Turquie: Kerry sermonne Erdogan pour ses propos antisionistes
ANKARA — Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a sermonné vendredi à Ankara le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan pour ses propos assimilant sionisme et crime contre l'humanité, un couac entre les deux alliés.
La visite d'une journée de M. Kerry, cinquième étape d'une tournée européenne et dans les pays arabes, devait être monopolisée par le conflit en Syrie, au lendemain de l'annonce par le chef de la diplomatie américaine de nouvelles aides à l'opposition et à la rébellion.
Mais c'est la dégradation des relations entre la Turquie et Israël, deux alliés des Américains, qui s'est invitée au menu de l'étape turque, après le tollé suscité par des déclarations de M. Erdogan faites à Vienne mercredi et mettant sur un même plan sionisme et fascisme.
"Non seulement nous ne sommes pas d'accord avec lui (ce discours), mais nous le trouvons contestable", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu. "J'ai parlé de ce discours très directement au ministre des Affaires étrangères et je le ferai avec le Premier ministre", a-t-il poursuivi avant de rencontrer M. Erdogan.
M. Kerry est ensuite arrivé en retard pour voir le Premier ministre, qui le lui a fait remarquer. Le secrétaire d'Etat a présenté ses excuses, disant qu'ils avaient "beaucoup de choses à (se) dire".
De fait, les deux dirigeants "ont eu une discussion respectueuse, mais franche, sur le discours de Vienne. Le secrétaire d'Etat a exprimé très clairement les inquiétudes des Etats-Unis", a indiqué un haut responsable du département d'Etat.
Aux yeux d'un autre diplomate américain, les propos de M. Erdogan "compliquent" la relation turco-américaine et ont sur elle un "effet corrosif".
Devant la presse, M. Kerry n'a pas caché non plus les dégâts que pourrait provoquer ce discours sur les relations déjà compliquées entre Israël et la Turquie. "Je crois qu'il y a toujours un moyen d'avancer mais, à l'évidence, cela devient plus compliqué à la suite du discours que nous avons entendu à Vienne" de la part de M. Erdogan.
Le responsable américain a ainsi jugé "essentiel pour la Turquie comme pour Israël de trouver un moyen de raviver leur coopération historique".
De son côté, M. Davutoglu a affirmé que son pays s'était "toujours opposé à l'antisémitisme". "Nous n'avons jamais eu aucune déclaration hostile contre aucun pays ou nation", a-t-il dit.
"Mais si on veut parler d'attitude hostile, on peut qualifier d'attitude hostile le massacre sanguinaire en haute mer de neuf de nos concitoyens civils qui n'avaient commis aucune infraction", a contre-attaqué le chef de la diplomatie turque, au côté de John Kerry qui l'écoutait tête baissée, impassible.
L'arraisonnement par un commando israélien en 2010 d'un navire de militants pro-palestiniens voulant forcer le blocus maritime de la bande de Gaza, qui s'était soldé par la mort de neuf ressortissants turcs, a achevé de détériorer les tensions entre les deux pays, autrefois alliés stratégiques.
Tollé
Le Premier ministre turc, qui a fait ses classes politique au sein de partis islamistes, est un habitué des déclarations à l'emporte-pièce, et Israël est devenu une des cibles privilégiées de ses colères.
Après l'opération militaire israélienne lancée contre le Hamas à Gaza en 2009, M. Erdogan avait ainsi violemment pris à partie le président israélien et prix Nobel de la paix Shimon Peres, lui lançant: "Quand il s'agit de tuer, vous savez très bien tuer".
Devant un Forum de l'ONU à Vienne, M. Erdogan avait lancé: "Comme c'est le cas pour le sionisme, l'antisémitisme et le fascisme, il devient maintenant inévitable de considérer l'islamophobie comme un crime contre l'humanité".
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a jugés ces propos "maladroits" et "blessants", tandis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fustigé une "déclaration sombre et mensongère d'un genre qu'on pensait révolu dans ce monde".
En revanche sur la Syrie, M. Kerry s'est réjoui de la coopération des Etats-Unis et de la Turquie. "Nous pensons tous deux que la première priorité est une solution politique", a-t-il dit, "un régime qui commet des atrocités contre son propre peuple n'a aucune légitimité".
Un mois après l'attentat suicide, revendiqué par un groupe d'extrême gauche interdit, qui a frappé l'ambassade des Etats-Unis à Ankara et tué un gardien privé turc, M. Kerry lui a rendu hommage et assuré la Turquie du soutien américain dans "la lutte contre toutes les formes de terrorisme", y compris celui des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Italie: casse-tête face à un blocage politique qui préoccupe l'Europe
ROME — Un nouveau gouvernement technique, un gouvernement minoritaire de gauche, des alliances improbables ou de nouvelles élections? L'Italie était toujours dans le flou vendredi après des élections qui n'ont dégagé aucune majorité claire, suscitant les inquiétudes de l'Europe.
Le temps presse, les marchés s'inquiètent, le pays, surendetté et plongé dans la récession, piétine dans l'attente de décisions urgentes et difficiles, mais aucun scénario ne prévaut dans l'immédiat.
