POLITIQUE
Syrie : Assad prêt à des négociations et s'en prend à Londres
Le Monde.fr avec AFP et ReutersDans un entretien au Sunday Times [abonnement nécessaire] le président syrien BacharAl-Assad se dit prêt à discuter avec l'opposition non-armée mais exclut de démissionner.
"Nous sommes prêts à négocier avec tout le monde, y compris des militants qui déposent les armes", assure Bachar Al-Assad lors de cette interview, enregistrée la semaine dernière à sa résidence à Damas. "Nous pouvons engager un dialogue avec l'opposition, mais nous ne pouvons pas engager de dialogue avec les terroristes".
REJET PAR LA REBELLION
Fin février, lors d'une visite à Moscou, son ministre des affaires étrangères Walid al-Mouallem s'était pour la première fois dit prêt au dialogue avec les rebelles armés pour mettre fin au conflit qui, selon l'ONU, a tué plus de 70 000 personnes en deux ans.
Mais les rebelles ont rejeté toute négociation avant le départ du chef de l'Etat. Une éventualité que le président syrien a une nouvelle fois fermement exclue. "Aucun patriote ne peut penser à vivre en dehors de son pays. Je suis comme tous les patriotes syriens", explique-t-il à l'hebdomadaire dominical, dans un entretien enregistré en vidéo.
Quitter le pouvoir ne résoudrait pas la crise actuelle en Syrie, estime le président, qui a toujours rejeté les appels en ce sens lancés par les Occidentaux et de nombreux pays arabes. "Si cet argument est correct, alors mon départ mettra fin aux affrontements. C'est clairement absurde, comme en témoignent les récents précédents en Libye, au Yémen et en Egypte", fait-il valoir.
Le président Assad fustige l'attitude du Royaume-Unu, favorable à la levée de l'embargo européen sur les armes. Londres soutient l'idée d'accroître l'aide fournie aux rebelles syriens et n'exclut pas de leur fournir des armes à un certain stade si la situation continue de se déteriorer. "Je pense que la [Grande-Bretagne] travaille contre nous, et travaille contre les intérêts du Royaume-Uni lui-même", déclare le président syrien en anglais, dans des propos diffusés par la chaîne Sky TV.
"Ce gouvernement agit de manière naïve, confuse et irréaliste. S'il veut jouer un rôle, il doit changer cela, agir de manière plus raisonnable et responsable", ajoute-t-il. "Comment peut-on lui demander de jouer un rôle pour améliorer, stabiliser la situation, comment attendre de lui une diminution de la violence quand il veut envoyer une aide militaire aux terroristes ?" poursuit Bachar Al-Assad.
De son côté, l'ONU est prête à "faciliter un dialogue" en Syrie, selon un compte-rendu de la rencontre samedi en Suisse entre le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et le médiateur international pour la Syrie Lakhdar Brahimi. MM. Ban et Brahimi ont "discuté des récentes déclarations du gouvernement syrien et de l'opposition faisant part de leur volonté d'engager un dialogue". A ce sujet, les Nations unies soulignent qu'elles "seraient prêtes à faciliter un dialogue entre une délégation solide et représentative de l'opposition et une délégation du gouvernement syrien crédible et habilitée" à discuter.
Signe que M. Assad n'envisage pas de partir, l'Iran, allié régional de la Syrie, l'a présenté samedi comme le président légitime, annonçant sa participation à l'élection présidentielle de 2014. "Le président Assad, comme d'autres, participera à la prochaine élection", a affirmé le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi lors d'une conférence de presse à Téhéran en présence de son homologue syrien Walid Mouallem.
Syrie. 34 membres du régime syrien tués par des rebelles
Au moins 34 membres des forces du régime syrien ont été tués dimanche à l'intérieur d'une académie de police prise à l'aube par des rebelles, dans la province d'Alep dans le nord de la Syrie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
«Les rebelles ont pris de larges parties de l'école de police située dans la localité de Khan al-Assal lors d'affrontements violents qui avaient éclaté il y a huit jours», a précisé l'OSDH.
Une prison de la province de Raqa contrôlée par les rebelles
L'ONG n'a pas fait état encore des pertes humaines dans les rangs des combattants rebelles qui avaient pris d'assaut samedi l'académie où les combats ont duré toute la nuit.
Khan al-Assal est le dernier bastion du régime dans la région ouest de la province d'Alep.
Plus au nord, des rebelles ont pris le contrôle d'une prison dans la province de Raqa, libérant «des centaines» de détenus, a affirmé l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins sur place.
«L'armée s'est retirée de la prison centrale de Raqa après des affrontements qui ont duré plusieurs jours», a-t-elle précisé.
156 morts samedi
Des combattants du Front jihadiste al-Nosra et d'autres groupes rebelles ont pris la prison tard dans la nuit de samedi, «et ont libéré des centaines de prisonniers», a précisé l'ONG basée en Grande-Bretagne.
Certains autres détenus ont été transférés dans la ville voisine de Tal Abiad, où ils seront traduits devant un «tribunal islamique», a-t-elle ajouté.
Samedi, au moins 156 personnes sont mortes dans les violences, selon un bilan de l'OSDH alors que le conflit fait des dizaines de morts tous les jours dans le pays dévasté par près de deux ans de guerre.
Située sur l'Euphrate, Raqa est une ville stratégique près de la frontière avec la Turquie, où des dizaines de soldats et rebelles ont été tués samedi dans de violents combats.
Chine : la mise en garde de Xi Jinping au PCC
Le Monde.fr avec AFP et ReutersLes trois mille délégués du Parlement chinois se réunissent cette semaine à Pékin pour avaliser la nouvelle direction communiste, au milieu des multiples attentes d'une population impatiente de voir les promesses de réformes se concrétiser.
Xi Jinping, 59 ans, secrétaire-général du PC chinois (PCC) depuis novembre, doit être officiellement désigné président de la république lors de cette session annuelle de l'Assemblée nationale populaire, avec Li Keqiang, 57 ans, pour premier ministre.Xi Jinping a appellé les dirigeants du Parti communiste à s'inspirer des anciens sages et à combattre la corruption, menace qui selon lui pèse sur l'institution. Le secrétaire général du PCC, qui doit succèder au président sortant Hu Jintao, a fait de la lutte contre la corruption l'un des axes de sa politique depuis le XVIIIe Congrès du parti en novembre dernier.
Dans un discours à l'occasion du 80e anniversaire de l'école centrale du parti, Xi Jinping estime que les dirigeants chinois "doivent étudier l'excellente culture traditionnelle chinoise qui contient de vastes connaissances et un profond savoir".
