POLITIQUE
Attentat suicide à Kaboul pendant la visite du secrétaire américain à la défense
Un attentat suicide revendiqué par les talibans est survenu samedi 9 mars, dans la matinée, à Kaboul, où est arrivé vendredi soir la nouveau secrétaire américain à la défense, Chuck Hagel.'
"Ce n'était pas directement pour le viser, mais nous voulions envoyer le message que nous sommes toujours capables de viser Kaboul, même quand un responsable de haut rang de la défense américaine est présent", a affirmé Zabiullah Mujahid, le porte-parole des talibans, par téléphone à l'AFP.
L'attentat suicide, suivi d'échanges de tirs, a été perpétré "à la porte sud du ministère de la défense", a indiqué un porte-parole de l'ISAF, la force armée de l'OTAN. Neuf civils ont été tués et 13 personnes ont été blessées.
Selon le porte-parole de la police de Kaboul, Hashmat Stanikzaï, l'homme était en fait à bicyclette lorsqu'il a actionné sa charge.
C'est la quatrième attaque frappant l'Afghanistan en deux semaines, et la deuxième à Kaboul après qu'un kamikaze se fut jeté sous un bus militaire fin février, blessant cinq d'entre eux, en plus d'un civil.
La rébellion menée par les talibans n'a toujours pas été matée malgré onze années de présence internationale et plus de 130 000 soldats étrangers sur le terrain au plus fort de l'engagement. Alors que l'essentiel des 100 000 militaires restants de la coalition rentreront chez eux d'ici la fin 2014, les talibans, surtout actifs dans le sud et l'est, visent de plus en plus les forces de sécurité locales, qui auront la charge du pays au départ des troupes internationales.
Chine. Xi Jinping choisit l'Afrique pour son premier déplacement à l’étranger
Le nouveau président chinois Xi Jinping se rendra en Afrique pour son premier déplacement officiel.
Photo : EPA/MAXPPP
Le nouveau président chinois Xi Jinping se rendra en Afrique pour son premier déplacement officiel à l’étranger en tant que chef de l’Etat.
Xi, qui remplacera officiellement Hu Jintao à la tête de l’Etat chinois la semaine prochaine, se rendra en Afrique du Sud, en Tanzanie, en République du Congo, ainsi qu’en Russie.
« La Chine et l’Afrique sont de bons frères, de bons amis et de bons partenaires. La visite du nouveau président de la Chine en Afrique montre pleinement l’importance que nous attachons aux relations sino-africaines », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, samedi.
En Afrique du Sud, Xi Jinping assistera au 5e sommet des puissances émergentes des BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), organisé à Durban les 26 et 27 mars.
Venezuela: Maduro convoque une présidentielle après les obsèques de Chavez
CARACAS — Le nouvel homme fort du Venezuela Nicolas Maduro a prêté serment vendredi soir comme président par intérim et demandé la convocation "immédiate" d'une élection présidentielle lors d'une cérémonie boycottée par l'opposition, sitôt tombé le rideau sur les funérailles d'Etat de son mentor Hugo Chavez.
La trêve politique consécutive au décès, mardi à Caracas, du président Chavez, n'aura pas duré longtemps.
Le chef de file de la principale coalition d'opposition Henrique Capriles a accusé le pouvoir de gauche bolivarien "d'abus de pouvoir", qualifiant de "fraude constitutionnelle" la prise de fonction de M. Maduro.
Le principal groupe parlementaire de l'opposition avait annoncé plus tôt qu'il boycotterait la cérémonie de prestation de serment.
"J'ai officiellement demandé à la présidente" du Conseil électoral national (CNE), Tibisay Lucena, de "convoquer immédiatement l'élection présidentielle", a déclaré M. Maduro.
"Le jour où ils nous convoqueront, nous serons prêts pour aller aux élections, nous sommes sûrs de nous, nous sommes sûrs de la démocratie vénézuélienne", a-t-il ajouté.
Après avoir juré de protéger et faire respecter la Constitution, il a pris sa première décision politique en nommant au poste de vice-président de la République le ministre des Sciences Jorge Arreaza, gendre de Hugo Chavez.
Epoux de Rosa Virginia, fille aînée de Hugo Chavez, M. Arreaza a gagné en visibilité au cours de derniers mois de la maladie du président.
Le Tribunal suprême de justice vénézuélien avait jugé dans la matinée que le numéro 2 du régime pouvait prêter serment comme président par intérim et se présenter à la prochaine présidentielle.
Le 11 décembre, avant de s'envoler pour Cuba pour une quatrième opération du cancer dont il ne s'est jamais remis, Hugo Chavez avait désigné Nicolas Maduro, 50 ans, comme le candidat du parti au pouvoir en cas de malheur.
M. Maduro a expliqué devant les députés qu'Hugo Chavez avait "l'intuition qu'il ne sortirait pas vivant de ce mauvais pas", quelques jours avant sa dernière intervention chirurgicale à Cuba en décembre dernier.
Quelques heures avant que la politique ne revienne au premier plan, le Venezuela avait célébré en grande pompe les funérailles d'Etat du président Hugo Chavez, en présence de 32 chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, dont le Cubain Raul Castro et l'Iranien Mahmoud Ahmadenijad.
Lors des funérailles, M. Maduro a promis loyauté "au-delà de la mort" au "président-comandante", et de poursuivre son "combat pour les pauvres, l'éducation et un monde plus juste", dans un discours lyrique d'une demi-heure qui a conclu la cérémonie.
Celle-ci avait débuté par un roulement de tambour et l'interprétation par l'Orchestre symphonique Simon Bolivar de l'hymne national vénézuélien.
Les chefs d'Etat et de gouvernement ont été invités par petits groupes à former des haies d'honneur successives autour du cercueil de Chavez entièrement recouvert du drapeau jaune, bleu et rouge étoilé du Venezuela.
Le première était réservée aux plus proches alliés latino-américains, dont le Cubain Raul Castro, le Bolivien Evo Morales et l'Equatorien Rafael Correa.
Un peu plus tard, ce fut au tour remarqué de deux des alliés les plus controversés du régime chaviste: Le Bélarusse Alexandre Loukachenko, et l'Iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a semblé réprimer des larmes et réciter une prière entre ses lèvres.
Les Etats-Unis, cible de prédilection des diatribes enflammées d'Hugo Chavez, et les Européens n'ont envoyé que des délégations de second rang. A l'exception de l'Espagne, qui, protocole oblige, a dépêché le prince héritier Felipe.
M. Maduro a souhaité la "bienvenue" aux envoyés du président américain Barack Obama, tout en soulignant que le Venezuela voulait "un monde de coopération, sans empires".
Une messe de funérailles a ensuite été célébrée, à l'issue de laquelle le révérend noir américain Jesse Jackson a rendu hommage au charismatique leader vénézuélien.
A l'extérieur de l'Académie, des milliers de "chavistes" vêtus de rouge, canalisés par des barrières métalliques et des militaires, attendaient de pouvoir reprendre leur procession vers la dépouille d'Hugo Chavez, sous une chaleur accablante.
La journée avait été déclaré fériée au Venezuela et l'alcool interdit à la vente pendant une semaine.
La dépouille du président Chavez, qui sera visible encore une semaine, a été vénérée par deux millions de partisans depuis mercredi selon les autorités.
Embaumé "comme Lénine", le leader sud-américain sera plus tard exposé dans un cercueil de verre au futur Musée de la révolution bolivarienne, dans une ancienne caserne, où pourra se poursuivre un culte de la personnalité savamment orchestré de son vivant, et maintenant à titre posthume.
