Très sévère dans sa lutte contre les fuites d'informations confidentielles, l'administration Obama semble avoir franchi une nouvelle étape avec la saisie de relevés téléphoniques de l'agence AP, s'attirant les critiques des défenseurs de la liberté de la presse.
L'agence de presse américaine Associated Press (AP) a dénoncé lundi une "intrusion massive et sans précédent" du département de la Justice, qui se serait secrètement saisi de deux mois de relevés téléphoniques de l'agence et de certains de ses journalistes.
"Je suis surpris et inquiet de voir l'étendue du coup de balai effectué pour saisir les relevés téléphoniques chez AP", pointe David Pozen, spécialiste de droit constitutionnel et de sécurité nationale à la Columbia University, en parlant d'une "interprétation large" des pouvoirs de perquisition du département de la Justice.
Directeur du Center for Public Integrity, à l'origine de la publication récente d'une vaste enquête sur les paradis fiscaux offshore, Bill Buzenberg souligne que son organisation a déjà reçu "quatre visites de la part d'agences du gouvernement" sur le sujet.
"J'ai l'impression que la cible s'est maintenant déplacée vers les médias", confie-t-il à l'AFP: "Ils ont tout à fait le droit de rechercher ceux qui sont à l'origine des fuites, le gouvernement a des règles et des réglements. Mais ils se servent des médias pour étouffer toute tentative de fuite".
Selon AP, l'enquête qui a justifié cette saisie concerne un article publié en mai 2012 sur une "opération de la CIA au Yémen qui a empêché au printemps 2012 un complot d'Al-Qaïda visant à faire exploser une bombe dans un avion pour les Etats-Unis".

L'administration du président Barack Obama s'est déjà montrée très active dans la poursuite des fuites concernant des dossiers confidentiels. Un ancien agent de la CIA, John Kiriakou, a ainsi été condamné en janvier à deux ans et demi de prison pour avoir glissé le nom d'un agent secret impliqué dans des interrogatoires sensibles avec des membres supposés d'Al-Qaïda.
Selon l'association Pro Publica, qui publie des enquêtes journalistiques, l'administration Obama a au total mené six actions en justice en s'appuyant sur l'"Espionage Act" datant de la Première Guerre mondiale --soit plus que sous toute autre présidence.
Parmi ces actions en justice, celle visant M. Kiriakou, mais aussi celle engagée devant la justice militaire contre Bradley Manning, accusé d'avoir fourni des documents militaires américains et des dépêches du département d'Etat au site WikiLeaks.
Selon David Pozen, deux de ses quatre actions en justice auraient été initiées sous la présidence de George W. Bush, mais il constate néanmoins une "légère hausse" sous l'administration Obama.
La révélation de la saisie des relevés téléphoniques d'AP a en tout cas valu au gouvernement une volée de critiques. Le président de Reporters sans Frontières Christophe Deloire a dénoncé "une violation flagrante des garanties constitutionnelles".
L'ACLU, une puissante association de défense des droits civiques, y a vu une attaque contre la liberté de la presse: "L'objectif des médias est d'informer le public et ils devraient pouvoir le faire sans être menacé d'être surveillés de manière injustifiée".
Dans un communiqué à l'AFP, le ministère de la Justice n'a pas répondu directement à sa mise en cause dans l'affaire AP mais dit respecter un certain nombre de lois en vigueur lorsqu'il recherche des relevés ou autres informations émanant d'organisations de presse.
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SYRIE : UNE CONFERENCE INTERNATIONALE SE PRECISE, MISE EN GARDE DE POUTINE 

Les chefs de la diplomatie des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, de Turquie, du Qatar, d'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, d'Egypte, de Jordanie, d'Allemagne et d'Italie participeront à cette réunion, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, sans en préciser la date exacte.
 
Les chefs de la diplomatie des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, de Turquie, du Qatar, d'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, d'Egypte, de Jordanie, d'Allemagne et d'Italie participeront à cette réunion, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, sans en préciser la date exacte.