Xi Jinpinga profité de l'occasion pour reprendre des citations du philosophe Mencius (372-289 av. JC) adepte de Confucius et de Zhuge Liang (181-234 ap JC), homme d'Etat célèbre pour sa sagesse et sa dévotion à son monarche. "Il ne faut renoncer à aucun effort pour accomplir son devoir jusqu'à son dernier jour. Je ferai tout ce qui est nécessaire pour servir mon pays, y compris au prix de ma vie et quels que soient ma bonne fortune ou mon malheur", a-t-il dit.
Xi Jinping a estimé que l'avenir de la Chine ne pourra être assuré que si tous les membres du Parti communiste font preuve de détermination afin de parvenir au "rêve" des "deux centenaires".
Le PCC fêtera son centième anniversaire en 2021 et la République populaire de Chine en 2049.
Xi Jinping qui devrait rester à la tête de l'Etat pour servir deux mandats de cinq années chacun a fait du centenaire du parti l'un de ses principaux objectifs politiques.
Le chef islamiste Mokhtar Belmokhtar tué par l'armée tchadienne?
Mokhtar Belmokhtar avait revendiqué l'attaque contre le site gazier algérien en janvier dernier
AFP
L'armée tchadienne a annoncé avoir tué samedi le chef islamiste Mokhtar Belmokhtar dans le nord du Mali, après avoir affirmé vendredi avoir tué l'un des principaux chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelhamid Abou Zeid . Mokhtar Belmokhtar avait revendiqué l'attaque contre le site gazier algérien d'In Amenas le 16 janvier, suivie d'une prise d'otages.
Selon Alger, 37 étrangers de huit nationalités différentes, dont trois Américains et un Algérien, y ont été tués par un commando de 32 hommes, dont 29 ont été tués et trois arrêtés.
«Les forces tchadiennes au Mali ont détruit totalement la principale base des jihadistes dans le massif de l'Adrar des Ifoghas, plus précisément dans la vallée d'Ametetai», samedi, a affirmé le même soir l'armée tchadienne dans un communiqué, précisant que «plusieurs terroristes» ont été tués«, dont le chef Mokhtar Belmokhtar dit +le borgne+».
La France ne confirme pas le décès des deux leaders islamistes
Le décès de Belmokhtar a été salué - s'il est confirmé - par le républicain Ed Royce, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine. «Ce serait un rude revers pour l'ensemble des jihadistes opérant dans la région qui s'attaquent aux diplomates américains et aux salariés du pétrole», a déclaré M. Royce.
L'annonce de l'armée tchadienne intervient après celle vendredi par le président tchadien Idriss Déby de la mort d'un des principaux chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelhamid Abou Zeid, également tué par l'armée tchadienne, ce qui n'a pas été confirmée par Bamako, Paris ou Alger.
Mokhtar Belmokhtar est un ex-chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), organisation avec laquelle il est entré en dissidence en octobre dernier en formant sa propre unité combattante.
Le président Idriss Déby a déclaré vendredi soir que l'Algérien Abou Zeid avait été «abattu» par les soldats tchadiens au cours de violents combats dans les montagnes du nord-est du Mali, près de la frontière algérienne.
«Pas de commentaire» concernant la mort d'Abou Zeid, a-t-on déclaré laconiquement samedi à la présidence française.
Des résultats de tests ADN, actuellement effectués en Algérie, devraient être déterminants, selon la presse algérienne.
L'arme d'Abou Zeid identifiée
Des officiers des services de sécurité algériens ont identifié l'arme mais pas le corps présenté comme celui du plus radical des chefs d'Aqmi, a rapporté samedi le jou+rnal algérien El-Khabar.
Ces officiers qui «traquaient depuis des années Abou Zeid, ont authentifié son arme qui était en possession des Français, mais ils n'ont pas été en mesure d'identifier formellement le cadavre», écrit El-Khabar, ajoutant que ni les forces françaises, ni maliennes, n'ont pu identifier le corps.
En Mauritanie, en l'absence de réaction officielle, l'agence en ligne privée Sahara Médias a écrit samedi avoir «pu confirmer» à partir de sources «extrêmement bien informées» dans le nord malien la mort du chef jihadiste, sans cependant préciser ces sources.
Doutes sur la mort d'Abou Zeid
Un soldat français tué au Mali
Libération
Un soldat français de 26 ans a été tué au combat samedi après-midi dans le nord du Mali, lors d’une opération au cours de laquelle «au moins une quinzaine» de combattants islamistes ont été «neutralisés», ont annoncé dimanche l’Elysée et le ministère de la défense.
Selon l’état-major des armées, «au moins une quinzaine» de combattants islamistes ont été «neutralisés» – tués ou blessés – au cours des opérations conduites samedi par les forces françaises, qui ont coûté la vie au parachutiste français.
Le soldat tué au combat, le caporal Cédric Charenton, était engagé au Mali depuis le 25 janvier, a précisé le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, dans un communiqué. Il avait notamment servi en Afghanistan et au Gabon.
«Le président de la République a appris avec une grande tristesse la mort au combat hier soir dans le nord du Mali d’un soldat du 1er régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers», écrit l’Elysée dans un communiqué. «Le chef de l’Etat exprime son profond respect pour le sacrifice de ce jeune soldat».
La mort de ce soldat porte à trois le nombre des militaires français tués depuis le début de l’offensive visant à chasser les groupes islamistes armés du nord du Mali, le 11 janvier.
Un premier soldat français, un pilote d’hélicoptère, avait été tué dans la région de Sévaré (nord) dès les premières heures de l’intervention française contre les groupes islamistes armés qui occupaient le nord du Mali et préparaient une offensive en direction de Bamako. Un légionnaire du 2e Régiment étranger de parachutistes a ensuite été tué le 19 février lors d’un accrochage dans le nord du pays.
Selon l’état-major, le parachutiste de Pamiers a été tué lors d’une opération des forces françaises contre les «groupes terroristes» dans le massif de l’adrar des Ifoghas, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit.
Tout au long de la journée de samedi, «les parachutistes avaient engagé le combat à plusieurs reprises avec les éléments terroristes», a précisé à l’AFP le colonel Thierry Burkhard. Vers 18 heures, le parachutiste de Pamiers a été tué «en montant à l’assaut d’une position ennemie avec sa section». «Les actions conduites visaient à fouiller des cavités et galeries pouvant être utilisées comme refuges. Ces actions ont permis (samedi) de neutraliser au moins une quinzaine de terroristes et trois pick-up», a-t-il ajouté. Les soldats français se sont également emparés de «trois importantes caches de munitions et matériels divers et de plusieurs armes lourdes».
