HUMOUR......ENCORE QUE......
Traduction: Edward Snowden doit demander l'asile dans le seul endroit vraiment hors de portée de la police américaine. Wall Street.
POLITIQUE
Le cumul des mandats en débat à l’Assemblée nationale
Libération
Les députés ont commencé mercredi à débattre du non-cumul, à partir de 2017, entre un mandat parlementaire et une fonction exécutive locale, une réforme combattue vent debout par la droite, les radicaux de gauche et le Sénat.
Avant le débat, François Hollande a tenu à rappeler en Conseil des ministres qu’il était «extrêmement attaché» à la réalisation de cette promesse de campagne.
Et le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a déclaré aux députés mesurer «les bouleversements qui vont en résulter» pour les parlementaires: 60% sont actuellement maires (ou adjoints), ou présidents d’un département, d’une région ou d’une intercommunalité.
Au cours de la discussion, qui se prolongera jusqu’à jeudi ou vendredi - avant un vote global mardi -, le projet ne devrait être modifié que sur un point: M. Valls a demandé aux députés de revenir sur l’interdiction d’exercer plus de trois mandats parlementaires de suite, introduite en commission la semaine dernière. Le gouvernement veut en effet éviter tout ce qui perturberait «l’équilibre» du texte et qui pourrait effrayer ceux des socialistes réticents envers le texte.
Pour leur part, les écologistes continuent à défendre cette limitation des mandats dans le temps, gage de renouvellement, et présenteront des amendements pour une application de la loi dès les élections locales de 2014-2015. Mais, au final, ils approuveront la réforme proposée, a expliqué en leur nom Sergio Coronado.
De même, le Front de Gauche, a dit Marc Dolez, votera une réforme de nature à «retisser un lien de confiance entre les citoyens et les élus».
Les trois députés chevènementistes du Mouvement républicain et citoyen (MRC) voteront contre. Il en sera de même des radicaux de gauche, hostiles à un texte «en rupture avec les traditions de la République». «Hier, vous avez décidé d’affronter les écolos, aujourd’hui, ce sont les radicaux», a lâché l’un d’entre eux, Alain Tourret, en référence au limogeage de Delphine Batho. Le président des députés PRG, Roger-Gérard Schwartzenberg, a pour sa part ironiquement rappelé que François Hollande avait été «député de la Corrèze et maire de Tulle, ou président du conseil général... tout en étant par ailleurs premier secrétaire du PS, ce qui, dit-on, n’est pas une sinécure».
Dans l’opposition, la plupart des députés UDI vont voter contre, en récusant la comparaison avec les autres démocraties, où le cumul concerne moins de 20%, et souvent moins de 10%, des parlementaires. La France est à part, car elle présente , «la double caractéristique, unique au monde, d’être à la fois un État extrêmement centralisé et celui où le pouvoir exécutif national concentre le plus de pouvoir», selon leur porte-parole, Jean-Christophe Lagarde. Dans les autres pays, «les trois quarts des règles sont fabriquées par les élus territoriaux», qui n’ont pas besoin d’être parlementaires pour avoir de l’influence, a renchéri son collègue Michel Piron.
Le groupe UMP, est unanimement opposé au projet, selon son président Christian Jacob. Celui-ci, député-maire de Provins, a d’ailleurs appelé mercredi à la centaine de ses collègues de gauche qui partagent avec lui «le bonheur d’être maire» à ne pas approuver le projet de loi. Jean-Frédéric Poisson (UMP) a reproché au projet de «rompre avec l’ancrage territorial des parlementaires», mais plus fondamentalement d’affaiblir «l’autorité politique des élus, locaux comme nationaux».
Le député, a rétorqué M. Valls, «pourra non seulement conserver un ancrage dans sa commune en demeurant conseiller municipal, conseiller général ou conseiller régional» mais le mode de scrutin par circonscription «l’oblige à faire fructifier le lien de proximité avec les électeurs».
Une fois passée l’étape de l’Assemblée, le projet de loi arrivera à l’automne au Sénat, où il sera vraisemblablement rejeté. La grande majorité des sénateurs, droite et gauche confondus, y sont viscéralement opposés, en arguant que leur raison d’être est justement de représenter les élus locaux.
Il faudra donc alors que le texte revienne en seconde lecture à l’Assemblée, où une majorité absolue des députés devra l’approuver, pour surmonter l’opposition de la chambre haute. Ainsi, dès le vote en première lecture mardi prochain, le résultat du scrutin sera observé à cette aune : la majorité absolue de 289 sièges est-t-elle d’ores et déjà acquise?
La fin de matinée sera moins facile face à la délégation CGT de Thierry Lepaon et celle, une heure plus tard, de Force ouvrière conduite par Jean-Claude Mailly. Ces deux grandes centrales sont les plus farouchement opposées à la réforme. Alors qu'elle avait formé le gros des bataillons en 2010 contre la réforme Sarkozy qui a mis fin à la retraite à 60 ans, la CGT s'apprête à nouveau à mener la contestation dans la rue, préparant déjà meetings et défilés pour septembre.
VERS UN ALLONGEMENT DE LA DURÉE DE COTISATION
Dans les couloirs du pouvoir socialiste, on ne se fait aucune illusion. "Toute réforme est une ligne rouge pour la CGT", observe-t-on dans l'entourage de François Hollande. Déplorant de ne pas être écoutée quand elle réclame plus de ponctions sur le capital pour renflouer les caisses de retraite, la CGT rejette en bloc le rapport d'experts publié le mois dernier par la commission présidée par la haute fonctionnaire Yannick Moreau. Ce rapport préconise plusieurs mesures à prendre pour combler une partie des 20 milliards de déficit prévus à l'horizon 2020 par le Conseil d'orientation des retraites (COR). Une prévision trop optimiste, a toutefois jugé fin juin la Cour des comptes, qui anticipe un trou de 60 milliards en 2030 si rien n'est fait.
Parmi les mesures proposées dans le rapport Moreau figure en bonne place l'allongement de la durée de cotisation, qui est actuellement de 41,5 ans pour la génération 1955 et 1956. Cette mesure serait "juste", a estimé François Hollande, alors que serait "injuste", selon lui, un nouveau recul de l'âge légal de départ, que les organisations patronales sont les seules à réclamer.
Le syndicat Force ouvrière se tient, pour le moment, sur la même ligne que la CGT et refuse tout allongement de la durée de cotisation. Les deux frères ennemis pourraient même se retrouver côte à côte dans les manifestations de septembre.
CHÉRÈQUE : "JE VAIS À MATIGNON POUR OBTENIR DES CHOSES"
Sans grand espoir de convaincre les syndicats contestataires, le gouvernement va chercher à s'appuyer sur les réformistes, au premier rang desquels la CFDT. Bien qu'elle ne veuille pas apparaître comme l'interlocutrice privilégiée du pouvoir, comme en 2003 pour la réforme Fillon, la centrale de Laurent Berger veut être écoutée pour les mesures de "justice" qu'elle va proposer.
"Moi je vais [à Matignon] pour obtenir des choses, je ne suis pas de ceux qui vont à une concertation en annonçant déjà qu'elle va échouer", a déclaré le successeur de François Chérèque sur Europe 1. "A la fin de la concertation, qui n'est pas une négociation, la CFDT dira les points sur lesquels elle est d'accord et ceux sur lesquels elle est en désaccord", mais "la réforme, ce sera celle du gouvernement", a-t-il ajouté.
En matière de pénibilité par exemple, la CFDT souhaite que pour dix ans d'exposition à des facteurs de risque la durée de carrière soit réduite d'un an. La centrale cédétiste souhaite également des mesures pour les carrières morcelées, les femmes, les polypensionnés et pour améliorer la "lisibilité" des systèmes de retraite.
De leur côté les organisations patronales (Medef, CGPME, UPA), refusent toute hausse de cotisation et la sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation. "Ce sont à mon avis deux lignes jaunes qu'il ne faut pas dépasser", a affirmé mercredi Pierre Gattaz, tout juste intronisé nouveau patron du Medef et qui doit être reçu en fin de journée par le chef du gouvernement.
Depuis dimanche 30 juin, ils étaient des centaines de milliers à demander le départ du président Mohamed Morsi, un an après son arrivée au pouvoir. La journée de mercredi s'annonçait alors sous tension : l'ultimatum de quarante-huit heures qu'avait fixé l'armée à ce dernier pour "satisfaire les revendications du peuple", sous peine de se voir imposer une "feuille de route", expirait à 16 h 30.
L'opposant et ex-candidat à la présidentielle Amr Moussa, à la tête du parti libéral du Congrès, a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi que "les consultations commençaient maintenant pour un gouvernement et la réconciliation".
Après avoir rejeté l'ultimatum mardi et mis en avant la "légitimité" que lui conférait son élection démocratique, M. Morsi a jusqu'au dernier moment tenté de régler la crise mercredi en proposa nt "un gouvernement de coalition et de consensus afin d'organiser des législatives à venir". Mais comme depuis le début de la crise, le président avait encore un temps de retard sur les événements.
Dans un enregistrement vidéo diffusé en fin de soirée, il rappelait : "Je suis le président élu d'Egypte." Il a également "demandé au peuple de défendre [sa] légitimité" faisant planer le risque de la poursuite du bras de fer.
A la fin de janvier 2011, en plein soulèvement contre Hosni Moubarak, les gardiens des principales prisons du pays avaient pris la fuite en raison de mutineries, laissant les prisonniers s'échapper. C'est notamment comme cela que Khairat Al-Chater, le cerveau de la confrérie, qui dirigeait l'organisation de sa cellule, avait recouvré la liberté alors qu'il purgeait une peine de sept ans de réclusion, prononcée en 2008 par un tribunal militaire, pour blanchiment d'argent et financement des Frères musulmans, alors interdits.
Un journaliste de Reuters a vu des soldats prendre position aux abords de la mosquée Babaa Adaoueya où plusieurs dizaines de milliers de militants des Frères musulmans se sont rassemblés pour demander le respect de l'ordre constitutionnel.
D'après les services de sécurité, quatre partisans de Mohamed Morsi ont été tués et dix autres personnes blessées dans des affrontements avec militaires et policiers dans la ville de Marsa Matrouh, sur la côte méditerranéenne, près de la frontière libyenne. Un autre homme a péri dans des affrontements similaires à Alexandrie, la deuxième ville du pays.
Des employés de la filiale égyptienne de la chaîne qatarie Al-Jazira, Al-Jazira Mobasher, ont également été arrêtés après la diffusion par la station de l'enregistrement d'un discours du président déchu.
LA PAZ - Le président bolivien Evo Morales a finalement atterri à l'aéroport d'El Alto, près de La Paz, mercredi à 23H39 locales (03H39 GMT jeudi), après un voyage tumultueux et une escale forcée à Vienne qui lui a valu les regrets de la France.
Paris s'est montré quelque peu embarrassé face à l'imbroglio diplomatique provoqué par le refus pendant quelques heures du survol du territoire par l'avion du président bolivien, d'abord soupçonné de transporter l'informaticien américain Edward Snowden.
Certains pays d'Europe doivent se libérer de l'empire nord-américain, mais nous, nous n'avons pas peur parce que nous sommes un peuple digne et souverain, a déclaré le président bolivien dans un bref discours à l'aéroport.
Mercredi, le ministère des Affaires étrangères bolivien avait annoncé qu'il rejetait la demande d'extradition des Etats-Unis concernant Edward Snowden: Il s'agit d'une demande d'extradition surprenante, illégale, infondée et suggestive qui sera rejetée d'une manière immédiate et catégorique, indique le communiqué du ministère.
Tentant d'apaiser la tension née entre les deux pays, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius avait auparavant téléphoné à son homologue, David Choquehuanca, pour l'assurer que Paris n'avait jamais eu l'intention de refuser le survol du territoire français à l'avion du président bolivien.
Laurent Fabius a fait part des regrets de la France suite au contretemps occasionné pour le président Morales par les retards dans la confirmation de l'autorisation de survol du territoire par l'avion du président, a indiqué le porte-parole du ministère, Philippe Lalliot, dans un communiqué.
Lors de cet entretien, M. Fabius a souligné que l'autorisation de survol avait été confirmée dès que les autorités françaises avaient été informées que l'aéronef en question était celui du président Morales. Il a également indiqué qu'il n'y avait, naturellement, jamais eu d'intention de refuser l'accès à notre espace aérien à l'avion du président Morales, qui est toujours le bienvenu dans notre pays, a poursuivi le porte-parole.
Auparavant, le président François Hollande avait assuré avoir immédiatement donné l'autorisation de survol de la France à l'avion d'Evo Morales... quand il a appris que ce dernier était à bord de l'appareil.
Il y avait des infos contradictoires sur les passagers qui étaient à bord, a dit M. Hollande, en allusion aux fausses allégations sur la présence d'Edward Snowden, à l'origine de révélations explosives sur la surveillance électronique américaine et recherché par Washington.
Dès lors que j'ai su que c'était l'avion du président bolivien, j'ai donné immédiatement l'autorisation de survol du territoire français, a-t-il ajouté.
Mais l'appareil, parti de Moscou et en route vers l'archipel espagnol des Canaries avant de regagner la Bolivie, a été contraint mardi soir de faire escale à Vienne, où il est resté bloqué pendant 13 heures, après s'être vu refuser l'entrée dans l'espace aérien de plusieurs pays européens.
Il a finalement pu décoller mercredi en fin de matinée après que l'Autriche et la Bolivie ont confirmé que Snowden ne se trouvait pas à bord. Evo Morales a qualifié cette escale forcée d'erreur historique et d'agression.
La réaction a été forte en Bolivie, où selon un député, le Parlement s'apprête à demander l'expulsion du pays des ambassadeurs de France, du Portugal et d'Italie, en représailles à l'interdiction de survol. Des incidents ont eu lieu également près de l'ambassade de France en Bolivie, avec jets de pierres et incendie de drapeaux français.
Les explications des autorités n'ont pas non plus satisfait une bonne partie de la classe politique française, qui a dénoncé, à gauche comme à droite, un asservissement de la France aux intérêts américains.
François Hollande avait réagi très vivement lundi aux révélations sur l'espionnage d'institutions de l'Union européenne et d'Etats européens dont sont soupçonnés les États-Unis, assurant que la France ne pouvait pas accepter ce type de comportement, qui doit cesser immédiatement.
Mais mardi, après les déclarations du président bolivien, en marge de sa visite à Moscou, se disant prêt à accueillir Edward Snowden, plusieurs pays européens dont la France avaient refusé dans un premier temps que l'avion d'Evo Morales traverse leur espace aérien, soupçonnant que l'informaticien américain se trouvait à bord.
Et Paris, qui plaidait encore mercredi matin pour une suspension temporaire du processus de négociations avec les Etats-Unis sur un accord de libre échange en raison de ces révélations, avait ensuite changé de ton, pour accepter de lancer ces négociations le 8 juillet.
L'ancien trader Jérôme Kerviel entame jeudi 4 juillet un nouvel épisode de son marathon judiciaire contre la banque Société Générale, cette fois-ci devant les prud'hommes où il vient contester les motifs de son licenciement.
Dans l'attente de l'examen d'un pourvoi en cassation sur le terrain pénal, sans doute à l'automne, le combat se poursuit devant une juridiction sociale, où l'ancien financier veut remettre en cause la qualification de faute lourde retenue pour le licencier.
Le conseil de Jérôme Kerviel, David Koubbi, met en évidence le fait qu'elle implique nécessairement l'intention de nuire à son employeur, ce qui ne lui a jamais été reproché.
Le champ de la faute lourde lui-même, tel que défini par la jurisprudence, est très restreint, souligne Me Taquet, pour qui "même le vol n'est pas nécessairement une faute lourde".
Le champ de la faute grave est, en revanche, beaucoup plus large, car il concerne une faute qui "rend impossible le maintien du salarié dans l'entreprise".
En cas de requalification de faute lourde en faute grave, l'ancien salarié peut recevoir l'indemnité compensatrice de congés payés, dont le privait la faute lourde. Il n'est, en général, éligible à aucune autre indemnisation, a expliqué François Taquet.
"A la veille de l'audience devant le conseil des prud'hommes, les avocats de Jérôme Kerviel ont formulé de nombreuses demandes provisionnelles portant sur de multiples points", a indiqué la banque dans une déclaration transmise mercredi à l'AFP. "Cet envoi tardif nous contraint à formuler une demande de renvoi afin de disposer du temps nécessaire à l'analyse de ces éléments", a-t-on ajouté de même source.
Jeudi se tient la première étape de la procédure prud'homale, dite audience de conciliation. Les deux parties se retrouvent devant le bureau de conciliation, qui cherche à trouver un accord entre elles. En l'absence d'accord, l'affaire est renvoyée en jugement.
En fin d'audience de conciliation, l'une ou l'autre partie peut formuler des demandes provisionnelles, c'est-à-dire demander que soit fixé un montant que l'autre partie apportera en garantie, dans l'éventualité d'une condamnation. Ce sont ces demandes que les avocats de Jérôme Kerviel ont transmises à Société Générale.
Déjà jugé au pénal, l'ancien trader a été condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme, ainsi qu'à verser 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à son ancien employeur.
Le jugement de première instance, rendu en octobre 2010, a été confirmé en appel, en octobre 2012. L'ancien trader s'est pourvu en cassation. Sa demande pourrait être examinée à l'automne.
Outre l'action aux prud'hommes et le pourvoi en cassation, la défense de Jérôme Kerviel a ouvert, mi-juin, un troisième front judiciaire en déposant plainte pour "faux et usage de faux" contre Société Générale. Une action en lien avec les enregistrements réalisés lors des entretiens entre l'ancien trader et sa hiérarchie immédiatement après la découverte de sa situation.
Une fois cernée cette exposition, l'ancien PDG de la banque, Daniel Bouton, a ordonné qu'elle soit liquidée au plus vite, car la diffusion de l'information aurait provoqué la faillite de Société Générale.
L'extinction de cette exposition s'est faite dans des conditions de marché très difficiles avec, à la clef, une perte de 6,3 milliards d'euros. Dans la mesure où Jérôme Kerviel avait accumulé, fin 2007, un gain de 1,4 milliard d'euros selon les mêmes procédés, la perte nette a donc été chiffrée à 4,9 milliards d'euros.
L'ancien trader et ses conseils font valoir que sa hiérarchie était au courant de ses opérations et a longtemps cautionné implicitement ses activités hors mandat.
Jérôme Kerviel a déjà été condamné par deux fois (en première instance et en appel) pour avoir outrepassé son mandat et fait perdre 4,9 milliards d'euros à Société Générale début 2008. Il s'est pourvu en cassation. En parallèle, l'ex-trader attaquait donc son employeur aux prud'hommes "pour prouver qu'il n'y a pas eu de pertes. Je suis accusée d'avoir fait perdre 5 milliards d'euros, mais il n'y a aucune preuve dans le dossier pénal", indiquait-il avant l'audience jeudi, jugeant que la banque avait gonflé ses pertes.
"Donc vous êtes dans un dispositif très clair : un citoyen français condamné à 5 milliards d'euros sans la moindre expertise indépendante", a ajouté Maître David Koubbi. "Qu'est-ce qui gêne la Société générale aujourd'hui ? Que des experts indépendants viennent voir ce qu'il y a dans ses comptes pour éclairer le débat", a-t-il déclaré.
L'ex-trader n'est en tous cas plus un homme seul. Jeudi, il a reçu le soutien de plusieurs personnalités de gauche à l'audience, dont Clémentine Autain, Gérard Filoche et Jean-Luc Mélenchon, qui voit en lui le symbole des pratiques de la finance.
Par Clara Beaudoux
L'ingénieur et pionnier de l'informatique Douglas Engelbart, inventeur de la souris d'ordinateur, est mort mardi 2 juillet au soir à l'âge de 88 ans à son domicile californien d'Atherton, au cœur de la Silicon Valley, a-t-on appris mercredi auprès de l'Institut portant son nom.
Né dans l'Oregon, il s'était installé au Sud pour devenir chercheur au Stanford Research Institute, après des études d'ingénierie électrique et informatique dans les années 1950, une époque où les ordinateurs occupaient encore des pièces entières. Ses recherches ont ainsi porté sur la visioconférence, la téléconférence, le courrier électronique, les "fenêtres" et le lien hypertexte mais il est surtout connu pour avoir inventé la souris d'ordinateur.
Avant le débat, François Hollande a tenu à rappeler en Conseil des ministres qu’il était «extrêmement attaché» à la réalisation de cette promesse de campagne.
Et le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a déclaré aux députés mesurer «les bouleversements qui vont en résulter» pour les parlementaires: 60% sont actuellement maires (ou adjoints), ou présidents d’un département, d’une région ou d’une intercommunalité.
Au cours de la discussion, qui se prolongera jusqu’à jeudi ou vendredi - avant un vote global mardi -, le projet ne devrait être modifié que sur un point: M. Valls a demandé aux députés de revenir sur l’interdiction d’exercer plus de trois mandats parlementaires de suite, introduite en commission la semaine dernière. Le gouvernement veut en effet éviter tout ce qui perturberait «l’équilibre» du texte et qui pourrait effrayer ceux des socialistes réticents envers le texte.
Pour leur part, les écologistes continuent à défendre cette limitation des mandats dans le temps, gage de renouvellement, et présenteront des amendements pour une application de la loi dès les élections locales de 2014-2015. Mais, au final, ils approuveront la réforme proposée, a expliqué en leur nom Sergio Coronado.
De même, le Front de Gauche, a dit Marc Dolez, votera une réforme de nature à «retisser un lien de confiance entre les citoyens et les élus».
Les trois députés chevènementistes du Mouvement républicain et citoyen (MRC) voteront contre. Il en sera de même des radicaux de gauche, hostiles à un texte «en rupture avec les traditions de la République». «Hier, vous avez décidé d’affronter les écolos, aujourd’hui, ce sont les radicaux», a lâché l’un d’entre eux, Alain Tourret, en référence au limogeage de Delphine Batho. Le président des députés PRG, Roger-Gérard Schwartzenberg, a pour sa part ironiquement rappelé que François Hollande avait été «député de la Corrèze et maire de Tulle, ou président du conseil général... tout en étant par ailleurs premier secrétaire du PS, ce qui, dit-on, n’est pas une sinécure».
Dans l’opposition, la plupart des députés UDI vont voter contre, en récusant la comparaison avec les autres démocraties, où le cumul concerne moins de 20%, et souvent moins de 10%, des parlementaires. La France est à part, car elle présente , «la double caractéristique, unique au monde, d’être à la fois un État extrêmement centralisé et celui où le pouvoir exécutif national concentre le plus de pouvoir», selon leur porte-parole, Jean-Christophe Lagarde. Dans les autres pays, «les trois quarts des règles sont fabriquées par les élus territoriaux», qui n’ont pas besoin d’être parlementaires pour avoir de l’influence, a renchéri son collègue Michel Piron.
Le groupe UMP, est unanimement opposé au projet, selon son président Christian Jacob. Celui-ci, député-maire de Provins, a d’ailleurs appelé mercredi à la centaine de ses collègues de gauche qui partagent avec lui «le bonheur d’être maire» à ne pas approuver le projet de loi. Jean-Frédéric Poisson (UMP) a reproché au projet de «rompre avec l’ancrage territorial des parlementaires», mais plus fondamentalement d’affaiblir «l’autorité politique des élus, locaux comme nationaux».
Le député, a rétorqué M. Valls, «pourra non seulement conserver un ancrage dans sa commune en demeurant conseiller municipal, conseiller général ou conseiller régional» mais le mode de scrutin par circonscription «l’oblige à faire fructifier le lien de proximité avec les électeurs».
Une fois passée l’étape de l’Assemblée, le projet de loi arrivera à l’automne au Sénat, où il sera vraisemblablement rejeté. La grande majorité des sénateurs, droite et gauche confondus, y sont viscéralement opposés, en arguant que leur raison d’être est justement de représenter les élus locaux.