Hugo Chavez avait forgé sa popularité dans les couches défavorisées grâce à des programmes sociaux financés par une manne pétrolière infinie, et grâce à son charisme exubérant.
Mais il a aussi fortement creusé les clivages de la société vénézuélienne, stigmatisant l'opposition et la presse privée, sans parvenir à endiguer les pénuries et une violence urbaine croissante.
Derrière le mythe Chavez
Par Beatriz LECUMBERRI
AFP / Luis Acosta
PARIS - Une poignée de mains, deux minutes de conversation suffisaient pour se rendre compte que lorsqu'il prétendait rêver d'une retraite allongé dans un hamac, à surveiller un petit troupeau de vaches au bord de la rivière Arauca, Hugo Chavez mentait.
Le président du Venezuela était un politicien actif 24 heures sur 24. Il avait fait de la "révolution bolivarienne" l'unique but de sa vie, avec tout ce que cela impliquait: un idéalisme truffé de contradictions, un radicalisme absolu face à ses adversaires, une dangereuse certitude d'être indispensable et une solitude au pouvoir qui n'était pas sans inspirer une certaine tristesse.
"Chavez est homme politique à 150%. Personne ne pourra lui reprocher de ne pas s'être donné corps et âme au pays. Même ceux qui le haïssent le reconnaissent, et c'est d'ailleurs pour cela qu'ils le haïssent tant", expliquait un proche collaborateur du président décédé.
AFP / Leo Ramirez
En quatorze ans de pouvoir, Chavez a toujours été omniprésent. Il dormait peu. Il ne partait pas en vacances. Il effectuait peu de visites à l'étranger.
"Aujourd'hui, je vais parler peu. Seulement quatre heures", plaisantait-il à la télévision en 2009, alors qu'il était au faîte de son exubérante présidence.
Les quatre heures se transformaient facilement en sept ou huit. Sans prompteur, sans pause publicitaire.
Sa voix était devenue un peu la musique d'ambiance du Venezuela. Son visage ornait les murs des villages les plus reculés. Son image était incrustée, presque tatouée, dans la vie quotidienne du Vénézuélien. Son nom était mentionné sans arrêt que ce soit à la boulangerie, dans le métro ou dans l'ascenseur.
Le président était le personnage principal et presque l'acteur unique de la vie politique. Le chavisme, c'était lui. La vie au Venezuela pouvait rapidement virer à la grande overdose de Chavez.
AFP / Juan Barreto
Imponctuel par nature, Chavez faisait irruption dans la salle des conférences de presse, avec l'amplomb de ceux qui se savent attendus, par la porte située à droite du portrait de son maître, le libérateur Simon Bolivar. Un frisson de crainte et de vénération parcourait alors les membres du gouvernement présents.
Même ses plus virulents détracteurs et les journalistes les plus critiques l'admettent: quand on se trouvait face à lui, son charisme était sans égal. Il était imposant. Il pouvait même avoir l'air sympathique.
"Eh, les gars, on vous a donné à manger?" plaisantait le président en guise d'introduction avec un large sourire. Alors, le soupir de soulagement était presque audible du côté des ministres: le "chef", comme beaucoup l'appelaient, avait l'air de bonne humeur ce jour-là.
Il lui arrivait souvent de réveiller ses ministres au milieu de la nuit parce qu'il venait d'avoir une idée. Il les humiliait publiquement quand ils étaient incapables d'apporter une réponse à un problème. Il leur donnait la sensation de faire partie d'un grand projet, mais il ne manquait pas de leur rappeler, à l'occasion, qu'ils n'étaient rien. Les amours et les disgrâces du président étaient capricieux et difficiles à encaisser.
AFP / Juan Barreto
"Quand vous travaillez avec un leader aussi exceptionnel que Chavez, vous savez que votre projet, c'est son projet. Point final. Les plans individuels n'ont pas leur place ici", résumait un membre du gouvernement.
Face aux caméras, en direct, Chavez surprenait, déconcertait. Il était capable de nationaliser une banque pendant qu'il visitait un couvent de bonnes soeurs, d'annoncer la rupture des relations diplomatiques avec la Colombie avec le footballeur Diego Maradona à ses côtés, d'exproprier plusieurs maisons en les montrant simplement du doigt pendant une balade dans Caracas, ou de dire à son épouse de l'époque de se tenir prête car, le jour de la Saint-Valentin, il allait "s'occuper d'elle comme il se doit".
Empêtré dans ses profondes contradictions jusqu'à la fin de sa vie, Chavez pouvait parfaitement traiter son adversaire politique de "cochon" avant d'appeler à la réconciliation nationale, envoyer Obama en enfer avant de lui lancer: "I want to be your friend", dénoncer de terribles complots contre sa personne et enchaîner en entonnant une joyeuse chanson paysanne. Après quoi, tout continuait comme avant.
AFP / Presidencia
Au-delà du truculent leader tropical que beaucoup ont voulu voir en lui, Chavez cachait une remarquable capacité de calcul, doublée d'un instinct presque animal pour détecter les opportunités et survivre aux échecs.
Son carburant, c'était la communion quasi-mystique avec les centaines de milliers de Vénézuéliens qui lui demandaient de ne jamais partir. L'adoration qu'il suscitait dans la moitié du pays était proportionnelle à la haine et à l'inquiétude qu'il générait dans l'autre moitié. Cette dernière, Chavez la méprisait sans pitié et la traitait "d'anti-révolutionnaire".
"Ma vie vous appartient!" clamait le président lors de ces meetings massifs, délirants, qui dépassaient l'entendement pour le nouvel arrivant au Venezuela.
Transporté par son projet, hypnotisé par le socialisme appris dans les livres, Chavez semblait vivre seul dans un monde parallèle. Il s'en rendait compte, parfois.
AFP / Comando Carabobo
L'ancien ministre Carlos Genatios, passé depuis dans l'opposition, se souvient ainsi d'avoir un jour trouvé Chavez la mine sombre dans le palais présidentiel et de lui avoir demandé ce qui n'allait pas. "Ici, les gens ne me parlent pas, ils n'osent pas, ils ne me racontent rien", avait-il répondu.
Savoir qui se cachait derrière le "comandante" était une gageure. Démocrate ou tyran? Socialiste du XXIème siècle ou opportuniste? Obsédé par le pouvoir ou idéaliste convaincu de sa mission? Ou bien était-il tout cela à la fois?
"Ils fabriquent un Chavez qui n'a rien à voir avec moi", avait averti un jour le président.
A de rares occasions, son moi profond semblait faire surface de façon fugace. Quand il apprenait qu'une jeune femme avait accouché dans la rue parce qu'aucun hôpital n'avait voulu d'elle, ou bien que les supermarchés manquaient de victuailles, ou encore quand il foudroyait du regard un journaliste qui s'était risqué à poser une question gênante.
AFP / Luis Acosta
Même dans la mort, Chavez a surpris. Bien qu'attendue, sa disparition semble encore irréelle aux 29 millions de Vénézuéliens. Peut-être la mort a-t-elle pris au dépourvu le président lui-même, incapable de se résigner à descendre le difficile chemin qui sépare l'apothéose du lit de mort.
"Le pire des scénarios, c'est que Chavez décède, car nous voulons le vaincre", affirmait Ramon Guillermo Aveledo, le coordinateur du MUD, le bloc d'opposition. Longtemps, les opposants n'ont pas su trouver une façon d'exister face à Chavez. C'est comme si, en mourant, Chavez exauçait son voeu intime de se perpétuer au pouvoir et dans l'histoire.
