POLITIQUE
Le budget rectificatif, avec crédit d'impôt, voté en nouvelle lecture à l'Assemblée
Le Monde.fr avec AFPL'Assemblée nationale a voté dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 décembre, avec de légères retouches en nouvelle lecture, le projet de budget rectificatif 2012 de fin d'année avec le crédit d'impôt compétitivité et des hausses de TVA assorties d'une refonte des trois taux.
Les sénateurs devraient probablement rejeter à nouveau mercredi 19 décembre dans la journée ce projet de loi de finances rectificative, que les députés réexamineront mercredi soir, pour l'adopter définitivement. Outre les députés socialistes, le texte a été soutenu par les radicaux de gauche et les écologistes, malgré des critiques sur le manque de ciblage sur l'industrie ou les PME. Les députés de droite (UMP, R-UMP, UDI) et du Front de gauche ont rappelé leur opposition.Sur le crédit d'impôt de 20 milliards d'euros, quelques amendements ont été adoptés, dont un amendement écologiste précisant au nombre des objectifs qu'il doit contribuer au financement de la transition écologique et énergétique. Divers amendements des écologistes ou radicaux de gauche pour encadrer davantage l'usage du CICE, voire prévoir des remboursements s'il était dévoyé, ont été rejetés.
REJET DES BAISSES DES TAUX DE TVA
Egalement voté, entre autres, un amendement du gouvernement pour élargir le bénéfice du crédit d'impôt aux coopératives, mais aussi à toutes les sociétés de ce type comme les bailleurs sociaux ou les mutuelles ainsi que l'assiette éligible des activités de ces sociétés. L'Assemblée a rejeté, en revanche, l'inclusion des travailleurs indépendants par exemple dans les bénéficiaires du crédit d'impôt, comme le souhaitaient les centristes.
Bois de chauffage, logement social, transports collectifs, billets de cinéma, parcs d'attraction, autant de produits ou secteurs d'activité au sujet desquels des députés ont plaidé en faveur de baisse des taux de TVA. Toutes ces demandes ont été rejetées, le gouvernement comme le rapporteur général du budget, Christian Eckert, renvoyant à un travail global des parlementaires de la majorité sur l'architecture des taux en 2013 sur de possibles évolutions.
"J'entends bien que ce sera après, mais, pour ceux qui nous ont élus au mois de juin, notre attitude par rapport au taux de TVA est tout sauf clair", a glissé Isabelle Attard (EELV). Egalement rejeté, un amendement de M. Eckert repoussant d'un an, de 2014 à 2015, l'application de la hausse de TVA de 7 à 10 % pour "les opérations de construction et de rénovation de logements sociaux", qui n'avait pas la faveur du ministre chargé du budget, Jérôme Cahuzac.
Dans l'enveloppe globale de 10 milliards de recettes nouvelles prévues pour contribuer à financer le crédit d'impôt, les députés PS pourraient aussi en 2013 diminuer la part de la TVA et augmenter celle de la fiscalité écologique, a réaffirmé Pierre-Alain Muet. Quelques amendements au projet de budget rectificatif ont aussi été votés pour retoucher légèrement des mesures concernant les collectivités locales, notamment le calcul de la contribution foncière aux entreprises (CFE), dont la flambée a mis en émoi de nombreuses sociétés.
François Hollande en visite en Algérie dans l'espoir de tourner une page
Le Monde.fr avec AFPFort du capital de sympathie dont il jouit en Algérie, François Hollande tentera de relever mercredi 19 et jeudi 20 décembre un triple défi : trouver les mots justes pour panser les plaies du passé, relancer les échanges économiques et adresser un message d'espoir à la jeunesse algérienne.
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UNE DÉLÉGATION PLÉTHORIQUEJamais, depuis sa prise de fonctions, en mai, le président français n'avait été accompagné à l'étranger d'une délégation aussi nombreuse : près de 200 personnes, dont neuf ministres, une douzaine de responsables politiques, une quarantaine d'hommes d'affaires, des écrivains, des artistes parmi lesquels le comédien né en Algérie Kad Merad, très populaire en France, et une centaine de journalistes. "C'est l'illustration de l'importance politique, mais aussi symbolique et économique que le président de la République attache à ce déplacement, souligne le porte-parole diplomatique de l'Elysée, Romain Nadal. Elle correspond aussi à la volonté des Algériens d'assurer le renouveau de la relation."
A Alger et Tlemcen, la "perle du Maghreb", 580 kilomètres plus à l'ouest, deux villes pomponnées pour l'occasion, François Hollande entend réussir là où ses prédécesseurs ont trébuché. Jacques Chirac avait été accueilli dans la liesse en 2003 et 2004. Mais l'année suivante, une loi visant à inscrire dans les manuels scolaires français "le rôle positif" de la colonisation avait durablement plombé les relations franco-algériennes. Quant à Nicolas Sarkozy, il avait séduit les Algériens en décembre 2007, mais la réception dans la foulée de sa visite d'associations de harkis avait rompu le charme.