Il faudra donc alors que le texte revienne en seconde lecture à l’Assemblée, où une majorité absolue des députés devra l’approuver, pour surmonter l’opposition de la chambre haute. Ainsi, dès le vote en première lecture mardi prochain, le résultat du scrutin sera observé à cette aune : la majorité absolue de 289 sièges est-t-elle d’ores et déjà acquise?
Sénat: les sanctions en cas de diffusion du patrimoine d'élus supprimées
Paris (AFP)
La commission des Lois du Sénat a supprimé du projet de loi sur la transparence de la vie publique les sanctions contre les personnes qui auraient diffusé les déclarations de patrimoine des élu
La commission des Lois du Sénat a supprimé du projet de loi sur la transparence de la vie publique les sanctions contre les personnes qui auraient diffusé les déclarations de patrimoine des élus, a-t-on appris jeudi matin.
Dans un communiqué, la commission, qui s'est réunie dans la nuit, souligne qu'elle a supprimé "purement et simplement le paragraphe selon lequel +le fait de publier ou de divulguer+ ces déclarations était sanctionné d’un an de prison et de 45.000 euros d’amende". Ces sanctions avaient été introduites par un compromis avec l'Assemblée nationale, dont le président Claude Bartolone était hostile à la publication des patrimoines.
En revanche la commission sénatoriale a instauré des sanctions en cas de publication "mensongère ou délibérément inexacte" des déclarations de patrimoine.
"A partir du moment où ces déclarations sont consultables, comment ne pas tenir compte de la réalité des médias d'aujourd'hui et d'internet", avait estimé un sénateur PS en présentant devant son groupe cette initiative. "Les médias non liés par la loi française pourront la violer en toute impunité", avait-il ajouté.
La commission a maintenu les obligations déclaratives - déclarations d’intérêts et déclarations de situation patrimoniale - des membres du gouvernement, des parlementaires, des élus locaux, des collaborateurs et membres de cabinets ministériels ou présidentiels ainsi que des membres des autorités indépendantes et des hauts fonctionnaires.
S’agissant des incompatibilités, la commission a confirmé la création d’une nouvelle incompatibilité empêchant un parlementaire d’entamer une nouvelle activité au cours de son mandat et celle interdisant aux membres du Conseil constitutionnel d’exercer une activité parallèlement à leurs fonctions.
Elle a aussi conforté le rôle des bureaux des assemblées parlementaires pour définir des règles en matière de prévention et de traitement des conflits d’intérêts, ceci "en vertu du principe de séparation des pouvoirs".
Elle a par ailleurs adopté un amendement obligeant à rendre publique l’utilisation faite de la "réserve parlementaire", une somme mise à la disposition des députés et sénateurs pour financer des projets dans leurs circonscriptions.
"Je n'imagine pas que l'on vote une loi sur la transparence dans la vie politique dans laquelle l'usage de la réserve parlementaire n'a pas été inséré", avait dit l'auteure de l'amendement, Laurence Rossignol (PS).
Enfin la commission des Lois du Sénat a attribué de nouvelles prérogatives à la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Les projets de loi sur la transparence, décidés après le séisme de l'affaire Cahuzac et déjà adoptés en première lecture à l'Assemblée, seront étudiés au Sénat à partir du 9 juillet.
Dans un communiqué, la commission, qui s'est réunie dans la nuit, souligne qu'elle a supprimé "purement et simplement le paragraphe selon lequel +le fait de publier ou de divulguer+ ces déclarations était sanctionné d’un an de prison et de 45.000 euros d’amende". Ces sanctions avaient été introduites par un compromis avec l'Assemblée nationale, dont le président Claude Bartolone était hostile à la publication des patrimoines.
En revanche la commission sénatoriale a instauré des sanctions en cas de publication "mensongère ou délibérément inexacte" des déclarations de patrimoine.
"A partir du moment où ces déclarations sont consultables, comment ne pas tenir compte de la réalité des médias d'aujourd'hui et d'internet", avait estimé un sénateur PS en présentant devant son groupe cette initiative. "Les médias non liés par la loi française pourront la violer en toute impunité", avait-il ajouté.
La commission a maintenu les obligations déclaratives - déclarations d’intérêts et déclarations de situation patrimoniale - des membres du gouvernement, des parlementaires, des élus locaux, des collaborateurs et membres de cabinets ministériels ou présidentiels ainsi que des membres des autorités indépendantes et des hauts fonctionnaires.
S’agissant des incompatibilités, la commission a confirmé la création d’une nouvelle incompatibilité empêchant un parlementaire d’entamer une nouvelle activité au cours de son mandat et celle interdisant aux membres du Conseil constitutionnel d’exercer une activité parallèlement à leurs fonctions.
Elle a aussi conforté le rôle des bureaux des assemblées parlementaires pour définir des règles en matière de prévention et de traitement des conflits d’intérêts, ceci "en vertu du principe de séparation des pouvoirs".
Elle a par ailleurs adopté un amendement obligeant à rendre publique l’utilisation faite de la "réserve parlementaire", une somme mise à la disposition des députés et sénateurs pour financer des projets dans leurs circonscriptions.
"Je n'imagine pas que l'on vote une loi sur la transparence dans la vie politique dans laquelle l'usage de la réserve parlementaire n'a pas été inséré", avait dit l'auteure de l'amendement, Laurence Rossignol (PS).
Enfin la commission des Lois du Sénat a attribué de nouvelles prérogatives à la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Les projets de loi sur la transparence, décidés après le séisme de l'affaire Cahuzac et déjà adoptés en première lecture à l'Assemblée, seront étudiés au Sénat à partir du 9 juillet.
Début de la concertation avant la réforme des retraites
Le Monde.fr avec AFP
En recevant une par une les organisations syndicales et patronales, le gouvernement donne jeudi 4 juillet le coup d'envoi de la concertation sur les retraites en vue d'une réforme en septembre, qu'il veut "juste", mais qui va sensiblement alourdir le climat social.
Entouré des ministres concernés – Marisol Touraine pour les affaires sociales, Michel Sapin pour le travail, Marylise Lebranchu pour la fonction publique –, le premier ministre Jean-Marc Ayrault doit débuter ses auditions marathon par la délégation du syndicat des cadres CFE-CGC, menée par sa nouvelle secrétaire générale, Carole Couvert, une interlocutrice modérée.La fin de matinée sera moins facile face à la délégation CGT de Thierry Lepaon et celle, une heure plus tard, de Force ouvrière conduite par Jean-Claude Mailly. Ces deux grandes centrales sont les plus farouchement opposées à la réforme. Alors qu'elle avait formé le gros des bataillons en 2010 contre la réforme Sarkozy qui a mis fin à la retraite à 60 ans, la CGT s'apprête à nouveau à mener la contestation dans la rue, préparant déjà meetings et défilés pour septembre.
Dans les couloirs du pouvoir socialiste, on ne se fait aucune illusion. "Toute réforme est une ligne rouge pour la CGT", observe-t-on dans l'entourage de François Hollande. Déplorant de ne pas être écoutée quand elle réclame plus de ponctions sur le capital pour renflouer les caisses de retraite, la CGT rejette en bloc le rapport d'experts publié le mois dernier par la commission présidée par la haute fonctionnaire Yannick Moreau. Ce rapport préconise plusieurs mesures à prendre pour combler une partie des 20 milliards de déficit prévus à l'horizon 2020 par le Conseil d'orientation des retraites (COR). Une prévision trop optimiste, a toutefois jugé fin juin la Cour des comptes, qui anticipe un trou de 60 milliards en 2030 si rien n'est fait.
Parmi les mesures proposées dans le rapport Moreau figure en bonne place l'allongement de la durée de cotisation, qui est actuellement de 41,5 ans pour la génération 1955 et 1956. Cette mesure serait "juste", a estimé François Hollande, alors que serait "injuste", selon lui, un nouveau recul de l'âge légal de départ, que les organisations patronales sont les seules à réclamer.
Le syndicat Force ouvrière se tient, pour le moment, sur la même ligne que la CGT et refuse tout allongement de la durée de cotisation. Les deux frères ennemis pourraient même se retrouver côte à côte dans les manifestations de septembre.
CHÉRÈQUE : "JE VAIS À MATIGNON POUR OBTENIR DES CHOSES"
Sans grand espoir de convaincre les syndicats contestataires, le gouvernement va chercher à s'appuyer sur les réformistes, au premier rang desquels la CFDT. Bien qu'elle ne veuille pas apparaître comme l'interlocutrice privilégiée du pouvoir, comme en 2003 pour la réforme Fillon, la centrale de Laurent Berger veut être écoutée pour les mesures de "justice" qu'elle va proposer.
"Moi je vais [à Matignon] pour obtenir des choses, je ne suis pas de ceux qui vont à une concertation en annonçant déjà qu'elle va échouer", a déclaré le successeur de François Chérèque sur Europe 1. "A la fin de la concertation, qui n'est pas une négociation, la CFDT dira les points sur lesquels elle est d'accord et ceux sur lesquels elle est en désaccord", mais "la réforme, ce sera celle du gouvernement", a-t-il ajouté.
En matière de pénibilité par exemple, la CFDT souhaite que pour dix ans d'exposition à des facteurs de risque la durée de carrière soit réduite d'un an. La centrale cédétiste souhaite également des mesures pour les carrières morcelées, les femmes, les polypensionnés et pour améliorer la "lisibilité" des systèmes de retraite.
De leur côté les organisations patronales (Medef, CGPME, UPA), refusent toute hausse de cotisation et la sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation. "Ce sont à mon avis deux lignes jaunes qu'il ne faut pas dépasser", a affirmé mercredi Pierre Gattaz, tout juste intronisé nouveau patron du Medef et qui doit être reçu en fin de journée par le chef du gouvernement.
Voir aussi notre calculateur : "Retraites : calculez l'impact du rapport Moreau sur vos pensions"
Au lendemain de son éviction, Batho donne une conférence de presse
Delphine Batho, évincée mardi du gouvernement pour son manque de solidarité à propos de la question cruciale du budget, donne ce jeudi une conférence de presse à l'Assemblée nationale, l'occasion, a-t-elle prévenu, de "tout" dire sur "les circonstances de ce limogeage et ses conséquences".
Après l'éviction express de Delphine Batho, Jean-Marc Ayrault s'est justifié mercredi devant les députés, en s'efforçant de rassurer les écologistes sur les engagements du gouvernement.
"Dès 2014" sera amorcée une réforme de la fiscalité allant "dans le sens d'une fiscalité plus écologique, plus incitative", a souligné le Premier ministre devant l'Assemblée nationale.
"Nous n'attendrons pas la fin du quinquennat de François Hollande. C'est un engagement qu'il a pris, je le tiendrai", a-t-il ajouté, demandant à être jugé "aux actes et non aux paroles".
Devant des députés Europe Écologie Les Verts (EELV) aux visages fermés, le chef du gouvernement a également affirmé que les investissements qu'il annoncera le 9 juillet seraient "ambitieux" en matière de transports, d'investissement "pour l'efficacité énergétique" et "en matière d'innovation et de recherche, en terme d'organisation d'une filière industrielle de l'écologie".
Devant le Conseil des ministres, le chef de l?État a justifié son éviction par le fait qu'elle avait manqué, selon lui, au "principe majeur de solidarité gouvernementale".
Une justification martelée par Jean-Marc Ayrault lors de la séance des questions d?actualité à l'Assemblée nationale.
"Un des actes majeurs d'un gouvernement, c'est le budget", a-t-il souligné, et les critiques sur le budget préparé par le gouvernement pour 2014 ont constitué un "problème politique, de cohérence, un problème de solidarité gouvernementale".
"Ce n'est pas comme (le ministre de l?Éducation, Vincent) Peillon qui répondait une question sur le cannabis. Là elle est venue car elle avait quelque chose à dire, à exprimer", a-t-on fait valoir dans l'entourage de François Hollande.
La question des alliances aux municipales
Ce départ tambour battant de la socialiste Delphine Batho, qui s'était plainte mardi sur RTL d'un "mauvais" budget, et son remplacement, mercredi matin, par le député PS Philippe Martin a sérieusement secoué la majorité gouvernementale.
Avec 17 députés et 12 sénateurs, les partenaires écologistes du PS, représentés au gouvernement par deux ministres, Cécile Duflot (Logement) et Pascal Canfin (Développement), constituent un élément important de la solidité de la majorité que le chef de gouvernement ne peut ignorer.
Cavalier seul des Verts à Nantes
Plusieurs personnalités écologistes ont insisté mercredi matin sur le fait que leur maintien au gouvernement se ferait sous conditions. Ils avaient réclamé dès mardi soir des "engagements clairs et des actes" du gouvernement en matière d'écologie.
L'alliance d'EELV avec le PS est "effectivement en sursis", a admis le député-maire écologiste de Bègles, Noël Mamère.
Les Verts ont, à maintes reprises, prévenu les socialistes que la transition énergétique et la fiscalité étaient des points essentiels subordonnant leur appartenance à la majorité.
Lors de leurs Journées d'été, programmées fin août, les écologistes ont déjà décidé de discuter de leur appartenance à la majorité, alors qu'une récente étude commandée par le parti a montré que les militants étaient dubitatifs sur l'efficacité d'avoir des ministres.
Mais au-delà se pose également la question des alliances PS/EELV pour les élections municipales de mars prochain. Et dans ce domaine, les "actes" de l'exécutif en faveur de l'écologie feront partie des discussions entre les deux partis, même s'il devrait y avoir des villes où il n'y aura pas d'alliance.
Ce sera le cas à Nantes, la ville de Jean-Marc Ayrault, où les Verts feront cavalier seul. Cette décision s'explique par le projet de futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes, défendu par le Premier ministre et combattu avec vigueur par les écolos.
Mercredi matin, le limogeage de Mme Batho a suscité encore de nombreuses réactions dans la classe politique.
"Ce sont des machos", a dit Daniel Cohn-Bendit; "Hollande fort avec le faible et faible avec le fort" (Nathalie Kosciusko-Morizet, UMP), "visage autoritaire, machiste et violent" de Hollande (Jean-Luc Mélenchon, PG).
"Quand on est ministre, on ne négocie pas son budget sur les ondes de la radio", a commenté Alain Juppé (UMP) à "Questions d'Info" LCP/FranceInfo/LeMonde/AFP.
"J'ai regretté la méthode", a confié le député PS Jean-Marie Le Guen: "Un gouvernement, contrairement à ce que l'on dit, ce n'est pas un bloc de béton homogène, sinon on n'a qu'à mettre des automates".
Selon un sondage Harris Interactive pour RTL mercredi, 59% des Français n'approuvent pas le limogeage de Delphine Batho contre 41% qui saluent la décision de François Hollande et Jean-Marc Ayrault.
Selon le porte-parole diplomatique de l'Élysée, Romain Nadal, le chef de l'État français "s'apprête naturellement à évoquer en Tunisie les autres printemps arabes, en Syrie, en Libye et en Egypte".
Attendu à la mi-journée, François Hollande sera accueilli par son homologue tunisien Moncef Marzouki avant de multiplier les rencontres avec les différentes forces politiques du pays. Il effectuera ainsi la première visite d'un chef d'État français en Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011.
Vendredi, au deuxième et dernier jour de ce déplacement, il adressera depuis la tribune de l'Assemblée nationale constituante (ANC) un "message d'encouragement" aux parlementaires tunisiens qui peinent depuis plus d'un an et demi à doter leur pays d'institutions politiques pérennes et stables.
François Hollande qui s'est déjà rendu à deux reprises au Maghreb depuis son élection -en Algérie, en décembre 2012, puis au Maroc, en avril-, devrait appliquer à la lettre la devise "ni ingérence, ni indifférence" chère à l'ancienne puissance coloniale qui en a déjà usé avec plus ou moins de bonheur à l'égard de l'Afrique noire mais aussi du Québec.
Pour Paris, la Tunisie possède les atouts nécessaires pour réussir sa transition démocratique. "S'il y a un pays où ce qu'on a appelé le Printemps arabe a le plus de chances de réussir, c'est probablement la Tunisie", a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
"C'est un pays qui n'est pas très grand, qui a un niveau de développement important, où il y a une tradition du respect de la femme qui est importante, un pays qui a des ressources économiques, mais il faut l'aider", a-t-il ajouté.
François Hollande sera accompagné de Valérie Trierweiler, sa compagne, ainsi que d'une dizaine de ministres. Un absent de marque: Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur s'était attiré les foudres du parti islamiste au pouvoir Ennhada pour avoir mis en garde contre la montée d'un "fascisme islamique" au lendemain de l'assassinat de l'opposant tunisien Chokri Belaïd, le 6 février à Tunis.
La volumineuse délégation française comptera une quarantaine de dirigeants d'entreprise. Une vingtaine d'accords et de conventions, notamment de coopération, devraient être signés, notamment en matière de transport ferroviaire dans la région de Tunis ou de formation professionnelle des cadres de l'administration tunisienne.
Dans la délégation figureront aussi le cinéaste Abdellatif Kechiche, Palme d'or 2013 à Cannes, ou Souhayr Belhassen, ancienne présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH).
Le président français devrait rappeler publiquement l'importance que la France attache au "respect des libertés individuelles dans le monde", précise son entourage, mais "sans s'ingérer en aucune manière dans les affaires de la justice tunisienne".
A la veille de son déplacement, plusieurs ONG l'ont appelé à plaider en faveur d'un "système démocratique pleinement respectueux des droits humains" en Tunisie.
Ces organisations pointent une série de condamnations comme celle du rappeur Weld El 15. Ce dernier, condamné en première instance à deux ans ferme pour une chanson insultant la police, a cependant vu sa peine réduite à six mois avec sursis mardi en appel.
Trois militantes du groupe féministe Femen ont encore tenté mercredi de manifester seins nus devant l'Elysée à Paris en solidarité avec leur camarade tunisienne Amina Sbouï, à la veille de la visite du président français à Tunis.
Amina Sbouï attend en détention provisoire en Tunisie de savoir si elle sera inculpée pour avoir peint le mot "FEMEN" sur le muret d'un cimetière de Kairouan (150 km au sud de Tunis) en signe de protestation contre un rassemblement de la mouvance salafiste.
François Hollande devrait s'entretenir également avec la veuve de Farhat Hached, leader nationaliste et "père du syndicalisme tunisien" dont l'assassinat en 1952 a été attribué à La Main Rouge, une organisation paramilitaire active sous le protectorat français (1881-1956). Le président devrait à ce sujet annoncer l'ouverture des archives françaises relatives à cet assassinat et en remettre lui-même une copie à la famille.
François Hollande devrait l'annoncer aussi: la France, premier contributeur d'aide publique à la Tunisie, doit maintenir en 2014 son aide à son niveau actuel, soit près de 500 millions d'euros, et amorcer une conversion de la dette tunisienne à son égard (un milliard d'euros environ) pour financer des investissements.
Par
"Dès 2014" sera amorcée une réforme de la fiscalité allant "dans le sens d'une fiscalité plus écologique, plus incitative", a souligné le Premier ministre devant l'Assemblée nationale.
"Nous n'attendrons pas la fin du quinquennat de François Hollande. C'est un engagement qu'il a pris, je le tiendrai", a-t-il ajouté, demandant à être jugé "aux actes et non aux paroles".
Devant des députés Europe Écologie Les Verts (EELV) aux visages fermés, le chef du gouvernement a également affirmé que les investissements qu'il annoncera le 9 juillet seraient "ambitieux" en matière de transports, d'investissement "pour l'efficacité énergétique" et "en matière d'innovation et de recherche, en terme d'organisation d'une filière industrielle de l'écologie".
Devant le Conseil des ministres, le chef de l?État a justifié son éviction par le fait qu'elle avait manqué, selon lui, au "principe majeur de solidarité gouvernementale".
Une justification martelée par Jean-Marc Ayrault lors de la séance des questions d?actualité à l'Assemblée nationale.
"Un des actes majeurs d'un gouvernement, c'est le budget", a-t-il souligné, et les critiques sur le budget préparé par le gouvernement pour 2014 ont constitué un "problème politique, de cohérence, un problème de solidarité gouvernementale".
"Ce n'est pas comme (le ministre de l?Éducation, Vincent) Peillon qui répondait une question sur le cannabis. Là elle est venue car elle avait quelque chose à dire, à exprimer", a-t-on fait valoir dans l'entourage de François Hollande.
La question des alliances aux municipales
Ce départ tambour battant de la socialiste Delphine Batho, qui s'était plainte mardi sur RTL d'un "mauvais" budget, et son remplacement, mercredi matin, par le député PS Philippe Martin a sérieusement secoué la majorité gouvernementale.
Avec 17 députés et 12 sénateurs, les partenaires écologistes du PS, représentés au gouvernement par deux ministres, Cécile Duflot (Logement) et Pascal Canfin (Développement), constituent un élément important de la solidité de la majorité que le chef de gouvernement ne peut ignorer.
Cavalier seul des Verts à Nantes
Plusieurs personnalités écologistes ont insisté mercredi matin sur le fait que leur maintien au gouvernement se ferait sous conditions. Ils avaient réclamé dès mardi soir des "engagements clairs et des actes" du gouvernement en matière d'écologie.
L'alliance d'EELV avec le PS est "effectivement en sursis", a admis le député-maire écologiste de Bègles, Noël Mamère.
Les Verts ont, à maintes reprises, prévenu les socialistes que la transition énergétique et la fiscalité étaient des points essentiels subordonnant leur appartenance à la majorité.
Lors de leurs Journées d'été, programmées fin août, les écologistes ont déjà décidé de discuter de leur appartenance à la majorité, alors qu'une récente étude commandée par le parti a montré que les militants étaient dubitatifs sur l'efficacité d'avoir des ministres.
Mais au-delà se pose également la question des alliances PS/EELV pour les élections municipales de mars prochain. Et dans ce domaine, les "actes" de l'exécutif en faveur de l'écologie feront partie des discussions entre les deux partis, même s'il devrait y avoir des villes où il n'y aura pas d'alliance.
Ce sera le cas à Nantes, la ville de Jean-Marc Ayrault, où les Verts feront cavalier seul. Cette décision s'explique par le projet de futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes, défendu par le Premier ministre et combattu avec vigueur par les écolos.
Mercredi matin, le limogeage de Mme Batho a suscité encore de nombreuses réactions dans la classe politique.
"Ce sont des machos", a dit Daniel Cohn-Bendit; "Hollande fort avec le faible et faible avec le fort" (Nathalie Kosciusko-Morizet, UMP), "visage autoritaire, machiste et violent" de Hollande (Jean-Luc Mélenchon, PG).
"Quand on est ministre, on ne négocie pas son budget sur les ondes de la radio", a commenté Alain Juppé (UMP) à "Questions d'Info" LCP/FranceInfo/LeMonde/AFP.
"J'ai regretté la méthode", a confié le député PS Jean-Marie Le Guen: "Un gouvernement, contrairement à ce que l'on dit, ce n'est pas un bloc de béton homogène, sinon on n'a qu'à mettre des automates".
Selon un sondage Harris Interactive pour RTL mercredi, 59% des Français n'approuvent pas le limogeage de Delphine Batho contre 41% qui saluent la décision de François Hollande et Jean-Marc Ayrault.
Delphine Batho s’explique
L'ex-ministre de l'Ecologie a mis en cause Ayrault qui, selon elle, arbitre les budgets « sans discussion directe avec les ministres concernés » et accuse le gouvernement d’avoir cédé à « certaines forces économiques » qui « voulaient (sa) tête ».
Mercredi matin au lendemain de son « limogeage » du gouvernement pour avoir dénoncé un « mauvais budget », Delphine Batho avait promis de « tout » dire . Elle a convoqué ce jeudi après-midi une conférence de presse. Elle y a justifié ses propos de mardi matin sur RTL et son action au ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie.