Le vrai vainqueur du scrutin de dimanche-lundi, l'ex-humoriste Beppe Grillo, dont le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) a cristallisé le vote de protestation en remportant un quart des voix, a opposé un "non" cinglant au chef de la gauche qui lui proposait un accord sur un programme commun de réformes concrètes (coupes dans les dépenses de la politique, mesures pour chômeurs et travailleurs précaires).
Grillo a même été jusqu'à caricaturer Pier Luigi Bersani comme "un mort vivant" sur son blog, le traitant de "harceler politiquement" ses élus pour tenter de les attirer dans son camp.
Fort d'une solide majorité à la Chambre des députés, M. Bersani est minoritaire au Sénat et devrait recevoir l'appui soit du M5S qui compte 54 parlementaires dans cette chambre, soit sur la coalition de droite de Silvio Berlusconi pour passer le test du vote de confiance initial qui permet à un gouvernement d'entrer en fonction.
Le Cavaliere s'est déclaré disposé à offrir à certaines conditions son soutien à M. Bersani, une hypothèse que les militants de gauche et son entourage rejettent résolument.
Ni le Cavaliere ni M. Grillo n'envisagent en revanche une alliance entre eux.
"Beppe Grillo sera celui qui décidera, cela dépend de s'il veut de nouvelles élections ou non. Il a un rôle central, c'est lui qui a les cartes en mains", a estimé le professeur de sciences politiques Roberto D'Alimonte. Pour pimenter un peu plus le scénario italien, de nombreux militants de M5S ont contesté Beppe Grillo lorsque ce dernier a rejeté à priori un accord avec la gauche.
Pour tenter de calmer les préoccupations au sein de l'Union européenne, le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, a promis jeudi au cours d'une visite en Allemagne, que la péninsule "assumera ses responsabilités et fera sa part de sacrifices" pour la construction européenne. Il a cependant reconnu qu'"il n'y a pas de possibilité d'accélérer" la formation du gouvernement qui doit attendre la seconde moitié du mois de mars.
Avant cela, la Constitution italienne prévoit en effet une phase exploratoire où le président reçoit les différents partis pour voir si une majorité peut se former.
Le résultat des élections italiennes a plongé dans la stupeur et l'embarras l'UE en général et l'Allemagne, chantre de la rigueur, en particulier.
Il a aussi relancé le débat sur les politiques d'austérité prônées par Bruxelles et Berlin qui réclament la poursuite des efforts budgétaires des pays fragiles de la zone euro. "Une seule chose est claire après l'élection, c'est que l'Italie a une majorité contre (la chancelière Angela) Merkel". En citant ce bon mot d'un journaliste italien, le quotidien berlinois Tagesspiegel résumait bien le malaise allemand.
Les marchés financiers ont fait preuve cependant d'une résistance surprenante, convaincus qu'une coalition se formera pour gouverner le pays.
"Le marché a maintenant appris à vivre avec ce sentiment d'incertitude politique en zone euro", a estimé Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse. Pour le professeur à la Warwick Business School, Guglielmo Meardi, "l'Italie, habituée à l'instabilité parlementaire", devrait être en mesure "de se maintenir sur les rails jusqu'à l'automne pour organiser de nouvelles élections à ce moment-là, en même temps qu'en Allemagne".
"Après cette date, étant donné qu'il n'y aura plus d'élections en prévision (dans les grands pays de l'UE, après celles françaises, allemandes et espagnoles, ndlr), il sera possible d'organiser des discussions plus sérieuses entre les principaux pays de la zone euro sur la gouvernance économique en Europe", a conclu M. Meardi.
A défaut du corps, l'arme d'Abou Zeid aurait été identifiée
Le Monde.fr avec AFPDes officiers algériens auraient identifié l'arme mais pas le corps présenté comme celui d'Abdelhamid Abou Zeid, le plus radical des chefs d'Al-Qaida au Maghreb islamique, donné pour mort dans des combats au Mali. "Des officiers des services de sécurité algériens ont examiné le corps présenté comme étant celui d'Abou Zeid, sur un site militaire dans le nord du Mali, et ont identifié son arme personnelle", rapporte samedi le journal algérien El-Khabar.
Ces officiers qui "traquaient depuis des années Abou Zeid, ont authentifié son arme qui était en possession des Français, mais ils n'ont pas été en mesure d'identifier formellement le cadavre supposé être celui de ce responsable d'AQMI", ajoute El-Khabar.Citant un haut responsable de la sécurité algérienne, le journal précise que "ni les forces françaises, ni maliennes, n'ont pu identifier le corps retrouvé après de violents combats avec des membres d'Aqmi dans les montagnes des Ifoghas". Il souligne que "la confirmation de la mort d'Abou Zeid reste suspendue aux résultats des tests ADN", pratiqués jeudi en Algérie sur deux membres de sa famille.
Le président tchadien Idriss Déby Itno avait annoncé vendredi que les troupes tchadiennes avaient "abattu" Abou Zeid, un Algérien, lors d'affrontements dans le massif des Ifoghas au Mali. Washington avait jugé "très crédibles" des informations faisant état de sa mort annoncée par des médias algériens, alors que Paris s'est refusé à toute confirmation.
