L’élection du pape est appelée conclave (mot dérivé du latin cum clave c’est-à-dire : « à clef ») en référence aux portes fermées à clef, une tradition qui remonte à huit siècles en arrière quand, au bout de trois ans d’indécision, les cardinaux furent mis au secret et nourris au pain et à l’eau pour les forcer à se décider.

Qui peut être élu pape ?

En théorie, deux conditions, le futur pape doit être un homme et doit être prêtre catholique. S’il n’est pas évêque au moment de son élection, il est consacré immédiatement. En pratique, les cardinaux électeurs font le serment, avant le conclave, de nommer l’un d’entre eux à la tête de l’Église catholique. Les cardinaux considérés comme « favoris » pour la succession, sont appelés les papabili.

Qui choisit le pape ?

Le nouveau pape est élu par l’ensemble des cardinaux âgés de moins de 80 ans. Il ne peut y avoir plus de 120 cardinaux électeurs.
En principe, il y a 117 cardinaux de moins de 80 ans, mais 2 d’entre eux ne participeront pas au conclave, pour raisons de santé. La plupart d’entre eux viennent d’Europe (61) dont un Belge Godfried Danneels. Les autres sont originaires d’Amérique latine (19), d’Asie (11), d’Afrique (11) et d’Océanie (1). Voici la liste des cardinaux.

Les cardinaux coupés du monde

Le conclave se tient à huis clos dans la Chapelle Sixtine au Vatican. Les cardinaux électeurs sont enfermés, coupés du monde extérieur, ils ne peuvent ni regarder la télévision ni écouter la radio. Pas question non plus pour les cardinaux de surfer sur internet ni d’utiliser Twitter ou Facebook : les téléphones portables et autres tablettes tactiles seront rendues inutilisables par un système de brouillage.
En outre, pour éviter les fuites vers l’extérieur, les déplacements des cardinaux se limiteront à des allers retours entre la Chapelle et la résidence Sainte-Marthe où ils logeront tous.

Un vote à bulletins secrets

L’élection du pape se fait à bulletins secrets déposés dans un calice sur l’autel de la chapelle. Le premier jour, les cardinaux célèbrent une messe avant de voter une première fois l’après-midi. Le scrutin se poursuit les jours suivants à raison de quatre votes par jour (deux le matin et deux l’après-midi) jusqu’à ce qu’un cardinal recueille les deux tiers des voix. Si après les trois premiers jours, aucun candidat n’obtient la majorité nécessaire, le conclave fait alors une pause de réflexion et de prières d’une journée maximum. L’élection reprend ensuite. En cas de vote infructueux à l’issue des 34 tours de scrutin, les cardinaux peuvent alors décider de départager les deux candidats arrivés en tête.

La fumée blanche

Le résultat du vote est annoncé par une fumée noire (vote non concluant) ou blanche (vote concluant). En cas de fumée blanche, le conclave prend fin lorsque le pape a répondu favorablement à la question du cardinal doyen « Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ? » (en latin Acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem ?) puis à « De quel nom voulez-vous être appelé ? » (en latin Quo nomine vis vocari) ?, le Pape étant finalement proclamé.
Le feu est traditionnellement un feu de paille, mouillée s’il faut produire une fumée blanche, ajoutée aux bulletins de vote dans le poêle pour en produire une noire. Depuis le conclave de 2005, des fumigènes colorants fabriqués par un « poêle électronique » sont utilisés pour éviter les confusions. De plus, on a décidé cette année-là de faire sonner les cloches de Saint-Pierre en accompagnement de la fumée blanche afin d’éviter les hésitations des spectateurs sur la couleur des volutes s’échappant de la cheminée.

« Habemus Papam »

Ensuite le cardinal protodiacre -le doyen d'ancienneté de l'ordre des cardinaux diacres- annonce la nouvelle au monde entier depuis le balcon de la Basilique Saint-Pierre selon la formule latine consacrée « Habemus Papam » (« Nous avons un pape »). Sur ce même balcon, le pape fraîchement élu prononce ensuite sa première bénédiction Urbi et Orbi.