Rappelant son parcours politique, elle a souligné que « pendant toutes ces années [elle] n’a jamais été prise en défaut par [son] camp. Je n’ai jamais fait la moindre bourde ou le moindre couac. J’ai le sens des responsabilités ». « Je n’ai commis ni une erreur ni une faute. Je n’ai pas manqué à la solidarité gouvernementale. »
Elle a mis en cause le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui, selon elle, arbitre les budgets « sans discussion directe avec les ministres concernés ». Elle a également accusé le gouvernement d’avoir cédé à « certaines forces économiques » qui « voulaient (sa) tête ».
« Lanceuse d’alerte pour l'écologie »
Le budget 2014 « marque un tournant par rapport à la volonté de mener à bien la transition écologique. Je n’ai pas accepté cela en silence », a-t-elle aussi déclaré. « Ce que je n’accepte pas, c’est le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom », a-t-elle souligné.
Revendiquant un statut de « lanceuse d’alerte pour l'écologie », elle a dit ne pas être « une victime », ne pas « accepter l’abandon, le fatalisme et le renoncement à l’appel du 6 Mai ». Delphine Batho a annoncé qu’à l’avenir elle va apporter « son aide et son expérience » à la Fondation Nicolas Hulot et retrouvera dans quelques semaines son siège de député de la 2e circonscription des Deux-Sèvres à l’Assemblée nationale.
Plus d’informations à suivre...
Hollande à Tunis: destin de l'Egypte et Printemps arabes au coeur de sa visite
PARIS, 04 juil 2013 - Les événements en Egypte s'inviteront inéluctablement jeudi à Tunis où le président français François Hollande entame une visite d'État dans le pays pionnier des Printemps arabes, lui-même en quête de stabilité politique.
Attendu à la mi-journée, François Hollande sera accueilli par son homologue tunisien Moncef Marzouki avant de multiplier les rencontres avec les différentes forces politiques du pays. Il effectuera ainsi la première visite d'un chef d'État français en Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011.
Vendredi, au deuxième et dernier jour de ce déplacement, il adressera depuis la tribune de l'Assemblée nationale constituante (ANC) un "message d'encouragement" aux parlementaires tunisiens qui peinent depuis plus d'un an et demi à doter leur pays d'institutions politiques pérennes et stables.
François Hollande qui s'est déjà rendu à deux reprises au Maghreb depuis son élection -en Algérie, en décembre 2012, puis au Maroc, en avril-, devrait appliquer à la lettre la devise "ni ingérence, ni indifférence" chère à l'ancienne puissance coloniale qui en a déjà usé avec plus ou moins de bonheur à l'égard de l'Afrique noire mais aussi du Québec.
Pour Paris, la Tunisie possède les atouts nécessaires pour réussir sa transition démocratique. "S'il y a un pays où ce qu'on a appelé le Printemps arabe a le plus de chances de réussir, c'est probablement la Tunisie", a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
"C'est un pays qui n'est pas très grand, qui a un niveau de développement important, où il y a une tradition du respect de la femme qui est importante, un pays qui a des ressources économiques, mais il faut l'aider", a-t-il ajouté.
François Hollande sera accompagné de Valérie Trierweiler, sa compagne, ainsi que d'une dizaine de ministres. Un absent de marque: Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur s'était attiré les foudres du parti islamiste au pouvoir Ennhada pour avoir mis en garde contre la montée d'un "fascisme islamique" au lendemain de l'assassinat de l'opposant tunisien Chokri Belaïd, le 6 février à Tunis.
La volumineuse délégation française comptera une quarantaine de dirigeants d'entreprise. Une vingtaine d'accords et de conventions, notamment de coopération, devraient être signés, notamment en matière de transport ferroviaire dans la région de Tunis ou de formation professionnelle des cadres de l'administration tunisienne.
Dans la délégation figureront aussi le cinéaste Abdellatif Kechiche, Palme d'or 2013 à Cannes, ou Souhayr Belhassen, ancienne présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH).
Le président français devrait rappeler publiquement l'importance que la France attache au "respect des libertés individuelles dans le monde", précise son entourage, mais "sans s'ingérer en aucune manière dans les affaires de la justice tunisienne".
A la veille de son déplacement, plusieurs ONG l'ont appelé à plaider en faveur d'un "système démocratique pleinement respectueux des droits humains" en Tunisie.
Ces organisations pointent une série de condamnations comme celle du rappeur Weld El 15. Ce dernier, condamné en première instance à deux ans ferme pour une chanson insultant la police, a cependant vu sa peine réduite à six mois avec sursis mardi en appel.
Trois militantes du groupe féministe Femen ont encore tenté mercredi de manifester seins nus devant l'Elysée à Paris en solidarité avec leur camarade tunisienne Amina Sbouï, à la veille de la visite du président français à Tunis.
Amina Sbouï attend en détention provisoire en Tunisie de savoir si elle sera inculpée pour avoir peint le mot "FEMEN" sur le muret d'un cimetière de Kairouan (150 km au sud de Tunis) en signe de protestation contre un rassemblement de la mouvance salafiste.
François Hollande devrait s'entretenir également avec la veuve de Farhat Hached, leader nationaliste et "père du syndicalisme tunisien" dont l'assassinat en 1952 a été attribué à La Main Rouge, une organisation paramilitaire active sous le protectorat français (1881-1956). Le président devrait à ce sujet annoncer l'ouverture des archives françaises relatives à cet assassinat et en remettre lui-même une copie à la famille.
François Hollande devrait l'annoncer aussi: la France, premier contributeur d'aide publique à la Tunisie, doit maintenir en 2014 son aide à son niveau actuel, soit près de 500 millions d'euros, et amorcer une conversion de la dette tunisienne à son égard (un milliard d'euros environ) pour financer des investissements.
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Egypte : le jour où Mohamed Morsi a été destitué
Le Monde.fr
Klaxons, feux d'artifice, tambours, pétards, sifflets et cris de joie. La bande son de la deuxième révolution égyptienne, c'est tout ça à la fois. Une cacophonie hilare, une sarabande jubilatoire, qui ont commencé dès les premiers mots, à la télévision, du général Abdel Fattah Al-Sissi, le ministre de la défense. Quelques minutes plus tard, il mettait un point final à la présidence Morsi.
Mais Esra Ahmed, une comptable de 35 ans, n'a même pas attendu la fin de son discours pour filer sur le pont Kasr El-Nil, en direction de la place Tahrir, une main dans celle de son mari, l'autre dans celle de sa meilleure amie. "C'est un nouveau début, un recommencement, on va corriger tout ce qui a été raté après la chute de Moubarak, a-t-elle confié à l'envoyé spécial du Monde, Benjamin Barthe, en zigzaguant entre les roulottes de patates douces et les vendeurs de fanions rouge-blanc-noir, aux couleurs de l'Egypte. Le peuple a repris le pouvoir. On va reconstruire le pays tous ensemble et on fera une place aux Frères musulmans, qui sont une composante de la société [...]. Ce que l'on a fait en trois jours, c'est un modèle pour le monde arabe et un modèle aussi pour l'Occident. La BBC n'a-t-elle pas dit qu'il s'agissait des plus grosses manifestations de l'histoire de l'humanité ?"Depuis dimanche 30 juin, ils étaient des centaines de milliers à demander le départ du président Mohamed Morsi, un an après son arrivée au pouvoir. La journée de mercredi s'annonçait alors sous tension : l'ultimatum de quarante-huit heures qu'avait fixé l'armée à ce dernier pour "satisfaire les revendications du peuple", sous peine de se voir imposer une "feuille de route", expirait à 16 h 30.
Relire notre récit en direct de la soirée en Egypte : Mohamed Morsi dénonce un 'coup d'Etat complet'
- Morsi destitué, la Constitution suspendue
Lire l'analyse : "La revanche du chef d'état-major Abdel Fattah Al-Sissi"
L'armée a évoqué peu après la tenue d'une élection présidentielle anticipée et la mise à l'écart de fait de Mohamed Morsi, une annonce accueillie par une explosion de joie par ses opposants qui manifestaient en masse à travers le pays. "Un comité chargé d'examiner les propositions d'amendements constitutionnels sera formé", a précisé le général. Un gouvernement regroupant "toutes les forces nationales" et "doté des pleins pouvoirs" sera chargé de "gérer la période actuelle". Ce plan a été discuté durant la journée entre l'armée, les responsables de l'opposition et les chefs religieux. L'opposant et ex-candidat à la présidentielle Amr Moussa, à la tête du parti libéral du Congrès, a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi que "les consultations commençaient maintenant pour un gouvernement et la réconciliation".
- Morsi appelle à résister au "coup d'Etat" : "Je suis le président élu d'Egypte"
Après avoir rejeté l'ultimatum mardi et mis en avant la "légitimité" que lui conférait son élection démocratique, M. Morsi a jusqu'au dernier moment tenté de régler la crise mercredi en proposa nt "un gouvernement de coalition et de consensus afin d'organiser des législatives à venir". Mais comme depuis le début de la crise, le président avait encore un temps de retard sur les événements.
Lire l'analyse : "Depuis le début de la crise, Morsi a toujours un temps de retard sur les événements"
Réagissant à son éviction, il a appelé les Egyptiens à résister "pacifiquement" à ce qu'il a qualifié de "coup d'Etat", a déclaré un de ses proches collaborateurs sous couvert de l'anonymat. "Ce qu'ils ont fait est illégal, ils n'ont pas autorité pour le faire", a-t-il ajouté.Dans un enregistrement vidéo diffusé en fin de soirée, il rappelait : "Je suis le président élu d'Egypte." Il a également "demandé au peuple de défendre [sa] légitimité" faisant planer le risque de la poursuite du bras de fer.
- Interdiction de quitter le pays
A la fin de janvier 2011, en plein soulèvement contre Hosni Moubarak, les gardiens des principales prisons du pays avaient pris la fuite en raison de mutineries, laissant les prisonniers s'échapper. C'est notamment comme cela que Khairat Al-Chater, le cerveau de la confrérie, qui dirigeait l'organisation de sa cellule, avait recouvré la liberté alors qu'il purgeait une peine de sept ans de réclusion, prononcée en 2008 par un tribunal militaire, pour blanchiment d'argent et financement des Frères musulmans, alors interdits.
- L'armée se déploie
Un journaliste de Reuters a vu des soldats prendre position aux abords de la mosquée Babaa Adaoueya où plusieurs dizaines de milliers de militants des Frères musulmans se sont rassemblés pour demander le respect de l'ordre constitutionnel.
D'après les services de sécurité, quatre partisans de Mohamed Morsi ont été tués et dix autres personnes blessées dans des affrontements avec militaires et policiers dans la ville de Marsa Matrouh, sur la côte méditerranéenne, près de la frontière libyenne. Un autre homme a péri dans des affrontements similaires à Alexandrie, la deuxième ville du pays.
- 300 Frères musulmans visés par des mandats d'arrêt
Des employés de la filiale égyptienne de la chaîne qatarie Al-Jazira, Al-Jazira Mobasher, ont également été arrêtés après la diffusion par la station de l'enregistrement d'un discours du président déchu.
Regarder nos explications en vidéo : "Pourquoi des millions d'Egyptiens sont descendus dans la rue"
Adly Mansour, un juge méconnu à la tête de l'Egypte
Le Monde.fr avec AFP
Son portrait n'a jamais figuré parmi ceux brandis par la foule dans les manifestations monstres qui secouent l'Egypte et rares sont ceux à le connaître. Pourtant, Adly Mansour, juge et président du Conseil constitutionnel, a été désigné mercredi 3 juillet par l'armée pour diriger le pays arabe le plus peuplé à la place de Mohamed Morsi. Un mandat qui s'annonce plus que délicat.
Le nouveau dirigeant devra tenir les rênes d'un pays divisé entre opposants et partisans du président déchu, le premier à avoir été élu démocratiquement en Egypte. Ironie du sort, c'est justement Mohamed Morsi qui avait nommé Adly Mansour président du Conseil constitutionnel à la mi-mai, fonctions qu'il a prises il y a seulement deux jours.
ANONYMAT RELATIF
Ce juge moustachu, âgé de 67 ans et père de trois enfants, a obtenu une bourse pour étudier à l'Ecole nationale d'administration (ENA) à Paris avant d'entamer une longue carrière judiciaire sous le régime de Hosni Moubarak. Il a exercé dans des tribunaux religieux, encadrés par l'Etat égyptien, où il émettait des fatwas ou des décrets, mais aussi dans des cours civiles et criminelles.
Contrairement aux principaux leaders d'opposition – comme le prix Nobel de la paix Mohammed El-Baradei ou l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa – son nom n'est jamais apparu parmi les successeurs potentiels de M. Morsi. Cet anonymat relatif a probablement intéressé les militaires désireux de mettre en avant une figure neutre pour assurer une transition mouvementée.
Égypte. Mandat d’arrêt contre le chef des Frères musulmans
Le parquet égyptien a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de Mohamed Badie, chef de file des Frères musulmans, et de son adjoint Khaïrat al Chater, a-t-on appris jeudi de sources judiciaires et militaires au lendemain de l’éviction du président Mohamed Morsi.
Homme d’affaires fortuné, Khaïrat al Chater est considéré comme le principal stratège politique de la confrérie. Il était le premier choix du mouvement islamiste pour l’élection présidentielle de 2012, mais des antécédents judiciaires l’ont contraint à céder la place à Mohamed Morsi.
Invités à « participer à la construction de la nation »
« Les Frères musulmans font partie du peuple et ils sont invités à participer à la construction de la nation dont personne n’est exclu et, s’ils répondent à cette invitation, ils seront les bienvenus », a déclaré jeudi le président égyptien par intérim Adli Mansour, rapporte le journal Al Ahram.
Le juge Mansour, président de la Haute Cour constitutionnelle, avait succédé un peu plus tôt à Mohamed Morsi, issu de la confrérie et déposé la veille par l’armée.
Avion de Morales: retour du président Morales à La Paz avec les regrets de Paris
LA PAZ - Le président bolivien Evo Morales a finalement atterri à l'aéroport d'El Alto, près de La Paz, mercredi à 23H39 locales (03H39 GMT jeudi), après un voyage tumultueux et une escale forcée à Vienne qui lui a valu les regrets de la France.
Paris s'est montré quelque peu embarrassé face à l'imbroglio diplomatique provoqué par le refus pendant quelques heures du survol du territoire par l'avion du président bolivien, d'abord soupçonné de transporter l'informaticien américain Edward Snowden.
Certains pays d'Europe doivent se libérer de l'empire nord-américain, mais nous, nous n'avons pas peur parce que nous sommes un peuple digne et souverain, a déclaré le président bolivien dans un bref discours à l'aéroport.
Mercredi, le ministère des Affaires étrangères bolivien avait annoncé qu'il rejetait la demande d'extradition des Etats-Unis concernant Edward Snowden: Il s'agit d'une demande d'extradition surprenante, illégale, infondée et suggestive qui sera rejetée d'une manière immédiate et catégorique, indique le communiqué du ministère.
Tentant d'apaiser la tension née entre les deux pays, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius avait auparavant téléphoné à son homologue, David Choquehuanca, pour l'assurer que Paris n'avait jamais eu l'intention de refuser le survol du territoire français à l'avion du président bolivien.
Laurent Fabius a fait part des regrets de la France suite au contretemps occasionné pour le président Morales par les retards dans la confirmation de l'autorisation de survol du territoire par l'avion du président, a indiqué le porte-parole du ministère, Philippe Lalliot, dans un communiqué.
Lors de cet entretien, M. Fabius a souligné que l'autorisation de survol avait été confirmée dès que les autorités françaises avaient été informées que l'aéronef en question était celui du président Morales. Il a également indiqué qu'il n'y avait, naturellement, jamais eu d'intention de refuser l'accès à notre espace aérien à l'avion du président Morales, qui est toujours le bienvenu dans notre pays, a poursuivi le porte-parole.
Auparavant, le président François Hollande avait assuré avoir immédiatement donné l'autorisation de survol de la France à l'avion d'Evo Morales... quand il a appris que ce dernier était à bord de l'appareil.
Il y avait des infos contradictoires sur les passagers qui étaient à bord, a dit M. Hollande, en allusion aux fausses allégations sur la présence d'Edward Snowden, à l'origine de révélations explosives sur la surveillance électronique américaine et recherché par Washington.
Dès lors que j'ai su que c'était l'avion du président bolivien, j'ai donné immédiatement l'autorisation de survol du territoire français, a-t-il ajouté.
Mais l'appareil, parti de Moscou et en route vers l'archipel espagnol des Canaries avant de regagner la Bolivie, a été contraint mardi soir de faire escale à Vienne, où il est resté bloqué pendant 13 heures, après s'être vu refuser l'entrée dans l'espace aérien de plusieurs pays européens.
Il a finalement pu décoller mercredi en fin de matinée après que l'Autriche et la Bolivie ont confirmé que Snowden ne se trouvait pas à bord. Evo Morales a qualifié cette escale forcée d'erreur historique et d'agression.
La réaction a été forte en Bolivie, où selon un député, le Parlement s'apprête à demander l'expulsion du pays des ambassadeurs de France, du Portugal et d'Italie, en représailles à l'interdiction de survol. Des incidents ont eu lieu également près de l'ambassade de France en Bolivie, avec jets de pierres et incendie de drapeaux français.
Les explications des autorités n'ont pas non plus satisfait une bonne partie de la classe politique française, qui a dénoncé, à gauche comme à droite, un asservissement de la France aux intérêts américains.
François Hollande avait réagi très vivement lundi aux révélations sur l'espionnage d'institutions de l'Union européenne et d'Etats européens dont sont soupçonnés les États-Unis, assurant que la France ne pouvait pas accepter ce type de comportement, qui doit cesser immédiatement.
Mais mardi, après les déclarations du président bolivien, en marge de sa visite à Moscou, se disant prêt à accueillir Edward Snowden, plusieurs pays européens dont la France avaient refusé dans un premier temps que l'avion d'Evo Morales traverse leur espace aérien, soupçonnant que l'informaticien américain se trouvait à bord.
Et Paris, qui plaidait encore mercredi matin pour une suspension temporaire du processus de négociations avec les Etats-Unis sur un accord de libre échange en raison de ces révélations, avait ensuite changé de ton, pour accepter de lancer ces négociations le 8 juillet.
Albert II abdique: «Tellement homme, et finalement tellement roi»
Les éditorialistes francophones se montrent élogieux envers le règne du Roi Albert II qui renonce au trône en faveur du Prince Philippe. Pour les éditorialistes flamands, l’annonce de l’abdication n’est pas une surprise, mais le moment choisi l’est par contre. Revue de presse
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Les éditorialistes francophones évoquent notamment la personnalité du souverain, plus « homme que roi ». Quant aux éditorialistes flamands, ils sont surpris qu’Albert II n’ait pas attendu la formation du prochain gouvernement avant de passer le flambeau à son fils, le prince Philippe.
Au sujet du Prince Philippe, l’éditorialiste estime que le Roi a envoyé un « message clair : mon successeur est prêt, c’est l’heure de Philippe (…) N’en déplaise à ceux qui se livrent régulièrement à des procès en incompétence dont le seul but, en attaquant la monarchie et ceux qui l’incarnent, est bien de saper l’un des rares éléments stabilisateurs de ce pays ».
Dans La Dernière Heure, Ralph Vankrinkelveldt adresse au Roi un « Merci Sire ! ». « Il n’était pas un Roi comme les autres. Albert II fut plus un homme qu’un souverain (…) Courage, sagesse, sérénité, autorité sont les premiers mots qui nous viennent à l’esprit. Simplicité, empathie sont les qualificatifs qui lui colleront à la peau. »
L’éditorialiste recommande également au Prince Philippe de se montrer « vigilant, car derrière la montagne se cachent des loups ».
Dans L’Avenir, Thierry Dupièreux insiste sur le « vous » prononcé par le Roi. « Vous avez sans doute été nombreux à ressentir comme un frisson. Se faire interpeller, comme ça, dans un discours aussi essentiel avait quelque chose de fort, mais également de très intelligent (…) Albert II ne semble pas seulement avoir passé le flambeau à son seul successeur. Il l’a aussi transmis à ses concitoyens, seuls titulaires de la souveraineté ».
Selon l’éditorialiste, ce « vous » a également pour objectif de demander de l’indulgence « vis-à-vis d’un prince qui va devenir roi, vis-à-vis de Philippe qui va devoir tuer quelques a priori et craintes à son égard ».
Béatrice Delvaux évoque dans Le Soir un moment « historique », même s’il n’était pas inattendu, et parle d’une « décision d’une grande modernité », plaçant les Belges « face à leur destin ».
« Après vingt ans de règne et à 80 ans, le Roi prend une décision sage, responsable et annoncée qui plus est avec cette grande simplicité qui lui est coutumière ». Et l’éditorialiste d’évoquer, comme d’autres, la compassion et la chaleur apportées par le roi Albert II aux Belges dans les moments tragiques vécus par le pays ainsi que son « sens aigu des responsabilités dans des crises politiques d’une profonde gravité », soulignant le rôle fondamental joué par le Roi dans les négociations de 2010-2011.
Concernant le prince Philippe, Le Soir estime qu’en partant, le roi Albert II laisse à son fils un message « très clair : la monarchie n’est pas là pour se perpétuer, mais pour se moderniser, au service de son pays ». Béatrice Delvaux conclut en soulignant le fait que le roi Albert II a indiqué, dans sa déclaration, que la responsabilité de la suite que l’on donnera à la monarchie et à la Belgique est dans les mains de ses « principaux et uniques décideurs – la population belge ». « La Belgique est une démocratie. Ce sont les électeurs et les hommes politiques qu’ils élisent qui décideront du futur de ce pays. C’est le dernier grand mérite d’Albert II en partant que de l’avoir rappelé aux nationalistes, aux républicains, aux monarchistes et… à son fils, remettant la balle du match noir-jaune-rouge, là où elle va se jouer : pas dans le camp de Philippe Ier, mais dans le camp des Belges ».
Dans Sudpresse, Michel Marteau rend hommage à l’homme derrière le souverain et parle du roi Albert II comme d’un homme « marqué par l’émotion », dont les mains tremblent, qui nous parle « les yeux dans les yeux », avec un ton « profondément humain ». « On a envie de lui répondre, de lui dire qu’on le comprend, qu’à sa place… Déjà, la silhouette de Philippe Ier se superpose à celle du père. Celui-ci nous dit au revoir, il dit qu’on le reverra, mais sa vie est désormais ailleurs. Et on a soudain très froid. »
Martine Maelschalck évoque également dans l’Echo la personnalité du roi Albert II, « l’homme qui ne devait pas être roi », « gai luron, bon vivant, prince dilettante » qui est devenu « l’un des meilleurs monarques que la Belgique ait connus. Tellement homme, et finalement tellement roi. ». Elle cite également sa chaleur, son empathie pour tous les Belges meurtris par les accidents ou les catastrophes, et les tensions et changements auxquels Albert II a dû faire face tout au long de son règne.
« C’est à la fois le roi et l’homme qui s’est adressé à la Nation : un roi qui s’effaçait pour laisser à son fils le temps de prendre sa place avant de nouvelles élections périlleuses ; un homme qui avait choisi d’annoncer sa décision debout, regardant chacun les yeux dans les yeux. Merci, Sire. Et… qu’il nous soit permis : bonne chance, Philippe ! »
Albert II est dans l’ensemble décrit comme un Roi enjoué, moderne, consciencieux et qui s’est rarement occupé de politique, ou est du moins resté neutre politiquement, « bien que son rôle, en raison des circonstances – voyez notamment la formation du gouvernement en 2010-2011 qui a pris plus de 500 jours – était pourtant parfois bon gré mal gré coloré politiquement », indique Isabel Albers dans le quotidien De Tijd.
De nombreux connaisseurs voient également dans cette passation de pouvoir une occasion de limiter la fonction du souverain à une fonction protocolaire. « C’est aussi la seule version de la monarchie héréditaire qui subsiste intellectuellement dans une société moderne et un pays compliqué comme la Belgique », explique notamment Bart Sturtewagen dans De Standaard.