AFP / Leo Ramirez
Beatriz Lecumberri est adjointe à la rédaction en chef de l'AFP après avoir dirigé le bureau de Caracas de 2007 à 2011. Elle est l'auteur d'un livre sur le Venezuela (en espagnol) et a déjà raconté pour le blog Making-of, il y a un an, son expérience de la couverture au quotidien de la politique vénézuélienne.
KENYA. Kenyatta, inculpé de crimes contre l'humanité, président
Uhuru Kenyatta a été élu président du Kenya au 1er tour avec 50,03 % des voix, selon des résultats provisoires.
Uhuru Kenyatta est inculpé de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (SIMON MAINA / AFP)
Uhuru Kenyatta, inculpé de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI), a été élu président du Kenya au 1er tour avec 50,03 % des voix, selon des résultats provisoires diffusés dans la nuit de vendredi à samedi 9 mars par la Commission électorale.
Uhuru Kenyatta, soupçonné d'avoir joué un rôle dans l'organisation des violences consécutives au précédent scrutin fin 2007, a recueilli 6.173.433 voix sur un total de 12.338.667 bulletins, soit très légèrement plus que la majorité absolue requise, selon un total diffusé sur les écrans de la commission électorale, mais non encore officiellement entériné par cette dernière.
En 2007, le pays sombre dans la violence
La commission électorale avait annoncé plus tôt, par la voix d'un de ses responsables, qu'elle communiquerait samedi vers 11h00 locales (9 heures en France) les résultats officiels du scrutin qui s'est tenu lundi.
Mais des agents de la commission ont ensuite continué à annoncer les résultats des dernières des 291 circonscriptions du pays, qui se sont affichés automatiquement jusqu'à parvenir à un total donnant à Uhuru Kenyatta, vice-Premier ministre sortant, un score de 4.099 voix au dessus de la majorité absolue.
Son principal adversaire, le Premier ministre Raila Odinga, a obtenu 43,28% des voix avec un total de 5.340.546 voix.
La précédente défaite de Raila Odinga, en décembre 2007, avait plongé le pays dans plusieurs semaines de violences sans précédent depuis l'indépendance en 1963, avec plus de 1.000 morts et plus de 600.000 déplacés.
Le président sortant Mwai Kibaki, qui, à 81 ans, ne se représentait pas cette année, l'avait alors emporté de justesse, à l'issue d'un scrutin au dépouillement opaque et contesté.
Des "résultats trafiqués" ?
Uhuru Kenyatta était alors un soutien clé de Mwai Kibaki, issu comme lui de la communauté Kikuyu, la plus importante du pays -- et la plus influente économiquement -- avec 17% des 41 millions d'habitants.
Uhuru Kenyatta est inculpé de crimes contre l'humanité par la CPI pour son rôle présumé dans les massacres d'il y a cinq ans, notamment pour avoir mobilisé le groupe criminel des Mungiki à la rescousse de sa communauté, des accusations qu'il réfute en bloc.
Le Kenya a attendu dans le calme le résultat du scrutin de lundi, marqué par un taux de participation record avoisinant a priori les 85%, selon les chiffres diffusés par la commission.
Il reste à voir comment les partisans de Raila Odinga, et notamment sa communauté d'origine, les Luo, allaient réagir à l'annonce de ce nouvel échec de l'intéressé.
Le camp Odinga a d'ores et déjà dénoncé des "résultats trafiqués", des accusations catégoriquement rejetées par la commission électorale, mais qui laissent la porte ouverte à un éventuel recours juridique.
Un tribunal kényan, saisi par des associations pour faire cesser le décompte, s'était déclaré incompétent dans la journée de vendredi.
Confrontée à divers cafouillages et pannes techniques, la Commission électorale (IEBC) a été sous le feu des critiques depuis le scrutin de lundi.
Crimes contre l'humanité
Arrivé en troisième position, très loin derrière les deux premiers, l'autre vice-Premier ministre sortant Musalia Mudavadi a appelé Uhuru Kenyatta et Raila Odinga à accepter l'issue du scrutin quelle qu'elle soit.
"J'ai souligné auprès d'eux que le calme actuel était très précaire et qu'il dépendait entièrement de leur capacité à contrôler les émotions de leurs partisans au moment de l'annonce finale" des résultats.
L'ouverture du procès de Uhuru Kenyatta à La Haye vient d'être reportée du 11 avril au 9 juillet, en raison "d'importantes questions" soulevées par la défense qui invoque de nouveaux éléments au dossier, selon la CPI.
"Il n'y a absolument aucun lien" entre la date d'ouverture du procès de Uhuru Kenyatta et les élections au Kenya, avait indiqué jeudi à l'AFP Fadi el-Abdallah, porte-parole de la Cour.
Si les résultats provisoires annoncés sont bien entérinés, Uhuru Kenyatta est la première personnalité politique inculpée par la CPI qui deviendrait chef de l'Etat avant l'ouverture de son procès, ce qui créerait une situation politique et juridique inédite.
La CPI a déjà inculpé en 2009 un chef d'Etat, le soudanais Omar el-Béchir, accusé de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour (ouest du Soudan), mais Omar el-Béchir était alors déjà au pouvoir depuis vingt ans.
Le président soudanais n'a toujours pas été interpellé mais ne peut se rendre dans de nombreux pays au risque d'être arrêté.
Uhuru Kenyatta a assuré que, même élu, il assisterait à La Haye à son procès, qui pourrait durer au moins deux ans, en dépit des difficultés à concilier cette obligation avec ses fonctions. Aucun mandat d'arrêt ne sera réclamé contre lui tant qu'il collaborera avec la CPI, avait expliqué fin 2012 sa procureure, Fatou Bensouda.
Égypte: le Sinaï en état d'urgence
Reuters
Le ministère de l'Intérieur égyptien a proclamé aujourd'hui l'état d'urgence dans le Sinaï après avoir appris que des djihadistes pourraient se livrer à des attaques contre la police, a annoncé l'agence officielle Mena.
"Le ministère de l'Intérieur a proclamé l'état d'urgence dans le Nord et le Sud Sinaï après avoir été informé que des groupes djihadistes avaient l'intention d'y perpétrer une attaque contre des bâtiments de la police", a déclaré le général Ossama Ismaïl, responsable du ministère de l'Intérieur, cité par Mena.
L'annonce intervient après que des heurts ont éclaté à Port-Saïd suite à la confirmation par la justice de la condamnation à la peine capitale de 21 accusés dans l'affaire des émeutes meurtrières l'an dernier, dans le stade de Port-Saïd.
Des manifestants de Port-Saïd en colère contre la confirmation des peines ont fait dériver des hors-bords dans le canal de Suez dans l'intention de perturber le trafic. Ils ont également empêché des ferries transportant des voitures de traverser le canal.
LIRE AUSSI:
» Égypte : les révoltés de Port-Saïd
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ECONOMIE
De l'accord compétitivité chez Renault au Grand Paris Express : les dix actus qui ont marqué la semaine
Par Julien Bonnet
Les syndicats de Renault donnent leur feu vert concernant l'accord compétitivité, le débat sur les problèmes de santé liés au diesel ressurgit, la charge de Gary Klesch à l'encontre d'Arkema, le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi validé en Conseil des ministres, le salon automobile de Genève, le projet de réseau de transport du Grand Paris validé... retrouvez les dix actualités qu'il ne fallait pas manquer dans cette semaine d'industrie du 4 au 8 mars.