La famille d'Abou Zeid, Mohamed Ghedir de son vrai nom, établie dans la région de Debdeb, à la frontière algéro-libyenne, a indiqué qu'elle "n'avait aucune information officielle sur le sort" du chef d'AQMI, a précisé samedi de son côté le quotidien arabophone Echourouk.
ECONOMIE
La "ferme des 1.000 vaches" au coeur des débats sur l'agriculture française
ABBEVILLE — Quel est le meilleur modèle pour l'agriculture française? Le combat acharné des habitants d'un village picard proche d'Abbeville (Somme) contre le projet de ferme laitière géante dite "des 1.000 vaches", cristallise les enjeux de ce débat.
Une trentaine d'organisations --de la Confédération paysanne à la fondation Brigitte Bardot en passant par les Amis de la Terre-- ont appelé à manifester dimanche 3 mars, dernier jour du salon de l'Agriculture, de la gare Montparnasse à la porte de Versailles. Dans leur collimateur: le "gigantisme de l'élevage industriel intensif" et la "mainmise de la finance sur l'agriculture".
Les militants contre la malbouffe et la maltraitance animale font ainsi corps avec les partisans d'une agriculture plus bio et familiale, comme le député européen EELV José Bové ou le promoteur du développement durable Yann Arthus-Bertrand.
Malgré le feu vert donné le 1er février au projet par les autorités, la majorité des 870 résidents de Drucat-Le Plessiel, --qui ont créé l'association "Novissen" (Nos villages se soucient de leur environnement) pour s'y opposer--, ne désarment pas.
L'arrêté préfectoral, qui limite à 500 le nombre de laitières tant que la surface d'épandage des boues résiduelles ne sera pas suffisante, a tenu compte, avec les nombreux contrôles qu'il a prescrits, des remarques de Novissen, reconnaissent ses membres.
Néanmoins, outre une dépréciation de leur patrimoine immobilier dans une commune très résidentielle, ses habitants continuent d'appréhender d'innombrables nuisances (bruit, odeur, mouches, dangers d'explosion du méthaniseur jugé --à 600 mètres- trop proche, épuisement et pollution des nappes phréatiques, congestion du trafic routier etc.).
"Nous demandons un moratoire sur tous les projets du même type en France, en attendant qu'une loi soit débattue encadrant cette course au gigantisme", a indiqué à l'AFP Francis Chastagner, de Novissen.
Le ministère de l'Agriculture est peu disert sur ce sujet. Mais le gouvernement se préoccupe du recul de la France, passée en quelques années de la première à la quatrième place dans le classement mondial des exportateurs agroalimentaires, derrière notamment l'Allemagne.
Quant au ministère de l'Ecologie, il ne pouvait bloquer le projet, faute de bases légales, mais seulement l'encadrer.
Ce qui a débouché sur un arrêté qui, à force d'accumuler les contraintes de suivi réglementaires, a fini par inquiéter la Chambre d'agriculture de la Somme, soucieuse de ne pas corseter les regroupements d'exploitants laitiers.
Chez certains syndicats agricoles, c'est en effet plus son financement par un industriel qui gêne, que le fond du projet, a confié à l'AFP le patron de l'Organisation des producteurs de lait (OPL) de la Coordination rurale, Daniel Condat.
A la FNSEA, le syndicat majoritaire, le président de l'Union des producteurs de lait de Picardie (UPLP), Dominique Dengreville, a noté que l'on pouvait s'inquiéter de la capacité des jeunes à s'installer dans l'agriculture si des financiers s'en mêlent.
L'équation est simple pour Michel Welter, le futur chef d'exploitation du projet de Buigny/Drucat: "Depuis les années 1980, les coûts unitaires (fioul, main d'oeuvre) ont quadruplé, voire sextuplé, en monnaie constante. La taille des exploitations doit suivre".
"Nous ne prétendons pas créer un modèle, mais un exemple", a cependant insisté M. Welter.
En attendant, la parole est à la justice et les passions vont rester vives. Novissen va intenter un recours devant le tribunal administratif et son président, Michel Kfoury, est convoqué le 4 mars au commissariat d'Abbeville, suite à une plainte au pénal pour "outrage" du sous-préfet Philippe Dieudonné, qui s'estime diffamé par un courrier de l'association.
L'Amérique d'Obama face à l'austérité
Le Monde.fr avec AFP et ReutersBarack Obama a ordonné vendredi soir le gel de 85 milliards de dollars de fonds publics après l'échec d'une ultime réunion avec les chefs de file des groupes parlementaires pour tenter de dénouer la crise budgétaire. Cette mesure automatique a été adoptée en 2011 pour pousser le Congrès à trouver un compromis sur la réduction du déficit budgétaire, mais démocrates et républicains ne sont pas parvenus à s'entendre.