En ce qui concerne le futur roi Philippe, de nombreux éditorialistes déclarent qu’il faut maintenant attendre et voir venir. « Le futur roi Philippe va-t-il prendre pour modèle le ’roi-prêtre’ Baudouin, ou son père souriant, un homme avec des faiblesses humaines », s’interroge Yves Desmet dans le journal De Morgen.
Eric Doncker du quotidien Het Belang van Limburg voit lui déjà, comme de nombreux autres, dans la formation du nouveau gouvernement l’an prochain le test décisif pour le nouveau souverain.
Pour Luc Van Der Kelen du Het Laatste Nieuws, « tout souverain doit suivre sa voie, le prince Philippe également. ’La fonction crée le roi’».
Les éditorialistes francophones évoquent notamment la personnalité du souverain, plus « homme que roi ». Quant aux éditorialistes flamands, ils sont surpris qu’Albert II n’ait pas attendu la formation du prochain gouvernement avant de passer le flambeau à son fils, le prince Philippe.
Les éditorialistes francophones jettent un regard élogieux sur le règne d’Albert II
Dans La Libre Belgique, Vincent Slits estime que le Roi a « pris ses responsabilités avec humilité, sincérité et respect envers les institutions et ses concitoyens ». L’éditorialiste poursuit en rendant hommage à Albert II qui aura « au-delà des moments de crise où il a parfaitement joué son rôle, incarné un règne fort, courageux et chaleureux ».Au sujet du Prince Philippe, l’éditorialiste estime que le Roi a envoyé un « message clair : mon successeur est prêt, c’est l’heure de Philippe (…) N’en déplaise à ceux qui se livrent régulièrement à des procès en incompétence dont le seul but, en attaquant la monarchie et ceux qui l’incarnent, est bien de saper l’un des rares éléments stabilisateurs de ce pays ».
Dans La Dernière Heure, Ralph Vankrinkelveldt adresse au Roi un « Merci Sire ! ». « Il n’était pas un Roi comme les autres. Albert II fut plus un homme qu’un souverain (…) Courage, sagesse, sérénité, autorité sont les premiers mots qui nous viennent à l’esprit. Simplicité, empathie sont les qualificatifs qui lui colleront à la peau. »
L’éditorialiste recommande également au Prince Philippe de se montrer « vigilant, car derrière la montagne se cachent des loups ».
Dans L’Avenir, Thierry Dupièreux insiste sur le « vous » prononcé par le Roi. « Vous avez sans doute été nombreux à ressentir comme un frisson. Se faire interpeller, comme ça, dans un discours aussi essentiel avait quelque chose de fort, mais également de très intelligent (…) Albert II ne semble pas seulement avoir passé le flambeau à son seul successeur. Il l’a aussi transmis à ses concitoyens, seuls titulaires de la souveraineté ».
Selon l’éditorialiste, ce « vous » a également pour objectif de demander de l’indulgence « vis-à-vis d’un prince qui va devenir roi, vis-à-vis de Philippe qui va devoir tuer quelques a priori et craintes à son égard ».
Béatrice Delvaux évoque dans Le Soir un moment « historique », même s’il n’était pas inattendu, et parle d’une « décision d’une grande modernité », plaçant les Belges « face à leur destin ».
« Après vingt ans de règne et à 80 ans, le Roi prend une décision sage, responsable et annoncée qui plus est avec cette grande simplicité qui lui est coutumière ». Et l’éditorialiste d’évoquer, comme d’autres, la compassion et la chaleur apportées par le roi Albert II aux Belges dans les moments tragiques vécus par le pays ainsi que son « sens aigu des responsabilités dans des crises politiques d’une profonde gravité », soulignant le rôle fondamental joué par le Roi dans les négociations de 2010-2011.
Concernant le prince Philippe, Le Soir estime qu’en partant, le roi Albert II laisse à son fils un message « très clair : la monarchie n’est pas là pour se perpétuer, mais pour se moderniser, au service de son pays ». Béatrice Delvaux conclut en soulignant le fait que le roi Albert II a indiqué, dans sa déclaration, que la responsabilité de la suite que l’on donnera à la monarchie et à la Belgique est dans les mains de ses « principaux et uniques décideurs – la population belge ». « La Belgique est une démocratie. Ce sont les électeurs et les hommes politiques qu’ils élisent qui décideront du futur de ce pays. C’est le dernier grand mérite d’Albert II en partant que de l’avoir rappelé aux nationalistes, aux républicains, aux monarchistes et… à son fils, remettant la balle du match noir-jaune-rouge, là où elle va se jouer : pas dans le camp de Philippe Ier, mais dans le camp des Belges ».
Dans Sudpresse, Michel Marteau rend hommage à l’homme derrière le souverain et parle du roi Albert II comme d’un homme « marqué par l’émotion », dont les mains tremblent, qui nous parle « les yeux dans les yeux », avec un ton « profondément humain ». « On a envie de lui répondre, de lui dire qu’on le comprend, qu’à sa place… Déjà, la silhouette de Philippe Ier se superpose à celle du père. Celui-ci nous dit au revoir, il dit qu’on le reverra, mais sa vie est désormais ailleurs. Et on a soudain très froid. »
Martine Maelschalck évoque également dans l’Echo la personnalité du roi Albert II, « l’homme qui ne devait pas être roi », « gai luron, bon vivant, prince dilettante » qui est devenu « l’un des meilleurs monarques que la Belgique ait connus. Tellement homme, et finalement tellement roi. ». Elle cite également sa chaleur, son empathie pour tous les Belges meurtris par les accidents ou les catastrophes, et les tensions et changements auxquels Albert II a dû faire face tout au long de son règne.
« C’est à la fois le roi et l’homme qui s’est adressé à la Nation : un roi qui s’effaçait pour laisser à son fils le temps de prendre sa place avant de nouvelles élections périlleuses ; un homme qui avait choisi d’annoncer sa décision debout, regardant chacun les yeux dans les yeux. Merci, Sire. Et… qu’il nous soit permis : bonne chance, Philippe ! »
Le bilan du roi Albert II est positif pour les éditorialistes flamands
L’annonce de l’abdication du roi Albert II n’est pas une surprise, mais le moment choisi l’est par contre, soulignent les éditorialistes flamands. Le Roi est fatigué, il a des problèmes de santé et sa vie privée et sa famille ont fait l’objet ces derniers temps de nombreuses discussions.Albert II est dans l’ensemble décrit comme un Roi enjoué, moderne, consciencieux et qui s’est rarement occupé de politique, ou est du moins resté neutre politiquement, « bien que son rôle, en raison des circonstances – voyez notamment la formation du gouvernement en 2010-2011 qui a pris plus de 500 jours – était pourtant parfois bon gré mal gré coloré politiquement », indique Isabel Albers dans le quotidien De Tijd.
De nombreux connaisseurs voient également dans cette passation de pouvoir une occasion de limiter la fonction du souverain à une fonction protocolaire. « C’est aussi la seule version de la monarchie héréditaire qui subsiste intellectuellement dans une société moderne et un pays compliqué comme la Belgique », explique notamment Bart Sturtewagen dans De Standaard.
En ce qui concerne le futur roi Philippe, de nombreux éditorialistes déclarent qu’il faut maintenant attendre et voir venir. « Le futur roi Philippe va-t-il prendre pour modèle le ’roi-prêtre’ Baudouin, ou son père souriant, un homme avec des faiblesses humaines », s’interroge Yves Desmet dans le journal De Morgen.
Eric Doncker du quotidien Het Belang van Limburg voit lui déjà, comme de nombreux autres, dans la formation du nouveau gouvernement l’an prochain le test décisif pour le nouveau souverain.
Pour Luc Van Der Kelen du Het Laatste Nieuws, « tout souverain doit suivre sa voie, le prince Philippe également. ’La fonction crée le roi’».
Espionnage : Obama tente d’amadouer les Européens
Barack Obama tente d’adoucir le courroux européen après les révélations du scandale Prism. Américains et Européens discuteront renseignement et protection de la vie privée dès lundi, en marge de la négociation d’un traité de libre échange.
Barack Obama a déclaré mercredi lors d’une discussion téléphonique avec Angela Merkel qu’il prenait « au sérieux » les inquiétudes européennes après les accusations d’espionnage par les services américaines du renseignement.
Le président américain et la chancelière allemande sont également convenus d’organiser dans les prochains jours une « réunion à haut niveau » sur ce sujet.
L’Union européenne et plusieurs capitales européennes ont réclamé des explications de la part de Washington à la suite des révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage de ses alliés européens. Le lanceur d’alerte Edward Snowden reste, lui, toujours invisible.
Dans un communiqué, la Maison blanche a rapporté que « le président avait assuré à la chancelière que les Etats-Unis prennent au sérieux les inquiétudes de nos alliés et partenaires européens ».
Représentants américains et européens discuteront des questions liées au renseignement et à la protection de la vie privée dès lundi prochain, en marge de la première séance de négociations d’un traité de libre échange transatlantique.
En outre, une réunion sera organisée entre responsables américains et allemands de la sécurité dans les prochains jours.
Obama et Merkel ont par ailleurs réaffirmé leur soutien au lancement des négociations du TTIP, ce partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement.
Certains responsables européens, dont François Hollande, avaient proposé de repousser l’ouverture des négociations sur traité de libre échange à la suite des accusations d’espionnage.
Source Reuters
EGYPTE: L'ARMEE MET FIN A L'ERE MORSI
Le Figaro (Pierre Rousselin) La sanction de l'échec des islamistes.
"Mohammed Morsi s'est révélé encore plus incapable de gérer son pays que ne l'avait été Hosni Moubarak.À la différence de son prédécesseur, qui s'était maintenu à la tête de l'Égypte pendant trente longues années, le président islamiste, élu dans la plus stricte légitimité ilyaunan, aura très vite soulevé la vague de contestation qui est en passe de l'emporter. Les événements auxquels nous venons d'assister place Tahrir ressemblent beaucoup à ceux qui s'y sont déroulés en 2011 et qui avaient conduit à la chute du dictateur. Maintenant comme à l'époque, les contestataires sont le fer de lance du mouvement révolutionnaire. Mais, en coulisse, c'est toujours l'armée qui a le dernier mot. Face au soulèvement de la jeunesse urbaine, les généraux avaient, il y a deux ans, lâché le patriarche en bout de course et son clan d'affairistes. Ainsi ont-ils préservé leurs prébendes et leurs intérêts économiques et industriels considérables, qui font de l'institution militaire un État dans l'État égyptien...Une fois installé au pouvoir, avec 51,7% des voix, Morsi a présidé une parodie de démocratie. Sans rien régler des problèmes économiques, sans tenir compte des intérêts du pays, il a imposé la loi de son propre mouvement, le droit de vote n'étant pour ses partisans, qu'un moyen de faire régner la dictature du plus grand nombre. En un an, l'opposition s'est mieux organisée. L'armée, qui s'était accommodée de Morsi, l'a finalement lâché, à son tour. La partie est délicate : il faut éviter l'apparence d'un putsch qui compromettrait l'aide américaine, éviter aussi que les islamistes se présenter en victimes d'un coup d'État contre une démocratie qu'ils n'ont jamais su, ni voulu, faire fonctionner."
Libération (Fabrice Rousselot)
"Le spectre d'un retour vers le passé. La peur d'une guerre civile et d'un coup d'Etatmilitaire dans la violence comme l'Egypte en a malheureusement déjà connu. En un an de pouvoir, Mohamed Morsi n'a pas su faire la preuve qu'un islam modéré peut évidemment s'inscrire dans un cadre démocratique. Il a, au contraire, suivi sa propre dérive autoritaire, focalisant toutes les frustrations autour de sa réforme controversée de la Constitution, qui porte clairement atteinte aux libertés publiques et aux libertés religieuses. Et ravive les pires inquiétudes. Dans un pays exsangue,Mohamed Morsi n'a pas su répondre non plus aux aspirations économiques d'une population lassée de voir, depuis des décennies, les richesses se concentrer entre les mains de l'élite politique. Aujourd'hui donc, l'armée a repris la main, avec tous les dangers que cela comporte. Les militaires, qui se sont engagés à organiser une nouvelle élection présidentielle, ont la responsabilité de prendre la voie du dialogue et non celle des armes, afin que pouvoir et opposition trouvent une porte de sortie."
Ouest France (Laurent Marchand)
"C'était devenu depuis quelques jours la seule issue prévisible. Sous la pression de la rue. Sous le poids de ses échecs économiques et politiques. Mohamed Morsi, le premier président civil élu démocratiquement de l'Égypte moderne, a été renversé. L'armée est à la manoeuvre, par le biais du général al-Sissi, le chef des armées et ministre de la Défense. La foule scandait son nom sur la place Tahrir depuis dimanche. Devant le risque croissant de guerre civile, l'intervention de l'armée était souhaitée par une large part de l'opinion. Officiellement, lesmilitaires n'entendent pas gouverner, autrement dit revenir à la situation qui prévalait sous Moubarak, mais guider une transition. Tenter de la remettre sur les rails où les Frères musulmans n'ont pas su la tenir. Rédiger une nouvelle constitution...Ce qui est encore totalement imprévisible, c'est l'impact que ce retour du pouvoir de l'armée aura sur toutes les composantes de l'islam politique...Au Caire, c'est l'armée qui écoute la rue à présent. Tout en conservant sa position ultradominante sur l'économie, la sécurité et la politique égyptienne. C'est la révolution qui est permanente, ou la contre-révolution ?"
Le Journal de la Haute Marne (Patrice Chabanet)
"Un coup d'Etat militaire n'est jamais l'expression d'un bon bilan de santé démocratique. Mais entre deux maux il faut choisir le moindre. C'est du moins l'objectif que s'est assigné l'armée égyptienne en suspendant la Constitution du pays et en destituant le président Morsi. Ce dernier, démocratiquement élu c'est vrai, n'a pas su fédérer les énergies d'un pays exsangue. Il n'a pas été capable non plus d'endiguer la montée de groupes plus radicaux que les Frères musulmans, comme en témoignent les agressions contre les chrétiens coptes. L'armée a promis de retourner dans les casernes après une période de transition. Encore faut-il que la classe politique parvienne à réduire ses divisions et à mieux délimiter les prérogatives de la religion. L'Egypte entre donc dans une période d'incertitude où les extrémistes, les salafistes en particulier, vont pousser leurs pions...C'est le président de la Cour constitutionnelle qui assurera l'intérim à la tête de l'Etat. Et ce sont des experts civils qui formeront le gouvernement provisoire. Reste à savoir ce que fera l'Egypte des campagnes, fortement imprégnée de la propagande islamiste. Jusqu'à présent, c'est l'Egypte des villes qui s'est fait entendre. Un univers sépare les deux. Les nouveaux maîtres du Caire sauront-ils les rapprocher ? Rien n'est moins sûr."
L'Est Républicain (Alain Dusart)
"Comme la société égyptienne, la place Tahrir au Caire, ressemble à un kaléidoscope, inquiétant car en fusion. On y voit des jeunes branchés sur le XXIe siècle, des quadras las d'une dictature chassant l'autre, de troubles larrons en quête de mauvais coups, d'ex-miliciens et autres nervis nostalgiques en quête d'un régime autoritaire. Sur cette place bigarrée, théâtre de tous les espoirs, on y rêve d'un avenir meilleur, on y viole de jeunes femmes en fleur. Ici réside tout le paradoxe de l'Égypte, entre quête de modernité et de démocratie, et bestialité d'une génération de frustrés élevés au biberon des tabous et des interdits. L'ultimatum de la toute puissante armée a expiré hier. L'impopulaire président islamiste Mohamed Morsi a finalement été renversé. Mais les militaires le savent bien: s'ils mènent un coup d'État à leur seul profit, ils perdront le soutien américain. Dans ce tourbillon, les Frères musulmans ont beaucoup à perdre. Certes, ils ont une légitimité démocratique, mais elle a fondu. Les islamistes ont agrégé toutes les colères en un an. Si les généraux déposent Morsi, les Frères musulmans garderont une capacité de nuire. Leurs partisans endoctrinés pour-ront saboter cette révolution bis, avec le risque jamais loin d'une guerre civile."
Les Dernières Nouvelles d'Alsace (Dominique Jung)
"Parvenue aux commandes de l'Egypte après des décennies de brimades, de répressions et d'incarcérations, la confrérie des Frères musulmans n'a pas su tenir le choc du pouvoir. Cet échec pèsera dans son histoire. C'est parce qu'il a multiplié les promesses sans les appuyer sur une méthode solide que Mohamed Morsi a perdu sa présidence. Son bilan est calamiteux. Élu démocratiquement, il a présidé arbitrairement. Son erreur a été de penser que parce qu'il avait gagné un scrutin, il pouvait ignorer les attentes de la société civile. Or gouverner un pays, c'est comprendre qu'on devient le président de tous les citoyens, et pas juste de la frange qui vous a hissé au pouvoir. Morsi s'est comporté en otage d'un parti plus qu'en chef d'État, il a piétiné le pouvoir législatif, cela lui a été fatal. Pour autant, le déploiement de blindés constaté hier relève du coup d'État militaire. Morsi restera comme le premier civil égyptien porté à la présidence de la République après une succession de soldats, de Nasser à Moubarak. Il était aussi le premier Égyptien élu à travers une élection au suffrage universel direct. Son mandat avait tout juste un an. Quelle que soit la pression de la rue, aucun pays d'Europe n'admettrait que l'on pose un cercle de barbelés autour du chef de l'État pour l'assigner à résidence. Le respect des procédures et des calendriers est aussi une façon de mesurer le niveau démocratique d'un pays. L'armée est maintenant face à ses responsabilités."
La République des Pyrénées (Jean-Marcel Bouguereau)
"C'est un paradoxe comme l'histoire les aime : en Egypte un mouvement démocratique qui a vu ces derniers jours des foules immenses descendre dans la rue en a appelé aux forces armées pour évincer un président démocratiquement élu, au nom de la défense de la révolution qui s'était faite contre l'armée ! C'est cette même armée, à l'origine de plusieurs décennies de régimes autoritaires, qui vient de mettre fin à une présidence jugée trop autoritaire ! Car c'est un coup d'état très en douceur qui a eu lieu hier en Egypte, même si les partisans du Président Morsi ont évidemment dénoncé une +rébellion militaire+ qu'ils sont prêts à combattre en versant leur sang. De quoi préparer un futur très incertain à une Egypte qui souffre économiquement, dont les institutions sont faibles et où aucun leader crédible n'émerge. Dans ce pays où l'armée a conservé un énorme crédit, on trouvait ces derniers jours des pancartes portant l'inscription +l'armée et le peuple, une seule main+, cette transition a été mûrement préparée. L'armée a multiplié les ultimatums. Mais en vain, Morsi ne se décidant à aucune concession. Jusqu'à celui intimant au président de +satisfaire les revendications du peuple+. Morsi a tenté, mais trop tard, une ultime ouverture en proposant la formation d'un gouvernement de consensus. Car ce dont les Frères Musulmans ne se sont pas rendus compte, c'est l'énorme coupure entre eux et le peuple qui voyait de plus en plus dans le régime des Frères la restauration d'un régime autoritaire."
La Nouvelle République du Centre Ouest (Bruno Bécard)
"La charia ne saurait constituer un programme de gouvernement capable de sortir un pays de sa misère sociale et économique. Des dizaines de millions d'Égyptiens ont fait cette douloureuse expérience depuis un an. Et l'armée, forte d'un million d'hommes et dotée d'un matériel moderne imperméable à la crise, a tenu parole hier : fin de l'ultimatum pour obtenir le départ du président Morsi, prise de contrôle de la télévision, les Frères musulmans vissés dans leurs quartiers et les blindés de sortie pour faire bonne mesure. Cet épisode s'appelle un coup d'État militaire. Et maintenant, l'aventure commence ou plutôt continue. L'armée, en appui aux millions d'opposants à Mohamed Morsi, a-t-elle simplement voulu éviter une guerre civile ? Déjà 47 morts depuis trois jours. Son chef Abdel Fattah al-Sissi n'a tenu aucun compte de la proposition présidentielle, celle d'un gouvernement de coalition. Le président élu démocratiquement voici un an est blackboulé par la feuille de route du militaire. L'armée, échaudée par l'année de transition qu'elle a assumée entre 2011 et 2012, annonce déjà des élections anticipées et des avancées démocratiques. Mais montre aussi ses muscles pour que l'ordre règne. +Légitimité+ crie chacun des deux camps opposés. Mais aujourd'hui la place Tahrir manifeste plus de légitimité populaire que finalement celle hier du scrutin présidentiel. Espérons que ne surviendra pas demain l'heure des martyrs de tous bords".
PROJET DE LOI SUR LE NON CUMUL DES MANDATS
La Charente Libre (Ivan Drapeau)
"Le projet de loi sur le non-cumul des mandats est en débat à l'Assemblée nationale depuis hier. À l'issue du conseil des ministres, François Hollande a fait savoir, à toutes fins utiles, "qu'il était extrêmement attaché à l'adoption de ce texte". L'affaire n'est pas gagnée. Le groupe UMP de l'Assemblée a déjà annoncé qu'il voterait contre, de même que les chevènementistes. Au Sénat, la droite n'aura pas besoin de forcer son trait conservateur. La gauche, qui a une courte majorité, traîne les pieds, à l'image du sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, président du groupe socialiste. C'est d'ailleurs aux sénateurs en particulier que pensait assurément François Hollande dans sa déclaration...Les cumulards des deux chambres ont tous le même argument: la nécessité absolue d'un ancrage local. Pourtant, malgré cet ancrage, les irremplaçables du Sénat et de l'Assemblée n'ont pas remarqué le désamour entre les citoyens et la politique. Ils n'ont pas noté que les candidats du Front national n'étaient plus des anciens de l'OAS mais des jeunes gens de 25 ans capables de prendre 47% des suffrages à Villeneuve-sur-Lot. Aucune justification ne tient la route face à une évidence - les démocraties sans cumul ne fonctionnent pas plus mal que la démocratie française -, et face à une nécessité absolue: réhabiliter la politique en l'oxygénant. Il ne s'agit pas de faire croire que la fin du cumul sera la panacée. Mais si les élus ne comprennent pas que c'est un point de passage obligé, c'est à désespérer."
Sud-Ouest (Bruno Dive)
"L'Assemblée nationale s'attaque cette semaine à une exception française, dont il y a moins lieu d'être fier que de l'exception culturelle. Cette exception là pourrait même mériter le qualificatif de +réactionnaire+ récemment employé par Barroso, tant elle nous ramène à la France des messieurs barbichus et chapeautés, à la France des notables et des situations acquises, bref à la France du cumul des mandats. Car le député maire ou le sénateur président du conseil général constituent une spécificité bien de chez nous, qui ne fait pas pour autant de la France un pays exemplaire. On connait la rengaine, inlassablement servi par les impétrants : ancrage local, choix des électeurs, connaissance du terrain. Ah le fameux terrain ! Il est si prenant, et certains semblent s'y envaser avec une telle délectation qu'on ne les voit guère à l'Assemblée ou au Sénat. Quant à l'ancrage local, le scrutin majoritaire le permet tout aussi bien. Reste le choix des électeurs, qui ne seront pas forcément mécontent de pouvoir choisir des candidats différents selon les élections. A ces derniers des Mohicans, il faut dire que le cumul des mandats est aujourd'hui une idée morte. Qu'elle va tomber comme un fruit mûr, comme le service militaire ou le droit de fumer n'importe où, alors qu'on la croyait indéracinable, consubstantielle au génie français. Le cumul des mandats fait partie de ces réformes que l'on croyait impossibles mais qui passent comme une lettre à la poste, parce que les citoyens ordinaires étaient en avance sur les hommes politiques, ce que personne ne voulait voir. Et les sénateurs, qui s'apprêtent à entrer en résistance, seraient bien avisés de n'en rien faire, s'ils ne veulent pas discréditer ou ringardiser leur Haute Assemblée."