Renault à deux doigts de boucler son accord compétitivité
Le constructeur français a obtenu le feu vert de trois de ses syndicats concernant l'accord sur la compétivité. Après la CFE-CGC et FO mercredi, la CFDT a validé jeudi ce projet qui devrait être signé mardi prochain. "L’accord Renault va favoriser une relocalisation massive de volumes de production", a commenté le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg dans un entretien accordé à l'Usine Nouvelle.
Le constructeur français a obtenu le feu vert de trois de ses syndicats concernant l'accord sur la compétivité. Après la CFE-CGC et FO mercredi, la CFDT a validé jeudi ce projet qui devrait être signé mardi prochain. "L’accord Renault va favoriser une relocalisation massive de volumes de production", a commenté le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg dans un entretien accordé à l'Usine Nouvelle.
Panique autour du diesel
Le gouvernement est apparu divisé en début de semaine sur la manière de répondre au problèmes de santé que provoquent les anciens moteurs diesel. Les constructeurs français, en pointe sur le diesel, se sont logiquement sentis menacés, un éventuel relèvement de la taxation du gazole ayant été évoqué. Finalement, Arnaud Montebourg a clos le débat en fin de semaine, indiquant que le sujet ne reviendrait pas sur la table avant 2014.
Le gouvernement est apparu divisé en début de semaine sur la manière de répondre au problèmes de santé que provoquent les anciens moteurs diesel. Les constructeurs français, en pointe sur le diesel, se sont logiquement sentis menacés, un éventuel relèvement de la taxation du gazole ayant été évoqué. Finalement, Arnaud Montebourg a clos le débat en fin de semaine, indiquant que le sujet ne reviendrait pas sur la table avant 2014.
Gary Klesch assigne Arkema en justice
Alors qu’une délégation intersyndicale de Kem One (le nom du pôle vinylique d'Arkema depuis son rachat par le groupe Klesch) a été reçue jeudi 7 mars au ministère du Redressement productif, son patron Gary Klesch ne mâche pas ses mots à l’encontre d’Arkema… Le groupe Klesch accuse le français d’avoir délivré de fausses informations lors de la cession de ses activités vinyliques, ce que dément Arkema.
Alors qu’une délégation intersyndicale de Kem One (le nom du pôle vinylique d'Arkema depuis son rachat par le groupe Klesch) a été reçue jeudi 7 mars au ministère du Redressement productif, son patron Gary Klesch ne mâche pas ses mots à l’encontre d’Arkema… Le groupe Klesch accuse le français d’avoir délivré de fausses informations lors de la cession de ses activités vinyliques, ce que dément Arkema.
L'accord emploi dans la dernière ligne droite
Au sortir du Conseil des ministres, mercredi 6 mars, Jean-Marc Ayrault s’est félicité de la validation du projet de loi sur la sécurisation de l’emploi. Prochaine étape le 2 avril avec la discussion du texte à l'Assemblée nationale. De son côté, le ministre du Travail Michel Sapin a indiqué que l'accord serait applicavble début mai.
Au sortir du Conseil des ministres, mercredi 6 mars, Jean-Marc Ayrault s’est félicité de la validation du projet de loi sur la sécurisation de l’emploi. Prochaine étape le 2 avril avec la discussion du texte à l'Assemblée nationale. De son côté, le ministre du Travail Michel Sapin a indiqué que l'accord serait applicavble début mai.
L'avenir de l'automobile se dévoile à Genève
La 83e édition du salon automobile de Genève a ouvert ses portes au public cette semaine. Pour les constructeurs automobiles en difficulté, l'occasion d'oublier la crise et de se tourner vers l'avenir. En visite sur les stands de Peugeot, Citroën et Renault, Arnaud Montebourg a notamment appeller à "la mutation de la filière automobile française".
La 83e édition du salon automobile de Genève a ouvert ses portes au public cette semaine. Pour les constructeurs automobiles en difficulté, l'occasion d'oublier la crise et de se tourner vers l'avenir. En visite sur les stands de Peugeot, Citroën et Renault, Arnaud Montebourg a notamment appeller à "la mutation de la filière automobile française".
Le Grand Paris Express sur les rails
Le Premier ministre a donné le feu vert, mercredi 6 mars, à la réalisation du métro du Grand Paris Express pour un coût estimé de 26,5 milliards d’euros. D’ici 2030, l’amélioration du réseau existant devrait également mobiliser quelque 15,5 milliards d’euros.
Le Premier ministre a donné le feu vert, mercredi 6 mars, à la réalisation du métro du Grand Paris Express pour un coût estimé de 26,5 milliards d’euros. D’ici 2030, l’amélioration du réseau existant devrait également mobiliser quelque 15,5 milliards d’euros.
Boeing croit toujours au lithium-ion
En pleine affaire des batteries lithium-ion du 787 Dreamliner, le vice-président de Boeing en charge de l'aviation commerciale a réitéré la volonté de l'avionneur américain de conserver envers et contre tout cette technologie au coeur de son programme, vendue comme une promesse pour les réduction des dépenses énergétiques des transporteurs aériens.
En pleine affaire des batteries lithium-ion du 787 Dreamliner, le vice-président de Boeing en charge de l'aviation commerciale a réitéré la volonté de l'avionneur américain de conserver envers et contre tout cette technologie au coeur de son programme, vendue comme une promesse pour les réduction des dépenses énergétiques des transporteurs aériens.
Areva et le "business Fukushima"
Au lendemain de Fukushima, Areva créait la "Safety Alliance" afin de proposer un ensemble de solutions adaptées aux nouvelles exigences de sûreté nucléaire. Après deux ans, le groupe a enregistré 170 millions d’euros de commandes dans le monde.
Au lendemain de Fukushima, Areva créait la "Safety Alliance" afin de proposer un ensemble de solutions adaptées aux nouvelles exigences de sûreté nucléaire. Après deux ans, le groupe a enregistré 170 millions d’euros de commandes dans le monde.
L'électronique présente ses innovations au CeBIT
Le salon mondial des technologies de l’information et de la bureautique, le CeBIT, a ouvert ses portes cette semaine. S’il a perdu de sa superbe à l’international, éclipsé par les salons plus numériques de Las Vegas (CES) et de Barcelone (MWC), il n’en reste pas moins un haut lieu de l’innovation de l’industrie allemande.
Le salon mondial des technologies de l’information et de la bureautique, le CeBIT, a ouvert ses portes cette semaine. S’il a perdu de sa superbe à l’international, éclipsé par les salons plus numériques de Las Vegas (CES) et de Barcelone (MWC), il n’en reste pas moins un haut lieu de l’innovation de l’industrie allemande.
L'avenir de plus en plus sombre pour Goodyear Amiens-nord
Le rapport Sécafi, qui ne fait aucun cas du projet de Scop de la CGT, trace de sombres perspectives pour les deux activités (tourisme et agricole) du site. Tout au plus reste-t-il, selon la CFECGC, une "chance infime" pour une reprise de l’activité agricole. Des violences opposant forces de l'ordre et syndicats ont éclaté jeudi en marge de la deuxième réunion du CCE de Goodyear.
Le rapport Sécafi, qui ne fait aucun cas du projet de Scop de la CGT, trace de sombres perspectives pour les deux activités (tourisme et agricole) du site. Tout au plus reste-t-il, selon la CFECGC, une "chance infime" pour une reprise de l’activité agricole. Des violences opposant forces de l'ordre et syndicats ont éclaté jeudi en marge de la deuxième réunion du CCE de Goodyear.
