Le gouvernement canadien a révoqué la nationalité à un homme d'origine ukrainienne de 88 ans, qu'il tente de renvoyer du pays, pour ses liens avec une unité d'extermination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, a indiqué vendredi à l'AFP le ministère de l'Immigration.
"La citoyenneté de Helmut Oberlander a été révoquée par un décret adopté le 27 septembre 2012", a confirmé dans un courriel à l'AFP Nancy Caron, porte-parole du ministère de l'Immigration.
M. Oberlander, qui tente depuis 1995 d'éviter son renvoi du Canada, peut cependant encore faire appel de cette décision auprès de la Cour fédérale, a ajouté Mme Caron.
Le gouvernement canadien a déjà déchu M. Oberlander de sa nationalité en 2007 pour avoir menti sur son passé en immigrant au Canada.
Arrivé au Canada en 1954, il n'avait alors rien dit sur son appartenance à un Einsatzkommando (EK), une unité mobile d'extermination nazie, ayant mené de nombreuses exécutions sur le territoire de l'ex-URSS après l'invasion allemande.
En 2009, la Cour d'appel fédérale avait cependant jugé qu'avant de lui retirer sa nationalité, le gouvernement canadien devait décider s'il avait été forcé ou non de se joindre à cette unité nazie.
"Cela est maintenant fait et le gouvernement s'en tient à sa décision de révoquer la citoyenneté de M. Oberlander", a indiqué la porte-parole du ministère de l'Immigration, sans autres précisions.
Devenu citoyen canadien en 1960, M. Oberlander, qui est né en Ukraine de parents d'origine germanique, a toujours affirmé avoir été enrôlé de force dans cette unité parce qu'il parlait allemand et russe, et n'avoir joué qu'un rôle d'interprète.
Le Centre Simon-Wiesenthal a cependant indiqué dans un communiqué qu'il considère "Helmut Oberlander (...) comme l'un des dix suspects de crimes de guerre nazis les plus plus recherchés dans le monde".
S'il devait être renvoyé du Canada, M. Oberlander pourrait être expulsé vers son pays natal ou un autre, a indiqué pour sa part l'Agence des services frontaliers du Canada.
"Plus de 60 criminels de guerre", nazis ou autres, ont été expulsés du Canada ces trois dernières années, a dit pour sa part Alexis Pavlich, attachée de presse du ministre de l'Immigration Jason Kenney.
jl/lor










SOCIAL

 

Les salariés de Virgin Stores se mettent en grève

La fermeture annoncée de la boutique des Champs Elysée attise les inquiétudes sur l'absence de stratégie du groupe.

Le Virgin des Champs-Elysées, la vitrine de l'enseigne sur la "plus belle avenue du monde" est menacée de fermeture. (PRM - Sipa)
Le Virgin des Champs-Elysées, la vitrine de l'enseigne sur la "plus belle avenue du monde" est menacée de fermeture. (PRM - Sipa)
Fermetures de magasins, absence d'investissements, les salariés de Virgin sont inquiets pour leur avenir. Inquiets et à bout. Ils engagent un bras de fer avec la direction du groupe et son actionnaire principal, Butler Capital Partners. "Et si les actionnaires ne s'engagent pas, Virgin Stores est condamné. Ce sont 1.200 salariés qui vont se retrouver sur le carreau", estime un élu du comité d'entreprise.
L'ensemble des syndicats de l'enseigne soutient l'appel à la grève lancé pour samedi 29 décembre par les salariés du magasin parisien des Champs-Elysées. Des débrayages de soutien sont aussi prévus en région. "Nos revendications sont simples : nous refusons la fermeture de magasins et la perte des emplois", explique Sylvain Alias, délégué Sud. Dans les tuyaux depuis plus de six mois, la fermeture du Virgin des Champs est sur le point de se concrétiser.

Un chèque de 20 millions d'euros ?

Mercredi 19 décembre, la direction du groupe a présenté aux élus du comité d'entreprise un projet de résiliation du bail de cette adresse prestigieuse, la vitrine de l'enseigne sur la "plus belle avenue du monde". Un projet que démentait encore fermement une porte-parole du distributeur en mars dernier.
L'immeuble qui abrite les 7.000 m2 de Virgin au 52-56 Champs-Elysées a été racheté en juin dernier pou 500 millions d'euros par le fonds souverain Qatar Investment Authority. Les loyers flambent sur les Champs et la direction de Virgin dit ne plus pouvoir suivre. Pour l'intersyndicale qui appelle à la grève, la direction s'intéresse surtout au "chèque que les propriétaires pourraient leur octroyer". Certains représentants des salariés évoquent une prime de cession qui pourrait atteindre les 20 millions d'euros.