LES SUITES DU LIMOGEAGE DE DELPHINE BATHO
Le Monde (Editorial)
"Gouverner, c'est choisir, comme chacun sait. Le chef de l'Etat et le premier ministre ont choisi. Mardi 2 juillet, ils ont limogé sans ménagement la ministre de l'écologie, Delphine Batho, coupable à leurs yeux d'avoir publiquement déploré le "mauvais" budget qui lui était promis en 2014 et d'avoir pointé la "déception" suscitée par le gouvernement dans le pays. Ils ont choisi. Au risque de paraître faire preuve de davantage d'autoritarisme que d'autorité ; plus prompts à sanctionner un maillon faible de l'équipe gouvernementale que tel ou tel de ses ténors. Au risque, aussi - au-delà de la question de la solidarité gouvernementale sur le cap économique et budgétaire - , d'envoyer le message que l'enjeu écologique et les choix de long terme qu'il implique sont, décidément, subalternes. Et d'irriter un peu plus leurs alliés écologistes. Gouverner, c'est choisir. Les écologistes ont choisi. Leurs deux ministres, Cécile Duflot et Pascal Canfin, restent membres du gouvernement. Même s'ils ont salué le coup d'éclat de Mme Batho, ils ont jugé que le jeu valait encore la chandelle... Les écologistes risquent de payer cher ce numéro d'équilibrisme qu'ils jouent depuis un an, un pied dedans et un pied dehors. Ils n'ignorent pas, en effet, comme l'a démontré une enquête récente du Centre d'études politiques de Sciences Po, que la moitié de leurs militants ont de sérieux doutes sur l'utilité de rester au gouvernement, alors qu'un quart seulement s'interrogeaient un an plus tôt. Leur "base" pourrait bien leur reprocher, demain, d'avoir préféré l'exercice du pouvoir à la défense de leurs idées. C'est aussi vrai dans le pays. Depuis leur émergence dans les années 1980, les écologistes ont affiché la volonté de faire de la politique "autrement", de se saisir des enjeux planétaires de long terme et de proposer des réponses audacieuses. Ils ont prospéré sur cette ambition. Ils démontrent, aujourd'hui, que ces convictions résistent mal à la petite cuisine du pouvoir."
L'Humanité (Patrick Apel-Muller)
"François Hollande le redoutait. Lors de sa dernière conférence de presse, il avait brandi la menace de l'éviction contre tout ministre qui mettrait en cause +la politique qu'(il) a décidé pour le pays+. Les gros yeux n'auront pas empêché le gouvernement de se craqueler. Delphine Batho a dit tout haut ce que plus d'un ministre susurre : la rigueur tue les politiques de gauche et, appliquée au budget de l'environnement, elle interdit toute ambition écologique. En sanctionnant brutalement la jeune femme, le président veut enrayer la contagion et impressionner d'éventuels rebelles. Pourtant, ni ce limogeage ni la campagne de dénigrement répandu par l'Élysée à l'encontre de la ministre et reprise au mot près par des confrères moutonniers n'y changeront rien : +Ce budget, en baisse de 7 %, est mauvais+ Avec 1 093 suppressions d'emplois, s'ajoutant aux milliers supprimés sous Sarkozy, ce ministère est l'un des plus touchés. Rappelons qu'il gère aussi les grandes infrastructures du pays, notamment en matière de transport, la prévention des risques, l'énergie, la sûreté nucléaire, le contrôle des installations classées, l'IGN, les mines, Météo France...Ni les garde-à-vous ni les arrêts de rigueur ne parviendront à étouffer la controverse ou n'assureront une +cohésion+ du gouvernement, selon la justification du chef de l'État. Le diagnostic a valeur générale. L'austérité étouffe toute ambition de progrès et de développement, a fortiori concernant une transition écologique qui implique des investissements massifs et des politiques résolues.
La Croix (FRançois Ernenwein)
"Après une longue discussion, mardi soir, les ministres écologistes du gouvernement Ayrault, Cécile Duflot (logement) et Pascal Canfin (développement) ont donc choisi de ne pas démissionner. Ni la diminution annoncée des crédits du ministère de l'environnement, ni le limogeage de Delphine Batho n'ont suffi à provoquer leur départ. Tout au plus ont-ils tenté de tirer profit de cette crise pour demander des gages pour l'avenir. Il y a fort à parier qu'ils n'obtiendront jamais des réponses à la hauteur de leurs attentes. La question porte en fait sur le fond : ce qui sépare François Hollande et ses ministres Verts, Europe Écologie et le PS, n'est pas simplement la dose de bonne volonté écologique. Ce sont des visions politiques antagoniques, une conception de l'organisation de la société, un rapport à la croissance économique nettement opposées...Les périodes de crise sont toujours défavorables à la prise en compte d'enjeux à long terme. En France comme ailleurs. Comment parler de développement durable, comment combattre les menaces sur l'environnement quand les urgences ont pour noms croissance et emploi ?"
Le Républicain lorrain (Philippe Waucampt)
"La question du sérieux budgétaire constitue le test de la cohésion de la majorité. A défaut de celui de sa cohérence qui, sur l'attitude à adopter face à la crise de la dette, n'a jamais été d'une pureté de cristal. L'élaboration de la loi de finances 2014 représente en effet le moment de vérité pour une gauche dont le ciment entre des cultures hétérogènes va être soumis à rude épreuve. Cette fois, il ne s'agit plus seulement de faire porter l'effort sur le contribuable mais de s'attaquer à tous les aspects du train de vie de l'Etat. Là aussi, il y a comme de la révolution copernicienne dans l'air. L'éviction express de Delphine Batho n'est donc que le premier épisode du bras de fer qui va opposer jusqu'à octobre l'exécutif à sa propre majorité. Il y a d'abord la question des relations entre PS et écolos...En réalité, c'est au sein même de la famille socialiste que cela risque le plus de tanguer. Ce qui est plus grave. Au printemps, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Claude Bartolone ne se sont déjà pas privés de critiquer l'austérité en Europe, manière de mettre en garde contre ce qu'on est en train de leur préparer maintenant. Le budget 2014 et la réforme des retraites vont avoir un terrible effet corrosif sur le parti du chef de l'Etat, à qui son expérience d'ancien premier secrétaire sera sans aucun doute écessaire mais pas nécessairement suffisante."
Le Courrier Picard (Daniel Muraz)
"À défaut d'un bon budget et d'un beau bilan, Delphine Batho a au moins réussi sa sortie (ceci avant même les révélations sur son +limogeage+ attendues aujourd'hui)... Nommée pour récupérer un couac politique (après l'exfiltration de Nicole Bricq), la jeune ministre de l'Écologie n'a pas franchement fait des étincelles jusqu'à ce mardi. Mais en dénonçant avec éclat les coupes budgétaires promises à son secteur, sa sortie met aussi la pression sur les écologistes. L'attitude des responsables d'Europe Écologie-Les Verts depuis 48 heures n'a d'ailleurs pas été très glorieuse, aboutissant, après quelques expressions indignées et quelques incertitudes à la décision de se maintenir au gouvernement, en renvoyant la menace d'un retrait au bilan des rendez-vous de la rentrée 2013...
La Voix du Nord (Hervé Favre)
"Delphine Batho a eu bien du mal à prononcer le mot hier matin en donnant les clés de son ministère à Philippe Martin. C'était pour bien signifier qu'elle avait refusé la veille le choix que voulaient lui imposer François Hollande et Jean-Marc Ayrault : rédiger un communiqué pour retirer ce qu'elle venait de dire sur son +mauvais budget+, ou écrire sur le champ sa lettre de démission ! La jeune ministre jusqu'alors très effacée a choisi de se faire à la fois remarquer et débarquer du navire par le capitaine. Elle promet d'en dire plus cet après- midi sur les raisons de son esclandre dont elle espère au moins retirer un gain de notoriété sinon de popularité. Venue de la gauche du parti avant une période +royaliste+, Delphine Batho est la première à s'être ouvertement rebellée contre un budget de rigueur. De là à passer pour une résistante et martyre aux yeux de l'aile gauche du PS et des écologistes."
L'EUROPE ET L'AFFAIRE SNOWDEN
Groupe Centre-France (Jacques Camus)
"C'est donc cela l'Europe : grandiloquente dans l'indignation et poltronne dans l'action ! Le +cas+ Edward Snowden, l'ex-consultant informatique de la National Security Agency (NSA) qui a révélé comment les États-Unis nous espionnaient, est en train de semer la brouille sur toute la ligne. Jusqu'à provoquer un grave incident diplomatique entre l'Union européenne et la Bolivie après la fermeture de l'espace aérien européen à l'avion du président Evo Morales. Tout cela parce qu'une rumeur (alimentée par on ne sait qui ?) évoquait la présence d'Edward Snowden à bord de l'appareil. La France, au nombre des pays ayant momentanément interdit le survol de leur territoire, a essuyé des manifestations d'hostilité à La Paz où son ambassade a été caillassée et un drapeau tricolore brûlé. Il faut dire que, passées les réactions outrées provoquées par le scandale des +grandes oreilles+ américaines, personne ne se bouscule au portillon, c'est le cas de le dire, pour offrir l'asile à Edward Snowden. Le célèbre +lanceur d'alerte+ est devenu un héros encombrant, toujours en transit à Moscou. Après avoir (exagérément) loué ses mérites, l'Europe n'entend pas, en l'accueillant, contrarier +l'Oncle Sam+."
Le Figaro (Pierre Rousselin) La sanction de l'échec des islamistes.
"Mohammed Morsi s'est révélé encore plus incapable de gérer son pays que ne l'avait été Hosni Moubarak.À la différence de son prédécesseur, qui s'était maintenu à la tête de l'Égypte pendant trente longues années, le président islamiste, élu dans la plus stricte légitimité ilyaunan, aura très vite soulevé la vague de contestation qui est en passe de l'emporter. Les événements auxquels nous venons d'assister place Tahrir ressemblent beaucoup à ceux qui s'y sont déroulés en 2011 et qui avaient conduit à la chute du dictateur. Maintenant comme à l'époque, les contestataires sont le fer de lance du mouvement révolutionnaire. Mais, en coulisse, c'est toujours l'armée qui a le dernier mot. Face au soulèvement de la jeunesse urbaine, les généraux avaient, il y a deux ans, lâché le patriarche en bout de course et son clan d'affairistes. Ainsi ont-ils préservé leurs prébendes et leurs intérêts économiques et industriels considérables, qui font de l'institution militaire un État dans l'État égyptien...Une fois installé au pouvoir, avec 51,7% des voix, Morsi a présidé une parodie de démocratie. Sans rien régler des problèmes économiques, sans tenir compte des intérêts du pays, il a imposé la loi de son propre mouvement, le droit de vote n'étant pour ses partisans, qu'un moyen de faire régner la dictature du plus grand nombre. En un an, l'opposition s'est mieux organisée. L'armée, qui s'était accommodée de Morsi, l'a finalement lâché, à son tour. La partie est délicate : il faut éviter l'apparence d'un putsch qui compromettrait l'aide américaine, éviter aussi que les islamistes se présenter en victimes d'un coup d'État contre une démocratie qu'ils n'ont jamais su, ni voulu, faire fonctionner."
Libération (Fabrice Rousselot)
"Le spectre d'un retour vers le passé. La peur d'une guerre civile et d'un coup d'Etatmilitaire dans la violence comme l'Egypte en a malheureusement déjà connu. En un an de pouvoir, Mohamed Morsi n'a pas su faire la preuve qu'un islam modéré peut évidemment s'inscrire dans un cadre démocratique. Il a, au contraire, suivi sa propre dérive autoritaire, focalisant toutes les frustrations autour de sa réforme controversée de la Constitution, qui porte clairement atteinte aux libertés publiques et aux libertés religieuses. Et ravive les pires inquiétudes. Dans un pays exsangue,Mohamed Morsi n'a pas su répondre non plus aux aspirations économiques d'une population lassée de voir, depuis des décennies, les richesses se concentrer entre les mains de l'élite politique. Aujourd'hui donc, l'armée a repris la main, avec tous les dangers que cela comporte. Les militaires, qui se sont engagés à organiser une nouvelle élection présidentielle, ont la responsabilité de prendre la voie du dialogue et non celle des armes, afin que pouvoir et opposition trouvent une porte de sortie."
Ouest France (Laurent Marchand)
"C'était devenu depuis quelques jours la seule issue prévisible. Sous la pression de la rue. Sous le poids de ses échecs économiques et politiques. Mohamed Morsi, le premier président civil élu démocratiquement de l'Égypte moderne, a été renversé. L'armée est à la manoeuvre, par le biais du général al-Sissi, le chef des armées et ministre de la Défense. La foule scandait son nom sur la place Tahrir depuis dimanche. Devant le risque croissant de guerre civile, l'intervention de l'armée était souhaitée par une large part de l'opinion. Officiellement, lesmilitaires n'entendent pas gouverner, autrement dit revenir à la situation qui prévalait sous Moubarak, mais guider une transition. Tenter de la remettre sur les rails où les Frères musulmans n'ont pas su la tenir. Rédiger une nouvelle constitution...Ce qui est encore totalement imprévisible, c'est l'impact que ce retour du pouvoir de l'armée aura sur toutes les composantes de l'islam politique...Au Caire, c'est l'armée qui écoute la rue à présent. Tout en conservant sa position ultradominante sur l'économie, la sécurité et la politique égyptienne. C'est la révolution qui est permanente, ou la contre-révolution ?"
Le Journal de la Haute Marne (Patrice Chabanet)
"Un coup d'Etat militaire n'est jamais l'expression d'un bon bilan de santé démocratique. Mais entre deux maux il faut choisir le moindre. C'est du moins l'objectif que s'est assigné l'armée égyptienne en suspendant la Constitution du pays et en destituant le président Morsi. Ce dernier, démocratiquement élu c'est vrai, n'a pas su fédérer les énergies d'un pays exsangue. Il n'a pas été capable non plus d'endiguer la montée de groupes plus radicaux que les Frères musulmans, comme en témoignent les agressions contre les chrétiens coptes. L'armée a promis de retourner dans les casernes après une période de transition. Encore faut-il que la classe politique parvienne à réduire ses divisions et à mieux délimiter les prérogatives de la religion. L'Egypte entre donc dans une période d'incertitude où les extrémistes, les salafistes en particulier, vont pousser leurs pions...C'est le président de la Cour constitutionnelle qui assurera l'intérim à la tête de l'Etat. Et ce sont des experts civils qui formeront le gouvernement provisoire. Reste à savoir ce que fera l'Egypte des campagnes, fortement imprégnée de la propagande islamiste. Jusqu'à présent, c'est l'Egypte des villes qui s'est fait entendre. Un univers sépare les deux. Les nouveaux maîtres du Caire sauront-ils les rapprocher ? Rien n'est moins sûr."
L'Est Républicain (Alain Dusart)
"Comme la société égyptienne, la place Tahrir au Caire, ressemble à un kaléidoscope, inquiétant car en fusion. On y voit des jeunes branchés sur le XXIe siècle, des quadras las d'une dictature chassant l'autre, de troubles larrons en quête de mauvais coups, d'ex-miliciens et autres nervis nostalgiques en quête d'un régime autoritaire. Sur cette place bigarrée, théâtre de tous les espoirs, on y rêve d'un avenir meilleur, on y viole de jeunes femmes en fleur. Ici réside tout le paradoxe de l'Égypte, entre quête de modernité et de démocratie, et bestialité d'une génération de frustrés élevés au biberon des tabous et des interdits. L'ultimatum de la toute puissante armée a expiré hier. L'impopulaire président islamiste Mohamed Morsi a finalement été renversé. Mais les militaires le savent bien: s'ils mènent un coup d'État à leur seul profit, ils perdront le soutien américain. Dans ce tourbillon, les Frères musulmans ont beaucoup à perdre. Certes, ils ont une légitimité démocratique, mais elle a fondu. Les islamistes ont agrégé toutes les colères en un an. Si les généraux déposent Morsi, les Frères musulmans garderont une capacité de nuire. Leurs partisans endoctrinés pour-ront saboter cette révolution bis, avec le risque jamais loin d'une guerre civile."
Les Dernières Nouvelles d'Alsace (Dominique Jung)
"Parvenue aux commandes de l'Egypte après des décennies de brimades, de répressions et d'incarcérations, la confrérie des Frères musulmans n'a pas su tenir le choc du pouvoir. Cet échec pèsera dans son histoire. C'est parce qu'il a multiplié les promesses sans les appuyer sur une méthode solide que Mohamed Morsi a perdu sa présidence. Son bilan est calamiteux. Élu démocratiquement, il a présidé arbitrairement. Son erreur a été de penser que parce qu'il avait gagné un scrutin, il pouvait ignorer les attentes de la société civile. Or gouverner un pays, c'est comprendre qu'on devient le président de tous les citoyens, et pas juste de la frange qui vous a hissé au pouvoir. Morsi s'est comporté en otage d'un parti plus qu'en chef d'État, il a piétiné le pouvoir législatif, cela lui a été fatal. Pour autant, le déploiement de blindés constaté hier relève du coup d'État militaire. Morsi restera comme le premier civil égyptien porté à la présidence de la République après une succession de soldats, de Nasser à Moubarak. Il était aussi le premier Égyptien élu à travers une élection au suffrage universel direct. Son mandat avait tout juste un an. Quelle que soit la pression de la rue, aucun pays d'Europe n'admettrait que l'on pose un cercle de barbelés autour du chef de l'État pour l'assigner à résidence. Le respect des procédures et des calendriers est aussi une façon de mesurer le niveau démocratique d'un pays. L'armée est maintenant face à ses responsabilités."
La République des Pyrénées (Jean-Marcel Bouguereau)
"C'est un paradoxe comme l'histoire les aime : en Egypte un mouvement démocratique qui a vu ces derniers jours des foules immenses descendre dans la rue en a appelé aux forces armées pour évincer un président démocratiquement élu, au nom de la défense de la révolution qui s'était faite contre l'armée ! C'est cette même armée, à l'origine de plusieurs décennies de régimes autoritaires, qui vient de mettre fin à une présidence jugée trop autoritaire ! Car c'est un coup d'état très en douceur qui a eu lieu hier en Egypte, même si les partisans du Président Morsi ont évidemment dénoncé une +rébellion militaire+ qu'ils sont prêts à combattre en versant leur sang. De quoi préparer un futur très incertain à une Egypte qui souffre économiquement, dont les institutions sont faibles et où aucun leader crédible n'émerge. Dans ce pays où l'armée a conservé un énorme crédit, on trouvait ces derniers jours des pancartes portant l'inscription +l'armée et le peuple, une seule main+, cette transition a été mûrement préparée. L'armée a multiplié les ultimatums. Mais en vain, Morsi ne se décidant à aucune concession. Jusqu'à celui intimant au président de +satisfaire les revendications du peuple+. Morsi a tenté, mais trop tard, une ultime ouverture en proposant la formation d'un gouvernement de consensus. Car ce dont les Frères Musulmans ne se sont pas rendus compte, c'est l'énorme coupure entre eux et le peuple qui voyait de plus en plus dans le régime des Frères la restauration d'un régime autoritaire."
La Nouvelle République du Centre Ouest (Bruno Bécard)
"La charia ne saurait constituer un programme de gouvernement capable de sortir un pays de sa misère sociale et économique. Des dizaines de millions d'Égyptiens ont fait cette douloureuse expérience depuis un an. Et l'armée, forte d'un million d'hommes et dotée d'un matériel moderne imperméable à la crise, a tenu parole hier : fin de l'ultimatum pour obtenir le départ du président Morsi, prise de contrôle de la télévision, les Frères musulmans vissés dans leurs quartiers et les blindés de sortie pour faire bonne mesure. Cet épisode s'appelle un coup d'État militaire. Et maintenant, l'aventure commence ou plutôt continue. L'armée, en appui aux millions d'opposants à Mohamed Morsi, a-t-elle simplement voulu éviter une guerre civile ? Déjà 47 morts depuis trois jours. Son chef Abdel Fattah al-Sissi n'a tenu aucun compte de la proposition présidentielle, celle d'un gouvernement de coalition. Le président élu démocratiquement voici un an est blackboulé par la feuille de route du militaire. L'armée, échaudée par l'année de transition qu'elle a assumée entre 2011 et 2012, annonce déjà des élections anticipées et des avancées démocratiques. Mais montre aussi ses muscles pour que l'ordre règne. +Légitimité+ crie chacun des deux camps opposés. Mais aujourd'hui la place Tahrir manifeste plus de légitimité populaire que finalement celle hier du scrutin présidentiel. Espérons que ne surviendra pas demain l'heure des martyrs de tous bords".
PROJET DE LOI SUR LE NON CUMUL DES MANDATS
La Charente Libre (Ivan Drapeau)
"Le projet de loi sur le non-cumul des mandats est en débat à l'Assemblée nationale depuis hier. À l'issue du conseil des ministres, François Hollande a fait savoir, à toutes fins utiles, "qu'il était extrêmement attaché à l'adoption de ce texte". L'affaire n'est pas gagnée. Le groupe UMP de l'Assemblée a déjà annoncé qu'il voterait contre, de même que les chevènementistes. Au Sénat, la droite n'aura pas besoin de forcer son trait conservateur. La gauche, qui a une courte majorité, traîne les pieds, à l'image du sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, président du groupe socialiste. C'est d'ailleurs aux sénateurs en particulier que pensait assurément François Hollande dans sa déclaration...Les cumulards des deux chambres ont tous le même argument: la nécessité absolue d'un ancrage local. Pourtant, malgré cet ancrage, les irremplaçables du Sénat et de l'Assemblée n'ont pas remarqué le désamour entre les citoyens et la politique. Ils n'ont pas noté que les candidats du Front national n'étaient plus des anciens de l'OAS mais des jeunes gens de 25 ans capables de prendre 47% des suffrages à Villeneuve-sur-Lot. Aucune justification ne tient la route face à une évidence - les démocraties sans cumul ne fonctionnent pas plus mal que la démocratie française -, et face à une nécessité absolue: réhabiliter la politique en l'oxygénant. Il ne s'agit pas de faire croire que la fin du cumul sera la panacée. Mais si les élus ne comprennent pas que c'est un point de passage obligé, c'est à désespérer."
Sud-Ouest (Bruno Dive)
"L'Assemblée nationale s'attaque cette semaine à une exception française, dont il y a moins lieu d'être fier que de l'exception culturelle. Cette exception là pourrait même mériter le qualificatif de +réactionnaire+ récemment employé par Barroso, tant elle nous ramène à la France des messieurs barbichus et chapeautés, à la France des notables et des situations acquises, bref à la France du cumul des mandats. Car le député maire ou le sénateur président du conseil général constituent une spécificité bien de chez nous, qui ne fait pas pour autant de la France un pays exemplaire. On connait la rengaine, inlassablement servi par les impétrants : ancrage local, choix des électeurs, connaissance du terrain. Ah le fameux terrain ! Il est si prenant, et certains semblent s'y envaser avec une telle délectation qu'on ne les voit guère à l'Assemblée ou au Sénat. Quant à l'ancrage local, le scrutin majoritaire le permet tout aussi bien. Reste le choix des électeurs, qui ne seront pas forcément mécontent de pouvoir choisir des candidats différents selon les élections. A ces derniers des Mohicans, il faut dire que le cumul des mandats est aujourd'hui une idée morte. Qu'elle va tomber comme un fruit mûr, comme le service militaire ou le droit de fumer n'importe où, alors qu'on la croyait indéracinable, consubstantielle au génie français. Le cumul des mandats fait partie de ces réformes que l'on croyait impossibles mais qui passent comme une lettre à la poste, parce que les citoyens ordinaires étaient en avance sur les hommes politiques, ce que personne ne voulait voir. Et les sénateurs, qui s'apprêtent à entrer en résistance, seraient bien avisés de n'en rien faire, s'ils ne veulent pas discréditer ou ringardiser leur Haute Assemblée."