Julien Bonnet
SOCIAL
Buraliste en colère : "Il faut qu'on arrête de se foutre de notre gueule, on est en train de fusiller nos commerces"
Il sera bientôt possible de ramener plus de cinq cartouches de cigarettes achetées dans un autre pays européen. La Cour de justice de l'Union Européenne juge la limitation appliquée en France contraire à la libre circulation des marchandises. Cette levée d'interdiction pourrait intervenir dès la semaine prochaine. Une décision qui inquiète les buralistes. Dominique Morel est président de la chambre syndicale des buralistes de la Somme. Il ne veut pas se laisser faire et se dit prêt dans ce cas à aller acheter sa marchandise à l'étranger. Il répond à Justin Morin de France Bleu Picardie.
DIVERS
Abandonnés, menés à l'abattoir: les chevaux, victimes de la crise en Espagne
ALHAURIN EL GRANDE — Signe extérieur de richesse durant le "miracle économique" de l'Espagne, les chevaux souffrent aujourd'hui de la crise, sacrifiés par dizaines de milliers à l'abattoir ou abandonnés, comme dans les campagnes d'Andalousie, région du sud où la culture équestre est profondément enracinée.
Niché au bas d'un chemin rural accidenté, dans l'arrière-pays parsemé d'oliviers de la ville côtière de Malaga, le refuge du village d'Alhaurin el Grande accueille depuis dix ans des chevaux maltraités et abandonnés.
"Il y a quelques années, les sauvetages que nous faisions après des abandons ou des mauvais traitements étaient isolés mais aujourd'hui tous les secteurs, particuliers, éleveurs ou marchands, sont touchés", affirme l'une de ses responsables, Virginia Solera, 35 ans, en caressant Alegria, une jument brune retrouvée il y a quelques mois, affamée.
Les boxes et pistes équestres du refuge de l'association CyD Santamaria, soigneusement entretenus par une dizaine de volontaires, accueillent en ce moment 55 chevaux.
Pendant les années de boom, lorsque les chevaux étaient en Espagne un "symbole de richesse", "beaucoup se sont dit: je m'achète ma grosse voiture, ma grande maison et bien sûr mon cheval ou mon petit élevage", explique la jeune femme.
Après les années d'exubérance, le moteur économique de l'Espagne, le secteur de la construction, particulièrement dynamique en Andalousie, s'est mis brutalement à l'arrêt en 2008, précipitant avec lui toute l'économie et faisant exploser le chômage.
Aujourd'hui, beaucoup de "ces chevaux soit meurent de faim, soit sont partis à l'abattoir", raconte Virginia. Les chiffres officiels du gouvernement en témoignent: depuis 2008, le nombre de chevaux sacrifiés dans les abattoirs a doublé, jusqu'à près de 60.000 en 2012.
Beaucoup, comme Alegria qui a vécu pendant des années dans un centre hippique, sont retrouvés avec la dentition très abimée à force de chercher, désespérés, à manger dans la terre.
Estrella, elle, souffre d'une blessure ouverte à la patte avant gauche, qui tache sa robe blanche. Cette grosseur difforme témoigne d'un passé traumatisant: la force de la corde que ses propriétaires avaient attachée à sa patte pour la jeter au sol, espérant ainsi la dompter. Invalide, elle aussi a été abandonnée.
D'autres chevaux sont attachés dans des zones inondables avec l'espoir qu'ils se noient, ou enfermés simplement sans eau ni nourriture jusqu'à ce qu'ils meurent d'inanition, affirme Virginia.
Non loin du refuge, le silence fait résonner la pluie sur les tôles qui abritent de grands enclos où paissaient il y a encore quelques années jusqu'à cent chevaux.
Chapeau vissé sur la tête, Manuel Gonzalez Melendi, 68 ans, désigne fièrement le poulain de huit jours qui se dresse, encore fragile, entre les herbes folles. Marchand de chevaux depuis des décennies, il n'a plus aujourd'hui qu'une poignée de montures.
"Je vendais, j'achetais et cela me faisait vivre", se souvient-il. "Mais comme plus personne n'achète, que les nourrir revient très cher et que plus personne ne veut un cheval, j'ai dû arrêter: j'en ai vendu certains pour très peu d'argent, les autres sont partis à l'abattoir."
"Pendant le boom économique, beaucoup de familles ont acheté un cheval ou montaient le weekend", raconte Manuel Gonzalez, le secrétaire général de l'association des salles de découpe et dépeçage Aprosa, installée à Madrid. "C'était un secteur rentable et le nombre de propriétaires a augmenté."
Mais il faut compter 400 euros par mois pour élever un cheval, explique-t-il. Ne pouvant affronter cette dépense, beaucoup de propriétaires préfèrent envoyer leur animal à l'abattoir, même si chaque bête ne leur rapporte qu'environ 150 euros.
La viande de cheval, au c?ur d'un scandale en Europe, est très peu consommée en Espagne et destinée à près de 90% à l'exportation, surtout vers la France et l'Italie, selon Aprosa.
"C'est comme si nous profitions tous de la crise pour nous défaire des choses dont nous ne voulons plus", accuse Virginia Solera. "Ils tentent de garder la voiture ou la maison. Mais le cheval, ils s'en débarrassent".
Succession de Benoît XVI : comment va se dérouler le conclave ?
Les six choses à savoir pour comprendre l'élection du nouveau souverain pontife qui s'ouvrira mardi.
La basilique Saint-Pierre de Rome (GABRIEL BOUYS / AFP)
Le conclave qui élira le successeur de Benoît XVI s'ouvrira donc mardi 12 mars, a-t-on appris vendredi. Après une semaine de réunions préparatoires, durant lesquelles les cardinaux du monde entier ont discuté des problèmes actuels de l'Eglise et appris à se connaître, la date fatidique où les prélats vont se retrouver enfermés dans la Chapelle Sixtine a donc été fixée, première étape avant le début de ce scrutin sans campagne ni candidats officiels.
Certes, des noms se détachent à propos de l'identité du prochain chef d'une Eglise qui compte un milliard de fidèles mais comme le dit l'adage romain, "qui entre Pape au conclave en ressort cardinal". De quoi refroidir les trop grandes ambitions.
Alors qui va faire l'élection ? Qui a des chances d'être élu ? Combien de temps va durer le conclave ? Voici les six choses à savoir.
Qui va voter ?
Ils sont 115 cardinaux à avoir le droit de se prononcer pour élire le prochain pape. 67 d'entre eux ont été nommés par Benoît XVI. Coupés des moyens de communication modernes, aucune information ne peut sortir de ce huis-clos pontifical, sous peine d'excommunication. Une gageure à une époque où nombre de cardinaux utilisent Twitter.
Tous ces prélats doivent avoir moins de 80 ans pour avoir le droit de vote. La majorité des deux tiers est requise pour élire le successeur au siège de Saint-Pierre. Soit 77 voix.
Comment va se dérouler le vote ?
Le premier jour du conclave commencera par une messe. Un premier tour de vote aura lieu l'après-midi ou le lendemain. Premier élément à souligner : les cardinaux n'ont pas le droit de voter pour eux-mêmes. Il y a très peu de chances que le premier scrutin désigne d'emblée le nouveau pape. S'ensuivront donc des sessions de vote les jours suivants. A chaque tour, les bulletins des cardinaux sont brûlés dans un poêle pour éviter toute fuite.
Chaque résulta de vote est annoncé par une fumée qui sort d'un conduit spécialement installé pour le conclave. Si la fumée est noire, le vote n'est pas concluant. Si la fumée est blanche, le vote est acquis, le nouveau pape est élu, à condition toutefois qu'il accepte sa fonction de nouveau souverain pontife. Cependant, la Constitution apostolique le prie "de ne pas se dérober à la charge à laquelle il a été appelé, par crainte de son poids, mais de se soumettre humblement à la volonté divine".