M. Obama a estimé que ces coupes "superflues" allaient "affaiblir notre économie, coûter des emplois, et montrent clairement que les deux parties doivent être en mesure de trouver un compromis". "Tout le monde ne souffrira pas immédiatement des ces coupes. La douleur sera toutefois réelle. A compter de cette semaine, de nombreux familles de la classe moyenne verront leurs vies perturbées de façon importante", a averti le président, s'adressant à la presse après l'échec de ses discussions avec les parlementaires.La moitié de ces coupes s'appliqueront entre samedi 2 mars et le 1er octobre. Le nouveau chef du Pentagone Chuck Hagel a souligné vendredi que cette situation "mena(çait) notre capacité à remplir efficacement l'ensemble de nos missions". Le Fonds monétaire international a estimé à 0,5 point de pourcentage l'effet négatif à terme de cette rigueur sur une croissance déjà convalescente. De son côté, l'agence de notation Standard and Poor's a assuré vendredi que ces coupes n'auraient qu'un effet "limité" sur l'économie, "à condition, bien sûr, qu'elles ne s'étendent pas dans le temps".
Un accord entre la Maison Blanche et le Congrès peut encore permettre le déblocage des crédits gelés, mais les deux camps ne semblent pas en prendre le chemin. De nombreuses confrontations sur les questions budgétaires ont été résolues à la dernière minute, ces dernières années, souvent sous la pression des marchés financiers. Cette fois, Wall Street n'a pas même réagi à ce nouvel épisode du psychodrame qui agite Washington depuis des mois.
Pour sortir de l'impasse, Barack Obama exige le démantèlement de niches fiscales qui profitent essentiellement aux plus hauts revenus ainsi que l'abrogation d'exonérations accordées aux compagnies pétrolières et des avantages fiscaux des fonds de pension. Après avoir accepté à contre cœur un alourdissement de la fiscalité dans le cadre de l'accord de décembre sur le "mur budgétaire", les républicains excluent quant à eux toute concession.
Comparées au budget total des Etats-Unis, qui atteint 3 700 milliards de dollars, les coupes prévues dans le cadre de cette mesure appelé "séquestre" représentent peu de choses. Puisque les dispositifs essentiels tels que l'assurance maladie sont à l'abri, ce sont les fonctionnaires et qui paieront le plus lourd tribut. Avec 2,7 millions de salariés, la fonction publique est le premier employeur des Etats-Unis.
Si les coupes s'appliquent pleinement, 800 000 d'entre eux verront leur heures de travail et leurs salaires diminuer entre mars et septembre. Des notes d'information sur d'éventuelle mises en disponibilité ont d'ores et déjà été adressées au personnel de certaines agences gouvernementales et à leurs syndicats. Près de 115 000 fonctionnaires du ministère de la justice ont ainsi été les premiers à les recevoir. Les envois se sont multipliés vendredi lorsque la perspective d'un accord de dernière minute s'est dissipée.
Selon un sondage Reuters-Ipsos publié vendredi, 28% des Américains imputent l'épisode du "séquestre" au camp républicain, 18% jugent le président responsable et 4% mettent en cause le Parti démocrate.
Pour le Congressionnal Budget Office, un organe indépendant, 750 000 emplois pourraient être supprimés en 2013 dans une fonction publique qui s'apprête à se serrer la ceinture. "Les gosses n'iront pas chez le dentiste, il se peut qu'ils n'aillent pas chez le médecin. On ne dépensera pas d'argent dans les restaurants ou les cinémas du coin", a averti Paul O'Connor, président du Metal Trade Council, qui représente 2 500 salariés des chantiers navals de Kittery, dans le Maine.
Du "Chevalgate" au lancement de la Renault Zoé : les dix actus industrielles de la semaine
La semaine a encore été marquée par l'affaire de la viande de cheval retrouvée dans des pièces à base de boeuf. Toute l'Europe est concernée. Le gouvernement français et Bruxelles sont sur le front pour faire la lumière sur ce scandale alimentaire. Le Mobile World Congress n'a pas engrangé de grandes annonces, tandis que le secteur automobile fêtait le lancement en fanfare des voitures électriques de Renault et Bolloré. Côté social, les salariés de Goodyear Amiens nord veulent créer une Scop, tandis que ceux du groupe porcin Gad SAS font face à un redressement judiciaire.
Le scandale de la viande de cheval a continué de marquer la semaine et de s'étendre. Le 25 février, les services vétérinaires tchèques indiquent que de la viande de cheval a été découverte dans des boulettes étiquetées bœuf, fournies au géant suédois Ikea. Le fabricant de meubles retire ses boulettes du marché dans 24 pays. Le 26, c'est la marque Panzani qui est touchée, après la découverte de cheval dans ses raviolis en conserve. Le 27, de nouveaux produits sont touchés par une présence de viande de cheval, notamment en Russie. Le même jour, le ministre délégué à l'Agroalimentaire prend la direction de Dubaï pour défendre la viande bovine française au plus grand salon alimentaire du Moyen-Orient. Un marché à conquérir pour les exportations françaises.
Pas de grandes annonces au salon du mobile MWC 2013
Les présentations faites en amont ont gâché l’effet de surprise de l’édition 2013 du Mobile World Congress. Toutefois, le finlandais Nokia a présenté un ensemble de nouveaux mobiles, déclinant sa gamme de prix et de couleurs. Les membres de la fondation Mozilla ont annoncé un OS mobile open source. Destiné aux terminaux simples et aux pays émergents, cet OS propose une alternative aux iOS et Android des géants Apple et Google. Le russe Yota a créé le buzz avec son smartphone qui se transforme en liseuse quand on le retourne. A la veille du salon, Samsung a eu du mal à convaincre de l’originalité de son Galaxy Note 8, un phablet (contraction de phone et tablet) de plus, qui ne se différencie que par son stylet.
