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L’opposition tunisienne a mobilisé des milliers de ses partisans à Tunis samedi pour lancer sa «semaine du départ» qui doit forcer le gouvernement dirigé par les islamistes à démissionner après un mois d’une impasse politique déclenchée par l’assassinat d’un opposant. Un des organisateurs, le député Samir Bettaïeb, a revendiqué 60.000 manifestants tandis qu’un responsable policier interrogé a estimé la foule à plus de 10.000 personnes devant le siège de l’Assemblée nationale Constituante, centre de la contestation depuis la mort par balles de Mohamed Brahmi.
Le Front de salut national (FSN), une coalition hétéroclite allant de l’extrême-gauche au centre-droit, a prévu de multiplier les rassemblements pacifiques à travers la Tunisie tout au long de la semaine pour forcer le gouvernement à la démission. «Il faut faire chuter ce gouvernement de la honte», a déclaré devant la foule le député Mongi Rahoui, en dénonçant «les assassinats politiques, le terrorisme, le harcèlement des militants politiques et l’appauvrissement du peuple» ayant cours sous son autorité. «Nous leur disons : nous allons venir à la Kasbah (siège du gouvernement, ndlr) et ils partiront», a lancé l’élu Samir Bettaïeb. Les opposants n’ont pour le moment pas annoncé de calendrier pour leurs actions à venir. Cette campagne annoncée intervient après que la médiation entamée début août par le puissant syndicat UGTT n’a pas permis une fois de plus vendredi de rapprocher les positions d’Ennahda et celles du Front de salut national.

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Cabinet apolitique
Le blocage reste le même depuis l’assassinat du député Brahmi fin juillet, Ennahda refusant la démission de son gouvernement et la mise en place d’un cabinet apolitique. Les opposants considèrent ces revendications comme le préalable à des pourparlers directs sur leurs autres désaccords, tels la finalisation de la Constitution et de la loi électorale.«Pour Ennahda un gouvernement de technocrates déstabiliserait l’État. Pour l’opposition, l’État est déjà assez déstabilisé», résume le quotidien le Temps samedi dans son éditorial titré «Blocage politique, blocage institutionnel». Plusieurs dirigeants d’Ennahda ont même estimé que les revendications de l’opposition constituaient une tentative «de coup d’État» modelée sur le renversement par l’armée égyptienne du président islamiste Mohamed Morsi.
Les deux camps ont cependant donné des signes timides de concessions, Ennahda admettant que son gouvernement pourrait être amené à démissionner à terme et les opposants insistant de moins en moins sur la dissolution de l’ANC, leur autre revendication.