Combien de temps va durer le conclave ?
"Les conclaves au vingtième siècle ont été relativement courts, jamais au-delà de quatre jours", explique au "Nouvel Observateur" l'historien des religions, Odon Vallet. Ainsi, le conclave de 1978 a duré 24 heures. Celui de 2005, qui intronisa Benoît XVI, 20 heures. Le conclave de 2013 a de fortes chances de s'inscrire dans cette lignée. "Tout est fait pour que cela aille au plus vite", assure Odon Vallet.
La vaticaniste italien Marco Politi estime, de son côté, que le conclave durera " trois ou quatre jours" et qu'il faudra "au moins" huit votes, "sans exclure cependant une solution plus rapide".
Qui sont les personnalités émergentes ?
Il est toujours difficile de prédire l'identité du futur pape. Plusieurs personnalités émergent : le Canadien Marc Ouellet, l'Italien Angelo Scola, le Brésilien Odilo Pedro Scherer, le Philippin Luis Antonio Tagle… Mais, "à l'heure actuelle, la situation est très mouvante, il y a beaucoup de confusion", estime encore Marco Politi.
Selon Odon Vallet, le profil du prochain pape s'annonce en tout cas "vraisemblablement conservateur". En effet, la majorité des cardinaux présents ont été nommés soit par Benoît XVI, soit par Jean-Paul II.
Qui sont les différents groupes de pression ?
Le premier groupe de cardinaux est celui des Italiens, partisans d'une refonte du gouvernement de l'Eglise. Ils sont au nombre de 28 et pourraient être en position de force dans l'élection du futur pape. Encore faut-il qu'ils parviennent à se mettre d'accord sur un seul et même nom. Si ce n'était pas le cas, les cartes seraient rebattues et l'élection prendrait, de fait, un autre tournant.
L'autre clan est celui de la vieille garde de la Curie qui préférerait confier le siège de Saint-Pierre à un pape étranger, à condition toutefois de s'adjuger la Secrétairerie d'Etat, cœur du pouvoir au Vatican.
Qui annoncera l'identité du nouveau pape ?
C'est le cardinal protodiacre, c'est-à-dire le premier des diacres, qui lance le fameux "Habemus papam !" depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre. Pour ce conclave, c'est un Français, le cardinal Jean-Louis Tauran, qui dévoilera le nom du nouveau souverain pontife avant que ce dernier prononce sa première bénédiction urbi et orbi.
Les corbeaux de Fukushima
Par Karyn NISHIMURA-POUPEE
AFP / Toru Yamanaka
CENTRALE NUCLEAIRE DE FUKUSHIMA DAIICHI (Japon) - Lorsque la terre trembla le 11 mars 2011, que l'on ne tenait plus debout dans le bureau de l'AFP, on comprit tout de suite que ce séisme-là n'était pas comme les autres. Mais on était loin d'imaginer le drame qui allait suivre: le tsunami gigantesque, et la catastrophe dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Au cours des mois suivants, nous avons livré des centaines de dépêches sur la situation dans ce site atomique et alentour, sans jamais pouvoir constater la situation de visu: la zone était, et reste, strictement interdite.
Pour une journaliste, rien n'est plus frustrant que d'être à ce point dépendante du bon vouloir des autorités. Près de deux ans plus tard, fin décembre 2012, je peux enfin me rendre à Fukushima. Un voyage de presse de quelques heures, strictement encadré, dans la centrale dévastée pour accompagner une visite du Premier ministre Shinzo Abe. Mais deux ans plus tard, c'est encore plus désespérant.
J'ai encore du mal à me convaincre que les scènes que j'ai vu alors étaient réelles. Imaginez: des villes entières totalement désertées, plus une âme humaine qui vive sur des centaines de kilomètres carrés autour de la centrale maudite. Avant, il y avait des gens dans les appartements, des paysans dans les champs, des clients dans les restaurants, des enfants aux mains de leurs parents. Tout, tout est resté en plan, à l'abandon. On voudrait interroger des gens. Mais plus personne ne se promène sur les routes, ne prend plaisir à sillonner la forêt luxuriante avoisinante, une des plus belles du Japon.
Cette vidéo amateur, tournée par un évacué qui se fait appeler Nekiragi, montre ce qui était la rue principale de Tomioka, un village dont les habitants ont tous été priés de quitter les lieux après la catastrophe:
Intactes ou à moitié détruites par le séisme du 11 mars 2011, des dizaines de milliers de maisons sont inhabitées. Pas un seul individu dans les nombreuses petites entreprises, les stations-services, les supermarchés et autres bâtiments qui bordent les routes.
Où sont-ils tous ? Quelle existence mènent-ils maintenant ? Espèrent-ils revivre ici? Font-ils parfois le déplacement? "Je suis revenu visiter ma maison, à Tomioka", m'a récemment écrit le même Nekiragi, photos à l'appui. "Ca c'est une peinture que j'avais réalisée il y a des années". Illusoire plus que prémonitoire, elle s'appelle "le retour". Impossible retour dans un environnement où le dosimètre affiche plus de 6 microsieverts/heure (contre 0,05 à Tokyo).
Elle était pourtant belle sa grande demeure blanche et marron à deux étages. A l'intérieur, tout est resté. Ici, la bibliothèque. "J'avais acheté le livre 'Terre des hommes', d'Antoine de Saint-Exupéry", dit encore Nekiragi. Et devant ce spectacle de désolation, le même de philosopher: "la tristesse ce n'est pas que ce soit cassé, c'est que le temps soit arrêté".
Le plus souvent, les seuls objets en mouvement que l'on aperçoit dans la zone encore fermée sont des fourgons de la police en patrouille ou les voitures des travailleurs du complexe atomique ravagé. Les panneaux publicitaires se voulaient alléchants, ils sont déprimants: on y souhaite la bienvenue, on y parle d'avenir, mais il n'y a plus personne pour les lire, personne pour y croire.
AFP / Toru Yamanaka
Personne, mais de pauvres corbeaux qui se croient encore heureux dans la nature continuent de survoler la centrale. Comme avant. Tôt ou tard les rayonnements qu'ils ne voient pas, ne sentent pas, auront raison d'eux. Ils nous fichent le cafard, ces corbeaux noirs. Et on regarde encore et encore partout, en se disant que non, ce n'est pas possible, que c'est juste pour quelques heures, quelques jours, quelques mois au plus. Mais non, c'est pour des années, que dis-je, des décennies pour les villages les plus proches du foyer radioactif.
Devant ce spectacle affligeant, le visiteur d'un jour tente d'imaginer comment cela s'est passé le 11 mars 2011, à 14H46, lorsque la terre a tremblé comme jamais dans cette région du nord-est du Japon, lorsque la vague de plus de quatorze mètres est venue gifler la centrale. "J'ai cru plusieurs fois mourir", a témoigné le directeur du site à l'époque, Masao Yoshida, un homme aujourd'hui très malade du cancer, pas à cause des rayonnements... du moins pas directement... du moins officiellement.
Au pied des réacteurs 5 et 6 du complexe atomique, l'océan si proche est redevenu sage. Mais ses ravages sont toujours visibles: des énormes réservoirs pliés par la déferlante, des carcasses de voitures enfoncées dans les bâtiments, des débris entassés.