François Hollande et son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, tenteront donc de tourner la page de ces espoirs déçus par une "déclaration conjointe" à défaut d'un traité d'amitié. Le chef de l'Etat algérien a dit en attendre un "partenariat d'exception" tandis que Paris souhaite aussi nouer à cette occasion "un dialogue politique sur les grands enjeux internationaux", à commencer par le Mali. La France voudrait obtenir l'appui de l'Algérie en vue d'une intervention internationale dans le nord de ce pays, contrôlé par des islamistes radicaux.
"UN REGARD LUCIDE" SUR LE PASSÉ
Devant les deux chambres du Parlement algérien réunies, le président Hollande, qui connaît bien l'Algérie pour y avoir fait en 1978 son stage de l'ENA, entend poser jeudi "un regard lucide" sur le passé, celui de cent trente-deux années de colonisation française et d'une guerre d'indépendance meurtrière. François Hollande avait posé de premiers jalons à l'automne, reconnaissant la "sanglante répression" par la police française de la manifestation du 17 octobre 1961 qui avait fait plusieurs dizaines de morts à Paris parmi les manifestants algériens. "L'Histoire doit servir à bâtir l'avenir et non pas à l'empêcher", a-t-il plaidé.
"La reconnaissance du passé colonial et des crimes de la colonisation apaisera, enfin, les mémoires encore douloureuses, rendra justice aux victimes et mettra également fin aux instrumentalisations et calculs politiciens entretenus de part et d'autre", veut croire mercredi l'éditorial du grand quotidien francophone algérien El-Watan. "L'Algérie et la France vont procéder à la signature de 7 à 8 accords touchant plusieurs secteurs dont la défense, l'industrie, l'agriculture, la culture, l'enseignement et la formation", a indiqué pour sa part le premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal.
L'un d'eux, âprement négocié, portera sur la construction près d'Oran (Ouest) d'une usine de montage de Renault susceptible de produire à compter de 2014 au moins 25 000 véhicules par an. Jeudi, au deuxième et dernier jour de sa visite, le président français s'adressera à la jeunesse algérienne, qu'il rencontrera à l'université de Tlemcen. "Il soulignera à cette occasion que les questions d'éducation, d'échanges universitaires et de formation seront au cœur de l'agenda bilatéral", selon Romain Nadal.
Attentat de Benghazi : un rapport officiel américain dénonce des "ratés" dans la sécurité
Le Monde.fr avec AFPUn rapport officiel américain publié mardi 18 décembre brocarde le département d'Etat pour des failles dans le dispositif de sécurité du consulat américain de Benghazi, attaqué le 11 septembre par des islamistes, un attentat qui a coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye.
Ce rapport a été rédigé pendant trois mois par une commission indépendante, un comité de révision (ARB) de l'action de l'administration américaine qui avait été mis sur pied par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. Il conclut aussi que les services d'espionnage américains ne disposaient, avant l'attentat, d'"aucun renseignement immédiat et spécifique" faisant état d'une menace terroriste contre ce consulat.
UN DISPOSITIF DE SÉCURITÉ LARGEMENT INADÉQUAT
Ce rapport, dont la partie "non confidentielle" a été rendue publique mardi soir par le département d'Etat, fustige "des ratés et des carences au niveau de deux bureaux du département d'Etat qui ont conduit à mettre en place un dispositif de sécurité [au consulat de Benghazi] qui était largement inadéquat pour faire face à l'attaque" du 11 septembre. Cet attentat, perpétré aux explosifs et armes de guerre par des miliciens islamistes proches d'Al-Qaida, avait coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Christopher Stevens, et à trois autres agents américains.
Mme Clinton avait assuré à la mi-octobre qu'elle "assum[ait] la responsabilité" de la gestion et des conséquences de cette attaque. Dans deux lettres adressées mardi aux commissions des affaires étrangères de la Chambre des représentants et du Sénat – formant le Congrès américain – Mme Clinton écrit qu'elle accepte "chacune" des 29 recommandations faites par l'ARB.
Le département d'Etat et le Pentagone vont par exemple déployer "des centaines de marines supplémentaires" pour mieux protéger leurs représentations diplomatiques et consulaire à l'étranger, écrit Mme Clinton, selon les courriers rendus publics mardi soir. Les Etats-Unis possèdent le premier réseau diplomatique et consulaire de la planète, avec 275 postes à l'étranger. Le département d'Etat fait travailler quelque 60 000 personnes. Ce ministère américain des affaires étrangères publie son rapport alors que le Congrès doit auditionner mercredi et jeudi des responsables du département d'Etat et du Pentagone sur l'attentat de Bengahzi, mais en l'absence de la secrétaire d'Etat, souffrante depuis plus de dix jours.
