTICE ?
Des militaires français jugés pour le meurtre d'un Ivoirien
Libération
Parole contre parole. La confrontation entre le colonel Eric Burgaud et son ancien commandant, le général Henri Poncet, était attendue comme le moment clé du procès de l’affaire Firmin Mahé. Depuis une semaine, quatre anciens militaires français - dont le colonel Burgaud - comparaissent devant la Cour d’assises de Paris, où ils doivent répondre du meurtre de cet Ivoirien, étouffé avec un sac plastique dans un véhicule blindé français le 13 mai 2005 sur la route de Man (ouest de la Côte d’Ivoire).
Ce mardi, l’ancien patron de la force Licorne (2004-2005) en Côte d’Ivoire a campé sur sa position : il a maintenu n’avoir jamais donné un tel ordre, imputant la décision de supprimer Mahé à un «décrochage moral» du colonel Burgaud. Henri Poncet a détaillé les facteurs sous-tendant ce type de «décrochage»: «excès d’estime de soi et d’empathie pour les populations, la rencontre avec la mort» sur le terrain... «Quand on n’est pas totalement préparé, cela peut faire des dégâts», a-t-il dit.
Pourquoi a-t-il décidé de «couvrir» le meurtre de Mahé, dont il dit avoir pris connaissance au lendemain des faits? «Pour ne pas ajouter la crise à la crise», répond-il, expliquant craindre une exploitation politique de la part du camp de l’ancien président Laurent Gbagbo contre les intérêts français. Le général Poncet a récolté un blâme de la part du ministère de la Défense (la sanction disciplinaire la plus élevée) et a été poussé vers la sortie des armées. «J’ai pris mes responsabilités, les sanctions sont normales», a-t-il conclu, sans avoir été mis véritablement en difficulté lors de cette audience.
Entendue en toute fin de journée, la ministre de la Défense à l'époque des faits, Michèle Alliot-Marie, a quant à elle dénoncé des «faits inacceptables, contraires à la loi et à l'éthique des armées.» Tout en évoquant des «circonstances particulières»: l’absence de toute autorité politique dans la zone de confiance, l’impunité des coupeurs de routes et la sollicitation par la population de la protection des soldats français. Le verdict est attendu le 7 décembre au soir.
Ordre illégal
La semaine dernière, le colonel Burgaud - qui commandait à l'époque les forces d’interposition françaises déployées dans cette zone - avait reconnu avoir donné l’ordre à l’adjudant Raugel de liquider Firmin Mahé, considéré comme l’auteur de plusieurs meurtres et viols dans la «zone de confiance» séparant le Nord aux mains des rebelles du Sud contrôlé par les troupes loyalistes. Mais le haut gradé avait aussitôt précisé avoir répercuté un «ordre illégal» transmis - selon lui - par son supérieur hiérarchique, le général Poncet.Ce mardi, l’ancien patron de la force Licorne (2004-2005) en Côte d’Ivoire a campé sur sa position : il a maintenu n’avoir jamais donné un tel ordre, imputant la décision de supprimer Mahé à un «décrochage moral» du colonel Burgaud. Henri Poncet a détaillé les facteurs sous-tendant ce type de «décrochage»: «excès d’estime de soi et d’empathie pour les populations, la rencontre avec la mort» sur le terrain... «Quand on n’est pas totalement préparé, cela peut faire des dégâts», a-t-il dit.
Totale responsabilité
La réponse de Burgaud a été cinglante :«Je ne savais pas avoir été commandé par un psychiatre, je pensais avoir été commandé par un chef, je m’aperçois que ce n’est pas le cas. J’affirme devant vous que le général Poncet ici présent m’a bien donné l’ordre dont j’assume la totale responsabilité de l’avoir transmis, moi, mais pas cet homme-là.» Durant l’instruction, le général Poncet, ancien patron des forces spéciales, a été un temps mis en examen pour «complicité d’homicide volontaire» avant de bénéficier d’un non-lieu. Mardi, devant la Cour, il a assuré que Mahé l’intéressait «vivant» afin d’obtenir du «renseignement» et de solliciter l’aide de l’ONU pour restaurer un semblant d'état de droit dans la zone de confiance, où les soldats français tentaient seuls d’enrayer la violence.Pourquoi a-t-il décidé de «couvrir» le meurtre de Mahé, dont il dit avoir pris connaissance au lendemain des faits? «Pour ne pas ajouter la crise à la crise», répond-il, expliquant craindre une exploitation politique de la part du camp de l’ancien président Laurent Gbagbo contre les intérêts français. Le général Poncet a récolté un blâme de la part du ministère de la Défense (la sanction disciplinaire la plus élevée) et a été poussé vers la sortie des armées. «J’ai pris mes responsabilités, les sanctions sont normales», a-t-il conclu, sans avoir été mis véritablement en difficulté lors de cette audience.