Difficultés des distributeurs de biens culturels

Au-delà du symbole, ce départ est aussi révélateur des difficultés des enseignes de distribution de biens culturels. La "dématérialisation" rebat les cartes. Et même si, en mars dernier, le numérique ne représentait encore que 2% du marché du livre en France, les grandes enseignes comme Virgin ou la Fnac doivent revoir leur positionnement. Elles ont déjà été sérieusement bousculées par la situation du marché de la musique et du film : en 2011, le numérique a représenté un quart de ce marché contre 13% seulement en 2009.
Avec le départ annoncé des Champs, le changement de cap provoque une inquiétude d'autant plus vive chez les salariés que, à lui seul, ce magasin qui emploie 185 personnes en CDI représente 20% du chiffre d'affaires de Virgin. Et aucun projet d'ouverture n'est annoncé en compensation. "Il n'y a pas de réponse alternative mais pas non plus de présentation d'un PSE [plan de sauvegarde de l'emploi, ndlr]", dénonce Sylvain Alias.
D'autant que cette fermeture s'inscrit dans une série déjà longue : Saint-Denis, Le Louvre à Paris, Metz et Toulouse. Les magasins de Lyon et Montpellier sont eux aussi menacés. L'intersyndicale dénonce régulièrement une politique qui vise à "démonter méthodiquement le réseau".

Peau de chagrin

Le groupe compte aujourd'hui 1.200 salariés. Ils étaient encore près de 2.000 voici dix ans. Une lente érosion qui a fini par se transformer en véritable crise. "Le groupe végète. Les actionnaires ne soutiennent aucun plan de retournement", se désole Frédéric Lebissonnais de la CGT. Parmi les représentants des salariés, certains parlent désormais de retard sur les factures et les cotisations sociales.
Dans un communiqué, les élus CGT pointent "l'insolvabilité de la chaîne" et l'absence d'un "projet cohérent et attractif, en phase avec les attentes de la clientèle". Pour eux, le développement du téléchargement ne suffit en effet pas à expliquer la crise que traverse le groupe. L'endettement de Virgin Stores augmente régulièrement. Selon certains élus, il avoisine les 40 millions d'euros. Les plus pessimistes redoutent désormais la cessation de paiement.

Absence d'investissements

Rachetée en 2008 par Butler Capital, Virgin est en quête d'un nouveau modèle depuis des mois. La direction mise sur des magasins plus petits mais surtout sur son développement dans le numérique. Les magasins doivent d'ailleurs augmenter la visibilité du site internet Virgin Mega avec l'installation de bornes interactives pour la consultation ou le téléchargement. "Mais tout cela reste embryonnaire. On est presque dans le fantasme car il n'y a aucun engagement. Comment y croire s'il n'y a pas d'investissement ?", s'interroge Frédéric Lebissonnais. Une stratégie sans réels moyens : "Pour étendre l'offre, il faut financer les droits d'exploitations avec les majors. Cela coûte très cher et les actionnaires ne semblent pas prêts à payer", confirme Sylvain Alias.
Selon les représentants des salariés, le nouveau projet ne comporte d'ailleurs aucun volet social, notamment sur le nombre de salariés prévus par magasin. Et dans les boutiques, le développement du numérique laisse les vendeurs songeurs : "La base de données est antédiluvienne ! Les clients trouvent plus d'informations sur leurs téléphones portables", se désespère l'un d'eux.
Alors, la colère gagne. L'intersyndicale estime que la seule stratégie de Virgin consiste à vendre ce qui peut encore l'être. Comme c'est le cas avec la cession du magasin des Champs-Elysées. Et les 185 salariés ne peuvent guère espérer un reclassement au moment où le groupe envisage d'autres fermetures. "On va partir sans rien. La convention collective est immonde : un cinquième de mois par année travaillée. Cinq mois d'indemnités pour vingt cinq ans de maison avec un salaire à 1.100 euros net !", tempête l'un d'eux. Sur les Champs-Elysées, certains ont effectivement plus de vingt an d'ancienneté. "Ils sont arrivés sans formation. Ils n'en ont pas eu depuis. Quelles perspectives ont-ils de retrouver un emploi dans ces conditions?", dénonce Frédéric Lebissonnais.