Automobile : l’électrique, enfin !
Deux compactes électriques sont attendues sur le marché début mars, la Zoé de Renault et la Bluecar de Bolloré. Grâce à ces nouveaux modèles, les constructeurs français mettent fin à une attente de près de 40 ans. Déjà en 1968, un reportage de l’ORTF posait la question : "à quand la voiture électrique ?". Aujourd’hui, Renault et Bolloré espèrent séduire le conducteur lambda. La firme au losange serait même en train d’étudier la possibilité de fabriquer une version électrique de la Twingo.
Présidence du Medef : la saga continue
Le président d’OMEA Telecom, Geoffroy Roux de Bézieux, a déclaré sa candidature au Medef dans un article du Figaro le 26 février. Sa campagne, résumée dans un document de dix pages, devrait séduire les industriels. Le 28 février, le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), Pierre Gattaz, a appelé le Medef à prendre une décision à propos de la candidature de Laurence Parisot. En effet, un comité statutaire du Medef doit décider, lors d’une réunion prévue le 18 mars, si la patronne des patrons peut se présenter encore une fois à sa propre succession. Dans le Monde daté du 2 mars, Laurence Parisot annonce officiellement son intention de briguer un troisième mandat. Thibault Lanxade, un candidat officiel à la présidence du Medef, a livré à l’Usine Nouvelle ses réactions face à cette annonce.
Une Scop pour sauver le site Goodyear d'Amiens-nord
Après l’annonce de fermeture de l’usine de pneumatiques d’Amiens nord par la direction de Goodyear Dunlop France, la CGT du site a défendu l’idée d’une Scop, le 26 février. Ce modèle de société coopérative et participative est une entreprise dont les salariés détiennent la majorité des parts et sont associés à la gestion. Fiodor Rilov, l’avocat du syndicat CGT de Goodyear, a annoncé aux 200 des 1 173 salariés réunis sur le parking de l’usine qu’ils pourraient réaliser "le même projet que celui qui devait être mis en oeuvre par Titan". Jeudi 28 février, la CGC a qualifié cette idée de "farce".
Les déboires de l'avion de chasse américain F-35
Les retards et les coûts supplémentaires s'accumulent pour le programme militaire américain F-35, le chasseur omnirôle de dernière génération conçu par Lockheed Martin. Le 19 février, le Pentagone ordonne l'immobilisation des 54 appareils actuellement testés par l'US Air Force. En déplacement en Australie, le chef du programme pour le Pentagone Christopher Bogdan tape du poing sur la table. Il reproche à Lockheed Martin (le fabricant de l'avion) et Pratt & Whitney (le motoriste) de ne pas s'engager assez pour le bon développement du programme et la réduction des coûts. Le 27 février, le Pentagone annonce que les inspections menées sur les moteurs des F-35 immobilisés n'ont montré aucune nouvelle défaillance hormis celle constaté sur un appareil. Les chasseurs devraient reprendre les essais dès la semaine prochaine.
EADS en grande forme financière, mais l'A350 reste un risque
Le 27 février, le groupe européen d’aéronautique et de défense publie d’excellents résultats annuels, essentiellement portés par la bonne santé Airbus. Le chiffre d'affaires d'EADS atteint 56,48 milliards d'euros, en hausse de 15% et son bénéfice d'exploitation avant exceptionnels a augmenté de 68% à 3,0 milliards d'euros en 2012. Pour autant, l'A350, le nouveau moyen porteur d'Airbus, reste un programme à risque pour EADS. Le groupe a déjà passé une charge de 124 millions d'euros en 2012 et pourrait en passer de nouvelles en 2013 avec le remplacement des batteries lithium-ion de l'appareil par des traditionnelles en nickel-cadmium.
Coup de théâtre avec l'annulation du PSE chez Unilever-Fralib
Le 28 février, la cour d'appel d'Aix-en-Provence, saisie par le comité d'entreprise, annule le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) présenté par Unilever pour Fralib, son unité de thé et infusions de Gémenos (Bouches-du-Rhône). Unilever se voit donc dans l'obligation de recommencer son PSE. Pour la direction française du géant anglo-néerlandais de l'agroalimentaire, "toute reprise d’activité sur l’usine Fralib par Unilever est exclue". Les syndicats, eux, crient victoire.
Les déboires de l'EPR d'Areva en Finlande et en Tchéquie
Fin 2011, Luc Oursel, le patron d’Areva, annonçait vouloir vendre dix réacteurs EPR d’ici à 2016. Lundi 25 février, le consortium finlandais Fennovoima a décidé d'arrêter un appel d'offres auquel participaient Areva et le japonais Toshiba pour un réacteur nucléaire de forte puissance dans le nord du pays, à Pyhäjoki. Le Finlandais est entré en négociation exclusive avec Toshiba. Ce rejet vient s’ajouter à deux précédents échecs. Pourtant, Areva a réaffirmé son objectif de vendre les dix réacteurs lors de la présentation des résultats 2012, le 1er mars.