Un supérieur «pousse au crime»
Lui succédant à la barre du tribunal, son ancien adjoint en Côte d’Ivoire, le général Malaussène, n’a pas mâché ses mot. Il s’est livré à un virulent réquisitoire contre Henri Poncet, qualifié de «colérique», d'«impulsif» et de «pousse au crime». Il a surtout réaffirmé devant la Cour sa conviction que l’ordre de liquider Mahé avait bel et bien été donné par Poncet au colonel Burgaud. Mais, selon l’ancien numéro deux de la force Licorne, Poncet serait «protégé» en haut lieu. Renaud de Malaussène, dont les relations avec le général Poncet étaient notoirement mauvaises à Abidjan, assure ainsi que l’enquête interne de l’armée - qui a précédé en octobre 2005 l’enquête judiciaire - a escamoté son témoignage: il aurait évoqué alors «l’ordre implicite» donné par Poncet au colonel Burgaud. Une information occultée dans les conclusions de l’enquête interne. Le général Malaussène s’est ensuite tourné vers les jurés, implorant leur indulgence vis-à-vis des soldats impliqués dans le meurtre de Mahé: «Ils n’ont jamais tué d’innocents, ils n’ont fait que protéger des innocents.»Entendue en toute fin de journée, la ministre de la Défense à l'époque des faits, Michèle Alliot-Marie, a quant à elle dénoncé des «faits inacceptables, contraires à la loi et à l'éthique des armées.» Tout en évoquant des «circonstances particulières»: l’absence de toute autorité politique dans la zone de confiance, l’impunité des coupeurs de routes et la sollicitation par la population de la protection des soldats français. Le verdict est attendu le 7 décembre au soir.
Jeux, rivalités, affaires corses au procès du Cercle Wagram
La balance, symbole de la justice (Photo Thomas Coex. AFP)
Libération
La justice va plonger mercredi dans les coulisses d'un cercle de jeux parisien huppé, le Wagram, soupçonné d'avoir servi au blanchiment d'argent de voyous corses qui s'y seraient également affrontés lors d'un "putsch" mené en janvier 2011.
Dix personnes sont renvoyées devant la 14ème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour extorsion de fonds et association de malfaiteur.
Le tribunal devrait plus particulièrement s'intéresser à la journée du 19 janvier 2011 quand l'établissement de jeux situé près des Champs-Elysées voit débarquer un groupe d'hommes qui chasse l'équipe dirigeante du Cercle pour prendre le contrôle de l'établissement.
En toile de fond: les dissensions qui déchirent le gang corse de la Brise de mer dont les principales figures ont été tuées au cours des dernières années.
Parmi eux, Richard Casanova assassiné en 2008 et Francis Guazelli, mort en 2009, dirigeants occultes du Cercle Wagram, selon les enquêteurs. C'est le frère de Francis, Jean-Angelo, qui a repris les rênes de l'établissement après son décès, au grand dam des proches de Casanova qui tentent de renverser la situation.
C'est ce qu'ils sont en passe de réussir ce 19 janvier, lorsque le beau-frère de Casanova, Jean-Luc Germani, accompagné de huit comparses débarque au Cercle. Ils ignorent que l'établissement est sous surveillance, dans le cadre d'une autre procédure, et que la police ne perd pas une miette du spectacle.
"C'est chaud, hein"
Tandis que Germani et Antoine Quilichini, dit "Tony le boucher", restent à l'extérieur du bâtiment, un autre groupe se rend dans les bureaux faire comprendre aux dirigeants de la juteuse entreprise que le vent a tourné. "L'ancienne équipe d'ici (...) ils sont arrivés ce matin (...) avec des mecs de chez vous et ils ont enlevé Marie, Térésa, les deux zouaves ... tout le monde dehors (...) c'est pas un petit truc qui s'est passé (...) c'est chaud hein ?", raconte moins d'une heure plus tard, dans une conversation interceptée par la police, un des employés du Cercle.