DIVERS


Inde: la victime d'un viol collectif décédée, quartiers de Delhi bouclés et appel au calme
NEW DELHI — La police de New Delhi a appelé samedi la population au calme et a bouclé plusieurs quartiers du centre-ville, quelques heures après la mort d'une étudiante de 23 ans victime d'un viol collectif en Inde le 16 décembre.
Dans un communiqué publié samedi matin, le commissaire de police Neeraj Kumar a réclamé le maintien de l'ordre dans la ville après les manifestations qui ont suivi l'annonce du décès de la jeune femme et a annoncé le bouclage de la zone entourant le monument de l'India Gate et de 10 stations de métro.
Le chef du gouvernement local de New Delhi Sheila Dikshit a également lancé un appel au calme et assuré que "très bientôt, des décisions solides seraient prises" pour protéger les femmes dans la capitale indienne.
"S'il vous plaît, gardez votre calme et en même temps, nous devons garantir que tout ce qui est possible pour assurer la sécurité des femmes est fait", a-t-elle déclaré devant des journalistes.
Samedi matin, la population a commencé à sortir dans les rues en Inde pour pleurer la mort de l'étudiante, dont le viol brutal avait déjà provoqué d'importantes manifestations.
La police a indiqué qu'elle tolérerait des manifestations pacifiques uniquement dans certains quartiers et des centaines de policiers ont été déployés pour prévenir tout débordement dans les rues.










Les baleiniers nippons voguent vers l'Antarctique, malgré Sea Shepherd
TOKYO — Une flotte baleinière japonaise a largué les amarres vendredi pour l'Antarctique où elle conduira sa campagne de pêche annuelle, malgré les menaces de l'organisation écologiste Sea Shepherd.
"Le navire amiral, le Nisshin Maru, a quitté aujourd'hui (vendredi) l'île d'Innoshima" dans l'ouest du Japon, a expliqué à l'AFP Junichi Sato, un responsable de Greenpeace au Japon.
L'agence de presse Kyodo a rapporté pour sa part que trois autres navires baleiniers, partis du port de Shimonoseki (ouest) allaient rejoindre le navire usine.
L'Agence de la pêche japonaise n'a pas souhaité confirmer ces informations à l'AFP. "Nous ne révélons pas la date de départ pour des raisons de sécurité", a indiqué un de ses responsables.
Dans une déclaration préalable, elle avait indiqué que la flotte espérait pêcher jusqu'à 935 petits rorquals et 50 rorquals communs d'ici au mois de mars.
La flotte nippone est attendue de pied ferme dans l'Antarctique par les militants de l'association de défense de la nature Sea Shepherd, installée aux Etats-Unis, qui ont promis de perturber ces opérations de chasse.
Sea Shepherd a envoyé des bateaux dans la zone pour la 9e fois, avec un déploiement record cette année: quatre navires, un hélicoptère, trois drones et une centaine de personnes engagées.
Il y a une dizaine de jours, une cour de justice américaine a interdit à Sea Shepherd de s'approcher "en aucune circonstance à moins de 500 mètres" des navires japonais quand ils naviguent en pleine mer.
Mais l'ONG de Paul Watson, qui est recherché par Interpol, a maintenu son cap. "Ils verront que nous sommes toujours là pour garder le sanctuaire des baleines dans les mers du Sud, avec nos bateaux et nos vies", a répliqué Sea Shepherd sur son site internet.
Les pays opposés à la pêche à la baleine ont appelé jeudi les militants écologistes à s'en tenir à des manifestations pacifiques et sans danger.
L'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et les Etats-Unis ont déclaré dans un communiqué commun qu'ils n'hésiteraient pas à faire respecter la loi en cas "d'activité illégale".
La semaine dernière, les autorités japonaises ont indiqué que des garde-côtes seraient à bord des baleiniers nippons pour assurer la sécurité des Japonais face aux manoeuvres de harcèlement de l'association écologiste.
Le Japon pêche des baleines en vertu d'une tolérance de la Commission baleinière internationale (CBI) pour la chasse à des fins de recherche, bien que la chair des animaux finisse sur les étals nippon. L'organisme international proscrit toute pêche commerciale.
Tokyo souligne en outre que la pêche au cétacé fait partie intégrante de la culture japonaise.
Sea Shepherd reproche aussi, avec d'autres, aux Japonais de chasser des dauphins, notamment dans la baie de Taiji rendue célèbre par le documentaire oscarisé "The cove, la baie de la honte".
Remontée contre Tokyo, l'association a annoncé mi-décembre qu'elle soutenait Pékin dans une querelle sino-nippone sur la souveraineté d'îles de mer de Chine orientale, administrées par le Japon sous le nom de Senkaku mais revendiquées par la Chine en tant que Diaoyu.
"La mainmise du Japon sur ces îles conduirait au massacre de davantage de dauphins et baleines dans leurs environs", s'est inquiétée l'ONG.