LES SUITES DU LIMOGEAGE DE DELPHINE BATHO
Le Monde (Editorial)
"Gouverner, c'est choisir, comme chacun sait. Le chef de l'Etat et le premier ministre ont choisi. Mardi 2 juillet, ils ont limogé sans ménagement la ministre de l'écologie, Delphine Batho, coupable à leurs yeux d'avoir publiquement déploré le "mauvais" budget qui lui était promis en 2014 et d'avoir pointé la "déception" suscitée par le gouvernement dans le pays. Ils ont choisi. Au risque de paraître faire preuve de davantage d'autoritarisme que d'autorité ; plus prompts à sanctionner un maillon faible de l'équipe gouvernementale que tel ou tel de ses ténors. Au risque, aussi - au-delà de la question de la solidarité gouvernementale sur le cap économique et budgétaire - , d'envoyer le message que l'enjeu écologique et les choix de long terme qu'il implique sont, décidément, subalternes. Et d'irriter un peu plus leurs alliés écologistes. Gouverner, c'est choisir. Les écologistes ont choisi. Leurs deux ministres, Cécile Duflot et Pascal Canfin, restent membres du gouvernement. Même s'ils ont salué le coup d'éclat de Mme Batho, ils ont jugé que le jeu valait encore la chandelle... Les écologistes risquent de payer cher ce numéro d'équilibrisme qu'ils jouent depuis un an, un pied dedans et un pied dehors. Ils n'ignorent pas, en effet, comme l'a démontré une enquête récente du Centre d'études politiques de Sciences Po, que la moitié de leurs militants ont de sérieux doutes sur l'utilité de rester au gouvernement, alors qu'un quart seulement s'interrogeaient un an plus tôt. Leur "base" pourrait bien leur reprocher, demain, d'avoir préféré l'exercice du pouvoir à la défense de leurs idées. C'est aussi vrai dans le pays. Depuis leur émergence dans les années 1980, les écologistes ont affiché la volonté de faire de la politique "autrement", de se saisir des enjeux planétaires de long terme et de proposer des réponses audacieuses. Ils ont prospéré sur cette ambition. Ils démontrent, aujourd'hui, que ces convictions résistent mal à la petite cuisine du pouvoir."
L'Humanité (Patrick Apel-Muller)
"François Hollande le redoutait. Lors de sa dernière conférence de presse, il avait brandi la menace de l'éviction contre tout ministre qui mettrait en cause +la politique qu'(il) a décidé pour le pays+. Les gros yeux n'auront pas empêché le gouvernement de se craqueler. Delphine Batho a dit tout haut ce que plus d'un ministre susurre : la rigueur tue les politiques de gauche et, appliquée au budget de l'environnement, elle interdit toute ambition écologique. En sanctionnant brutalement la jeune femme, le président veut enrayer la contagion et impressionner d'éventuels rebelles. Pourtant, ni ce limogeage ni la campagne de dénigrement répandu par l'Élysée à l'encontre de la ministre et reprise au mot près par des confrères moutonniers n'y changeront rien : +Ce budget, en baisse de 7 %, est mauvais+ Avec 1 093 suppressions d'emplois, s'ajoutant aux milliers supprimés sous Sarkozy, ce ministère est l'un des plus touchés. Rappelons qu'il gère aussi les grandes infrastructures du pays, notamment en matière de transport, la prévention des risques, l'énergie, la sûreté nucléaire, le contrôle des installations classées, l'IGN, les mines, Météo France...Ni les garde-à-vous ni les arrêts de rigueur ne parviendront à étouffer la controverse ou n'assureront une +cohésion+ du gouvernement, selon la justification du chef de l'État. Le diagnostic a valeur générale. L'austérité étouffe toute ambition de progrès et de développement, a fortiori concernant une transition écologique qui implique des investissements massifs et des politiques résolues.
La Croix (FRançois Ernenwein)
"Après une longue discussion, mardi soir, les ministres écologistes du gouvernement Ayrault, Cécile Duflot (logement) et Pascal Canfin (développement) ont donc choisi de ne pas démissionner. Ni la diminution annoncée des crédits du ministère de l'environnement, ni le limogeage de Delphine Batho n'ont suffi à provoquer leur départ. Tout au plus ont-ils tenté de tirer profit de cette crise pour demander des gages pour l'avenir. Il y a fort à parier qu'ils n'obtiendront jamais des réponses à la hauteur de leurs attentes. La question porte en fait sur le fond : ce qui sépare François Hollande et ses ministres Verts, Europe Écologie et le PS, n'est pas simplement la dose de bonne volonté écologique. Ce sont des visions politiques antagoniques, une conception de l'organisation de la société, un rapport à la croissance économique nettement opposées...Les périodes de crise sont toujours défavorables à la prise en compte d'enjeux à long terme. En France comme ailleurs. Comment parler de développement durable, comment combattre les menaces sur l'environnement quand les urgences ont pour noms croissance et emploi ?"
Le Républicain lorrain (Philippe Waucampt)
"La question du sérieux budgétaire constitue le test de la cohésion de la majorité. A défaut de celui de sa cohérence qui, sur l'attitude à adopter face à la crise de la dette, n'a jamais été d'une pureté de cristal. L'élaboration de la loi de finances 2014 représente en effet le moment de vérité pour une gauche dont le ciment entre des cultures hétérogènes va être soumis à rude épreuve. Cette fois, il ne s'agit plus seulement de faire porter l'effort sur le contribuable mais de s'attaquer à tous les aspects du train de vie de l'Etat. Là aussi, il y a comme de la révolution copernicienne dans l'air. L'éviction express de Delphine Batho n'est donc que le premier épisode du bras de fer qui va opposer jusqu'à octobre l'exécutif à sa propre majorité. Il y a d'abord la question des relations entre PS et écolos...En réalité, c'est au sein même de la famille socialiste que cela risque le plus de tanguer. Ce qui est plus grave. Au printemps, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Claude Bartolone ne se sont déjà pas privés de critiquer l'austérité en Europe, manière de mettre en garde contre ce qu'on est en train de leur préparer maintenant. Le budget 2014 et la réforme des retraites vont avoir un terrible effet corrosif sur le parti du chef de l'Etat, à qui son expérience d'ancien premier secrétaire sera sans aucun doute écessaire mais pas nécessairement suffisante."
Le Courrier Picard (Daniel Muraz)
"À défaut d'un bon budget et d'un beau bilan, Delphine Batho a au moins réussi sa sortie (ceci avant même les révélations sur son +limogeage+ attendues aujourd'hui)... Nommée pour récupérer un couac politique (après l'exfiltration de Nicole Bricq), la jeune ministre de l'Écologie n'a pas franchement fait des étincelles jusqu'à ce mardi. Mais en dénonçant avec éclat les coupes budgétaires promises à son secteur, sa sortie met aussi la pression sur les écologistes. L'attitude des responsables d'Europe Écologie-Les Verts depuis 48 heures n'a d'ailleurs pas été très glorieuse, aboutissant, après quelques expressions indignées et quelques incertitudes à la décision de se maintenir au gouvernement, en renvoyant la menace d'un retrait au bilan des rendez-vous de la rentrée 2013...
La Voix du Nord (Hervé Favre)
"Delphine Batho a eu bien du mal à prononcer le mot hier matin en donnant les clés de son ministère à Philippe Martin. C'était pour bien signifier qu'elle avait refusé la veille le choix que voulaient lui imposer François Hollande et Jean-Marc Ayrault : rédiger un communiqué pour retirer ce qu'elle venait de dire sur son +mauvais budget+, ou écrire sur le champ sa lettre de démission ! La jeune ministre jusqu'alors très effacée a choisi de se faire à la fois remarquer et débarquer du navire par le capitaine. Elle promet d'en dire plus cet après- midi sur les raisons de son esclandre dont elle espère au moins retirer un gain de notoriété sinon de popularité. Venue de la gauche du parti avant une période +royaliste+, Delphine Batho est la première à s'être ouvertement rebellée contre un budget de rigueur. De là à passer pour une résistante et martyre aux yeux de l'aile gauche du PS et des écologistes."
L'EUROPE ET L'AFFAIRE SNOWDEN
Groupe Centre-France (Jacques Camus)
"C'est donc cela l'Europe : grandiloquente dans l'indignation et poltronne dans l'action ! Le +cas+ Edward Snowden, l'ex-consultant informatique de la National Security Agency (NSA) qui a révélé comment les États-Unis nous espionnaient, est en train de semer la brouille sur toute la ligne. Jusqu'à provoquer un grave incident diplomatique entre l'Union européenne et la Bolivie après la fermeture de l'espace aérien européen à l'avion du président Evo Morales. Tout cela parce qu'une rumeur (alimentée par on ne sait qui ?) évoquait la présence d'Edward Snowden à bord de l'appareil. La France, au nombre des pays ayant momentanément interdit le survol de leur territoire, a essuyé des manifestations d'hostilité à La Paz où son ambassade a été caillassée et un drapeau tricolore brûlé. Il faut dire que, passées les réactions outrées provoquées par le scandale des +grandes oreilles+ américaines, personne ne se bouscule au portillon, c'est le cas de le dire, pour offrir l'asile à Edward Snowden. Le célèbre +lanceur d'alerte+ est devenu un héros encombrant, toujours en transit à Moscou. Après avoir (exagérément) loué ses mérites, l'Europe n'entend pas, en l'accueillant, contrarier +l'Oncle Sam+."
ECONOMIE
Cette nuit en Asie : sous la pression de Pékin, Danone et Nestlé cassent les prix
Après l’annonce, en début de semaine, de l’ouverture d’une enquête pour entente sur les prix à l’encontre des principaux vendeurs de lait en poudre pour enfant en Chine, deux des principaux accusés cèdent à la pression...
Coup de froid sur les chantiers navals chinois
La cotation des actions de China Rongsheng, l’un des principaux chantiers navals privés chinois, a été suspendue ce matin à la Bourse de Shanghai. Très peu d’explications ont été données, si ce n’est la nécessité d’une clarification après la publication d’articles de presse. Un message qui fait référence à la publication, dans le « Wall Street Journal », d’une interview du patron de China Rongsheng, dans laquelle ce dernier annonce qu’environ 40% des employés ont été remerciés au cours des derniers mois. Bien qu’il présente cette évolution comme la conséquence d’une restructuration et d’une évolution de la demande, cet article a réveillé les inquiétudes sur l’atonie de la demande dans ce secteur très symptomatique de l’état du commerce international. L’année dernière, Rongsheng n’a reçu que deux commandes de navires transportant du minerai de fer, contre 24 en 2011. Le groupe a donc affiché des pertes de 87 millions de dollars, et doit rembourser 15 milliards de yuans (près de 2 milliards d’euros) de dettes cette année. Traditionnellement, la santé des chantiers navals n’inquiète pas excessivement les investisseurs, du fait que ces derniers sont étroitement liés aux gouvernements locaux et bénéficient de financements quasiment garantis de la part des banques. La situation de Rongsheng semble toutefois illustrer le caractère critique de la situation dans cette industrie qui souffre de surcapacités massives. Ce matin, on a d’ailleurs appris que le port de Shanghai avait vu son trafic diminuer de 5,7% sur un mois en juin, tandis que celui de Hong Kong subissait un déclin de 9,1% sur un an au cours des cinq premiers mois de l’année. D’un point de vue plus macroéconomique, c’est aussi l’annonce de licenciements qui inquiète : nombreuses sont les industries qui souffrent de surcapacités en Chine, et plusieurs secteurs, comme l’industrie solaire, semblent avoir du se séparer d’une partie de leur main d’œuvre au cours des derniers mois. En plein ralentissement économique, Pékin sait que le maintien de l’emploi est crucial à la stabilité sociale.
Sous la pression de Pékin, Danone et Nestlé cassent les prix
La réaction ne s’est pas fait attendre. Après l’annonce, en début de semaine, de l’ouverture d’une enquête pour entente sur les prix à l’encontre des principaux vendeurs de lait en poudre pour enfant en Chine, deux des principaux accusés cèdent à la pression. Wyeth Nutrition, qui appartient à Nestlé, a annoncé qu’il allait réduire ses prix, en moyenne, de 11% sur le marché chinois. Danone, de son côté, a confirmé à Reuters qu’il coopérait avec les autorités chinoises et qu’il allait présenter rapidement une proposition de baisse de ses prix. Des réactions qui pourraient être perçues comme la confirmation qu’il y avait bien surévaluation du prix, mais qui traduisent aussi la façon dont les groupes étrangers préfèrent désormais obtempérer devant un pouvoir chinois dont ils redoutent la fermeté. Par cette attitude conciliante, Danone et Nestlé espèrent probablement échapper à une sanction trop lourde. Depuis qu’un scandale a éclaté en 2008, ternissant l’image de tous les laits infantiles fabriqués en Chine, la part de marché des grandes marques étrangères a fortement progressé. Pékin soupçonne ces dernières d’avoir profité de la situation.
Face à l’Apple TV, Samsung s’offre l’israélienne Boxee
La petite start-up israelienne Boxee a confirmé, ce matin, qu’elle venait d’être rachetée par Samsung, le géant sud-coréen de l’électronique, qui cherche à améliorer ses services vidéos sur ses télévisions “intelligentes” et ses tablettes. La société, qui est aujourd’hui installée à Tel Aviv et à New York, est née, il y a six ans, autour de jeunes informaticiens israeliens ayant appris la programmation à l’occasion de leur service militaire. Ils ont d’abord créé un logiciel qui permettait de transformer son PC traditionnel en magnétoscope decryptant tous les formats vidéo. Ils ont ensuite développé un “boitier”, la Boxee Box, permettant d’enregistrer, en échange d’un abonnement mensuel, des émissions, sur plusieurs chaines de télévisions ou sites de vidéo à la demande, et de les conserver dans le “cloud” avant de les regarder sur un téléviseur, un ordinateur ou une tablette. Avec cette opération, dont le montant est estimé à 30 millions de dollars, Samsung espère renforcer sa concurrence face à Apple et Google dans le développement des nouvelles générations de téléviseurs. Si le groupe sud-coréen vend effectivement de plus en plus de téléviseurs intelligents, il peine encore à doper ses ventes de contenus par le biais de ces appareils et ses interfaces sont parfois jugées compliquées.
Le japonais Chiyoda achète le spécialiste écossais de l’énergie Xodus
Cherchant à doper son offre de services dans les champs pétroliers et gaziers existants mais également à participer à l’exploration des ressources situées près des côtes nippones, le groupe japonais d’ingénierie Chiyoda Corp. vient, selon le Nikkei, de dépenser 10 milliards de yens (100 millions de dollars) pour prendre le contrôle de 80% de l’écossais Xodus, un cabinet conseil spécialisé dans l’énergie. Chiyoda estime qu’il pourrait quintupler, sur cinq ans, le chiffre d’affaires de la petite structure qui intervient en appui auprès des géants du secteur sur des champs gaziers ou pétroliers de la planète. Xodus travaille notamment sur l’évaluation de la taille de réserves sous-marines ou sur le design de puits gaziers et pétroliers.
Alors que l'ancienne ministre de l'Ecologie - débarquée du gouvernement mardi 2 juillet - tient une conférence de presse ce jeudi, Le Monde s'immisce dans les coulisses de son éviction. Et, en guise de préambule, le quotidien rappelle les propos de François Hollande, en mars dernier : " Je l'ai dit aux ministres : vous ne pouvez pas, quand les temps sont durs pour les Français, commettre la moindre erreur. Je le répète comme un avertissement ".
Alors que certains ministres, à l'instar d'Arnaud Montebourg, enchaînent les sorties remarquées, pourquoi est-ce sur Delphine Batho que la foudre s'est abattue ? "Delphine Batho n'avait pas que des amis au gouvernement, où nombre de ses collègues supportaient de moins en moins son air altier, et où elle avait la réputation de tyranniser les membres de son cabinet. Au Parti socialiste, elle n'a jamais eu de troupes derrière elle, et elle est encore plus seule depuis que la guerre est déclarée avec Ségolène Royal", explique Le Monde.
Mercredi, l'émission C dans l'air s'est également penchée sur le sort de Delphine Batho et le budget des ministères.
Réforme des retraites : début des négociations
A Matignon ce matin, l'heure sera aux négociations. En effet, Jean-Marc Ayrault reçoit une par une les organisations syndicales et patronales afin de lancer la concertation sur les retraites en vue d'une réforme en septembre. Une réforme à hauts risques pour l’exécutif, dont les rapports avec les syndicats se sont singulièrement tendus. La conférence sociale de juin n’y a malheureusement rien changé, rappelle BFM TV.
Airbus, proche de son objectif
Le constructeur aéronautique a annoncé, mercredi 3 juillet, avoir enregistré 722 commandes nettes au premier trimestre 2013. Airbus est donc tout près d'atteindre son objectif annuel d'engranger au moins 800 nouvelles commandes cette année, analyse Les Echos. En prime, il a pris de l'avance sur son concurrent Boeing qui a annoncé, ce jeudi 4 juillet, 692 commandes nettes pour le premier trimestre.
Le PDG de La Poste sur le départ
Dans les Echos également, on apprend que Jean-Claude Baiily, le PDG de La Poste, annoncerait son départ ce jeudi 4 juillet. "Je confirme qu'il y a eu des discussions ces dernières semaines, en toute intelligence, avec les pouvoirs publics et les actionnaires. J'ai un conseil d'administration demain matin [ce jeudi, NDLR], et je réserve la primeur de ces informations à notre conseil d'administration, a indiqué Jean-Paul Bailly devant la commission des Affaires économiques, selon les propos rapportés par le quotidien.
Motorola fait son 4 juillet
L'opération de communication a fonctionné. Les médias se font l'écho, ce jeudi 4 juillet, jour de la Fête nationale américaine, du smartphone Made in America de Motorola. Il faut dire que Motorola a bien préparé le terrain médiatique en achetant de grandes pages de publicité cette semaine dans les principaux journaux américains pour vanter son prochain smartphone, le Moto X, et en jouant la carte du patriotisme économique. Le Moto X sera fabriqué près de Dallas, au Texas, détaille le site The Drum.
Astrid Gouzik
Le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, a confirmé jeudi qu'il avait "décidé de ne pas aller au terme de son mandat", une décision qui intervient alors que l'entreprise publique entend mettre en œuvre un nouveau plan stratégique pour faire face à la crise et éviter une "impasse" liée à la chute du courrier.
M. Bailly "a décidé de ne pas aller au terme de son mandat" à l'automne 2014 "et quittera ses fonctions dès la nomination de son successeur", a indiqué La Poste dans un communiqué.
Selon des membres du conseil d'administration (CA), auquel il a annoncé cette décision, le départ de M. Bailly, 66 ans, interviendra "dès que son successeur sera nommé", soit d'"ici à la rentrée". L'entreprise veut "aller vite" et faire valider la nomination du nouveau patron par l'Assemblée nationale "en septembre", ont-ils précisé.
Cité dans le communiqué, M. Bailly explique ainsi les raisons de son départ du groupe qu'il dirigeait depuis 11 ans: "j'ai décidé, en plein accord avec les pouvoirs publics actionnaires, de mettre fin à mes fonctions dans quelques semaines à la fois pour des raisons personnelles et familiales, et dans le souci partagé de laisser à mon successeur toute la latitude, la durée et la liberté nécessaires pour mener à bien le projet stratégique du groupe".
Ce nouveau projet, présenté lors du CA de jeudi, porte sur la période 2013-2018.
Dans la version consultée par l'AFP, La Poste, qui emploie 240.000 personnes, explique que "l'approfondissement de la crise économique et monétaire en Europe", l'a obligé à "réviser les hypothèses" de son plan initial courant sur la période 2010-2015.
Elle prévoit désormais un résultat d'exploitation de 0,7 milliard d'euros en 2018, inférieur à celui de 0,8 milliard publié pour 2012, fortement adossé aux activités bancaires du groupe, qui y contribueront à 63% en 2018 - contre seulement 8% pour le Courrier.
Risque d'"impasse stratégique"
Sur le courrier, alors que les volumes se sont contractés de 18% entre 2008 et 2012, le groupe prévoit un impact sur son chiffre d'affaire de 2,8 milliards d'euros de 2013 à 2018.
Faute de nouveau plan, la dynamique "serait très négative" et porterait le "risque d'une impasse stratégique, économique et sociale", prévient La Poste.
Pour limiter les dégâts, le plan prévoit notamment de fortes augmentations des tarifs du courrier, avec des hausses qui dépasseraient l'inflation de 3% après 2015, des projections qui doivent toutefois être avalisées par le régulateur (Arcep).
Pour les deux premiers syndicats de l'entreprise, la CGT et SUD, ce plan doit être purement et simplement abandonné.
La CGT le juge "affligeant par son manque de vision et de contenu" et y voit la "source de tous les dangers pour les service public et les postiers".
"Si le cycle infernal des coupes claires dans les budgets, l’abaissement du coût du travail, les réorganisations en tous genres et le désengagement de l’Etat ne sont pas interrompus, la situation continuera de se dégrader avec toutes les conséquences que l’on connaît", prévient l'organisation.
Plusieurs syndicats évoquent un malaise persistant dans l'entreprise, lié notamment aux suppressions de postes, chiffrées à 80.000 sous l'ère Bailly par le syndicat SUD.
Et ce malgré les mesures engagées après le suicide sur leur lieu de travail de deux cadres en Bretagne début 2012.
La Poste a annoncé en septembre le recrutement de "15.000 personnes pendant la période 2012-2014 au lieu des 10.000 initialement prévus", qui ne couvriront toutefois pas les départs naturels.
Le projet 2013-2018 reste sur la même ligne, prévoyant "le non remplacement de tous les départs" et la "modération salariale", au risque d'accroître la tension chez les postiers.
Un legs délicat pour le successeur de M. Bailly. Selon des participants au CA, aucun nom n'a été cité lors de la réunion. Mais l'hypothèse du patron de la banque postale Philippe Wahl revient de façon récurrente. D'après des sources syndicales, il ne ferait cependant pas consensus auprès des représentants de l'Etat.
Delphine Batho, la réforme des retraites, Airbus, Motorola : la revue de presse de l'industrie
Par Astrid Gouzik -
Delphine Batho doit tenir une conférence de presse, ce jeudi 4 juillet, pour expliquer les circonstances de son éviction. Coup d'envoi des négociations pour la réforme des retraites. Airbus est proche de son objectif annuel en termes de commandes. Motorola célèbre le 4 juillet à sa façon. Le PDG de La Poste annoncerait son départ ce jeudi. Retrouvez l'essentiel de l'actualité industrielle dans la revue de presse de L'Usine Nouvelle.
Les coulisses du limogeage du Delphine BathoAlors que l'ancienne ministre de l'Ecologie - débarquée du gouvernement mardi 2 juillet - tient une conférence de presse ce jeudi, Le Monde s'immisce dans les coulisses de son éviction. Et, en guise de préambule, le quotidien rappelle les propos de François Hollande, en mars dernier : " Je l'ai dit aux ministres : vous ne pouvez pas, quand les temps sont durs pour les Français, commettre la moindre erreur. Je le répète comme un avertissement ".
Alors que certains ministres, à l'instar d'Arnaud Montebourg, enchaînent les sorties remarquées, pourquoi est-ce sur Delphine Batho que la foudre s'est abattue ? "Delphine Batho n'avait pas que des amis au gouvernement, où nombre de ses collègues supportaient de moins en moins son air altier, et où elle avait la réputation de tyranniser les membres de son cabinet. Au Parti socialiste, elle n'a jamais eu de troupes derrière elle, et elle est encore plus seule depuis que la guerre est déclarée avec Ségolène Royal", explique Le Monde.
Réforme des retraites : début des négociations
A Matignon ce matin, l'heure sera aux négociations. En effet, Jean-Marc Ayrault reçoit une par une les organisations syndicales et patronales afin de lancer la concertation sur les retraites en vue d'une réforme en septembre. Une réforme à hauts risques pour l’exécutif, dont les rapports avec les syndicats se sont singulièrement tendus. La conférence sociale de juin n’y a malheureusement rien changé, rappelle BFM TV.