Le changement de main fera long feu. En juin, un coup de filet policier permettait l'interpellation de la plupart des protagonistes et le Cercle était fermé.
Trois acteurs du "putsch" ont échappé aux enquêteurs: Jean-Luc Germani, Stephane Luciani et Frédéric Fédérici. Les deux premiers sont poursuivis pour l'assassinat, en 2008, de Jean-Claude Colonna, cousin de l'ancien "parrain" du sud de l'île Jean-Jé Colonna, mort en 2006. Ils seront jugés en leur absence. Restent sur le banc des prévenus six hommes et une femme, aux profils variés: professionnels du monde du jeu, voyous corses et même deux acteurs de la série de Canal+ "Mafiosa".
Ils comparaîtront jusqu'au 21 décembre à raison de trois demi-journées par semaine.
Un autre volet de l'enquête visant l'équipe écartée en 2011, soupçonnée d'extorsion de fonds et blanchiment, est toujours ouvert. Son instruction vient de s'achever.
Parmi les mis en examen figurent Jean-Angelo Guazelli et un policier à la retraite, Honoré Renon, président de l'association du cercle dont le rôle contribue à "jeter le trouble sur les liens pouvant exister entre les mis en cause et le milieu policier", selon les juges d'instruction.
En avril 2012, le patron du renseignement intérieur de l'époque, Bernard Squarcini, avait été entendu comme témoin, son nom revenant parmi les contacts de plusieurs membres du cercle Wagram.
Dix personnes sont renvoyées devant la 14ème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour extorsion de fonds et association de malfaiteur.
Le tribunal devrait plus particulièrement s'intéresser à la journée du 19 janvier 2011 quand l'établissement de jeux situé près des Champs-Elysées voit débarquer un groupe d'hommes qui chasse l'équipe dirigeante du Cercle pour prendre le contrôle de l'établissement.
En toile de fond: les dissensions qui déchirent le gang corse de la Brise de mer dont les principales figures ont été tuées au cours des dernières années.
Parmi eux, Richard Casanova assassiné en 2008 et Francis Guazelli, mort en 2009, dirigeants occultes du Cercle Wagram, selon les enquêteurs. C'est le frère de Francis, Jean-Angelo, qui a repris les rênes de l'établissement après son décès, au grand dam des proches de Casanova qui tentent de renverser la situation.
C'est ce qu'ils sont en passe de réussir ce 19 janvier, lorsque le beau-frère de Casanova, Jean-Luc Germani, accompagné de huit comparses débarque au Cercle. Ils ignorent que l'établissement est sous surveillance, dans le cadre d'une autre procédure, et que la police ne perd pas une miette du spectacle.
"C'est chaud, hein"
Tandis que Germani et Antoine Quilichini, dit "Tony le boucher", restent à l'extérieur du bâtiment, un autre groupe se rend dans les bureaux faire comprendre aux dirigeants de la juteuse entreprise que le vent a tourné. "L'ancienne équipe d'ici (...) ils sont arrivés ce matin (...) avec des mecs de chez vous et ils ont enlevé Marie, Térésa, les deux zouaves ... tout le monde dehors (...) c'est pas un petit truc qui s'est passé (...) c'est chaud hein ?", raconte moins d'une heure plus tard, dans une conversation interceptée par la police, un des employés du Cercle.
Le changement de main fera long feu. En juin, un coup de filet policier permettait l'interpellation de la plupart des protagonistes et le Cercle était fermé.
Trois acteurs du "putsch" ont échappé aux enquêteurs: Jean-Luc Germani, Stephane Luciani et Frédéric Fédérici. Les deux premiers sont poursuivis pour l'assassinat, en 2008, de Jean-Claude Colonna, cousin de l'ancien "parrain" du sud de l'île Jean-Jé Colonna, mort en 2006. Ils seront jugés en leur absence. Restent sur le banc des prévenus six hommes et une femme, aux profils variés: professionnels du monde du jeu, voyous corses et même deux acteurs de la série de Canal+ "Mafiosa".
Ils comparaîtront jusqu'au 21 décembre à raison de trois demi-journées par semaine.