SUSAN RICE EN LIGNE DE MIRE
Mme Clinton devait témoigner jeudi devant les commissions des affaires étrangères de la Chambre des représentants (à majorité républicaine) et du Sénat (à majorité démocrate), mais elle se remet toujours d'une "commotion cérébrale" après un malaise la semaine dernière consécutif à une "déshydratation extrême" due à un "méchant virus gastrique", selon le département d'Etat. Elle sera remplacée par ses adjoints William Burns et Thomas Nides. Les coprésidents de l'ARB, le diplomate Thomas Pickering et l'amiral Mike Mullen, témoigneront mercredi à huis clos devant le Congrès.
L'attentat de Benghazi a déclenché une tempête politique entre le gouvernement démocrate de Barack Obama et l'opposition républicaine, surtout avant la réélection du président américain le 6 novembre. Les républicains reprochent à l'exécutif des failles et des manquements en matière de sécurité et de renseignement en Libye. Ils accusent aussi l'administration d'avoir changé de versions sur la nature de l'attaque et d'avoir tardé à reconnaître son caractère "terroriste".
Les républicains avaient en ligne de mire Susan Rice, l'ambassadrice américaine à l'ONU, qui avait expliqué le 16 septembre que l'assaut de Benghazi avait été plutôt la conséquence d'une manifestation antiaméricaine qui aurait dégénéré. Mme Rice, qui était en lice pour remplacer Mme Clinton comme secrétaire d'Etat en janvier 2013, s'est retirée de la course la semaine dernière.
INSURRECTION
2012, l'année la plus meurtrière pour les journalistes depuis les années 90
PARIS — Avec la guerre civile en Syrie, les milices en Somalie et les représailles des talibans au Pakistan, 2012 a été l'année la plus meurtrière pour la profession depuis les années 1990, selon Reporters sans frontières et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Cette année, 88 journalistes ont été tués dans le monde dans le cadre de leur travail, souligne RSF, un record depuis la première publication de son bilan annuel en 1995.
Le CPJ donne, quant à lui, le chiffre de 67 morts, ce qui représente également un record depuis que l'organisation a commencé à référencer ces décès en 1992.
"Le nombre historiquement élevé de journalistes tués en 2012 est principalement imputable au conflit en Syrie, au chaos en Somalie et à la violence des talibans au Pakistan", a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Toutefois, c'est en Syrie que le bilan a, de loin, été le plus lourd, 28 reporters y ayant péri selon le CPJ, 17 selon RSF.
Quatre journalistes étrangers ont été tués en Syrie : deux Français, le photographe indépendant Rémi Olchik et le reporter de France 2 Gilles Jacquier, ainsi que l'Américaine Marie Colvin, qui écrivait pour le Sunday Times de Londres, et la journaliste de l'agence Japan Press Mika Yamamoto.
Ces chiffres sont publiés le jour où le journaliste américain Richard Engel, de la chaîne de télévision NBC News, enlevé en Syrie il y a cinq jours, a été libéré avec son équipe. Le journaliste a affirmé sur NBC avoir été kidnappé par des miliciens shabiha favorables au régime du président syrien Bachar al-Assad.
"espions"
En Syrie, le nombre des personnes tuées parmi les "net-citoyens" (internautes qui tiennent des blogs d'information) et les "citoyens journalistes" (personnes qui se substituent aux journalistes professionnels pour couvrir une actualité) a également explosé, passant de cinq en 2011 à 47 cette année, a annoncé RSF, qui qualifie ce pays de "cimetière des acteurs de l'information".
"Des journalistes ont été pris à partie par certains groupes armés opposés au régime, de plus en plus intolérants face aux critiques et prompts à cataloguer comme espions les professionnels de l'information qui ne relaient pas leurs thèses", poursuit l'organisation.
"La polarisation de l'information, la propagande et les tentatives de manipulation, la violence extrême à laquelle les journalistes et les citoyens-journalistes sont confrontés, les contraintes techniques rencontrées, font de l'activité de collecte et de diffusion d'informations un véritable sacerdoce dans ce pays", conclut RSF.
En Somalie, terrain d'instabilité politique depuis une vingtaine d'années, 18 journalistes sont morts, deux fois plus qu'en 2009 qui était jusqu'à présent l'année la plus meurtrière pour ce pays. Les journalistes y sont victimes des milices armées, mais aussi des administrations locales, précise RSF.
Dix journalistes ont par ailleurs perdu la vie au Pakistan, frontalier de l'Afghanistan et qui entretient des relations très tendues avec son voisin indien.
Les emprisonnements de journalistes atteignent un record cette année, avec au moins 193 d'entre eux derrière les barreaux.
La Turquie s'affiche comme la "plus grande prison du monde" pour la profession (72 journalistes emprisonnés dont 42 en lien avec leurs activités professionnelles), les arrestations intervenant souvent "au nom de la lutte contre le terrorisme".