Six mois de redressement judiciaire pour le groupe porcin Gad SAS
Le 28 février, le tribunal de commerce de Rennes place le groupe d'abattage de porcs Gad en redressement judiciaire. L'entreprise bretonne avait déposé son bilan en fin de semaine dernière. 1 700 salariés sont concernés par la procédure. La filière porcine dans son ensemble se trouve au bord du gouffre.
Elena Bizzotto et Elodie Vallerey
Guerre des brevets: l'amende géante de Samsung contre Apple en partie invalidée
par AFP
Coup dur pour Apple: une juge américaine a invalidé vendredi près de la moitié de l'amende de 1,05 milliard de dollars qu'aurait dû lui payer son concurrent sud-coréen Samsung pour avoir violé des brevets de l'iPhone, estimant qu'elle reposait sur de mauvais calculs.
Le montant de cette amende avait été fixé en août par les jurés d'un procès géant très suivi opposant les deux groupes devant un tribunal de Californie, dans une décision considérée à l'époque comme une grande victoire pour Apple.
Ce procès était le plus important de ce type depuis des années aux Etats-Unis. Les jurés avaient dû examiner 700 plaintes au total et avaient rejeté toutes celles de Samsung contre Apple.
La juge Lucy Koh, qui présidait le procès, a toutefois estimé que les jurés s'étaient appuyés sur "une théorie non valide du point de vue légal" pour calculer une partie de l'amende, censée refléter les dommages causés à Apple par les violations repérées sur huit téléphones de Samsung, selon un document de justice rendu public vendredi.
Elle a donc ordonné un nouveau procès pour réévaluer cette partie des dommages, qui représente 450,5 millions de dollars, précise ce document.
La juge a en revanche confirmé que Samsung devrait bien payer les près de 600 millions de dollars restants, correspondant aux dommages causés par 14 autres de ses produits.
Apple avait carrément demandé que l'amende soit revue à la hausse, mais cette demande a été rejetée par la juge.
Elle avait déjà refusé d'accéder en décembre à une autre demande du groupe à la pomme visant à faire interdire des smartphones de Samsung pour lesquels les jurés avaient conclu à des violations de ses brevets, estimant qu'Apple n'avait pas prouvé que les technologies concernées étaient un élément déterminant quand les consommateurs choisissaient leur téléphone.
Guerre des brevets
La juge a encouragé les deux parties à faire d'éventuels appels de sa décision avant le nouveau procès.
Ni Apple, ni Samsung n'ont répondu dans l'immédiat aux demandes de réaction de l'AFP. L'action Apple a clôturé vendredi sur une baisse de 2,48% à 430,47 dollars.
La plupart des groupes technologiques sont engagés actuellement dans une véritable guerre des brevets, s'accusant les uns les autres de vols de technologies brevetées devant les tribunaux du monde entier.
Apple et Samsung s'accusent eux-même mutuellement de violation de brevets devant la justice dans toute une série de pays, avec des résultats variables. Un tribunal japonais avait encore débouté Samsung jeudi d'une plainte contre Apple à qui il reprochait un vol de technologie pour la transmission des données.
L'affrontement entre les deux groupes est particulièrement suivi, notamment en raison de la concurrence féroce qu'ils se livrent sur les marchés des smartphones et des tablettes informatiques, dont ils sont les deux acteurs dominants: le sud-coréen occupe la première place mondiale pour les premiers et l'iPad de l'américain est en tête pour les secondes.
A travers Samsung, Apple s'attaque aussi indirectement au géant de l'internet Google, propriétaire du système d'exploitation mobile Android utilisé par Samsung et une série d'autres fabricants dans le monde, et qui affiche une croissance explosive, en particulier sur le marché des smartphones.
Trip Chowdhry, analyste chez Global Equity Research, estime toutefois que vu "le portefeuille de brevets très fort" dont disposent chacun Apple et Samsung, "en fin de compte il y aura une négociation". La juge Koh avait déjà tenté, sans succès, de les pousser dans cette voie l'été dernier.
Source : AFP - Sophie ESTIENNE
Une prime à la casse spécial diesel ?
Pour éliminer les voitures diesel les plus anciennes et les plus polluantes, le gouvernement réfléchit à une prime à la casse écologique, qui pourrait être financée par la hausse des taxes sur le gazole.
Boris Cassel
Paris (IXe), décembre 2010. La nouvelle aide financière pourrait s’appeler « prime à la reconversion ». | (LP/Olivier Corsan.)
Disparue en 2010, la prime à la casse va-t-elle bientôt faire son grand retour ? Le gouvernement y réfléchit. Versée aux automobilistes se séparant de leur vieille voiture pour en acheter une neuve, cette aide financière de l’Etat séduit notamment le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et son homologue de l’Ecologie, Delphine Batho.
Répondant à la Cour des comptes, qui étrille dans un référé la politique pro-diesel de la France, la ministre de l’Ecologie évoque dans une lettre la possibilité de créer « une aide au remplacement des véhicules les plus émetteurs de particules par des véhicules peu polluants bénéficiant du bonus écologique ».