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a réaffirmé dans un communiqué la détermination de la France «à tenir ses engagements et à poursuivre ses actions aux côtés du peuple malien et des contingents africains engagés au sein de la Misma, pour permettre au Mali de retrouver sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire».
Selon l’état-major des armées, «au moins une quinzaine» de combattants islamistes ont été «neutralisés» – tués ou blessés – au cours des opérations conduites samedi par les forces françaises, qui ont coûté la vie au parachutiste français.
Le soldat tué au combat, le caporal Cédric Charenton, était engagé au Mali depuis le 25 janvier, a précisé le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, dans un communiqué. Il avait notamment servi en Afghanistan et au Gabon.
«Le président de la République a appris avec une grande tristesse la mort au combat hier soir dans le nord du Mali d’un soldat du 1er régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers», écrit l’Elysée dans un communiqué. «Le chef de l’Etat exprime son profond respect pour le sacrifice de ce jeune soldat».
La mort de ce soldat porte à trois le nombre des militaires français tués depuis le début de l’offensive visant à chasser les groupes islamistes armés du nord du Mali, le 11 janvier.
Un premier soldat français, un pilote d’hélicoptère, avait été tué dans la région de Sévaré (nord) dès les premières heures de l’intervention française contre les groupes islamistes armés qui occupaient le nord du Mali et préparaient une offensive en direction de Bamako. Un légionnaire du 2e Régiment étranger de parachutistes a ensuite été tué le 19 février lors d’un accrochage dans le nord du pays.
Selon l’état-major, le parachutiste de Pamiers a été tué lors d’une opération des forces françaises contre les «groupes terroristes» dans le massif de l’adrar des Ifoghas, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit.
Tout au long de la journée de samedi, «les parachutistes avaient engagé le combat à plusieurs reprises avec les éléments terroristes», a précisé à l’AFP le colonel Thierry Burkhard. Vers 18 heures, le parachutiste de Pamiers a été tué «en montant à l’assaut d’une position ennemie avec sa section». «Les actions conduites visaient à fouiller des cavités et galeries pouvant être utilisées comme refuges. Ces actions ont permis (samedi) de neutraliser au moins une quinzaine de terroristes et trois pick-up», a-t-il ajouté. Les soldats français se sont également emparés de «trois importantes caches de munitions et matériels divers et de plusieurs armes lourdes».
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a réaffirmé dans un communiqué la détermination de la France «à tenir ses engagements et à poursuivre ses actions aux côtés du peuple malien et des contingents africains engagés au sein de la Misma, pour permettre au Mali de retrouver sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire».
Marine Le Pen exige un référendum sur l'Europe
ARCHIVES. La présidente du FN a demandé «solennellement» à François Hollande un référendum sur la sortie de la France de l'Union européenne en janvier 2014.
| (LP/ Matthieu de Martignac.)
| (LP/ Matthieu de Martignac.)
La présidente du Front national avait fait de la sortie de l'Union européenne un de ses chevaux de bataille durant la campagne présidentielle. Marine Le Pen a demandé samedi «solennellement» à François Hollande un référendum sur le sujet en janvier 2014, menaçant de faire des élections européennes «un grand référendum» si le président refusait d'en organiser un.
S'exprimant à l'issue de la réunion du Conseil national de son parti dans un hôtel à Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, elle a lancé : «Nous appellerons quant à nous à voter pour cette sortie de l'UE, sauf si le gouvernement français parvient entre temps à ouvrir de solides négociations et qu'il obtient l'ensemble des quatre réformes de fond minimales», a lancé la dirigeante d'extrême droite. Ces quatre réformes sont un «retour organisé aux monnaies nationales», la «dissolution de l'espace Schengen», «l'autorisation du patriotisme économique et la réindustrialisation avec le protectionnisme à nos frontières», et enfin la «primauté à nouveau du droit national sur le droit européen». A ses yeux, «la sortie de l'UE sera en réalité la seule issue possible, aussi positive qu'enthousiasmante».
La présidente du FN avait émis déjà à plusieurs reprises cette proposition de référendum mais sans la dater, expliquant encore vendredi dans un entretien au Figaro qu'elle «défendrait ce plan d'action» à l'occasion des élections européennes de 2014, soit après la date à laquelle elle demande désormais ce référendum. D'après elle, la France sera en janvier 2014 à «la croisée des chemins» face à «la disparition des frontières», «l'austérité» et «la disparition de toutes les protections».
La députée européenne a notamment pointé à plusieurs reprises le danger que représente à ses yeux «l'arrivée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'espace Schengen sans aucune limite». Une arrivée qui n'est pour l'instant pas encore acquise, plusieurs pays ayant exprimé leurs réticences.
LeParisien.fr
Copé : «Les Français sont en colère»
Le président de l’UMP, Jean-François Copé, étrille la politique de François Hollande et revient sur une semaine marquée par le retour médiatique de son rival François Fillon.
Propos recueillis par FRÉDÉRIC GERSCHEL ET DIDIER MICOINE
Paris (XVe), mercredi. Jean-François Copé « ne [veut] plus entrer dans les polémiques » au sein de l’UMP et affirme qu’il sera aux côtés de Nicolas Sarkozy « quel que soit son choix ». | (LP/Philippe de Poulpiquet.)
Comment jugez-vous la proposition de loi pour une amnistie sociale votée au Sénat?
JEAN-FRANÇOIS COPÉ. Elle résume, hélas, la marque de fabrique de ce quinquennat : clientélisme et démagogie. La loi doit être la même pour tous et le message selon lequel certains délits pourraient être impunis, au motif qu’ils auraient pour origine un engagement syndical, est terrible.
Cette proposition, soutenue ardemment par la ministre de la Justice avec un Manuel Valls étonnamment silencieux, vient à la suite de la nomination incroyable de Ségolène Royal comme vice-présidente de la Banque publique d’investissement.
Vous estimez partisanes les nominations depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande?
Bien sûr. Derrière les leçons de morale, ce qui se met en place, c’est un véritable système de nominations partisanes dans toutes les institutions de l’Etat.
Comme c’était le cas auparavant…
Non, car Nicolas Sarkozy, lui, avait ouvert à des personnalités de gauche, que ce soit à la Cour des comptes, à la commission des Finances de l’Assemblée ou au gouvernement.