Instagram choque avec ses nouvelles règles et fait marche arrière
PARIS — En décidant de s'offrir la possibilité de vendre les photos de ses utilisateurs sans compensation, l'application Instagram a choqué les internautes dont beaucoup menaçaient mardi de fermer leur compte, poussant le réseau social à faire quelque peu marche arrière dans la journée.
La société avait annoncé lundi l'actualisation de ses conditions d'utilisation, effective à partir du 16 janvier et censée permettre de croiser les données recueillies auprès de ses utilisateurs avec celles obtenues par sa maison mère, le réseau social Facebook.
Certains passages de ces nouvelles règles visibles sur Instagram.com avaient choqué des utilisateurs, en particulier le paragraphe indiquant: "Vous acceptez qu'une entreprise ou toute autre entité puisse nous payer pour afficher votre nom et profil d'utilisateur, vos photos (...) en lien avec des contenus payants ou sponsorisés, sans que cela ne vous donne droit à une compensation". Beaucoup menaçaient mardi de fermer leur compte.
Autre point qui faisait polémique, selon les sites internet spécialisés et les utilisateurs, le fait qu'Instagram s'octroie une licence "non exclusive, libre de redevance, transférable et mondiale" sur les photos postées par les utilisateurs.
"En analysant vos réactions et les articles parus dans la presse, nous allons modifier certaines parties des termes (des nouvelles règles) pour expliquer plus clairement ce qui va arriver à vos photos", a indiqué mardi soir dans un communiqué Kevin Systrom, cofondateur d'Instagram.
"Notre intention était de vous communiquer que nous aimerions faire l'expérience de publicités innovantes", poursuit M. Systrom.
"A la place, cela a été interprété par beaucoup comme une tentative de notre part de vendre vos photos sans aucune compensation. Ce n'est pas vrai (...) Pour être clair: il n'est pas dans notre intention de vendre vos photos", assure-t-il, ajoutant qu'Instagram travaillait à un "nouveau phrasé plus approprié" des nouvelles règles, sans donner plus de précisions.
Menace de fermeture
L'application, qui revendique plus de 100 millions d'utilisateurs dans le monde, permet de prendre des photos depuis son téléphone portable, de les retoucher avec une série de filtres esthétisants, puis de les mettre en ligne.
Initialement annoncé à un milliard de dollars, le rachat d'Instagram par Facebook s'était finalement élevé à 747 millions de dollars en avril.
Rendue publique lundi, l'actualisation des conditions d'utilisation d'Instagram intervient quelques mois après ce rachat et ouvre la voie à une éventuelle monétisation de cette application.
Il s'agit également de lutter plus efficacement contre les pourriels ou de détecter plus vite les problèmes de sécurité, selon Instagram.
Instagram a eu beau souligner sur son site que "rien ne change sur la propriété de vos photos ou qui peux les voir", nombre d'utilisateurs à travers le monde avaient fait part de leur émoi sur Twitter depuis lundi.
"Alerte ! A tous ceux qui sont sur #Instagram, relisez les nouvelles conditions d'utilisation. Vos photos courent un risque !", a publié @ElvisLewela de Nairobi, au Kenya.
"J'aime Instagram, mais ces nouvelles conditions d'utilisation sont ridicules", a jugé pour sa part @Danbo12, basé dans l'Essex, au Royaume-Uni.
Certains ont menacé de fermer leur compte prochainement. D'autres enfin restaient sceptiques. "Non mais vous croyez sérieusement que quelqu'un va payer de l'argent pour acheter un instagram de votre chat assis sur votre Macbook à côté du cupcake", a rigolé @fhtagn! de Tunis.
Pour Facebook, qui a récemment dû faire face en France à un mouvement de panique collectif lié à un "bug" imaginaire sur la fuite de messages privés, toutes ces craintes relèvent de la "pure spéculation".
"Nous savons qu'Instagram doit être intégré à Facebook, c'est pourquoi les conditions d'utilisation ont été actualisées", a dit un porte-parole de Facebook France.
"Quant à savoir l'utilisation qui en sera faite, nous ne savons pas encore mais nous informerons nos utilisateurs. Tout le reste est de la pure spéculation".
ECONOMIE
Standard and Poor's relève nettement la note de la Grèce
Cette augmentation de six crans de la note souveraine de la Grèce (de "défaut sélectif" à "B-") intervient après la conclusion de l'opération de rachat par le pays d'une partie de sa dette au tiers de son prix. C'est aussi le signe que cette agence de notation croit un peu plus dans la capacité du gouvernement grec à opérer des réformes budgétaires et structurelles. Et dans la détermination de l'Europe à le soutenir.
Une "décision très importante" pour le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras © Reuters - Yorgos Karahalis
"Une décision très importante, qui crée un climat d'optimisme. Mais nous savons que le route est encore longue et ardue, l'heure n'est pas au relâchement". C'est ainsi que le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, a salué cette décision de Standard and Poor's.
Car rien n'est joué. Aussi spectaculaire soit-elle, cette amélioration de la note souveraine de la Grèce ne fait passer le pays que de situation de "défaillance partielle" à la catégorie dite "spéculative", celle qui rassemble les émetteurs de dette qui risquent de ne pas honorer leurs échéances.