Un autre volet de l'enquête visant l'équipe écartée en 2011, soupçonnée d'extorsion de fonds et blanchiment, est toujours ouvert. Son instruction vient de s'achever.
Parmi les mis en examen figurent Jean-Angelo Guazelli et un policier à la retraite, Honoré Renon, président de l'association du cercle dont le rôle contribue à "jeter le trouble sur les liens pouvant exister entre les mis en cause et le milieu policier", selon les juges d'instruction.
En avril 2012, le patron du renseignement intérieur de l'époque, Bernard Squarcini, avait été entendu comme témoin, son nom revenant parmi les contacts de plusieurs membres du cercle Wagram.
Corruption en France : "Il y a urgence à agir"
L'ONG Transparency International publie ce mercredi un rapport sur la lutte contre la corruption. Et appelle à en faire "une grande cause nationale."
Argent (photo d'illustration) (Christian Zachariasen/ MaxPPP)
Peut mieux faire. La France est 22e au niveau mondial et 9e au niveau européen des pays perçus comme les moins corrompus - estimation calculée à partir de l'IPC, indice de perception de la corruption des acteurs économiques. Derrière les pays scandinaves, la Finlande, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique ou le Royaume-Uni. Le retard français en matière de lutte contre la corruption est mis en avant par le rapport que l'ONG Transparency International France publie mercredi 5 décembre. Intitulé "Faire de la lutte contre la corruption et de l'éthique publique une grande cause nationale", il vise à faire un état des lieux de la corruption en France. Et à renforcer la lutte contre cette pratique, notamment via une campagne de communication.
Et ce, malgré la création d'une incrimination en cas de fausse déclaration et d'une sanction d'inéligibilité qui "ne servent à rien, car la commission de transparence de la vie politique n'a pas les moyens permettant de vérifier les déclarations." Il cite aussi l'encadrement du lobbying à l'Assemblée nationale et au Parlement adopté il y a deux ans, dont la mise en place est "extrêmement insuffisante" : "Il existe seulement un registre pour que les lobbyistes s'inscrivent volontairement." Mais, ajoute-t-il, "même obligatoire, cela serait toujours insuffisant."
"Il s'agit le plus souvent de marchés publics truqués" commente encore Julien Coll, de fraudes sur les décisions locales d'urbanisme. Exemple encore "assez classique" : "Un maire qui modifie le classement d'un terrain pour que cela profite à un de ses proches, ou à lui-même". Et le délégué général de citer aussi des cas de corruption sur des marchés publics de déchets, des emplois fictifs... Ou encore "certains fonctionnaires qui abusent de leur pouvoir pour, par exemple en préfecture, monnayer des visas."
"Il y a urgence à agir", assène celui qui souhaite la mise en place d'un "véritable plan d'action à hauteur des enjeux." Parmi les différentes préconisations de l'ONG figure la "fin des conflits d'intérêt", "l'indépendance de la justice", "l'inéligibilité des élus condamnés pour corruption" ou encore "la transparence sur le lobbying". Il faut, conclut le délégué général de Transparency International, que "s'impose le fait que chaque citoyen puisse avoir connaissance des différents avis et positions consultés et pris en compte par les décideurs publics, ce qui n'est pas du tout possible aujourd'hui." Il suggère entre autres que les décideurs publics "mettent en ligne la liste des groupes d'intérêt qu'ils ont consultés.