Le gouvernement a mis en place une commission pour les retraites. La réforme Fillon n’avait pas été assez loin?
C’est cocasse! En 2010, le président Hollande était parmi les manifestants de la CGT à Tulle contre la réforme des retraites. L’une de ses premières décisions a été d’élargir le nombre d’ayants droit à la retraite à 60 ans. Il est aujourd’hui rattrapé par la réalité, mais je m’étonne qu’il faille encore une commission. Le diagnostic est connu. La clé de voûte de la réforme, c’est l’allongement de la durée de cotisation et sans doute la fusion des régimes.
Le chômage vient d’enregistrer un nouveau record. François Hollande peut-il encore tenir sa promesse d’inverser la courbe en 2013?
Non. L’aggravation du chômage est la conséquence directe de sa politique dans un contexte de crise que François Hollande a toujours nié pendant sa campagne. Il avait pris quatre engagements qui se soldent aujourd’hui par quatre échecs. Il avait dit que la croissance reviendrait, elle est à zéro. Il avait promis de réduire le déficit pour atteindre les 3% du PIB, il vient d’admettre que cela ne sera pas possible. Il s’était engagé à ne plus augmenter les impôts, or il va continuer son matraquage fiscal. Enfin, il avait assuré qu’il inverserait la courbe du chômage alors que le nombre de chômeurs n’a jamais été aussi élevé.
Il doit donc changer de politique?
Oui, il faut un changement immédiat et radical de politique, proposer aux Français un big bang économique et social pour qu’ils redeviennent acteurs des transformations économiques et non plus victimes.
C’est-à-dire?
La France a d’immenses ressources. Bougeons-nous à fond pour l’emploi! Nous avons tort de ne regarder que le déficit budgétaire. Le bon indicateur, c’est aussi le déficit du commerce extérieur. Nous sommes à 67 Mds€ de déficit fin 2012 quand les Allemands ont 188 Mds€ d’excédents! Alors que notre économie fonde son modèle sur la consommation, donc les importations, le mot d’ordre qui doit mobiliser les Français c’est : produire plus et mieux pour créer des emplois. Cela veut dire réduire toutes les charges et réglementations qui freinent le travail, mettre le paquet sur les PME et revoir le système éducatif en parlant plus métiers que diplômes.
Peut-on mettre à son crédit l’intervention militaire au Mali?
Oui, sans hésitation, l’esprit d’union nationale doit l’emporter tout en posant quelques questions légitimes.
François Fillon commence un tour de France avec comme objectif d’être candidat à la présidentielle. Cela vous surprend?
Les ambitions de mes amis pour 2017 sont respectables. Mais avant 2017, il y a 2014. En clair, ceux qui pensent que l’on peut gagner la présidentielle sans avoir reconquis d’abord le cœur des Français aux municipales se trompent lourdement. La première mission de l’UMP, c’est d’adoucir et d’améliorer la vie des gens au quotidien dans les villes et d’atténuer les dégâts de la politique socialiste.
Fillon juge qu’il n’y a plus de hiérarchie à droite, que tout le monde est au même niveau, y compris Nicolas Sarkozy. C’est votre avis?
Je ne veux plus entrer dans les polémiques. Je préside un parti qui a subi une crise terrible, dont il sort aujourd’hui petit à petit. Je veux rassembler quel qu’en soit le prix. Cela fait trois mois qu’il n’y a pas eu un couac, pas le moindre problème entre nous. Tout le monde joue le jeu. A propos de Nicolas Sarkozy, je continue de dire simplement que, quel que soit son choix, je serai à ses côtés. Et tant pis si je suis le seul à m’exprimer ainsi.
Certains ténors de l’UMP et des militants estiment qu’un nouveau vote n’est pas nécessaire…
J’entends ça, en effet, y compris de la part de personnes qui ne m’ont pas soutenu. Ce vote est la conséquence de l’accord entre François Fillon et moi.
Croyez-vous toujours à une vague bleue aux municipales?
Les Français sont en colère. Ils se sentent trompés par François Hollande qui a menti pour accéder au pouvoir. Il faut entendre cette indignation. Notre mission est de leur dire qu’il y a un autre chemin. Alors oui, on peut gagner de nombreuses villes.
Que pensez-vous de la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris?
Nathalie est une très bonne candidate pour Paris, comme mes amis Rachida Dati ou Pierre-Yves Bournazel. Il y aura une primaire qui permettra de désigner le meilleur. Je pense que Paris peut basculer à droite.
Dans les sondages, vous êtes celui qui a le plus souffert de la crise à l’UMP…
Les sondages…! Mais ainsi va la vie politique. Il faut en tirer un certain nombre d’enseignements.
Lesquels?
Essayer de se montrer tel que l’on est et pas tel que certains veulent vous caricaturer. Les Français nous ont vus dans la pire des images, celle de la politique politicienne. Ils ont eu raison de nous le reprocher, à moi comme à d’autres. Je me suis retrouvé piégé dans de médiocres calculs. On ne m’y reprendra pas deux fois.
Le Parisien
ECONOMIE
Crises de confiance alimentaires: la revanche des "Petits producteurs"
PARIS — "On voit aujourd'hui des gens qui ne nous prenaient même pas au téléphone nous relancer trois fois par jour". Autrefois snobés par la grande distribution, les "Petits producteurs", qui mettent leur nom et leur photo sur leurs fruits et légumes, sont aujourd'hui très courtisés.
Nicolas Chabannes, le malin co-fondateur avec sa soeur Elisabeth de ce groupement de 450 producteurs, a instantanément senti que l'affaire du cheval dans les lasagnes et autres raviolis industriels allait porter chance à ces cultivateurs et éleveurs qui se singularisent en signant leurs paniers de fraises, d'asperges ou de tomates avec leur photo, nom, prénom, contact et lieu de récolte.
Au premier jour de la crise, il contactait l'AFP pour expliquer sa démarche: quelle meilleure traçabilité que de publier la fiche d'identité personnelle de l'agriculteur ? Près de trois semaines plus tard, son pressentiment est déjà confirmé: "la crise du cheval nous a favorisés" confie-t-il.
"L'an dernier, on a commercialisé 320 tonnes de fraises de pleine terre, cette année, la demande dépasse déjà les 1.000 tonnes: au 28 février, 2.800 magasins nous avaient sollicités, ce sera impossible de tous les livrer", raconte-t-il.
Même en lançant un appel à tous les producteurs de France qui se sont mis à vendre en circuit court pour éviter les intermédiaires : "On se retrouve dévalisé avant même la saison".