AFP / Issei Kato / pool
Et puis des enchevêtrements de tuyaux, partout, sur lesquels s'affairent par endroits des hommes en combinaisons blanches, casqués et portant un masque intégral. A proximité, sont enterrés sous d'immenses tentes blanches des décombres radioactifs. Peu importe que l'on soit samedi ou dimanche, entre Noël et le jour de l'An, le travail doit continuer à la centrale de Fukushima, l'attention rester extrême. "Agir avec la sécurité comme première priorité", rappelle un panneau signé du directeur dans le QG de crise du complexe où quatre des six réacteurs ont été saccagés par la nature.
Il y a tout juste un an que le site est considéré comme stabilisé, mais le danger n'est pas écarté pour autant. La compagnie exploitante, Tepco, veut accélérer le calendrier, retirer vite le combustible usé de la piscine de désactivation du réacteur 4. Si elle venait à flancher, ce n'est pas un rayon 20 km qu'il faudrait évacuer, mais 200 ou plus, Tokyo compris! Vider en urgence une mégalopole de 37 millions d'habitants, soit l'équivalent de l'Algérie ou de la Californie? Cela semble infaisable, impensable. Qu'une telle possibilité ait pu à un moment émerger dans les têtes des experts-conseillers du gouvernement semble sortir tout droit d'un mauvais film catastrophe. Et pourtant, le scénario a bel et bien été envisagé, à un moment, par les autorités.
Sur le terrain, la bataille contre le temps est quotidienne. Quelque 3.000 personnes s'escriment là chaque jour. Certains ont l'air si jeune, la trentaine. Comment leur famille vit-elle leur dévouement? Ont-ils vraiment choisi d'être ici? Sont-ils conscients du danger? Quels sont d'ailleurs réellement les risques qu'ils encourent? Les avis des experts sont divisés sur la question, pas facile de savoir.
AFP / Issei Kato /pool
Quelle est leur motivation ? N'ont-ils pas l'impression de perdre leur temps ceux qui, à longueur de journée, passent lentement des compteurs Geiger de gauche à droite, de haut en bas, sur les carrosseries et vitres des véhicules sortant de la centrale, juste pour s'assurer qu'ils ne sont pas trop contaminés? Et cette femme qui me sourit à J-Village, centre de préparation des travailleurs, que pense-t-elle ? N'a-telle pas en réalité plutôt envie de pleurer? Moi, si. "J-Village: hôtel, restaurant, fitness club", annonce encore une pancarte surréaliste à l'entrée de cet ex-centre d'entraînement sportif construit par Tepco.
Aux murs des bâtiments de cet espace à 20 km de la centrale, des messages d'enfants de la région ont été punaisés pour encourager tous ceux qui ont désormais à effectuer la tâche la plus ingrate qu'il soit: nettoyer le site saccagé. "Gokurosama", "otsukaresama" ("vous avez bien travaillé", "vous devez être fatigué"): entre eux, les ouvriers se saluent humblement dans la file d'attente devant le système de contrôle d'irradiation, en espérant qu'il ne mente pas quand il leur dit d'une voix féminine "il n'y a rien d'anormal".
Mais comment ne hurlent-ils pas en entendant ces mots? Car rien n'est normal, tout est anormal au contraire, dans ce travail, cette obligation de passer par des sas, d'être inspectés par des machines, de porter des tenues de cosmonaute, de respirer à travers des masques, de compter les doses de rayonnements absorbés...
Certains sont pourtant venus de loin pour trimer ici quelques mois ou années, parfois forcés par des yakuzas-usuriers, un sale boulot pour rembourser au centuple des dettes contractées je ne sais comment. Quant aux résidents chassés par la radioactivité, d'aucuns espèrent rentrer, vivants, avant la fin du démantèlement. Il devrait durer quarante ans.
AFP / Issei Kato / pool
Copenhague : 63 clients intoxiqués dans le «meilleur restaurant du monde»
A.Ba.
Classé «Meilleur restaurant du monde», le Noma de Copenhague connaît des cas d'intoxiation alimentaire parmi ses clients | AFP
Soixante-trois clients du restaurant Noma de Copenhague (Danemark), classé «Meilleur restaurant du monde» trois ans de suite depuis 2010 par le magazine britannique Restaurant, ont été victime d'une intoxication alimentaire.
«Il a été constaté des malades (vomissements et diarrhées) parmi 12 tablées avec 63 personnes atteintes sur 78 clients sur la période du 12 au 16 février», ont indiqué les autorités sanitaires danoises, sans préciser la gravité et les origines exactes de ces intoxications. «A ce moment-là, il y avait des malades parmi les employés qui manipulent la nourriture», a relevé le rapport des inspecteurs.
200 € le menu dans ce restaurant deux étoiles
L' Administration des biens alimentaires a rapporté que Noma avait évoqué un problème de communication interne. Quand des clients ont commencé à se plaindre par courrier électronique, et lorsqu'un employé a annoncé être victime de vomissements, l'information n'a pas assez bien circulé pour aboutir à une désinfection des cuisines. «Dorénavant il y aura à la fois un salarié parlant danois et un salarié parlant anglais qui liront le courrier électronique, afin qu'il n'y ait plus de retard dans la transmission» de telles informations, ont indiqué les inspecteurs.
Le Noma, deux étoiles au Michelin, offre une redéfinition de la cuisine nordique. Le chef René Redzepi fait une grande place dans ses assiettes aux produits de la mer ainsi qu'aux champignons, fleurs et autres plantes sauvages. Un menu (hors boissons) chez Noma coûte 1 500 couronnes, soit quelque 200 euros.
Noma, le meilleur restaurant du monde (vidéo en anglais)
LeParisien.fr
A ce petit jeu, Zoé détient la palme de l’originalité dans cet article. Aujourd’hui, à 27 ans, c’est une femme tout à fait équilibrée ; pourtant quand elle avait cinq ans... elle fantasmait sur Kit. La voiture de K2000.
A peu près au même âge, à six ans, Marie, elle, pensait beaucoup à Robin des Bois. Une pensée nourrie « par un visionnage intense » de la VHS du dessin animé de Disney.
Jean-Yves Hayez, pédopsychiatre, auteur de « La sexualité des enfants », ne voit là rien d’anormal. A cinq, six ans, et jusqu’à l’arrivée de la puberté, les fantasmes sont surtout amoureux :
En racontant ses souvenirs, il prend conscience de l’incongruité de ce qu’il dit.
Un propos que l’internaute termine par un petit smiley bavant. Des plus chics. Jean-Yves Hayez associe ce genre de fantasmes au début de la puberté, « au moment où les trois premiers poils pubiens apparaissent ».
A 11, 12 ans, Jean, aujourd’hui âgé de 34 ans, a aussi fantasmé sur des jambes. Celles des nanas de « Cat’s Eyes ». Par écrit, il raconte :
La petite sirène nue, K2000 : les enfants aussi ont des fantasmes
« Tu ne voudrais pas faire un article un jour sur les fantasmes érotico-amoureux bizarres des enfants ? Quand ils trippent sur des dessins animés ou des livres pas du tout destinés à ça ? »Des enfants ? De l’érotisme ? Ensemble ? Je ne vois pas le problème. Allez, on y va. On peut commencer par le cliché d’abord, pour beaucoup d’ados, dont ceux des « Beaux gosses » de Riad Sattouf, l’hyper érotisme a commencé avec le catalogue de La Redoute.
Pascal Riché et les 3 Suisses
Mon rédacteur en chef, Pascal Riché, était plus branché 3 Suisses, comme il le disait dans cet article sur nos œuvres érotiques préférées :« J’ai souvenir d’une lecture, le catalogue été 1975 des 3 Suisses, qui m’avait fortement troublé. »Après un appel à témoins, je me suis rendu compte que Pascal Riché n’était pas le plus créatif des enfants, en fait...