             
La diplomatie américaine a précisé mardi les contours d'une conférence internationale sur le conflit en Syrie, qui pourrait se tenir en juin à Genève, le président Vladimir Poutine appelant de son côté à éviter tout acte risquant de déstabiliser ce pays à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre israélien.
Cette intensification des efforts diplomatiques intervient alors que l'indignation internationale face à ce conflit meurtrier a été relancée mardi par une vidéo montrant un rebelle syrien éviscérant un soldat et faisant mine de croquer ses organes.
Interrogé via Skype par le magazine américain Time, le rebelle, identifié comme Khalid al-Hamad, assure avoir agi de la sorte après avoir découvert dans le téléphone portable du soldat tué des vidéos montrant ce dernier "humiliant" une femme nue et ses deux filles.
Moscou comme Washington ont appelé à l'organisation d'une nouvelle conférence internationale pour trouver une solution politique à ce conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 94.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Lors d'une visite mardi à Stockholm, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a appelé le président syrien Bachar al-Assad à saisir l'occasion de cette future conférence pour venir s'asseoir à une table de négociations avec la rébellion.
Cette conférence, espérée pour la fin mai, ne devrait pas se tenir avant début juin, peut-être le premier ou le deuxième week-end, a reconnu M. Kerry devant la presse en Suède. Elle aura probablement lieu à Genève, selon lui.
Le chef de la diplomatie américaine a également révélé que son homologue russe Sergueï Lavrov avait entre les mains une liste, fournie par Damas, de "noms de personnes qui pourraient négocier" pour le président syrien au cours de cette éventuelle conférence.
Les deux ministres des Affaires étrangères devaient se revoir dans la soirée de mardi en marge du Conseil de l'Arctique réuni en Suède.
Ces dernières 24 heures, M. Kerry a téléphoné à bon nombre de ses homologues européens et arabes pour tenter d'organiser cette réunion qui pourrait être baptisée "Genève 2".
Quelques heures plus tôt, Vladimir Poutine avait mis en garde contre tout acte qui déstabiliserait davantage la situation en Syrie, à l'issue d'entretiens avec le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu à Sotchi (sud de la Russie).
L'Etat hébreu a mené des frappes aériennes près de Damas au début du mois, pour empêcher le transfert d'armes au Hezbollah libanais allié du régime de Bachar al-Assad selon un responsable israélien.
La visite en Russie de M. Netanyahu avait été annoncée samedi, aussitôt après la confirmation par Moscou de son intention de livrer au régime de Damas des systèmes sol-air sophistiqués S-300, capables d'intercepter en vol des avions ou des missiles guidés.
L'installation d'un tel système de défense sol-air compliquerait fortement toute nouvelle frappe israélienne, et tout projet des Etats-Unis ou de leurs alliés d'établir une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie ou d'intervenir pour sécuriser ou démanteler des armes chimiques.
"Il est crucial dans ce moment important d'éviter tout acte pouvant déstabiliser la situation", a déclaré M. Poutine à l'issue des entretiens à Sotchi, selon les agences de presse russes.
Alors que les initiatives diplomatiques se multiplient, la Jordanie accueillera en milieu de semaine prochaine une réunion ministérielle du groupe des "Amis de la Syrie", formé de pays hostiles au régime de Bachar al-Assad, a-t-on annoncé mardi de source officielle à Amman.
Les chefs de la diplomatie des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, de Turquie, du Qatar, d'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, d'Egypte, de Jordanie, d'Allemagne et d'Italie participeront à cette réunion, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, sans en préciser la date exacte.
Ces 11 pays se pencheront sur les moyens de "relancer un processus de règlement politique du conflit après l'annonce de l'accord russo-américain pour une conférence internationale", a ajouté la porte-parole.
Par ailleurs, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a catégoriquement exclu mardi l'offre d'enquête conjointe du régime "illégal" de Damas sur le double attentat qui a fait 51 morts samedi dans le sud de la Turquie, à la frontière syrienne.
Le gouvernement syrien s'est déclaré mardi prêt à ouvrir une enquête "commune et transparente" avec Ankara sur ces attaques, attribuées par Ankara à un mouvement clandestin turc ayant d'étroits liens avec le régime syrien et ses services de renseignement