C'est la première révision à la hausse de la note de la Grèce depuis le déclenchement de la crise de la dette en 2010
La réforme du système bancaire restera limitée
La réforme des banques est présentée ce mercredi en Conseil des ministres. Une version adoucie du projet voulu par le candidat François Hollande qui consistait à séparer complètement la banque de détail des activités de marché. Finalement, le projet français ne vise qu'à isoler une partie mineure de la banque de financement et d'investissement.
Le texte prévoit l'isolement, au sein d'une filiale dédiée, de certaines activités spéculatives © Reuters - Gonzalo Fuentes
En janvier dernier, au Bourget, le discours du candidat François Hollande décrivait le monde de la finance comme un "adversaire". Le candidat socialiste prévoyait alors de le "maîtriser".
Quasiment un an après, le projet présenté n'annonce pas de bouleversement dans le monde des banques. Les établissements ne seront pas scindés en deux : d'un côté les activités de crédit et de l'autre la spéculation financière.
La "banque universelle" préservée
La banque où l'on peut déposer son argent et le placer subsiste. Les Français conservent donc la "banque universelle", capable d'offrir, par exemple, aux clients entreprises une large gamme de services, du crédit classique à l'émission d'obligations en passant par les instruments de couverture contre les variations de change, de taux ou de prix.
Le gouvernement impose seulement de créer une filiale, là où seront regroupées les activités de spéculation, celles "dont on considère qu'elles ne sont pas utiles à l'économie" précise Bercy.
Certaines activités proscrites
Certaines seront tout de même purement et simplement interdites, comme le trading haute fréquence (HFT), activité qui consiste à programmer des ordinateurs pour qu'ils tirent partie de minuscules écarts de prix entre places de cotation pour un même produit financier.
Autre activité proscrite, les transactions menées pour leur propre compte par les banques sur le marché des produits dérivés de matières premières agricoles. Ces produits permettent de se couvrir contre des variations de cours mais peuvent être aussi utilisés pour spéculer.
Une reforme a minima ?
Pour certains, le texte ne correspond pas aux attentes suscitées par le discours du Bourget. Cela va changer "très peu de choses", estime un banquier, sous couvert d'anonymat.
Le gouverneur de la Banque de France a défendu la réforme bancaire. Christian Noyer juge qu'elle correspond "à ce qui est l'optimal pour l'économie française. Je ne suis pas du tout d'accord pour dire que c'est une réforme a minima", a lancé le gouverneur sur BFM-Business, en réponse aux critiques exprimées notamment par l'organisation non gouvernementale Finance Watch.
Texas Instruments : les salariés sonnés par la fermeture de Villeneuve-Loubet
Par Ridha Loukil
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La décision du géant américain des semi-conducteurs, Texas Instruments, de fermer son centre français spécialisé dans le développement de puces pour mobiles laisse les 541 salariés concernés sous le choc. Les syndicats dénoncent une décision hâtive.
Après l’annonce, mardi 18 décembre, du projet de Texas Instruments de fermer son site de Villeneuve-Loubet (Alpes maritimes), spécialisé dans le développement de puces pour mobiles, le personnel est sous le choc. Sur les 541 postes que compte le site, 517 vont être supprimés. Seuls 27 postes dédiés aux stations de base mobiles sont sauvés. Mais ils devront être délocalisés dans des bureaux à Nice. Le site sera fermé en 2013.
"Nous nous attendions à un plan de restructuration de grande ampleur, mais pas à la fermeture complète du site, confie Philippe Vieira, délégué CFDT chez Texas Instruments à Villeneuve-Loubet. Les salariés sont sonnés par cette décision. Ils se sont beaucoup investis dans leur travail. Ils ne comprennent pas pourquoi il faut tout arrêter maintenant."
Repositionnement général
En difficulté sur le marché des puces pour mobiles, Texas Instruments a décidé, à l’instar de NXP, Freescale, Infineon et récemment STMicroelectronics de se repositionner sur les applications embarquées (automobile, industrie, multimédia, etc.). A la clé, la suppression de 1700 postes dans le monde. Le projet de fermeture du centre de Villeneuve-Loubet s’inscrit dans ce repositionnement stratégique annoncé le 14 novembre 2012. Les trois autres sites du groupe impliqués dans le développement de puces pour mobiles – Dallas aux Etats-Unis, Bangalore en Inde et Israël – sont également touchés par les suppressions d’emplois. Mais le site français est leseul à subir une fermeture complète.
Chez les salariés, la déception se mêle à l’incompréhension. "Le groupe ne perd pas de l’argent, note Philippe Vieira. Au contraire, il en gagne entre 2 et 3 milliards de dollars chaque année. Ce plan de restructuration vise à améliorer les marges et la rentabilité." Texas Instruments a enregistré un bénéfice de 2,2 milliards de dollars en 2011 pour un chiffre d’affaires de 11,7 milliards de dollars, et sur les trois premiers trimestres, le groupe américain reste bénéficiaire malgré des prévisions de ventes en baisse sur l’année 2012 de 6,4% selon le cabinet Gartner.