Lancé il y a quatre ans autour de deux pôles, au pied du Mont Ventoux dans le sud et près de Lorient en Bretagne, "Le Petit Producteur" commercialise aujourd'hui plus de 600 variétés, viande comprise, sur un même principe: agriculture de qualité, pas forcément bio "mais majoritairement", rémunération au "juste prix" du producteur.
Ramener le client au rayon fruits et légumes
"Il est rémunéré 10 à 20% plus cher en moyenne, mais le distributeur de son côté s'engage à ne pas répercuter la totalité de ce surcoût au consommateur".
Assez vite, Nicolas Chabannes et ses paniers et escalopes "tu-veux-ma-photo" ont trouvé preneurs chez les distributeurs haut de gamme, Fauchon, la Grande Epicerie... Puis quelques enseignes très urbaines ont suivi.
"Aujourd'hui, toutes les enseignes de la grande distribution nous référencent sauf une". Chez l'une d'elle, il est passé de 42 à 310 magasins.
"En moyenne, nos ventes ont augmenté de 50% par an depuis trois ans, en 2012 elles ont bondi de 70%", se félicite ce quadragénaire, petit-fils de cultivateur venu de la comm' et des fraises.
Même si elle apparaît soudain hors de toute proportion anticipée, il s'attendait dit-il à cette explosion: "Tout montre que les consommateurs se détournent des rayons fruits et légumes en grande surface, des pêches dures, des fruits verts... En période de crise, les gens ont encore moins envie de manger de la m...".
Des assertions confirmées par les chiffres: un acheteur sur deux ne passe plus par le rayon fruits et légumes des grandes surfaces selon la revue professionnelle LSA; et les achats de fruits et légumes en GMS sont passés de 80% il y a 20 ans à 59 % selon la filière, Interfel.
Du coup, les distributeurs réagissent pour sauver le navire: "l'un d'eux m'a confié qu'il devait récupérer ces acheteurs pour s'assurer qu'ils continueraient aussi d'acheter aussi les couche-culottes dans ses rayons".
La démarche des petits producteurs avec leur trombine sur les escalopes commence même à intéresser à l'étranger: selon Nicolas Chabannes, "le Ministère japonais de l'agriculture est venu nous voir en janvier pour étudier un développement du concept au Japon".
Avant eux, "Le Petit Producteur" avait reçu des visiteurs d'Allemagne et de trois pays scandinaves et il réfléchit simultanément à une possible extension du concept à l'ensemble de l'Europe. Voire à avoir son propre stand l'an prochain au Salon de l'Agriculture.
GENEVE — Les Suisses décident dimanche par vote s'ils acceptent de limiter les "rémunérations abusives" de leurs patrons grâce à de nouvelles règles interdisant notamment les parachutes dorés, ces juteuses indemnités qui défraient régulièrement la chronique en Suisse mais aussi en Europe et aux Etats-Unis.
Quiconque ne se conforme pas à ces règles -- qui, si elles sont acceptées, ne s'appliqueront qu'aux sociétés cotées en bourse -- pourra être sanctionné d'une peine d'emprisonnement de trois ans au plus et d'une "peine pécuniaire pouvant atteindre six rémunérations annuelles", explique le texte proposé au vote populaire.
Ce texte, couramment appelé Initiative Minder (du nom de son initiateur), propose de "fixer des limites aux entreprises cotées en bourse afin que ces dernières ne puissent plus verser des rémunérations excessives à leurs cadres supérieurs".
L'initiative prévoit à cet effet trois principales dispositions.
La durée du mandat des membres du conseil d'administration sera limitée à une année, et certaines formes de rémunérations, telles que les indemnités de départ -- communément appelées parachutes dorés -- ou les primes pour des achats d'entreprises, seront interdites.
En outre, les rémunérations du conseil d'administration et de la direction devront être approuvées obligatoirement par l'assemblée générale des actionnaires. Concrètement, les actionnaires devront voter chaque année, à l'assemblée générale, la somme des rémunérations qui sera soumise à disposition des membres du conseil d'administration et de la direction.
Le gouvernement et la Chambre haute (sénateurs) suisses se sont prononcés contre cette initiative qui, selon les sondages, devrait toutefois être acceptée.
Le gouvernement suisse estime que le texte défend une "cause légitime" mais restreint la "marge de manoeuvre économique" des sociétés. En conséquence, explique-t-il, "certaines grandes entreprises risqueraient de transférer leur siège à l'étranger".
Le Parlement a par ailleurs mis au point un contre-projet, moins réformateur et permettant d'opter pour des dérogations dans le cas des indemnités de départ, qui entrera en vigueur si l'initiative est rejetée par le peuple suisse.
Si le texte de M. Minder est adopté, il faudra encore attendre plus d'un an avant sa mise en oeuvre selon les experts. Le gouvernement suisse devra en effet d'abord rédiger un projet de loi respectant les principales dispositions de l'initiative, puis le faire approuver par le Parlement. Faute de majorité, c'est le contre-projet qui entrerait directement en vigueur.
Suisse: vote sur la limitation des "rémunérations abusives" des patrons
GENEVE — Les Suisses décident dimanche par vote s'ils acceptent de limiter les "rémunérations abusives" de leurs patrons grâce à de nouvelles règles interdisant notamment les parachutes dorés, ces juteuses indemnités qui défraient régulièrement la chronique en Suisse mais aussi en Europe et aux Etats-Unis.
Quiconque ne se conforme pas à ces règles -- qui, si elles sont acceptées, ne s'appliqueront qu'aux sociétés cotées en bourse -- pourra être sanctionné d'une peine d'emprisonnement de trois ans au plus et d'une "peine pécuniaire pouvant atteindre six rémunérations annuelles", explique le texte proposé au vote populaire.
Ce texte, couramment appelé Initiative Minder (du nom de son initiateur), propose de "fixer des limites aux entreprises cotées en bourse afin que ces dernières ne puissent plus verser des rémunérations excessives à leurs cadres supérieurs".
L'initiative prévoit à cet effet trois principales dispositions.
La durée du mandat des membres du conseil d'administration sera limitée à une année, et certaines formes de rémunérations, telles que les indemnités de départ -- communément appelées parachutes dorés -- ou les primes pour des achats d'entreprises, seront interdites.
En outre, les rémunérations du conseil d'administration et de la direction devront être approuvées obligatoirement par l'assemblée générale des actionnaires. Concrètement, les actionnaires devront voter chaque année, à l'assemblée générale, la somme des rémunérations qui sera soumise à disposition des membres du conseil d'administration et de la direction.