Le rapport de Transparency International France intitulé : "Faire de la lutte contre la corruption et de l'éthique publique une grande cause nationale" :
Céline Rastello - Le Nouvel Observateur
"La crise de confiance vis-à-vis des représentants n'a jamais été aussi grave"
"La corruption n'est pas une pratique nouvelle", concède le délégué général de l'ONG Julien Coll. Mais l'ampleur des enjeux, assure-t-il, l'est beaucoup plus : "La crise de confiance des Français vis-à-vis de leurs représentants n'a jamais été aussi grave." Il cite notamment le sondage TNS-Sofres de novembre 2011, selon lequel "72% des élus et dirigeants politiques" sont estimés comme étant "plutôt corrompus." Une défiance illustrée par le baromètre de la corruption (ci-dessous), qui exprime les perceptions et le vécu des citoyens français par rapport à leurs institutions (données de 2010). En tête des institutions estimées comme la plus corrompue figurent en effet les partis politiques, puis le Parlement, la police, l'entreprise, les médias, l'administration, la justice,...Des contrôles de façade
Si les partis politiques caracolent en tête, c'est, selon Julien Coll, car "il y a trop souvent eu des amendements, lois et autres règlements pris par des responsables politiques" en faveur de la lutte contre la corruption, mais qui "en regardant de près, sont le plus souvent des coquilles vides ne répondant pas réellement au problème." Le délégué général de Transparency International illustre aussi sa position par le dispositif de déclaration de patrimoine des élus : "Il existe depuis 1988, mais ne fonctionne absolument pas."Et ce, malgré la création d'une incrimination en cas de fausse déclaration et d'une sanction d'inéligibilité qui "ne servent à rien, car la commission de transparence de la vie politique n'a pas les moyens permettant de vérifier les déclarations." Il cite aussi l'encadrement du lobbying à l'Assemblée nationale et au Parlement adopté il y a deux ans, dont la mise en place est "extrêmement insuffisante" : "Il existe seulement un registre pour que les lobbyistes s'inscrivent volontairement." Mais, ajoute-t-il, "même obligatoire, cela serait toujours insuffisant."
"Il s'agit le plus souvent de marchés publics truqués"
L'ONG, qui répertorie les faits jugés de corruption en France depuis 2008, cite aussi dans son rapport plusieurs exemples de cas concrets. Comme, entre autres, l'affaire des faux diplômes du Var en 2009, quand avait été révélée l'existence d'une filière de recrutement d'étudiants chinois n'ayant pas le niveau de français requis. Le président de l'université du Sud-Toulon-Var avait été mis en examen pour corruption passive. Autre "exemple classique de favoritisme" : en décembre 2011, le président de la Chambre de commerce de la Guyane a été condamné pour avoir attribué un contrat à une société appartenant à sa compagne."Il s'agit le plus souvent de marchés publics truqués" commente encore Julien Coll, de fraudes sur les décisions locales d'urbanisme. Exemple encore "assez classique" : "Un maire qui modifie le classement d'un terrain pour que cela profite à un de ses proches, ou à lui-même". Et le délégué général de citer aussi des cas de corruption sur des marchés publics de déchets, des emplois fictifs... Ou encore "certains fonctionnaires qui abusent de leur pouvoir pour, par exemple en préfecture, monnayer des visas."
"Il faut un véritable plan d'action à hauteur des enjeux"
Le principal dommage causé par la corruption consiste, selon l'ONG, en la perte de confiance des citoyens dans leurs institutions. Les Français "sous-estiment par ailleurs sans doute les conséquences que la corruption peut avoir pour eux", poursuit Julien Coll. "En cas de marché truqué, l'entreprise qui corrompt et verse un pot-de-vin le répercute forcément sur le prix de la prestation. D'où un coût plus important pour le contribuable. Qui tourne souvent autour des 10% du prix du marché". L'ONG, qui se réjouit d'avoir vu le thème de la "moralisation de la vie publique" revenir lors de la dernière campagne présidentielle, souhaite à présent que "le sujet reste en bonne place dans l'agenda politique"."Il y a urgence à agir", assène celui qui souhaite la mise en place d'un "véritable plan d'action à hauteur des enjeux." Parmi les différentes préconisations de l'ONG figure la "fin des conflits d'intérêt", "l'indépendance de la justice", "l'inéligibilité des élus condamnés pour corruption" ou encore "la transparence sur le lobbying". Il faut, conclut le délégué général de Transparency International, que "s'impose le fait que chaque citoyen puisse avoir connaissance des différents avis et positions consultés et pris en compte par les décideurs publics, ce qui n'est pas du tout possible aujourd'hui." Il suggère entre autres que les décideurs publics "mettent en ligne la liste des groupes d'intérêt qu'ils ont consultés.
Le rapport de Transparency International France intitulé : "Faire de la lutte contre la corruption et de l'éthique publique une grande cause nationale" :
Céline Rastello - Le Nouvel Observateur
Dans l'immédiat, le groupe devra passer dans ses comptes du quatrième trimestre une charge exceptionnelle atteignant 1 milliard de dollars avant impôts, a-t-il indiqué dans un communiqué.