Des choix stratégiques remis en question
Comme STMicroelectronics, Texas Instruments est victime des déboires de son grand client, Nokia, dans les mobiles. "Le marché des mobiles a connu ces dernières années un grand bouleversement avec l’émergence d’Apple et de Samsung, explique la direction de Texas Instruments France. Or ces deux acteurs dominants développent leurs propres processeurs d’application."
Texas Instruments a réussi à entrer chez Amazon en motorisant sa liseuse Kindle et ses tablettes Kindle Fire. Deux projets de développement de puces pour la prochaine génération de liseuse et tablettes du leader mondial de l’e-commerce étaient en cours à Villeneuve-Loubet. Ils ont été brutalement arrêtés. Les syndicats dénoncent une décision hâtive. "On aurait pu attendre d’aller jusqu’au bout et de voir ce que ceci allait donner", regrette Philippe Vieira de la CFDT.
Enfin, les choix stratégiques du groupe suscitent des interrogations. "On était le leader mondial du secteur jusqu’en 2006, rappelle Philippe Vieira. En 2008, l’entreprise a décidé d’arrêter l’activité de modems à Villeneuve-Loubet et San Diego. Avec le recul, on se rend compte que c’était une erreur. Pour proposer des puces combinant processeur et modem, comme le font les concurrents, on est obligé d’acheter la partie modem chez les autres."
Un rendez-vous est pris le 21 décembre 2012 pour un comité d’entreprise consacré à l’explication des motifs économiques du plan social. Les syndicats veulent prendre le temps d’analyser ces données avec l’aide un expert avant de proposer des alternatives.
Ridha Loukil
SOCIAL
Grève "très suivie" à France Télévisions contre le plan d'économies
PARIS — Un mouvement de grève de 24h mardi à France Télévisions a été "significatif" selon la direction et "très bien suivi" par les salariés selon les syndicats, qui protestaient contre le plan d'économies "drastique" décidé par la direction.
Cette grève intervient en pleine négociation entre le ministère de la Communication et la direction de France Télévisions autour du contrat d'objectifs et de moyens (COM), alors que le groupe de 10.000 salariés sera confronté en 2013 à une baisse de son budget de 85 millions par rapport à 2012, à 2,45 milliards.
La direction de France Télévisions a assuré que le taux de grévistes était d'environ 23,8%. Un mouvement de grève précédent organisé le 2 octobre pour protester contre les restrictions budgétaires en 2013 avait recueilli un taux de 16%.
"C'est un mouvement significatif qui traduit l'inquiétude d'une partie des salariés dans un contexte économique difficile et au moment où on négocie notre avenant" au contrat d'objectifs et de moyens (COM), a commenté Patrice Papet, son directeur général aux Ressources humaines, auprès de l'AFP.
Avant les grévistes, le PDG Rémy Pflimlin avait à de nombreuses reprises protesté contre la réduction de son budget, assurant qu'elle faisait peser des menaces sur l'emploi et la création.
Selon Antoine Chuzeville, secrétaire adjoint du comité central d'entreprise, le taux de grévistes tournait autour de 50% chez les journalistes et était supérieur chez les autres salariés. Le 2 octobre, les syndicats mentionnaient un taux de grévistes de 30%.
Sur France 2, à la place du magazine "C'est au programme", la chaîne a proposé une rediffusion. France 4 et France O n'ont pas été perturbées, selon la direction.
En revanche, France 3 a été très touchée, avec la suppression du magazine en direct "Midi en France", celle prévue du Soir 3, ainsi que de l'émission "Ce soir ou jamais". Les éditions nationales de France 3 se limitaient à un JT en images.
France 5 a également été perturbée, avec des suppressions de magazines, dont le blockbuster "C'est à vous".
rassemblement au siège
La CGT, la CFDT, FO et le SNJ avaient appelé à cette grève pour dénoncer une "gestion défaillante" et une mise en oeuvre "calamiteuse" de l'entreprise unique, initiée en 2010.
"Ce mouvement de grève, c'est un gros coup de colère autant envers la direction de la tutelle (le ministère de la Communication, NDLR) qu'envers la direction. La tutelle parce qu'elle impose la baisse de budget, la seconde parce qu'elle met en place un plan d'économies drastique", a souligné Marc Chauvelot, secrétaire général du SNRT-CGT.
Près de 200 salariés de France Télévisions, dont la plupart de France 3, s'étaient rassemblés mardi devant le siège de France Télévisions, à Paris (XVe) pour faire entendre leur voix. Les pancartes indiquaient "Sarko m'a tuer, Hollande m'enterre" ou "Filippetti: moins belle la vie".
Lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire, Rémy Pflimlin "est resté très évasif. Il s'est contenté de nous dire des choses qu'on savait déjà sur la baisse de la dotation de l'Etat", a précisé M. Chauvelot.
"On a essayé de se montrer le plus rassurant possible. On n'a pas été plus précis parce qu'on est en train de discuter du COM" avec le ministère de la Communication, a expliqué M. Papet.
"Beaucoup de questions portaient sur l'emploi", a-t-il précisé, alors que France Télévisions réfléchit à un plan de départs volontaires qui va toucher jusqu'à 1.000 salariés, soit 10% des effectifs.
Les incertitudes autour de la stratégie de la chaîne régionale France 3 pèsent aussi, alors que des plans d'économies prévoient des suppressions temporaires ou définitives d'éditions locales d'information.
JUSTICE ?
Carlton: DSK fixé ce mercredi sur les suites judiciaires de l'affaire
LILLE — Dominique Strauss-Kahn va savoir ce mercredi s'il reste mis en examen dans l'affaire de proxénétisme dite du Carlton de Lille, neuf jours après le dénouement de ses ennuis judiciaires aux Etats-Unis.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai (Nord) doit se prononcer sur les requêtes en nullité déposées par les avocats de l'ancien patron du FMI et d'autres protagonistes de ce dossier.
Aucun des mis en cause, ni leurs conseils ne devraient être présents mercredi à Douai. La décision, écrite, doit leur être transmise.
Les magistrats de la chambre peuvent faire droit à tout ou partie des demandes d'annulation de la procédure formulées par les conseils de DSK et de l'ancienne figure de la police du Nord, le commissaire Lagarde, et aux requêtes en annulation de leurs mises en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée.
Ils peuvent également rejeter ces requêtes.
"L'annulation d'une mise en examen, c'est extrêmement rare qu'on obtienne satisfaction sur ce sujet. Les annulations de procédure, là aussi, c'est assez rare qu'on gagne, mais enfin c'est possible", a observé Me Henri Leclerc, l'un des avocats de M. Strauss-Kahn.
"Grosso modo, les trois grandes possibilités envisageables (sont) une annulation de l'ensemble de la procédure, une annulation de certains volets de la procédure et notamment des gardes à vue, ou une annulation de la mise en examen", a estimé l'avocat du commissaire Lagarde, Me Olivier Bluche, sans se risquer à un quelconque pronostic.
L'annulation de la procédure équivaudrait à la fin des ennuis judiciaires en France aussi pour l'ancien favori socialiste à la présidentielle, neuf jours après l'épilogue de l'affaire Diallo aux Etats-Unis.
Une annulation de sa mise en examen et de celle du commissaire Lagarde, l'ancien chef de la Sécurité départementale du Nord, entraînerait de facto leur placement sous le statut de témoin assisté.
En cas de rejet de la totalité de leurs requêtes en nullité, des possibilités de recours existent auprès de la Cour de cassation, puis de la Cour européenne des droits de l'Homme.
Me Leclerc et Me Bluche ont indiqué qu'ils n'examineraient l'examen d'un pourvoi qu'une fois la décision de la chambre de l'instruction connue.
Fin septembre, le parquet général de Douai avait estimé les requêtes du commissaire Lagarde et de DSK "recevables mais non fondées", soulignant que leurs mises en examen était "justifiées" par des "indices graves ou concordants".
Il avait qualifié d'"irrecevable", car hors délai, celle déposée par l'ancien chargé des relations publiques de l'hôtel Carlton de Lille, René Kojfer.
Dans cette affaire, neuf personnes sont mises en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée et, pour certaines, pour escroquerie, abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux.
DSK affirme qu'il ignorait que les femmes présentes aux parties fines auxquelles il a participé, notamment à Paris et Washington, étaient des prostituées.
"La réalité c'est qu'un de mes copains organisait des soirées auxquelles j'ai participé. Comme il y avait des prostituées, me voilà accusé d'avoir conçu un réseau de prostitution à mon service, donc d'être un proxénète - c'est aussi artificiel qu'absurde. J'ai dit et je répète que j'ignorais que certaines de ces femmes étaient payées pour être là", déclarait-il en octobre à l'hebdomadaire Le Point.
En octobre, le parquet de Lille avait classé sans suite des accusations de viol portées contre M. Strauss-Kahn en marge de l'affaire dite du Carlton, en l'absence de dépôt de plainte d'une "escort-girl" qui avait participé à des soirées libertines à Washington en décembre 2010.
Un accord financier confidentiel entre l'ancien ministre socialiste et Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui l'accusait d'agression sexuelle, a définitivement clos le 10 décembre l'affaire du Sofitel de New York, qui avait contraint DSK à démissionner du FMI et mis fin à ses ambitions présidentielles en France.
Affaire du Carlton : DSK reste mis en examen
L'enquête sur le réseau de proxénétisme a été validée.