Les véhicules diesel les plus vieux seraient visés par cette mesure. Pourquoi? « Il y a un vrai problème de santé publique sur le diesel, estime Delphine Batho. Les véhicules anciens, qui représentent 27% du parc automobile, sont ceux qui émettent le plus de particules. » L’intérêt de cette éventuelle prime serait donc surtout écologique. Si le mécanisme étudié est proche de celui mis en place entre 2009 et 2010, l’expression « prime à la casse », trop marquée à droite, est taboue.
« La prime à la casse n’avait pas l’ambition de convertir le parc automobile en faveur de véhicules propres ou peu polluants », affirme Delphine Batho, jointe hier au téléphone. Cette nouvelle aide financière pourrait donc, selon nos informations, porter le nom de « prime à la reconversion ». Car l’idée est de « reconvertir » un parc automobile actuellement orienté à plus de 60% vers le gazole.
Soutenir aussi les constructeurs en difficulté
Au-delà de l’intérêt écologique, l’objectif est aussi industriel. Premier débouché de PSA et Renault, deux constructeurs en difficulté, le marché automobile français a connu son mois de janvier le plus bas depuis 1997. La prime à la casse soutiendrait la demande de véhicules. « Ça entre aussi en ligne de compte », souligne Delphine Batho.
Reste à financer la mesure. Et les regards se tournent vers un éventuel alignement des taxes pesant sur le diesel et l’essence, par exemple. Car les chiffres parlent d’eux-mêmes : la taxe sur les carburants est de 43 centimes par litre pour le gazole, contre 61 centimes pour l’essence, soit un écart de 18 centimes. Selon la Cour des comptes, la taxation plus faible du diesel représente un manque à gagner de près de 7 Mds€ par an pour le budget de l’Etat.
« Les Français n’accepteront cet alignement que s’ils s’y retrouvent, donc il faut que cela s’accompagne soit par une baisse de la fiscalité sur l’essence, soit par des dispositions d’accompagnement, des mesures de justice sociales », estime Delphine Batho. Et la « prime de reconversion » pourrait être l’une de ces mesures « d’accompagnement ».
Mais, selon la ministre, « rien n’est tranché, rien n’est arbitré ». Le gouvernement attend en effet les propositions du comité pour la fiscalité écologique, composé de membres de la société civile et d’experts, avant de s’avancer. « Elles devraient être faites à la fin du printemps, de sorte que d’éventuelles mesures de fiscalité écologique puissent être prises dans la loi de finances 2014 », affirme Delphine Batho.
Le Parisien
Les véhicules diesel les plus vieux seraient visés par cette mesure. Pourquoi? « Il y a un vrai problème de santé publique sur le diesel, estime Delphine Batho. Les véhicules anciens, qui représentent 27% du parc automobile, sont ceux qui émettent le plus de particules. » L’intérêt de cette éventuelle prime serait donc surtout écologique. Si le mécanisme étudié est proche de celui mis en place entre 2009 et 2010, l’expression « prime à la casse », trop marquée à droite, est taboue.
« La prime à la casse n’avait pas l’ambition de convertir le parc automobile en faveur de véhicules propres ou peu polluants », affirme Delphine Batho, jointe hier au téléphone. Cette nouvelle aide financière pourrait donc, selon nos informations, porter le nom de « prime à la reconversion ». Car l’idée est de « reconvertir » un parc automobile actuellement orienté à plus de 60% vers le gazole.
Soutenir aussi les constructeurs en difficulté
Au-delà de l’intérêt écologique, l’objectif est aussi industriel. Premier débouché de PSA et Renault, deux constructeurs en difficulté, le marché automobile français a connu son mois de janvier le plus bas depuis 1997. La prime à la casse soutiendrait la demande de véhicules. « Ça entre aussi en ligne de compte », souligne Delphine Batho.
Reste à financer la mesure. Et les regards se tournent vers un éventuel alignement des taxes pesant sur le diesel et l’essence, par exemple. Car les chiffres parlent d’eux-mêmes : la taxe sur les carburants est de 43 centimes par litre pour le gazole, contre 61 centimes pour l’essence, soit un écart de 18 centimes. Selon la Cour des comptes, la taxation plus faible du diesel représente un manque à gagner de près de 7 Mds€ par an pour le budget de l’Etat.
« Les Français n’accepteront cet alignement que s’ils s’y retrouvent, donc il faut que cela s’accompagne soit par une baisse de la fiscalité sur l’essence, soit par des dispositions d’accompagnement, des mesures de justice sociales », estime Delphine Batho. Et la « prime de reconversion » pourrait être l’une de ces mesures « d’accompagnement ».
Mais, selon la ministre, « rien n’est tranché, rien n’est arbitré ». Le gouvernement attend en effet les propositions du comité pour la fiscalité écologique, composé de membres de la société civile et d’experts, avant de s’avancer. « Elles devraient être faites à la fin du printemps, de sorte que d’éventuelles mesures de fiscalité écologique puissent être prises dans la loi de finances 2014 », affirme Delphine Batho.
Le Parisien
SOCIAL
L’amnistie sociale met le feu aux poudres
En votant une amnistie pour certains délits commis par des syndicalistes lors d’un conflit, les sénateurs ont déclenché la colère du patronat et embarrassé l’Elysée.