Le gouvernement et la Chambre haute (sénateurs) suisses se sont prononcés contre cette initiative qui, selon les sondages, devrait toutefois être acceptée.
Le gouvernement suisse estime que le texte défend une "cause légitime" mais restreint la "marge de manoeuvre économique" des sociétés. En conséquence, explique-t-il, "certaines grandes entreprises risqueraient de transférer leur siège à l'étranger".
Le Parlement a par ailleurs mis au point un contre-projet, moins réformateur et permettant d'opter pour des dérogations dans le cas des indemnités de départ, qui entrera en vigueur si l'initiative est rejetée par le peuple suisse.
Si le texte de M. Minder est adopté, il faudra encore attendre plus d'un an avant sa mise en oeuvre selon les experts. Le gouvernement suisse devra en effet d'abord rédiger un projet de loi respectant les principales dispositions de l'initiative, puis le faire approuver par le Parlement. Faute de majorité, c'est le contre-projet qui entrerait directement en vigueur.
SOCIAL
Des parlementaires socialistes soutiennent la "démocratie sociale"
Le Monde.fr avec AFP
Dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, une centaine de parlementaires socialistes appellent à favoriser l'avènement d'une "nouvelle démocratie sociale" en transcrivant notamment dans la loi, sans en modifier l'équilibre, l'accord sur l'emploi conclu entre les partenaires sociaux.
"L'accord sur l'emploi conclu le 11 janvier entre les partenaires sociaux marque une nouvelle ère pour le dialogue social en France. Grâce à cette méthode, la démocratie s'enrichit de la participation des acteurs sociaux à notre objectif commun de lutte contre le chômage", écrivent les élus dans cette tribune.
"Parlementaires de la majorité, nous soutenons cette méthode parce qu'elle donne enfin une chance à la démocratie sociale dans notre pays", ajoutent les signataires parmi lesquels figurent les députés Patricia Adam, Patrick Bloche, François Brottes, Elisabeth Guigou, Christian Eckert, Catherine Lemorton ou Jean-Jacques Urvoas.
"Cette méthode repose sur le dialogue, la concertation et la responsabilité. Nous sommes convaincus que c'est ainsi que peut être mise en mouvement la société toute entière", font-il valoir. "Aucune réforme économique ne peut s'inscrire dans la durée sans un dialogue social permanent" et "la qualité de ce dialogue est un élément essentiel de la compétitivité du pays", soulignent-ils également.
"La méthode revendiquée de la négociation pose, certes, sans arrêt les questions sur le rythme des réformes et sur les concessions accordées ou les arbitrages rendus, mais elle permet de mobiliser toutes les forces et les énergies du pays pour ancrer le changement dans la durée. La culture du dialogue favorise l'accord, elle permet à chaque représentant, syndical ou patronal, de prendre ses responsabilités et de trouver des compromis", ajoutent ces parlementaires.
Ces élus socialistes, qui disent avoir "fait le choix de la démocratie sociale", expliquent ne pas avoir pour autant renoncer à leur pouvoir de parlementaires. Mais, disent-ils, "notre pouvoir, c'est d'abord celui de respecter la voie choisie par les partenaires sociaux en transcrivant dans la Loi, sans en modifier l'équilibre, l'accord qu'ils ont conclu".
"Notre pouvoir de parlementaires, ajoutent-ils, ce sera aussi, dans les semaines qui viennent, d'encadrer les négociations à venir en application de l'accord pour peser dans le rapport de forces et rappeler au patronat les légitimes exigences de justice sociale". Selon eux, l'accord sur l'emploi conclu entre partenaires sociaux "marque la naissance d'un nouveau modèle social".
MOBILISATION CONTRE L'ACCORD SUR L'EMPLOI
La CGT et FO unissent leurs forces, en appelant ensemble, de manière inédite, à des grèves et manifestations mardi dans tout le pays pour faire barrage au projet de loi sur l'emploi. Les deux centrales voient dans ce projet, qui sera présenté le lendemain en conseil des ministres, la traduction d'une politique sociale à rebours des promesses gouvernementales. Deux autres syndicats – Solidaires et FSU – ont rejoint leur appel à cette journée d'action contre l'accord sur la sécurisation de l'emploi qui constitue, pour eux, une atteinte au droit du travail, une "régression sociale". Ils lui reprochent de faciliter les licenciements et d'accroître la précarité. Trois centrales en revanche – CFDT, CFTC, CFE-CGC – ont signé le 11 janvier avec le patronat l'accord, transposé sans grande modification par le gouvernement.
Le projet sera en débat à l'Assemblée nationale en procédure d'urgence à partir d'avril en vue d'une promulgation fin mai. Pour le gouvernement "l'équilibre" du texte doit être maintenu. FO et CGT "main dans la main, c'est en soi un événement", affirmait la semaine dernière le numéro un cégétiste, Bernard Thibault, alors que l'appel commun à une mobilisation des deux syndicats, historiquement "frères ennemis", est une première.
La tension monte en revanche avec la CFDT qui appelle dans un tract les salariés à ne pas être victimes d'une "vaste opération d'intox" contre l'accord, donnant raison à ceux qui ne participeront pas à la journée d'action. Plus de 170 manifestations et rassemblements sont prévus dans différentes villes, selon la CGT. A Paris, le cortège partira à 14 heures du Châtelet en direction de l'Assemblée nationale. Des appels à arrêter le travail ont été lancés dans de nombreux secteurs (Transports, SNCF, fonction publique, industries diverses).
"Parlementaires de la majorité, nous soutenons cette méthode parce qu'elle donne enfin une chance à la démocratie sociale dans notre pays", ajoutent les signataires parmi lesquels figurent les députés Patricia Adam, Patrick Bloche, François Brottes, Elisabeth Guigou, Christian Eckert, Catherine Lemorton ou Jean-Jacques Urvoas.
"Cette méthode repose sur le dialogue, la concertation et la responsabilité. Nous sommes convaincus que c'est ainsi que peut être mise en mouvement la société toute entière", font-il valoir. "Aucune réforme économique ne peut s'inscrire dans la durée sans un dialogue social permanent" et "la qualité de ce dialogue est un élément essentiel de la compétitivité du pays", soulignent-ils également.