Airbus, proche de son objectif
Le constructeur aéronautique a annoncé, mercredi 3 juillet, avoir enregistré 722 commandes nettes au premier trimestre 2013. Airbus est donc tout près d'atteindre son objectif annuel d'engranger au moins 800 nouvelles commandes cette année, analyse Les Echos. En prime, il a pris de l'avance sur son concurrent Boeing qui a annoncé, ce jeudi 4 juillet, 692 commandes nettes pour le premier trimestre.
Dans les Echos également, on apprend que Jean-Claude Baiily, le PDG de La Poste, annoncerait son départ ce jeudi 4 juillet. "Je confirme qu'il y a eu des discussions ces dernières semaines, en toute intelligence, avec les pouvoirs publics et les actionnaires. J'ai un conseil d'administration demain matin [ce jeudi, NDLR], et je réserve la primeur de ces informations à notre conseil d'administration, a indiqué Jean-Paul Bailly devant la commission des Affaires économiques, selon les propos rapportés par le quotidien.
Motorola fait son 4 juillet
L'opération de communication a fonctionné. Les médias se font l'écho, ce jeudi 4 juillet, jour de la Fête nationale américaine, du smartphone Made in America de Motorola. Il faut dire que Motorola a bien préparé le terrain médiatique en achetant de grandes pages de publicité cette semaine dans les principaux journaux américains pour vanter son prochain smartphone, le Moto X, et en jouant la carte du patriotisme économique. Le Moto X sera fabriqué près de Dallas, au Texas, détaille le site The Drum.
Astrid Gouzik
La Poste perd son patron à l'heure de choix stratégiques cruciaux
Paris (AFP)
Le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, a confirmé jeudi qu'il avait "décidé de ne pas aller au terme de son mandat", une décision qui intervient alors que l'entreprise publique entend mettre en œuvre un nouveau plan stratégique pour faire face à la crise et éviter une "impasse" liée à la chute du courrier.
Le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, a confirmé jeudi qu'il avait "décidé de ne pas aller au terme de son mandat", une décision qui intervient alors que l'entreprise publique entend mettre en œuvre un nouveau plan stratégique pour faire face à la crise et éviter une "impasse" liée à la chute du courrier.
M. Bailly "a décidé de ne pas aller au terme de son mandat" à l'automne 2014 "et quittera ses fonctions dès la nomination de son successeur", a indiqué La Poste dans un communiqué.
Selon des membres du conseil d'administration (CA), auquel il a annoncé cette décision, le départ de M. Bailly, 66 ans, interviendra "dès que son successeur sera nommé", soit d'"ici à la rentrée". L'entreprise veut "aller vite" et faire valider la nomination du nouveau patron par l'Assemblée nationale "en septembre", ont-ils précisé.
Cité dans le communiqué, M. Bailly explique ainsi les raisons de son départ du groupe qu'il dirigeait depuis 11 ans: "j'ai décidé, en plein accord avec les pouvoirs publics actionnaires, de mettre fin à mes fonctions dans quelques semaines à la fois pour des raisons personnelles et familiales, et dans le souci partagé de laisser à mon successeur toute la latitude, la durée et la liberté nécessaires pour mener à bien le projet stratégique du groupe".
Ce nouveau projet, présenté lors du CA de jeudi, porte sur la période 2013-2018.
Dans la version consultée par l'AFP, La Poste, qui emploie 240.000 personnes, explique que "l'approfondissement de la crise économique et monétaire en Europe", l'a obligé à "réviser les hypothèses" de son plan initial courant sur la période 2010-2015.
Elle prévoit désormais un résultat d'exploitation de 0,7 milliard d'euros en 2018, inférieur à celui de 0,8 milliard publié pour 2012, fortement adossé aux activités bancaires du groupe, qui y contribueront à 63% en 2018 - contre seulement 8% pour le Courrier.
Risque d'"impasse stratégique"
Sur le courrier, alors que les volumes se sont contractés de 18% entre 2008 et 2012, le groupe prévoit un impact sur son chiffre d'affaire de 2,8 milliards d'euros de 2013 à 2018.
Faute de nouveau plan, la dynamique "serait très négative" et porterait le "risque d'une impasse stratégique, économique et sociale", prévient La Poste.
Pour limiter les dégâts, le plan prévoit notamment de fortes augmentations des tarifs du courrier, avec des hausses qui dépasseraient l'inflation de 3% après 2015, des projections qui doivent toutefois être avalisées par le régulateur (Arcep).
Pour les deux premiers syndicats de l'entreprise, la CGT et SUD, ce plan doit être purement et simplement abandonné.
La CGT le juge "affligeant par son manque de vision et de contenu" et y voit la "source de tous les dangers pour les service public et les postiers".
"Si le cycle infernal des coupes claires dans les budgets, l’abaissement du coût du travail, les réorganisations en tous genres et le désengagement de l’Etat ne sont pas interrompus, la situation continuera de se dégrader avec toutes les conséquences que l’on connaît", prévient l'organisation.
Plusieurs syndicats évoquent un malaise persistant dans l'entreprise, lié notamment aux suppressions de postes, chiffrées à 80.000 sous l'ère Bailly par le syndicat SUD.
Et ce malgré les mesures engagées après le suicide sur leur lieu de travail de deux cadres en Bretagne début 2012.
La Poste a annoncé en septembre le recrutement de "15.000 personnes pendant la période 2012-2014 au lieu des 10.000 initialement prévus", qui ne couvriront toutefois pas les départs naturels.
Le projet 2013-2018 reste sur la même ligne, prévoyant "le non remplacement de tous les départs" et la "modération salariale", au risque d'accroître la tension chez les postiers.
Un legs délicat pour le successeur de M. Bailly. Selon des participants au CA, aucun nom n'a été cité lors de la réunion. Mais l'hypothèse du patron de la banque postale Philippe Wahl revient de façon récurrente. D'après des sources syndicales, il ne ferait cependant pas consensus auprès des représentants de l'Etat.
JUSTICE ?
Kerviel devant les prud'hommes pour contester son licenciement
L'ex-trader veut remettre en cause la qualification de faute lourde retenue par la Société Générale. La banque va demander un renvoi de l'audience de conciliation.
L'ancien trader Jérôme Kerviel entame jeudi 4 juillet un nouvel épisode de son marathon judiciaire contre la banque Société Générale, cette fois-ci devant les prud'hommes où il vient contester les motifs de son licenciement.
Dans l'attente de l'examen d'un pourvoi en cassation sur le terrain pénal, sans doute à l'automne, le combat se poursuit devant une juridiction sociale, où l'ancien financier veut remettre en cause la qualification de faute lourde retenue pour le licencier.
Le conseil de Jérôme Kerviel, David Koubbi, met en évidence le fait qu'elle implique nécessairement l'intention de nuire à son employeur, ce qui ne lui a jamais été reproché.
Remettre en cause la qualification de faute lourde
"Que son action ait nui, ça ne pose pas débat. Mais à ce que je sache, il n'y a pas d'intention de nuire", relève François Taquet, avocat en droit social à Cambrai (Nord), qui rappelle que les décisions prud'homales confirmant une faute lourde sont très rares.Le champ de la faute lourde lui-même, tel que défini par la jurisprudence, est très restreint, souligne Me Taquet, pour qui "même le vol n'est pas nécessairement une faute lourde".
Le champ de la faute grave est, en revanche, beaucoup plus large, car il concerne une faute qui "rend impossible le maintien du salarié dans l'entreprise".
En cas de requalification de faute lourde en faute grave, l'ancien salarié peut recevoir l'indemnité compensatrice de congés payés, dont le privait la faute lourde. Il n'est, en général, éligible à aucune autre indemnisation, a expliqué François Taquet.
La Société Générale va demander un renvoi
Les conseils de la banque française Société Générale vont demander un renvoi de l'audience de conciliation devant le conseil des prud'hommes de Paris afin de pouvoir étudier plusieurs demandes transmises par les avocats de Jérôme Kerviel."A la veille de l'audience devant le conseil des prud'hommes, les avocats de Jérôme Kerviel ont formulé de nombreuses demandes provisionnelles portant sur de multiples points", a indiqué la banque dans une déclaration transmise mercredi à l'AFP. "Cet envoi tardif nous contraint à formuler une demande de renvoi afin de disposer du temps nécessaire à l'analyse de ces éléments", a-t-on ajouté de même source.
Jeudi se tient la première étape de la procédure prud'homale, dite audience de conciliation. Les deux parties se retrouvent devant le bureau de conciliation, qui cherche à trouver un accord entre elles. En l'absence d'accord, l'affaire est renvoyée en jugement.
En fin d'audience de conciliation, l'une ou l'autre partie peut formuler des demandes provisionnelles, c'est-à-dire demander que soit fixé un montant que l'autre partie apportera en garantie, dans l'éventualité d'une condamnation. Ce sont ces demandes que les avocats de Jérôme Kerviel ont transmises à Société Générale.
Mélenchon présent pour soutenir Kerviel
Le coprésident du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, sera présent jeudi au conseil des prud'hommes de Paris pour soutenir Jérôme Kerviel, a indiqué l'ancien candidat à l'élection présidentielle sur son blog.Déjà jugé au pénal, l'ancien trader a été condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme, ainsi qu'à verser 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à son ancien employeur.
Le jugement de première instance, rendu en octobre 2010, a été confirmé en appel, en octobre 2012. L'ancien trader s'est pourvu en cassation. Sa demande pourrait être examinée à l'automne.
Outre l'action aux prud'hommes et le pourvoi en cassation, la défense de Jérôme Kerviel a ouvert, mi-juin, un troisième front judiciaire en déposant plainte pour "faux et usage de faux" contre Société Générale. Une action en lien avec les enregistrements réalisés lors des entretiens entre l'ancien trader et sa hiérarchie immédiatement après la découverte de sa situation.
Perte nette estimée à 4,9 milliards d'euros
L'ancien salarié de la banque de La Défense a, à plusieurs reprises, outrepassé son mandat de trader entre 2005 et 2008. Lorsque la banque y a mis fin, dans les derniers jours du mois de janvier 2008, Jérôme Kerviel avait exposé l'établissement à hauteur de 49 milliards d'euros environ.Une fois cernée cette exposition, l'ancien PDG de la banque, Daniel Bouton, a ordonné qu'elle soit liquidée au plus vite, car la diffusion de l'information aurait provoqué la faillite de Société Générale.
L'extinction de cette exposition s'est faite dans des conditions de marché très difficiles avec, à la clef, une perte de 6,3 milliards d'euros. Dans la mesure où Jérôme Kerviel avait accumulé, fin 2007, un gain de 1,4 milliard d'euros selon les mêmes procédés, la perte nette a donc été chiffrée à 4,9 milliards d'euros.
L'ancien trader et ses conseils font valoir que sa hiérarchie était au courant de ses opérations et a longtemps cautionné implicitement ses activités hors mandat.
La demande d'expertise de Kerviel rejetée
Le Conseil des prud'hommes a rejeté jeudi la demande d'expertise indépendante de Jérôme Kerviel sur les conditions de la perte subie par la Société Générale en 2008. L'ancien trader a été condamné par deux fois pour avoir fait perdre 4,9 milliards d'euros à la banque, mais contestait jeudi son licenciement. La prochaine audience de jugement a été fixée au 24 mars 2014.
"Je suis déçu, dégouté", a commenté Jérôme Kerviel jeudi à la sortie de l'audience. L'ancien trader contestait son licenciement pour faute lourde et réclamait une expertise comptable et financière indépendante. Mais le Conseil des prud'hommes a rejeté jeudi sa demande, la considérant illégitime. Les juges ont également rejeté le renvoi de l'audience réclamé par les avocats de la banque.
Jérôme Kerviel voit dans ce refus un acharnement de la justice, les précisions de Laurent Doulsan au Conseil des prud'hommes
L'ancien trader juge que la banque a gonflé ses pertes
L'ancien trader juge que la banque a gonflé ses pertes
"Un citoyen français condamné à 5 milliards d'euros sans la moindre expertise indépendante""J'aurais bien aimé pouvoir avoir cette expertise pour sortir de ce calvaire, parce que je commence vraiment à en avoir marre. Je suis dégoûté", a dit Jérôme Kerviel après la décision. "La Société Générale a été entendue une fois de plus par la justice française", a également réagi son avocat à la sortie de l'audience.
"Donc vous êtes dans un dispositif très clair : un citoyen français condamné à 5 milliards d'euros sans la moindre expertise indépendante", a ajouté Maître David Koubbi. "Qu'est-ce qui gêne la Société générale aujourd'hui ? Que des experts indépendants viennent voir ce qu'il y a dans ses comptes pour éclairer le débat", a-t-il déclaré.
Maître David Koubbi, l'avocat de Jérôme Kerviel, demande l'intervention d'experts indépendants
Prochaine audience le 24 mars 2014
La bataille n'est pas pour autant encore totalement perdue. Jérôme Kerviel reviendra devant les prud'hommes dans quelques mois, avec la même demande d'expertise, non pas en audience de conciliation comme jeudi, mais en audience de jugement, fixée au 24 mars 2014.L'ex-trader n'est en tous cas plus un homme seul. Jeudi, il a reçu le soutien de plusieurs personnalités de gauche à l'audience, dont Clémentine Autain, Gérard Filoche et Jean-Luc Mélenchon, qui voit en lui le symbole des pratiques de la finance.
Jean-Luc Mélenchon "aux côtés de Jérôme Kerviel" au Conseil de prud'hommes de Paris
Affaire Bettencourt : et le juge Gentil était toujours vivant !
Les avocats de Nicolas Sarkozy et d’Eric Woerth auront tout essayé pour discréditer les juges bordelais et leur enquête. Que craignent-ils pour déployer une telle énergie ?
Caramba ! Encore raté ! Dans le dossier Bettencourt, les avocats de Nicolas Sarkozy et d’Eric Woerth ont encore échoué à dégommer les trois juges d’instruction en charge de cette affaire de famille autant que d’Etat.
Saisie de motifs de nullité de la fameuse expertise médicale diligentée par le juge Gentil et réalisée le 7 juin 2011 sur la personne de Liliane Bettencourt, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux a annoncé qu’elle rendrait son arrêt le 24 septembre.
Saisie de motifs de nullité de la fameuse expertise médicale diligentée par le juge Gentil et réalisée le 7 juin 2011 sur la personne de Liliane Bettencourt, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux a annoncé qu’elle rendrait son arrêt le 24 septembre.
Mais l’avocat général Pierre Nalbert, représentant du Parquet, a d’ores et déjà affirmé que cet examen médical - qui fait remonter la vulnérabilité de l’héritière L’Oréal à septembre 2006 et qui fonde, donc, la plupart des mises en examen pour abus de faiblesse dans ce dossier, dont celle de Nicolas Sarkozy - était juridiquement valable. Il a même estimé que si les magistrats instructeurs étaient « passés en force » pour réaliser cette expertise, pareille décision était justifiée par l’urgence et la difficulté de faire procéder à un examen médical de la milliardaire.
Autrement dit, pour le parquet – et sans préjuger de la décision que rendra la chambre de l’instruction - tous les arguments soulevés par les avocats des douze personnes mises en examen dans ce dossier tentaculaire méritent d’être balayés.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tout essayé pour discréditer les juges bordelais et leur enquête. Les avocats de Nicolas Sarkozy et d’Eric Woerth, entre autres, ont d’abord mis en cause la probité du juge Jean-Michel Gentil et de l’experte Sophie Gromb, au motif que cette dernière avait été le témoin de mariage de l’épouse du juge, la procureure Isabelle Raynaud, le 30 juin 2007 à Mérignac.
Puis, ils ont laissé entendre que ce médecin, chef du service de médecine légale du CHU de Bordeaux, reconnue pour ses compétences par l’ensemble de ses collègues, aurait bénéficié d’une majoration indue de ses honoraires – ce qui s’est, par la suite, révélé mensonger. A l’audience, Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, a même suggéré que le juge Gentil aurait usé de « manœuvres frauduleuses » pour désigner les experts qui l’arrangeaient.
Qu’importe que l’instruction soit dirigée par trois juges (Jean-Michel Gentil, Valérie Noël et Cécile Ramonatxo) et non un seul, qu’importe que l’expertise ait été menée par cinq médecins et non un, ces éléments de vie privée prouveraient, aux yeux des défenseurs de Nicolas Sarkozy, que l’enquête ne répondait pas à la probité requise dans ce genre de procédure. Sauf que ce n’est pas du tout l’avis du parquet – le même parquet qui a pourtant requis un non-lieu pour Nicolas Sarkozy et Eric Woerth.
A ce jour, d’ailleurs, personne n’a songé à s’interroger pour savoir comment les défenseurs de l’ancien chef de l’Etat et de l’ex-ministre du Budget avaient pu obtenir ce genre d’informations sur la vie privée du juge. Qui a enquêté ainsi – et en mobilisant quels moyens ? – pour découvrir les noms des témoins de mariage d’un magistrat ? Peut-être la question sera-t-elle évoquée, un jour, à la barre d’un tribunal…
En attendant, le report de la décision de la chambre de l’instruction de la cour d’appel au 24 septembre pose un sérieux problème aux avocats de Nicolas Sarkozy. En effet, à partir du 29 juillet, les juges d’instruction peuvent, sans attendre cet arrêt, rendre leur ordonnance de règlement et, donc, décider de qui, dans l’affaire Bettencourt, bénéficie d’un non-lieu et de qui est renvoyé devant un tribunal pour être jugé. Du coup, les avocats de tous les mis en examen ont déposé une demande de suspension de l’instruction devant le président de la chambre de l’instruction qui devrait répondre dans les tous prochains jours.
Mais quelle que soit sa réponse, la guérilla judiciaire ne s’arrêtera pas là. Le mot « guérilla » est d’ailleurs sans doute trop faible. L’AFP, d’ordinaire moins lyrique, s’est même autorisée, la veille de l’audience, à titrer une de ses dépêches : « Bettencourt : la défense largue un tapis de bombes sur l’enquête ». Un tapis de bombes… Le genre d’expression que les reporters de guerre utilisaient naguère pour décrire les combats au Vietnam et, notamment, l’utilisation de napalm !
Les avocats peuvent encore formuler une demande de récusation du juge auprès de la première présidente de la cour d’appel de Bordeaux. Certains envisagent même le dépôt d’une plainte pour faux en écriture publique contre le juge Gentil. Une offensive procédurière qui rappelle évidemment la campagne de dénigrement lancée, dès l’été 2010, contre la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez, alors en charge de l’enquête. Campagne réussie, puisqu’au terme d’une procédure contestée et contestable, celle-ci avait été dessaisie du dossier Bettencourt. L’instruction avait alors été dépaysée à Bordeaux.
Aujourd’hui, c’est le juge de Bordeaux qu’on tente d’abattre. Et avec quelle constance ! Tous les moyens sont visiblement permis. On a d’abord laissé entendre que le simple fait que le juge soit marié à une procureure pouvait jeter la suspicion sur l’indépendance de son travail. Rumeur malveillante, très vite démontée.
Puis, arguant que Jean-Michel Gentil avait été président de l'association des magistrats instructeurs, certains ont voulu faire croire qu’il était forcément de gauche, donc engagé dans un combat politique contre Sarkozy.
Son avocat, Me Thierry Herzog, a ensuite cru bon de moquer les « erreurs » factuelles de l’enquête menée par le juge. Le magistrat - c’était écrit dans le Journal du Dimanche et l’information avait été reprise par tous les médias audiovisuels - aurait confondu Liliane Bettencourt et Ingrid Betancourt en analysant les rendez-vous inscrits à l’agenda de Nicolas Sarkozy. Un mensonge tellement gros que le parquet de Bordeaux dut se fendre d’un communiqué pour indiquer : « contrairement à ce qui a pu être publié dans divers organes de presse à propos d'une confusion entre Mme Ingrid Betancourt et Mme Liliane Bettencourt, la convocation de M. Nicolas Sarkozy ne mentionnait pas un rendez-vous relatif à Mme Ingrid Betancourt, figurant dans son agenda à la date du 5 juin 2007 au palais de l'Élysée, et qu'il n'a pas été interrogé sur ce point ».
Le Figaro a ensuite opportunément ressortie une tribune publiée dans le journal Le Monde datée du 27 juin 2012 dans laquelle 82 magistrats – dont le juge Gentil – s'alarmaient de l'abandon de la lutte contre la grande délinquance financière. Le nom de Nicolas Sarkozy n’était jamais cité dans le texte, mais il n’en fallait pas plus pour Le Figaro et les amis de Nicolas Sarkozy pour conclure que l’ancien président de la République était dans le collimateur d’un véritable juge « rouge ». Un magistrat aux visées politiques qui n’avait d’autre but que de « se faire » l’ancien chef de l’Etat. Pas seulement incompétent donc, mais aussi militant.
Et l’on passe sur les attaques au vitriol que les amis de l’ancien chef de l’Etat ont cru bon de déclencher contre le magistrat. A commencer par Henri Guaino qui l’accusa carrément de déshonorer « un homme, les institutions, la justice. »
Mais pour l’heure, comme le célèbre canard de Robert Lamoureux, le juge Gentil était toujours vivant…
Patricia Ménard, 57 ans, médecin spécialisé dans le traitement de la calvitie, a épousé Jérôme Cahuzac en 1980. Ils ont trois enfants, Diane, Armelle et Brice. C’est elle qui a récupéré la fameuse clinique d’implants capillaires que Jérôme Cahuzac avait fondée. Elle a depuis été rapatriée dans l’appartement qu’occupait le couple avenue de Breteuil, dans le 7e arrondissement de Paris. Elle aurait évoqué en 2011 l’existence d’un compte en Suisse dans le cadre de l’enquête du détective Alain Letellier sur une éventuelle liaison extraconjugale de Jérôme Cahuzac. En privé, l’ancien ministre a toujours soupçonné sa femme d’avoir soufflé sur les braises de ses ennuis judiciaires afin d’obtenir les meilleures conditions possible dans la procédure de divorce qu’elle a engagée. Le divorce n’est pas encore prononcé, mais l’arroseuse semble déjà arrosée…
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tout essayé pour discréditer les juges bordelais et leur enquête. Les avocats de Nicolas Sarkozy et d’Eric Woerth, entre autres, ont d’abord mis en cause la probité du juge Jean-Michel Gentil et de l’experte Sophie Gromb, au motif que cette dernière avait été le témoin de mariage de l’épouse du juge, la procureure Isabelle Raynaud, le 30 juin 2007 à Mérignac.
Puis, ils ont laissé entendre que ce médecin, chef du service de médecine légale du CHU de Bordeaux, reconnue pour ses compétences par l’ensemble de ses collègues, aurait bénéficié d’une majoration indue de ses honoraires – ce qui s’est, par la suite, révélé mensonger. A l’audience, Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, a même suggéré que le juge Gentil aurait usé de « manœuvres frauduleuses » pour désigner les experts qui l’arrangeaient.
Qu’importe que l’instruction soit dirigée par trois juges (Jean-Michel Gentil, Valérie Noël et Cécile Ramonatxo) et non un seul, qu’importe que l’expertise ait été menée par cinq médecins et non un, ces éléments de vie privée prouveraient, aux yeux des défenseurs de Nicolas Sarkozy, que l’enquête ne répondait pas à la probité requise dans ce genre de procédure. Sauf que ce n’est pas du tout l’avis du parquet – le même parquet qui a pourtant requis un non-lieu pour Nicolas Sarkozy et Eric Woerth.