Les magistrats de Douai ont donc validé l'instruction menée à Lille depuis mars 2011 et ont jugé que la mise en cause de DSK repose sur «des indices graves et concordants».
Les juges d'instruction vont reprendre leur enquête, mise entre parenthèses depuis plusieurs mois. Ils pourraient procéder à des confrontations avant de clore le dossier et de renvoyer, ou non, les protagonistes devant un tribunal.
Le pourvoi en cassation de DSK n'est pas suspensif.
Un chalutier géant condamné pour pêche illégale à Cherbourg
CHERBOURG — L'armateur allemand d'un des plus gros chalutiers du monde, retenu à Cherbourg, a été condamné mardi à payer 595.000 euros pour la plus grosse infraction de pêche jamais relevée en France métropolitaine, en plein débat sur la pêche à Bruxelles.
Le capitaine allemand du bateau, âgé de 36 ans, a reconnu devant le tribunal correctionnel de Cherbourg les faits qui lui étaient reprochés dans le cadre d'une comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité.
Appréhendé au large d'Antifer (Seine-Maritime), le Maartje Theadora, un navire de 141 mètres de long avec 57 personnes à bord, est à quai depuis six jours à Cherbourg où il a été dérouté.
Sur les 4.000 tonnes de poissons congelés à son bord, 1.585 tonnes ont été pêchées de façon non conforme à la réglementation, selon l'Etat français qui estime à 1,2 million d'euros la valeur des prises illégales.
"Parti pour pêcher du maquereau, il a changé de filet en cours de route pour pêcher du chinchard. Or vous n'avez pas le droit de changer sur une même campagne de pêche", a expliqué le procureur de la République de Cherbourg, Eric Bouillard, en marge de l'audience.
Selon l'avocat de l'armateur, Me Bruno Khajat, le capitaine était de "bonne foi" et ne savait qu'il n'avait pas le droit de changer de filet.
L'amende de 580.000 euros et les 15.000 euros de dommages et intérêts accordés au comité régional des pêches ont été réglés dans l'après-midi par le propriétaire du chalutier géant, l'Allemand Westbank Hochseefischerei, filiale à 100% de l'armateur allemand Doggerbank Seefischerei, lui-même filiale du Néerlandais Parlevliet & Van Der Plas, poids lourds de la pêche industrielle dont le PDG était à l'audience.
Ce paiement acquitté, le bateau a pu quitter le port de Cherbourg peu avant 19H00, a constaté un correspondant de l'AFP.
Cette procédure annule la décision du juge des libertés qui avait fixé lundi à 1,2 million d'euros la caution à payer par le bateau avant de reprendre la mer en attendant un jugement sur le fond plus tard.
A la barre, l'avocat de l'armateur a fait valoir que son client avait perdu "1,065 million d'euros" en six jours d'immobilisation du bateau.
Le PDG de Parlevliet & Van Der Plas, Diederik Parlevliet, s'est dit "pas du tout satisfait" de cette condamnation pour infraction qu'il a qualifiée de "petite erreur administrative".
Dans un communiqué, l'armateur allemand Doggerbank Seefischerei a dénoncé une "sanction disproportionnée". "A ce jour, jamais une amende aussi élevée n'avait été prononcée dans l'Union européenne pour une infraction de ce type", a relevé son dirigeant, Uwe Richter.
"Les sanctions importantes dont sont frappées en France même les infractions les plus mineures sont une cause substantielle d'insécurité pour les pêcheurs européens opérant au large des côtes françaises", ajoute l'armateur, soulignant que son navire possédait un permis de pêche pour "toutes les espèces pêchées".
Le président du comité régional des pêches de Basse-Normandie, Daniel Lefèvre, qui réclamait 150.000 euros de dommages et intérêts, a relevé que les 595.000 euros prononcés représentent "une somme conséquente, quand même!".
Toutefois, "il faut revoir la réglementation européenne qui autorise ces bateaux surdimensionnés en Manche", a-t-il ajouté. "La pêche industrielle a sa place en Europe là où il y a 5.000 mètres de fond mais pas en Manche où on a 80 m de fond et où ce genre de bateau tue la pêche artisanale."
"Comment voulez vous que notre flottille vive. Les pêcheurs bas-normands ont un quota de 1.600 tonnes de maquereau par an et eux ils prennent ça" en moins d'une campagne, s'est encore exclamé M. Lefèvre.
Les plus grands bateaux bas-normands font 25 mètres de long, selon lui.
Greenpeace a de son côté estimé que "l'exemplarité" de cette condamnation "n'était pas à la hauteur" de l'infraction.
"Nous dénonçons plus que jamais cette pêche industrielle qui n'hésite pas à pratiquer la pêche illégale. L'Europe doit se réorienter vers une pêche artisanale", a déclaré à l'AFP François Chartier, chargé de campagne "océan" de l'ONG.
Les pays membres de l'Union européenne négocient mardi et mercredi à Bruxelles leurs quotas de pêche.
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