"La méthode revendiquée de la négociation pose, certes, sans arrêt les questions sur le rythme des réformes et sur les concessions accordées ou les arbitrages rendus, mais elle permet de mobiliser toutes les forces et les énergies du pays pour ancrer le changement dans la durée. La culture du dialogue favorise l'accord, elle permet à chaque représentant, syndical ou patronal, de prendre ses responsabilités et de trouver des compromis", ajoutent ces parlementaires.
Ces élus socialistes, qui disent avoir "fait le choix de la démocratie sociale", expliquent ne pas avoir pour autant renoncer à leur pouvoir de parlementaires. Mais, disent-ils, "notre pouvoir, c'est d'abord celui de respecter la voie choisie par les partenaires sociaux en transcrivant dans la Loi, sans en modifier l'équilibre, l'accord qu'ils ont conclu".
"Notre pouvoir de parlementaires, ajoutent-ils, ce sera aussi, dans les semaines qui viennent, d'encadrer les négociations à venir en application de l'accord pour peser dans le rapport de forces et rappeler au patronat les légitimes exigences de justice sociale". Selon eux, l'accord sur l'emploi conclu entre partenaires sociaux "marque la naissance d'un nouveau modèle social".
MOBILISATION CONTRE L'ACCORD SUR L'EMPLOI
La CGT et FO unissent leurs forces, en appelant ensemble, de manière inédite, à des grèves et manifestations mardi dans tout le pays pour faire barrage au projet de loi sur l'emploi. Les deux centrales voient dans ce projet, qui sera présenté le lendemain en conseil des ministres, la traduction d'une politique sociale à rebours des promesses gouvernementales. Deux autres syndicats – Solidaires et FSU – ont rejoint leur appel à cette journée d'action contre l'accord sur la sécurisation de l'emploi qui constitue, pour eux, une atteinte au droit du travail, une "régression sociale". Ils lui reprochent de faciliter les licenciements et d'accroître la précarité. Trois centrales en revanche – CFDT, CFTC, CFE-CGC – ont signé le 11 janvier avec le patronat l'accord, transposé sans grande modification par le gouvernement.
Le projet sera en débat à l'Assemblée nationale en procédure d'urgence à partir d'avril en vue d'une promulgation fin mai. Pour le gouvernement "l'équilibre" du texte doit être maintenu. FO et CGT "main dans la main, c'est en soi un événement", affirmait la semaine dernière le numéro un cégétiste, Bernard Thibault, alors que l'appel commun à une mobilisation des deux syndicats, historiquement "frères ennemis", est une première.
La tension monte en revanche avec la CFDT qui appelle dans un tract les salariés à ne pas être victimes d'une "vaste opération d'intox" contre l'accord, donnant raison à ceux qui ne participeront pas à la journée d'action. Plus de 170 manifestations et rassemblements sont prévus dans différentes villes, selon la CGT. A Paris, le cortège partira à 14 heures du Châtelet en direction de l'Assemblée nationale. Des appels à arrêter le travail ont été lancés dans de nombreux secteurs (Transports, SNCF, fonction publique, industries diverses).
Portugal. 500 000 manifestants contre l'austérité
Des centaines de milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes
AFP
Une marée humaine a déferlé samedi sur le Portugal, Lisbonne en particulier, à l'appel d'un mouvement citoyen apolitique qui a réalisé ainsi une mobilisation exceptionnelle contre les mesures d'austérité, exigées par les créanciers du pays, sous assistance financière.
«La troïka et le gouvernement dehors», «le Portugal aux urnes», «élections maintenant», «démocratie participative», pouvait-on lire sur les banderoles portées par les manifestants.
«Qui s'endort dans la démocratie, se réveille dans la dictature», «Bandits, rendez-nous notre argent» clamait de petites affiches. «Aujourd'hui je suis dans la rue, demain ce sera toi», lisait-on sur une autre à côté d'un portrait du Premier ministre de centre-droit, Pedro Passos Coelho.
Des rassemblements dans plusieurs villes
Selon le mouvement apolitique «Que la Troïka aille se faire voir», organisateur des rassemblements à Lisbonne et dans une trentaine de ville du pays, quelque 500.000 personnes ont défilé dans la capitale où le cortège avait démarré au son de la chanson «Grândola Vila Morena», reprise en coeur par les manifestants, la voix tendue d'émotion.
Cette chanson, fréquemment entonnée par des contestataires au passage de membres du gouvernement, est devenue le symbole de la contestation au Portugal après avoir été l'hymne de la Révolution des Oeillets de 1974 qui a permis l'instauration de la démocratie.
A la fin des manifestations elle a retenti au même moment du nord au sud du pays dans toutes les villes où des rassemblements ont eu lieu : de Porto, la grande ville du nord, où selon les organisateurs 400.000 personnes ont manifesté, à Faro la station balnéaire du sud.
En fin de soirée les autorités n'avaient communiqué aucune estimation du nombre de manifestants.
Les mesures d'austérité ne sont plus supportées
«C'est le peuple qui est souverain», une phrase correspondant à un des vers du chanteur engagé José Afonso, créateur de la chanson «Grândola Vila Morena», était le principal mot d'ordre des rassemblements.
La cible principale a été l'inspirateur des mesures d'austérité du gouvernement, c'est-à-dire la «troïka» (UE-FMI-BCE) représentant les créanciers du Portugal, actuellement à Lisbonne pour un nouvel examen des comptes du pays.
«Cette manifestation est un signal clair que »la troïka« et le gouvernement sont de trop dans ce pays», a estimé de son côté le chef du Bloc de gauche (extrême-gauche) Joao Semedo.
La manifestation de samedi a ainsi donné une nouvelle dimension au mécontentement populaire contre les mesures d'austérité mises en oeuvre par le gouvernement de centre-droit, en contrepartie du plan de sauvetage international de 78 milliards d'euros accordé au Portugal en mai 2011.
A Lisbonne, le défilé a été d'autant plus important que de nombreux militants du principal syndicat portugais, la CGTP, y ont participé.
DIVERS
La Nasa donne son feu vert à l'amarrage de Dragon à l'ISS dimanche
WASHINGTON — La Nasa a donné son feu vert pour l'amarrage dimanche de la capsule Dragon, de la société privée américaine SpaceX, à la Station spatiale internationale (ISS), a annoncé samedi l'agence spatiale dans un communiqué.
Le rendez-vous de Dragon était initialement prévu samedi matin mais a été retardé par un dysfonctionnement des moteurs orbitaux du vaisseau peu après qu'il eut atteint l'orbite terrestre vendredi, environ dix minutes après le lancement par une fusée Falcon 9 de la base de Cap Canaveral en Floride (sud-est).