A ce jour, d’ailleurs, personne n’a songé à s’interroger pour savoir comment les défenseurs de l’ancien chef de l’Etat et de l’ex-ministre du Budget avaient pu obtenir ce genre d’informations sur la vie privée du juge. Qui a enquêté ainsi – et en mobilisant quels moyens ? – pour découvrir les noms des témoins de mariage d’un magistrat ? Peut-être la question sera-t-elle évoquée, un jour, à la barre d’un tribunal…
En attendant, le report de la décision de la chambre de l’instruction de la cour d’appel au 24 septembre pose un sérieux problème aux avocats de Nicolas Sarkozy. En effet, à partir du 29 juillet, les juges d’instruction peuvent, sans attendre cet arrêt, rendre leur ordonnance de règlement et, donc, décider de qui, dans l’affaire Bettencourt, bénéficie d’un non-lieu et de qui est renvoyé devant un tribunal pour être jugé. Du coup, les avocats de tous les mis en examen ont déposé une demande de suspension de l’instruction devant le président de la chambre de l’instruction qui devrait répondre dans les tous prochains jours.
Mais quelle que soit sa réponse, la guérilla judiciaire ne s’arrêtera pas là. Le mot « guérilla » est d’ailleurs sans doute trop faible. L’AFP, d’ordinaire moins lyrique, s’est même autorisée, la veille de l’audience, à titrer une de ses dépêches : « Bettencourt : la défense largue un tapis de bombes sur l’enquête ». Un tapis de bombes… Le genre d’expression que les reporters de guerre utilisaient naguère pour décrire les combats au Vietnam et, notamment, l’utilisation de napalm !
Les avocats peuvent encore formuler une demande de récusation du juge auprès de la première présidente de la cour d’appel de Bordeaux. Certains envisagent même le dépôt d’une plainte pour faux en écriture publique contre le juge Gentil. Une offensive procédurière qui rappelle évidemment la campagne de dénigrement lancée, dès l’été 2010, contre la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez, alors en charge de l’enquête. Campagne réussie, puisqu’au terme d’une procédure contestée et contestable, celle-ci avait été dessaisie du dossier Bettencourt. L’instruction avait alors été dépaysée à Bordeaux.
Aujourd’hui, c’est le juge de Bordeaux qu’on tente d’abattre. Et avec quelle constance ! Tous les moyens sont visiblement permis. On a d’abord laissé entendre que le simple fait que le juge soit marié à une procureure pouvait jeter la suspicion sur l’indépendance de son travail. Rumeur malveillante, très vite démontée.
Puis, arguant que Jean-Michel Gentil avait été président de l'association des magistrats instructeurs, certains ont voulu faire croire qu’il était forcément de gauche, donc engagé dans un combat politique contre Sarkozy.
Son avocat, Me Thierry Herzog, a ensuite cru bon de moquer les « erreurs » factuelles de l’enquête menée par le juge. Le magistrat - c’était écrit dans le Journal du Dimanche et l’information avait été reprise par tous les médias audiovisuels - aurait confondu Liliane Bettencourt et Ingrid Betancourt en analysant les rendez-vous inscrits à l’agenda de Nicolas Sarkozy. Un mensonge tellement gros que le parquet de Bordeaux dut se fendre d’un communiqué pour indiquer : « contrairement à ce qui a pu être publié dans divers organes de presse à propos d'une confusion entre Mme Ingrid Betancourt et Mme Liliane Bettencourt, la convocation de M. Nicolas Sarkozy ne mentionnait pas un rendez-vous relatif à Mme Ingrid Betancourt, figurant dans son agenda à la date du 5 juin 2007 au palais de l'Élysée, et qu'il n'a pas été interrogé sur ce point ».
Le Figaro a ensuite opportunément ressortie une tribune publiée dans le journal Le Monde datée du 27 juin 2012 dans laquelle 82 magistrats – dont le juge Gentil – s'alarmaient de l'abandon de la lutte contre la grande délinquance financière. Le nom de Nicolas Sarkozy n’était jamais cité dans le texte, mais il n’en fallait pas plus pour Le Figaro et les amis de Nicolas Sarkozy pour conclure que l’ancien président de la République était dans le collimateur d’un véritable juge « rouge ». Un magistrat aux visées politiques qui n’avait d’autre but que de « se faire » l’ancien chef de l’Etat. Pas seulement incompétent donc, mais aussi militant.
Et l’on passe sur les attaques au vitriol que les amis de l’ancien chef de l’Etat ont cru bon de déclencher contre le magistrat. A commencer par Henri Guaino qui l’accusa carrément de déshonorer « un homme, les institutions, la justice. »
Mais pour l’heure, comme le célèbre canard de Robert Lamoureux, le juge Gentil était toujours vivant…
Eric Woerth et Patrice de Maistre renvoyés en correctionnelle
Les deux hommes seront jugés pour trafic d'influence. En cause, la remise de la Légion d'honneur par Woerth à De Maistre et l'octroi d'un emploi à l'épouse du premier par le second.
Libération
L’ex-ministre Eric Woerth et l’ancien homme de confiance de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, ont été renvoyés par les juges d’instruction devant le tribunal correctionnel, afin d’y être jugés pour trafic d’influence, a indiqué jeudi une source proche du dossier, confirmant une information de Sud Ouest.
Il est reproché aux deux hommes un échange de bons procédés, c’est-à-dire pour le ministre d’avoir fait obtenir à Patrick de Maistre une Légion d’honneur en échange d’un emploi pour sa femme. Le parquet de Bordeaux, qui avait requis un non-lieu le 10 mai, avait estimé que «le lien de corrélation entre les deux faits n’est pas formellement démontré».
Ce volet «trafic d’influence» est distinct de celui dit des «abus de faiblesse» dans lequel sont aussi poursuivis les deux hommes, ainsi que l’ancien président Nicolas Sarkozy et neuf autres personnes. Vendredi dernier, le parquet de Bordeaux avait requis un renvoi devant le tribunal de Patrice de Maistre dans ce dossier d’abus de faiblesse, mais un non-lieu pour Eric Woerth.
Il est reproché aux deux hommes un échange de bons procédés, c’est-à-dire pour le ministre d’avoir fait obtenir à Patrick de Maistre une Légion d’honneur en échange d’un emploi pour sa femme. Le parquet de Bordeaux, qui avait requis un non-lieu le 10 mai, avait estimé que «le lien de corrélation entre les deux faits n’est pas formellement démontré».
Ce volet «trafic d’influence» est distinct de celui dit des «abus de faiblesse» dans lequel sont aussi poursuivis les deux hommes, ainsi que l’ancien président Nicolas Sarkozy et neuf autres personnes. Vendredi dernier, le parquet de Bordeaux avait requis un renvoi devant le tribunal de Patrice de Maistre dans ce dossier d’abus de faiblesse, mais un non-lieu pour Eric Woerth.
Valls «pas favorable» à la demande d'asile en France de Snowden
Le ministre de l'Intérieur a précisé qu'il n'avait pas encore reçu de demande d'asile de l'ancien employé de la NSA.
Libération
La France n’a pas reçu de demande d’asile de la part d’Edward Snowden et si c’était le cas «je n’y serais pas favorable», a déclaré jeudi le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls.
Interrogé sur BFMTV/RMC, M. Valls a estimé qu’il s’agissait «d’un dossier extrêmement compliqué. Cette demande, si elle est déposée, pose de nombreux problèmes juridiques. Pour ce qui me concerne, je n’y suis pas favorable».
«Les Etats-Unis sont un pays démocratique, avec une justice indépendante», a-t-il ajouté. «Snowden est un agent des services américains, et c’est un pays ami avec lequel nous avons des relations (...) Si cette demande est faite, elle sera toutefois examinée».
Un porte-parole du quai d’Orsay a assuré que Paris n’avait reçu à ce stade «aucune demande officielle» d’asile de la part de l’ex-consultant américain, Edward Snowden.
Selon le site internet Wikileaks, le jeune homme a déposé des demandes d’asile politique dans 21 pays, dont la Russie, l’Islande, l’Equateur, Cuba, le Venezuela, le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Allemagne et la France.
Edward Snowden, dont les révélations fracassantes sur les activités d’espionnage des Etats-Unis défrayent la chronique depuis des semaines, est bloqué dans la zone de transit de Moscou-Cheremetievo depuis le 23 juin.
Interrogé sur BFMTV/RMC, M. Valls a estimé qu’il s’agissait «d’un dossier extrêmement compliqué. Cette demande, si elle est déposée, pose de nombreux problèmes juridiques. Pour ce qui me concerne, je n’y suis pas favorable».
«Les Etats-Unis sont un pays démocratique, avec une justice indépendante», a-t-il ajouté. «Snowden est un agent des services américains, et c’est un pays ami avec lequel nous avons des relations (...) Si cette demande est faite, elle sera toutefois examinée».
Un porte-parole du quai d’Orsay a assuré que Paris n’avait reçu à ce stade «aucune demande officielle» d’asile de la part de l’ex-consultant américain, Edward Snowden.
Selon le site internet Wikileaks, le jeune homme a déposé des demandes d’asile politique dans 21 pays, dont la Russie, l’Islande, l’Equateur, Cuba, le Venezuela, le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Allemagne et la France.
Edward Snowden, dont les révélations fracassantes sur les activités d’espionnage des Etats-Unis défrayent la chronique depuis des semaines, est bloqué dans la zone de transit de Moscou-Cheremetievo depuis le 23 juin.
La femme de Jérôme Cahuzac en garde à vue !
Patricia Cahuzac, en instance de divorce de l’ex-ministre du budget, est soupçonnée de blanchiment d’argent. Elle est en garde à vue depuis hier.
De sources judiciaires, l’épouse de Jérôme Cahuzac a été placée en garde à vue hier mercredi 3 juillet à la Division nationale d’investigations financières et fiscales (Dniff) à Nanterre. Selon nos informations, l’audition de Patricia Cahuzac était toujours en cours ce matin. Elle avait été entendue librement en janvier dernier dans le cadre des investigations menées contre son mari. Elle avait alors déclaré aux enquêteurs qu’elle ne s’occupait pas de le situation financière ni des comptes de son époux. Ces réponses n’ont pas convaincu les fonctionnaires de la Dniff, qui sont passés à la vitesse supérieure et soupçonnent la toujours femme de l’ex-ministre du Budget de blanchiment d’argent.
Patricia Ménard, 57 ans, médecin spécialisé dans le traitement de la calvitie, a épousé Jérôme Cahuzac en 1980. Ils ont trois enfants, Diane, Armelle et Brice. C’est elle qui a récupéré la fameuse clinique d’implants capillaires que Jérôme Cahuzac avait fondée. Elle a depuis été rapatriée dans l’appartement qu’occupait le couple avenue de Breteuil, dans le 7e arrondissement de Paris. Elle aurait évoqué en 2011 l’existence d’un compte en Suisse dans le cadre de l’enquête du détective Alain Letellier sur une éventuelle liaison extraconjugale de Jérôme Cahuzac. En privé, l’ancien ministre a toujours soupçonné sa femme d’avoir soufflé sur les braises de ses ennuis judiciaires afin d’obtenir les meilleures conditions possible dans la procédure de divorce qu’elle a engagée. Le divorce n’est pas encore prononcé, mais l’arroseuse semble déjà arrosée…
SOCIAL
Un vol gratuit de Carla Bruni-Sarkozy passe mal chez Air France
L'ancienne première dame s'est vu offrir un aller-retour Paris-New York par la compagnie. Le syndicat SUD Aérien dénonce ce privilège accordé aux anciens chefs d'État et à leurs familles.
Carla Bruni-Sarkozy fait grincer des dents les salariés d'Air France. En cause: son aller-retour Paris-New York du 23 juin réglé par la compagnie. Un voyage d'un montant de 500 euros - soit l'équivalent des taxes d'aéroport - qui passe mal, au moment où les employés de l'entreprise sont soumis à un plan d'économies drastiques. Avec Transform 2015, plan lancé en 2012 visant deux milliards d'euros sur trois ans, le PDG d'Air France «sait toujours bien traiter ses amis...», a ironisé mercredi le syndicat SUD aérien, dénonçant la gratuité accordée aux anciens chefs d'État et à leurs conjoints sur les vols Air France.
«Ce n'est pas la question individuelle de Carla Sarkozy, c'est juste que s'il y a des règles, il faudrait qu'elles soient communes, et le fait d'utiliser la compagnie pour ses amis ou les amis de ses amis, c'est crapuleux, surtout au moment (...) où on demande aux salariés de subir des reculs sociaux (blocage des salaires et des avancements, suppressions de postes)» et «où on nous fait croire que la situation est catastrophique», dénonce Léon Crémieux, un représentant syndical. «Des hauts dirigeants d'Air France et des amis de ceux-ci continuent à considérer que la compagnie est un peu leur chose privée. Le problème, c'est qu'on n'est plus sous la monarchie», s'indigne-t-il.
Règles d'organisation du travail (durée des escales, composition d'équipage, nombre d'heures de vol par an, etc.), jours de congés et de rémunération: les accords d'entreprise d'Air France ont été profondément remaniés dans le cadre de Transform 2015. Ce plan prévoit une restructuration industrielle, ainsi qu'une refonte de son réseau moyen courrier et de son offre long courrier pour retrouver le niveau des meilleures compagnies mondiales. Des mesures supplémentaires devraient être décidées à l'automne.
Le groupe Murzuq Oil dépose aujourd'hui jeudi une offre de reprise de la raffinerie Petroplus, à Petit-Couronne. Selon un communiqué signé du dirigeant du groupe Murzuq Oil, Mabrouck Getty, l'offre est présentée avec "une garantie financière solide et Hyundaï chargé d'effectuer les travaux de remise à niveau" de la raffinerie. Selon le communiqué, Murzuq Oil "a également comme projet d'acheter à court terme deux autres raffineries pour arriver à une capacité de production de 450000 barils par jour. Cette stratégie comprendra aussi l'achat de stations-service qui porteront le nom de Murzuq". Côté syndical, Yvon Scornet, le porte-parole de l'intersyndical du personnel de Petroplus, explique que les salariés apportent leur soutien aux "candidats à la reprise et en premier lieu l’équipe mise en place par Murzuq". "Malgré les déclarations de certains « responsables » disant qu’il n’y a aucun projet de reprise en tant que raffinerie, nous, Intersyndicale, continuons à travailler dans le sens du maintien du raffinage. Nous parlons, justement, d’avenir industriel pour la France et d’emplois pour nos enfants. Certains ont fait croire que nous nous étions battus pour avoir un plan social et que le « travail » était fait. C’est faux, notre objectif était, est et restera le maintien d’une raffinerie à Petit-Couronne. Il n’est pas question que des nouvelles barrières soient mises pour empêcher la cession industrielle. Nous soutenons les candidats à la reprise et en premier lieu l’équipe mise en place par Murzuq. Son projet est une chance énorme pour le site, pour la France et pour les échanges entre nos deux pays", souligne Yvon Scornet. Il y a quelques jours, le préfet de Haute-Normandie, Pierre-Henry Maccioni, avait affirmé qu'il n'existait aucune offre de reprise. "Ce n’est pas des discours de repreneurs potentiels qui font une reprise en bonne et due forme. Il faut un projet crédible au plan industriel, financier, et il faut du pétrole. Pour l’heure, aucune proposition ne va en ce sens… Mais si une telle proposition était faite à l’administratrice, on la fera expertiser. Gare à l’instrumentalisation, à la manipulation !", disait alors le préfet à l'issue du quatrième comité de pilotage de Petroplus.
Avantages matériels et humains à vie
«Il est de tradition que les anciens présidents de la République et leurs familles puissent bénéficier des facilités de transport dans la classe de réservation la plus élevée», fait toutefois valoir un porte-parole d'Air France. Les anciens présidents de la République bénéficient, après leur départ de l'Élysée, d'avantages matériels et humains à vie pris en charge par l'État. Ces privilèges sont régis par une loi du 3 avril 1955, enrichie en 1985 par des avantages en nature, dont, notamment, des voyages gratuits sans limitation sur Air France et la SNCF.Règles d'organisation du travail (durée des escales, composition d'équipage, nombre d'heures de vol par an, etc.), jours de congés et de rémunération: les accords d'entreprise d'Air France ont été profondément remaniés dans le cadre de Transform 2015. Ce plan prévoit une restructuration industrielle, ainsi qu'une refonte de son réseau moyen courrier et de son offre long courrier pour retrouver le niveau des meilleures compagnies mondiales. Des mesures supplémentaires devraient être décidées à l'automne.
Petroplus : Murzuq Oil dépose une offre avec le groupe Hyundaï
DIVERS
Douglas Engelbart, l'inventeur de la souris, est mort
Le Monde.fr avec AFP
L'ingénieur et pionnier de l'informatique Douglas Engelbart, inventeur de la souris d'ordinateur, est mort mardi 2 juillet au soir à l'âge de 88 ans à son domicile californien d'Atherton, au cœur de la Silicon Valley, a-t-on appris mercredi auprès de l'Institut portant son nom.
Né dans l'Oregon, il s'était installé au Sud pour devenir chercheur au Stanford Research Institute, après des études d'ingénierie électrique et informatique dans les années 1950, une époque où les ordinateurs occupaient encore des pièces entières. Ses recherches ont ainsi porté sur la visioconférence, la téléconférence, le courrier électronique, les "fenêtres" et le lien hypertexte mais il est surtout connu pour avoir inventé la souris d'ordinateur.
Le brevet de cette souris, au départ une boîte en bois avec deux roues en métal, avait été déposé en 1967 et accordé en 1970. Le 9 décembre 1968, à l'occasion d'un congrès et devant un millier de personnes à San Francisco, il avait projeté pour la première fois devant un public une liaison par vidéoconférence, en se servant de la souris. L'événement avait été surnommé "le mère de toutes les démonstrations". Son groupe de recherche avait aussi créé Arpanet, précurseur d'Internet.
L'ingénieur était à l'origine de 21 brevets. Il avait reçu en 2000 la médaille nationale de la technologie, la plus haute distinction du secteur
Révélations sur le Big Brother français
Le Monde.fr
La France dispose, comme les Etats-Unis avec le système Prism, d'un dispositif d'espionnage à grande échelle des télécommunications. Le Monde est en mesure de révéler que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, les services spéciaux) collecte systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France, tout comme les flux entre les Français et l'étranger : la totalité de nos communications sont espionnées. Les politiques le savent, mais le secret est la règle : ce Big Brother français est clandestin. Il échappe à tout contrôle.
Ce que cherchent les services de renseignement, ce sont les "métadonnées" : non pas le contenu des messages, mais leur contenant. Le but est de savoir qui parle à qui pour reconstituer les liens entre les cibles, identifier des "cellules". La DGSE collecte ainsi les relevés téléphoniques de millions d'abonnés, les mails, les SMS, les fax... Et toute l'activité Internet, qui passe par Google, Facebook, Microsoft, Apple, Yahoo... Le dispositif est précieux pour lutter contre le terrorisme. Mais il permet d'espionner n'importe qui, n'importe quand.
"AUTORISATION VIRTUELLE"
La DGSE collecte ainsi des milliards de milliards de données, compressées et stockées, à Paris, sur trois niveaux, boulevard Mortier, dans les sous-sols du siège de la DGSE. Le service de renseignement dispose d'un supercalculateur capable de gérer des dizaines de millions de gigaoctets.
Les autres services de renseignement français ont accès en toute discrétion à cette gigantesque base de données, sobrement baptisée "infrastructure de mutualisation". Certaines informations peuvent même être utilisées par la police judiciaire sous couvert de "renseignements anonymes".
Le dispositif est pourtant parfaitement illégal – "a-légal", corrige l'un des patrons d'une des agences de renseignement. "Le régime juridique des interceptions de sécurité interdit la mise en œuvre par les services de renseignement d'une procédure telle que Prism", assure la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).
La loi n'a en rien prévu un stockage massif de données techniques par les services secrets. "Voilà des années que nous sommes dans l'autorisation virtuelle, confie l'un des anciens patrons des services. Et chaque agence s'en satisfait." Un parlementaire confirme "qu'une grande part des connexions électroniques en France est effectivement interceptée et stockée par la DGSE".
Mais officiellement, "l'infrastructure de mutualisation" n'existe pas.
«Des surveillants en armure passaient à tabac les détenus»
Interview Samuel Gautier de l'Observatoire des prisons dénonce des actes de maltraitances à l'égard de détenus, commis en quasi impunité dans une prison de l'Isère.
Libération
L’Observatoire international des prisons rend public ce jeudi un rapport confidentiel de l’Inspection des services pénitentiaires datant de 2011. Les faits décrits sont accablants. Des gardiens de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, auraient commis pendant plus d’un an des actes de violences graves à l’encontre de détenus, dans l’impunité quasi-totale. «Le système de maltraitance de détenus mis en place entre avril 2009 et juillet 2010 est avéré», assure l’OIP qui dénonce «l’inertie des autorités judicaires et de contrôle permettant à de graves abus de perdurer». Samuel Gautier, chargé d’enquête à l’Observatoire, explique.
C’est une réelle faillite des autorités judiciaires. Certains agents pénitentiaires ont commis des actes de violences graves. Et la direction a laissé faire. Elle les a couverts. Les responsables de l’établissement ont une grande responsabilité dans la perte de repères déontologiques et professionnels des agents. Nous sommes en milieu fermé. Les choses peuvent vite déraper. Les agents doivent être encadrés, sinon c’est la porte ouverte aux dérives. C’est ce qui s’est passé à Saint-Quentin. Les traitements infligés aux détenus étaient inhumains. Les priver de matelas, de draps. Les obliger à sortir en caleçon, en plein hiver pour la promenade... Sans raison.
Les faits remontent à quatre ans. Quand avez-vous pris connaissance de ce qu’il se passait ?
Assez rapidement, en fait. Nous avons commencé à recevoir des courriers de détenus se plaignant des conditions de traitement. C'était en mars-avril 2010. Les faits qu’ils décrivaient étaient particulièrement graves, comme ce prisonnier qui reçoit un coup de tête par un agent pénitentiaire pour une banale histoire d’ouverture de porte. Cet autre passé à tabac, et qui s'en est sorti avec un traumatisme crânien et un nez cassé. Plusieurs racontaient les humiliations, les privations répétées et sans jusitifications. Certains surveillants entraient même dans les cellules avec casque et armure (comme les CRS) avant de donner coups de pieds et coups de poings.A quel moment avez-vous alerté les autorités ?
On a d’abord échangé pas mal de courriers avec les détenus concernés, pour s’assurer que ce qu’ils disaient était vrai. Il fallait compiler des preuves, comme des certificats médicaux par exemple. Le 8 juin 2010, on a écrit au sénateur Mermaz (élu de l'Isère à l'époque, ndlr) sur onze situations dénoncées par des détenus. On s’est tourné vers lui car seuls les parlementaires pouvaient à l’époque saisir la CNDS, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (aujourd’hui intégrée dans le Défenseur des droits). Une fois saisie, la CNDS a déclenché une enquête de l’Inspection des services pénitentiaires. Elle a duré six mois au terme desquels les membres ont rédigé un rapport, que nous publions aujourd’hui.Ce rapport date de 2011. Pourquoi le rendre public seulement aujourd’hui ?
Nous venons tout juste de nous le procurer ! C’est un rapport interne qui n’a pas vocation à être diffusé au grand public. On a réussi à l’avoir il y a peu. Le temps d’éplucher les 2 500 pages (annexes comprises)... Le voici. Il nous semblait important d’alerter l’opinion pour que des mesures soient prises et que de tels actes ne puissent se reproduire.C’est une réelle faillite des autorités judiciaires. Certains agents pénitentiaires ont commis des actes de violences graves. Et la direction a laissé faire. Elle les a couverts. Les responsables de l’établissement ont une grande responsabilité dans la perte de repères déontologiques et professionnels des agents. Nous sommes en milieu fermé. Les choses peuvent vite déraper. Les agents doivent être encadrés, sinon c’est la porte ouverte aux dérives. C’est ce qui s’est passé à Saint-Quentin. Les traitements infligés aux détenus étaient inhumains. Les priver de matelas, de draps. Les obliger à sortir en caleçon, en plein hiver pour la promenade... Sans raison.
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