A ce petit jeu, Zoé détient la palme de l’originalité dans cet article. Aujourd’hui, à 27 ans, c’est une femme tout à fait équilibrée ; pourtant quand elle avait cinq ans... elle fantasmait sur Kit. La voiture de K2000.
« C’était érotique parce que Kit était mystérieuse. Parfois je me disais qu’elle allait surgir et me balancer une phrase un peu sexy avec ses lumières rouges et m’embrasser. C’était assez conceptuel, mais l’endroit d’où sortaient ses lumières rouges était clairement un orifice buccal à mes yeux.
Malgré cette grosse charge érotique, Kit était aussi l’homme idéal, avec qui j’avais un avenir sérieux. »
« Il y a cette scène (si je me souviens bien), ou il glande dans la rivière avec son pote ours. Il nage sur le dos en crachant de la flotte, etc. Tu sens que le mec (enfin, le renard) vit comme il l’entend. »
« Fuck yeah, Robin des Bois »
Et aujourd’hui encore, quand elle en parle, il faudrait être aveugle pour ne pas voir l’évidence : certains sentiments de Marie pour Robin sont encore là. Elle dit d’ailleurs elle-même que ses critères de fille de 27 ans n’ont pas changé :« Si je regardais ces images aujourd’hui, je pense que je dirais “Fuck yeah, Robin des Bois”, tu vois ? Sans être capable de sexualiser la chose, je voulais être avec ce genre de personnes. »
Robin des Bois (DR)
« Cela fait partie de l’éveil amoureux. L’érotisme vient plus tard avec le démarrage de la puberté, vers 10, 11, 12 ans. »Ces fantasmes romantiques vont avec une nouveauté dans la vie des enfants : l’apparition des sentiments amoureux.
Oh ! « Une bouffée amoureuse » : qu’en faire ?
Jean-Yves Hayez parle d’une « bouffée amoureuse, d’un besoin amoureux » dont certains enfants « ne savent pas quoi faire ».« Fantasmer sur un personnage fictif, c’est une manière de décharger ce sentiment. Ça intervient surtout avant la puberté. Ce n’est pas quelque chose de très durable. »Le pédopsychiatre évoque aussi « une imitation amoureuse », « une envie de ressembler aux parents », aux grands. Petite, Anne s’est ainsi souvent vue dans les bras de Pégase, des Chevaliers du Zodiaque.
« Pas de la sexualité de ouf, mais on s’embrassait, ouais ! [...] C’est tellement superficiel avec le recul : je l’aimais parce qu’il était beau, que c’était le meilleur, tout ça... »
Embrasser ses posters
Certains enfants sont encore plus aventureux que d’autres. Cécile aimait aussi les Chevaliers du Zodiaque ; elle raconte qu’à 4-5 ans, c’était le seul dessin animé que tolérait sa mère, « parce qu’il y avait un chouïa de mythologie grecque ».« Je ne me souviens plus du “tournant”, à quel moment j’ai commencé à les trouver “beaux”. Mais j’ai un très vague souvenir d’un poster où ils étaient tous, que j’ai embrassé. En cachette parce que je me disais bien que c’était un peu weirdo [bizarre, ndlr]. »Jean-Yves Hayez n’est pas tellement surpris quand je lui parle de Cécile, de ses baisers aux chevaliers :
« J’appelle ça “des mises en scène amoureuses”. Ce n’est pas très différent de ces enfants qui embrassent leurs poupées, leurs barbies, leurs kens... »
« Nala, du “Roi lion”, était vraiment bonne »
Dans l’éveil amoureux, dit-il, tous les enfants ne réagissent pas de la même manière. « Certains ont des amoures enfantines », mais d’autres ne pensent à aucun(e) de leur camarades parce que, dit-il :« Un amoureux, une amoureuse, ça ne s’invente pas comme ça. »Ces enfants concentrent donc leur amour sur des personnages fictifs.
« Tous les enfants ne vivent pas ça. Mais, c’est logique et mignon que ça s’adresse à un personnage imaginaire. »Quand Gregory parle de Nala, la copine de Simba dans « Le Roi lion », on comprend facilement qu’à quelques détails techniques près, elle aurait pu être la femme de sa vie.
« Nala du “Roi lion” était vraiment bonne [...]. Je pense que j’aurais été un lionceau je l’aurais draguée comme un ouf [...]. J’me souviens juste que j’ai kiffé ses yeux en amande et ses attitudes félines. »
Simba et Nala, dans « Le Roi lion » (DR)
« Merde... Je crois que c’est grave. »Pourtant, il n y avait rien de « méchant » dans son fantasme.
« Je crois qu’à l’époque de la sortie de ce film, je n’avais pas conscience du concept de l’érotisme... Et par conséquent, un bisou et une balade dans les plaines d’Afrique auraient comblé mes désirs. »
« Ariel la petite sirène. Pas vous ? »
Plus tard, quand l’enfant devient un pré-ado, ces fantasmes peuvent (enfin ?) se corser un peu. Sur un forum de discussions, un internaute raconte ce qu’il voyait d’Ariel, la petite sirène de Disney.« Petit, je fantasmais déjà sur Ariel la petite sirène. Pas vous ? Quand elle découvre qu’elle a des jambes et sors de l’eau quasiment nue. »
Ariel la petite sirène découvre ses jambes (DR)
« Cat’s Eyes » : « Trois vives panthères »
On n’est plus dans le fantasme amoureux, mais dans des pensées qui accompagnent « une poussée érotique vers le plaisir ».« Les fantasmes augmentent significativement. Et dans ces fantasmes, on décèle plusieurs catégories. L’une d’elles est l’amplification d’une dimension sexuelle de certains éléments auxquels l’enfant n’a pas été encore confronté. »Ici, donc : les jambes de la petite sirène.
A 11, 12 ans, Jean, aujourd’hui âgé de 34 ans, a aussi fantasmé sur des jambes. Celles des nanas de « Cat’s Eyes ». Par écrit, il raconte :
« Jambes légères, silhouettes gracieuses, tissus moulants... Et le buste dénudé pour deux d’entre elles, avec cette impression que le tissu allait glisser dans un de leurs mouvements – espoir renouvelé et déçu chaque dimanche. »
Un rite de passage chez le pré-ado
Jean dit qu’il n’a jamais utilisé les Cat’s Eyes comme support masturbatoire, mais pour lui, cela ne fait pas de doute : on l’a volontairement émoustillé.« Je doute que les responsables des programmes jeunesse ignoraient l’émoi ressenti par les pré-ados comme moi devant ces filles longilignes. Je viens d’ailleurs de découvrir une version du générique carrément olé olé. »Pour Jean-Yves Hayez, ce n’est pas anodin pour un pré-ado d’avoir des pensées érotiques sur les dessins animés de son enfance. C’est même un rite de passage :
« Le gamin qui fait ça, il dit un peu : “je vais m’attaquer à des symboles de mon enfance”. Ça intéresse aussi certains adultes, qui ont parfois besoin de vandaliser ces symboles pour tordre le cou à l’enfant qui est en eux. »Vandaliser, oui, mais en prenant soin des ruines. Aujourd’hui encore, Jean connaît par cœur le générique du dessin animé :
« Vienne minuit / Quand d’autres s’endorment / Nous devenons pour la nuit / Trois vives panthères / Qui en un éclair / Savent bondir sans un bruit. »
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