Trois plus sept: les dix "papabili" du conclave

Photo Par Vincenzo Pinto - Trois noms sont cités sans cesse dans la "shortlist" des "papabili" pour succéder à Benoît XVI lors du conclave
AFP/AFP/Archives - Photo Par Vincenzo Pinto - Trois noms sont cités sans cesse dans la "shortlist" des "papabili" pour succéder à Benoît XVI lors du conclave


Photo Par Hector Guerrero - rchevêque de Guadalajara. Président depuis 2012 de la Conférence de l'épiscopat mexicain, il s'est fait l'avocat de la lutte contre la violence et la criminalité organisée
Photo Par Hector Guerrero - rchevêque de Guadalajara. Président depuis 2012 de la Conférence de l'épiscopat mexicain, il s'est fait l'avocat de la lutte contre la violence et la criminalité organisée

Photo Par Rajesh Jantilal - A quelques jours du conclave qui désignera à Rome le prochain pape, le cardinal sud-africain Wilfrid Napier semble incarner certains paradoxes et déchirements de l'Eglise catholique du XXIe siècle
Photo Par Rajesh Jantilal - A quelques jours du conclave qui désignera à Rome le prochain pape, le cardinal sud-africain Wilfrid Napier semble incarner certains paradoxes et déchirements de l'Eglise catholique du XXIe siècle

Trois noms sont cités sans cesse dans la "shortlist" des "papabili" pour succéder à Benoît XVI lors du conclave qui débute mardi. Mais comme le choix est très incertain, sept autres sont souvent également mentionnés:
LA SHORTLIST:
ANGELO SCOLA: 72 ans. Italien. Nommé en 2011 au poste important d'archevêque de Milan par Benoît XVI, il est de grande culture et conservateur, défenseur de la famille traditionnelle. Proche de l'ancien pape, il a créé la revue "Oasis" développant le dialogue avec l'islam.
ODILO SCHERER: 63 ans. Brésilien. Archevêque depuis 2002 à la tête du plus grand diocèse d'Amérique Latine, Sao Paolo. Possédant une expérience de la Curie, il est réputé pour sa bonne gestion de son diocèse. Dans la ligne de la Curie, il serait soutenu par celle-ci.
MARC OUELLET: 68 ans. Canadien. Ce Québécois est un des plus "ratzingériens" de la Curie, où il a été préfet de la Congrégation pour les évêques à partir de 2010. Polyglotte, il est très apprécié en Amérique Latine où il a longtemps travaillé. De grande culture, ses positions conservatrices sur les moeurs lui ont valu une certaine impopularité dans la Belle Province.

AUTRES CANDIDATS:
PETER ERDÖ: 60 ans. Hongrois. Archevêque de Budapest, Peter Erdö, conservateur, est président de la conférence des conférences épiscopales d'Europe (CCEE) depuis 2006.
CHRISTOPH SCHONBORN: 68 ans. Autrichien. Archevêque de Vienne. Il est un élève de Joseph Ratzinger. Proche de lui, il a pris des positions fermes contre les scandales pédophiles. Il s'est montré ouvert sur la place dans l'Eglise des divorcés remariés et des homosexuels.
FRANCESCO ROBLES ORTEGA: 64 ans. Mexicain. Archevêque de Guadalajara. Président depuis 2012 de la Conférence de l'épiscopat mexicain, il s'est fait l'avocat de la lutte contre la violence et la criminalité organisée.
SEAN O'MALLEY: 68 ans. Américain. Cardinal de Boston, de l'ordre des capucins, il a lutté contre la pédophilie dans son diocèse.
TIMOTHY DOLAN: 63 ans. Américain. Le plus en vue des cardinaux américains, médiatique, brillant, à la tête du diocèse de New York. Il s'est heurté à l'administration Obama sur sa réforme du système de santé.
WILFRID NAPIER: Sud-Africain. 71 ans. Archevêque métis de Durban, très actif sur twitter tout en étant considéré comme dur sur la doctrine, a déclaré que l'Eglise traverse une "crise profonde" et a besoin qu'un nouveau pape engage son "renouveau spirituel".
LUIS ANTONIO TAGLE: Philippin. 55 ans. Archevêque de Manille, très populaire en Asie, représentant d'une Eglise dynamique, socialement engagé.