Compiègne (Oise), le 21 avril 2009. Le saccage de la sous-préfecture de Compiègne par des ouvriers de l’usine Continental de Clairoix est concerné par l’amnistie sociale adoptée par le Sénat mercredi soir. | (LP/Arnaud Dumontier.)
Après avoir retoqué plusieurs textes et non des moindres depuis six mois, les sénateurs embarrassent de nouveau l’Elysée. En adoptant mercredi soir une amnistie sociale qui permet de passer l’éponge sur certains délits commis par des syndicalistes lors d’un conflit, mais aussi par des squatteurs lors de l’occupation de logements, les élus du Palais du Luxembourg ont lancé un joli cactus dans le jardin de François Hollande.
Dans son programme, le candidat ne disait mot sur la question. C’était compter sans Jean-Luc Mélenchon. Au lendemain de sa défaite à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le candidat du Front de gauche avait demandé une amnistie pour les syndicalistes. A l’époque, le président avait laissé dire. Neuf mois plus tard, Mélenchon n’a pas raté l’occasion de se rappeler à son bon souvenir. Début février, les sénateurs du PCF déposent un texte qui ratisse large : il s’agit d’absoudre les militants encourant des peines allant jusqu’à dix ans de prison, et ce, dans tous les domaines : école, hôpital, entreprises, agriculture et nucléaire. En clair, sont concernés ceux qui font des coups d’éclat qu’il s’agisse de défendre les salariés, les sans-papiers, de lutter contre les OGM ou encore de s’opposer à des aéroports, comme celui de Notre-Dame-des-Landes…
En le lisant, les conseillers élyséens tombent de leur tabouret : « C’était abominable, lâche l’un d’eux. Du coup, on a dû gérer. » Ni une ni deux, certains élus socialistes du Sénat sont envoyés en service commandé. Finalement, c’est un texte hautement recadré qui arrive en séance il y a trois jours. Oublié les dix ans de condamnation : on ne vise plus que les infractions et délits passibles de cinq ans. « Dix ans, ce n’est quand même pas pour avoir brûlé trois pneus! » justifie un proche du président. Sont exclus aussi les faucheurs d’OGM et les militants du réseau Education sans frontières. On laisse en revanche l’atteinte aux biens commis au cours d’un conflit lié au travail ou au logement. Qui est concerné? Les personnes condamnées entre le 1er janvier 2007, année de l’élection de Nicolas Sarkozy, et le 1er février 2013. « On a donné un biscuit à la CGT, mais pas une grenade dégoupillée », glisse-t-on à l’Elysée.
A l’Assemblée le 16 mai
Mais c’est encore beaucoup trop pour la présidente du Medef Laurence Parisot, qui vient de se déclarer candidate pour un troisième mandat. Hier matin, elle a sonné la charge, se disant révoltée par cet « appel à encourager la destruction et le cassage ». Un argument repris en chœur à l’UMP. Pécresse, Woerth, Dati, Accoyer, Bertrand ont tous dénoncé l’instauration d’un « droit de casser dans les entreprises ». Cette proposition fera-t-elle pschitt en cours de route? Réponse au prochain épisode, lors du passage à l’Assemblée le 16 mai.
Le Parisien
JUSTICE ?
Les policiers rackettaient les vendeurs de roses
GEOFFROY TOMASOVITCH
Deux policiers ont été mis examen pour « extorsion » « vol » et « violences aggravées ». Ils sont soupçonnés d’avoir, entre le printemps 2012 et février dernier, racketté des vendeurs à la sauvette proposant des roses le soir aux clients de restaurants lillois. | (LP/J.F.)
Roses et parfum de scandale dans la police à Lille. Un gardien de la paix de 36 ans et son équipier, un adjoint de sécurité de 24 ans, ont été mis examen hier pour « extorsion » « vol » et « violences aggravées ». Ces deux fonctionnaires de la police aux frontières (PAF) sont soupçonnés d’avoir, entre le printemps 2012 et février dernier, racketté des vendeurs à la sauvette proposant des roses le soir aux clients de restaurants lillois.
« Ces policiers, sous prétexte de contrôler ces personnes, demandaient de l’argent et parfois prenaient des fleurs. Une des victimes a déclaré avoir été giflée et emmenée à des kilomètres de Lille en voiture », a indiqué hier le procureur de Lille, Frédéric Fèvre, qui a requis le placement en détention provisoire des deux policiers. « Il s’agit de faits extrêmement graves, commis par des personnes qui sont censées protéger les plus faibles et non les racketter », a souligné le magistrat, en précisant qu’il s’agissait « d’actes isolés » de policiers exerçant dans un service par ailleurs « exemplaire ».
L’un des deux agents a en partie reconnu les faits
Les six victimes, originaires du Bangladesh, sont en cours de régularisation et la plupart ont fait une demande d’asile. L’un d’eux avait porté plainte fin novembre, trois autres le 13 février. Placé en garde à vue mercredi dans le cadre de l’enquête de l’IGPN, la police des polices, le gardien de la paix a reconnu partiellement les faits, son jeune collègue, lui, nie tout racket. Le juge des libertés et de la détention devait décider de leur sort hier soir.
Le Parisien
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