Le problème a été réglé quelques heures après, et les responsables de la mission ont unanimement conclu que le système de propulsion de Dragon fonctionnait normalement ainsi que les autres systèmes de la capsule, indique le communiqué.
Dragon devrait être saisi par le bras robotisé de l'ISS à 11H00 GMT dimanche.
Le bras sera manoeuvré de l'intérieur de l'avant-poste orbital par le commandant de l'équipage de la Station, Kevin Ford, et l'ingénieur de vol Tom Marshburn, deux Américains.
La capsule sera ensuite amarrée sur le module américain Harmony.
Il s'agit du troisième vol de Dragon vers l'ISS et de la seconde mission d'approvisionnement dans le cadre d'un contrat avec la Nasa.
Dragon, seul vaisseau actuellement capable de rapporter du fret sur Terre, transporte 544 kilos de fournitures, dont des équipements destinés à 160 expériences scientifiques.
Ces expériences seront menées par les six membres de l'équipage actuel de l'ISS (deux Américains, trois Russes et un Canadien).
La capsule, dont le retour est prévu le 25 mars avec un amerrissage parachuté dans le Pacifique au large de la Californie (ouest), rapportera un peu plus d'une tonne de matériel, dont des résultats de recherche médicale ainsi que des équipements utilisés sur la Station.
L'agence spatiale américaine a parié sur SpaceX et d'autres sociétés privées pour prendre la relève du programme des navettes spatiales, dont la dernière a volé en juillet 2011, afin de ravitailler à moindre coût l'ISS et y transporter également des astronautes vers 2015.
Selon un contrat de 1,6 milliard de dollars avec la Nasa, SpaceX effectuera au total douze missions de fret à l'ISS.
Pour le fret, la Nasa dépend aussi des vaisseaux automatiques européens ATV, japonais HTV et russe Progress. Mais ces derniers sont détruits après leur mission en retombant dans l'atmosphère.
Vatican: les cardinaux se hâtent lentement avant d'entrer en Conclave
CITE DU VATICAN — Les cardinaux continuent d'arriver à Rome pour participer à compter de lundi aux "congrégations" préparant l'élection du 266e pape, alors que la date du conclave n'est pas encore fixée, qu'aucun nom n'émerge et que la démission de Benoît XVI crée des zones de "terra incognita" dans l'Eglise.
L'ensemble des 209 cardinaux sont convoqués par le doyen du Sacré Collège, le cardinal Angelo Sodano, les prélats électeurs (de moins de 80 ans) comme ceux qui ont dépassé cet âge.
Les huis clos prévus à partir de lundi serviront à mettre sur la table les nombreux problèmes de l'Eglise et à cerner le profil idéal du futur pontife. Un choix qui semble plus difficile que jamais tant les qualités requises --pasteur, réformateur, homme à poigne, garant de la tradition-- sont exigeantes.
66 cardinaux venus de l'extérieur de Rome étaient déjà arrivés ou en passe d'arriver samedi. 75 autres, en majorité retraités, vivent déjà dans la capitale italienne. Tous ne viendront pas. Certains, malades, infirmes ou âgés, se sont fait excuser.
Le Conclave ne pourra être convoqué que quand les électeurs --actuellement au nombre de 115-- seront présents.
C'est aussi en "Congrégation générale" que sera donné le feu vert à l'aménagement pour le Conclave de la Chapelle Sixtine. Celle-ci sera dès lors fermée aux touristes.
En attendant, le Vatican est en période "Sede vacante" (Siège vacant), illustrée sur les timbres de la poste vaticane par un joli parasol rouge aux dessus des clés de Saint-Pierre entrecroisées.
Lors des "congrégations" et d'autres rencontres informelles, les candidatures devraient s'officialiser, des "cordées" se former autour de candidats.
Le choix paraît très ouvert: "à la mort de Jean Paul II en 2005, la situation était très différente, chacun réfléchissait depuis des mois à un successeur, et le Conclave fut court. Cette fois ce geste inoui de la démission d'un pape a balayé tous les calculs", affirme à l'AFP un cardinal à la retraite. Selon lui, "une décision audacieuse" n'est pas exclue comme en 1978, après le choc terrible de la mort de Jean Paul Ier au terme de seulement 33 jours de pontificat: un Polonais que personne n'attendait s'était imposé.
Si plusieurs candidats se détachent, chacun a un handicap: Angelo Scola, proche du pape, a des chances mais le fait qu'il soit Italien peut le handicaper. Le cardinal de Vienne Christoph Schönborn, réformateur et ancien élève de Benoît XVI, représente une bonne synthèse, mais la contestation dans son Eglise peut le desservir.
Les Nord-Américains, énergiques et modernes, comme Sean O'Malley qui a lutté contre la pédophilie à Boston, Timothy Dolan, archevêque de New York, médiatique et brillant, et Marc Ouellet le Québécois, théologien fin et conservateur, grand connaisseur de l'Amérique latine, ami de Ratzinger, pourraient venir réformer la Curie.
L'Amérique latine est légèrement en retrait. Le candidat qui se détache le plus est l'archevêque de Sao Paulo, Odilo Scherer, modéré, crédité de succès dans son diocèse, et qui a travaillé à Rome.
En Afrique, le Ghanéen Peter Turkson, le Guinéen Robert Sarah -discret et très apprécié de Benoît XVI-- et le Sud-africain Wilfrid Napier, archevêque de Durban, pourraient se mettre sur les rangs.
Pour l'Asie, le jeune archevêque de Manille, Luis Antonio Tagle, 55 ans, théologien et pasteur, est très apprécié mais il pourrait s'avérer trop jeune et éloigné des centres du pouvoir.
A la fois numériquement et psychologiquement, les chances d'un Occidental sont plus fortes qu'un "papabile" du Sud, talentueux mais moins connu.
Signe que le départ de Benoît XVI reste dur à avaler par les plus traditionnels, le porte-parole du Saint-Siège Federico Lombardi a martelé samedi qu'il "n'était en rien un abandon" de sa mission ni des fidèles. Son "courage" face aux "limites de sa vieillesse" n'est pas moindre que celui "admirable" de Karol Wojtyla, resté à la tête de l'Eglise malgré une longue agonie, a souligné le père jésuite.
Au Vatican, des questions irrésolues et désagréments apparaissent. Ainsi les fonctionnaires du petit Etat, qui travaillent plus dur que d'habitude, ne recevront-ils sans doute pas la gratification de 1.000 euros comme lors de la mort de Jean Paul II, selon le quotidien Il Messaggero.
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